James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1
Il régnait une odeur de transpiration mêlée à celle du tabac froid, dans le studio glauque des bas-fonds du Chemin de Traverse qu'occupait Andy. L'unique pièce de son appartement était dans un tel désordre, des brochures publicitaires s'amoncelaient sur sa table basse, celles reçues avec la Gazette du Sorcier, ce fameux journal dont il avait dû suspendre son abonnement.
Quatre Noises par jour, cela représentait un budget pour quelqu'un qui n'avait pas de travail. Sur le sol incrusté de crasse, on distinguait pêle-mêle des chaussettes et des sous-vêtements usagés, sur les quelques meubles de rangement à sa disposition dans ce taudis, une épaisse couche de poussière commençait à s'incruster. Les rideaux de son unique fenêtre étaient tirés, et la poubelle à l'angle de la pièce commençait à déborder sérieusement. Quelques sortilèges de nettoyage auraient pu suffire à rendre cet appartement à nouveau viable, mais Andy n'excellait pas dans ceux-ci, et surtout, Andy était un immense procrastinateur. Il remettait sans cesse les choses au lendemain.
Ce matin-là, ou faudrait-il dire, ce début d'après-midi-là, il se réveilla de son habituel long sommeil sans rêves. Comme d'habitude, il ne prit pas la peine d'ouvrir les volets, qui demeuraient clos depuis trois semaines. Trois semaines, trois semaines horribles, trois semaines de solitude, trois semaines à essayer d'exister seul, sans emploi, mais surtout ... Sans elle. Elle, c'était la petite amie d'Andy, il l'avait rencontrée à Poudlard, ils s'étaient mis en couple, l'amour fou, ils ne se quittaient jamais. Malheureusement, tout est allé de travers rapidement, après la fin de leurs études. Elle, elle avait des projets d'avenir, l'envie de faire de grandes choses, de faire ses preuves au Ministère. Elle avait été acceptée au Département de la Justice Magique, un poste d'assistante pour la grande Hermione Granger, probablement sa sorcière préférée. Une Née-Moldue, comme elle, brillante, comme elle, belle, comme elle, et qui, de par ses fonctions, par son courage, son abnégation, a su rendre des choses impossibles, possibles. La chute de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, l'affranchissement des elfes de maison, l'accès pour tous les loups-garous à une potion Tue-Loup pour chaque pleine lune, la fin de leur stigmatisation, ... Hermione Granger, c'était son modèle, et, Andy en était persuadée, elle ferait d'aussi grandes choses qu'Hermione Granger. Elle en avait les capacités. Lui, il n'était pas un élève doué, mais il n'était pas non plus un cancre. Il se contentait d'assister aux cours, d'essayer d'être discret, pendant qu'il se plaisait à rêver de voyages, d'aventures, de tout sauf de travail en fait. A dix-huit ans, comment pouvait-il décider de ce qu'il voulait faire ? Elle ne le comprenait pas. Elle avait ses plans, son projet de vie bien rangée, pendant que lui fumait ses cigarettes sur son fauteuil, écoutait de la musique, et rêvait.
Ça, des rêves, il en avait, à revendre même. Faire le tour du monde à balai, visiter les pyramides d'Egypte, combattre des vampires en Transylvanie, chaque jour, Andy rêvait. Bientôt, ses rêves ont laissé place à la mélancolie, au désespoir : Elle était partie. Envolée, du jour au lendemain, par une belle soirée de juillet, après sa journée de travail, alors qu'elle était venue rendre visite à son petit ami dans son modeste studio. Le garçon lui avait préparé un dîner aux chandelles, d'habitude, elle adorait ce minuscule nid d'amour, elle se fichait d'y être à l'étroit, puisqu'elle était plus qu'heureuse, selon ses dires, de se serrer contre Andy. Entre le fromage et le dessert, elle lui avoua qu'un homme au bureau lui faisait des avances, un sorcier d'âge mur, qui travaillait au sein du cabinet personnel du Directeur, Iggy Greengrass. Comment réagir dans ces situations ? Fallait-il ignorer, paraître détaché ? Andy était un piètre menteur, et pourquoi diable en venait-t-elle à aborder ce sujet ? Il ne le saura jamais. Bientôt, la conversation s'envenima, Andy, jaloux, se mit à insinuer qu'après même pas un mois au Ministère, elle en venait à être vénale et trop ambitieuse, et c'est ainsi qu'elle emmena le sujet qui les fâchait depuis le début de l'été : qu'allait donc faire Andy de sa vie ?
Il aurait pu broder, tenter de promettre qu'il chercherait « vraiment » un travail stable, mais c'était un fait. Andy était un mauvais menteur. Elle ne tint plus, et estimant désormais que ses projets ne colleraient jamais avec ceux, inexistants, d'Andy, elle claqua définitivement la porte de l'appartement, laissant le jeune homme seul, dans la pénombre, avec ses cigarettes, ses brochures publicitaires et ses chaussettes usagées. Même ses rêves, ses précieux rêves avaient préféré la suivre à elle, depuis, il broyait du noir, et la seule vision claire qu'il avait à l'esprit, c'était elle qui enfilait sa veste, et quittait l'appartement en larmes. Depuis, exit les vampires transylvaniens, exit le tour du monde à balai, exit les pyramides, Andy n'avait même plus la force de rêver.
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James avait pu cheminer vers le 12 Square Grimmaurd vers dix-sept heures, après avoir passé la journée à travailler sur les dossiers de Benjamin Harper. Et Harry lui avait annoncé qu’en tant qu’Auror stagiaire, il n’avait pas besoin de tenir des astreintes, le week-end. Il pourrait donc profiter pleinement de Scott et Alice qui devaient arriver le soir. Bien que la dispute du matin avec Nancy semblait avoir été désamorcée, l’ainé des Potter considéra qu’il était important de passer plus de temps avec elle, avant la venue de ses amis. Ils étaient donc allés se promener dans le Londres côté Moldu et ils venaient de rentrer. La pendule de l'entrée indiquait neuf heures moins dix et tous les Potter se tenaient prêts dans la cuisine.
Albus, qui semblait avoir retrouvé le moral, adressa un sourire rayonnant aux deux tourtereaux. Lily se tenait près de son frère et trépignait d'impatience de revoir son ami, Gary Londubat ainsi qu'Alice à qui Lily avouait avoir toujours voulu ressembler. Ginny, anxieuse, s'affairait à aider Cosy à préparer les derniers détails du repas de ministre que l'elfe leur avait préparé. Harry quant à lui, se tenait de façon très raide sur sa chaise en bout de table, de larges cernes étaient apparus sous ses yeux. Il était rentré, selon Albus, quelques instants plus tôt, et James n'avait jamais vu son père dans un tel état de fatigue et de stress. Lorsqu'il vit son fils aîné accompagné de sa petite amie arriver dans la cuisine, le visage d'Harry s'éclaira faiblement, il leur lança un sourire chaleureux :
-Mr Potter, vous allez bien ? demanda timidement Nancy.
-Oh très bien, répondit Harry d'un air vague. Comme tu le sais déjà, nous n'avons jamais eu autant de travail.
Mais avant qu’ils n’aient eu le temps de répondre, des flammes apparurent dans la cheminée de la cuisine. Scott épousseta la poussière qui s'était répandue sur sa robe avant de sortir de l'âtre et de se jeter sur son meilleur ami. Après avoir lâché son étreinte, il salua chaleureusement tour à tour les autres membres de la famille Potter. Scott Hattaway était un peu plus petit que James. Contrairement à son meilleur ami, il n'avait jamais été accepté dans l'équipe de Gryffondor. Son manque de pratique sportive faisait qu'il avait une silhouette plus frêle que celle de son ami, mais c'était idéal pour le poste qu'il convoitait, celui d'Attrapeur. D'ailleurs, c'est précisément parce qu'il souhaitait jouer ce poste qu'il ne réussit jamais à franchir le cap des sélections. L'Attrapeur en place, Andrew Higgins était un excellent joueur, désormais, il avait quitté Poudlard et Scott aurait donc toutes ses chances.
Cependant, le fait de n'avoir jamais réussi en Quidditch n'empêchait pas Scott d'être aussi populaire que son ami à Poudlard. Nombre de filles rêvaient de sortir avec lui, tant le Gryffondor avait un humour et un sourire ravageur. Scott était toujours richement et élégamment vêtu, son père, Sean Hattaway était un animateur très célèbre sur la RITM, il animait un talk-show humoristique, tandis que sa mère, Doris Hattaway travaillait pour une boutique de prêt à porter sorcier. L'élégant jeune homme arborait d'ailleurs une robe grise avec un col rouge bordeaux stylisé, ce que James analysa comme étant une création de sa mère. Alors que le jeune homme recoiffait ses cheveux bruns coupés au bol, il se retourna quand il entendit l'âtre de la cheminée crépiter de nouveau. Neville apparut dans l'âtre, accompagné de son plus jeune fils, Gary, qui allait rentrer en cinquième année à Poudlard, il fut rapidement suivi par sa femme Hannah, et enfin, par Alice qui, à la manière de Scott, se jeta sur James alors que Nancy se renfrognait.
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Les Potter et leurs amis venaient de terminer le plat chaud quand Neville prit la parole d'un air solennel :
-Les enfants ne sont sûrement pas au courant, Harry.
Jusqu'à présent, les conversations avaient porté sur les banalités du quotidien. Bien sûr, Harry avait résumé la situation au Ministère à Neville qui l'observait d'un air interdit. Il semblait lui aussi connaître la réputation de Shafiq et semblait des plus inquiets. Mais sur demande de Ginny et Hannah, les conversations avaient embrayé sur des sujets plus légers. Néanmoins, James se doutait de ce qui allait être annoncé. A vrai dire, il n'avait pas eu le temps d'y repenser depuis son agression et son stage chez les Aurors. Ainsi, il n’en avait même pas parlé à Albus, Lily, ou Nancy. Le rythme des évènements lui ayant sorti l’information de sa mémoire. James avait surpris, en compagnie de Fred, la conversation entre son père et le Directeur de Poudlard au Terrier. Ils avaient immédiatement avertis Alice, mais pas les autres. Harry interviendrait en Défense Contre les Forces du Mal pour les ASPIC. Cependant, une question lui vint à l'esprit. Et si son père déclinait face au danger que représentait Shafiq ? Après tout, le Bureau des Aurors ne pouvait pas se permettre de voir son Directeur s'absenter un jour par semaine.
-Ils ne le sont pas, répondit simplement Harry légèrement tendu.
Ginny souriait fièrement, tandis que les enfants (sauf James et Alice) regardaient les adultes d'un air incrédule.
-Harry,reprit Neville, tu peux le leur dire, tu sais. Ce n'est pas un secret d'état. A moins que tu n'aies changé d'avis.
-J'avais changé d'avis, justement. Au vu de la situation actuelle … avoua Harry d'un air interdit. Mais Everett est revenu me voir. Il est vrai que les élèves auront peut-être besoin de ces cours. Plus que jamais au vu de … Tout ça …
-Des cours ? Qu'est-ce que cela signifie Papa ? demanda Albus interloqué.
-J'interviendrai chaque semaine à Poudlard pour un cours de Défense Contre les Forces du Mal.
Lily poussa un cri de joie, visiblement, elle n'avait pas compris la leçon avec Neville. Albus était particulièrement heureux d’apprendre la nouvelle, tandis que Nancy et Scott jetaient des regards admiratifs à leur futur enseignant. James et Alice semblaient être les seuls à comprendre que Harry ferait de ces cours une épreuve tant il serait strict avec les membres de sa famille ou ses amis.
-Le cours ne sera que pour les ASPIC, expliqua Harry. Lily, tu continueras à avoir cours avec le Professeur Everett qui est un excellent enseignant. Les cours d'ASPIC seront plus orientés vers le duel et les techniques de combat que nous apprenons chez les Aurors. Et il est vrai qu'il y a de grandes chances que les élèves aient besoin de cet apprentissage pour la suite ....
Il avait conclu d'une voix extrêmement tendue et s’était arrêté en se plongeant dans ses réflexions.
-Cela ne posera pas de problèmes au Bureau des Aurors ? demanda Hannah.
-Au contraire, Greengrass sera content de me voir débarrasser le plancher un jour par semaine. J'en ai parlé à Ron. C'est lui qui dirigera le Bureau en mon absence. Benjamin lui donnera aussi un coup de main. Ce n'est pas un problème pour ça. Nous avons une bonne équipe au Bureau.
Neville acquiesça avec un sourire.
-Parfois, la vie d'Auror me manque, avoua-t-il. C'est si calme à Poudlard. Sauf bien sûr quand je dois courir après des petits garnements qui partent en excursion dans la Forêt Interdite de nuit, ajouta-t-il en lançant un regard narquois à James, Alice et Scott.
Les trois adolescents rougirent, tandis que Harry et Hannah les regardaient d'un air moqueur, et Ginny les fusillait du regard, l'air dépité.
-Avec deux Aurors sur le dos maintenant, ils risquent de ne plus pouvoir semer autant la panique, rajouta Nancy avec un sourire.
-Oh, je ne serai pas souvent là pour leurs expéditions, confessa Harry. Je ne resterai qu'une journée par semaine à Poudlard et je n’y dormirai pas. D'ailleurs, peu d'élèves le savent, mais Neville ne dort que très rarement à Poudlard.
-Je ne “dors” jamais à Poudlard, avoua Neville. Je suis sensé y dormir une ou deux nuits par semaine et assurer des rondes de surveillance. Et les rares fois où je suis de garde de nuit, je passe le plus clair de celle-ci à poursuivre ces mêmes garnements de ma Maison.
-Les enseignants ne vivent pas à Poudlard, Professeur Londubat ? demanda Scott, intéressé.
-Je vous ai dit à toi et Nancy, qu'ici, c'était Neville. Et si, les enseignants vivent à Poudlard. C'est le cas de la quasi-totalité d'entre-eux. Ils ont des appartements personnels répartis dans un peu tout le château. Ils peuvent y recevoir des amis, certains y vivent en famille, dans la plus stricte intimité. Moi, j'ai opté pour le Chaudron Baveur, en plus, maintenant que nos deux enfants sont à Poudlard, Hannah s'ennuierait. Mais en tant que Directeur de Maison, je dois montrer l'exemple en participant aux rondes de surveillance de nuit. Heureusement, mon duo de Préfet de Gryffondor m'aide bien dans ma tâche.
Et il lança un clin d'œil à Albus, son filleul. Les conversations bifurquèrent alors sur les projets de chacun des septième année après Poudlard. Scott voulait voyager à l'étranger avant de prendre une réelle décision. Neville lui proposa de demander une bourse de voyage (bien que les parents de Scott pourraient aisément assumer les dépenses engendrées par le voyage de leur fils unique) auprès d'un organisme du Ministère qui finançait les sorciers globe-trotters. Nancy quant à elle souhaitait intégrer le Département de la Justice Magique, elle expliquait que sa loyauté et son impartialité lui laissaient penser qu'elle pourrait faire une bonne magistrate, mais elle savait qu'elle devait travailler pour calmer son impulsivité qui lui posait parfois problème. Alice quant à elle, bien qu'elle ait d'excellentes notes, n'avait aucune idée de ce qu'elle ferait après Poudlard. Elle expliqua qu'elle préférait voir la fin de sa septième année comme un événement aussi lointain que possible car elle redoutait de ne plus voir ses amis et de ne plus avoir ses habitudes qu'elle aimait tant à Poudlard. Elle expliqua qu'elle tenterait, par défaut, le concours de Médicomage étant donné que c'était la seule voix qui l'attirait à peu près. Elle et Roxanne avaient déjà commencé à se renseigner dès leur cinquième année. Mais seule Roxanne avait franchi le pas d'aller demander un stage à Ernie McMillan, un ami de la famille, Médicomage à Sainte-Mangouste.
-Moi, j'aimerai vraiment travailler au Département de la Coopération Magique Internationale, avoua Albus. J'aimerais correspondre avec les Moldus, même si c'est utopique. Peut-être que dans un premier temps, je devrai m'assurer simplement de faire respecter le Code du Secret et de les protéger.
-Le Département de la Justice Magique peut-être un bon tremplin, conseilla Neville. Je ne crois pas qu'il existe une fonction en rapport avec les Moldus au Département de la Coopération.
-Et puis, d'ici deux ans, Hermione aura sûrement pris la place de Greengrass, lança Ginny d'un ton enjoué. A ce moment-là, tu pourras sûrement faire entendre tes idées.
Albus rayonna. Au contact de son grand-père, Arthur Weasley, il avait développé la même passion que celui-ci pour les Moldus. Depuis son enfance, la communauté non magique lui tenait à cœur. Il adorait en apprendre plus sur leurs coutumes, leur façon de vivre quotidiennement. Lorsqu'il fut en âge de comprendre ce que représentait l'idéologie de Voldemort et le rôle que son père avait joué, Albus en était d'abord fier, mais aussi, très inquiet et alarmé, il s'était juré qu'il perpétuerait ce qu’il voyait comme une tradition familiale en protégeant les Moldus qui, au fond, n'étaient pas si différents d'eux, les sorciers. Bien qu'il ait de nombreuses qualités pouvant faire de lui un Serpentard, en effet, Albus est rusé, très réfléchi, il préfère analyser attentivement toutes les situations avant de se lancer tête baissée. Autant de qualités à des années lumières d'un véritable Gryffondor, à première vue. Mais Albus, avait toujours eu le courage d'assumer sa passion, de l'afficher, et parfois de faire changer les mentalités aux côtés de sa cousine Rose. Par pur respect envers sa famille et de ses idéaux, et bien qu'il était persuadé que la Maison Serpentard méritait une seconde chance, Albus avait fermement demandé au Choixpeau de ne pas l'envoyer à Serpentard. Et celui-ci avait daigné l'envoyer rejoindre son frère chez les lions, à la plus grande joie des deux frères, qui, malgré leurs chamailleries, restaient très proches.
-Au final, pensa James. Albus aurait pu aussi bien aller à Serdaigle pour son intelligence, voire à Poufsouffle pour sa loyauté envers sa famille et ses valeurs.
A la fin du repas, James saisit la main de Nancy et l'entraîna avec lui. Il it signe à ses deux amis de les suivre, et les quatre futurs étudiants de septième année s'enfermèrent dans la chambre de James.
-Wouah ! Harry Potter qui va nous enseigner la Défense Contre les Forces du Mal ! s'exclama Nancy toute secouée.
-Tu es ridicule Nancy, maugréa James. Tu ressembles à une de ces groupies, tu sais que ma mère les déteste ?
-Je dois donc éviter de lui demander un autographe en sa présence ? persiffla-t-elle.
Les quatre adolescents éclatèrent de rire. Mais c'est Alice qui partagea la première ses craintes. En effet, elle savait comme James que Harry suivrait sûrement la doctrine de Neville et qu'il serait intraitable avec James et ses amis, tout ça pour que les Serpentards ne crient pas au scandale.
-Peut-être qu'il sera pareil avec vous qu'avec tous les autres, tenta Nancy.
-Harry et mon père sont exactement pareil, répliqua Alice. Ils vont nous mener une vie d'enfer, il n'y a vraiment qu'à Poufsouffle qu'on fait confiance naïvement.
Les joues de Nancy virèrent au rubicond et celle-ci ouvrit la bouche pour répliquer, mais James, dans un réflexe digne d'un de ses meilleurs matchs de Quidditch fondit sur Nancy, la saisit par la taille, la plaqua sur son lit et fit mine de vouloir lui faire des chatouilles. La tentative était pathétique, et elle fit blêmir face à tant de mièvrerie Alice et Scott. Mais elle eut le mérite de diminuer les tremblements de rage de la Poufsouffle.
-Et ce Shafiq ? Tu penses qu'ils l'auront rattrapé avant la rentrée ? demanda soudainement Scott pour changer de sujet.
James et Nancy se séparèrent de leur étreinte, et ils regardèrent, pensifs, face à l'élégant ami de James à la coupe au bol.
-Je l'espère, pria James.
-Le Ministère met des bâtons dans les roues de l'enquête, ils ne peuvent pas interroger les Sang-Pur comme ils voudraient, si Mr Potter avait les pleins pouvoirs, je suis sûr que l'affaire serait bouclée.
C'était Nancy qui venait de parler, et cette fois, Alice la regarda hésitante avant d'acquiescer. Puis, James prolongea l’exposé de sa petite amie :
-Le Ministère est tenu par quelques vieux croutons pro Sang-Pur. Ils persistent à penser que Shafiq n’est pas en vie, et ils voudraient que les Aurors continuent d’enquêter sur le membre du parti de Finch–Fletchley.
-Ce crétin, marmonna Alice.
Justin Finch-Fletchley était un politicien qui s’était radicalisé pendant la guerre contre Voldemort. Lui, l’enfant Né-Moldu n’avait jamais pu pardonner le fait d’avoir été traqué par des fonctionnaires collaborationnistes. Il en avait acquis une haine viscérale des Sang-Pur, et il estimait qu’il fallait mettre à bas une fois pour toute la vieille société sorcière conservatrice pour la survie de tous. Finch-Fletchley était un excellent orateur, qui entraînait avec lui des partisans tout aussi extrémistes que pouvaient l’être des fanatiques du sang. Certains de ses alliés, pouvaient utiliser les discours qu’utilisaient les Mangemorts, mais en parlant des Sang-Pur. Il était donc devenu un personnage très clivant chez les sorciers, y compris chez ceux qui avaient combattu les Mangemorts, ou étaient restés neutres. Car certains se sentaient insultés d’être associés à de tels discours radicaux. Et bien que ses tribunes à la Gazette du Sorcier, ses manifestations et interventions à la RITM étaient très nombreuses, il ne réussit à capitaliser que 15 % lors de la dernière élection du Ministre de la Magie. 15 % qui manquèrent cependant à Percy Weasley, et qui permit précisément l’ascension de ceux que Finch-Fletchley ne voulait, pour rien au monde, revoir au pouvoir.
-Ce n'est quand même pas tout à fait faux, remarqua Scott.
Lorsqu'il vit que les trois autres l’observaient d’un oeil interrogateur, il se renfrogna légèrement mais reprit :
-C'est pas tout à fait faux. Quand on voit Finch-Fletchley et sa bande, on peut décemment penser qu’ils pourraient être capables de passer à l’action violente. Et Shacklebolt n'a pas vraiment préparé de succession. Il a laissé faire les deux extrêmes, Sang-Mêlés et Sang-Pur se déchirer.
Tous le regardèrent d'un air pensif, et Alice reprit lentement :
-C'est vrai, il y a eu des sanctions démesurées, de ce que l’on m’a dit, on n'a peut-être pas tendu la main à ceux qui voulaient se racheter une conduite. Mais le fait est qu'aujourd'hui, les Sang-Pur ont le pouvoir. Je ne pense pas qu’ils soutiennent tous la violence. Finch-Fletchley au pouvoir, ce serait peut-être une autre histoire, mais les politiciens de nos jours, ils s'accrochent à leur place et sont dans le déni constant des problèmes que la société rencontre. Je pense que c’est facile, pour Fawley et Greengrass de chercher à mouiller Finch-Fletchley et de nier l’évidence d’un danger. C'est une façon d'endormir la douleur et d'avoir un règne long et paisible. Nos parents ont déjà connu ça à leur époque ...
Puis, la jeune Gryffondor passa une main dans ses cheveux blonds et continua d'une voix hachée :
-Je suis allée voir mes grands-parents hier.
James savait qu'Alice s'adressait surtout à lui. Aucun des deux autres n'étaient au courant. Les derniers grands-parents vivants d'Alice, si vivant est le mot, s'appellent Alice et Franck Londubat. Neville a d'ailleurs nommé sa fille en l’honneur de sa mère. Gary étant le père d'Hannah, décédé pendant le Deuxième Guerre. Alice et Franck Londubat, premiers du nom, étaient deux Aurors redoutables et très respectés. Ils ont subi un sort pire que la mort. Des Mangemorts les ont torturés jusqu'à leur faire perdre l'esprit. Aujourd'hui, ils errent dans une salle spéciale à Sainte-Mangouste, ne reconnaissent plus personne et sont totalement dépendant des Médicomage qui gardent la salle. James se sentit désolé pour Alice, il approcha sa main de son épaule, sans tenir compte du regard noir que lui lança Nancy, il saisit son amie par l’épaule.
-En bonne Gryffondor, je me dis parfois que ça ne chauffe pas assez. Qu'on ne prend pas assez de risques, qu'on ne s'amuse pas. Et puis, je vais les voir, et je comprends à quel point je peux être stupide. Parce que justement, eux, ils auraient voulu vivre en paix. Ils auraient rêvé de la vie que nous avons aujourd'hui. Au lieu de ça, dès leur sortie de l'école, ils se sont battus, ils ont lutté pour leur survie, et regardes ce qu'ils sont maintenant. Je ne veux pas vivre la même période qu'eux.
Et la jeune fille se mit à sangloter en se jetant dans les bras de James. Cette fois, James vit à travers l'épaule d'Alice, Nancy et Scott, interloqués. Ceux-ci s'approchèrent et vinrent joindre leur étreinte à celle de James. Ils restèrent ainsi un moment, à regarder chacun dans le vide et à réfléchir aux paroles d'Alice, sans trop comprendre pourquoi elle avait parlé de ses grands-parents.
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Dimanche arriva très vite. Ce matin-là, James se réveilla avec l'horrible sensation que ses cheveux poussaient à l'intérieur de sa tête. La veille, James, Nancy, Scott, Alice et Albus étaient allés dans un pub Moldu à Bricks Lane. Ils y avaient bu plus que de raison et étaient rentrés aux aurores. James s'empressa de se rendre à la salle de bain de son palier pour se débarbouiller et boire beaucoup d'eau, tant sa gorge le brûlait. Lorsqu'il rentra d'un pas décidé, il s'aperçut que la salle de bain était déjà occupée. C'était Nancy qui se tenait là. Le jeune homme ignorait depuis combien de temps elle se préparait, mais à en juger par son allure, il jugea que cela faisait plusieurs heures. Personne n’aurait pu croire qu’elle avait veillé si tard la veille, son beau visage était rayonnant, maquillé discrètement, elle avait mis un peu de fond de teint sur ses joues cette fois, pour leur donner quelques couleurs. Elle avait troqué son rouge à lèvres carmin contre un plus discret, rose pâle, s'accordant parfaitement avec sa peau claire et sa chevelure châtain. Elle avait d'ailleurs noué ceux-ci en une longue natte qu'elle avait ensuite enroulée autour d'un chignon impeccablement tiré. La jeune fille s'était habillée modestement, mais élégamment, comme à son habitude. Elle avait revêtu une robe légère d'été bleu marine, ornée de quelques rubans rouges discrets. La robe lui descendait jusqu'au milieu de ses cuisses et laissait voir ses jambes pâles magnifiquement sculptées. Elle portait également des chaussures ouvertes à talons compensés assorties à sa robe.
James, malgré son état vaseux, laissa échapper un “Wahou” à la vue de sa ravissante petite amie, mais celle-ci semblait tendue. Après avoir lancé un regard inquiet à James, elle lui tendit un flacon contenant un étrange liquide fumant.
-C'est une potion « anti-gueule de bois », expliqua-t-elle. Fabrication George Weasley. J'en ai donné à Albus, il se chargera d'en distribuer à Alice et Scott. Tu ferais mieux de te dépêcher, nous allons être en retard !
James s'exécuta et but la potion. Il devait l'admettre, l'effet était impressionnant. Dès le moment où le liquide avait pénétré dans les entrailles de James, sa gorge s'hydrata instantanément, au même moment, son mal de tête et ses douleurs au ventre disparurent. Cependant, le Gryffondor ne put que constater que la potion miraculeuse de l’oncle George n'influait en rien sur la fatigue, qui, elle, était toujours bien présente. Pendant qu'il se débarbouillait et se lavait le visage, il entendit Nancy s'affairer derrière lui, lorsqu'elle se retourna, elle lui tendit une chemise bleu ciel avec un pantalon chino vert kaki et une paire de derbys marron. James trouva l'assortiment du plus bel effet.
-J’étais allée t’acheter cet ensemble du côté Moldu pendant que tu étais au travail. Lorsque je l’ai vu en vitrine, j'ai immédiatement craqué.
James lui caressa les cheveux et lui embrassa le front. Il ne put que constater, lorsqu'il enfila sa nouvelle tenue que son amie avait l'œil tant ses nouveaux vêtements lui étaient saillants.
Lors des réunions dominicales au Terrier, personne n'était très regardant sur la tenue des uns et des autres. Certains s'habillaient avec leurs robes habituelles du monde sorcier. Mais il était courant que les Potter où les Weasley-Granger viennent vêtus d'habits décontractés Moldus, parfois, bien plus agréables à porter que les longues robes sorcières. Surtout l'été.
-On va les éblouir ! s'exclama Nancy, rayonnante.
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-Tout le monde est prêt ? Albus, passe en premier. James, Nancy, vous arriverez en dernier. Grand-Mère sera ravie de vous voir aussi magnifiques.
C'est Ginny qui indiquait l'ordre de passage à la cheminée. Ils étaient tous réunis dans la cuisine du 12 Square Grimmaurd. Harry était là, et bien qu'il n'était pas de la sortie au pub la veille, celui-ci paraissait aussi fatigué que ses deux fils et leurs amis. Les autres s'étaient faits beau également. Scott portait une robe sorcière rouge bordeaux avec des losanges noirs au niveau des flancs. Albus s'était contenté d'enfiler un polo vert, assorti à ses yeux avec un pantacourt marron. Alice quant à elle, était vêtue d'un gilet vert kaki, d'un jean, et d'une longue paire de bottes marron. L'ensemble accentuait ses formes généreuses et lui donnait un aspect garçon manqué des plus attirants. Les quatre jeunes étudiants tentaient tous de faire bonne figure, mais Ginny s'était aperçue de leurs bâillements fréquents et des larges cernes qui obstruaient leurs visages (pour les garçons seulement, les filles avaient astucieusement pu les masquer avec un peu de maquillage). Tous s'exécutèrent, et passèrent chacun leur tour dans la cheminée. Lorsque Harry disparut dans un tourbillon de flammes. James saisit la main de Nancy qu'il sentit se crisper.
-Ça va aller, lui susurra-t-il tendrement à l'oreille. Tu verras, mes grands-parents sont adorables, et toi tu es géniale. Ils seront enchantés de faire ta connaissance.
Il se plaça alors dans l'âtre de la cheminée et aida Nancy à se placer à côté de lui. Nancy s'empressa de sortir sa baguette, et lança un Impervius sur elle et son petit ami.
-Astucieux, pour éviter les cendres ! Dix points pour Poufsouffle, Miss Frobisher.
Elle sourit nerveusement et s'agrippa au bras du jeune homme. James de son bras valide, jeta une pincée de Poudre de Cheminette et prononça d'une voix audible :
-Le Terrier.
Et le jeune couple disparut dans un tourbillon de flammes vertes.
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Lorsqu'ils arrivèrent dans le salon du Terrier, la famille Potter et Scott et Alice les attendaient déjà. Mais il y avait également Arthur et Molly Weasley, trépignant d'impatience et ne quittant pas des yeux l'âtre de la cheminée. L'homme avait le dessus du crâne dégarni et quelques reflets blancs dans ses rares cheveux roux restants. Sa femme était une petite femme replète, dont le visage ridé laissait apparaître une profonde expression de bienveillance. Lorsque leur petit-fils apparut dans l'âtre avec sa petite amie, Molly fut la première à se jeter dans les bras de son petit-fils. Elle réserva une accolade aussi chaleureuse à la nouvelle venue.
-Evidemment tu es Nancy. Je suis si heureuse de te rencontrer. Tu es rayonnante ma chérie !
-Merci, Mrs Weasley, répondit la jeune brune qui semblait peu à peu se détendre.
-Percy et Audrey viendront prendre le thé. Lucy sera avec eux. Molly n'a pas pu se libérer, expliqua Molly, première du nom, tandis qu'Arthur serrait chaleureusement la main de Nancy.
Percy Weasley était un haut fonctionnaire important du Ministère. Il fut longtemps Premier Sous-Secrétaire d'Etat auprès du Ministre, lorsque Kingsley était en exercice. Lorsque le Lynx se retira, Percy était le candidat soutenu par Kingsley. Il était bien évidemment soutenu par l’ensemble de la famille Weasley élargie et de tous leurs amis. Mais Percy, pourtant conseillé dans sa campagne par Hermione, ne jugea pas opportun de chercher à s’allier avec Finch-Fletchley ou Fawley. Et la division profita à Fawley qui arriva en tête. Néanmoins conscient de la capacité de travail de Percy, il daigna lui laisser son poste de Directeur du Département des Transports Magiques. James l'appréciait un peu moins que le reste de ses oncles. Il avait toujours le don pour discourir sur tout et n'importe quoi et avait un don pour rendre barbant n'importe quel sujet de conversation. Sa fille aînée, Molly, avait terminé ses études à Poudlard il y a cinq ans. Elle travaillait désormais comme Briseuse de Sorts chez Gringotts auprès de l'oncle Bill, elle avait passé quatre ans au Mexique, où elle avait épousé une collègue de travail, Ornella. James s'entendait bien avec Molly, il se souvient que lors de sa première année, elle avait contribué à effrayer Leroy Flint aux côtés de Teddy, Victoire et Dominique lorsque le Serpentard avait ensorcelé le balai de James.
Et puis, il y avait Lucy. La Weasley lunaire. Brillante en histoire de la magie, et en concepts d’arithmancie des plus ardus. Mais tellement inadaptée à la vie en communauté. Elle analysait et lisait l’âme de ses interlocuteurs comme elle lisait un livre de Runes Anciennes, et n’hésitait pas à leur balancer au visage les vérités les plus gênantes. Mais James adorait sa cousine, non seulement, parce qu’elle pouvait être à l’origine de situations des plus cocasses en société, mais aussi parce qu’elle était un joyau de loyauté et de dévouement envers ceux qu’elle aimait. C'est Lucy qui lui fit comprendre l'étendue des sentiments qu'il éprouvait pour Leanne Gatwick, la Capitaine de l'équipe de Quidditch de Serdaigle. Et sa cousine avait été d'un grand soutien et de bons conseils pour aider James à, d'abord, essayer de montrer ses sentiments, puis oublier sa désillusion quand Gatwick commença à sortir avec Andrew Higgins. Il n'y avait pas à dire, James était content de revoir sa cousine.
-George est dans une période faste pour sa boutique, il ne peut pas se permettre de la quitter. Bill et Fleur sont en vacances en France, Charlie travaille, Ron et Hermione seront là par contre. Je suppose que c'est encore Ron qui les a mis en retard, continuait de détailler Molly.
James se tourna vers Nancy, sa petite amie. Arthur se tenait toujours près d'elle.
-James, ta petite amie est charmante ! Regarde cet étrange objet, s'exclama le grand-père enthousiaste.
Nancy venait de tendre à Arthur un petit appareil rectangulaire, jaune criard, orné de ce qui semblait être le dessin d'une pomme blanche. Du haut du rectangle, un fil blanc sortait, celui-ci se séparait en deux sur la fin et formait ce qui semblait être deux sphères surmontées d'une sorte de grille grise.
-C'est un lecteur MP3, de la musique sort par les écouteurs, expliqua Nancy. Il suffit de les mettre dans votre oreille, -elle montra à Arthur la sphère grillagée-, et la musique résonne dans votre tête.
-C'est fascinant, murmura Arthur enchanté. Est-ce de la musique Moldue ?
Nancy approuva d'un signe de tête et les yeux d'Arthur s'illuminèrent de plus belle, tandis qu’Albus, qui avait eu loisir de s’éduquer à la musique moldue du même lecteur, se joignit à eux pour expliquer à Arthur les fonctionnalités de l’appareil.
Les flammes de l'âtre devinrent de nouveau vertes, et la silhouette de Rose Weasley apparut dans l'âtre. Celle-ci s'exécutait à enlacer chaque membre de sa famille quand Hugo, Hermione, puis Ron apparurent tour à tour dans l'âtre.
-JE DIS : BONJOUR GRAND-PERE, répéta Rose d'une voix forte.
Arthur qui avait inséré les écouteurs dans ses oreilles semblait envouté par la musique, lorsqu'il vit que la fille de Ron se tenait devant lui, il s'empressa de les ôter, l'air gêné et salua avec entrain la tribu Weasley-Granger.
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Les Weasley, Potter et Weasley-Granger venaient de sortir dans le jardin du Terrier où les attendaient une longue table remplie de rafraîchissements et d'amuse-bouche. Alors que James, Alice, Nancy et Scott se servaient du Cola Sorcier bien frais, ils furent rejoints par Rose et Albus.
-Alors Rose, qu'as-tu fait de ton été ? demanda poliment Nancy à la jeune Gryffondor.
-Oh, pas grand-chose, répondit celle-ci. Je suis allée rendre visite à mes autres grands-parents, et j'ai révisé. La rentrée approche à grands pas et Neville nous a expliqué que la sixième année était capitale, c'est là que se jouaient les ASPIC.
-Il a tenu le même discours à Alb' hier, admit James. Tu sais, on vient d'en sortir de la sixième année. Et ce n'est pas si terrible que ça.
-C'est bien vrai, rajouta Scott. Il suffit juste de savoir être efficace dans l'urgence.
-Etre efficace dans l'urgence ? demanda Alice interloquée. Tu plaisantes Scott ? Vous veniez toujours copier sur moi.
-Sachant que tu copiais toi-même sur Tobias Thowler, renchérit Scott. On peut dire qu'on venait boucler la boucle.
Alice devint écarlate. Tobias Thowler était un élève de leur année à Serdaigle. C'était un élève brillant, mais son physique n’était malheureusement pas des plus engageants. Il avait attrapé une maladie de la peau, dérivée de la Dragoncelle, depuis sa deuxième année et sa peau était recouverte de crevasses et d’énormes furoncles blancs purulents. Le dénommé Tobias semblait avoir un faible pour Alice qui, surprise par la charge de travail qui incombait aux élèves de sixième année, avait fini par se rapprocher du Serdaigle pour pouvoir copier sur lui. Ainsi, dès qu'Alice avait besoin de s'avancer dans ses devoirs, elle allait déjeuner aux côtés de Tobias à la table des Serdaigle et revenait avec un parchemin rempli de bonnes réponses. James et Scott se contentaient ensuite de copier les réponses en faisant parfois semblant de se tromper sur une ou deux, et leurs notes demeuraient dans la moyenne.
-J'ai l'impression que tous les Serdaigle se laissent marcher sur les pieds, reprit Rose exaspérée.
-Tu ne confondrais pas avec les Pouf ... commença Scott, mais il se ravisa en voyant le regard noir lancé conjointement par James et Nancy.
-Non, je parle bien des Serdaigle. Roger Davies Jr., avec qui je me vois obligée de faire les tours de garde -elle adressa un regard noir à Albus qui se tenait à côté d'elle et qui lui répondit par un sourire gêné-, il me propose à chaque fois de me donner un coup de main en Métamorphose ou en Sortilèges. Il n'a sûrement pas dû comprendre que j'ai de bien meilleures notes que lui, ce crétin !
Albus renifla d'un air dédaigneux, mais Nancy se mit à ouvrir la bouche, visiblement étonnée.
-Quel ringard ! s'exclama la petite amie de James. Il faisait pareil avec une de mes amies de Poufsouffle, Anita Catchlove. Bien sûr, elle n'était pas du genre bonne élève, alors elle ne refusait pas un petit coup de main. Évidemment, lorsqu'elle lui a ramené ses devoirs de cinquième année, alors qu'il était une classe en dessous, le petit Roger les lui a brillamment remplis, mais il voulait un peu plus qu'un simple remerciement ...
-Plus qu'un simple remerciement ? demanda lentement Rose.
-Hé bien, il voulait qu'Anita devienne sa petite amie. Rosie ! Je crois que tu l'intéresses. Il essaie de se rendre indispensable auprès de toutes les filles qu'il convoite, donc c'est certain qu'il a des arrières pensées, c'est génial !
C’est James qui avait parlé, d’un ton amer. Mais Rose avait tout de même légèrement rougi lorsque Nancy expliqua qu’il avait plutôt l’air de tenter de séduire la fille ainée des Weasley-Granger. Elle réussit tout de même à se reprendre, elle pinça son nez, haussa le regard et dit :
-Ce crétin ? Tu plaisantes ? Il est imbuvable. Il est toujours en train de parler de lui, la dernière fois, il me racontait son plus bel arrêt au Quidditch en parlant de lui à la troisième personne.
James pouffa de rire. Il connaissait Davies du Quidditch. Bien qu'il était un élève doué, il était également un personnage détestable. Très arrogant, toujours en train de chercher à conquérir une nouvelle cible féminine, la laisser s'attacher à lui, puis la jeter comme une vieille chaussette. Décidément, James devait surveiller ce Davies. Qu'il fasse du mal à cette Anita Catchlove, il s'en fichait. C'était , à ses yeux, une pauvre greluche, toujours en train de glousser et d'éponger le col de son chemisier qui, à cause de la quantité astronomique de maquillage qu'elle se mettait, finissait par devenir orange. James avait pour habitude d'appeler Catchlove le “pot de peinture”. En tout cas, il se fichait bien que Davies joue avec elle. Mais jamais il ne jouerait avec les nerfs de Rosie. Foi de Potter !
-Catchlove est sortie avec Davies ? questionna soudainement Scott.
-A vrai dire ... hésita Nancy, c'était il y a deux ans. Et Anita était plutôt intéressée par quelqu'un d'autre.
Elle lança un regard gêné à James, et Scott se resservit un verre de Cola Sorcier, en en renversant un peu sur la nappe blanche.
-Je l'intéressais ? demanda James scandalisé, en comprenant ce que signifiait le regard de Nancy.
-Elle t'a apprécié pendant longtemps, oui, avoua Nancy à voix basse.
-Je l'ai toujours détestée, expliqua simplement James. Elle s'est toujours bien trop maquillée, sa voix est juste horrible, on s'aperçoit de suite qu'elle est stupide, et ...
-Tu n'es plus amie avec Catchlove, remarqua simplement Alice en coupant James.
-En effet, admit Nancy. J'ai commencé à m'éloigner d'elle l'an dernier. Je me faisais un peu le même avis que James. Puis quand j'ai commencé à sortir avec lui, elle a retourné toutes mes affaires dans notre dortoir. Elle était folle de rage.
-Tu aurais dû t'éloigner plus tôt de Catchlove, expliqua Alice. James t'aurait remarquée bien plus tôt. Pour lui, les amis de Catchlove ne valaient pas mieux qu'elle en traînant avec cette idiote. Ça explique aussi pourquoi on a eu pendant longtemps une mauvaise image des Poufsouffle. Je me trompe James ?
James approuva d'un signe de tête, il revint vers la table pour se resservir à son tour en Cola Sorcier. Scott était en train d'essayer divers sortilèges pour faire disparaître la tâche qu'il avait faite sur la nappe.
-Tu n'as pas quelque chose pour la faire partir ? demanda le garçon à la coupe au bol à son meilleur ami.
Celui-ci sortit sa baguette magique, mais par-dessous son bras, un jet de lumière rose jaillit et la tâche s'évapora. Rose les regarda d'un air narquois et rangea sa baguette dans sa poche.
-Tu fais peut-être très bien de la magie, Rosie, concéda James. Mais fais gaffe à toi, ce Davies est une pourriture. Je serai là pour te protéger s'il te fait quoi que ce soit.
Mais Rose leva les yeux au ciel, lassée du paternalisme dont faisait preuve son cousin envers elle.
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-En tout cas, si on m'avait dit que Harry deviendrait mon gendre, la première fois où il est venu ici. Je crois que j'aurai téléphoné à un Médicomage pour consulter la personne qui aurait fait cette folle analyse.
Tous les convives étaient attablés autour d'un gros gigot d'agneau. Arthur avait pris la parole depuis le bout de la table, Harry et Ron de chaque côté de lui, chacun assis à côté de leurs femmes respectives. Ginny Weasley semblait absorbée par le contenu de son assiette et le teint de son visage était assorti à sa chevelure.
-Il est d’abord venu en tant qu'ami de Ron, continua-t-il à expliquer aux plus jeunes. Une histoire démentielle, ils étaient allés le tirer de l'endroit où il vivait avec une voiture volante ... Une Ford Anglia. Encore une idée des jumeaux.
Comme d'habitude, à la prononciation du mot « jumeaux », tous les visages s'assombrirent. Arthur s'arrêta momentanément dans son discours, reprit sa respiration puis continua.
-Ginny a passé au moins deux ans à se cacher chaque fois qu'elle était en présence de Harry.
-P'pa ! J'étais jeune, pesta la benjamine des Weasley en souriant d'un air gêné. Et puis, c'était le « célèbre Harry Potter » quand même.
-En tout cas, c'est bien ce que je dis, reprit Arthur. Je croyais que la Ginny bavarde, caractérielle et fouineuse ne referait jamais son apparition tant que Harry serait dans les parages.
-En tout cas, elle nous fichait la paix pendant ce temps-là, grommela Ron.
Elle donna l’impression de vouloir lancer des éclairs avec ses yeux sur son frère dont les ailes du nez devinrent livides à la vue du regard assassin de sa soeur.
-Arthur, ne vous en faites pas, la Ginny colérique a vite repris le dessus, plaisanta Harry en observant son épouse d'un air narquois, qui détourna ainsi son regard assassin de Ron.
-A toi, elle ne t'a jamais lancé de Chauve-Furies au moins, ajouta Ron. Merlin maudisse celui qui a inventé ce sort.
-Tu peux parler toi ! rétorqua Ginny. Qui aurait cru que tu finirais par avoir le courage et la lucidité de comprendre pour Hermione ?
Les époux Weasley-Granger s'observèrent tendrement, tandis que les jeunes adolescents, surtout Alice et Nancy à vrai dire, les regardaient d'un air envieux.
-On ne sait jamais de quoi est fait l'avenir, conclut sagement Arthur. Bientôt, qui sait, on racontera aux enfants de James et Nancy comment leur mère était anxieuse lorsqu'elle nous a rencontrés la première fois.
Nancy et James eurent le même rire gêné tandis que le reste des convives pouffa de rire. Le rythme habituel des conversations reprit, et James, tout en dévorant son gigot d'agneau, écouta vaguement sa petite amie raconter au reste de l'assemblée, enchantée, comment elle et James s'étaient rencontrés. Lorsque le pantalon de James commença à lui serrer atrocement au niveau de la ceinture, il estima qu'il était plus que raisonnable de ne pas se resservir une deuxième fois du fraisier concocté par Molly.
Bientôt, les convives furent rejoints par Percy Weasley, qui, sa calvitie aidant, ressemblait de plus en plus à son père. Il était accompagné de sa femme, Audrey et de leur deuxième fille, Lucy. Celle-ci avait hérité de nombreux traits du visage et des longs cheveux bruns de sa mère. Derrière ses lunettes en écaille, on apercevait sur le visage de la jeune fille deux grands yeux bleus (hérités de son père) et bien ronds. Elle vint s'installer du côté des jeunes, et engagea la conversation aimablement avec Rose. Alors que le rythme de conversation des personnes autour de la table s'estompait, la digestion rendant somnolent, James saisit la main de Nancy et lui fit signe de s'approcher de Lucy, sa cousine. D'un coup de baguette, il fit venir deux chaises et les deux tourtereaux s'assirent à côté de la Weasley lunaire qui était en train de discuter avec Albus et Rose.
-Alors Lu' ? Tu as passé un bon été ? demanda James pour engager la conversation.
Celle-ci observa attentivement la petite amie de James, elle la fixa un moment pendant plusieurs secondes, puis se tourna lentement vers son cousin.
-Ma foi, oui ! J'ai beaucoup travaillé, j'ai acheté un ouvrage sur les légendes arthuriennes, pour avancer le programme d'Histoire de la Magie.
-Tu es vraiment la seule élève de l'histoire de Poudlard à suivre avec passion ces cours là ! s'exclama James.
-Je ne pense pas être la seule, répliqua Lucy Weasley d'un ton lunaire. C'est juste que les gens pensent que c'est bien vu de dire qu'on n'aime pas. Tu serais étonné du nombre de personnes qui viennent me voir pour regarder mes notes et me poser des questions sur le cours. Je ne comprendrai jamais pourquoi les gens ne réfléchissent pas et ne vivent pas par eux-mêmes.
-Binns est juste barbant, insista la petite amie de James. Il fait son cours, comme s'il n'y avait aucun élève dans la salle.
-Ça, c'est parce que personne ne s'intéresse à lui, donc lui ne s'intéresse à personne. Il a son caractère, le Binns. Au fait, Al', lança Lucy à l'adresse d'Albus, j'ai bien reçu ton hibou et je suis en mesure de te répondre.
-Vraiment ? demanda Albus qui se rapprocha. Tu as des infos sur la famille Shafiq ? Et sur les Augurey ?
James culpabilisa. Bien qu’il ait été scandalisé du traitement infligé par le Magenmagot et McLaggen à Norbert Dragonneau, l’affaire des Augurey lui était complètement sortie de la tête. Comme s’il rejoignait en ça les vieillards qui avaient ri au nez du magizoologiste et passaient sous la jambe la problématique des Augurey.
-Oui, pour les deux, mais j’ai peur de ne rien avoir de bien croustillant. Pour Shafiq, je pense que tu as bel et bien entendu le nom en Histoire de la Magie, mais peu d’intérêt.
-Dis toujours !
Et James et Nancy avancèrent leurs chaises pour ne pas perdre une miette du récit de la fille de Percy.
-C'est une vieille famille de sorciers qui ont migré depuis l’Egypte au Moyen Âge. Dans les années quarante, un certain Teignous Nott a publié un Traité recensant les «Vingt-Huit Sacrés». La famille Shafiq est une de ces familles, qui peut se targuer d'avoir su conserver un Sang-Pur jusqu'à cette période. La famille Shafiq n’a jamais trop fait parler d’elle en termes d’idéologie pro Sang-Pur. Les membres étaient répartis aléatoirement dans les quatre maisons. Sauf Tarik, un Serpentard qui était un des premiers lieutenants de Vous-Savez-Qui. Il était leur dernier descendant et il est mort pendant la Première Guerre.
-C'est inexact, rectifia James.
Et il entreprit de lui expliquer ce qu'ils avaient découvert au Bureau des Aurors. Sa cousine l'écoutait d'un air distrait, mais lorsqu'elle reprit la parole, c'était d'une voix un peu plus rauque.
-En tout cas, les Shafiq étaient jusqu’à Tarik, une vieille famille sans histoires, mais bien intégrée à la communauté. Il n'est pas étonnant qu'Alb' ait eu l'impression d'entendre souvent ce nom. Un des membres de cette famille a même été directeur de Poudlard. Un certain Jacobus Shafiq. Il a été Directeur de Poudlard pendant dix ans. Juste avant Phineas Nigellus Black.
-J'y prêterai attention la prochaine fois que je serai convoqué chez Everett, j'essaierai de discuter avec son portrait, promit James avec un sourire.
-Ce n'est quand même pas une raison pour t'y faire convoquer ! s'exclama Nancy paniquée.
-Et pour les Augurey ? coupa Rose.
-C’est vrai que c’est alarmant que les braconniers s’acharnent sur eux. Je n’ai aucune idée d’une utilisation de l’Augurey pour un rituel, ou une potion. Il y a bien leur cri, mais il est juste désagréable, il n’est pas attesté qu’il soit présage de mort … Et quand bien même, je ne vois pas l’intérêt de les chasser ainsi …
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Le soleil commençait à descendre dans l'horizon quand Ginny, après avoir tout rangé avec Hermione, malgré les supplications de Molly, annonça qu'il était temps de rentrer chez eux. James salua donc ses grands-parents, ses oncles, ses tantes, et ses cousins, en terminant par Lucy Weasley. Sa petite amie qui l'avait suivi fit une bise à la fille de Percy quand celle-ci attrapa James par la manche de sa chemise.
-Elle est amoureuse de toi, James. Ne la néglige pas.
C'était là le don, à la fois utile et détestable qu'avait sa cousine. Elle décrivait tout ce qu'elle voyait, sans aucun ménagement pour ses auditeurs. Après avoir agité le fil de leurs pensées, elle les laissait là, perdus à l'intérieur de celles-ci, sans se soucier le moins du monde de savoir ce qu'ils avaient à répondre de ses affirmations. Nancy Frobisher, avait le teint écarlate, James pariait intérieurement qu'on aurait pu faire cuire un œuf sur ses joues tant celles-ci avaient rougi. Lui aussi avait senti ses joues rougir. Scott et Alice lui avaient déjà fait remarquer que Nancy s'était très vite attachée au jeune garçon, ce, dès les premières semaines de leur relation, et le fait que sa cousine, Lucy Weasley, lunaire, certes, mais clairvoyante, lui dise elle-même que sa petite amie était amoureuse de lui, cela assurait à James que ce n'était que la pure vérité. Alors qu'ils retournaient vers le salon du Terrier, main dans la main avec sa petite amie, James la détailla attentivement. C'était une fille magnifique, probablement, l'une des plus belles de Poudlard. Elle n'était pas de celles que l'on remarque en premier, elle s'était toujours contentée de suivre dans l'ombre,ses amies, qui accordaient plus d'importance à leur image qu'elle, alors, elle les laissait briller. James avait mis longtemps à la remarquer, mais alors qu'il se relevait péniblement de sa désillusion avec Leanne Gatwick, ce jeu de piste autour de la recherche des œufs de Pâques, effectué en binôme avec sa future petite amie, avait été pour lui une grande source de réconfort. Sortir avec Nancy avait été une évidence, il ne l'avait pas regretté une seule seconde depuis le début de leur relation. Au fil du temps, il avait même appris à découvrir Nancy. Il avait vu que ce n'était pas qu'une fille extrêmement belle et sympathique. Elle avait aussi du tempérament, elle n'hésitait pas à défendre ce qui lui était cher, sa maison à Poudlard, ses amis, sa famille, son petit ami. Elle avait tenu tête aux sbires de Shafiq sur le Chemin de Traverse, elle n'hésitait pas, malgré son anxiété, à nouer des conversations avec des adultes. Y compris avec Harry Potter, le célèbre Harry Potter, son beau-père dont elle admirait tant le parcours. La jeune fille avait du tempérament, et ça, James aimait le voir par-dessus tout chez ses petites amies. Alors, oui, peut-être que Lucy Weasley avait raison, sûrement même qu'il l'aimait en retour, mais à y repenser, sa cousine n'avait pas affirmé que l'amour allait dans ce sens. Pire encore, lorsque sa petite amie annonça à Arthur Weasley qu'elle lui offrait son MP3 jaune criard car c'était un vieux modèle et qu'elle en avait d'autres, elle avait une petite voix aigüe, comme absente. Et lorsqu'ils passèrent dans l'âtre de la cheminée pour rentrer à la maison des Potter, sa petite amie se crispa en étreignant le bras de son ami, encore plus qu'à leur arrivée au Terrier.