James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1
Le lendemain matin, James dut se réveiller aux aurores. Il n'avait bien sûr pas préparé la moindre affaire en vue de sa rentrée à Poudlard. A en juger par les bruits de pas précipités et les bruits sourds émis par des objets que l'on jetait pêle-mêle dans un contenant, James comprit qu'il en était de même pour son frère, Albus qui dormait dans la chambre du dessous. Scott, qui avait préparé ses affaires la veille au soir, dormait paisiblement et pouvait s'octroyer le luxe d’une nuit plus longue que son compère. Pour ne pas lui gâcher ce plaisir, James s'empressa de lui jeter un Assurdiato, s'assurant que le brouhaha de James faisant ses valises ne réveillerait pas son ami. L'aîné des Potter commença par ranger ses différentes tenues de Poudlard au fond de sa malle, au début, il prenait soin de plier robes, chaussettes et capes, mais bientôt, il les jeta l'une après l'autre de façon désordonnée dans sa malle. Il scruta un instant sa chambre, il vit un morceau de parchemin posé sur son bureau. Il plia donc, soigneusement, la carte du Maraudeur et la rangea à l'intérieur d'un de ses nouveaux livres de Défense contre les Forces du Mal. Il récupéra également sa boîte de produits des Sorciers Facétieux, puis s'employa à ranger son balai dans son étui de voyage.
Depuis sa deuxième année, James volait sur le même balai, un Éclair de Feu Édition 2015. L'un des meilleurs balais mis sur le marché. Bien sûr, la société Nimbus, et désormais, la compagnie Brossdur avaient récemment sorti des modèles plus poussés, mais l'Éclair de Feu n'avait jamais trahi James. Il existait comme une connexion entre le sorcier et son balai. Il savait qu'il pouvait tout lui demander, des changements de direction les plus obtus, jusqu'aux accélérations rapides les plus intenses. Flint, qui avait rapidement fait l'acquisition d'un Nimbus 3005 possédait un balai plus rapide, mais cela ne lui était pas d'une grande utilité lorsqu'il gardait les buts des Serpentards. Et James s'y connaissait assez pour savoir que la connexion entre Flint et son balai n'était pas aussi intense que celle que James possédait avec le sien, tant les trajectoires prises par le Serpentard manquaient de fluidité. James compensait, quant à lui, ce léger manque de vitesse par l'agilité de son balai, il savait qu'il pouvait se faufiler aisément à travers un troupeau de joueurs, il savait également qu'il pourrait toujours effectuer au dernier moment une roulade du paresseux pour éviter un Cognard sans que son balai ne fasse des embardées. Alors, conscient de la valeur inestimable de l'objet, et fermement décidé à enfin gagner la Coupe avec celui-ci, James l'enveloppa soigneusement et l'attacha à sa malle où il termina de ranger ses affaires de Quidditch ainsi que son insigne de Capitaine.
Alors qu'il était dans la salle de bain de son étage pour se laver avant d'aller déjeuner, il déduisit que Nancy était déjà réveillée. En effet, les produits de beauté qui trônaient au-dessus du lavabo avaient disparu. La jeune fille avait dû faire preuve de beaucoup de discrétion, puisque James n'avait pas entendu la jeune fille, d'habitude si bruyante lorsqu'elle prenait sa douche. Il resta un bon moment sous le jet d'eau chaude, perdu dans ses pensées. La discussion qu'il avait eue, la veille avec Alice, lui revenait sans cesse à l'esprit. Il devrait s'accommoder de la présence d'Owen Finnigan tout au long de sa dernière année à Poudlard. Parfois, James pensait qu'il était excessif de raisonner autant dans l'absolu en ce qui concernait son camarade de Gryffondor. Il se disait qu'il pourrait très bien continuer d'ignorer Finnigan lorsqu'il viendrait se joindre à Scott, Roxane, Fred et lui, quand ils seraient avec Alice. Bien sûr, ce ne seraient pas des moments agréables, mais au moins, ils resteraient paisibles. Mais d'autres fois, James réalisait qu'il tenait plus que tout à son cercle d'amis et de cousins. D'autant plus que dorénavant, il serait en septième année, comme Teddy lorsque James était arrivé à Poudlard. Ce serait lui qui défendrait ses cousins, lui avec Alice et Scott qui mènerait les Weasley, lui et ses amis qui formeraient la relève, sûrement Hugo et Lily, peut-être Louis Weasley, voire même Gary Londubat, ainsi que les jumeaux Dragonneau qui allaient entrer en première année, c'est eux qui donneraient des pistes à la nouvelle génération pour faire les meilleures blagues possibles à Poudlard. Et James ne se voyait pas faire ceci aux côtés de l'arrogant Finnigan.
Bientôt, James réalisa que cela faisait bien une demi-heure qu'il était sous la douche, par la persienne de sa salle de bain, il distingua que le jour s'était levé. Il s'habilla donc à la hâte, et descendit prendre son petit déjeuner. Hugo, Lily, Rose et Nancy prenaient encore leur petit déjeuner dans la cuisine, la mine fatiguée. James les salua amicalement, puis s'installa à côté de sa petite amie. Il se pencha vers elle pour l'embrasser, mais celle-ci détourna la tête et James l'embrassa donc sur la joue.
-Alors, on est de mauvaise humeur ? demanda James d'un air narquois, conscient que sa petite amie devait être, elle aussi, très déçue de voir ce bel été arriver à sa fin.
Celle-ci acquiesça brièvement d'un signe de tête, puis se leva d'un bond, et sortit de la cuisine en laissant la moitié de son déjeuner derrière elle.
-Elle était d'humeur massacrante, ce matin, remarqua Rose tout en bâillant à s'en décrocher la mâchoire.
-Elle est venue se doucher à notre étage, ajouta Hugo. Elle a fait un boucan terrible.
James comprit donc pourquoi sa petite amie ne l'avait pas réveillé ce matin. Elle n'était pas venue se doucher à l'étage de James, mais au second étage, là où Albus, Rose et Hugo partageaient leur chambre pour la nuit. L'aîné des Potter aurait pu simplement penser que la jeune fille faisait attention au sommeil de son petit ami, mais lorsqu'il s'attarda un moment sur les faits exposés par Rose et Hugo, il comprit que quelque chose ne tournait pas rond. Tout d'abord, la veille au soir, lorsque James et Alice étaient revenus se joindre aux parents qui terminaient de dîner, Nancy était déjà allée se coucher, en premier, le tout sans venir souhaiter bonne nuit à James, comme elle en avait pourtant l'habitude. Ce matin, elle semblait s'être levée aux aurores, était venue chercher ses affaires de toilette, puis était allée se doucher au second étage, avant de ranger ses affaires de toilette dans la malle. N'importe qui, pour gagner un peu de temps le matin, se serait préparé dans la salle de bain où il avait ses affaires, pour ensuite les ranger. A moins de ne pas avoir envie de rencontrer une personne à cet endroit précis. C'était donc un fait, Nancy l'évitait. D'une voix mal assurée, James annonça alors :
-On n'est pas vraiment contents de rentrer, pour vous dire toute la vérité.
Hugo, Rose et Lily semblèrent se formaliser de cette explication et approuvaient d'un signe de tête. James, laissant lui aussi une bonne partie de son déjeuner, sortit de la cuisine et se dirigea vers la chambre que Nancy partageait avec Lily au premier étage, alors qu'il s'engouffrait dans la cage d'escalier, il tomba nez à nez avec Alice. La jeune fille était déjà habillée, elle tirait derrière elle son énorme malle de Poudlard. James redescendit pour la laisser passer, et elle vint poser sa malle dans le hall.
-Salut, dit simplement la jeune fille, la mine aussi fatiguée que tous les occupants du 12 Square Grimmaurd.
-Salut, marmonna James. Bien dormi ?
-Ça va. J'espère que je n'ai rien oublié. C'est dingue le foutoir que j'avais mis dans notre chambre. Nancy n'en revenait pas hier soir, elle était furieuse.
-Elle a quand même attendu sacrément longtemps pour criser, remarqua James.
Alice haussa les épaules et répondit d'un ton narquois :
-La patience des Poufsouffle sûrement.
-Attends, elle ne dormait pas hier soir ? interrogea précipitamment James, venant de réaliser ce détail. Elle était censée être allée se coucher lorsqu'on est revenus dans la cuisine. Tu te souviens ?
-Visiblement, elle ne dormait pas. Elle avait commencé à rassembler ses affaires et elle n'en trouvait pas la moitié à cause du désordre que j'avais mis.
-Etrange, remarqua James, songeur.
-Tu ne penses pas qu'il y a quelque chose qui cloche ?
James agita ses bras en levant ses paumes vers le ciel. Il ignorait ce qui pouvait clocher chez Nancy. Il prit donc congé de sa meilleure amie, bien décidé à aller s'enquérir de ce qui n'allait pas avec la Poufsouffle. ____________________________________________
-Je te dis que ça va, James, lui répétait-elle pour la centième fois.
-Je vois que quelque chose ne va pas, Nancy. Tu peux m'en parler tu sais.
-Je pense que ce qui ne va pas chez moi, c'est la même chose pour toi. Les vacances sont terminées, c'est notre dernière année à Poudlard ...
-On n'est pas dans la même Maison, tu te dis qu'on passera un peu moins de temps ensemble, coupa James. Ce n'est que ça ?
La jeune fille hésita un moment, puis acquiesça d'un signe de tête. Elle était assise sur le rebord de son lit, elle regardait son petit ami, comme si elle était sur le point de sangloter. James s'assit près d'elle, et lui passa un bras autour de l'épaule. La jeune Poufsouffle se blottit contre la poitrine de son petit ami qui resta là, à contempler la masse de ses beaux cheveux rendus plus sombres par le manque de lumière.
-Et, reprit James, si je te promets qu'hormis les cours que l'on n'a pas en commun, je ferai mon maximum pour être avec toi. Tu me fais confiance ?
La jeune fille releva la tête et regarda son petit ami d'un air absent.
-Oui, sûrement, répondit simplement celle-ci. ______________________________________________________
Des voitures du Ministère venaient d'amener les jeunes gens à la gare de King's Cross. Arrivés sur la voie 9 ¾, ils écoutèrent Ginny leur demander d'être prudents, puis la saluèrent chacun leur tour.
-Veille bien sur eux, dit-elle alors qu'elle venait d'enlacer James en dernier.
-Faites attention à vous, P'pa et toi, répondit simplement James.
Et ils montèrent tous dans le train. Pour la première fois en sept ans, James réussit à rapidement trouver un compartiment vide dans l'un des wagons du fond. Il s'y installa, avec Nancy, qui malgré leur conversation matinale était restée extrêmement distante, Alice et Scott suivirent, puis Albus et Rose vinrent s'installer alors que Hugo et Lily allaient rejoindre Laurie Fillmore et d’autres amis à l'avant du train. Bientôt, les adolescents de sixième et septième année, furent rejoints par Roxane et Fred. Le compartiment était désormais bondé, et James dut même ouvrir les fenêtres d'un coup de baguette magique, pour se sentir respirer. Alors que le train allait démarrer, la porte du compartiment s'ouvrit une nouvelle fois, et la haute silhouette de Lucy Weasley se dessina. Elle observait ses cousins et leurs amis d'un air hagard, puis, après plusieurs secondes d'observation, se décida à les saluer avant de marmonner qu'elle irait chercher un autre compartiment, celui-ci semblant bondé.
-Attends, Lucy, lança la voix de Nancy Frobisher. Je peux m'asseoir sur les genoux de James, s'il n'y voit pas d'inconvénient, tu n'auras qu'à prendre ma place.
Elle fit cette proposition en regardant étrangement Alice qui était face à elle et James. La Weasley lunaire sourit aimablement, et après avoir constaté que, James, trop content d'accueillir sa cousine, et surtout, de voir que sa petite amie était decidée à redevenir proche de lui, accédait favorablement d'un signe de tête à la requête de la Poufsouffle, Lucy s'exécuta donc et s'installa à côté de James. Ils étaient tous extrêmement serrés en ce début de trajet, lorsque Fred voulut se rendre aux toilettes, cela déclencha un mouvement de panique, puisqu'il réussit l'exploit d'écraser les pieds de plus de la moitié des personnes se tenant dans le compartiment. La première partie du trajet se déroula sans encombre, hormis ce manque de confort évident. James écoutait la clameur des conversations tout en caressant les cheveux détachés de sa petite amie, toujours assise sur lui. James n'osa pas lui faire la remarque que ses jambes étaient désormais parcourues d'intenses fourmillements et qu'il mettrait sûrement deux bonnes minutes avant de les voir retrouver une circulation sanguine normale.
Tandis que Lucy Weasley racontait à Albus et Rose les meilleurs passages de son livre sur les légendes arthuriennes, Fred Weasley et Roxane racontaient leurs différents stages, Fred dans la boutique de son père, et Roxane à Sainte-Mangouste. Celle-ci n'était en fait écoutée que d'Alice, qui songeait vaguement à cette vocation, et recherchait un maximum d'informations pour être sûre de faire le bon choix.
Puis, en début d'après-midi, Alice annonça qu'elle devait voir quelqu'un dans l'un des wagons à l'avant du train. Lassée par les interrogations de Scott, elle finit par se lever et annonça d'une voix blanche :
-Je vais voir Owen Finnigan, ce qui se rapproche d’un petit ami, désormais.
Aussitôt, Rose et Albus arborèrent un sourire rayonnant et félicitaient Alice.
-Moi qui pensais que tu ne réussirais jamais à te caser, tu as bien caché ton jeu ! rugit Fred.
Roxane, surprise, mais heureuse pour son amie souriait aimablement, tandis que Scott était interloqué, James, qui était déjà au courant, ne tiqua pas, tandis que Lucy continuait d'observer le paysage l'air absent. Lorsqu'Alice sortit, tous s'empressèrent de commenter leur surprise et cherchèrent à détailler les signes qui auraient pu les interpeler sur une relation entre les deux Gryffondor. Nancy, qui avait pris la place d'Alice face à James, participait désormais avec entrain à la conversation, et alors que son petit ami se levait pour aller acheter des friandises, elle lui saisit la main et se décida d'elle-même à l'accompagner.
-Il y avait autre chose qui n'allait pas, ce matin, annonça Nancy à son petit ami alors qu'ils venaient de passer devant le compartiment des Serpentard.
Leroy Flint était avec une partie de sa bande, Jens Mulciber, Theophilius Nott, et deux gorilles de sixième année dont James ignorait le nom. C'est l'un des gorilles qui vit, à travers la vitre, James passer devant leur compartiment, il fit signe aux autres Serpentards qui levèrent la tête en même temps, et Theopilius Nott, un garçon efflanqué avec des lunettes trop grandes pour son petit visage lui adressa même un geste obscène. James sourit narquoisement, mais préféra tracer sa route en tenant toujours la main de sa petite amie.
-Dis-moi, reprit simplement le garçon.
-Je t'ai vu avec Alice hier soir à travers ma fenêtre. Et je croyais que vous flirtiez.
James sentit quelque chose se figer dans son estomac, ainsi Nancy les avait observés. Elle avait vu leur moment d'intimité sur le perron de la maison des Potter. Et c'était pour ça qu'elle avait été furieuse après James. En d'autres circonstances, James aurait voulu éclater de rire, mais quelque chose l'en empêcha. Peut-être était-ce parce qu'il repensait à ce que lui avait dit Alice à propos de Finnigan qu'il allait devoir se coltiner. Peut-être était-ce aussi parce qu'il mesura en un instant l'intensité de la colère qu'avait été celle de Nancy à la vue de ce moment de complicité entre James et sa meilleure amie, qui serait forcément passé pour quelque chose de malsain si Alice n'était pas, précisément, la meilleure amie du garçon. Il préféra donc être honnête et expliqua à sa petite amie qu'Alice lui avait annoncé pour elle et Finnigan, et il ajouta qu'il n'appréciait que trop peu le garçon à la tête de fouine.
-Tu ne vas pas te fâcher avec Alice simplement parce toi seul doit décider de qui doit intégrer ton petit cercle de confiance ? répliqua Nancy interloquée, mais rassérénée.
-On verra, répondit simplement James.
-Je ne savais pas que tu fumais aussi, lança Nancy sur un nouveau ton de reproche.
James entreprit donc de lui expliquer l'histoire du paquet de Scott. Nancy l'écouta et parut surprise, mais après lui avoir conseillé de ne jamais se mettre à fumer, ils continuèrent d'avancer main dans la main, saluant au passage leurs connaissances de Poudlard. Et lorsqu'ils revinrent dans leur compartiment les bras chargés de friandises, c'était une Nancy rassurée qui regardait d'un œil énamouré son petit ami. Ils dévorèrent la quantité astronomique de Chocogrenouilles, Patacitrouilles, Fizwizbiz, Nids de Cafard et autres Dragées Surprise de Bertie Crochue quand Alice revint, la mine réjouie, mais refusant de répondre aux questions incessantes de Scott, elle leur annonça qu'ils allaient bientôt arriver et tous se hâtèrent de mettre leurs robes de sorcier avant d'arriver à la gare.
Alors que le temps avait été radieux tout au long de leur parcours, le village de Pré-Au-Lard était inondé par des pluies torrentielles. Alors que les élèves s'empressaient de déposer leurs malles sur le quai, ils entendirent le traditionnel appel d'Hagrid : « Les première année, par ici s'il vous plait. ». Le groupe d'adolescents s'approcha du géant à la silhouette impressionnante mais qui cachait une gentillesse aussi hors-norme que son physique.
-Salut, les jeunes ! lança-t-il avec conviction à l'adresse du groupe de James. Je sens qu'on va s'amuser pour traverser le lac, espérons que la pluie n’innonde pas nos barques.
Les jeunes étudiants lui souhaitèrent bon courage et continuèrent de se hâter vers l'entrée de la gare où les attendaient les calèches tirées par des chevaux invisibles. Au détour d'un cours de Soin aux Créatures Magiques, James avait appris qu'il s'agissait en fait de Sombrals. Des chevaux que seuls ceux qui avaient vu la mort pouvaient voir. James espérait intérieurement ne jamais les voir. Ils se séparèrent en deux groupes, Scott, Albus, Rose et Alice s'étaient rués vers une première calèche, tandis que James, Nancy, Fred, Lucy et Roxane se précipitaient vers une autre. La foudre commençait à tomber non loin d'eux, à en juger par l'ampleur du grondement. Nancy, toute tremblante, se blottit dans les bras de son petit ami tandis que Lucy Weasley jetait distraitement des Impervius tout autour d'eux.
Alors qu'ils traversaient l'Allée Principale de Pré-Au-Lard, désert, James aperçut non loin de la devanture de chez Zonko, une silhouette vêtue de blanc, et son cœur manqua un battement. Lorsqu'il s'attarda un peu plus sur l'individu, il vit que celui-ci était paisiblement appuyé contre un bâton de marche en bois. Il observait les calèches passer devant lui. A travers la pluie, James distingua que l'œil doré stylisé et les tâches rouges autour de celui-ci étaient bien présentes sur la tunique blanche. L'homme n'avait pas de cagoule, un simple chèche gris entourait son cou, il avait la peau légèrement hâlée, de longs cheveux d'un blond presque blanc noués en catogan derrière sa nuque, et deux grands yeux sombres qui s'agitaient dans leur orbite, observant attentivement chacun des occupants des charrettes. Lorsque l'homme vit que James l'avait vu et s'était attardé sur sa silhouette, il lui lança un sourire mauvais, dévoilant des dents jaunâtres. Et de sa main gauche, qui ne tenait pas son baton, il porta son index et son majeur à sa tempe, puis les dirigea vers James en guise de salut narquois.
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-On vient juste d'arriver et voilà que tu n'arrêtes pas de jeter un coup d'œil à la table des Serpentard. Poses toi un peu, on s'occupera d'eux demain.
C'était Alice qui sommait James de revenir parmi eux. Les Gryffondor étaient assis à leur table, ils attendaient patiemment les premières années, qui mettaient plus de temps que prévu dans leur traversée du lac. Les Professeurs, sauf Neville, qui s'occupait de la Répartition et Hagrid -qui s'occupait de faire traverser le lac aux premières années, donc-, étaient installés. Harry était là aussi, en grande conversion avec le Professeur Pritchard, qui enseignait la Métamorphose et était le directeur des Serpentard. Les Serpentard que James surveillait, justement, étaient assis au bout de leur table, Leroy Flint, entouré de Theophilius Nott, Jens Mulciber, des deux gorilles du train et de Judith Bulstrode qui expliquait quelque chose avec animation au groupe, penché vers le milieu de la table pour que personne n'entende. Le reste du groupe semblait à la fois paniqué et excité, James voyait dans les yeux des deux gorilles, qui étaient face à lui, que quelque chose clochait. Les Serpentard avaient l'habitude de conspirer et de préparer un mauvais coup, mais il n'avait jamais lu cette intensité dans le regard. Sûrement avaient-ils vus eux aussi l'homme en blanc. C'est alors que, n'écoutant que son instinct, James se leva de la table des Gryffondor, ignorant les regards de tous les élèves présents dans la salle et se dirigea vers la table des Professeurs.
-Voyons Mr Potter, votre père vous manque déjà ? demanda Pritchard d'un ton narquois.
-Désolé de vous interrompre, Professeur, je dois parler d'urgence à mon père.
Harry regarda son fils avec des yeux ronds, mais se leva et lui fit signe de le suivre à l'extérieur de la Grande Salle, ils traversèrent le hall d'entrée, puis entrèrent dans une salle de classe vide, juste à côté de l'entrée des cachots.
-Qu'y a-t-il ? Je te sens inquiet, demanda Harry à son fils.
-En venant en calèche, j'ai vu un sbire de Shafiq. J'en suis sûr.
Harry observa un instant son fils, l'air inquiet, puis il lui demanda :
-En es-tu sûr ? Comment était-il ? Où était-il ?
James expliqua à son père qu'il avait reconnu l'œil doré et les tâches rouges sur sa tunique blanche. Le même symbole que portaient ceux qui l'avaient agressé sur le Chemin de Traverse. Harry l'écouta attentivement, mais la description physique que lui avait faite James ne lui rappelait aucun des suspects que ses Aurors surveillaient. Cependant, l'Auror se saisit d'un Gallion dans sa poche, d'un coup de baguette magique, il modifia les caractères, et James se douta que tous ses coéquipiers avaient reçu le message.
-Ron enverra quelqu'un enquêter, expliqua-t-il. Après le repas, j'irai aussi jeter un œil à Pré-Au-Lard, peut-être même que je demanderai au Professeur Everett de passer la nuit ici. Ne t'inquiètes pas, et tâches de profiter de la soirée.
Lorsque le père et le fils revinrent dans la Grande Salle, Neville se tenait à côté d'un tabouret sur lequel trônait un chapeau usé et rapiécé. La Répartition n’avait pas encore commencé, Neville venait juste d’annoncer que le Choixpeau allait répartir les élèves, c’est donc au rythme de sa traditionnelle chanson que James revint s’installer parmi ses camarades de Gryffondor :
Avance toi, quand je t'annonce,
Car tu vas entendre ma prose,
Ne t'en fais pas, c'est dans ta tête,
Car J'y vois tout ce qui t'inquiète.
Comme chaque année, je vais chanter,
Les raisons qui ont mené,
Les Fondateurs à m'animer,
Pour a leur suite, sélectionner :
Quand Gryffondor, fort et hardi,
De son couvre chef, se dédouana.
Des instructions, de ses amis,
Promptement, il m'informa,
Ainsi je choisis, selon leurs dires,
Tout comme jadis eux ils firent.
Ceux d'entre vous, qui trompent la mort,
J'les envoie vers Gryffondor,
Pour les plus sages, une seule règle,
Vous finirez, tous à Serdaigle,
Passionnés, par l'égalité,
Poufsouffle vous est destinés,
Toi, Débrouillard, sorcier roublard,
Nulle autre choix que Serpentard.
Et mon devoir, je l'accomplis,
Car c'est ce pourquoi je suis,
Mais n'est-ce pas, un poil bancal,
De juger si tôt de votre morale ?
Car bon sang, soyons tous francs,
On change tous au fil des ans,
Et ne vous croyez pas arrivés,
Car la suite va vous etonner !
On a tous vu, au moins un jour,
De fiers Poufsouffles, Mener leurs troupes,
Avec vigueur et bravoure,
On tous su, qu'il existait,
De fiers Serdaigles, Piqués de zèle,
Prêts à ruser pour l'emporter,
Car bon sang, soyons tous francs,
On change tous au fil des ans,
Et ne vous croyez pas arrivés,
Car la suite va vous etonner !
On le sait bien, chers compagnons,
Qu'il existe des Gryffondors,
Qui érigent l'érudition,
En piédestal et règle d'or.
On connaît tous, des Serpentards,
Qui voudraient que l'équité,
Soit la seule, priorité,
Et tant pis pour Salazar !
On se retrouve donc bien étonnés,
Quand sur mon choix on s'est figés,
Alors avant de comparer,
Tout ce qui peut vous diviser,
Trouvez plutôt meilleur moyen,
D'entre vous, nouer des liens.
James s’était de nouveau installé à la table, quand il applaudit avec le reste de ses camarades de l’école.
-Surprenante, la chanson, cette année ! s’étonna Alice.
-Tu trouves, chaque fois il nous fait la leçon j’ai li’mpression, répliqua Scott. Rester unis même avec les Serpentard.
-Ce coup-ci, il a bien souligné la futilité du système des maisons … remarqua Rose tandis que Joseph Addams était envoyé à Serdaigle.
-Au fait, James, tu vas nous dire pourquoi tu es allé voir Harry ?
Mais James interrompit Fred qui lui posait cette question pour leur faire signe d’écouter la cérémonie de répartition. Parmi le cortège des premières années, les jumeaux Dragonneau détonnaient quelque peu. Ils semblaient s’émerveiller de tout ce qui les entourait. Ils s’étaient déjà fait remarquer en saluant avec entrain Harry, quand il était retourné s’asseoir à la table des Professeurs entre Hagrid et le Professeur Pritchard. D’ailleurs, lorsque Norah Clarke fut envoyée à Serpentard, ils surent que ce serait bientôt à leur tour d’être répartis, et ils regardaient désormais les quatre tables d’élèves avec appréhension.
-Vas-tu enfin nous dire ce qu'il t'arrive ? demanda de nouveau Alice qui était assise face à James entre Scott et Albus.
James leur expliqua alors à voix basse la silhouette qu'il avait vue dans Pré-Au-Lard et qu'il était quasiment sûr qu'il s'agissait d'un des sbires de Shafiq. Rose, assise à côté de lui le regardait d'un air surpris, tandis que Fred, Roxane, Alice et Albus avaient le regard perdu dans le vide, semblant réfléchir à tout vitesse au récit de James.
-Je l'ai vu moi aussi ! s'exclama Rose. Je me demandais ce que faisait quelqu'un dehors avec cette pluie. Ainsi, cet œil doré, c'est leur symbole ?
James acquiesça d'un signe de tête tandis que Zach Deng venait d'être envoyé à Gryffondor. Scott ouvrit la bouche pour relancer la conversation, mais il se tut quand il vit que tous ses voisins de table observaient de nouveau avec attention la répartition. En effet, la voix de Neville venait d'appeler Lorcan Dragonneau. Le petit blond s'approcha du tabouret en sautillant, il observa un instant de ses yeux ronds les différentes attablées qui se tenait face à lui, puis s'assit sur le tabouret tandis que Neville lui mettait le Choixpeau sur la tête. Le petit garçon donnait l'impression d'écouter paisiblement ce que lui disait le Choixpeau. Cependant, James finit par penser que la répartition de Lorcan Dragonneau mettait énormément de temps. Rapidement, il vit que tout le monde semblait penser la même chose que lui, tant les élèves autour de lui avaient un regard surpris et interloqué.
-Il faut changer le Choixpeau, il ne fait plus son boulot ! lança une voix à la table des Poufsouffle.
-Que se passe-t-il ? demanda une voix depuis la table des Serdaigle.
Les Professeurs, eux, observaient la scène en souriant. Neville lui-même faisait signe à l'audience de se taire et de garder son calme. Finalement, au bout de cinq bonnes minutes, le Choixpeau cria :
-SERDAIGLE !
Et le petit Lorcan Dragonneau fut accueilli à la table des Serdaigle par de nombreux applaudissements, la maison où sa mère avait étudié. Avant que Neville ne reprenne la parole, le Professeur Everett tapa sur son verre à l'aide de sa cuillère. Il se leva, montrant l'étendue de sa silhouette massive, vêtue d'une longue robe anthracite avec des motifs lunaires blancs, et annonça :
-Mesdemoiselles et messieurs, Bonsoir à tous. Vous venez d'assister à un moment qui est toujours historique à Poudlard : un Chapeauflou. Il arrive parfois que notre humble serviteur, le Choixpeau, ne soit pas en mesure de se décider sur une maison à attribuer. De ce fait, il hésite longuement entre plusieurs maisons et si le choix est rendu après cinq minutes, nous appelons ça un Chapeauflou. Je tiens à dire que nombre de Chapeauflous sont devenus célèbres après avoir accompli de grandes choses. Monsieur Dragonneau, nous suivrons donc votre parcours avec grand intérêt.
Et après avoir éclairé les interrogations des élèves les plus curieux, le vénérable Directeur se rassit au centre de la table des professeurs. Neville appela donc le second jumeau, Lysander Dragonneau. Ressemblant en tous points à son jumeau, avec les mêmes yeux clairs, les mêmes cheveux blonds ébouriffés, et le même air émerveillé. Il s'assit sur le tabouret en souriant à son frère à la table des Serdaigle. Et à la surprise générale, le Choixpeau mit autant de temps pour se décider pour son jumeau. Cette fois, certains élèves se mirent à chronométrer avec leurs montres et lorsque les cinq minutes furent atteintes, certains crièrent : « Chapeauflou ! ». Finalement, au bout de huit minutes, et sous les applaudissements tonitruants de la Grande Salle, Lysander Dragonneau fut envoyé à Gryffondor où il vint s'asseoir à côté des autres premières années que Nick Quasi-Sans-Tête venait saluer.
-C'est dingue ! s'exclama Albus. Deux Chapeauflou en une seule répartition, ça doit être du jamais vu.
-Ce que je trouve surtout bizarre, c'est que les jumeaux, qui sont parfaitement semblables, ont été envoyés dans deux maisons différentes, remarqua Scott.
-Ils n'ont sûrement pas les mêmes qualités à l'intérieur, suggéra Rose.
-Pourtant, mon père était dans la même maison que son jumeau, et Roxane et moi pareil. Ça doit être rare de voir deux jumeaux séparés, non ? demanda Fred.
Tous se mirent à tenter de donner des explications à cette bien étrange répartition, mais ils s'accordèrent tous que les jumeaux tenaient de leurs parents, Luna Lovegood et Rolf Dragonneau, et que ceux-ci n'en finiraient pas de les surprendre. Finalement, la dernière élève qu'il restait à répartir, Deborah Wors fut envoyée à Serdaigle, tandis que Everett annonçait le début du festin.
Tous les élèves, affamés par cette répartition plus longue que prévue se jetèrent sur les opulents plateaux de victuailles qui se tenaient désormais devant eux. Lorsque les plats furent vidés de leur contenu et après que Scott se soit resservi pour la cinquième fois de la tarte aux poires sous l'œil désapprobateur d'Alice, le Professeur Everett se leva pour énoncer son habituel discours de début d'année.
-Chères étudiantes, chers étudiants. Bienvenue à tous pour une nouvelle année à Poudlard. Après cette cérémonie de répartition un peu folle -il jeta un coup d'œil appuyé aux tables de Serdaigle, puis des Gryffondor-, ce qui fait toute la magie et le charme de l'école, je souhaite aux premières années, au nom de tous mes collègues enseignants et des élèves plus âgés, une merveilleuse première année à Poudlard. Cette école sera votre foyer pendant sept ans, et l’ensemble du corps éducatif se tient à votre disposition pour que vous vous y sentez réellement chez vous.
Tous les élèves ainsi que les enseignants se joignirent aux voeux de bienvenue du Professeur Everett.
-Je dois également, reprit le Directeur, vous annoncer plusieurs changements intervenus dans l'équipe pédagogique. Tout d'abord, j'ai l'honneur de vous présenter Mrs Rosemary Zeller, qui enseignera une nouvelle matière : La Littérature Magique.
Une très belle femme, âgée d'environ une trentaine d'années, au visage angevin et aux cheveux sombres se leva de sa place sur la gauche de la table des Professeurs. Elle sourit aimablement aux élèves qui l'applaudissaient poliment.
-C'est une nouvelle option, expliqua Rose, pour la première année d'enseignement, tous les niveaux seront mélangés. Le premier cours sera obligatoire et chacun pourra décider de poursuivre ou pas.
-Littérature Magique ? Ça doit être vraiment intéressant ! s'exclama Albus, alors que les septième année le regardaient d'un air sceptique.
-Enfin, je souhaite également la bienvenue à Mr Harry Potter qui a gentiment accepté de prendre en charge les cours de Défense Contre les Forces du Mal en ASPIC. Mr Potter vous fera part de sa légendaire expérience pour vous former dans cette matière qui demande, je vous l'ai assez dit, rigueur et sérieux.
Harry se leva également et sourit d'un air gêné aux applaudissements qui s'étaient fait beaucoup plus tonitruants pour lui que pour Mrs Zeller. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'une telle célébrité venait enseigner à Poudlard. Cependant, James constata que quelques élèves de Serpentard ne s'étaient pas joints aux applaudissements. Leroy Flint et sa bande regardaient d'un air écoeuré en direction de la table des Professeurs.
-Pourquoi rien qu'en ASPIC ? demanda un élève de troisième année à la table des Gryffondor.
-Il doit avoir trop de travail au Bureau des Aurors, répondit une de ses camarades. Et puis, je préfère le savoir en train de nous protéger qu'en train de nous donner des cours.
-De plus, Mr Napier, notre concierge, m'a demandé de vous rappeler qu'il était formellement interdit de pratiquer la magie dans les couloirs de l'école, il vous rappelle également que tous les produits venant de la Boutique Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux sont interdits. De même que cent vingt-deux autres produits, la liste complète étant consultable à tout moment dans son bureau. De plus, j'invite les Capitaine des équipes de Quidditch à se rapprocher de leur Directeur de Maison pour fixer une date pour les sélections. Enfin, je vous rappelle que l’accès à la Forêt Interdite est strictement défendu pour tous les élèves, à toute heure, et en toute circonstances.
James eut la sensation que le Directeur jetait justement un oeil en direction de lui et de ses amis.
-D’autant plus, reprit le Directeur, que Poudlard accueille, au sein de la Forêt, des colonies d’Augurey qui étaient menacées de braconnage dans leurs colonies précédentes. Ces oiseaux nécessitent d’être au calme, et seront confiés aux bons soins du Professeur Hagrid.
James constata que beaucoup d’élèves avaient eu la même réaction écoeurée que les membres du Magenmagot, les Augurey souffraient de leur mauvaise réputation.
-Je pense avoir fait le tour des informations que je devais vous transmettre, poursuivit Everett, je n’ai plus qu’à vous souhaiter une bonne nuit, et une merveilleuse année scolaire.
Tous les élèves applaudirent, tandis que les Préfets se levaient et rassemblaient les premières années de leur maison. Rose et Albus marchaient à présent en tête du cortège des nouveaux Gryffondor, à qui ils allaient montrer le chemin pour la Salle Commune ainsi que le mot de passe.
-Merlin ! jura Alice. On n'a pas pensé à demander à Albus et Rose le mot de passe de la salle commune.
-Rattrape-les, vite ! ordonna Scott à l'adresse de James.
James se précipita vers le groupe des Gryffondor, mais dans sa course, il heurta un jeune garçon brun de haute taille.
-Oups pardon ! s'excusa James.
Il reconnut le visage souriant d'un camarade de son année, appartenant à la maison Poufsouffle.
-Hey ! Michael ! Je ne t'ai pas vu dans le train.
Le Poufsouffle remit ses lunettes droites, puis fit un sourire franc à son camarade. -C'est normal, j'ai dû passer tout le trajet dans le wagon des Préfets.
-Des Préfets ? s'étonna James. Mais à Poufsouffle, les Préfets étaient May Xiong et Joe Calhoun, non ?
-C'est bien ça, admit Michael. Mais j'ai eu une belle surprise cet été. Et il lui montra du doigt l'insigne qui trônait sur sa poitrine.
-Wouah ! Félicitations ! Préfet-En-Chef, ça alors ! Michael Walker, Préfet-En-Chef, qui l'aurait cru ?
-C'est ce que mon père m'a dit, avoua Walker avec un grand sourire.
-Et qui est ton homologue féminin ? demanda James.
Le visage de Michael Walker s'assombrit. Il fit un signe de tête en direction de la table des Serpentard.
-Judith Bulstrode, répondit le Préfet-En-Chef d'un air sombre.
-Oh mince, compatit James écoeuré.
Judith Bullstrode faisait partie de la bande d'amis de Flint. C'était une fille de haute taille aux cheveux mi-longs et au regard sournois. Elle jouait Batteuse dans l'équipe de Serpentard et sa force et sa hargne étaient sans commune mesure. James ne l'appréciait pas, il savait qu'elle partageait les idées de Flint sur les statuts du sang, mais elle était aussi suffisamment rusée pour bien se faire voir des enseignants. En effet, la jeune fille était toujours en train de minauder en présence des professeurs, de poser des questions dont elle savait déjà les réponses, et ceux-ci l'avaient récompensée en la nommant Préfète En Chef. Michael Walker était quant à lui un Poufsouffle. James appréciait sa fiabilité. Lorsqu'ils étaient en première année, James s'était battu en duel avec Leroy Flint parce que ce dernier avait tenu des propos insultants envers la famille de James. Bien sûr, Neville Londubat, lassé de voir les jeunes gens se disputer, était venu les séparer et il les avait conduits au bureau de Everett. Mais au moment où Neville et les deux jeunes sorciers attendaient devant le Bureau de Everett, un petit garçon de Poufsouffle arriva vers eux en courant. Michael Walker avait observé l'altercation entre les deux et il fit tout pour défendre le comportement de James, y compris quand Everett les autorisa à entrer dans son bureau. James et Flint avaient bel et bien pris une retenue, mais depuis ce jour-là, James, qui avait apprécié la façon dont Walker s'était acharné à le défendre, continuait d'avoir des relations amicales avec lui, se saluant avec ferveur et discutant ça et là au détour d'un couloir.
-Hey mais attends ! s'exclama James qui venait d'oublier qu'à la base il poursuivait Albus et Rose qui s'éloignaient de plus en plus avec le flot d'élèves de première année. Tu dois sûrement savoir le mot de passe des Gryffondor ?
-Pour sûr, répondit le Préfet-En-Chef. Pour vous, c'est Corne d'Abondance.
-Merci Mike ! A la prochaine, et encore félicitations. Le Poufsouffle le remercia sincèrement, puis reprit le cours de son chemin vers l'extérieur de la Grande Salle.
-C'est bon, annonça James en allant retrouver Scott, Alice, Fred et Roxane. Le mot de passe est Corne d'Abondance.
-C'est Walker qui te l'a dit ? demanda Roxane d'un air intrigué.
-Ouais, répondit James. Il a été nommé Préfet-En-Chef.
Surpris de l'annonce de James, mais content pour le paisible Poufsouffle, les cinq étudiants de septième année montèrent tranquillement jusqu'à la Tour de Gryffondor et lorsqu'ils pénétrèrent dans la salle commune, déjà bondée, ils réussirent à se faufiler au fond de celle-ci sur des fauteuils libres, près des fenêtres. Ils restèrent un moment à discuter, se demandant par quel cours ils commenceraient le lendemain. Bien sûr, ils ne le sauraient qu'au petit déjeuner, lorsque Neville leur aura distribué les emplois du temps. Il était désormais presque minuit lorsque James et Scott entamaient une énième partie de Bataille Explosive. Alice les avait laissés pour aller passer du temps avec Owen Finnigan, à l'opposé de la salle commune, Roxane lisait un roman à l'eau de rose, tandis que Fred essayait d'ensorceler une plume pour que lorsque quelqu'un la prendrait par inadvertance, celle-ci se transforme en oiseau. La soirée avançait paisiblement lorsqu'un bruit sourd se fit entendre. Les quatre adolescents sursautèrent, et à en juger par les quelques bruits autour d'eux, les rares adolescents encore présents dans la Grande Salle avaient été surpris du bruit d'explosion. James avait d'abord cru que c'était une expérience de Fred qui avait mal tourné, mais le bruit venait de l'extérieur, et sûrement d'assez loin. Il regarda par la fenêtre, au loin, il voyait une lumière vive rougeâtre. Le feu embrasait toute la colline voisine de Pré-Au-Lard. Lysander Dragonneau, qui était encore éveillé et était en train de faire connaissance avec ses camarades de première année, s'approcha de la fenêtre.
-C'est peut-être la foudre, suggéra le petit garçon.
En effet, c'était sûrement la foudre. C'était certain même. Il fallait voir comme celle-ci s'était abattue près de la gare de Pré-Au-Lard, elle avait sûrement embrasé un arbre sur la colline.
-Il y a beaucoup de feu, pour seulement de la foudre, remarqua Alice qui s’était elle aussi approchée de la fenêtre.
C'était vrai, le feu embrasait toute la colline, il semblait s'étendre sur plusieurs hectares. Il fallait l'admettre, ce n'était sûrement pas naturel. James ne voulait pas penser à cette éventualité, il ne pouvait pas admettre qu'il avait vu la silhouette de l'homme en blanc et que celui-ci avait pu semer la panique impunément. C'était impossible. Harry et d'autres Aurors patrouillaient à Pré-Au-Lard, le sbire de Shafiq n'aurait rien pu faire, et si les sbires de Shafiq avaient réussi à vaincre les Aurors ? C'était inconcevable, James ne devait pas penser à ça. Alertés par les cris venant de la salle commune, la quasi-totalité des élèves de Gryffondor descendit de leur dortoir. Rose et Albus rejoignirent le groupe de James à la fenêtre, les deux en pyjama et la mine endormie. Ils affichaient une expression horrifiée.
-C'est le cimetière de Pré-Au-Lard sur cette colline, expliqua Albus sombrement.
James se retira de son poste à la fenêtre, et vint s'asseoir dans un fauteuil, la mine déconfite. Alice vint se poster face à lui :
-Il faut aller alerter les professeurs, lui dit-elle.
James admit cette éventualité, il s'apprêtait à lui répondre par l'affirmative quand la voix d'un troisième année se fit entendre :
-Regardez, qu'est-ce que c'est que cette forme argentée ? James se releva et vint voir à la fenêtre. A travers le parc de Poudlard, un cerf argenté galopait vers le château. Il s'éleva un moment dans les airs, et rentra quelque part dans un des étages inférieurs.
-C'est le Patronus de papa, murmura James, soulagé, à Albus qui se tenait à côté de lui en tenant une Lily toute tremblante dans ses bras.
Son petit frère semblait s'être posé les mêmes questions mortifères, puisqu'il accueillit avec un soupir de soulagement la remarque de James tout en caressant les cheveux de sa petite sœur. Un rapide instant après que le Patronus ait pénétré à l'intérieur du château, une voix se fit entendre à travers les murs, c'était comme si ces derniers parlaient, comme si la voix résonnait depuis les profondeurs du château, mais la voix du Directeur avait un ton bienveillant, rassurant, malgré la tension engendrée par la situation :
-Attaque suspecte à Pré-Au-Lard, pour des raisons de sécurité, les Directeurs de Maison viendront évacuer les dortoirs, je demande aux préfets de rassembler les élèves de leur maison dans leur salle commune et d'attendre leurs enseignants. La nuit se terminera dans la Grande Salle. Je précise également, qu'il n'y a pour l'instant, aucune victime à déplorer lors de l'attaque. Je vous appelle donc au calme et à la vigilance.