James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 25 : La roue de la vengeance

5876 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/02/2024 15:10

-James ?

 

C’était la voix de Howard Thatch,l’un des Batteurs de Gryffondor, il se dirigeait vers lui dans la Grande Salle, un parchemin enroulé dans la main.

 

-On m’a dit de te donner ça, expliqua-t-il.

 

James ouvrit le parchemin sous l'œil inquisiteur de Nancy qui déjeunait avec lui. James était encore l’esprit brouillé par ses pensées. La remarque du centaure, Rose qui s’inquiétait pour Scorpius Malefoy. Il n’en avait fait part à personne d’autre encore. Et il se demandait s’il allait le faire.

 

Scorpius Malefoy sombrait dans les ténèbres probablement à cause de ceux qui étaient persuadés qu’il était vil depuis sa première année et ne lui ont jamais laissé une chance de s’intégrer. Il ne semblait pas encore franchi totalement le cap. James ne l’avait jamais vu en compagnie du groupe de Flint sur la Carte du Maraudeur, ce qui voulait dire qu’il y avait encore une chance qu’il reste neutre. Quant au tempérament de James, souligné comme étant dangereux pour lui, par Firenze. James s’était décidé à essayer de minimiser ses émotions dans sa prise de décisions, mais la lecture du parchemin le sortit de ses pensées.

 

-C’est le Professeur Everett, expliqua-t-il à Nancy. Il a su que j’avais encore été mis en retenue, et il veut me voir …

-Tu vas encore prendre un savon, James ! 

-C’est pour ça que je me passerai du tien … coupa l’aîné des Potter.

 

Mais une autre idée lui vint subitement en tête.

 

-Attends, viens avec moi, il faut qu’on trouve Walker.

 

Celui-ci déjeunait avec ses amis de Poufsouffle. Il sourit paisiblement lorsque James, suivi de Nancy, s'approchèrent de sa position.

 

-Alors, James ? Tu t’es calmé depuis hier ?

 

Il faisait allusion à son altercation avec Finnigan, Alice s’était éloignée de lui suite à l’incident, mais visiblement, elle s’était aussi éloignée de Finnigan. La veille au soir, et ce matin-là, elle était restée en compagnie de Roxanne et Jodie Stone, jetant de temps en temps des coups d'œil dépités en direction de James.

 

-Ouais, ça va … marmonna James. Mike ? J’aurais besoin d’un service.

-Tout ce que tu voudras, l’ami ! 

 

Et il s’approcha vers lui pour être seul à entendre ce qu’il lui disait.

 

-Voilà, je suis convoqué chez Everett en fin d’après-midi. Et j’aurais besoin de me retrouver seul un moment dans son bureau …

-Seul dans le bureau du Directeur ? Tu es sérieux, James ?

-ça peut avoir un rapport avec les Serpentard, expliqua James. J’aurais besoin de parler à l’un des portraits du Bureau.

-Rien d’autre ? s’assura Michael, tu ne vas rien voler ou dégrader ?

-Non ! affirma James, j’aurais juste besoin que tu viennes le chercher en prétextant qu’il y a un problème. Tiens, tu peux par exemple donner des Nougats Néansang à quelqu’un !

 

Il tendit à Walker un paquet de bonbons de la boutique de l’oncle George.

 

-Ok, approuva Walker. Tu me fais signe quand je dois me tenir prêt ?

 

Nancy et lui retournèrent à leur place dans la Grande Salle, Scott était arrivé, tandis qu’Albus déjeunait un peu plus loin avec Orlane Boot et Rose. Celle-ci adressa un sourire gêné à James, avant de se replonger dans la conversation avec ses deux camarades.

 

-Que veux-tu encore fouiner ? demanda Nancy.

-J’ai vu Severus Rogue hors de son tableau, plusieurs fois. J’ai l’impression qu’il espionnait les Serpentard. Je veux savoir ce qu’il manigance …

-Tu crois qu’il va te le dire ? intervint Scott la bouche pleine d’oeufs brouillés.

-Je sais pas, avoua James. Mais ça ne coûte rien d’essayer, non ?

 

________________

   

   Alice s’était installée à côté de James au cours de Métamorphose, elle semblait avoir toujours la dent dure pour son altercation de la veille avec Finnigan, mais elle s’était radoucie quand James lui avait raconté sa rencontre avec les centaures, et surtout, qu’ils lui avaient expliqué que de jeunes sorciers venaient saccager la forêt. L’aînée des Londubat ne voyait pas vraiment ce que signifiait ceci.

 

   -Tu as demandé à Rose, ce qu’elle en pensait ?

 

   James hésita. Devait-il lui parler de ce que Rose lui avait dit sur Scorpius ? Lui faisant momentanément oublier l’épisode des centaures. Alice était loyale. Elle savait garder un secret, elle n’avait pas le tempérament de feu de Nancy, et elle pourrait lui donner un avis sur la situation, sans le sermonner sur le comportement que lui et d’autres eurent envers le jeune Malefoy, et sans non plus vouloir sauter à la gorge du mage noir en herbe.

 

   -En fait, Rose m’a surtout parlé d’autre chose. Tu vois, son histoire avec Scorpius Malefoy ?

 

   James raconta donc à sa meilleure amie ce que Rose lui avait dit. Le fait que Malefoy méprise ce qu’il était, et qu’il avait des hésitations à rejoindre les hommes en blanc.

 

   -Il ne faut pas laisser Malefoy entrer dans leur groupe, trancha fermement Alice. Tu as vu ce que Mulciber était capable de faire depuis ? Il a failli te jeter un Doloris, et ces sorts de flammes violette ! Iil était incapable de les jeter auparavant. Alors, imagine un sorcier comme Malefoy. Ce ne serait pas tenable !

   -Je n’avais pas vu les choses sur ce point là, avoua James. Que penses-tu qu’il faudrait faire ? Il faudrait aller le voir ?

   -Non, pas toi. Il te déteste, James … Il n’aime pas grand monde dans notre groupe. Rose n’a aucune idée ?

   -Il semble qu’elle ait essayé de le convaincre du contraire … Il a l’air d’avoir peur …

   -Alors parles en à Albus, ordonna Alice.

________________


Le bureau du Directeur de Poudlard n’avait pas changé depuis l’année précédente. Une immense pièce, à haut plafond, entourée de bibliothèques et d’étagères accueillant des reliques de Poudlard, telles le Choixpeau, l’épée de Gryffondor où des écrits des Fondateurs. Everett avait également disposé, ça et là, sur des consoles, des instruments dont James ignorait l’utilité et qui semblaient particulièrement précieux et complexes. Les murs étaient recouverts de tableaux d'anciens directeurs qui somnolaient. Severus Rogue dormait, le visage fermé, sur un tableau situé à côté de celui d’Albus Dumbledore. Juste dans le dos du fauteuil de l'actuel occupant des lieux.


-Tu as pris deux retenues depuis une semaine, James …

 

Le Professeur Everett l’observait de l’autre côté de son bureau, situé au centre de la pièce. Les mains jointes, et ses yeux sombres lançant des coups d'œil anxieux à l’élève de Gryffondor. Il continua :

 

-Le Professeur Pritchard m’a également fait l’aveu d’avoir été témoin d’une scène bien étrange … 

-Juste un entraînement aux Sortilèges ! coupa James en reprenant le mensonge de Flint.

-J’ai du mal à croire que vous réussirez un jour à vous entraîner paisiblement avec le groupe de Mr Flint …

-C’est pourtant le cas, affirma James.

-J’ai plutôt l’impression, James, que l’agression de votre sœur vous a, à juste titre, perturbé …

-C’est peut-être le cas, admit James.

-Je le comprends … souffla le Professeur Everett en se levant de son fauteuil.

 

   Mais au même moment, quelqu’un tambourina à la porte. Quand Everett lui indiqua d’entrer, Michael Walker fit son apparition en ajoutant, tout essouflé.

 

   -Professeur Everett ! Je suis désolé de vous déranger, May Xiong a malencontreusement pris une étrange dragée, elle n’arrête pas de saigner … Elle est juste dans le couloir voisin, pouvez-vous l’aider ?

 

   Interloqué, Everett se leva de son fauteuil et se dirigea vers Walker, non sans intimer à James d’attendre qu’il soit revenu. Ils se retirèrent du bureau, et aussitôt, James bondit de sa chaise et se posta devant le tableau de Rogue, juste derrière le bureau du directeur.

 

   -Professeur Rogue ?

   

   Mais le Serpentard au teint cireux continuait de dormir. Une voix retentit alors, traînante et lasse :

 

   -Ces Potter, ils n’ont vraiment aucun respect pour le repos des anciens.

 

   Le cadre indiquait le nom de Phineas Nigellus Black, sa barbe noire impeccablement taillée, James connaissait bien le portrait de l’ancêtre de la famille Black. Celui-ci était également affiché dans le bureau de Harry au 12 Square Grimmaurd, l’ancien Directeur se montrait particulièrement outré dès que James où Albus venaient fouiller le bureau de leur père et n’hésitait pas à les réprimander vertement.

 

   -Professeur Rogue ? répéta James, tandis qu’il dormait.

   -ROGUE ! Bon sang, ce jeune homme vous appelle, réveillez-vous ! rajouta l’effigie d’un vieillard rougeot équipé d’un cornet acoustique.

   -Nous sommes au service du Directeur de Poudlard, rappela Black. Nous n’avons pas à nous éveiller pour un petit malotru.

   -James n’est pas malotru, tempéra l’effigie d’Albus Dumbledore, ses yeux pétillants de malice. Il est juste un peu plus curieux que la moyenne.

   

   D’autres anciens Directeurs, tels un certain Armando Dippet prirent la défense de Rogue. D’autres, comme Jacobus Shafiq, l’ancêtre du mage noir, protestaient pour que Rogue se réveille et que cesse ce vacarme. Mais bientôt, Rogue ouvrit les yeux, visiblement agacé. Il observait James de ses yeux noirs et mauvais. Ce même regard qu’il lui adressait à chaque fois qu’il le voyait se promener dans Poudlard.

 

   -Potter ! C’est à moi, que vous souhaitez parler ?

   -Professeur, je voulais simplement vous poser une question. Je vous ai vu plusieurs fois hors de votre portrait. Alors, je me demandais si vous n’aviez pas vu quelque chose d’étrange? Notamment, depuis que Lily a été attaquée …

   -Quelque chose d’étrange, répéta Rogue narquoisement. Figurez-vous qu’ici, à Poudlard, nous ne manquons pas de choses étranges. 

   -Severus, interpella Albus Dumbledore, je pense que James a simplement besoin d’être rassuré quant à ce qu’il est arrivé à sa soeur.

   -Je n’ai rien vu, Potter. Pas plus que je n’ai constaté une quelconque anomalie du côté des Serpentard à qui vous voulez faire payer à tout prix …

   -Donc c’est eux que vous surveillez ? demanda James, intrigué.

   

   Mais Rogue jeta un regard dédaigneux à l’aîné des Potter, il lui tourna le dos et disparut de son cadre. Tandis que Dumbledore l’observait d’un air désolé.

 

   -Severus est un peu brut de décoffrage, James.

   -Je trouve qu’il a entièrement raison, il n’a aucun compte à rendre à un morveux, marmonna Black. Et puis cette aversion de la maison Serpentard est intolérable !

   -Professeur ? Vous savez ce qu’il manigance ? Il suit les Serpentard ! Pourquoi ? Que manigancent-ils ?

   -James, Severus n’apprécie que très peu, de vous voir vous acharner sur un groupe de Serpentard, qui, sur cette affaire, est visiblement innocent. Tâches de ne pas parvenir à des conclusions trop hâtives …

   -Et le Polynectar alors ? Mais vous savez ce que les Serpentard manigancent ?

   -Tu sais, James, nous n’avons pas accès à toutes les parties du château. Et du Polynectar peut avoir bien des utilités …

   -Alors où vont-ils ?

   -Je l’ignore, James. Mais il existe bien des endroits à Poudlard qui me permettaient d’avoir les pensées plus claires. Il y a un couloir au septième étage, avec une horrible tapisserie d’un danseur classique enseignant à des trolls ! J’aimais beaucoup faire les cent pas en cherchant ce qu’il me manquait pour réussir ce que je souhaitais entreprendre. 

 

   James ne comprenait pas pourquoi le vénérable Directeur abordait le sujet de la tapisserie de Barnabas le Follet, il est vrai que Pucey et Wilkes se postaient souvent ici, sans Flint, Nott et Mulciber. Mais James ne voyait pas en quoi faire les cent pas l’aiderait un peu mieux. Dumbledore avait vraiment des habitudes étranges.

 

   Mais il fut bientôt coupé par des bruits de pas venant de l’escalier. Le Professeur Everett refit surface dans son bureau, une main sur les côtes. 

 

   -Je suis désolé, James, marmonna le Directeur. Ces pastilles de votre oncle sont un véritable cauchemar, même quand on a l’habitude du contresort …

 

   James essaya de ne pas croiser son regard qui semblait le détailler aux rayons X. Il marmonna un vague grognement d’approbation, avant que le Directeur ne reprenne son discours :

 

   -Je te disais, que je m’inquiétais pour toi, James. Je te sens à cran. Obnubilé par ce qui est arrivé à ta sœur, désireux de trouver un coupable et de lui faire payer. Alors, je me suis dit qu’il fallait que je te parle de quelque chose …

 

Toujours debout à côté de son fauteuil, il observa un instant loin devant lui, puis soupira. Il regardait toujours James avec appréhension, du haut de sa haute silhouette massive, vêtue d’une robe beige avec des motifs d’Augurey bruns. Tout en faisant les cent pas, de l’autre côté du bureau, il recommença à parler, d’une voix grave, et assez dure :

 

-J’ai deux filles. Bethany et Shandra. Mon épouse est une Moldue. Lorsque Tu-Sais-Qui, est revenu au pouvoir, elles avaient une vingtaine d’années. Leur statut de sang en faisait des cibles prioritaires pour le pouvoir de l’époque. Bethany, a intégré un réseau de résistance, et une de leurs opérations de sauvetage de prisonniers a été un échec. Bethany s’est faite attraper. Elle a subi les pires sévices qu’un être humain puisse endurer … Plus que des maléfices, il l'a meurtrie dans sa dignité… Et de façon irréversible …

 

James était immensément compatissant pour son Directeur, c’était un homme bon, préoccupé par le bien être de tous ses élèves. Il savait que le Professeur Everett avait défendu la ville Moldue où il vivait pendant la guerre, et qu’il participa à la Bataille de Poudlard. Néanmoins, il ignorait qu’il avait vu des êtres chers subir des atrocités.

 

-Bethany était détruite. Littéralement. Même encore, elle porte en elle les marques de son agresseur : Thorfinn Rowle. Elle a pu s’échapper en transplanant. Elle a été désartibulée. Et là encore, elle souffrit le martyr. J’ai su, peu après, ce que Rowle avait fait subir à Bethany. Je voulais le voir mourir, et de préférence, de ma propre main …

-Je comprends, murmura James.

-Et par un coup du destin, lors de la bataille de Poudlard, je me suis retrouvé face à face avec Rowle. Il m’observait de son regard mauvais, sa baguette pointée. Et bien qu’il soit très habile, il n’était pas vraiment très stratégique dans sa façon de combattre. Ainsi, j’ai pu utiliser la poutre bringuebalante du plafond du couloir où nous étions, pour l’immobiliser. Il était désormais à ma merci ! J'avais passé des mois à espérer ce moment. Chaque nuit, je m'endormais en prononçant son nom, avec hargne. Mais quand je l'ai vu devant moi, faible, désarmé, me suppliant presque. Jje me suis posé cette question : Qui étais-je pour décider de son sort ? Après tout, seule Bethany devait décider. Moi, je n'avais pas à prononcer son arrêt de mort, car, qu'aurait elle apaisée ? Tous mes tourments de père ? Mon remord de ne pas avoir pu protéger ma fille ? Non ! Tuer Rowle aurait été une vendetta personnelle. En le tuant je n'aurais guère valu mieux que lui ! M'abaisser à son niveau, était-ce là une bonne solution ? Etait-ce ce que Bethany souhaitait ? Lily est une fille adorable. Paisible. Je ne pense pas qu'elle apprécierait de voir que son frère sombre dans la haine, la rancœur et la violence, en son nom. Car à partir du moment où tu choisis le chemin de la vengeance, tu enclenches une spirale de violence dont tu ne pourras plus te défaire. Tu es un garçon bon, toi aussi, James. Et je t'implore de te radoucir, de veiller sur ceux que tu aimes, et de ne pas sombrer dans ce chemin. Gardes une hauteur par rapport à ceux qui te veulent du mal. Choisir le bien, plutôt que la facilité …

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 -Everett n’a pas tort, approuvait Alice dans la Grande Salle. Tu n’as pas à t’abaisser au niveau de ceux qui agressent. C’est trop facile !

-Mais Alice ! Que veux-tu faire d’autre ? demanda Nancy. OK, James est trop tête brûlée, mais dans le fond, c’est les autres qui agressent. Et il veut juste que cela cesse.

-Mais user de leurs armes ne fera qu’attiser la violence, appuya Albus. Par contre, cela n’empêche pas de prendre certaines mesures …

-C’est vrai, admit James. Et quelle serait ton idée ?

-Il y a bien des personnes, à Poudlard, qui ne s’abaissent pas à agresser et mépriser leurs semblables, expliqua Albus. Tu as vu tous les témoignages de soutien que nous avons reçu ? Il existe des personnes qui ne se laisseront pas tenter par la magie noire et la violence. On pourrait essayer de faire le tour de tous ceux qui pourraient s’opposer à la magie noire. Et essayer de construire avec eux quelque chose … Se rencontrer, essayer de savoir ce que manigance Shafiq et ses sbires de Poudlard, et protéger ceux qui pourraient être agressés.

-Une sorte de groupe clandestin comme vos parents avaient fondé ? intervint Scott la bouche pleine de bacon. Une armée secrète d’anti Serpentard ? Où dois-je signer ?

 

Tandis que James et Alice pouffaient de la réflexion, Albus prit un air plus sérieux.

 

-L’enquête sur Shafiq n’avance pas, je ne suis pas sûr que ce soit la bande de Flint qui ait agressé Lily. Il n’est même pas exclu que ce soit un Gryffondor. De ce fait, je pense qu’il faut garder une vigilance constante. Et que le genre d’actions isolées qu’a menées James, ne doit plus avoir lieu. Nous devons nous unir entre élèves de bonne volonté certes, un peu comme nos parents. Parce que le Ministère ne souhaite pas protéger les citoyens.

-J’approuve l’idée, Albus, annonça Alice.

-Je ne vois pas vraiment ce que nous pourrons faire de plus ? tenta Nancy.

-Si nous sommes nombreux à nous rendre compte des actions d’élèves suspects, peut-être que nous obtiendrons de meilleurs résultats dans nos investigations. Et puis, si Shafiq réussit à rameuter de plus en plus de partisans, ici, dans l’école, nous devons pouvoir répondre à cette menace.

-Je valide, Al’, scanda James avec conviction. Tu t’occupes de rameuter ceux qui te semblent intéressants de ton côté ?

 

Alice et Scott commençaient à évoquer des noms qui pourraient rejoindre le cercle rapproché de leur groupe, James pensait qu’effectivement rameuter un grand nombre d’élèves et les investir dans les enquêtes, pourraient être une bonne alternative à Shafiq et ses sbires qui semblaient oeuvrer dans l’ombre de façon sporadique. Nancy approuvait le tout sans conviction, et James sentait bien qu’il y avait un malaise entre eux depuis son altercation avec les Serpentard. Il lui proposa donc d’aller faire une balade digestive dans la salle des trophées, qui, le soir, était plutôt déserte, et propice à l’intimité.

 

-Je me pose plein de questions, James, expliqua-t-elle une fois arrivés dans la salle.

-Quel genre de questions ? Je sais que j’ai été un peu à cran ces derniers temps, l’agression de Lily …

-Oui, et je serais un monstre si je ne comprenais pas que tu étais dans tous tes états. Mais par Merlin ! James ! Tu m’as souvent ignorée, tu m’as repoussée, tu t’es énervé sur moi. Je suis ta petite amie, James, je ne vois pas pourquoi tu peux me traiter ainsi ?

-Je .. Nancy … Écoute, je ne me reconnaissais pas moi-même, non plus …

-Aurais-tu réagi ainsi, si ça m’était arrivé à moi ?

-Nan’ ! Lily est ma sœur ! Je ne pouvais pas réagir autrement. Et l’amour que j’ai pour elle, c'est différent …

-Justement, James … Tu parles d’amour … Mais m’as tu, au moins une seule fois, dit, “je t’aime” ?

-Je … je …

 

   Il est vrai que James n’avait jamais répondu à un seul de ses “je t’aime”. Au début, il trouvait la déclaration très charmante, venant de sa petite amie, mais il aurait trouvé que cela sonnait creux si elle émanait de lui. Il imaginait sans doute Scott et Alice ricaner en l’entendant dire. Mais désormais, à bien y réfléchir, il saisissait la détresse de sa petite amie, elle lui était réellement attachée, tandis que lui avait toujours tout un tas d’idées en tête. Les sbires de Shafiq, ceux qui ont agressé Lily, la peine de Rose pour Scorpius Malefoy, Lucy Weasley qui enquêtait sur les artefacts de Merlin, … James avait en réalité toujours quelque chose en tête qui l’empêchait de pleinement profiter du bon temps avec sa petite amie, et effectivement, il n’avait jamais vraiment eu l’occasion de se fixer sur ses sentiments, par conséquent, pourrait-il le lui dire ? Pourrait-il avouer son amour, alors que, depuis le début de leur relation, tout a roulé, les marques d’affection de Nancy sont venues rapidement, elle n’a jamais rechigné à passer du temps avec lui. Tout a été si simple. Peut-être trop simple, et ne voyant pas de challenges à la hauteur de sa réputation, peut-être que James Potter n’avait pas daigné se battre pour sa relation. Mais Nancy était si malheureuse … Si tourmentée …

 

   -Non, je ne te l’ai jamais dit, Nancy. Et à vrai dire, je constate désormais à quel point j’ai été idiot. J’ai considéré notre relation comme un acquis, je n’ai jamais cherché à faire le moindre effort, jamais essayé de te surprendre, de penser à nous deux avant tous mes problèmes …

   -Ce serait un effort, de me dire que tu m’aimais ?

   -Non, non ! assura James, de plus en plus stressé. Non ce ne serait pas un effort !

-Alors, dis moi-le ! Dis-le, James !

-Je … je … Je t’aime !

   

   Nancy continuait de sangloter, visiblement peu convaincue par la déclaration de James, ainsi, il s’échina à lui murmurer toutes ses excuses et raisons qui faisaient, selon lui, qu’il était en tort. Cela mit du temps, mais Nancy finit par paraître convaincue et lorsqu’il la raccompagna à sa salle commune au moment du couvre feu, il eut l’impression qu’elle était rassérénée.

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   -Tu as l’air préoccupé, James !

 

   Albus et lui s’étaient croisés dans le grand escalier, James revenait de la salle commune des Poufsouffle, tandis que son frère avait raccompagné Orlane à celle des Serdaigle.Ils remontaient ensemble vers la tour de Gryffondor.

 

   -On s’est pris la tête avec Nancy, expliqua l’aîné à son cadet.

   -Elle n’a pas l’air très joyeuse, en ce moment … souffla Albus. Je pense que tu t’éparpilles trop …

   -Elle m’a déjà fait le sermon, Alb’ …

   -Je ne te blâme pas, je comprends ton état, James. Moi-même, j’ai aussi parfois failli perdre mon calme. L’agression de Lily, les meurtres de Moldus, la division qui règne à Poudlard, …

   -Tu comprends donc que quand j’ai l’impression que ma relation de couple va bien, j’ai pas nécessairement le réflexe de penser à sa survie ? C’était acquis pour moi.

   -Rien n’est acquis dans la vie, James … Sois sûr de ça …

   -J’ai parlé à Rose, lui dit James pour changer de sujet.

   -Tu veux dire que vous avez réussi à communiquer entre gens civilisés ?

   -Elle ne t’en a pas parlé ?

   -Vaguement, confessa Albus. Mais je voulais aussi entendre ta version, Rose était tellement en colère après toi, que je me demandais si elle n’avait pas vu votre conversation mieux que ce qu’elle n’était en réalité.

   -Non, non ! Elle s’est vraiment confiée à moi. J’avais raison, sa tristesse était dûe à Scorpius. Tu étais au courant ?

   -Je connais bien Scorpius aussi … Je pense qu’il subit, plus qu’il ne participe au groupe. Il est entouré de Serpentard haineux, et de fils de résistants à Voldemort qui n’hésitent pas à rabrouer et dévaloriser ses parents …

   -C’est vrai, mais que pouvons-nous faire de plus ? Nous avons fait des erreurs, je pense qu’Alice, Scott et moi, avons laissé relativement tranquille Scorpius depuis des années.

   -Ce n’était pas Alice, Scott et toi, les pires. Tu te souviens d’Andrew Higgins ?

 

   James repensa à l’ancien Attrapeur des Gryffondor. C’est vrai que bien qu’il soit extrêmement populaire dans sa maison, l’adolescent n’hésitait pas à se moquer et à invectiver publiquement les descendants de Mangemorts, dont Scorpius. Son oncle ayant été assassiné par l’un d’entre eux pendant la deuxième guerre. La rumeur disait même que son assassin était Lucius Malefoy.

 

   -Bien sûr,, se remémora James … Il n’a pas toujours été très fin …

   -Et ce n’était pas le seul ! Scorpius doit sans doute estimer qu’il n’a aucun autre choix. Quand on te répète jour après jour que tu es vil, et que tu es né pour devenir Mangemort, tu finis par le devenir …

 

   James passa le reste de la semaine à jeter un œil à Scorpius Malefoy aux heures des repas, parfois, le jeune Malefoy s’en apercevait et se contentait de jeter un regard mauvais à James. Nancy, de son côté, s’était considérablement radoucie, et James en profitait pour passer plus de temps avec elle, tandis qu’Alice partait de son côté avec Owen Finnigan. Scott passait de plus en plus son temps libre avec Fred Weasley, il n’était pas rare qu’ils incluent dans leurs balades le trio de filles de Poufsouffle, May Xiong, Jessica Turner et Anita Catchlove. De son côté, Flint n’avait cessé de jeter des regards hargneux à James, souvent, leurs regards se croisaient alors que James guettait Scorpius Malefoy dinant seul à la table des Serpentard. Et Flint lui infligeait un regard imbibé de toute la haine qu’il avait en réserve.

 

   Alice lui intimait de se méfier du Serpentard, il essaierait sans doute de se venger de James. Et cela arriva. Le vendredi soir, alors qu’il avait raccompagné Nancy à la salle commune des Poufsouffle, située dans les cachots, James se retrouva encerclé devant la statue de Dobby l’Elfe Libre. Flint, Mulciber et Wilkes surgirent de derrière celle-ci, leurs baguettes tendues tandis que des bruits de pas se firent entendre derrière James. Il se retourna brièvement, c’était bien évidemment Nott et Pucey. L'aîné des Potter ne put s’empêcher de repenser aux avertissements du centaure, d’Everett, d’Alice, d’Albus, de Nancy … James, par son attaque, avait attisé le feu d’une spirale de violence qu’il serait difficile d’éteindre.

 

   -Alors, Potter, on accompagnait sa Sang-de-Bourbe de copine ? siffla Flint, une expression malsaine dans le regard.

   -J’avais quelque chose à finir sur toi, cracha Mulciber sa baguette tendue, sans doute prête à lancer un nouveau Doloris.

   -Tu n’as personne pour venir te sauver la mise ce coup-ci, Potter …

 

   Les lâches étaient à cinq contre un, leurs baguettes tendues, James ne pouvait même pas bouger pour sortir la sienne et tenter de se défendre. Il était cerné, et il subirait le Doloris. Il ne pouvait même pas lancer un Patronus pour appeler à l’aide. Il était à la merci des cinq Serpentard. Dans un couloir sombre …

 

   -Oui ! L’obscurité, pensa James. Hamish nous a montré que c’était possible !

 

   D’un geste lent, James leva ses bras en l’air, Flint et Mulciber jubilaient en le pointant de leurs baguettes, Wilkes le regardait d’un air soupçonneux, tandis que James ferma les yeux pour se concentrer, l’esprit rivé sur les chandelles qui éclairaient le couloir et répétant dans son esprit : 

 

   -Nox ! Nox ! Nox !

 

   Il sentit, au travers de ses paupières, la lumière vaciller. Aussitôt, il se jeta contre le sol, tandis que des sortilèges commençaient à pleuvoir sur son emplacement. Dans sa roulade, il se saisit de sa baguette : 

 

   -Incarcerem ! Stupefix ! Stupefix !

 

   Mais les trois sortilèges qu’il fit pleuvoir semblèrent heurter les murs de pierre, il était dans le noir le plus complet. Il entendait toujours d’autres sortilèges pleuvoir, mais ils semblaient s’échouer quelques mètres plus loin. 

 

   -AAARGH ! QUELQU’UN L’AIDE ! REPLI !

 

   Les Serpentard pensaient sans doute que James avait reçu une aide pour éteindre les lumières, mais tâtonnant et rampant toujours contre le sol, il entendait toujours les sortilèges pleuvoir.

 

Tout était confus, alors, il se décida à ramper, distinguer, à tâtons, une alcove, s'y réfugier, et murmurer :

 

   -Lumos !

 

   Lorsqu’il put distinguer ce qu’il se passait dans le couloir, à travers le faisceau de lumière de sa baguette, il vit les silhouettes des cinq Serpentard se ruer en direction de leur salle commune tandis qu’une nuée de chauves-souris semblait les prendre en chasse.

 

   Ne comprenant pas ce qui arrivait, James demeura à l'affût, baguette pointée, et il aperçut une silhouette frêle émerger depuis le hall. La lumière de la baguette de James rendait opaque les épais verres des lunettes de celui qui avait conjuré les chauve-souris ayant fait fuir les agresseurs. Scorpius Malefoy soupirait en observant James, baguette pointée. Et avant même que l’aîné des Potter, sous le choc, n’ait pu balbutier un remerciement, le jeune Malefoy lui tourna le dos et entreprit de retourner vers sa salle commune.

 

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   Andy convulsait à même un sol de pierre dans une demeure sombre. Il semblait s’être endormi ici, mais contrairement aux autres réveils difficiles, il avait une douleur irradiante dans toute l’aine, le dos, les jambes, il lui était impossible de se relever. Il lui était impossible de bouger, chaque respiration s’assimilait à un râle. Dans une convulsion, il se mit même à tousser, bruyamment, frénétiquement, et il cracha. Un glaviot de sang vint maculer la dalle nacrée qui lui servait de couche. 

 

Sa vision se risqua alors à détailler l’environnement autour de lui. Il était visiblement dans une habitation, antique, obscure et humide, et il semblait giser dans ce qui semblait être une salle à manger. C’est d’ailleurs sur la table de pierre qu'il distingua une silhouette affaissée sur le dessus. Ses jambes dépassaient dans le vide, tandis que le haut de son corps reposait sur la table. Il avait visiblement vacillé. Andy ne pouvait donc, de là où il était, discerner son visage, mais il voyait son bras, pendre sur le côté, sa main, ayant laissé tomber sa baguette magique, était celle d’un sorcier à la peau sombre. Du sang perlait à travers sa robe, le long de son bras, de sa main et venait goutter sur le sol de pierre. La flaque était d’un diamètre impressionnant. L’homme s’était vidé de son sang.

 

   De sa vision brouillée, il détailla ensuite en panique ses membres. Sa robe était elle aussi maculée de sang, était-ce seulement le sien ou portrait il le sang du sorcier qui gisait à ses côtés ? Est-ce lui, qui dans son ivresse, avait fait subir ce sort à l’homme ? Qu’avait bien pu lui faire faire l’Egyptien ?

 

-A L’AIDE ! appela Andy. A L’AIDE !

 

Mais rien ne se produisit. Son cri résonna dans la demeure, et Andy ignorait combien de temps il resterait ainsi, immobilisé, et agonisant, à côté du cadavre d’un inconnu. Il pourrait très bien mourir lui-même à son tour, sans jamais avoir pu retourner au Ministère de la Magie où Leanne, son amour déchu, ne saurait jamais que malgré tous ses sabordages, il n’a jamais cessé de l'aimer à elle. Plus que l’alcool, plus que l’insouciance avec l’Egyptien, c’était elle qu’il voulait revoir, et c’est pourtant elle, sa fuite, et son souvenir, qui précipitèrent son auto-destruction.


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