James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 26 : Halloween

5949 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/02/2024 15:11

En ce samedi de Halloween, James se réveilla particulièrement revigoré. Il s’était payé le luxe de traîner dans son lit, et il était près de dix heures lorsqu’il descendit dans sa salle commune. Il avait hâte de trouver Albus et Rose pour leur raconter la scène étrange qu’il avait subie la veille. Scorpius Malefoy avait discrètement fait fuir les Serpentard qui lui avaient tendu une embuscade. Ce qui indiquait qu’il ne semblait pas que les craintes des deux Préfets de sixième année étaient fondées.


La salle commune de Gryffondor était quasiment déserte. En fait, seuls Lysander Dragonneau et deux amis de première année jouaient à un jeu de l’invention du jeune fils de Luna. Une sorte de bataille explosive avec des Cartes de Chocogrenouille ensorcelées.


-Ahah ! Paracelse est de type magie plante, il met à genou ta Circé et sa magie marine ! rugissait Lysander à l’adresse de son camarade.


James sourit aimablement au jeune Dragonneau qui lui en adressa un autre en retour, tandis que ses deux camarades semblaient choqués de voir Lysander se permettre d’être familier avec des septième année. James descendit donc dans la Grande Salle pour prendre son petit-déjeuner, l’après-midi, une sortie à Pré-Au-Lard était organisée. James avait prévu d’y aller avec Nancy, ils devraient flâner dans les boutiques avant d’aller prendre une Bièraubeurre aux Trois Balais où Scott, Alice, Fred et Roxanne les rejoindraient après avoir vaqué à leurs occupations respectives. Alice irait dans un premier temps se promener avec Owen Finnigan, tandis que Fred, Scott et Roxanne se joindraient au groupe de Poufsouffle de Michael Walker et May Xiong.


Alice semblait l’avoir précédée de peu dans la Grande Salle, puisqu’elle entamait à peine son petit-déjeuner, alors que Scott l’attendait. Owen Finnigan était assis face à eux, il semblait impatient de voir Alice terminer. Lorsqu’il vit James approcher, il se renfrogna et marmonna un vague “je t’attendrais dans le hall” à Alice.


-Salut ! lança James à l’adresse de ses meilleurs amis.

-’Lu, marmonna Alice en mâchant un toast. Bien dormi ?

-Ca va, affirma James. Tu étais où, hier soir ?

-J’étais couchée avant le couvre-feu. Owen aussi était claqué, et toi, tu ne rentrais pas. J’ai pensé que tu étais parti en excursion.

-Non ! répondit James. J’ai eu des ennuis en rentrant … Flint et les autres m’ont coincé juste au détour de la statue de Dobby.

-Tu plaisantes ? 


Alice avait lâché son morceau de toast et regardait désormais en direction de la table des Serpentard, mais Judith Bulstrode déjeunait seule d’un côté de la table. Tous étaient déjà partis vaquer à leurs occupations. James, qui avait raconté l’altercation à Scott la veille, la détailla de nouveau à Alice. Celle-ci paraissait outrée. Elle s’interloqua à l’évocation de la main secourable de Malefoy avant de reprendre la parole : 

-Attends ? Scorpius Malefoy t’a sauvé la mise ? 

-Oui, lui-même ! Je te jure, des chauves-souris poursuivaient le groupe, et il est arrivé de la même direction que les volatiles. La baguette pointée.

-C’est étrange, Rose semblait convaincue qu’il allait rejoindre le groupe de Shafiq … Mais en tout cas, James, c’était sûr qu’ils essaieraient de répliquer. Il te faut rester vigilant. Et à Pré-Au-Lard, cette après-midi, crois-tu que ce soit prudent de t’y aventurer seul avec Nancy ? Malefoy ne sera pas là pour te tirer d’un mauvais pas. Il ne va jamais aux sorties !

Scott marmonna quelque chose dans sa barbe, il avait du mal à croire que c’était le petit Serpentard agressif qui avait aidé James. Il était persuadé que c’était encore une autre personne qui avait sauvé la mise à son ami.


-Qui voudrais-tu que ce soit ? demanda Alice à son meilleur ami qui exposait sa théorie.

-Si Rogue surveille les Serpentard, peut-être qu’il les a vus préparer l’embuscade et qu’il a appelé du renfort.


Mais soudain, James repensa à son entrevue avec les portraits de Rogue, puis Dumbledore, il coupa son meilleur ami en se remémorant ce que lui avait dit Dumbledore et qu’il n’avait pas vérifié. Il expliqua alors la remarque de Dumbledore sur les cent pas au septième étage, devant la tapisserie de Barnabas le Follet. 


-Dumbledore a toujours été loufoque, tu sais, James … commença à expliquer Alice.

-En quoi faire les cent pas t’aiderait à réfléchir ? compléta Scott.

-Je ne sais pas … Mais Dumbledore ne dit jamais rien à la volée. Cela doit avoir une importance.


Ils sortirent donc en hâte de la Grande Salle, tombèrent nez-à-nez avec Finnigan, qui fulmina quand Alice lui expliqua qu’elle avait quelque chose d’important à faire et qu’elle le rejoindrait plus tard, puis montèrent le grand escalier quatre à quatre jusqu’au septième étage. Arrivés devant la tapisserie de Barnabas le Follet, ils tombèrent nez à nez avec deux fillettes de première année. Elles eurent un air paniqué en voyant James et ses amis, et l’une d’elles fit tomber le bocal de bézoards qu’elle tenait.


-Hé, ça va ! leur lança Scott. On ne va pas vous manger.

-Reparo, marmonna Alice en reconstituant le bocal, et d’un autre coup de baguette, elle remit les bézoards dans le bocal.


Mais les deux premières années s’enfuirent à toute jambes. Et James s’interrompit un instant.


-ça fait plusieurs fois, qu’ici même des gamins de première année font tomber des choses bruyantes quand on se pointe dans le coin …

-Hé ! C’est vrai, remarqua Scott. La dernière fois, c’était une balance en cuivre.

-C’est bizarre, en effet, murmura Alice. Alors que doit-on faire ?

-Dumbledore m’a dit qu’il faisait les cent pas en réfléchissant à ce dont il avait besoin, je crois. Alors c’est OK ? On va faire des aller-retour dans le couloir en pensant à ce que manigance Flint.


Ils passèrent un bon quart d’heure à tourner en rond, Scott se concentrant tellement qu’il en devint violacé. Mais rien ne se passa.


-Tu as dû mal comprendre, James, finit par lui dire Alice.

-Sans doute … Ou peut-être que j’aurais dû venir quand Pucey et Wilkes étaient postés ici. On les fait déguerpir, et on réfléchit, et la tapisserie nous dira ce qu’ils faisaient peut-être. Qu’en penses-tu ?

-Mouais, marmonna Scott. Faudra surveiller sur la Carte !


Et tous trois redescendirent vers le hall, quand soudain, James eut une idée. Il voulait aussi savoir ce que manigançait ces deux première année, alors, il fit demi-tour pour remonter devant la tapisserie.


Aussitôt qu’il eut atteint le couloir du septième étage, il tomba nez à nez avec Flint, Mulciber et Nott. Livides de terreur lorsqu’ils tombèrent sur James. Instinctivement, ils sortirent leurs baguettes d’un même geste.


-Qu’est ce que tu fouines encore, Potter ? demanda avec hargne Flint.

-J’allais te poser la même chose. Que fais-tu si haut dans le château avec tes rats ?

-Tu es incorrigible, siffla Nott. Tu veux à tout prix nous faire exclure, même quand toutes tes tentatives échouent.

-On n’a pas touché à ta soeurette, Potter, mugit Mulciber. Même si ça nous aurait plu de lui rabaisser son caquet !

-Oh ! Qu’est ce qu’il se passe ici ?


Alice et Scott venaient d’arriver en courant. Leurs baguettes pointées.


-Ce coup-ci, on est en nombre égal, Flint, cracha James. On va voir tes vraies capacités. Pas de surprise, pas de surnombre, en garde !

-Non, James ! coupa Alice en lui faisant baisser sa baguette. Crois-tu que ça vaille le coup de prendre une retenue pour ces minables ? On vient d’apercevoir Napier, il est en train de monter les escaliers, il va nous avoir à coup sûr.


Flint abaissa sa baguette, imité par Mulciber et Wilkes, et James et Scott firent de même. Le petit chef des Serpentard mit un coup d’épaule à James en passant devant lui pour redescendre, tandis qu’Alice les observait avec le même dégoût que si elle observait un Veracrasse. Et celle-ci avait raison, car peu après que les Serpentard aient pris congé, Napier arriva à leur hauteur en les scrutant d’un œil mauvais. Lorsqu’ils le saluèrent, il ne répondit même pas et se contenta de soupirer.


-Quel aigri ! s’esclaffa Scott.

-Tu crois que c’est que nous qu’il n’aime pas ? Ou il fait pareil avec tous les élèves ? enchérit Alice.

-Je ne sais pas, répondit James, mais il ferait bien la paire avec la bibliothécaire !


Tous trois s’esclaffèrent à l’évocation de la bibliothécaire, Mrs Moose, une vieille sorcière acariâtre qui n’hésitait pas à ensorceler les livres pour expulser un élève chahuteur. James avait été chassé ainsi lors de sa première année, pourchassé par des grimoires de Botanique qui venaient le heurter dans son dos tant qu’il ne se ruait pas vers la sortie.


Lorsqu’ils se remirent de leur fou rire, Alice demanda : 


-Tu crois que Flint nous a vus venir surveiller ce couloir ?

-Je ne sais pas, marmonna James. Ils avaient l’air vraiment surpris de me croiser. Il faudra garder un œil sur ce couloir. Entre ces première année louches et le fait que Wilkes et Pucey se postent ici ... Il faut qu’on sache ce qu’ils font dans ce couloir. Le plus étonnant, c’est que je n’ai jamais vu Nott, Flint et Mulciber sur ma Carte …

-Tu crois qu’on peut rendre une salle de Poudlard incartable ?

-Et que eux-même l’aient fait ? Non, impossible ! jugea Alice.

-Oui, Nott est doué en Enchantement, mais je n’imagine pas qu’il puisse ensorceler ainsi une salle de classe. Non, il faut surveiller leurs allées et venues. Je vais aller récupérer la Carte, et je la consulterai régulièrement. Il faut que j’en profite pour écrire à Lily aussi.

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James avait rejoint Nancy pour partager avec elle le repas du midi. Il lui avait laissé glisser un mot dans sa lettre à Lily, et n’avait pas manqué de jeter plusieurs coups d'œil à la Carte du Maraudeur. Le quintet de Flint n’était pas sorti des cachots et de la salle commune de leur maison. Juste après le déjeuner, James et Nancy se rendirent donc à l’entrée du domaine de Poudlard, pour que Jack Napier, le concierge, s’assure de leur autorisation de sortie pour pouvoir profiter du village de Pré-Au-Lard en ce jour de Halloween. Le soir, ils partageraient tous le festin qu’auraient concocté les elfes. Et, d’après des rumeurs relayées par Hugo Weasley et Laurie Fillmore, le Professeur Everett avait prévu d’accompagner le spectacle de la fanfare de Poudlard avec un numéro de squelettes dansants. Tout s’annonçait pour le mieux pour cette journée. Nancy, rassurée par ses récentes discussions avec James, semblait plus que décidée à profiter de son petit ami dans une journée où ils n’auraient rien d’autre à penser que de prendre du plaisir.


Le temps était radieux pour un jour d’Halloween. Le soleil inondait de tous ses rayons les rues animées de Pré-Au-Lard. Il réchauffait, voire même, poussait les élèves à se délester de leurs châles et écharpes, tant cette après-midi était au-dessus des standards habituels pour la période en termes de météo. Nancy avait d’abord besoin de s’acheter des plumes chez Scribenpenne, et James l’aida à choisir plusieurs modèles élégants, dont une qui changeait de couleur en fonctionn de l’humeur de son porteur.


-J’aimerais aussi m’acheter des nouvelles protection de Quidditch, annonça James à sa petite amie qui le tenait par la main.

-Cool ! Je pourrais t’aider à les choisir ? Je trouve que tes épaulières sont trop épaisses. On dirait que tu n’as pas de cou.


James marmonna un faux grognement susceptible à sa petite amie et elle l’aida effectivement à choisir des équipements du meilleur effet chez la boutique d’accessoires de Quidditch attenante à Derviche et Bang. Ils croisèrent d’ailleurs Fred, Roxanne, Scott, Anita Catchlove, Jessica Turner, May Xiong et Michael Walker. Mais devant l’air renfrogné de Nancy qui se sentait toujours mal à l’aise en présence de ses anciennes amies, James préféra couper court aux bavardages et Nancy lui proposa une autre destination avant de rejoindre Alice, Scott, Fred et Roxanne qui devaient tous se rejoindre aux Trois Balais.


-J’aimerais t’emmener dans un endroit vraiment sympa, souffla Nancy.


Et elle lui indiqua un minuscule salon de thé situé dans une rue en contrebas de Derviche et Bang. James n’avait jamais mis les pieds dans l’établissement. Il savait que tous les couples de Poudlard avaient pour habitude d’y boire un thé en tête à tête. Avec un léger pincement au cœur, James repensa à Leanne Gatwick. La Serdaigle dont il était amoureux qui finit par sortir avec Andrew Higgins, l’ancien Attrapeur de son équipe. Les deux avaient pris l’habitude de passer des après-midi enlacés chez Madame Pieddodu, et sans doute parce que ce salon lui rappelait son échec, mais aussi parce qu’il était de moins en moins soucieux de démontrer son affection à Nancy en public, il avait une piètre image du salon. Mais par souci de ménager la bonne humeur de sa petite amie, le jeune Gryffondor accepta de l’y accompagner.


Le salon était tenu par une très vieille femme au chignon très serré. La salle était minuscule, exiguë, et décorée précieusement de tentures et de rubans roses. L’odeur d’encens et de mignardises sorties du four était certes agréable, mais James aurait d’abord aimé pouvoir se faufiler jusqu’à un pouf de velours pourpre paisiblement pour pouvoir réellement apprécier le spectacle. Il bouscula d’ailleurs Roger Davies Jr. qui s’était relevé pour pouvoir embrasser sa conquête du jour, une Serpentard de cinquième année.


Lorsque le Gryffondor et la Poufsouffle purent s’installer sur deux poufs installés côte à côte dans un angle de la pièce, et qu’ils purent commander à la gérante une tasse de thé et des mignardises, Nancy semblait très heureuse du choix du lieu.


-J’ai toujours voulu venir ici accompagnée, rayonna la jeune brune.

-Hé bien, c’est original comme souhait, mais ma foi … tenta James en cherchant une chose positive à dire. C’est vrai que les poufs sont confortables !

-Anita venait souvent ici. A chaque nouvelle relation, elle l’emmenait ici. 

-Au vu de la fréquentation, elle aurait quand même pu agrandir la salle, -il baissa la voix-, regardes, on est installés presque sur les genoux de nos voisins.


Il montra d’un signe de tête les deux élèves de troisième année qui semblaient avoir subi un Maléfice les collant bouche contre bouche.


-Ah la la ! James Potter ! Quand accepteras-tu de prendre du bon temps ?


L’aîné des Potter aurait voulu exprimer qu’il avait une autre vision de prendre du bon temps. Mais il se contenta de soupirer et de caresser la main de sa petite amie.


-Tu ne prends pas assez de recul sur les choses, James. J’ai l’impression que tu veux porter seul sur tes épaules le bien-être et la sécurité de toute la bande ! Et, j’adore ce côté chevalier blanc. Mais bon sang, ces derniers jours, j’ai cru que j’allais exploser. Je ne me sens pas du tout sécurisée dans notre relation. J’ai l’impression que je ne suis pas une priorité, mais un enjeu secondaire.

-Nancy … On a déjà eu cette discussion. J’étais furieux pour Lily. Et inquiet. Et triste. Je suis passé par toutes les émotions.

-J’aimerais, James, que tu lâches du lest. Pour toi déjà, ça t’éviterait d’exploser. Et puis, pour nous deux …


C’était une constante des reproches qu’on lui adressait ces derniers jours. Trop emporté, trop émotif, James courait parfois droit vers le danger sans se soucier des conséquences. Il avait effectivement reçu plusieurs avertissements, de Rose, d’Alice, d’Albus, de Nancy, des centaures. Peut-être avaient-ils raison ? Mais mis devant le fait accompli, James ne pouvait jamais laisser ses amis souffrir, être en danger, ou subir une injustice. Il se devait d’intervenir. Comme il était intervenu pour venger Lily des Serpentard. C’était instinctif. Comme une force qui le poussait à agir et à se battre pour ceux qu’il aime. Il ne souhaita pas faire part plus de ses interrogations et préfèra approuver bravement. Et Nancy fondit alors sur lui pour l’embrasser, à la manière des autres couples présents dans l’établissement. Elle laissa son petit ami respirer simplement pour boire quelques gorgées de thé, et ils passèrent ainsi une grande partie de l’après-midi avant de se décider à rejoindre le reste de leurs amis aux Trois Balais.


Perdu dans ses pensées, il fut bousculé par un élève de Poudlard visiblement pressé. La puissance du choc le laissa tomber son sac d’articles de Quidditch . Mycroft Baines, sous l’impact avait failli également trébucher, il ne devait son rattrapage qu’à une main secourable de Nancy.


-Oh, pardon, James ! marmonna celui-ci.

-Mycroft ? Fais gaffe, j’ai failli me vautrer.

-D’solé, j’étais passé voir mon père à la Poste, les affaires ne vont pas très bien, j’étais perturbé …


Lors d’un cours de Défense Contre les Forces du Mal, James avait appris que le père de Mycroft Baines était éleveur de hiboux, et qu’il voyait d’un mauvais œil certaines des nouvelles méthodes de communication, car cela impactait ses affaires.


-... Et puis, continua Mycroft. Je devais rentrer au château en urgence. J’avais laissé une potion de Lissenplis sur le feu. Je n’ai pas envie de faire exploser le dortoir.


Mycroft sourit aimablement à ses camarades, il aida James à ramasser ses affaires, les salua, puis repartit à pas pressés en direction du château.


-Les affaires de son père ont vraiment l’air de tracasser Mycroft, tu ne trouves pas ?


Nancy approuva tout en haussant les épaules, signifiant ainsi que tout comme James, elle estimait aussi ne pouvoir rien y faire. Elle reprit la main de son petit ami et ils longèrent ainsi la Grand-Rue de Pré-Au-Lard, passant devant chez Zonko, cette boutique avait été pendant un temps ciblée par l’oncle George qui voulait la racheter. Mais la mort de son frère jumeau avait définitivement ôté George de cette idée. Fred regardait souvent la boutique avec un léger pincement au cœur, lorsqu'il passait devant. Ce projet lui rappelant son oncle, dont George ne se remit jamais vraiment du décès. Toujours motivés par l’ensoleillement de la grand-rue du village sorcier, James et Nancy poussèrent la porte des Trois Balais. La taverne avait été décorée d’épouvantails, de citrouilles et d’effigies de sorcières édentées tendant des pommes rouges aux nouveaux venus. L’établissement était toujours tenu par une dénommée Rosmerta qui était aidée d’elfes de maison salariés, conformément aux décrets de lois, imaginés par Hermione, et approuvés par Kingsley malgré la présence de Iggy Greengrass comme Directeur du Département des Créatures Magiques à l’époque.


Alice, Scott, Fred, Roxanne et Albus étaient déjà installés sur une table ronde à côté de laquelle un épouvantail animé pivotait sur place en faisant des grimaces. James et Nancy s’installèrent sur deux sièges vides et commandèrent une Bièraubeurre à l’elfe accouru pour prendre leur commande.


-C’est fou ce qu’ils sont efficaces, remarquait Scott en voyant le petit elfe à la peau sombre trottiner pour aller chercher la commande des nouveaux venus.

-La dernière fois, commença Albus, Tom Martins me racontait qu’un client voulait partir sans payer. Un elfe l’a poursuivi dans la grand-rue et l’a fait revenir en le faisant léviter la tête en bas.

-Ils sont redoutables, approuva Roxanne. Papa en avait embauché pendant le rush, quand Fred et moi étions trop jeunes pour l’aider. Il n’a jamais enregistré si peu de produits volés …


Mais James avait remarqué l’absence de Rose Weasley. Intrigué, il demanda à Albus ce qu’il en était.


-Eh bien … C’est à propos de ce que tu as demandé à Lucy … Elle nous en a parlé …


James se rappela en effet de la Weasley lunaire qui essayait d’établir un lien entre le groupe de Shafiq et les écrits concernant l’époque de Merlin. Il indiqua à Albus qu’il pouvait en parler aux autres, et Albus précisa :


-Donc Lucy pense avoir trouvé une piste sérieuse, Rose a apporté de nouveaux éléments. Et elles sont en train d’éplucher chaque livre sur la période comme des furies. Pour ma part, j’ai pris trop de retard sur les autres cours, et je n’ai jamais été un spécialiste de la période Merlin. J’avais une meilleure base sur les Fondateurs.

-Albus Severus Potter s’avouerait-il vaincu face à Rose Weasley ? persifla Fred d’un air rieur.


Albus se renfrogna quelque peu. Il est vrai que lui et Rose avaient toujours mené une compétition dans la famille pour savoir qui aurait les résultats les plus brillants. Il fit mine de se vexer et adressa une pique humoristique à son cousin, en soulignant sa proximité avec May Xiong.


-Oh ! Il n’y a rien ! jura Fred en rougissant, tandis que tous les autres le regardaient d’un air rieur. C’est surtout Scott qui avance avec Anita Catchlove !









La nuit commençait à tomber lorsqu’ils prirent congé des Trois Balais. James laissa un pourboire à l’elfe à la peau sombre qui les avait servi, puis tout le groupe remonta la Grand-Rue de Pré-Au-Lard. Ils semblaient être les derniers à revenir vers le château. Alice, qui marchait en tête du groupe, leur intima d'accélérer le pas sous peine de prendre un savon par Napier. Nancy s’amusait à faire de grands mouvements avec sa main, et celle de James reliées, en queue de groupe. Tandis que Scott, Fred, Roxanne et Albus parlaient du cours de botanique, et de ce qu’ils pourraient trouver au fond du lac. Ils riaient en imaginant Neville et Harry en train de leur donner des consignes depuis un sous-marin Moldu.


Alors qu’ils arrivèrent au début du sentier reliant le village au château, le brouillard commença à tomber. Relevant les cols de leurs capes, ils s’y engouffrèrent. L’embrun était glacial. Et très vite, les rires se firent moins éclatants. Nancy cessa de gesticuler avec sa main, liée à celle de James. Puis une dizaine de pas plus loin, James ressentit soudainement une profonde tristesse, cumulée à un sentiment d’impuissance. Comme si l’état dans lequel il était en voyant Lily était revenu dans son esprit. Il sentit également la main de Nancy se crisper. 


Le brouillard était si épais qu’il ne distinguait même plus Alice, loin devant, et à peine quatre silhouettes pour les autres, alors qu’ils ne marchaient qu’à deux ou trois pas de distance du groupe. Mais même l’énergie qu’il mettait dans la marche était de plus en plus difficile à trouver. Puis, alors que la journée était chaude, il eut l’impression de plonger dans un seau d’eau glacée au moment où il pénétrait plus profondément dans le brouillard. La main de Nancy le retenait dans sa marche. Crispée, elle ne semblait plus vouloir avancer.


-James ! Qu’est-ce que c’est ? murmura-t-elle, paniquée.


Mais James eut l’impression d’entendre un cri au loin. Un cri familier qu'il avait souvent entendu alors qu’il s’amusait à effrayer la jeune fille dans leur enfance : Lily !


-C’est Lily ! Elle a hurlé ! sursauta James. Lumos !


Mais la lumière de sa baguette ne parvint pas à percer le brouillard opaque et glacial.


Des voix devant eux retentirent : 


-Qu’est-ce qu’il se passe ?

-James ?

-Alice ?


Mais un autre cri retentit, une voix moins aiguë, qu’il connaissait aussi. Qu’il avait eu plus à loisir d’entendre rugir quand elle était énervée sur lui.


-Maman ? BON SANG ! Qu’est-ce qu’il se passe ?


Puis il entendit un cri ressemblant à celui d’Albus, puis Nancy, Alice, Scott, Grand-Mère et Grand-Père Weasley, Ron, Hermione, Hugo, tous hurlaient. A un moment donné, il entendit quelqu’un émettre des borborygmes, comme s’il était grièvement blessé.


-ALB’ ? ALICE ? hurla James tout en maintenant la main de Nancy.


Mais les cris étaient lointains, le brouillard les avait sans doute éloignés. Ils mourraient tous ici, dans le brouillard et l’obscurité de ce chemin gravillonneux. Vidé de toute énergie, de toute volonté, James se laissa tomber à genoux au sol. Il aperçut un amas de silhouettes noires flotter autour de lui.


-JAMES ???


C’était la voix d’Albus. Lui qui gardait si souvent le contrôle était en train de paniquer. James allait perdre tous ses amis. Et il ne pourrait rien. Il mourrait ici, impuissant …


-LANCEZ UN PATRONUS ! hurla la voix d’Alice au loin. VITE !!!!


Etait-ce ça des Détraqueurs ? Ce n’était donc qu’une illusion. Les monstres les affaiblissaient pour pouvoir se nourrir de leur vigueur. James se releva. Déterminé, et sûr de lui.


-CE N’EST QU’UNE ILLUSION ! hurla James. ON VA S’EN SORTIR ! SPERO PATRONUM !


Un filet de vapeur argentée s’écoula de sa baguette. Il forma un mur lumineux qui empêcha les silhouettes d’approcher plus. Elles agitaient leurs mains, couvertes de croûtes, tandis que leurs cagoules, sans fentes pour les yeux ou la bouche, étaient agitées de spasmes, comme s’ils aspiraient quelque chose à rythme régulier au travers du tissu. Une vapeur dorée voletait vers les silhouettes au rythme de leurs cris. Les Détraqueurs aspiraient l’énergie de James et ses amis.


-NANCY ! C’EST UNE ILLUSION ! NANCY ! NANCY ?????


La main de sa petite amie avait vacillé, elle s’était effondrée au sol. Il ne la distinguait plus dans la brume.


-SPERO PATRONUM ! hurla James. SPERO …


Les silhouettes étaient trop nombreuses. Une vingtaine voletait rien qu’au dessus de James et il devinait que les autres avaient été aussi assaillis par le même flot dense de terreur. Impuissant, il se laissa tomber de nouveau, à genoux. Vide de toute volonté. Il n’entendait plus ses amis, son frère. Il n’entendait que des cris qui ressemblaient à ceux de Lily, Ginny, Harry, des cris d’horreur. L’un des Détraqueurs s’approcha de lui, et vint coller son visage contre le sien. Il aspirait encore plus de vapeur dorée. Elle irradiait du corps de James et partait droit dans l’emplacement de la bouche de l’horrible engeance de magie noire.


Mais tout à coup, le brouillard se dissipa. Alors que James s’apprêtait à être privé de son âme, il put distinguer les alentours, tandis qu’un animal argenté courait autour de lui. Nancy, suffocante, était étendue au sol, plus loin devant eux, Scott aidait Roxanne à se relever, tandis que Fred et Albus, dos à dos, et livides, abaissaient leur baguette.


Alice, blafarde et essoufflée accourait vers eux, la baguette tendue. Elle la pointa sur son Patronus qui venait de tous les sauver. Elle qui n’avait pourtant jamais réussi à en former un de corporel avait puisé dans tout son courage pour enfin y parvenir. Dans la pire des circonstances. La bête qu’elle avait invoqué galopait autour d’elle, remuant sa queue touffue en laissant des volutes de vapeur grisâtre. C’était un renard argenté, et l’aînée des Londubat telle une cheffe d’orchestre, le dirigeait, pour le faire tourner autour d’eux, au cas où des Détraqueurs reviendraient. 


-Que quelqu’un envoie un chercher de l’aide à Poudlard !


Aussitôt, Roxanne s’exécuta et elle invoqua une oie argentée qu’elle fit partir vers le domaine de Poudlard.


-Prenez du chocolat, proposa Albus en coupant de gros morceaux d’une tablette de chocolat achetée chez Honeydukes.


Le chocolat eut pour effet de faire ressentir de la chaleur à nouveau dans le corps de James. Il entreprit d’aider Nancy, toujours affaissée au sol, à ingurgiter son morceau. Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle détailla d’un air circonspect le renard argenté qui gambadait autour d’eux.


-Tu as pu le faire apparaître ? demanda-t-elle à son petit ami.

Mais Alice, écarlate, fit disparaitre son animal protecteur d’un coup de baguette magique. Elle semblait fuir le regard de Nancy qui la détaillait d’un air mi-furieux, mi-interrogatif. James ne savait pas vraiment à quoi correspondait la forme d’un Patronus, mais il est vrai qu’il était lui aussi intrigué de voir que celui d’Alice était similaire au sien.


-JAMES ! ALBUS ! Où êtes-vous ?


Quatre silhouettes sombres accouraient vers eux, au loin. Harry, Ron, Benjamin Harper et Neville Londubat, essouflés, vinrent se poster à hauteur du groupe d’étudiants. Leurs baguettes sorties.


-Des Détraqueurs ? Vous êtes sûrs ? demanda Harry, livide.

-Il y en avait une centaine, expliqua Albus. Ils nous ont fondus dessus. Sans Alice, nous …

-Par Merlin, rugit Ron. Cela veut dire que …

-Ron, coupa Harry. Nous devons aller à Terre-En-Lande. Donnes l’alerte, tout le monde doit nous rejoindre !


Aussitôt, Ron sortit son Galion enchanté, il donna un coup de baguette dessus et lui et Harper transplanèrent. Tandis que Harry se tourna vers Neville :


-Neville, conduis les jeunes au bureau du Professeur Everett. Et informes-le de la situation, nous prendrons contact avec vous à notre retour de Terre-En-Lande.


 Harry transplana à son tour, et Neville, tremblant, mais déterminé, intima aux jeunes élèves de le suivre. Il ne cessait de presser le groupe de se hâter vers Poudlard. James était encore secoué par l’attaque, il serra contre lui la main de Nancy, et la tint par l’épaule pour l’aider à avancer. Albus ne cessait de murmurer pour lui-même : “comment est-ce possible ?”, Alice était toujours blême, sa baguette tenue en main, elle semblait à l'affût de tout bruit dans les fourrés. Fred jetait des regards inquiets à Neville, qui demeurait taciturne. Et Scott échangeait à voix basse avec Roxanne.

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-Mais, les Détraqueurs sont censés être scellés sur une île au Nord, marmonnait Roxanne.


James et ses amis traversaient le hall de Poudlard, les clameurs provenant de la Grande Salle, des élèves s’étaient déjà installés pour assister au festin de Halloween, mais Neville ne fit pas bifurquer le groupe sur leur droite. Il continua vers le grand escalier et ils progressèrent en silence jusqu’au troisième étage. La gargouille surveillant l’entrée du Bureau d’Everett pivota au mot de passe “Pérégrinations” et ils grimpèrent tous ensemble l’escalier en colimaçon. L’air crispé, le Professeur Everett attendait le groupe en faisant les cent pas dans son bureau.


-Merlin soit loué ! Vous allez tous bien ! se félicita Everett en détaillant tout le groupe. Tenez, prenez du chocolat !


Albus en avait déjà donné au groupe, mais Everett insista pour qu’ils en reprennent. Aucun ronflement ne retentissait depuis les tableaux d’anciens directeurs. Tous observaient la scène avec attention et gravité.


-Professeur, commença James. Comment est-ce possible ? Je croyais que les Détraqueurs avaient été scellés sur une île protégée par Kingsley Shacklebolt ?

-Nous le croyions tous, James, répondit lentement le Professeur Everett.

-Harry et les Aurors se sont précipités à Terre-En-Lande, là où demeure l’ancien Ministre, expliqua Neville.

-Par Merlin, murmura Everett. S’ils se sont attaqués à Mr Shacklebolt …


Tous restèrent en silence, attendant des nouvelles des Aurors. Le Professeur Everett avait chargé Neville de se rendre dans la Grande Salle pour annoncer l’annulation du festin d’Halloween et demander aux élèves attendant pour celui-ci, de retourner dans leurs maisons respectives. Il jetait de temps en temps des coups d'œil inquiets aux jeunes étudiants attaqués par les créatures sombres, puis s’affairait à faire fonctionner les instruments complexes qui ornaient son bureau.


-Des aveux non consentis, marmonnait Everett en faisant agiter une sorte de télescope qui projetait de la fumée. 

-Professeur Everett ? Le portrait indiquant Dexter Fortescue, représentant un sorcier rougeot avec un cornet acoustique. Il semble qu’il y ait de l’agitation au Ministère, Archibald Fawley a convoqué la presse. Il va s’exprimer à la radio. Mr Potter est en route pour cheminer ici.  


Et en effet, quelques secondes plus tard, la cheminée se mit à flamber avec des flammes vertes. Harry et Ron se dessinèrent dans l’âtre de la Cheminée, l’air hagard et abattu.


Ron, la mine sinistre, déposa sur le bureau d’Everett un exemplaire du Sorcier du Soir, il marmonna : “ils ont déjà l’information …”. Et le regard de James se posa sur la une de l’édition spéciale du quotidien de soirée du monde sorcier qui titrait : KINGSLEY SHACKLEBOLT SAUVAGEMENT ASSASSINÉ À SON DOMICILE.


La une montrait un cadavre, recouvert par des couvertures, au milieu de la salle à manger d’une antique demeure sorcière. Des encarts rendaient hommage à l’ancien Ministre, d’autres se posaient la question des Détraqueurs qui étaient désormais libérés de leur sceau, et enfin, un dernier encart dressait un portrait du suspect, retrouvé blessé sur les lieux. Un jeune sorcier, la mine maladive, les cheveux hirsutes, la barbe fournie, avait été photographié et s’agitait avec démence sur l’encart qui lui était consacré. Si James n’avait pas parcouru en diagonale les lignes parlant du meurtrier présumé, jamais il n’aurait reconnu son ancien camarade de Poudlard. Il ne ressemblait plus à l’éclatant étudiant populaire, qui inondait son auditoire de sourires charmeurs. Il était désormais amaigri, arborait barbe et cheveux longs et sales, et d’immenses cernes sous ses yeux clairs qui le rendaient méconnaissable. 


-C’est … commença à murmurer Alice.

-C’est impossible, ce n’est pas lui sur la photo ! raisonna Albus.

-ça ne peut pas être lui, ce n’est pas … commença Scott.

 

-Andrew Higgins, termina Harry en s’effondrant sur une chaise. C’est bien lui, nous l’avons trouvé sur les lieux du crime …

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