James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1
Harry faisait les cent pas dans l'infirmerie, autour du lit de sa fille cadette, toujours plongée dans un sommeil magique pour reconstituer le sang qu'elle avait perdu. Ronald Weasley et Benjamin Harper, ses amis et collègues Aurors l'observaient l'air grave.
-Tu devrais aller dormir, Harry ! lui conseilla Benjamin.
-On va prendre le relais, renchérit Ron. L'enquête avance malgré tout ...
-Avance malgré tout ? cracha Harry d'un air amer. Si je rentre chez moi avec ces éléments, Ginny ne me laissera pas me reposer ! On a Lily agressée par un sortilège de magie noire. Et tout ce que nous disposons comme informations, c'est la baguette d'un élève de première année qui aurait été incapable de lancer ce sortilège. Ce qui veut dire ...
-Que ce n'est pas Lysander Dragonneau qui a jeté le sortilège, termina Harper.
-C'est une évidence, ça, souffla Harry. Ce qui est aussi sûr, c'est que, la Grosse Dame n'a rien vu de suspect, donc aucun élève autre que Gryffondor n’est rentré dans la Salle Commune ce soir-là …
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-... Cela veut dire que c'est un Gryffondor qui a fait le coup, marmonnait James.
Lui, Alice, Fred, Roxanne, Albus, Rose, Hugo et même le petit Lysander Dragonneau qui s'en voulait énormément se tenaient en cercle dans la salle commune de Gryffondor.
-Quelqu'un t'a volé ta baguette, Lysander. Tu l'as laissée où et à quelle heure ?
-Dans mon dortoir, vers vingt heures, je suis descendu pour lire la dernière édition du magazine de mon grand-père. Et l'alerte pour l'attaque a été donnée peu après vingt et une heures, je suis donc remonté dans mon dortoir, et elle était toujours là ... ________________
-Lysander nous dit qu'il a laissé sa baguette sans surveillance pendant environ une heure ...
-Quel crétin, marmonna Ron ...
-C'est un sorcier de premier cycle, on ne leur a pas encore dit qu'ils se devaient de répondre à une attaque à tout moment, et donc toujours avoir leur baguette sur eux, remarqua Benjamin.
-En attendant, cette dinde de Grosse Dame n'est pas capable de nous donner le nom des élèves sortis entre vingt et vingt et une heure. Ce qui veut dire qu'on patauge dans la nasse, et que celui qui a fait le coup doit à l'heure actuelle se coucher paisiblement auprès de nos enfants, cracha Harry.
-Interrogeons-les, un par un. Everett est d'accord ! conseilla Benjamin.
-C'est Greengrass qui me fait peur. Il faut qu'il valide la procédure d'interrogatoire. Si on fait ça sans son accord, on est bons pour laisser l'affaire à la Police Magique et donc la laisser sur un non-lieu.
-Est-il conscient au moins du danger qui court sur les élèves ?
-Ron ! Cela fait trois mois qu'il nous explique qu'il n'y a aucun danger nulle part ! Il n'en est évidemment pas conscient du danger. Il met la blessure de Lily sur le compte d'une expérience entre jeunes étudiants qui a mal tourné. Il a même demandé à Everett de clore l'enquête sur la culpabilité de Lysander et de le renvoyer de Poudlard.
-Tu n'es pas sérieux ? demanda Benjamin, écoeuré.
-J'ai assisté à leur échange par cheminées ... confessa Harry d'un ton aigre.
-Nous n'avons donc plus qu'à attendre qu'il nous valide la procédure, conclut Ron. Harry ? Si tu veux, je peux essayer d'aller au Ministère pour lui en parler, lui expliquer l'urgence d'accélérer la signature de l'accord ...
-C'est ni à toi ni à Harry d'y aller, trancha Benjamin. Moi non plus, il sait que nous sommes proches. Je vais aller au Ministère, je vais mettre Fairbanks sur le coup. Il est de la même génération que Greengrass, peut-être que ça suffira à l'amadouer.
Harry lança un faible sourire à son ami, mais se doutait bien que pareille manœuvre serait vaine. Depuis que Greengrass avait les pleins pouvoirs sur la Justice Magique, il était impossible d'obtenir quoi que ce soit pour le Bureau des Aurors. Le vieillard avait la dent dure contre les Aurors, arguant du fait que ceux-ci n'avaient respecté aucune loi pendant les années de Terreur. Il faut reconnaître que Harry, qui savait que l’exemple de l'ère Croupton, où les Aurors pouvaient tuer et enfermer à Azkaban sans procès, ne pouvait pas lui donner tort sur ses intentions du départ. Mais la volonté de Greengrass de faire taire tous les proches de Kingsley avait eu raison des bonnes volontés affichées au départ. Hermione avait été cantonnée à un rôle secondaire, le Bureau des Aurors se retrouvait inefficace car noyé par les procédures. Le Monde sorcier se reconstruisait de l'après-Kingsley, au détriment de ceux qui avaient été fidèles au Lynx ...
Mais en attendant, une menace voyait de nouveau le jour, et Greengrass et Fawley, aveuglés par leur ambition et amour du pouvoir ne considéraient pas la menace à sa juste valeur ... Et dire que Harry pensait que les erreurs du monde sorcier du temps de Fudge étaient désormais derrière eux ...
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James s'était rué sur son père au petit-déjeuner dans la Grande Salle. Celui-ci et l'oncle Ron occupaient toujours deux sièges à la table des enseignants et affichaient tous deux un air renfrogné et un air grave. Harry avait expliqué à James que l'ensemble des Gryffondor subirait un interrogatoire, dès lors que Greengrass le validerait, et que l'enquête ne pouvait avancer plus pour l'instant.
-Cette vieille gargouille de Greengrass va laisser traîner l'affaire, cracha James d'un ton amer tout en dégustant son porridge.
-Une élève a frôlé la mort ! rétorqua Nancy. Il ne peut pas bloquer l'enquête.
-Tant que cela concerne Harry, il la bloquera, marmonna Rose Weasley, l'air encore plus pâle que d'habitude.
James en avait oublié la raison de sa sortie le soir de l'agression de Lily. Il comptait retrouver Rose car il était parvenu à la conclusion que celle-ci avait une relation ambiguë avec Scorpius Malefoy. Bien que personne ne lui ait confirmé cette théorie, James était sûr de lui, Rose était amoureuse de cette crapule de Malefoy. Et James ne pouvait pas laisser passer ça. Rosie, qui était si brillante, si pimpante, ne pouvait se gâcher avec pareil énergumène. D'autant plus quand ses congénères Sang-Pur s'amusaient à charcuter Lily. Le fait que Rose, restée étonnamment muette depuis l'agression, et le fait que ses cernes n'aient pas diminué de volume convainquit James de prendre la parole sèchement :
-Tu sais Rosie, je ne vais pas te rappeler de qui, cette vieille gargouille est le grand-père ?
-Je ... Je ne vois pas le rapport, James, répondit-elle sur la défensive.
-Moi je le vois, tu tournes autour de son petit-fils, qui est, absolument la même racaille. Tu joues les romances impossibles avec un foutu Sang-Pur qui n'attend qu'une chose, c'est de massacrer toute notre ...
-James ! coupa Albus. Tu délires complètement !
-Du calme, mec ! tempéra Scott.
-Qu'est-ce que tu dis comme bêtises ? murmura Alice.
Rose, devenue écarlate, ses yeux menaçant de lancer des éclairs à quiconque soutiendrait son regard, se leva de table et pointa un index menaçant sur le torse de James.
-Comment peux-tu être aussi insultant et haineux ? Comment peux-tu te faire des scénarios dans ta tête et jouer les procureurs ? Tu ne comprends ... Rien ... Tu -elle se mettait à le lacérer de coup- n'as ... Jamais ... Rien ... Compris ! Tu n'es pas notre guide spirituel, et même si ta théorie fumeuse était vraie, qu'est-ce que cela pourrait bien te faire ?
-Qu'est-ce que cela pourrait bien faire ? Tu pactises avec l'ennemi, voilà tout ! vociféra James en se relevant.
Rose recula, il faut dire que son cousin mesurait bien un demi-pied de plus qu'elle, sans parler de la largeur de ses épaules musclées.
-L'ennemi ? Laisse-moi rire James. Si la situation était aussi pourrie du temps de nos parents, c'est parce qu'il y avait des crétins pour exacerber les tensions entre les maisons, les sang-pur, les sang-mêlés. Tu ne vaux pas mieux qu'eux !
-QUI AI-JE CHARCUTE ? DIS-MOI LE ROSIE !
Mais la seule réponse qui vint, ce fut un maléfice de Chauve-Furie qui s'abattit sur James en même temps que les quolibets, moqueries et acclamations de la Grande Salle. Puis vint le temps où tout se calma, où Rose, toujours tremblante, sa baguette pointée, fut saisie par l'épaule par Neville Londubat. Bien entendu, il donna une retenue à James, convaincu par le passif du jeune Gryffondor, mais plus étonnant encore, il donna, au grand dam de Rose la première retenue de sa vie à celle-ci ...
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-Tu délires, James !
Albus était le seul membre du groupe à encore supporter James ce jour-là. Depuis sa dispute avec Rose, James avait été particulièrement irascible avec Alice, Scott, Fred et Roxanne, qui avaient prétexté des devoirs à avancer pour lui fausser compagnie. Albus, voyant son frère toujours livide de colère, avait décidé de venir lui tenir compagnie dans la salle commune.
-Tu m'as bien confirmé que c'était lui qui la mettait dans cet état !
-Je n'ai pas été aussi loin que toi dans tes suppositions, expliqua faiblement Albus.
-Alors, qu'est-ce que tu sais ?
-Même si je connaissais toute l'histoire, ce ne serait pas à moi de t'en parler, mais à Rose ...
-Tu parles, tu as vu comment elle s'est emballée quand j'ai abordé le sujet ?
-Abordé le sujet ? James ! Tu lui as fait un procès, devant tout le monde, tu as affirmé, sans la laisser t'expliquer. A sa place, tu aurais explosé encore plus rapidement.
-Dans tous les cas, elle ne me dira rien, elle m'évite depuis ce matin ... bougonna James.
En effet, James avait recroisé Rose plusieurs fois au cours de la journée. D'abord à la sortie de la salle de Sortilèges, mais celle-ci a changé de côté du couloir pour éviter de croiser son cousin, idem à la sortie du déjeuner à la Grande Salle, et idem une fois arrivé à la Salle Commune : la jeune Weasley-Granger était partie se coucher dès qu'elle avait vu James arriver.
-James, si je peux te donner un conseil ... Décompresses. Je sais qu'on vit une époque pas facile, que Lily est toujours en sommeil, mais par pitié, tiens le coup, et essaie de ne pas bondir à la gorge des gens dès que tu ressens une contrariété. Parles-moi d'abord, à moi ou à Alice. Ok ?
James ébouriffa amicalement les cheveux de son petit frère, c'est fou ce qu'il avait mûri. En si peu de temps, il était devenu un garçon calme, posé, brillant et extrêmement patient.
-C'est à Poufsouffle que t'aurais dû aller, Alb', t'es trop patient !
-Pour te supporter, toi, la patience équivaut à énormément de courage, sourit Albus.
Et les deux frères entreprirent d'écrire à leur mère et passèrent ainsi le reste de leur soirée. Imaginant tristement Ginny en train de se morfondre dans sa cuisine. Harry veillant toujours au grain à Poudlard tant que l'enquête n'était pas bouclée.
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Ce samedi-là, James comptait faire une grasse matinée pour compenser ses émotions de la semaine passée, mais il fut tiré du lit par une voix grave qui lui était assez familière.
-James ! James !
C'était Mycroft Baines, leur camarade de dortoir. Un garçon aux fins cheveux blonds coiffés en brosse. Le jeune garçon observait le lit de James du haut de ses six pieds et demi.
-Aaaah ! Mycroft ?! Tu as vu l'heure ?
-Heu, James ! Il est dix heures ...
-Ah ouais ... J'ai pas mis mon réveil, c'est pour ça, expliqua James d'une voix pâteuse en se redressant.
-James ! Regardes ! Il lui tendit ce qui ressemblait à un flacon opaque, de couleur marron, avec des coutures en argent.
-C'est quoi ? Un remontant ?
-Noooon, James ! On ... On ...
-Quoi ? Aboules !
-Bah ... J'étais avec ... Lucy, ta cousine, tu sais ?
-Ouais … Et alors ?
James avait bien vu que depuis les Cours de Littérature Magique, Mycroft et Lucy passaient souvent du temps ensemble. Mycroft était un garçon charmant. Peut-être « trop faux pour être vrai », comme disait Alice, néanmoins Lucy semblait plus pimpante depuis qu'elle partageait ses lectures avec lui à la bibliothèque. Alors James était heureux, et pour son camarade, et pour sa cousine.
-On se baladait pas loin du ponton du lac, reprit Mycroft. Et vois ce qu'on a trouvé !
-Génial, un flacon, et ?
-Sens-le !
James attrapa le flacon tendu par Mycroft et, circonspect, s'exécuta pour sentir l'intérieur de celui-ci.
-Beuark ! C'est quoi cette blague pourrie Mycroft ? ça sent la pi ...
-Non, tu te trompes ! rectifia Mycroft hilare. C'est du Polynectar !
James se redressa brusquement. Il enfila rapidement chaussettes et tenue d'école, oubliant au passage qu'il était en week-end, saisit sa baguette pour aplanir ses cheveux d’un sort de Misenplis et se tint devant Mycroft.
-On va trouver mon père ! lui dit-il.
Et les deux garçons se ruèrent à la sortie du dortoir où Alice, Roxanne, Fred, Scott, Nancy et Lucy Weasley se tenaient en alerte, prévenus par Mycroft et Lucy de leur trouvaille.
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-Benjamin ! Il faut que tu étudies les gouttes restantes. Est-ce qu'il aurait pu servir le jour de l'attaque ? Tu es plus calé que moi sur ces sortilèges !
Harper se saisit du flacon avec minutie, sourit aimablement aux adolescents surexcités, et se retira dans la pièce attenante de l'infirmerie. Lily dormait encore, mais d'après Mr Carset, l'infirmier, son sang s'était renouvelé et elle devrait pouvoir être réveillée d’ici la fin du week-end. Mais la cicatrisation prendrait plus de temps encore, il fallait pour cela qu'elle aille à Sainte Mangouste, où, semble-t-il un Guérisseur d'origine Moldue a inventé un nouveau procédé pour cicatriser efficacement les blessures de magie noire, en s’inspirant, justement, de principes de médecine Moldue.
-Où l'avez-vous trouvée exactement ? demanda Ron Weasley à Mycroft et Lucy.
-Et bien, répondit la Weasley lunaire. J'avais la tête ailleurs, mais il me semble que Mycroft l'a ramassée au pied du ponton du lac. La fiole flottait dans l'eau, apparemment.
-C'est bien ça, confirma Mycroft. J'ai entendu comme un bruit d'évacuation d'eau, et j'ai vu ce flacon remonter à la surface, alors je l'ai ramassé. Quand j'ai vu les coutures argentées, je me suis douté que ça avait un peu de valeur. Je me suis dit, si un élève l'avait perdu, je pourrais lui rendre, on ne sait ...
-L'élève en question ne l'a pas perdu, coupa Harry. Tu l'as bien dit, tu as entendu les canalisations refouler avant de voir le flacon.
-Je ne vois pas ce que vous voulez dire, Mr Potter, admit aimablement Mycroft.
-Peu d'élèves peuvent comprendre, en effet, confirma Harry en adressant un sourire entendu à Ron Weasley qui le lui rendit.
-Bien ! Jeunes gens, nous vous remercions de votre trouvaille, elle est très intéressante ... remercia Ron.
-... Intéressante et inespérée, conclut Harry. D'ailleurs, nous allons de ce pas rejoindre Ben’, c'est plus qu'un sortilège qu'il faudra pour en savoir plus sur le contenu. Nous devrons aller au Ministère. Jeunes gens, restez prudents, pas d'écarts, et ne faites pas parler de vous.
Les jeunes élèves s'exécutèrent et sortirent, circonspects, de l'infirmerie. Tous attendraient sans doute d'être plus loin pour se poser à voix haute toutes les questions qu'il convenait de se poser. Mais Harry n’avait pas remarqué le petit objet, de la taille d’un grain de maïs et préalablement soumis à un sort de Désillusion que Fred Weasley avait glissé subrepticement dans sa poche.
-Bon sang, du Polynectar qui sort des canalisations des Serpentard, marmonna Harry en rejoignant Owen dans le bureau de Mr Carset.
-En est-on sûrs ? questionna Ron.
-Il a entendu les canalisations refouler et vu la fiole ensuite, tout le monde -enfin, seule Hermione - sait que tout ce que les sortilèges d'hygiène ne peuvent détruire remonte jusqu'au lac.
-C'est quand même ultra dégueulasse, remarqua Ron.
-Pour les affaires habituelles, les sortilèges font le travail. Mais quand des plaisantins veulent faire disparaître d'autres objets. Les sortilèges ne savent pas gérer et on retrouve l'objet en question dans le lac. Pile au niveau du ponton ...
-Donc un Serpentard a voulu se débarrasser d'un flacon de Polynectar ... conclut Ron. Va-t-en le prouver à Greengrass maintenant …
Fred Weasley, penché auprès de James qui écoutait à l’autre bout de l’Oreille à Rallonge Sans Fil regardait d’un air circonspect son cousin. Il était livide. Une rage froide. Tous l’observaient comme ils auraient jaugé du regard un Scroutt à Pétard paré à exploser. Il rendit le combiné, qui ressemblait à un antique téléphone Moldu au fils de George, se redressa, et tourna le dos à son groupe. Il n’entendit que Fred prétexter devoir attendre que Harry repasse pour attirer à lui l’émetteur de l’Oreille à Rallonge, mais intimer aux autres de suivre l’aîné des Potter.
Et c’est cet ordre, qui résonnait comme une supplique, de Fred qui donna le signal à James pour savoir qu’il fallait qu’il se mette à courir aussi vite qu’il le pouvait. C’en était trop pour lui, il se rua vers la salle commune des Gryffondor, sans tenir compte des vociférations d’Alice et Nancy, en premier lieu. Et de tous les autres qui lui couraient après. James était déjà le plus rapide, et il avait en plus pris de l’avance. Il savait que Albus leur ferait emprunter le raccourci où il aimait se cacher avec Orlane, James l’emprunta en premier, non sans jeter un maléfice au morceau de tapisserie pour bloquer temporairement le passage. Il était déjà bien loin quand il entendit un bruit sourd, et la voix d’Alice qui pestait après lui. Au moment où il entra dans la salle commune, il heurta de plein fouet Owen Finnigan, qui tomba à la renverse et se mit à jurer sur l’aîné des Potter. Mais il ne lui prêta aucune attention.
Arrivé dans son dortoir, il déplia rapidement la Carte du Maraudeur, et chercha en toute hâte les points indiquant Flint et ses sbires. Lui, Wilkes, Nott, Pucey et Mulciber étaient installés en lisière de forêt. Il jeta la carte sur son lit. D’un coup de baguette, James fit sortir son balai de sa malle, d’un autre, il ouvrit la fenêtre du dortoir. Et il s’envola à toute vitesse vers la lisière de la Forêt.
D’aucun diraient que c’était précipité et complètement irréfléchi. Mais bon sang ! Les vieux grigous du Ministère allaient encore mettre des semaines à valider le moindre interrogatoire, les Serpentard auraient le temps de préparer des alibis, de trouver des excuses, de prétendre être les victimes qu’on accusait tout le temps. Le système n’était pas à la hauteur pour protéger James et ceux qu’il aimait. C’est lui qui ferait payer aux responsables de l’attaque. Quitte à être exclu de Poudlard !
James atterrit à proximité de la Cabane de Hagrid, il cacha son balai derrière l’une des immenses citrouilles du potager du garde-chasse, se jeta un sortilège de Désillusion, et entreprit de passer par la Forêt pour surprendre les Serpentard. Il avança à pas feutrés. Il entendait la voix sifflante de Nott qui pestait après l’inutilité des cours de Botanique, vivement soutenu par Flint. Lorsqu’il eut le groupe dans son champ de vision, il vit qu’ils étaient assis par terre, en cercle, Mulciber lisait un livre et écoutait d’une oreille distraite, Flint avait ôté sa cape d’uniforme, et faisait tourner sa baguette sur ses doigts, WIlkes, Nott et Pucey se contentant de participer aux conversations en ricanant quand Flint faisait choir sa baguette.
-Expelliarmus, murmura James en direction de Flint, le seul qui avait sa baguette à portée de main.
Il eut une grimace de surprise lorsque sa baguette sauta de sa main pour atterrir dans celle, désillusionnée, de James qui, aussitôt, surgit en rugissant :
-Stupéfix !
Wilkes, n’ayant pas eu le temps de réagir, tomba amorphe au sol.
-Petrificus Totalus !
Nott, toujours assis, se retrouva ligoté par des liens invisibles.
-Impedimenta !
Mais cette fois, le Protego lancé par Mulciber qui s’était relevé d’un bond, empêcha de le mettre hors combat. Tandis que Flint se réfugiait derrière la haute silhouette de son collègue de Serpentard, Pucey s’approcha de Mulciber, côte à côte, ils étaient parés à défendre chèrement leur peau. Mulciber fendant l’air de sa baguette, il jeta une volée de flammes violettes en direction de James qui plongea sur un côté pour les éviter, tandis que Pucey le touchait d’un “Finite” mettant fin à son camouflage.
-Que fais-tu, Potter ? Comme un lâche en plus ! vociféra Flint derrière Mulciber. Tes amis ne sont pas là pour t’aider ?
-Je viens te faire payer, Flint ! maugréa James avec hargne. Incendio !
James avait embrasé le carré d’herbe devant Mulciber et Pucey, les contraignant à reculer, tandis que l’aîné des Potter avançait vers eux en lançant au travers du mur de flammes, une pluie de Stupéfix.
-Tu es dingue, Potter ! crachait Flint d’un air apeuré.
Au même moment, James se fit frôler au visage par un sort lancé à l’aveugle par l’un des deux Serpentard masqués par le feu, il eut pour l’effet de lui brûler intensément la joue gauche.
-Expelliarmus, hurla James.
Une deuxième baguette ennemie lui atterrit dans les mains tandis que Mulciber, seul combattant encore valide, venait d’éteindre les flammes. Il maitrisait parfaitement les sortilèges Informulés. Il en faisait pleuvoir une pluie sur James qui n’eut d’autre choix que de multiplier les roulades pour esquiver. Mulciber s’avançait vers lui, les yeux sortant de leurs orbites. Il fendit de nouveau l’air avec sa baguette, cette fois-ci, James ne put les éviter, et il ressentit une intense brûlure tout le long de son aine. Diminué par la douleur, Mulciber s’avança de nouveau vers lui :
-Endolo … commença-t-il à formuler, mais avant qu’il n’ait fini sa phrase, sa baguette lui sauta à son tour des mains.
Jamais James n’aurait été assez rapide pour désarmer le Serpentard, c’était Alice, à bout de souffle, elle tenait la baguette de leur ennemi dans sa main gauche, et de sa main droite, elle pointait Mulciber de la sienne. Une lueur sombre dans les yeux, les ailes de son nez livides, elle toisait les Serpentard et s’avançait vers Mulciber, ses membres tremblant de fureur. James suffoquait à présent. Réalisant que sa meilleure amie venait de le sauver d’un Sortilège Impardonnable.
-Qu’as-tu cherché à lancer, Mulciber ? cracha-t-elle d’une voix déformée par la rage.
-Ton taré de pote nous a attaqués ! pesta Mulciber. Par surprise, en plus !
-Qu’as-tu tenté de lancer ? souffla-t-elle de nouveau entre ses dents.
-Je … C’est lui qui nous a attaqués ! se justifiait Mulciber.
-Silencio ! (Mulciber porta ses mains à sa gorge, interloqué de ne plus pouvoir se défendre verbalement) FLINT ?
Le Serpentard râblé sortit de derrière ses deux garde du corps, une lueur apeurée dans ses grands yeux gris.
-Qu’est-ce que vous nous voulez à la fin ? maugréa-t-il, presque implorant.
-On a trouvé du Polynectar qui sortait de vos canalisations. On a de furieux doutes sur votre réelle présence au Quidditch le soir de l’agression de Lily Potter.
-Et si ce n’est pas toi, tu vas nous dire lequel de tes potes en blanc s’en est chargé ! lui ordonna James d’une voix doucereuse en s’approchant de lui.
-De … De quoi tu parles, Potter ? Tu délires complètement ! Tu …
Mais le Serpentard fut coupé dans son mensonge par un violent uppercut du droit dans son nez déjà tordu. Il saignait abondamment, et James continuait à se dresser devant lui, paré à délester de nouveau son poing. Mais il fut soudainement retenu par une main invisible qui lui maintint le poignet en l’air. Il vit alors Albus, sa baguette pointée vers lui. Nancy, Roxanne, Fred, Scott, Lucy et Mycroft sur ses talons. Tous encerclaient les Serpentard, leurs baguettes pointées, tandis qu’Albus s’approcha de Flint, libérant James de son lien invisible, il s’adressa au Serpentard, une lueur de rage intense dans ses yeux verts :
-Tu vas parler, Flint ! Que sais-tu de l’attaque de Lily ?
-Mais on l’a répété cinquante fois ! On était au Quidditch ! soutenait Flint.
-Je ne te crois pas ! tempéta James. Dis-nous la vérité !
Ses mains tremblaient, il observait tour à tour, James, Albus et Alice d’un air pitoyable. Il semblait les supplier alors que le sang continuait de couler de son nez. James nota que le Serpentard avait les joues creuses, et un air maladif. Des cernes lui tombant profondément sur le visage. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu Flint de si près. Il se recula alors et observa autour de lui. Les autres encerclaient complètement les Serpentard, leurs baguettes pointées d’un air menaçant. Nott, toujours ligoté, s’agitait, apeuré, tandis que Mulciber et Pucey regardaient tous leurs assaillants en se demandant ce qu’il allait leur arriver. Flint sautillait sur place en regardant dans toutes les directions possibles, comme pour essayer de se cacher dans le premier trou de taupe qu’il verrait. Il ouvrit la bouche plusieurs fois, comme s’il se préparait à dire quelque chose, mais la referma aussi sec, tandis que Mycroft resserrait le cercle en s’approchant de plus en plus près de lui.
-Tu délires Potter ! On ne sait rien, fiche-nous la …
-Qu’est ce qu’il se passe ici ?
Jaime Pritchard, vêtu d’une tenue à motifs écossais, accourait vers le groupe. Le Directeur des Serpentard observa d’un air mauvais l’assemblée d’élèves. Certains ligotés au sol, d’autres désarmés.
-Rien, Professeur, marmonna James. On s'entraînait aux Sortilèges.
L’aîné des Potter, nonchalamment, libéra Nott de son étreinte et rendit les baguettes de Flint et Pucey, Albus réveilla Wilkes et Alice rendit sa baguette à Mulciber non sans lui avoir jeté un dernier regard haineux.
-Mais attendez, Flint saigne ! Que s’est il passé, Potter ?
-Il dit la vérité, soutint Flint en se jetant un Episkey sur son nez ensanglanté. Un simple entraînement.
Et il adressa un regard mauvais aux Gryffondor, tandis qu’Albus saisit son frère par l’épaule, Alice lui saisit l’autre et tout le groupe d’élèves repartit vers le château en lançant un dernier regard de dégoût aux Serpentard.
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-Tu es fou, James ! pestait Alice. Tu te rends compte que si je n’étais pas arrivée …
Alice avait fait asseoir James sur un fauteuil de la salle commune des Gryffondor. Elle faisait les cent pas autour de lui. Elle fulminait. Roxanne, Fred, Scott, Nancy, Albus et Mycroft, qui se tenaient autour d’eux, ignoraient certainement l’histoire des Londubat, torturés jusqu’à la folie par le sortilège Doloris. C’était donc un sujet très sensible pour Alice qui était dans tous ses états. Pestant après son meilleur ami qui avait pris des risques inutilement, après Mulciber qui avait tenté l’Impardonnable, et après le Ministère qui ne faisait pas son travail d’assurer la sécurité de ses citoyens.
-Tu as foncé à un contre cinq, James ! intervint Albus. Je ne sais même pas comment tu as pu tenir assez longtemps …
-J’ai commencé à attaquer par surprise … marmonna James, l’air absent.
Non loin de là, Rose lisait sur un fauteuil près de la cheminée. Elle jetait des regards désapprobateurs en direction de son cousin.
-Tu es irresponsable, tu crois que tes parents n’ont pas assez d’un enfant gravement blessé ? demanda Nancy, livide.
C’en était trop. Depuis leur retour du parc, tous le sermonnaient tour à tour, aucun n'avait compris l’étendue de sa détresse. Les Aurors étaient bloqués dans leur enquête. Les Serpentard usaient de toutes les ruses pour imposer leur force dans l’école. Shafiq et ses sbires continuaient d’avancer leurs pions. Et James devait subir tout ça. Tous les jours, il se levait avec la boule au ventre en se disant que ses amis ou sa famille pourraient être attaqués. Il voulait juste faire avancer les choses. Certes, lui-même admettait à froid que c’était irresponsable. Mais entendre Harry expliquer, lui-même, qu’il serait long d’avoir l’autorisation d’enquêter sur le Polynectar, fut la goutte d’eau pour James.
-ASSEZ ! vociféra James. Vous ne comprenez donc rien ? Les Aurors, les profs, … Personne ne peut rien pour nous ! Lily a frôlé la mort, Flint et sa bande continuent leurs ruses, et personne ne va les confronter. J’ai pris cette décision. Elle était idiote, mais moi, au moins, j’essaie de faire avancer les choses !
Il tremblait de rage, si bien, qu’il faillit trébucher en se levant de son fauteuil. Nancy s’approcha de lui, mais il la repoussa, tourna les talons, et fonça dans son dortoir. Les nerfs, l’adrénaline, tout était en train de retomber. James n’arrivait pas à maintenir ses mains stables. Ses jambes étaient agitées de convulsions, des larmes lui venaient. Alors, seul dans son dortoir, agenouillé au sol, et la tête posée sur son lit. Il craqua.
Il ne sut combien de temps il passa à sangloter ainsi, de rage, d’impuissance, sur le bord de son lit. Il essayait de calmer ses nerfs, mais chaque fois, une vision de Lily souriante, en train de raconter des histoires drôles, ou en train d’épater son monde sur un balai ou avec sa baguette, refaisait s’effondrer James en sanglots. Mais au bout d’un certain temps, une main lui tapota l’épaule, doucement. Puis la lui passa dans son dos. Sa vision, brouillée par les larmes, il discerna la tignasse brune d’Albus. Il l’observait avec gravité de ses yeux verts. Alice était montée avec lui, aussi pâle que lorsque James avait failli recevoir le Doloris.
-James …
-Laissez-moi !
-James … Tu n’as pas à avoir honte … Nous savons que ça ne va pas …
-NON VOUS SAVEZ PAS …
-Hé, James ! (c’était la voix d’Alice) Bien sûr qu’on sait que tu vis mal la situation. Que tu te sens impuissant, et que tu as fini par craquer …
L’aîné des Potter, soutenu par son petit frère, se redressa. Des larmes perlaient toujours sur son visage, et Alice l’enlaça.
-J’ai l’impression que le monde s’écroule à nos pieds, et que personne ne fait rien. J’ai voulu essayer de faire avancer les choses … Pour Lily … Pour vous … murmura-t-il entre deux sanglots.
-Je sais, affirma Albus d’une voix douce en lui passant sa main dans le dos. On ne peut pas t’en vouloir, James. Tu es un “chevalier blanc”, tu voulais que justice se fasse. Mais tu as pris un risque énorme. Tout le monde était inquiet …
-D’solé … marmonna James.
-L’essentiel, c’est que tu ailles bien, lui chuchota Alice, le serrant toujours dans ses bras. Et que tu ne nous fasses plus de frayeur comme celle-ci …
-Tu dois te confier à nous, et t’appuyer sur nous tous, James ! Si tu y vas seul, Flint, Shafiq, tous ! Ils auront ce qu’ils voulaient ... Tu nous fais confiance ? Tu sais qu’on est là pour toi ?
James se désolidarisa de l’étreinte d’Alice pour détailler Albus. Il était plus petit, plus frêle que James. Mais une lueur déterminée et froide irradiait ses yeux verts. Il parlait d’une voix douce, calme, mais tellement sûre dans ses intonations. Il dégageait ainsi une assurance et un tempérament qui ne pouvaient que conforter James dans la réponse qu’il lui fit.
Et l’aîné hocha la tête en signe d’approbation, tandis qu’Albus faisait un signe de tête à Alice et que tous deux soutinrent James pour l’entraîner avec eux, hors du dortoir.