James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 21 : Le paradoxe du Choixpeau

5713 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/02/2024 15:04

-Je souhaite aller au Ministère ! Il faut que je la voie ! Je me suis laissé aller, mais c’est terminé maintenant !

 

Le ton d’Andy était presque suppliant, tandis que l’Egyptien s’était installé sur son canapé qui lui servait aussi de lit. Il était en train de disposer deux verres à whisky sur la table basse, et il souriait d’un air amer.

 

-Andy, c’est encore trop tôt ! Tu n’as aucun projet concret …

-Mais je vais en trouver ! Vous avez vu ? Je me suis fait tailler la barbe, et mes cheveux … Je suis allé aux Bains-Douches. Vous avez vu leur éclat ?

 

Mais l’Egyptien continuait de hocher la tête en signe de dénégation. Il s’affairait à présent de verser deux grandes doses de Whisky Pur-Feu dans les verres.

 

-Mon ami, j’apprécie ton sursaut … Sincèrement, mais je ne te sens pas encore assez prêt !

-Et, si on cessait de boire ? Je n’ai jamais eu l’habitude de consommer autant d’alcool. J’étais sportif voyez-vous, pendant ma scolarité, j’avais …

-Le Whisky aide à oublier tes problèmes, Andy. Tu peux me parler de manière plus décontractée, et tu vois toi-même que tu vas mieux.

-Mais au bout de deux verres, je ne me souviens plus de rien ! Et vous non plus d’ailleurs, vous ne savez même pas comment j’ai récupéré ce badge à la noix, comment je me suis retrouvé à un meeting politique, et comment je me suis retrouvé dans un village Moldu …

 

L’Egyptien éclata d’un rire guttural, visiblement amusé par leurs exploits alcoolisés.

 

-De là où je viens, on aime faire la fête, Andy. Et personne ne te juge si tu t’amuses un peu trop. Tu es trop british, il faut te vider la tête, ne te poses pas de questions, l’important, c’est qu’on s’amuse !

-Ne vous méprenez pas, mon ami ! Je suis reconnaissant que vous ayez perçu mon état et ayez décidé de m’aider. Mais sérieusement, je veux aller de l’avant maintenant. Et autrement qu’en buvant du Whisky …

-Tu rentreras au Ministère par la grande porte ! Mais en attendant, détendons-nous …

 

C’était le dernier souvenir d’Andy. Au matin suivant, il s’était réveillé chez lui, sa robe déchirée par des ronces, et ses bottes maculées de boue, et l’Egyptien aux abonnés absent. Il espaçait un peu plus ses visites, mais lorsqu’il tambourinait à la porte le soir, c’était toujours le même rituel. Il ne se souvenait pas non plus de ce qui suivait la descente du Whisky Pur-Feu, et riait gaiement à l’évocation des trous noirs dans leurs mémoires respectives.

 

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La parenthèse offerte par le Quidditch avait momentanément fait oublier à James ses récentes préoccupations. Tout d'abord, dès le dimanche, alors qu'il revenait dans sa salle commune en compagnie de Nancy, il fut surpris de revoir la silhouette de Severus Rogue dans un tableau représentant des moines ivres. L'ancien Directeur de Poudlard se tenait un peu à l'écart des moines hilares et détaillait d'un œil vif le flot des élèves qui montaient les escaliers. Lorsque la représentation de l'homme aux cheveux gras s'aperçut que James l'avait remarqué, il se contenta de lui lancer un regard mauvais, avant de repartir longer les murs à pas feutrés. James ne savait pas s'il appréciait beaucoup Severus Rogue. Bien que son père n'ait cessé de raconter que durant sa jeunesse, il s'était lourdement trompé sur son compte, et qu'il avait fini par découvrir le courage et l'héroïsme de l'homme, donnant même le second prénom d'Albus en son hommage, James n'avait jamais trouvé le portrait de l'ancien Directeur de Poudlard très sympathique. Les fois où James s'était retrouvé dans le bureau d’Everett suite à ses méfaits, le portrait de l'homme au teint cireux n'avait cessé de sermonner James et de requérir les pires punitions pour “l'arrogant James Potter”. Mais James n'était pas convaincu par l’idée de mettre les promenades de Rogue dans Poudlard sur le compte de sa simple volonté de faire renvoyer l'aîné des Potter de l'école. Il se jura de demander à Lucy Weasley si un sort permettait à un portrait de ne pas pouvoir s'échapper pour pouvoir questionner Rogue, la prochaine fois qu'il le verrait en train de fouiner. 

 

Rose Weasley, quant à elle, demeurait aussi pâle et fatiguée. Il n'était pas rare que James la voie jeter un coup d'œil dépité en direction de la table des Serpentard où Scorpius Malefoy déjeunait, souvent seul. Lucy, contrairement à sa cousine, semblait être devenue plus pimpante. Celle-ci, lors de la soirée dans la salle commune des Gryffondor, avait passé énormément de temps avec Mycroft Baines. Celui-ci semblait être émerveillé par le caractère lunaire et l'esprit de déduction acéré de la cousine de James. Il n'était désormais pas rare que les deux adolescents déjeunent ensemble, et passent une énorme partie de leur temps libre ensemble. Ce pouvait être dans la bibliothèque de Poudlard, ce qui semblait rendre Lucy un peu plus joyeuse, et lui donnait un teint moins livide, ou dans le parc, en lisière de la Forêt Interdite, où, Mycroft, depuis cette année, avait pris l’habitude d’aller se promener.

 

De ce fait, Owen Finnigan déjeunait de plus en plus souvent seul, lui et Alice semblaient s'être chamaillés. Celle-ci passait toujours du temps avec son petit ami, mais James ne pouvait s'empêcher de remarquer avec joie qu'elle passait plus de temps en compagnie de ses deux meilleurs amis, que lors des jours précédents. Tous les matins, Finnigan observait avec une mine sinistre le spectacle d'Alice qui allait saluer Albus en minaudant. Au fil des matinées qui passaient, et après que Nancy le lui ait fait remarquer, James ne pouvait s'empêcher de constater que Orlane Boot venait de plus en plus souvent s'asseoir aux côtés d'Albus après avoir détaillé d'un regard de défi Alice qui faisait semblant de faire du charme au petit brun. D'après Albus, bien que lui et la sorcière métisse ne patrouillaient plus ensemble dans les couloirs (Rose ayant jeté un sort à Roger Davies Jr, elle ne voulait plus échanger de binôme), ils se retrouvaient de plus en plus souvent pour discuter de leur passion commune sur les Moldus. Albus avait même été émerveillé de savoir que les grands-parents d'Orlane étaient Moldus. Et, c'était désormais avec un air enjoué qu'Albus abordait le sujet Orlane. 

 

Quant à Shafiq et ses sbires, ils semblaient s'être, de nouveau, faits discrets. Harry n'avait toujours pas pu faire de lien entre toutes ces attaques et continuait de marteler qu'ils essayaient simplement de semer le chaos. Dans le même temps, Fawley continuait d'attaquer le Collectif pour la Justice de Justin Finch-Fletchley. Des militants radicalisés étaient arrêtés, Fawley voulait donner l'impression d'agir, et engageait ainsi un cercle vicieux, puisque chaque arrestation donnait lieu à une contestation publique des militants. Contestation qui donnait lieu à d’autres arrestations, et ainsi de suite. D'après Harry, toutes les arrestations étaient arbitraires, et bien sûr, Fawley et Greengrass avaient suspendu l’enquête sur le meurtre de Gareth Mallory, l’antiquaire Moldu. Soupçonnant un cambriolage par un sorcier qui avait mal tourné, ils ne disposaient pas de preuves suffisantes pour continuer l’enquête. La Police Magique ouvrait donc l'œil sur les recels d’objets Moldus, mais sans faire trop d'efforts, ils étaient déjà tous mobilisés à la protection des familles Sang-Pur, qui, selon Fawley, étaient la vraie communauté menacée. 

 

Alice et Scott, quant à eux, étaient persuadés qu'il y avait un lien entre les méfaits des sbires de Shafiq, comme l'avait expliqué l’aînée des Londubat. 

 

-Pré-Au-Lard, c'est un vieux cimetière sorcier, expliquait Alice, la famille Fortescue, je le sais parce que ma grand-mère paternelle est une de leur parente éloignée, est une très ancienne famille de sorciers. Winchester, est une ville connue pour avoir abrité la cour du Roi Arthur, qui dit le roi Arthur, dit Merlin, qui dit Merlin, dit sorcier. Et si cet antiquaire possédait des reliques sorcières ? Cela arrive souvent ... 

-Es-tu en train de dire que Shafiq s'attaque aux vieux symboles sorciers ? Donc tu rejoins Fawley ? demanda James décontenancé. 

-Non, James, répondit à sa place Scott, ce que nous essayons de dire, c'est qu'on peut lier ça à la magie. Reste à savoir, ce qui intéresse Shafiq chez une vieille famille de sorciers. 

-J'en ai parlé à mon père, ajouta Alice. Il va chercher dans ses vieux arbres généalogiques, n'oublions pas que c'est Fortescue qui a été la première cible, peut-être qu'il y a un ancêtre de la famille Fortescue qui repose à Pré-Au-Lard et qui a un rapport avec Merlin. 

-Tu sous-entendrais que Shafiq chercherait le Graal ? questionna James, circonspect en pensant vaguement aux cours de Littérature Magique. 

-Bien sûr que non, James, pouffa Alice. Même nous, sorciers, savons qu'il n'existe pas ! N'écoutes-tu donc pas les cours de Littérature ? 

 

James ne souhaita pas répondre, mais il était vrai que jusqu'à présent, il n'avait pas écouté le moins du monde dans ce cours. Rosemary Zeller se contentait de faire lire des passages de livres aux élèves volontaires, et entreprenait ensuite d'expliquer le texte et de relever les détails de l'histoire qui en apprenaient plus sur la vie des sorciers au Moyen-Age. Il passait le plus clair de son cours à dessiner des schémas tactiques pour le Quidditch, et à caresser la main de sa petite amie qui, elle, essayait d'écouter un minimum. 

 

-Merlin avait trouvé ce prétexte de Graal pour qu'Arthur et ses Chevaliers se montrent sous leur meilleur jour pour la quête, continua Alice, le Graal a fédéré des chefs barbares et leur a donné un objectif commun pour qu'ils puissent gouverner paisiblement.

-Génial, mais Shafiq dans tout ça ? 

-Je ne sais pas ... avoua Alice, mais ce meurtre à Winchester m'interpelle. C'est le seul lien logique que je vois. Je pense que si Shafiq voulait volontairement semer le chaos, c'est malheureux, mais il frapperait plus souvent, et avec plus de dégâts ... 

-Je vais envoyer un hibou à mon père, mais je pense qu'ils ont déjà enquêté de ce côté-là ... annonça James d'un ton hésitant avant de se saisir de son sac pour se rendre au cours de potions. 

 

Ce vendredi-là, une odeur très agréable flottait dans le cachot qui servait de salle de classe pour le cours de potions. C'était une odeur presque enivrante, James arrivait à distinguer l'odeur du gazon fraîchement tondu, mêlée à celle des tartes au citron meringué de Cosy, ainsi qu'une odeur de fleur que James était persuadé d'avoir sentie plusieurs fois au cours de l'été. Probablement lors d'un après-midi dans les jardins du Terrier. 

 

Jane Fauntleroy saluait aimablement les élèves, laissant découvrir son sourire édenté. 

 

-Bonjour à tous, annonça la Directrice de Poufsouffle. Sûrement, auriez-vous constaté l'odeur très agréable qui règne dans la salle. 

 

Aucun des élèves ne s'était assis. Tous s'étaient approchés du chaudron bouillonnant de leur enseignante, comme enivrés par la substance rose diffusant cette odeur attirante. Amusée, le Professeur Fauntleroy mit un couvercle sur son chaudron, et tous les élèves semblèrent revenir à eux lorsque les effluves cessèrent de venir titiller leurs narines.

 

 -Aujourd'hui, nous allons préparer un Filtre d'Amortentia, la potion la plus puissante et la plus dangereuse du monde. Quelqu'un peut m'en décrire ses effets ? 

-C'est une potion qui recrée les symptômes de l'attirance amoureuse et entraîne une irréversible dépendance envers le préparateur de la potion, répondit Judith Bulstrode.

 

Fauntleroy approuva sa définition avec un grand sourire et attribua cinq points à la maison Serpentard. Elle détailla ensuite les consignes pour attaquer la première phase de préparation de la potion. Comme à l'accoutumée, la potion demandée par Fauntleroy demandait une extrême précision, elle se fabriquait en huit étapes, réparties sur deux mois, et elle devait reposer pendant trois mois de plus, mais Fauntleroy assurait qu'à la fin des huit étapes de préparation, elle saurait dire si les Filtres d'Amortentia seraient conformes ou pas. Bien sûr, Fauntleroy avait fait le tour des marmites pour les ensorceler afin que le contenu des chaudrons ne puisse quitter ceux-ci, la mixture préparée étant trop dangereuse pour être volée par des élèves. James choisit donc de travailler avec Scott jusqu'à la fin du trimestre. Scott était très doué en potions, James se contentait de suivre les recettes de son livre, mais Scott réussissait toujours à trouver un moyen de tirer meilleur parti des ingrédients. 

 

Quelques tables plus loin, Alice travaillait, la mine renfrognée, aux côtés d'Owen Finnigan. Si Alice n'avait pas eu cette mine agacée, James se serait sûrement demandé si sa meilleure amie n'avait pas été victime d'un Filtre d'Amortentia, tant elle n'avait rien en commun avec l'arrogant Finnigan. 

 

-Tu sais, il est sympa avec elle, avoua Scott lorsque James lui fit part de sa théorie.

-Comment ce mec peut-il être sympa ? 

-J'en sais rien, répondit Scott. Mais quand on était ... Enfin tu sais, quand on se voyait moins, quand Alice venait le voir, il se radoucissait, parlait avec respect et arrêtait de critiquer tout et n'importe quoi. 

-Il joue un rôle avec elle, donc ... résuma James. 

-Peut-être qu'il a simplement trouvé la bonne personne, suggéra Scott. 

Mais cette réponse eut pour seul effet de glacer les entrailles de James. Alice et Owen faits l'un pour l'autre ? C'était impossible. Il viendrait un jour où le naturel détestable de Finnigan reviendrait au galop, et jamais il ne ferait bon ménage avec Alice. Le garçon se contenta ensuite de fulminer en silence, tout en jetant un œil à Scott qui s'affairait à la préparation de la potion. Comme d'habitude, Fauntleroy s'exalta devant le chaudron, et malgré les supplications de James, Fauntleroy persistait toujours à croire que le travail était réalisé par James seul. Celui-ci insista moins que d'habitude, tant il était furieux de voir que Scott avait soulevé un point épineux. Et si Alice et Finnigan allaient rester longtemps ensemble ? Si après Poudlard, les deux vivaient ensemble ? Cela signifierait donc que James allait petit à petit couper les ponts avec son amie d'enfance ? Toutes ces questions horrifiaient James, lui qui n'avait jamais imaginé vivre sans les conseils et l'humour d'Alice. 

 

A la sortie du cours de potion, il décida d'aller faire un tour par les cuisines, fermement décidé à récupérer des provisions et à dîner seul dans la salle commune, il ne voulait pas afficher sa mauvaise humeur à ses amis, elle était si incompréhensible qu'il n'avait pas le courage de la montrer et d'essayer de la justifier. Scott, sur ses talons, il sortit donc de la cuisine les bras chargés de victuailles, après être sortis du couloir des cuisines et avoir bifurqué vers le hall en passant devant la statue de Dobby l’Elfe Libre (encore un ami de sa famille), ils tombèrent sur Jens Mulciber. Celui-ci fumait une cigarette, devant un pan de mur encadré de deux serpents indiquant l'entrée de la salle commune des Serpentard. Le garçon guettait d'un regard alerte l'arrivée d'un enseignant ou préfet qui lui ferait payer cher le fait de fumer dans l'enceinte du château. 

 

Toujours furieux à l'idée de savoir que Finnigan jouait son rôle de bon garçon auprès d'Alice, James jeta un Aguamenti sur la cigarette de Mulciber. Celui-ci essaya de contrer avec un Maléfice, mais Scott fut plus rapide et bientôt le garçon à la silhouette sèche se retrouva la tête à l'envers, le sang affluant sur ses tempes, et laissant découvrir ses jambes et son caleçon gris.

 

-POTTER, TU VAS PAYER ! hurlait-il. LACHE ! 

 

Les deux garçons, pouffant de rire, remontèrent dans leur salle commune à pas précipités. Lorsqu'ils y revinrent, James constata sur sa carte du Maraudeur que Mulciber avait été libéré par ses camarades de Serpentard et ceux-ci dinaient désormais dans la Grande Salle. 

 

-Où étiez-vous passés ? demanda Alice, lorsqu'elle revint seule de la Grande Salle.

 

Elle fut rapidement rejointe par Roxanne et Nancy, qui semblaient se poser la même question sur James. 

-On a pris du retard sur le devoir de Sortilèges, tenta d'expliquer Scott. On a donc dîné ici. 

-Le devoir de Sortilèges ? Vous plaisantez ? demanda Nancy. Vous n'avez pas sorti un seul cours de vos sacs ! 

-Procrastination, soupira faussement James. 

 

Finalement, la présence d'Alice, qui imitait à la perfection les cris suraigus du professeur Fauntleroy félicitant James, rendit celui-ci plus enclin à plaisanter avec ses amis. La soirée passa rapidement, et bientôt, James raccompagna Nancy dans la salle commune des Poufsouffle avant que le couvre-feu ne soit passé. Après avoir longuement enlacé sa petite amie, devant les tonneaux indiquant l’entrée de la Maison au Blaireau. 

 

Alors que James remontait vers la salle commune des Lions, il fut alerté par des rires venant d'un passage secret, masqué par une tapisserie, au palier du cinquième étage. Le Gryffondor observa le pan de mur un instant, bouillonnant de curiosité, pour savoir qui se cachait ici, alors que le couvre-feu allait être passé, quand il entendit une voix féminine. Ne voulant pas déranger un couple qui souhaitait être à l'aise, l'aîné des Potter se ravisa mais reprit sa route, quand il entendit une voix familière : 

 

-Donc tu me dis que tes cousins Moldus croient que les sorcières mangent les bébés ? 

 

Le sang de James ne fit qu'un tour, il fit demi-tour, et souleva le pan de tapisserie qui masquait le passage secret. C'était désormais face au visage écarlate et horrifié d'Albus que James se tenait, celui-ci était assis par terre, contre le mur, Orlane Boot, la sorcière métisse qui faisait battre son cœur, était assise dans la même position, à côté de lui, et semblait avoir la tête posée sur son épaule avant que James ne fasse irruption, la forçant à relever sa tête, ses joues bronzées écarlates. 

 

-JAMES ! Que fais-tu ici ? demanda Albus outré. Le couvre-feu est bientôt terminé !

-Je peux te retourner ta question et ta remarque, Alb', ricana James. J'ai entendu du bruit, j'ai voulu voir ce que c'était. 

-Tu ne m'as pas suivi, j'espère ? Vides tes poches ! ordonna Albus. 

-Hors de question, rétorqua James, outré. 

-Tu ne l'as pas avec toi ? 

-Non, Alb', répondit James, sachant pertinemment que son frère parlait de la Carte du Maraudeur, je raccompagnais Nancy à sa salle commune. Juré.

-Bon, pas de chance, alors, se résigna Albus. Je te présente Orlane Boot, de mon année, à Serdaigle. 

 

L'intéressée salua James d'un sourire poli, ses joues semblaient avoir repris une couleur normale. 

 

-Je devais raccompagner Orlane à sa salle commune, expliqua Albus. On se voit tout à l'heure ? 

 

James acquiesça d'un signe de tête, regardant les deux tourtereaux s'éloigner en marchant côte à côte, lorsqu'ils arrivèrent au bout du couloir, et qu'ils tournèrent sur leur droite pour rejoindre plus rapidement la tour des Serdaigle, James jura avoir vu le jeune couple se tenir par la main, croyant avoir échappé au regard inquisiteur de l'aîné des Potter. 

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 -Et avec le temps, c'est venu tout seul, on s'est embrassés, expliquait un Albus rougissant à son frère qui l'observait les yeux pétillants. 

-C'est génial Albus, depuis le temps que tu lui cours après, ça à fini par payer, et elle est très jolie ! 

 

La salle commune était déserte, les deux frères étaient restés pour discuter au coin du feu. En voyant son frère aussi léger et apaisé, James se souvint que ce n'était pas le cas de tout le monde dans son entourage, il en profita donc pour aborder un sujet qui l'intriguait depuis plusieurs semaines.

 

-Rose par contre, elle n'a pas l'air dans son assiette, commença James. 

-Tu connais Rose, répondit lentement Albus. Les cours la stressent ... 

-Pas à moi, Alb'. Vous êtes les deux élèves les plus brillants, même pendant ses BUSEs, Rose n'avait pas ce niveau de stress. Elle lorgne souvent à la table des Serpentard, sur ce maudit Malefoy.

Albus serra les dents, et ses mains se crispèrent, il tenta un moment de fuir le regard de James, mais résigné, le cadet des Potter se contenta de hausser les épaules d'un air défaitiste et d'expliquer à son aîné qu’il avait vu juste : 

-Scorpius était notre ami ... 

-Votre ami ? Il n'arrêtait pas de vous snober. Vous trainiez avec lui seulement parce qu'il n'avait personne pour le supporter. Il n’y a que vous qui avez eu la patience et la bonté de ne pas le laisser seul. Et même avec ça, il ne vous a jamais respectés. 

-La fierté, c'est un défaut qui te fait paraître pour ce que tu n'es pas réellement, James, souffla Albus. C'est vrai, nous avons fini par nous éloigner de Scorpius en deuxième année. Mais j’aimerais te donner des éléments pour que tu modères ton jugement.

-Alb, il est sordide. Toujours en train de ruminer sa hargne, il jetait des maléfices de niveau ASPIC alors qu’il était en première année.

-Scorpius est un solitaire. Il vivait très mal d’être rejeté et raillé par les Serpentard. Le Choixpeau ne lui a vraiment pas fait un cadeau de l’envoyer à Serpentard. Même si …

-Un cadeau ? C’est un pur-Serpentard. Il est sournois, Al’. Peut-être qu’en privé, il était plus doux avec vous, mais en public, il était infâme !

-Même si, le Choixpeau tient compte de nos préférences, continua Albus sans tenir compte de la remarque de son aîné.

-Tu y crois, toi ?

-Je ne te l’ai jamais dit, James, mais quand tu me raillais en prétextant que j’irai à Serpentard. Tu m’as réellement fait souffrir …

-Je m’en excuse, Albus, souffla James, je n’avais pas conscience. Et en même temps, j’étais sûr que tu n’avais rien d’un Serpentard ...

-Papa, poursuivit Albus, m’avait alors rassuré en me disant que le Choixpeau pouvait tenir compte de nos préférences.

-Et donc ? demanda James. Il t’a vraiment proposé Serpentard ?

-Comme il l’a proposé à Papa à l’époque … Et comme il a dû y penser pour toi en constatant ton dédain pour le règlement …

-J’ignorais qu’il voulait t’envoyer là-bas, répondit simplement James. Tu as donc choisi Gryffondor ?

-Oui, j’ai pensé à Papa, à oncle Ron, à toi, à Lily … Et puis, avant de vêtir le Choixpeau, j’ai vu Hagrid. Il aurait été horriblement déçu. Et il en aurait été de même pour nombre de personnes entourant notre famille. Tu crois que Grand-Père aurait eu la même relation avec moi ? Sans ces questionnements personnels, je serais peut-être allé à Serpentard …

-Mais tu n’as rien en commun avec eux, tu es tolérant, courageux, sage …

-Et rusé. Et ambitieux. Je n’hésite pas à user de roublardise pour arriver à m’extirper des blagues lourdingues de mon aîné, compléta Albus avec un demi-sourire. Je ressens une certaine fierté de voir la grandeur d’âme de ma famille. Ce sont autant de qualités de la Maison au Serpent. Il y a eu de très bons sorciers qui ont fait leurs études à Serpentard, même Merlin était …

-Oui je connais la rengaine, mais je ne vois pas le rapport avec Scorpius.

-En se sachant méprisé par les suprématistes Sang-Pur qui gangrènent la maison au Serpent, il a fait preuve d’un courage peu commun en acceptant de l’intégrer.

-Vu comme ça, c’est pas faux … Mais les Gryffondor détestent sa famille aussi et ça n’empêche qu’il jette des sorts au premier qui a un mot mal placé, qu’il reste seul dans son coin à regarder tout le monde avec hargne à travers ses lunettes …

-Scorpius s’est protégé. Il a adopté cette posture de solitaire et a joué de sa réputation de garçon qui peut se défendre avec la vigueur d’un hippogriffe, parce qu’il a passé ses premières années à être invectivé et harcelé. Je ne trouve pas ça très juste … Mais effectivement, même pour nous, c’était difficile. Rose et moi, nous avons fini par le laisser s’isoler car nos tentatives étaient de plus en plus vaines.

-Mais Rose en grandissant s’est attachée à son côté mystérieux et elle n'arrive plus à se défaire de ses sentiments pour lui, cracha James. Ce petit idiot, elle mérite bien mieux ... 

-James, je t'en prie, ne te mêles pas de cette histoire, même moi qui suis en permanence avec Rose, je fais tout pour rester à l'écart ... 

-Tu me confirmes qu'elle est amoureuse de ce fumier, alors ? fulmina James. Mais tu t’imagines ce que Ron va dire ?

-Je ne te confirme rien du tout, James. Quoi qu'il y ait, restes à l'écart de ça, cela ne concerne que Rose. Je lui ai promis, et tu ne dois pas t'en mêler. Tu ne ferais qu'empirer les choses ? 

-M'en mêler ? Tu crois vraiment que j'aiderai Rose à conquérir Malefoy Junior ?

-Continues, si tu veux, de te faire tes films, mais laisses Rose tranquille, James, conseilla Albus, avant de se lever et de prendre congé de son frère.

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-Elle veut sortir avec Malefoy ! Scorpius Malefoy, le fils du pire ennemi de son père, et de son parrain, fulminait James. 

-Albus ne t'a rien confirmé, répétait Alice, pensive. 

-Il faut que nous lui parlions, proposait Scott. 

 

Depuis le début de la journée, c'était ces trois phrases qui revenaient à chaque conversation du trio d'amis. Alice fut d'abord choquée, de l'information de James, tellement choquée, qu'elle avait du mal à y croire, et tentait de se raccrocher aux faibles preuves qui faisaient qu'elle n'y croyait pas. 

 

-Mais enfin, James, avait-elle répété. Ils ne se parlent plus depuis leur deuxième année, en quatre ans, nous aurions vu quelque chose, Rose ne peut pas avoir mis de côté ses sentiments pendant tant d’années ! 

 

Scott, quant à lui, partageait le point de vue de James. Il était sûr de l'information, et tout aussi outré que son meilleur ami. 

 

-Mais regardez-vous, avait fini par leur lancer Alice, vous ne valez pas mieux que ces sangs-purs. Rose et Scorpius n'étaient même pas à l'état de projet quand nos parents étaient à Poudlard. Quelle importance si leurs parents étaient ennemis ? ça ne les concerne pas ! Et si NOUS, nous avons des griefs avec la bande de Flint et une bonne partie de la Maison au Serpent, ce n’est pas le cas de Rose. Alors, laissez-la en paix !

 

Agacée, la jeune Gryffondor se leva, défia du regard ses deux amis, et grimpa quatre à quatre les marches qui menaient au dortoir des filles. 

 

-ça aurait pu être pire, soupira Scott, après que son amie ait disparu du champ de vision. Elle aurait bien été capable de nous jeter un sort. 

 

Mais James n'écoutait pas. Alice, avec ses principes piochés dans des romans à l’eau de rose, était totalement aveuglée par une vision toute biaisée de la vie. Une fille tombe amoureuse d'un garçon, et le monde doit leur tenir la chandelle ? C'est de Rose Weasley dont il est question ici, fille de Ronald Weasley, et filleule de Harry Potter, avec Scorpius Malefoy, le fils d'une des plus grandes crapules du monde sorcier. Un parvenu, qui a sauvé sa famille, en faisant un mariage blanc avec l'une des plus riches héritières du monde sorcier pour garder sa fortune. Le couvre-feu n'était que dans une heure, et James savait précisément où il trouverait sa cousine. 

 

-Où vas-tu ? lui demanda Scott quand il le vit se lever. 

-A la bibliothèque, répondit simplement James. 

-Mais on n'a pas de devoirs, s'insurgea Scott. 

-Laisse tomber, il faut que je parle avec Rose. 

 

Et James s'ouvrit le passage pour sortir de la salle des Gryffondor, restant étanche aux remarques de Scott qui se lamentait de ne pas le voir passer une soirée tranquillement assis sur un fauteuil moelleux de la salle commune. James descendait d'un pas vif les marches qui le séparaient du quatrième étage où était la bibliothèque. 

 

-Elle a seize ans, et des étoiles plein les yeux, elle ne comprend pas qu'on ne peut pas aimer un type aussi répugnant, pensait-il. Je peux lui ouvrir les yeux. 

-Tu te disais pareil pour Alice et Finnigan, lui répétait une petite voix désagréable dans sa tête. Le monde ne peut pas se plier à ta volonté et ne laisser dans ton entourage, que les rares gens que tu apprécies. 

-J'apprécie beaucoup de monde, mais pas Malefoy ... 

-Ni Finnigan, ni Catchlove, ni Flint, ni ... 

-J'ai énormément d'amis, j'aime mes amis. Je n'ai pas besoin de copiner avec des idiots ou des pro Sang-Pur. 

-Tu ne vaux peut-être pas mieux qu'eux ... Alice a sûrement raison. 

 

Agacé, et perdu dans ses dialogues intérieurs, il finit par atteindre le palier du cinquième étage et commença à descendre les escaliers à pas précipités, mais d'autres pas affolés se mêlèrent aux siens. 

-Hominum Revelio, murmura James, mais il ne semblait y avoir personne d'autre, alors que les pas semblaient pourtant proches de lui. 

 

-James ! interpella une voix grave. James tourna la tête, la voix était si proche de lui, mais personne d’autre n'était là. 

-Ici, au mur, appela de nouveau la voix. 

 

James obéit, et se tourna vers le mur. Un homme, à la silhouette haute, aux longs cheveux argentés, tout comme sa longue barbe, se dessinait sur le mur de l'escalier. Ses lunettes en demi-lune posées sur son nez aquilin, le portrait d'Albus Dumbledore observait James avec une expression grave. 

 

-Professeur Dumbledore ? Mais que faites-vous ici ? Vous sortez souvent de votre portrait ? J'ai déjà vu le Professeur Rogue plusieurs fois. Ne me dites pas que vous aussi vous vous mettez à surveiller les élèves ! 

 

Le vénérable Professeur sembla un instant surpris, mais il hocha la tête en signe de dénégation. 

 

-Le Directeur m'envoie te chercher James. Si tu veux bien me suivre. 

 

James hocha la tête, et il s'employa à suivre le portrait de l'ancien directeur qui descendait lui aussi les escaliers. 

 

-Où allons-nous ? Au bureau du Professeur Everett ? 

-Tu poseras tes questions en temps voulu, James, le Directeur m'a donné pour consigne de ne rien te dire, répondit Dumbledore d'une voix ferme. 

 

Ils descendirent les escaliers quatre à quatre, arrivés au palier du troisième étage, James s'apprêta à descendre vers le deuxième étage et l'entrée du bureau du Directeur, mais le portrait de Dumbledore prit une autre direction, ils entrèrent donc au troisième étage et se dirigèrent vers ... 

 

-L'infirmerie ? Mais qu'y a-t-il ? demanda James qui commençait à paniquer. 

 

Au même moment, la porte s'ouvrit, Quintilius Everett, la mine sombre se tenait dans l'embrasure de la porte, il remercia Dumbledore, et adressa un sourire sincèrement attristé à James, avant de lui faire signe d'entrer. A l'intérieur de l'infirmerie, les rideaux avaient été tirés autour d'un lit, lorsqu'il passa de l'autre côté, escorté par le Directeur qui lui tenait l'épaule, James vit Albus et Orlane Boot qui se tenaient tout près de Mr Carset, l'infirmier de Poudlard. Le vieil homme ridé et dégarni s'affairait à étaler des onguents sur un corps ensanglanté. Et le cœur de James manqua un battement, c'est comme si toutes ses préoccupations de la journée concernant Rose s'étaient envolées, elles paraissaient soudain si futiles, quand on était confronté à la vision du corps de ... 

-LILY ! hurla James défait. 

 

Albus, les yeux embués de larmes, se rua vers son aîné et l'enlaça en sanglotant. 

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