James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1
Le cortège des Gryffondor venait d'arriver dans la Grande Salle, la mine fatiguée et inquiète, chacun murmurant ses questions et théories sur ce qu'il venait d'arriver. Ils étaient menés par leur Directeur, Neville Londubat, et leurs deux Préfets, Rose et Albus. Les Gryffondor étaient les derniers à pénétrer dans la salle au plafond magique, celui-ci affichait un ciel noir, nuageux et sans la moindre étoile. Everett avait fait disparaître les tables de la salle à manger de Poudlard pour les remplacer par de nombreuses rangées d'épais duvets violets portant le symbole de l’école. Autour de la Grande Salle, les silhouettes nacrées des fantômes de Poudlard se dessinaient, Nick Quasi-Sans-Tête descendit vers le groupe des Gryffondor et vint voir si ses premières années n'étaient pas trop choqués par ce qu'il venait d'arriver. Non loin des Gryffondor, le flot des Poufsouffle était mené par leurs Préfets de septième année, May Xiong et Joe Calhoun, celui-ci, lorsqu'il vit entrer les Gryffondor, tapa sur l'épaule d'une jeune fille de sa promotion, en montrant le contingent sang et or à cette étudiante aux cheveux bruns et à l'air paniqué.
Aussitôt, Nancy Frobisher, le teint pâle, se rua vers le groupe des Gryffondor et vint se blottir dans les bras de son petit ami.
-Nous ne voyions pas l'incendie depuis notre salle commune, mais j'ai eu si peur en entendant le message d”Everett, s'écria-t-elle. Tu crois que c'est eux ?
James, qui caressait lentement les cheveux de sa petite amie, la regarda dans les yeux et approuva d'un signe de tête sombre, alors que la jeune fille se blottit de plus belle dans les bras de l'aîné des Potter. Celui-ci observa un instant le fond de la salle, le groupe des Serpentard, menés par leurs préfets, Scorpius Malefoy et Esther Gamp, affichait, lui aussi un air sombre, voire horrifié pour certains, à la grande surprise de James. Un peu à l'écart du contingent vert et argent, Leroy Flint et sa bande discutaient avec animation mais ne semblaient pas arborer quelconque jubilation. Ils étaient même vaguement inquiets à en juger par leurs mines.
L'attention de James revint un instant sur Michael Walker et Judith Bulstrode, les Préfets-En-Chef. Les deux se tenaient à une distance respectable l'un de l'autre pour écouter le Directeur qui était en grande conversation avec Jane Fauntleroy, la directrice des Poufsouffle qui enseignait les potions, ainsi qu'avec Jaime Pritchard et Nasser Hamish, ce dernier enseignait les Enchantements et était Directeur de Serdaigle. Neville fit signe aux Gryffondor de l'attendre en rang à l'entrée de la salle. Et il s'approcha du Directeur, la mine assombrie. Comme ses trois collègues, il écoutait attentivement Quintilius Everett en hochant la tête régulièrement. Puis, dans le dos du contingent rouge et or, les portes de la Grande Salle s'ouvrirent à nouveau, et Harry Potter, accompagné de Hagrid, armé de son arbalète, et de Benjamin Harper, l'air inquiet, fit son entrée. Ils s'approchèrent du Directeur et semblèrent lui apporter de nouveaux éléments, que celui-ci accueillit avec des hochements de la tête et frappa dans ses mains en demandant aux élèves d'approcher.
-Cette nuit, le cimetière de Pré-Au-Lard a été frappé par des sortilèges de magie noire, annonça celui-ci alors que certains élèves poussaient des cris d'horreur, voire même des sanglots, car, d'après ce qu'avait compris James, des aïeux d'élèves de Poudlard y étaient enterrés, peut-être même était- ce pour cette raison que nombre de Serpentard affichaient, eux aussi, une mine horrifiée.
-Il n'y a, heureusement, aucune victime à déplorer, continua le Professeur Everett. Même si le fait de s'attaquer aux morts, reste une preuve de sadisme et de perversité immense, nous pouvons d'ores et déjà nous soulager du fait que ni nos Aurors -et il fit un signe de tête grave à Benjamin et Harry-, ni les citoyens de Pré-Au-Lard n'ont été blessés. Pour cette nuit, vous allez dormir dans la Grande Salle, ici, vous serez en sécurité car protégés par nos fantômes et vos enseignants. Il se pourrait que les responsables de l'attaque du cimetière errent toujours dans les parages, et, bien sûr, nous ne voulons pas prendre le risque de les voir vous faire du mal. Une partie des enseignants, et moi-même, allons patrouiller dans le château, je demande aux Préfets-En-Chef et aux enseignants qui resteront dans la Grande Salle de punir tout comportement imprudent avec la plus extrême sévérité. Tâchez de bien dormir, demain, le rythme de vos cours demeurera, pour l'instant, inchangé.
Les élèves, d'un même mouvement, se mirent à attraper des duvets au sol, certains commencèrent à les déplacer pour se mettre un peu à l'écart de la masse des autres étudiants. James, sa petite amie, ses deux meilleurs amis, son frère et ses cousins de Gryffondor réussirent à trouver un endroit désert, non loin de là où se tenait d'habitude la table des Professeurs. Ils commencèrent à s'installer, quand James sentit une main se poser sur son épaule. Lorsque James se retourna, il vit son père, l'air toujours aussi défait, qui l'observait.
-J'aurai besoin de te voir une minute, James, annonça celui-ci.
James suivit donc son père qui le menait à l'extérieur de la Grande Salle, non sans avoir prévenu les fantômes et Auguste Osbourne, le professeur d'Arithmancie, qui était posté à l'entrée.
-Est-ce que tu as emporté la Carte avec toi ? demanda Harry.
James se frappa la main contre le front, maudissant sa stupidité de ne pas y avoir pensé. La Carte serait tellement utile pour repérer des intrus.
-Aucun problème, reprit Harry. Nous irons la chercher ensemble dans la salle commune, d'accord ?
James acquiesça, et suivit son père à travers le hall, remontant l'escalier de marbre pour se rendre à travers le dédale de couloirs qui les mènerait à la tour de Gryffondor.
-Ron avait envoyé Ben’ patrouiller dans Pré-Au-Lard, expliqua le chef des Aurors. Je l'ai rejoint après le festin avec Hagrid. La pluie et la foudre nous empêchaient de voir à deux mètres, ni Rosmerta, ni Lacrass, les gérants des pubs de Pré-Au-Lard n'ont vu quelque chose de louche. A vrai dire, on allait repartir quand on a vu la colline du cimetière s'embraser.
-Vous êtes allés sur place ? demanda James à son père.
-Oui, mais la magie utilisée était ... Très noire ... Ce genre d'incendie ne peut être contenu que par une dizaine de sorciers. J'ai donc envoyé un Patronus à Urquhart, le chef du Département des Accidents et Catastrophes Magiques. Celui-ci m'a envoyé sa brigade spéciale, ils n'ont toujours pas pu éteindre entièrement le feu. Mais il est contenu.
-Après l'incendie, est-ce que vous aurez un moyen de trouver des preuves impliquant le groupe de Shafiq ?
-Hélas, répondit Harry, le procédé utilisé est un Feudeymon. Ce genre de sortilège de magie noire brûle tout sur son passage, y compris la pierre, il ne restera plus grand-chose du cimetière, malheureusement. Donc toute trace laissée par les responsables aura disparu.
-Mais pourquoi s'attaquer à un cimetière ?
-Je l'ignore, James. Le cambriolage chez Fortescue, le meurtre de Goyle, le cimetière de Pré-Au-Lard. Je dois admettre que nous ne voyons aucun lien entre tout ça, pour l'instant.
-Voilà, nous y sommes, annonça James en apercevant le portrait de la Grosse Dame.
-Hum ... Vous n'en avez pas marre de faire tout ce grabuge en pleine nuit, demanda celle-ci en ouvrant mollement une de ses paupières, mais son visage s'éclaira lorsqu'elle vit le visage de Harry. Monsieur Potter père ! s'exclama-t-elle. Cela fait si longtemps ! Il semble que votre fils a pris la même habitude que vous, sortir la nuit, et ne pas se soucier le moins du monde qu'il troublera mon sommeil pour rentrer.
Harry salua la Grosse Dame avec animation, en lui demandant des nouvelles de son amie, Violette, puis lorsque James prononça le mot de passe, celle-ci pivota pour les laisser entrer.
-Ça n'a pas changé d'un poil ! s'exclama Harry en observant la salle d'un air nostalgique.
Il montra ensuite à James les endroits où lui, Ron et Hermione avaient l'habitude de se réfugier à l'écart des autres, souvent rejoints par Ginny, Neville où les jumeaux Weasley. James monta dans son dortoir, sa malle avait été déposée devant son lit à baldaquins, il fouilla un moment dans ses affaires, puis récupéra le morceau de parchemin vierge qu'il avait placé à l'intérieur de son livre de Défense Contre les Forces du Mal. Sur le chemin du retour, Harry activa la Carte et regardait attentivement les points qui se déplaçaient dans Poudlard, il ne sembla rien trouver d'étrange, les points nommant les élèves étant tous situés dans la Grande Salle, et les enseignants comme Neville Londubat ou Jaime Pritchard patrouillaient dans les couloirs ou surveillaient les passages secrets. Harry raccompagna son fils auprès de ses amis dans la salle au plafond magique. La plupart des élèves dormaient désormais, sous l'œil inquisiteur des fantômes, du professeur d'Arithmancie, de Nasser Hamish et du concierge, Jack Napier, un vieux sorcier à l'aspect miteux. Le père de James prit congé de celui-ci, en lui souhaitant bonne nuit, puis il sortit de la Grande Salle à pas feutrés.
Lorsque James revint, il constata que ses amis ne dormaient pas, ils l'observèrent tous s'installer dans son duvet, juste à côté de sa petite amie, celle-ci s'enlaça à lui, et les autres, tout en veillant à bien rester couchés, commencèrent à lui chuchoter leurs questions. Il leur expliqua ce que Harry lui avait résumé, que celui-ci avait pris la Carte du Maraudeur pour mieux surveiller l'école, puis il se laissa tomber dans un sommeil paisible, ses bras enlaçant sa petite amie qui s'était endormie en prenant sa poitrine pour un oreiller. ________________________________________________________
Scandaleux vandalisme du cimetière de Pré-Au-Lard
Dans la nuit d'hier à aujourd'hui, alors que la Gazette du Sorcier venait de boucler son édition du jour, Dave Ketteridge, notre correspondant au Ministère de la Magie nous a fait part de cette horrible nouvelle. Le cimetière de Pré-Au-Lard, célèbre pour abriter de nombreuses tombes des plus vieilles familles de sorciers, certaines tombent datant du temps de la fondation de Poudlard, a été rasé par des sortilèges de magie noire. Alors qu'à l'heure où nous bouclons, il nous est impossible d'avoir une idée de ce qui a pu être préservé, les témoins sur places sont d'ores et déjà formels : « Le feu a embrasé la quasi-totalité de la colline, la brigade de mon département (ndlr. Le Département des accidents et catastrophes magiques) est encore en train d'essayer d'éteindre les flammes qu'elle a d'ores et déjà pu contenir. Mais nous ne nous faisons guère d'illusions sur d'hypothétiques tombes pouvant être sauvées. » explique Euan Urquhart, chef du Département de la Justice Magique dépêché sur place.
Le Ministre de la Magie, Archibald Fawley, profondément choqué par l'événement a tenu une conférence de presse exceptionnelle, tard dans la nuit, depuis son bureau du Ministère : « Nous ne pouvons qu'être scandalisés, dépités, défaits, désolés, et en colère, lorsque nous voyons comment le repos de ces sorciers, très souvent illustres (il cite nombre de ses prédécesseurs au poste de Ministre de la Magie qui étaient enterrés ici), a été bafoué par d'immondes sorciers [...]. La Brigade de Police Magique ainsi que le Bureau des Aurors, auront tous les moyens à leur disposition pour punir avec des sanctions exemplaires, les personnes auteures de ce méfait. » a-t-il détaillé avant de laisser la parole à Iggy Greengrass, responsable de la Justice Magique qui pour sa part a résumé les détails de l'enquête en cours.
Les premiers suspects dans cette attaque, ayant touché nombre des plus anciennes familles des sorciers, semblent être des membres du Collectif pour la Justice, groupe d'activistes extrémistes, menés par l'ombrageux avocat Justin Finch-Fletchley. Celui-ci, d'après Iggy Greengrass, a été cueilli à son domicile, dans la nuit, par la Brigade de Police Magique et il sera demandé au leader du mouvement de coopérer avec les forces de l'ordre afin de leur donner les identités de ses plus dangereux collaborateurs. Les vieilles familles de sorciers semblent de plus en plus être la cible d'attaques (nous pouvons aussi rappeler le meurtre sordide de Gregory Goyle dans sa masure du Nord de l'Angleterre) par des fanatiques fous, désormais, les sorciers issus de vieilles lignées se font même troubler dans leur dernier repos. Ces événements ne peuvent plus durer, et le Ministère semble vouloir apporter de vraies réponses à ces familles qui se sentent de plus en plus menacées. La Gazette du Sorcier se joint également à la peine des familles sorcières ayant vu la tombe de leurs proches et de leurs ancêtres être barbarement vandalisées par, ce qui semble, n'être que de pauvres activistes politiques ayant pourtant bâti leur réputation en se faisant les chantres de la guerre contre les mages noirs. Une raison pour utiliser les mêmes méthodes que ceux-ci ?
James replia l'exemplaire de l'édition spéciale de la Gazette du Sorcier que Rose lui avait tendu. Ecoeuré, il but plusieurs grandes gorgées de jus de citrouille avant d'observer ses amis, et Nancy, qui était venue déjeuner à la table des Gryffondor.
-Du pain béni pour Fawley et Greengrass ! fulmina James.
-Ils vont tout mettre sur le dos de Finch-Fletchley et assouvir leur pouvoir, cracha Albus d'un ton mauvais.
-Il est vrai que pour l'instant, seule des familles de sorciers ont été touchées, remarqua Scott.
-Et tu crois que Marek Shafiq est en fait un défenseur fanatique des Moldus ? demanda Alice d'un ton furieux. James a vu un de ses sbires, il nous l'a dit et répété. Ça ne peut pas être une coïncidence.
-J'sais pas ... murmura Scott. Il ne faut pas non plus négliger cette partie de l'enquête, non ? suggéra-t-il en lançant une vague expression de défi aux autres.
-Mon père, annonça Fred Weasley, m'a raconté ce qu'il s'était passé lorsque Voldemort est revenu pour la seconde fois. Le Ministère était peuplé de vieux croûtons qui s'accrochaient à leur place tels des moules à leur rocher. Ils ont lancé une vaste campagne de décrédibilisation sur Dumbledore et Harry qui annonçaient le retour de Voldemort et ses sbires. Ils étaient dans le déni le plus total pendant un an. Pendant que Voldemort recrutait de plus en plus de Mangemorts et préparait minutieusement ses plans à l'abri de toute résistance. Et mon père, comme moi, avons l'impression que Greengrass et Fawley répètent leurs erreurs.
James observa son cousin d'un air reconnaissant. Scott sembla se formaliser de ce récit, puisqu'il ne daigna pas contrer les arguments de Fred. Ils se contentèrent ensuite de prendre leur petit-déjeuner en silence, celui-ci fut seulement brisé lorsque des connaissances à eux, tels Joe Calhoun, Michael Walker ou Lucy Weasley vinrent les saluer. Tobias Towler, dont les quelques centimètres de peau, que l'on pouvait distinguer derrière ses boutons, étaient écarlates, vint même saluer Alice d'un air gêné. Vers la fin du déjeuner, Neville Londubat s'approcha de la table des Gryffondor, distribuant d'abord leurs emplois du temps aux élèves de première à cinquième année, ce fut plus long pour les élèves en ASPIC puisqu'il devait s'assurer que ceux-ci suivaient bien les matières pour lesquelles ils avaient les BUSE requis.
-James, donc pour toi, ce sera Botanique, Métamorphose, Enchantements, Potions et Défense Contre les Forces du Mal, résuma Neville. Comme l’année dernière, c'est bien ça ? James acquiesça d'un signe de tête et il vit Neville remplir son emploi du temps des quelques cours que celui-ci allait suivre.
-Le premier cours de Littérature magique est aussi obligatoire, ajouta-t-il. Il se déroulera mercredi de dix-sept heures à vingt heures, ici même, dans la Grande Salle.
James regarda son emploi du temps, il devait attendre le lundi d'après pour avoir son premier cours de Défense Contre les Forces du Mal avec Harry. Étant donné qu'Harry ne pouvait que s'absenter une seule journée du bureau des Aurors, il prendrait les élèves en charge pour deux heures, tandis que Everett prendrait les élèves d'ASPIC pour deux autres heures, les mercredis. Cependant, le cours de Everett ne commencerait que le mercredi de la semaine prochaine. Aujourd'hui, mardi, James avait deux heures de Métamorphose, puis ne reprenait les cours qu'en début d'après-midi pour deux heures de botanique. Les sixième et septième années avaient des emplois du temps beaucoup plus allégés, cependant, la quantité de travail personnel demandée par leurs enseignants était considérable.
-James, reprit Neville. Il faut aussi décider d'une date pour les sélections de Quidditch, pour que je puisse en informer les autres élèves. Il ajouta d'un ton conspirateur : -Hormis Higgins toute l'équipe sera reconduite n'est-ce pas ? J'espère que tu as pensé à trouver un excellent Attrapeur pour lui succéder, je commence à être lassé de voir la coupe trôner sur le bureau du Professeur Hamish.
-Je compte quand même faire repasser les tests à toute l'équipe, expliqua James. On ne sait jamais, peut-être qu'il y a dans les années inférieures, des joueurs encore meilleurs que l'équipe en place.
-Très bien, donc comme chaque année, chaque élève peut candidater à n'importe quel poste ?
-C'est bien ça, Professeur, dit-il en accentuant bien le dernier mot, démontrant qu'il ne cherchait pas la moindre familiarité lorsque l'ami de sa famille était dans le cadre de ses fonctions à Poudlard.
-Que dis-tu du samedi 6 septembre ? Si j'affiche la date et l'heure ce soir, les élèves auront le temps de se préparer.
-Très bien, programmez-le pour neuf heures, cela découragera les moins vaillants, conseilla James en souriant.
Neville acquiesça, et il prit congé de lui, le laissant profiter de son heure libre avant son cours de Métamorphose. Scott et Fred qui suivaient les mêmes cours que James, avaient aussi une heure à tuer, tandis qu'Alice, Roxanne et Nancy avaient un cours d'Etude des Moldus avant leur double cours de Métamorphose. Elles prirent donc congé des trois garçons, et montèrent au troisième étage, où avait lieu leur cours avec le Professeur Melissa Dwight.
-Qu'allons-nous faire avant la Métamorphose ? demanda Fred.
Scott haussa la tête en signe d'ignorance, tandis que James observait la table des Serpentard. La bande de Leroy Flint ne semblait plus perturbée par l’attaque de la veille au cimetière. Ils plaisantaient allègrement en sirotant du jus de citrouille. Visiblement, eux non-plus, n'avaient pas cours pour la première heure de la matinée. Ils avaient récupéré leur emploi du temps des mains du Professeur Pritchard, et étaient retournés s'installer à leur table, bien décidés à tuer une partie de leur heure de libre ici.
-On va s'amuser un peu, annonça James, tout en observant Theophilius Nott. Il n'avait pas oublié le geste obscène que le garçon aux lunettes trop grandes pour son visage lui avait adressé dans le train.
Suivi de ses deux compères, James se saisit de son sac de cours, et il en tira une fiole contenant un liquide violet étiqueté : Potion de Juron.
-J'ai acheté ça chez Oncle George, expliqua James. Quelques gouttes dans du jus de citrouille suffisent pour que la personne qui boit ceci ne s'exprime qu'en proférant des insultes. Ça peut être drôle dans un repas de famille, mais on va ruser à la Serpentard. Il est huit heures, dans quinze minutes, comme chaque matin, Napier va venir prendre son déjeuner, et à huit heures trente, il nous jettera dehors pour nettoyer la salle. Voilà donc comment on va procéder.
James s'approcha de ses deux acolytes, et leur murmura la suite du plan. Ainsi, Fred se leva et sortit à pas précipités de la Grande Salle. Scott et James restèrent postés à s'assurer que les Serpentard continuaient de plaisanter entre eux à leur table. Au bout de quelques minutes, Jack Napier, vêtu d'un pardessus en laine miteux vint s'installer à une extrémité de la table des professeurs et se mit à déjeuner en silence, observant de temps à autre d'un air sombre les élèves encore présents.
-C'est bon Fred, murmura James à l'adresse d'un émetteur d'Oreille à Rallonge sans fil.
Ce petit gadget génial avait été inventé par son oncle George, inspiré par le récit d'Arthur Weasley et d’Albus sur les technologies Moldues. Fred avait pris un récepteur, et un émetteur, tandis que James et Scott avaient fait de même, pouvant communiquer avec Fred. Conscient de la dangerosité potentielle de son invention, George ne souhaitait pas encore la commercialiser. Son fils lui avait simplement subtilisé deux prototypes avant qu'il ne détruise les autres.
-Ajouter ceci au jus de citrouille de la table des Serpentard, Monsieur ? demandait la voix d'un elfe étonné, à l’autre bout du gadget.
-Oui, insista Fred. C'est un remontant pour un de mes amis, il est très malade, et il ne veut pas se soigner. Alors on trouve des moyens détournés pour le faire aller mieux.
James sourit en écoutant le mensonge de son cousin, il semblait que celui-ci avait fonctionné, puisque l'elfe s'engagea à s'exécuter.
-Ok, murmura la voix de Fred à travers l'Oreille à Rallonge sans fil.
Les deux amis attendirent quelques secondes que la nouvelle carafe de jus de citrouille fasse son apparition. Aussitôt qu'elle fut posée sur la table, Jens Mulciber, contempla la carafe avec avidité de ses deux grands yeux noirs, assortis à ses cheveux gras en bataille, puis, le Serpentard grand et sec se saisit de la carafe avec avidité et se servit un grand verre de jus de citrouille.
-Scott, go ! lança James.
Instantanément, Scott se leva, et s'approcha de Napier, qui terminait son déjeuner. Le concierge, voyant l'un des élèves qui lui causait le plus de tracas, laissa transparaître un air sombre sur son visage ridé.
-Monsieur, les Serpentard ! s'exclama-t-il. Regardez, ils ont tout un stock de Bombabouses dans leur sac. Je les ai vues, à l'instant !
Furieux, le concierge se leva d'un bond. Il détestait les Bombabouses et toutes les autres sortes de produits servant à semer le grabuge dans son école. De sa démarche pesante -l'homme était parcouru de rhumatismes-, il s'avança vers la table des Serpentard. Aussitôt, Mulciber, scandalisé de la délation calomnieuse de Scott se leva pour répliquer. Hélas, l'effet fut tout autre, mieux encore que ce que James avait prévu, car c'était précisément la victime de la Potion de Juron qui allait s'exprimer le premier.
-F*** d* P***, B*****, C******, V* T* F*...
Le concierge s'arrêta dans sa course et observa, scandalisé, et furieux le Serpentard qui venait de l'insulter, ce dernier, conscient d'avoir tenu ces mots alors qu'il ne le souhaitait pas, voulut se répandre en excuses, mais bien sûr, celles-ci furent remplacés par d'autres jurons proférés à l'encontre du concierge. Les autres Serpentard étaient scandalisés, apeurés, Judith Bulstrode, la Préfète-En-Chef, se décala de plusieurs places à sa droite, comme pour essayer de montrer qu'elle ne faisait pas partie du groupe d'élèves.
-MULCIBER ! vociféra Napier. COMMENT OSEZ-VOUS M'INSULTER DE LA SORTE ? MAIS POUR QUI VOUS PRENEZ VOUS ! EVERETT VA ÉCRIRE À VOS PARENTS, ET JE VEUX VOUS VOIR TOUS LES SOIRS VINGT HEURES DANS MON BUREAU. PENDANT UNE SEMAINE VOUS ALLEZ ME RECURER LES BASSINS DE L'INFIRMERIE.
Fred, qui était revenu en courant des cuisines, observait la scène en se tenant les côtes. James et Scott se hâtèrent de sortir de la Grande Salle, juste avant de sortir, l'aîné des Potter s'assura de vérifier que Napier lui tournait bien le dos, continuant d'exercer ses foudres sur Mulciber qui avait compris qu'il ne devait plus parler. Sûr de ne pas être vu par le concierge, il adressa un geste obscène doublé d'un sourire narquois à Nott et Flint, qui le regardaient d'un air furieux. Les trois Gryffondor coururent jusqu'à leur salle commune, essoufflés du fou rire causé par la vision de la scène.
-Excellent ! lançait Scott d'un ton tonitruant. Ces Oreilles à Rallonge sans fil vont nous permettre de faire des merveilles.
Les trois garçons rassemblèrent leurs affaires, et se rendirent au troisième étage, pour attendre le reste de leurs amies qui suivaient leur cours d'Étude des Moldus. Nancy sortit la première de la salle, elle s'empressa d'aller embrasser James, heureuse de voir qu'il l'avait attendue. Roxanne ne tarda pas à la suivre, puis, au grand désespoir de James, Alice sortit, mais elle était accompagnée par un garçon de petite taille à tête de fouine.
-Salut, lança celui-ci d'un ton vague aux autres Gryffondor.
-Finnigan ! salua simplement Scott, tandis que James et Fred ne se contentèrent que d'un bref signe de tête, sous le regard médusé d'Alice.
Un silence froid régnait entre James et ses deux amis d'un côté, et Finnigan de l'autre. Ils s'observaient, comme s'ils s'attendaient chacun à ce qu'un membre des deux parties fasse un faux pas pour se sauter à la gorge. Tandis qu'Alice, Roxanne et Nancy observaient les garçons qui se jaugeaient du regard d'un air inquiet.
-Vous n'aviez pas cours ? tenta de demander paisiblement Finnigan.
Scott répondit par la négative, tandis que James tourna les talons, suivi par Nancy qui lui tenait la main, et à en juger par les pas précipités derrière lui, par Fred Weasley et Scott.
-Il est gentil, tu sais, fit remarquer Nancy d'un ton conciliant.
-Puisqu'il est si gentil, tu n'as qu'à traîner avec lui, lança James d'un ton amer. Je suis persuadé qu'avec ses airs de fouine, il vous fera mourir de rire, LUI.
Nancy observa son petit ami horrifiée par tant d'amertume.
-J'ai oublié quelque chose à la salle commune, annonça-t-elle d'un ton peu convaincu. On a Métamorphose ensemble, on se rejoint là-bas ?
Et elle prit congé des trois garçons à pas précipités.
-Si elle aussi s'y met, je vais finir par devenir fou. Alice m'a dit qu'on devrait s'y mettre progressivement. Progressivement, ce n'est pas rester planté devant moi dès le premier jour de cours. Vous avez vu son air hautain quand il nous a demandé si on n'avait pas cours ?
Les deux autres garçons approuvèrent d'un ton vague, suffisamment détaché pour que James comprenne qu'il finirait sûrement seul dans son combat contre la présence de Finnigan.
__________________________________________
-T'es trop possessif, James, lui faisait remarquer Roxanne, qui s'était installée à côté de lui au cours de Métamorphose, Scott et Fred s'étant installés ensemble, tandis que Nancy, qui avait contourné la place de James, s'était installée à côté d'Alice qui était sensée garder la place pour Roxanne.
-Le point positif, c'est que Finnigan est assis comme d'habitude avec Baines, fit remarquer James.
Mycroft Baines était le cinquième et dernier occupant du dortoir des garçons à Gryffondor. C'était un garçon de haute taille, aux fins cheveux blonds coiffés en brosse. Contrairement à Finnigan, qui était son meilleur ami, Baines était plutôt timide et réservé, mais il saluait toujours poliment James et ses amis, et n'hésitait pas à rire de bon cœur à leurs blagues. Il n'y avait donc aucune animosité entre le groupe de James et lui, et l’aîné des Potter se disait souvent, depuis qu'il avait appris pour Alice et Owen, que si Alice, à sortir avec un garçon de Gryffondor, avait choisi Baines, les choses auraient été plus faciles pour l'intégrer dans le groupe.
-James, reprit Roxanne sur un ton de reproche. Tu couves tout le monde comme tes petits protégés depuis peu. C'est assez agaçant. Alice m'en a parlé, ça commence à lui taper sur le système. Ce n'est pas parce que tu n'apprécies pas Owen que tu dois nous interdire de le fréquenter. Il a des qualités, et il n'est pas si mauvais que tu ne veux nous le laisser penser.
-Ce mec est hautain et arrogant, il prend tout le monde de haut. Il ne cesse de se vanter de son père Auror, il est toujours en train de nous rabrouer quand on embête les Serpentard. Ce mec aurait dû être réparti à Poufsouffle. Il n'a aucune utilité dans la vie.
-Je te rappelle que ta petite amie est à Poufsouffle, persifla Roxanne.
-Silence au fond ! tonna la voix de Pritchard.
Le cours d'aujourd'hui portait sur la métamorphose humaine, Pritchard exposait des notes peu intéressantes sur les Animagus. Le Professeur Pritchard était un sorcier dans la trentaine, arborant des cheveux bruns coupés courts, se faisant un peu plus rares sur le haut de son front bombé. Il observait ses élèves de ses deux grands yeux sombres, arborant toujours une expression hautaine, sous son long nez proéminent, on distinguait des lèvres fines qui laissaient souvent découvrir des dents jaunâtres lorsqu'il lançait un sourire narquois, comme il en avait l'habitude. Jaime Pritchard était un enseignant doué. Il ne rechignait jamais à faire travailler ses élèves sur des travaux pratiques, et il exigeait souvent un niveau de travail élevé. Il pourrait être un enseignant sympathique et apprécié de tous, son seul problème, c'est qu'il n'hésitait pas à mettre en compétition ses élèves. En effet, il n'hésitait pas à manipuler ceux-ci, en demandant des travaux de groupes dans lesquels il déterminait lui-même les membres du groupe. Il avait alors pour habitude de classer ensemble des élèves qui avaient de fortes inimitiés. Ainsi, les années où les Gryffondor et Serpentard suivaient ce cours ensemble, James s'était régulièrement retrouvé avec Flint ou un autre Serpentard, voire même avec Finnigan. Pritchard savait que les élèves se déchireraient entre eux durant ces travaux, et il portait son coup de grâce en commentant à haute-voix les travaux, comparant les groupes entre eux, adressant de sévères critiques aux uns, distribuant des bons points aux autres. Il se choisissait régulièrement un élève favori, qui venait avec lui faire des démonstrations au tableau, puis, quelques jours plus tard, quand un autre s'était montré plus digne de son attention, il prenait celui-ci, pour finir par en changer de nouveau. Et pour couronner le tout, Pritchard était le Directeur des Serpentard, et celui-ci n'hésitait pas à leur octroyer un peu plus d'avantages qu'aux élèves des autres maisons.
-Après tout, reprit Roxanne. Alice a fait des efforts pour intégrer Nancy. Elle n'a pas fait autant de caprices, elle savait que cela te ferait plaisir si elle faisait un effort pour aller vers ta petite amie. Et maintenant, elles s'entendent plutôt bien.
-Je déteste Finnigan, répéta James pour la énième fois. Il n'y a rien à faire, je serai toujours grincheux quand on m'imposera sa présence.
-Alice n'appréciait pas Nancy non plus au début, maintenant, elles s'entendent bien.
-Alice détestait Nancy ? demanda James surpris.
-Elle lui réservait le même jugement qu'à Catchlove. Fille superficielle, sans intérêt et stupide, résuma Roxanne. Finalement, elle a bien fait de creuser un peu, non ?
James hochait lentement la tête, il observa Anita Catchlove, celle-ci était assise non loin d'eux, en compagnie d'une de ses amies glousseuses. Son prénom était Jessica, si James se souvenait bien. Elle aussi était amie avec Nancy avant qu'elle ne sorte avec James. Et comme toutes les filles Poufsouffle de leur année, James ne l'appréciait guère, tant celle-ci était toujours en train de montrer l'étendue de sa stupidité.
-Je ne creuserai rien avec Finnigan, annonça James d'un ton ferme.
-Mr Potter, mon cours ne vous intéresse peut-être pas ? Peut-être devrais-je aller vous commander un thé et des biscuits en cuisine pour que celui-ci vous paraisse plus agréable ?
Finnigan, ainsi que Catchlove et Jessica se mirent à rire de façon frénétique. Michael Walker, qui se tenait au premier rang aux côtés de Joe Calhoun, jeta un regard perçant à ses camarades de Poufsouffle, et celles-ci se renfrognèrent instantanément. Alice ne fit rien pour calmer Finnigan. Elle était deux tables à côté, elle l'observa simplement rire de la remarque que Pritchard avait faite à James, mais ne lui fit aucun signe d'arrêter. Ce qui énerva James. En temps normal, sa meilleure amie prenait toujours sa défense.
-Pouvez-vous me rappeler, Potter, reprit Pritchard d'un ton cassant, ce que j'étais en train d'expliquer sur la différence entre un sorcier dit Animagus, et un autre qui se métamorphose en animal grâce à un simple sort de Transfiguration ?
-Euh … Qu'un Animagus, c'est toujours le même animal, que le sorcier l’a choisi, et un sorcier qui se jette un sort peut changer l'animal à chaque coup, tenta James en essayant de se remémorer des quelques bribes qu'il avait entendues et en se fiant à l’exemple de Teddy Lupin qui était un Animagus loup. Probablement en hommage à son père.
-Dix points de moins pour Gryffondor, Potter. Et pour votre gouverne, j'expliquais qu'un sorcier qui devenait Animagus résultait d'un long travail, obligatoirement encadré par le Ministère de la Magie. Non, le sorcier ne choisit pas l'animal en lequel il se transformera, sa forme dépend de nombreux facteurs, et on peut dans la plupart des cas relier celle-ci à celle de son Patronus. Le sorcier se transforme donc de sa propre volonté en cet animal, et garde sa conscience intacte. Tandis que lors d'une métamorphose ponctuelle, exercée à l'aide d'une baguette magique, le sorcier perd une part non négligeable de son entendement humain. Il devient presque complètement animal, dans sa façon d'être et surtout de faire. J’allais justement aborder l’exemple de la légende autour des Quintaped …
James hocha la tête pour montrer qu'il avait compris, puis il écouta la suite du cours sans essayer de se faire remarquer, ne voulant pas faire perdre plus de points à sa maison pour si peu.
________________________________
-Non mais vous avez vu ? Finnigan s’est fichu de moi quand Pritchard m’a pris à parti ! fulminait James, tandis que Nancy et Roxanne levaient les yeux au ciel et que Scott et Fred haussaient les épaules d’un air absent.
Ils étaient en train de prendre l’air au bord du lac avant d’aller dîner et retourner dans leur salle commune. Alice, exaspérée par l’air bougon de James avait décidé d’aller dîner avec Finnigan, justement.
-Il faut admettre que quand il t’a proposé de te servir du thé avec des biscuits, la pique était assez drôle … tenta Fred.
Mais la façon dont James le fusilla du regard lui ôta toute tentative de plaisanter de cet évènement. Et il laissa James continuer dans ses diatribes.
-Alice ne m’a même pas défendu ! Il s’est fichu de moi, et elle l’a regardé ricaner comme si de rien n’était ! Et ça se dit ma meilleure amie ? Jamais de la vie je n’aurais laissé Nancy …
-Jamais de la vie tu n’aurais laissé quoi ? coupa soudain Nancy.
-Jamais je n’aurais permis que tu te moques d’un de mes amis, répéta James.
-Bon sang, mais c’est quoi ces principes, James ? TU devrais décider de quand est-ce que je ris ? Mais on vit où là ?
Mais James n’eut pas le temps de répliquer, Roxanne s’était jointe aux protestations de Nancy, tandis que Fred et Scott observaient la situation d’un air penaud.
-Je rêve, vraiment ! fulminait Nancy. Tu sais quoi, James ? Je vais me coucher. Fais-moi signe quand tu auras mûri. Tu as pourri l’après-midi de tout le monde avec tes gamineries.
James était furieux, il aurait voulu crier à Nancy que c’était plus par principe qu’autre chose. Elle qui était si fidèle aux valeurs de sa maison devrait comprendre que le problème qu’exposait James était un problème de loyauté. Il aurait voulu lui courir après. Lui réexpliquer de nouveau, mais Roxanne lui posa sa main sur l’épaule. Et sa cousine, d’une voix dure, lui dit :
-Tu es ridicule, James … Elle a raison, tu dois te calmer.
______________________________________________
Combien de temps Andy avait dormi ? Il l’ignorait. Aux relents habituels de Whisky Pur-Feu, il remarqua qu’il s’était ajouté dans son studio miteux une odeur de brûlé. Peut-être devrait-il aérer la seule pièce de sa demeure ? Cela ne ferait pas de mal. Et puis, Andy sentait qu'il allait mieux. Beaucoup mieux même. Non pas qu’Elle soit revenue, mais il ne saurait en expliquer la raison, il se propageait désormais en lui un doux sentiment d’euphorie. Plus encore que quand il enchaînait les larcins sur le Chemin de Traverse bondé. Andy se sentait revigoré, paré à assumer toutes ses erreurs passées et à les réparer. Il avait envie de ressortir, de prendre du bon temps pour lui, d’aller entretenir cette barbe et ces cheveux pour paraître plus présentable. Andy ne doutait pas qu’il aurait même de plus grands projets. Toujours saisi par l’odeur de brûlé, Andy vérifia s’ils n’avaient pas laissé une chandelle allumée lors de leur soirée de la veille. Mais il ne trouva qu’un badge du “Collectif pour la Justice”, le parti politique qu’Elle affectionnait. Mais ce n’était pas à Elle. Elle n’avait pas souhaité adhérer à quelconque parti, de par son travail au Ministère, et Andy n’avait jamais particulièrement apprécié les politiciens. Il se recentra donc sur ses projets.
Il acta qu’aujourd’hui, avec tout l’or qu’il avait accumulé de ses larcins, il filerait s’acheter une robe ouvragée dans un magasin à la mode de l’Allée des Embrumes. Vêtu de celle-ci, il foncerait au Ministère de la Magie, et il lui hurlerait tout son amour. Il savait où elle était. Elle occupait le bureau adjacent à celui de la célèbre Hermione Granger. Ce ne serait pas difficile à trouver !
Andy, toujours euphorique, ouvrit ses volets, pour la première fois depuis deux mois, d’un simple coup de baguette magique. Il inspira une bouffée d’air frais, et à en juger par la position du soleil. Il n’était pas plus de midi, il aurait donc tout le temps d’aller faire ses emplettes. Il en profitera pour emprunter quelques piécettes à des passants distraits, puis, il pourra rentrer à temps pour attendre la visite de son nouvel ami.
Il se jura de demander à l’Egyptien ce qu’il avait bien pu faire pour que Andy se sente revigoré de la sorte. Juste de l’écoute, sans doute. L’homme avait saisi toute la détresse d’Andy, l’ancien joueur de Quidditch, l’ancien amoureux transi de la plus belle élève de Poudlard. L’Egyptien l’avait pris sous son aile, et depuis, chaque soir, il venait le visiter, les bras chargés de Whisky Pur-Feu. Et tout s’embrumait pour Andy, tandis qu’il expliquait à son nouvel ami, ses problèmes au rythme des shots de Whisky. Il finissait par se laisser saisir par la boisson, et lorsqu’il se réveillait avec la gueule de bois, l’Egyptien s’était retiré, et renouvelait sa visite au crépuscule. Et le même processus recommençait chaque soir, depuis qu’il l’avait rencontré sur la fin du mois d’août. Ce soir, Andy cesserait de se morfondre, il lui parlerait de ses projets, sans doute lui dirait-il qu’il compte bien aller au Ministère pour reconquérir sa dulcinée. Mais avant ça, il fallait que son ami lui raconte leur soirée d’hier. Comment diable Andy avait-il pu se procurer le badge d’un parti politique au cours de la nuit ?