James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 24 : Astres et psyché

5964 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/02/2024 15:08

Il était désormais acté que des élèves mal intentionnés -comprendre selon James, les Serpentards- utilisaient désormais du Polynectar pour arriver à leurs fins. En conséquence, James s’astreignit à l’application des mesures d'usages pour « tester » leurs interlocuteurs. Ainsi, plusieurs fois par jour, James posait des questions à Scott, Alice, Fred, Roxanne et sa petite amie, Nancy, pour vérifier qu'il n'avait pas affaire à quelqu'un ayant pris leur apparence. Scott et Alice assimilaient la pratique à de la paranoïa et ces mesures d'usage commençaient à les agacer très sérieusement. D’ailleurs, Scott avait fini par lui jeter un rouleau de parchemin au visage lorsque James lui demanda pour la troisième fois de la journée quelles équipes s’affrontaient lors de la finale du Championnat de Quidditch de Grande Bretagne et d’Irlande qu’ils avaient vu ensemble. 


James s’était radouci depuis son explosion du samedi. Déjà, parce que malgré leurs sermons, ses amis lui avaient surtout témoigné qu’ils étaient inquiets pour lui, et il savait désormais qu’il ne devait pas porter tout le poids de leur protection, seul. Car après tout, c’est Alice, une fois de plus, qui avait protégé James. Et Albus, Fred, Scott et les autres étaient en train de rappliquer pour faire de même. Mais surtout, James avait fini par voir ses angoisses tempérées par le réveil de sa petite sœur, le dimanche matin. Lily avait été sevrée de Potion de Sommeil peu après la découverte du Polynectar, bien entendu, elle ne se souvenait pas de l'agression. Elle était encore vaseuse et se rappelait simplement qu'elle revenait vers la tour de Gryffondor après avoir fait un crochet par la bibliothèque. Elle avait été transférée à Sainte-Mangouste à son grand désespoir, mais les cicatrices n'étaient toujours pas refermées, et il faudrait plusieurs semaines pour y parvenir. James lui avait donc promis de lui écrire tous les deux jours, en alternance avec Albus, et s’était vu immensément soulagé de voir sa sœur lui sourire et lui parler de nouveau.


Pour ce qui était de l'enquête concernant l'agression de Lily, Harry avait expliqué à James que Greengrass ne souhaitait pas voir les Aurors interroger les Serpentard sur le Polynectar. Pour le Directeur de la Justice Magique, le coup avait été fait par un élève de Gryffondor. L’enquête était donc au point mort et Harry, Ron et Benjamin patrouillaient désormais dans l’espoir d’attraper quelqu’un sur le fait pour relancer l’enquête.


Néanmoins, alors que tout le monde parlait avec animation du festin du samedi suivant, pour célébrer le jour d’Halloween, la journée de James fut chamboulée par l'arrivée d'une Rose Weasley blafarde au déjeuner du mardi, dans la Grande Salle. Elle tendit un parchemin à Alice, qui dînait à côté de James et lui marmonna simplement : « pour lui ».


-Merlin ! J'avais oublié ... soupira James. 

-Quoi donc ? demanda Alice 

-La retenue pour la dispute avec Rose. Ce soir à vingt heures au bureau de Napier. 

-Génial ! Il va sûrement vous faire classer ses archives toute la nuit. Mais, du coup ? L'entraînement ? demanda Scott.


Il avait été acté que ce serait lui qui tiendrait la place de Lily aux entraînements, le temps de sa convalescence. Le garçon n’en avait pas trop jubilé. Après tout, le sort de Lily ne le prêtait pas à sourire, mais au fond de lui, il semblait ragaillardi. Les origines de la dispute avec James étaient donc bouclées. Et vu que Lily mettrait du temps à récupérer, il aurait sûrement le temps de jouer le match contre Serdaigle en décembre.


-On ne peut surtout pas décaler ! intervint Fred, j'ai réservé le terrain, le seul créneau de libre pour cette semaine, c’était samedi … Mais il y a la sortie à Pré-Au-lard …

-C'est pas grave, assura James. J'irai faire des manœuvres tout seul dans la semaine. Tu prendras l'entraînement, Fred ! Il faudrait continuer à voir la défense. On demandera à Jodie Stone de jouer avec l’équipe titulaire à ma place. Il vous faut aussi entraîner Fincher. Il a complètement raté son match contre Poufsouffle. Et toi, Scott, il te faudra insister sur les Cognards, on te mettra avec Thatch et Leach, je veux qu'ils t'artillent toute la séance pour que tu sois au point pour les éviter. A Serdaigle, ils ont Davies et Narsil qui avoinent pas mal. 

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Après avoir fait travailler d'arrache-pied ses élèves sur les sortilèges informulés, Harry leur présenta une nouvelle partie de son cours qui porterait sur l'Occlumancie. Malgré l'enquête, et l'état de Lily, Harry avait continué de maintenir un niveau d'exigence élevé dans son cours. 


-L'Occlumancie est une discipline magique consistant à bloquer son esprit des tentatives de pénétration extérieure, répondait Michael Walker lorsque Harry demanda ce qu'était l'Occlumancie. 

-Excellent Michael, c'est bien ça ! L'Occlumancie permet de fermer son esprit, ne pas permettre celui-ci d'être lu et contrôlé par une autre personne. C'est une discipline souvent difficile et éprouvante, qui est souvent couplée à la Légilimancie, qui permet, elle, de lire dans l'esprit d'un autre. A votre avis, en quoi peut-être utile l'Occlumancie, outre le fait de ne pas pouvoir être possédé par un mage noir ? Oui, Cynthia ? 

-Si l'on se bat en duel, tenta Cynthia Lowe, l'adversaire ne peut pas savoir quel sort on va lancer. 

-Bien sûr, Cynthia ! Oui, lors d'un duel, il est plutôt fâcheux de maîtriser les informulés, mais d'avoir affaire à un bon legilimens qui contrera vos sorts avec autant de facilité que si vous les prononcez. Vous verrez, que l'Occlumancie est très utile, et arrivé à un certain niveau, si vous cumulez aussi des qualités de legilimens, vous pourrez envoyer de fausses informations à votre adversaire. Bien sûr, l'apprentissage est long. Au Bureau des Aurors, ma génération d'aspirants n'a commencé à voir les résultats qu'au bout de plusieurs années. Mais on peut mettre ça sur le fait que la plupart d'entre nous n'avons jamais reçu un tel enseignement durant nos études à Poudlard. 


Les élèves lançaient désormais des regards inquiets à Harry Potter, pensant certainement que celui-ci allait essayer de pénétrer dans leur esprit pour les entraîner. 


-Pour commencer, reprit Harry, je vais vous demander de venir récupérer chacun une fiole. Bien que l'on ait plus de résultats en essayant de protéger ses secrets les plus enfouis, vous pouvez mettre vos souvenirs les plus, disons, personnels, dans ces flacons, les mettant à l'abri de toute intrusion. Il vous suffit de pointer votre baguette sur votre tempe, de prononcer la formule : Obstare memoria et de placer les filaments argentés dans la fiole. 


Il appliqua ce qu'il venait d'expliquer en déposant délicatement un filament argenté dans sa fiole, la plupart des élèves, l'air pensif, hésitèrent un moment, puis se mirent à extraire minutieusement certaines pensées pouvant être gênantes. 


-Ça devrait valoir le coup d'en récupérer certaines, murmura Scott à son ami, l'œil avide. 

-T'as mis quoi dans la fiole ? demanda James en voyant que celui-ci venait de refermer une fiole contenant la substance argentée. 


Mais l'écossais se contenta de sourire d'un air gêné, ses joues rougissant légèrement. 


-Je vais aussi essayer de ne pas vous classer en fonction des affinités, plus la personne vous est inconnue, plus vous serez enclin à résister. Vous êtes grands maintenant, ne me forcez pas à défaire les groupes habituels, lança-t-il en jetant un coup d'œil appuyé à James et Scott. 


James, instinctivement, se dirigea vers son camarade de Poufsouffle, Michael Walker, mais Scott fut plus rapide, et il fit équipe avec celui-ci. Tandis qu'Alice faisait équipe avec Joe Calhoun, et Nancy avec Mycroft Baines. Bientôt, tous les groupes étaient faits, et James constata avec dépit que seul un garçon à tête de fouine était seul. 


-James, Owen. Vous n'avez qu'à vous mettre ensemble, lança Harry en voyant les deux adolescents qui n'avaient pas trouvé de partenaires. 


James voulut crier à son père que c'était impossible, il ne pouvait pas faire équipe avec ce crétin, mais le sourire hypocrite d'Owen sembla convaincre Harry que c'était une bonne idée. Et les deux garçons se faisaient désormais face. Finnigan observait James avec une expression de sombre dégoût, certainement similaire à celle que James lui adressait. Harry passait dans les groupes et chuchotait des instructions à chaque élève. Selon Harry, Finnigan allait jeter un sort à James, ce sort lui permettrait de lire dans son esprit, et le garçon se maudit de ne pas avoir enfermé quelques-unes de ses pensées dans l'une des fioles. James devrait fermer son esprit en ne pensant plus à rien, où selon comme il préférait, en se concentrant sur un seul détail insignifiant tel son déjeuner de la veille. L'objectif était de forcer le partenaire à ne rien voir de ses pensées, où, s'il devait voir quelque chose, l'obliger à rester fixé sur une assiette de porridge. 


-Vous êtes prêts ? Les légilimens, c'est à vous ! Trois ... Deux ... 


Mais Finnigan, d'un superbe informulé, lança le sort sur James alors que Harry n'avait pas fini son décompte, prenant le garçon par surprise. Aussitôt, son champ de vision s'obscurcit pour laisser apparaître la vision du terrain de Quidditch. 


James volait sur son balai et s'outrait du fait que May Xiong ait pu tromper Fincher avec autant d'habileté ... 


Mais dans un éclair de lumière, comme si Finnigan venait de tourner la page du livre que représentait l'esprit de James, le décor changea. 


Désormais, James dans son salon, courait après le petit Albus qui venait de lui voler son balai-jouet …


 Nouvel éclair de lumière, et le décor changea aussitôt ... 


Dans le Poudlard Express, James, fier de lui, annonçait à Alice et Scott, émerveillés, qu'il avait été nommé Capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor ... 


-Des œufs brouillés, se mit à penser James avec force, concentrant tout son esprit sur cette image. Bien baveux, l'assiette en était remplie, je les observais avec avidité …


Alice serrait James dans ses bras, observant de plus près le badge rouge et or ... 


-Ils n'étaient pas assez salés, la salière se trouvait un peu à ma droite, j'entrepris d'y verser du sel, le goût était tellement meilleur ... 


James, commençait à résister, et Finnigan sembla le comprendre, puisqu'il fit de nouveau changer le décor ... 


Nancy venait à la rencontre de James, il était dans son lit de la tour de Gryffondor, ruminant ses idées noires après sa dispute avec Scott. Nancy s'installait désormais aux côtés de James dans le lit à baldaquins ... 


-La une du journal montrait Archibald Fawley, l'homme était de petite taille, très ridé, le menton bedonnant, sa carrure de joueur de Quidditch international avait été balayée par les nombreux banquets auxquels le vieil homme s'adonnait. Il avait de petits yeux bleus et un front bombé qui était accentué par la calvitie qui avait envahi tout le haut de son crâne. 


Cette fois, il avait résisté, s'attardant sur la description du Ministre de la Magie. Finnigan, qui s'était arrêté de lancer son sort, détaillait désormais James du regard avec hargne, avant même que le garçon n'ait pu reprendre son souffle, Finnigan lança de nouveau le sort permettant de lire dans les pensées. 


James fumait tranquillement une cigarette sur le perron du 12 Square Grimmaurd, l'air hagard, quand Alice le rejoignit, après une discussion profonde, la jeune fille colla sa tête contre l'épaule du garçon ... 


James se concentra de nouveau : 


-L'article dans le journal expliquait que Fawley avait lui-même classé l'affaire de l'antiquaire moldu assassiné comme un cambriolage ayant mal tourné. 


Mais Finnigan insista de plus belle, et continuait d'essayer d'ouvrir d'autres pages de l'esprit de James : 


Il était plus de minuit dans ce pub Moldu, James et Alice dansaient, enlacés l'un dans l'autre, pendant que Scott les observaient d'un air rieur, et que Nancy Frobisher sortait de sa discussion avec Albus pour leur lancer des regards furieux. 


-C'est dingue, lui-même ne se souvenait pas de ce soir-là, comment était ce possible ? Non ! Fawley détaillait d'autres mesures, pour protéger les sorciers, Finch-Fletchley était assigné à résidence et Poudlard était étroitement surveillée ... 


James continuait de danser avec Alice, celle-ci, les joues rouges, et le regard niais, gloussait de joie, chaque fois que le piètre danseur qu'était James manquait de lui marcher sur les pieds. 


James ne tint plus, Finnigan ne pouvait pas décemment observer tous les souvenirs de beuverie que James lui-même avait oubliés. 


-A QUOI TU JOUES FINNIGAN ? hurla James. 


Dans sa réaction, il ne se rendit pas compte qu'il avait jeté un Maléfice cuisant au garçon à la tête de fouine. Sa joue commençait à enfler sérieusement, et l'on distinguait à peine le visage furieux de Finnigan qui serrait les dents. 


-Tu veux voir si ta petite amie est digne de confiance ? demanda James, hargneux. Moi qui croyais que tu avais une si haute opinion de toi. 

-C'en est trop, Potter ! tonna Finnigan en pointant sa baguette d'un air menaçant. 


Aussitôt, James fut frappé par un gigantesque poing invisible au creux de la poitrine. Surpris, James, suffoquant sous le coup du choc, contra : 


-Locomotor Mortis ! 


Mais le Maléfice de Bloque James fut contré par Finnigan qui lança un sortilège de Furonculose que James ne put contrer, il sentit donc sa peau le picoter avec intensité, et il voyait sur ses mains apparaître d'immenses furoncles verdâtres. 


-STOOOOOOOOOOOOP ! vociféra la voix en sanglots d'Alice, qui vint s'interposer au milieu du duel, l'expression horrifiée. 


James, fou de rage, sommait à Alice de s'éloigner, souhaitant en finir avec l'horrible garçon à tête de fouine, mais sa colère fut stoppée par le regard furieux que lui jeta Harry.


-Michael ? demanda-t-il à l'adresse du Préfet-En-Chef de Poufsouffle. Veux-tu accompagner ces deux idiots à l'infirmerie ? 


Il montra d'un air dépité le visage enflé et brûlé de Finnigan, et James, qui n'avait pas vu à quoi ressemblait son visage, se doutait que celui-ci était désormais repoussant, recouvert de furoncles verdâtres. 


-James, Owen, reprit-il à l'adresse des deux Gryffondor. Vous serez tous les deux en retenue et j’enlève vingt points à la Maison Gryffondor. 


Et il annonça au reste de ses élèves que le cours continuait. 

-Quelle perfidie, Finnigan ! Vouloir espionner ta petite amie à travers mes yeux à moi. Toi qui veux te donner tant de manières, tu devrais avoir honte, crachait James, sur le chemin de l'infirmerie. 

-Ne pas savoir utiliser les Informulés, ne pas être capable de fermer son esprit et de contrôler ses émotions, tu veux toujours devenir Auror, Potter ? 

-Je n'ai peut-être pas envie de ressembler à mon père. Figure-toi que j'ai une personnalité, MOI ! 

-Arrêtez avec vos imbécilités, ordonna Michael, qui les accompagnait à l'infirmerie. 

-Pourquoi ce stage avec eux, alors ? demanda Finnigan. 

-Tu ne l'as pas demandé ? Peut-être qu'ils t'ont trouvé trop crétin, trop lâche, pour t'accepter. 


De nouveau, Owen pointa sa baguette sur James d'un air menaçant, mais Michael Walker fut plus rapide, et en un éclair, il désarma le garçon à la tête de fouine qui observait le Préfet-En-Chef d'un air furieux. 


-Comment oses-tu, Walker ? 

-J'en ai assez de vos gamineries, les gars. C'est chez Everett que je risque de vous emmener. 


Ce soir-là, James monta directement dans sa Salle Commune, après que Mr Carset lui ait enlevé ses furoncles et passé un savon. Scott était venu lui tenir compagnie. Il ne voulait parler à personne d'autre de son duel avec Finnigan. Selon Scott, Alice pensait que James avait poussé le garçon à bout, et en voulait énormément à son meilleur ami. Toujours est-il, qu'il resta avachi sur son fauteuil de la Salle Commune, devant attendre vingt heures pour filer en retenue, il ne daigna pas participer aux conversations lorsque Fred et Roxanne le rejoignirent. Se contentant de rester concentré sur son devoir de Métamorphoses (personne ne sembla d'ailleurs trouver suspect qu'il fasse ses devoirs avec une semaine d’avance), il ne daigna pas répondre aux questions de ses cousins sur son altercation avec le garçon à tête de fouine. Quand Alice remonta, peu avant le couvre-feu, celle-ci paraissait toujours décidée à faire la tête à James, l'ignorant complètement, elle s'assit à même le sol, en gardant ses distances, et discuta avec entrain des cours avec Roxanne Weasley. 


Owen Finnigan n'était toujours pas revenu dans la salle commune, ils ne s'étaient pas recroisés avec James depuis leur duel. Désormais, James avait compris qu'une nouvelle étape avait été franchie dans leur haine commune. Ils ne se contenteraient plus de s'ignorer désormais. Et James devait donc rester sur ses gardes, le courage n'étant pas la qualité première du garçon, il prévoyait donc de recevoir nombre de coups bas venant de la fouine. Quand Finnigan rentra, Alice entreprit d'aller à sa rencontre, mais celui-ci sembla envoyer paître sa petite amie et se contenta d'aller se coucher en lançant un regard mauvais à James, qui l'observait d'un air narquois, depuis son fauteuil. Puis, ce fut l'heure pour James de se rendre en retenue, Rose Weasley, en retenue avec lui, était aussi dans la Salle Commune, il lui fit un signe pour savoir si elle le suivait. Celle-ci lui fit signe sèchement des lèvres : « Pars devant », et James descendit donc au bureau de Napier. Rose arriva peu de temps après-lui. 


-Vous n'êtes pas ponctuels, jeunes gens ! fit remarquer le concierge irascible.

-D'solé, marmonna James. 

-Peu importe, vous finirez plus tard que prévu, suivez-moi ! 

-Mr Napier ? demanda Rose, où nous emmenez-vous ? Alors qu'ils descendaient le Grand escalier et avaient déjà dépassé l'infirmerie, la salle des trophées, le genre d'endroits que Napier aimait faire récurer en retenue. 

-C'est Mr Hagrid qui a besoin de vous. Il lui faut disperser du fumier de dragon dans les nids de Botruc pour qu'ils prennent leurs réserves pour l'hiver. J’espère qu’il vous fera travailler sans gants ! 


Et James fut soulagé, passer cette soirée en compagnie de Hagrid, malgré la tâche peu ragoutante était chose rêvée pour qui voulait s'aérer l'esprit comme lui. Le demi-géant les attendait d’ailleurs à l’entrée de sa cabane, son molosse, Duracuir à ses pieds, et son arbalète, en bandoulière, dans son dos.


-C’est de la mauvaise graine que je vous emmène là, annonça le concierge au garde-chasse.

-Oh pour James, je ne dirais pas vraiment le contraire. Mais Rose, tout de même, qu’est-ce qu’il t’est passé par la tête ?


Rose n’avait pas adressé un seul regard à son cousin tandis qu’ils se dirigeaient vers la cabane du garde-chasse. Elle ne répondit même pas à la question de Hagrid, celui-ci était interloqué de voir une élève modèle comme Rose, en retenue. Lorsque le concierge prit congé, il marmonna un “peau de vache”, avant de s’équiper d’un lampion.


-On a plusieurs nids à remplir, expliqua-t-il. James ? Tu peux pousser le chariot ?


James hocha la tête, Hagrid avait rempli un petit triporteur de fumier de dragon, l’odeur était nauséabonde, et l’aîné des Potter ne s’imagina pas pousser à la Moldue sur une longue distance, une telle cargaison. Il pointa donc sa baguette vers celui-ci et s’affaira à le faire avancer, mais le rythme qu’il imprima au triporteur était beaucoup trop intense. Et celui-ci commença à s’affaisser. Jusqu'à ce que Rose, dans un soupir, et d’un revers négligent de baguette, prit le contrôle et le stabilisa parfaitement.


-Ah, merci … Rose …

-Pourquoi prends-tu cette arbalète ? demanda-t-elle à l’ami de la famille.

-Oh, expliqua Hagrid. Les centaures, bien sûr. Fawley leur a de nouveau supprimé l’accès aux terres que Kingsley leur avait donné. Ils sont assez remontés …

-C’est vrai que je ne les ai pas vus, cette année, remarqua James.


Il est vrai que cette année, il ne s’était pas encore aventuré profondément dans la Forêt, mais il s’était habitué à voir les centaures ruer juste à l’orée du bois, et ce, jusqu’à l’année précédente. La plupart ne calculaient jamais les élèves, d’autres se contentaient de les saluer d’un bref signe de tête, mais l’un d’entre eux, Firenze, aimait bien discuter avec les élèves qu’il croisait. Il avait d’ailleurs raconté à James qu’il avait enseigné à Poudlard et qu’il s’était lié d’amitié avec son père dès sa première année.


-De vrais furieux, continua d’expliquer Hagrid. Ils bondissent au moindre bruit. D’où la nécessité de prendre certaines précautions.


Ils avaient déjà visité une dizaine de nids quand ils s’enfoncèrent plus profondément. Le sentier était même jonché de ronces, rendant la progression du chariot assez difficile. C’est quand Hagrid leur indiqua, un nid, droit devant eux, que sa main tendue dans la direction, fut frôlée par une flèche qui vint se planter dans le tronc d’un tilleul.


D’un même geste, Rose et James pointèrent leurs baguettes, Hagrid arma son arbalète et visa en direction de là où était arrivée la flèche.


-BANE ! rugit-il. Ce n’est que moi !


Un centaure à robe noire, assortie à ses cheveux et barbes hirsutes surgit des ombres, talonné par deux autres, un, massif, aux cheveux frisés et à la barbe rousse et un autre à la robe claire, imberbe et aux longs cheveux blonds.


-Hagrid, je suis navré, s’excusa le centaure sombre. Nous croyions que c’étaient des intrus …

-Bane ! Tu m’as frôlé ce coup-ci, marmonna le garde-chasse. Qui d’autre voulez-vous donc que ce soit ?

-Des humains s’aventurent dans notre territoire, cracha Magorian. A croire que ce qu’ils nous ont enlevé, n’est pas assez.

-Des humains ? interrogea James. Nous ne sommes pas encore venus si loin dans la Forêt … Cette année …Enfin, pas moi, Scott, Alice et Fred …


Firenze sourit à l’allusion de James. Il n’était pas rare qu’il ne trouve James et ses amis en excursion.


-Ce n’était pas la même manière d’explorer que vous, James Potter, répondit Firenze avec un haussement d’épaule. Ils ne sont pas très respectueux. L’un d’entre eux jetait des sortilèges sur les arbres.


Il montra un chêne avec l’écorce saillante, comme si elle avait subi plusieurs sortilèges de Découpe.


-Nous n’avons pas réussi à les prendre sur le fait, reprit le centaure blond. Nous constatons juste les dégâts après leur passage. C’est pour cela que nous sommes particulièrement vigilants, la nuit, aux abords de nos terres.

-On voit bien Vénus ce soir, murmura alors Magorian les yeux rivés vers le ciel.

Bane et Firenze firent de même, tandis que Hagrid dodelinait de la tête en voyant les centaures contempler les étoiles à travers la cime des arbres. Firenze sembla sortir de sa transe le premier, il s’avança vers James, et lui dit à voix basse : 

-James Potter, j’ai entendu vos cris samedi matin …

-Mes cris ? demanda James. Vous voulez dire, mon altercation ?


Tandis que Hagrid l’observait d’un regard interrogatif, Rose soupirait d’un air dépité.


-Vous êtes un garçon courageux, James Potter. Mais votre entêtement vous mènera à courir droit sur l’ombre qui flotte autour de vous.

-Firenze ! grogna Bane. Nous avons déjà eu cette discussion sur les savoirs de notre peuple ! Les humains ne doivent pas avoir accès à ce que les astres nous enseignent, et si tel est le destin de ce garçon, ce n’est pas à nous de nous couper de celui-ci.

-Que savons-nous des astres, hormis le fait que jamais, nous ne devons acquérir la certitude que le destin est figé ?

 

Et les centaures se replongèrent les yeux dans les étoiles, tandis que Hagrid prit congé, pour aller achalander du fumier sur les derniers nids de Botruc. Il revint à hauteur des centaures et de James et Rose, les quadrupèdes n’avaient pas quitté le ciel étoilé des yeux.


-Bien, je pense que nous avons fait le tour. James, Rose ? Je vais vous ramener au château !

-Vous avez dit “Rose” ? demanda précipitamment Bane, ses yeux sombres rivés sur l’aînée des Weasley-Granger.

-Oui, voici Rose Weasley ! La cousine de James !

-Vous êtes donc la fille de la Dame Clémente ! s’exclama Bane, un demi-sourire se dessinant sur son visage aux traits rustres.

-Votre mère est une sainte personne, Rose Weasley, ajouta Firenze. Elle a toujours traité notre peuple avec respect et compassion. C’est bien différent, depuis qu’elle n’a plus de fonctions au sein du département des Créatures Magiques …

-Merci, leur murmura Rose, gênée, mais elle fut coupée par Hagrid qui leur signifiait la nécessité de retourner au château.


Il raccompagna ensuite James et Rose jusqu’à la porte d’entrée de l’école. L’aîné des Potter restait fixé sur la remarque de Firenze sur son entêtement et le fait qu’il coure vers l’ombre qui plane autour de lui. Était-ce un message caché ? Avait-il ressenti le mal qu’il avait fait à ses proches en prenant des risques inconsidérés, et à Rose en l’agressant verbalement dans la Grande Salle ? Peut-être devait-il prendre exemple sur Albus. Lui qui était toujours calme, réfléchi et de bon conseil. Il eut alors une idée.


-Rosie ? appela James.


Mais celle-ci accéléra le pas, comme pour semer James.


-Tu crois que je dois faire attention à mon entêtement ? Comme m’a dit le centaure ?

-Oui ! répondit sèchement Rose en accélérant.

-Hé ! Attends ! Rose ! Tu vas enfin m’expliquer ce qui ne va pas ?

-Je croyais que tu le savais, rétorqua Rose, toujours aussi sèchement. Tu en as même fait l’étalage dans la Grande Salle.

-Rosie ! Tu n’imagines même pas l’état dans lequel j’étais. Il y a toutes ces histoires sordides avec Shafiq, puis Lily surtout …

-Et tu crois que NOUS, on n’a pas eu mal de voir Lily comme ça, James ? Tu crois qu’il n’y a que toi qui ressens des émotions ?

-Tu … Je … Mais, toi, c’est pas Lily, c’est … bafouilla James.

-Tu ne comprends rien, James.

Et l’aînée des Weasley-Granger se laissa tomber, assise sur une marche du hall d’entrée, et se mit à sangloter.


-Alors, aides-moi à comprendre, murmura James. Firenze a raison, je suis trop entêté, trop furieux. Retournons à la salle commune, et tu m’expliques, d’accord ? Parce que Napier risque de rappliquer …


Rose hésita un instant, observant son cousin dans les yeux, les siens, embués de larmes, puis, elle hocha la tête en signe d’approbation, se releva lentement, et ils montèrent ensemble jusqu’à la tour de Gryffondor.


-Racontes-moi, Rose, c’est Scorpius, c’est ça ?

Rose prit une profonde inspiration, elle ferma les yeux, comme pour se donner de la force d’entamer son récit, puis elle expliqua :


-Tu ne comprendrais pas … Tu m’en voudrais de me prendre autant la tête pour ça … Et tu t’énerverais sans doute !

-Tu es triste, Rose. Et chaque fois que je vois tes yeux embués de larmes, je souhaite ardemment revenir au temps où il me suffisait d’imiter Albus en train de brailler pour te faire sourire …


Rose sourit à l’évocation de son souvenir. Albus pleurait souvent quand il était petit. Au moindre bobo, la moindre contrariété, la moindre représaille à une blague, Albus courait voir Grand-Mère Molly pour se plaindre de son frère ou de ses cousins. Mais Albus avait bien changé. Il avait pris l’habitude de combattre ses contrariétés en parlant de ce ton faussement dégagé, avec une voix dure, qui ne lui ressemblait pas et de laquelle émanait calme et force intérieure.



-Tu m’as déçue, James. Je ne dis pas souvent ce genre de choses, le positif, tu vois … Mais je t’ai toujours respecté. Tu es courageux, noble, protecteur. J’étais heureuse de savoir que tu étais là pour couvrir nos arrières pendant nos premières années.

-Tu te souviens quand Dalglish de Poufsouffle t’avait traitée de “rat de bibliothèque” ? ricana James.

-Oui, ricana Rose. Tu avais transformé ses toasts du matin en une nuée de rats de toutes les couleurs ! Il était effrayé. Un lui est même rentré dans la robe ! Même si on a des tempéraments différents, je t’ai toujours trouvé digne de confiance et rassurant. Mais ces derniers temps, tu me fais vraiment peur …

-Je me fais peur à moi aussi, Rosie, confessa-t-il, sincère. Je me sens comme une bombe prête à exploser. J’arrive à partir dans des situations inconsidérément risquées pour peu que je sois en colère, ou apeuré. Je blesse les gens que j’aime, parce que je deviens paranoïaque, nerveux, avec une fichue envie de tout contrôler …

-Tu n’as jamais apprécié Scorpius …

-C’est vrai, reconnut James. Je lui trouve beaucoup de défauts …

-Il se les ait créés, coupa Rose. Il n’a pas toujours été comme aujourd’hui. Solitaire, acariâtre, renfermé, paranoïaque …

-Je ne l’ai jamais vraiment connu, avoua James. Mais il jetait des sorts à des cinquième année alors qu’il venait d’arriver à Poudlard !

-Il se défendait. Ni les Sang-Pur, ni les Résistants n’aimaient les Malefoy. Il était harcelé, agressé dans les couloirs. Ses premiers mois à Poudlard étaient un enfer. C’est pour ça qu’il s’est mis à répliquer férocement.

-J’imagine, admit James. Mais a-t-il fait les choses qu’il fallait pour s’intégrer ?

-Il n’avait pas à être hypocrite ! Il voulait juste qu’on lui fiche la paix.

-Peut-être … Mais, toi, dans tout ça ? Que peux-tu bien y faire ?

-Rien, et c’est bien ça le problème, expliqua Rose d’une voix blanche. Scorpius s’est coupé de toutes relations avec moi et Albus en deuxième année. Il s’est coupé de toute vie sociale, sans doute qu’il n’arrivait plus à comprendre que d’autres étudiants pouvaient l’apprécier, alors que toute l’école se moquait de lui et le harcelait. 

-Et c’est juste ça, qui te rend triste, Rose ? Tu n’as pas développé un attachement particulier ? Tu sais, le côté mystérieux, ça intrigue toujours les jeunes filles … avança James d’un ton faussement dégagé.

-Arrêtes avec ça, James ! Tu dis des bêtises en plus. Non, ce n’est pas ce qui m’inquiète chez Scorpius.

-Quoi donc ?

-James, jure-moi, que tu ne tenteras rien …

-Tenter quoi ?

-Scorpius en a assez d’être une victime, rejetée et mal aimée. Je l’ai d’abord trouvé en train de pleurer, dans les toilettes du deuxième étage. Il en a assez d’être maltraité, insulté et raillé. Il veut qu’on le juge autrement que comme le fils de Drago Malefoy. Mais, il n’est pas mauvais … C’est quelqu’un de bon, à qui on a fait subir de mauvaises choses. C’est ça qui me bouleverse, James, parce que j’ai l’impression qu’il est en train de sombrer du mauvais côté, à cause de tout ce qu’il a subi.

-Je suis désolé, Rosie … murmura James. J’ai moi même parfois exagéré les railleries sur Malefoy.

-C’était un effet de groupe. Toute l’école a participé à son harcèlement.

-Et que crois-tu qu’il compte faire ?

-Je l’ai trouvé au septième étage alors qu’une fille de quatrième année avait reçu un sort de Furonculose et s’était faite insulter de Sang-de-Bourbe. C’était lui l’auteur du méfait. Je suis allé le voir, et la conversation s’est envenimée. Il m’a expliqué qu’il avait encore une fois réagi à une insulte, et que bientôt, on cesserait de se moquer de lui, si le monde voulait le voir comme un monstre, il embrasserait pleinement ce rôle … James ! je le croise parfois avec Leroy Flint et ses amis ! J’ai l’impression qu’il est en train d’intégrer leur groupe !

-C’est pour ça que je t’ai vu discuter avec lui plusieurs fois dans des salles de classe vides …

-Oui, murmura Rose. Mais il ne veut pas se justifier auprès de moi. Je sais juste qu’il a son existence en horreur. Et il pense pouvoir faire ses preuves ainsi ...

-Tu as fait ce que tu as pu, pour le maintenir dans le droit chemin, Rosie. Tu n’as rien à te reprocher. Il est désormais libre de ses choix …

-Tu ne vas rien faire, James ? Tu ne vas pas l’attaquer comme tu as attaqué les autres ?

-Où était-il le soir de l’agression de Lily ? demanda-t-il en guise de réponse, n’étant pas sûr de pouvoir répondre sincèrement à Rose sans avoir cet élément.

-Il était en retenue avec Neville. Il n’avait pas fait son devoir de botanique.

-Dans ce cas, je n’ai pas de griefs particuliers, hormis sa tentation de la magie noire. Mais je garderai un oeil sur lui, Rose. Je ne te le cache pas. Et au moindre faux-pas …

 

Rosie était restée silencieuse à la réflexion de James. Elle semblait plus sereine depuis qu’elle s’était confiée à lui. Et après que celui-ci lui ait témoigné sa reconnaissance de lui avoir fait confiance et qu’il ne tenterait rien contre Malefoy pour l’instant, hormis de le surveiller avec plus d’insistance, ils allèrent chacun se coucher dans leurs dortoirs respectifs. James ne trouva pas le sommeil immédiatement, malgré l’heure tardive. L’esprit embrouillé par le récit de Rose qui lui avait plutôt fait ressentir de la pitié envers le jeune garçon rejeté.

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