Professeure Granger - Les esprits de Castelobruxo

Chapitre 2 : Arapysandù Arizaga

3894 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/11/2025 11:05

La maison de Park Road est étrangement calme, ce matin. Ron est parti tôt, elle a senti son baiser sur son front alors qu'elle était encore au lit. Il n'a rien dit de plus, mais elle l'a ensuite entendu sortir et le « pop » significatif avait retenti à travers la fenêtre ouverte de la chambre quand il a transplané. 


La boutique de farces et attrapes des frères Weasley ne ferme pas pendant l'été, c'est même le meilleur moment de l'année, celui où des centaines de jeunes sorciers passent leur temps sur le Chemin de Traverse, avant de reprendre l'école. Ils partageront ensuite toutes leurs trouvailles dans le Poudlard Express, le 1er septembre prochain. Hermione sourit tristement en se rappelant de Ron et Harry à cette époque de leurs vies. 


Elle ne sait pas pourquoi ce mal la ronge, pourquoi elle ne pourrait pas simplement redevenir cette Hermione-là, celle qui pensait tout savoir sur tout, qui dévorait n'importe quel livre, qui riait aux blagues de Ron et qui accompagnait Harry dans toutes ses aventures. Quoi qu'elle fasse, depuis cette fameuse dispute avec Ron, tout la ramène à cette cinglante conclusion : est-elle heureuse ? 

Un tourbillon d'émotions contradictoires la saisit à chaque fois qu'elle y pense. Elle sait, au fond d'elle, qu'elle n'est pas heureuse. Mais pour une raison qu'elle ignore, elle est incapable de l'admettre, de le dire à voix haute. Cette invitation de Castelobruxo, finalement, n'est qu'un moyen de faire ressortir ce mal-être, cette inadéquation qui a modelé sa vie jusqu'ici.


Il y a deux jours, une deuxième enveloppe verte lui était parvenue par hibou, en réponse à la sienne, celle où elle signifiait à la directrice de Castelobruxo, la professeure Rosario Rojas Reimer, qu'elle acceptait le poste pour l'année scolaire à venir. Dans cette enveloppe-là, c'est un autre professeur qui lui répond : un certain Arapysandù Arizaga, professeur d'Histoire du Chamanisme.

Elle se lève pour sortir du lit, enfile ses chaussons et regarde l'heure : onze heures. Elle n'a pas réussi à fermer l'œil de la nuit, pensant aux prochains mois et à comment ils allaient bouleverser leurs vies. Elle sort dans le couloir, passe devant la chambre de Rose, et s'arrête devant celle d'Hugo. Elle ouvre la porte. Son fils, qui a maintenant 17 ans, va entamer sa dernière année à Poudlard. Pensive, elle s'avance dans la pièce parfaitement rangée. Le lit est fait, les draps lissés. Hermione ne peut s'empêcher de sourire : Hugo a hérité de sa soif d'apprendre, ce qui fait de lui le premier Weasley à être entré chez les Serdaigle. C'est un adulte, maintenant, mais sa bouille rose lui rappellera toujours son bébé aux yeux curieux qui, déjà à dix mois, parvenait à faire trembler les objets à distance sur les étagères du salon. Empreinte d'une certaine nostalgie propre aux mères, elle parcourt la petite chambre décorée de bleu et de bronze. Sur le bureau de son fils, l'insigne de Préfet en Chef brille légèrement dans l'obscurité. Et si Hugo se fait souvent chambrer par son père et son oncle Georges, Hermione est très fière de lui, de la certitude qui l'anime, de son ambition, toujours très juste, très dosée et réaliste. 


Elle a de merveilleux enfants. Et si elle se sent égoïste d'avoir fait le choix de partir, parfois, elle se dit aussi qu'elle se doit de leur montrer l'exemple, de leur montrer que leur maman aussi a des rêves, des envies, et qu'elle est capable de les concrétiser. Qu'elle n'est pas « juste » Hermione Granger, la sorcière qui a aidé Harry Potter à vaincre Voldemort. Même si, il faut l'avouer, c'est déjà quelque chose.


Elle descend à la cuisine, et fait chauffer de l'eau pour son thé matinal. Elle s'avance ensuite vers le buffet du salon, et ouvre le tiroir dans lequel elle a rangé la lettre d'Arapysandù Arizaga. Elle décide de la relire encore une fois, même si chaque mot, chaque instruction, est désormais imprimé dans sa mémoire.


Chère Mrs. Granger,


Au nom de tout le corps professoral de Castelobruxo, je vous indique que nous nous réjouissons tous de votre venue – je suis certain que votre expérience et implication personnelles dans les événements qui ont changé votre pays seront un atout majeur pour le cours d'Histoire de la Magie Contemporaine. J'avoue être très impatient de vous rencontrer, votre réputation vous précède, même au cœur de la Forêt Amazonienne. Mais nous aurons le temps de discuter de tout cela une fois que vous vous serez installée ici.


Pour l'instant, veuillez suivre ces instructions pour trouver l'école qui est, je l'espère, très bien dissimulée, aux yeux de toute personne qui n'y a pas été invitée.


Mon toucan-totem, que j'ai appelé Janeiro le jour de mes onze ans, viendra vous chercher à votre domicile le 14 août prochain. S'il vous plait, pourrez-vous lui donner de quoi se désaltérer avant d'entreprendre votre long voyage ? Il se fait vieux... Je vous expliquerai plus longuement le processus mais personne ne peut trouver son chemin dans la jungle sans un totem. Veuillez donc suivre Janeiro, quoi qu'il arrive. Il vous emmènera d'abord au London Gateway, où vous pourrez avoir accès au port inférieur, celui des sorciers. Au cas où vous n'aurez jamais visité cet endroit, voici quelques précisions utiles :


L'accès du port sorcier vous permettra de prendre le Belém Concord. Je vous joins votre billet à cette missive. L'entrée du port est bien évidemment cachée, elle se trouve en entrant dans un container rouillé, placé à l'extrémité ouest du port. Vous y trouverez un petit perroquet rouge peint sur une des portes. En y entrant, le container détecte si le visiteur est magique ou non. Comme c'est votre cas, vous trouverez un escalier en colimaçon qui descend au port inférieur.


Le Belém Concord partira du quai B, à 10 heures précises, le 15 août. S'il vous plait, soyez sur le quai une heure à l'avance. Une fois sur le bateau, je suis certain que vous serez accueillie chaleureusement par l'équipage, qui est prévenu de votre arrivée parmi nous. On vous conduira à votre cabine. Le voyage jusqu'à Belém, sur ce navire magiquement amélioré, ne durera que huit jours.


Une fois à Belém, restez dans le port sorcier. Sur le quai 54, vous pourrez embarquer à bord du Castelobruxo Rumbo, le bateau utilisé par nos élèves brésiliens, il fait le voyage tous les jours, départ à midi, et vous emmènera jusqu'à une berge reculée du Rio Negro. À partir de là, il est absolument primordial, et j'insiste là-dessus, de suivre Janeiro. Ne le quittez pas des yeux, où vous serez perdue à jamais dans la jungle.


Si mes calculs sont bons, vous devrez arriver à Castelobruxo avant le 1er septembre. Je vous souhaite un agréable voyage.


Au plaisir de vous rencontrer,


À très vite,


Ara Arizaga


Plus elle lit ces mots, plus elle s'imagine entrer dans ce container, s'avancer sur les quais de ce port qui a l'air absolument incroyable, monter dans le Belém Concord. Son cœur s'emballe d'excitation, mais aussi d'appréhension. Tout n'est pas réglé avec Ron, et elle ne pourra définitivement pas profiter de toutes ces découvertes sans en avoir rediscuté avec lui. Mais le 14 août, c'est aujourd'hui. Et comme pour le lui rappeler – même si elle n'en a pas besoin – un claquement sec et répétitif se fait entendre dans la véranda. Janeiro, le toucan-totem, n'a manifestement pas manqué le rendez-vous fixé par Ara Arizaga.



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Quand le petit groupe transplane entre les containers colorés du London Gateway, le port maritime indiqué par le professeur de Castelobruxo, la tension est toujours palpable. Rose trébuche, rattrapée par sa tante Ginny. Hugo, lui, qui vient de passer son permis de transplanage, maîtrise déjà à la perfection la technique. Harry remonte ses lunettes sur son nez d'un geste de la main et assène à son neveu une petite tape amicale sur l'épaule, lui indiquant qu'il était très impressionné. Hermione voit son fils rougir. Il a toujours admiré Harry. Janeiro, qui s'était accroché à l'épaule de la sorcière qu'il doit guider, prend quelques secondes pour se remettre de l'expérience, avant de s'envoler au-dessus d'eux.


"Alors, on te suit, Hermione", dit ensuite Harry, les mains dans les poches.

"C'est par là."


Janeiro fait quelques cercles dans le ciel avant de se diriger vers l'ouest. Hermione jette un regard en coin à Ron, qui porte la valise de sa femme, le visage fermé. Le petit groupe se met ensuite en route, vers l'extrémité ouest du port, s'éloignant des centaines de containers entassés, prêts à être chargés. Ginny accélère le pas pour marcher à côté de son amie.


"Ça va ? Pas trop stressée ?"


Hermione lui répond par une expression mitigée. Ginny éclate de rire.


"Ne t'en fais pas pour Ron, il va s'y faire ! Harry l'a un peu engueulé la dernière fois, t'aurais dû le voir, un vrai petit gamin.

- Comment ça, Harry l'a engueulé ?

- Bah... Il lui a dit qu'il devait arrêter de faire l'enfant. Je suis assez d'accord !"


La rouquine enlève les mèches de cheveux que le vent a collées à son visage, les sourcils froncés. Heureusement que Ginny est là pour nous rappeler de ne pas toujours tout prendre au sérieux, pense Hermione. Son cœur s'apaise, un peu. Elle se retourne pour regarder Ron qui marche aux côtés de Rose. Elle a l'air de lui faire un exposé. Il a les yeux rivés au sol et acquiesce de temps en temps à ce que lui raconte sa fille.


"Voilà le container !", crie Ginny pour se faire entendre par tout le groupe.


Janeiro aussi, indique à Hermione que la destination n'est plus très loin, poussant son cri typique et mélodieux. Le container n'est plus qu'à quelques mètres d'eux, se dévoile derrière une petite bute herbeuse. Il a l'air d'avoir été abandonné là, rouillé et cabossé. Hermione remarque la silhouette de quelques personnes.


"Sûrement des sorciers", indique Ginny, qui a dû les remarquer en même temps qu'elle.


Et de fait, les trois petites silhouettes rentrent dans le container, et n'en sortent plus. Arrivés devant la porte rouillée, Hermione remarque le petit perroquet rouge, à la peinture écaillée. Janeiro chante, perché sur le container. Il est huit heures et demie. Ils sont dans les temps. À l'intérieur, le container est sombre et vide. C'est seulement en se rapprochant du fond qu'Hermione arrive à déceler l'escalier qui descend dans le sol. Elle se retourne, attend que tout le monde soit rentré à l'intérieur. Ginny s'avance la première pour prendre Hermione dans ses bras. Elle lui chuchote :


"Pense à t'amuser, surtout !

- Merci", souffle Hermione, qui la remercie pour tellement d'autres choses.


Harry suit sa femme, prend son amie dans ses bras et l'étreinte lui fait du bien. Hermione ferme les yeux, respire l'odeur de son meilleur ami qui est aujourd'hui devenu son roc, son repère dans les tempêtes. Avec les années, Harry a appris à prendre du recul sur sa célébrité, à s'en détacher, à guérir ses blessures. Hermione est très fière de tout ce qu'il a réussi à accomplir, du père et du parrain qu'il est devenu, de l'Auror puissant et tranquille... et elle sait que Ginny y est pour quelque chose. Il lui demande simplement de faire attention à elle, elle acquiesce en souriant. Vient ensuite l'heure de dire au revoir à ses enfants, qu'elle étreint plus longtemps, qu'elle n'a pas envie de lâcher. Elle s'enivre de l'odeur de vanille des cheveux en broussaille de sa fille, embrasse son fils sur les joues, le front.


"C'est bon, maman !" lâche-t-il. "On se revoit à Noël."


Elle a les larmes aux yeux quand ils s'éloignent pour laisser leur père dire au revoir à leur mère, seuls.


"Bon", dit Ron en s'avançant doucement pour déposer la valise d'Hermione à ses pieds. "Tu m'écris, hein ?

- Oui."


Ils se regardent, droit dans les yeux. Hermione ne sait pas quoi dire. Il faut qu'elle dise quelque chose, pourtant. Ron s'approche, lui dépose un baiser sur les lèvres, et Hermione a envie de pleurer. Elle se retient et regarde son mari sortir du container. Le silence s'impose, gênant et furieux. Elle reste bloquée. Puis elle entend la voix de Ginny, dehors : « Mais t'es un abruti ma parole ? Retourne là-dedans ! »


Hermione ne peut s'empêcher de lâcher un rire, alors que les larmes coulent sur ses joues. La porte rouillée grince à nouveau, Ron réapparait.


"Oh Ron, je suis désolée", dit-elle en se jetant dans ses bras. 


Il l'enlace, lui caresse les cheveux.


"Tu rigoles ou quoi ? C'est moi qui suis désolé."


Elle l'embrasse ensuite, langoureusement. Les mains de Ron entourent son visage et, quand ils se détachent l'un de l'autre, il essuie les larmes qui ont mouillé les joues de sa femme.


"Je suis un crétin. J'ai compris que tu avais besoin de temps pour toi, j'ai juste mis un peu de temps à l'accepter. Je... je ne sais pas si tu as besoin de ce temps pour savoir si tu veux encore être avec moi... mais..."


Il s'arrête de parler, cherchant ses mots, une expression torturée sur le visage. Puis il plonge ses yeux dans ceux d'Hermione. Il a vraiment l'air désolé.


"Bref, fais attention à toi", finit-il par dire. "Écris-moi dès que tu arrives, ok ?

- Évidemment." Elle marque une pause. "Je t'aime, tu sais."


Pendant l'espace d'une seconde, elle peut lire du désespoir dans les yeux de Ron, qui était sur le point de dire quelque chose, mais se ravise.


"Je sais", dit-il simplement, avant de lui embrasser le front et de sortir du container, offrant à Janeiro l'opportunité de rejoindre Hermione à l'intérieur.


Elle ne sait pas si cet échange avec son mari l'a soulagée ou rendue encore plus triste. Mais elle allait avoir huit jours pour y réfléchir, dans sa cabine du Belém Concord.


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Le voyage jusqu'à Belém s'était passé exactement comme Ara Arizaga l'avait décrit dans sa lettre. Hermione a été accueillie comme une reine par l'équipage et avait passé huit jours très reposants dans sa cabine confortable, émerveillée par la vie sous-marine qu'elle pouvait observer à travers le hublot, quand le navire sous-marin ralentissait. 


À Belém, ou plutôt sous Belém, le bateau était passé sous une cascade magique pour entrer dans le port. Une fois le bateau amarré, Hermione avait pu débarquer, toujours accompagnée de Janeiro qui lui avait indiqué le chemin jusqu'au Castelobruxo Rumbo, qui partait deux heures plus tard. Et puisqu'elle devait simplement se préoccuper de suivre le toucan, elle en avait profité pour observer les lieux. Le port magique de Belém était aussi époustouflant que celui de Londres, mais l'ambiance était tout à fait différente. Les odeurs aussi. Bien que sous terre, des rayons de lumière magique traversaient l'immense hall, le brouhaha ambiant était accompagné de musique entraînante, des oiseaux colorés volaient un peu partout, se posaient sur les mats des bateaux ou les épaules des voyageurs. Des enfants couraient en riant, parfois pieds nus, jouant avec des boules d'eau magiques sous l'œil amusé de leurs parents. 


Elle avait dû courir pour pouvoir embarquer de justesse dans le Castelobruxo Rumbo. C'est uniquement parce que Janeiro avait donné des coups de bec au sorcier en charge de l'embarquement que le bateau n'était pas parti sans elle. Gênée, elle s'était confondue en excuses et l'homme, massant sa nuque attaquée, lui avait alors pointé du doigt un siège à l'intérieur de la cabine principale en grognant. « Le voyage dure deux heures, mettez votre ceinture », avait-il dit sèchement, dans un anglais approximatif.


Le Castelobruxo Rumbo, tout aussi magique que le Belém Concord, navigue cependant plus lentement, propulsé par des enchantements chamaniques qui modulent l'eau noire du Rio Negro. Hermione, avant d'entreprendre ce voyage, a évidemment tout lu sur le Brésil, les chamans d'Amérique du Sud, Castelobruxo, la faune, la flore, les sorciers et sorcières célèbres, les créatures et esprits qui peuplent la jungle...


Par la fenêtre de la cabine principale, Hermione tente d'identifier les poissons qui profitent du courant formé par ce bateau étrange pour avancer plus vite. Pour l'instant, elle a seulement vu les couleurs vives des Tucunarés immenses. Janeiro est posé sur sa valise, à ses pieds, et picore une demi-mangue. Se sentant observé, il lève son regard bleu vers Hermione et penche sa tête.


« Je suppose qu'on est bientôt arrivés, hein ? », lui dit-elle. Janeiro lui répond par un petit chant, très doux.

« Dans cinq minutes, on devrait y être », dit alors une voix en anglais.

« Merci », répond Hermione à la voyageuse assise un peu plus loin, dans la cabine presque vide.


La femme, qui doit avoir la soixantaine, a la peau brune et ridée autour de ses yeux noirs. Ses cheveux bouclés, grisonnants, sont remontés en un chignon souple, décoré de bijoux artisanaux argentés. Elle porte une longue robe grise légère, brodée d'argent, attachée par une boucle sur son épaule droite. Ses bras sont dénudés mais remplis de tatouages représentant des symboles étranges. Un serpent blanc est enroulé autour de son poignet et ondule doucement. La femme adresse à Hermione un sourire chaleureux.


« Vous devez être la nouvelle professeure d'Histoire de la Magie Contemporaine et donc ma nouvelle collègue. Enchantée, je suis Manci Moreno Marill, professeure de Capnomancie.

- Oh, enchantée », répond Hermione, qui s'en veut de ne pas avoir lu davantage de livres sur l'art de la capnomancie. « La divination dans les fumées, c'est ça ?

- Flattée de voir que vous vous y êtes intéressée. C'est en effet ce que j'enseigne à mes élèves. Mais ils n'y arrivent pas tous... »


Si Hermione avait été élève à Castelobruxo, elle aurait probablement fait partie de ceux qui n'y arrivaient pas, se dit-elle. Elle se souvient de cette horrible Trelawney qui lui avait dit qu'elle n'avait pas ce qu'il fallait pour voir. Ce souvenir fait sourire Hermione : si elle avait su, à ce moment-là, qu'elle allait un jour se retrouver ici, où la magie est bien différente, plus organique, en symbiose avec la nature, plus instinctive. Mais bon, elle n'est plus élève aujourd'hui, et se contentera donc d'observer de loin toutes ces pratiques fascinantes, sans être obligée de s'y soumettre.


« Je veux bien le croire, je n'ai moi-même jamais été très douée pour la divination.

- Ah, Señora Granger, la divination des ingleses est globalement una farsa.

- Une farce ? »


Manci répond par un hochement de tête amusé avant d'ajouter : « Ah, nous arrivons ».


Cette fois, le Castelobruxo Rumbo remonte à la surface, avant de s'arrêter lentement au bord d'une large plage de sable blanc, déserte. Les quelques passagers débarquent. Hermione suit Janeiro des yeux. À partir d'ici, elle ne sait pas vraiment à quoi s'attendre, tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle doit suivre le toucan ariel. Ses ballerines s'enfoncent dans le sable, la chaleur est accablante. Elle regarde autour d'elle. L'eau noire du Rio Negro recouvre presque tout, la berge d'en face doit bien se situer à plus d'un kilomètre de la plage. Et face à elle, la jungle, immense, verte et dense. Hermione sent une goutte de sueur couler le long de sa tempe, sort sa baguette et lance un sort d'allègement sur sa valise, qui devient aussi légère qu'un ballon. Elle entreprend ensuite de s'attacher les cheveux.


« Vous allez au village, ou directement à l'école ? », demande Manci dans son dos.

« Euh... à l'école je pense. Le professeur Arapysandù Arizaga m'a demandé de suivre son toucan.»


Manci rit doucement. « Je vois. Je vais au village, je ne peux donc pas vous accompagner. L'école est par là, il faut passer à travers la jungle. » Elle montre un endroit à gauche d'Hermione, complètement sauvage. « Suivez l'oiseau. À bientôt. »


Hermione n'a pas le temps de se retourner pour remercier Manci. Elle est déjà loin, marchant sur le sable avec une légèreté spectrale. Un claquement chantant la sort de sa contemplation. C'est Janeiro qui virevolte au-dessus d'elle.


Arrivée à l'orée de la jungle, un petit écriteau est accroché à un arbre. La mention « Perigo de Morte », danger de mort, en portugais, se transforme en « Caminho de Castelobruxo » quand Janeiro se pose dessus. Hermione, soulagée d'être enfin à l'ombre, tend la main pour que l'oiseau y grimpe, mais il se contente de lui mordiller le doigt amicalement, avant de s'envoler.

Là, un spectacle absolument saisissant s'offre alors à Hermione. La jungle s'ouvre littéralement au passage de Janeiro. Les lianes se replient, les araignées s'écartent, les troncs se déplacent. Le toucan continue d'avancer, et Hermione remarque qu'elle doit absolument rester proche de lui, puisque dès qu'il s'éloigne, la végétation reprend sa place initiale. D'abord stupéfaite par cette magnifique magie, elle rattrape son retard en accélérant le pas.


Après une heure de marche, Castelobruxo apparait enfin, grandiose, mystique, d'une majesté surnaturelle. Hermione retient son souffle et s'arrête pour contempler le tableau qui s'impose à elle. Et puis, une petite boule de magie blanche, qu'Hermione n'a jamais vue, se met à danser avec Janeiro, au-dessus d'elle. L'oiseau chante, plane, poursuit la boule, qui finit par venir tournoyer autour d'Hermione.


« Qu'est-ce que... ? », glousse-t-elle.


Et puis, son souffle se coupe à nouveau, quand la boule se transforme en l'homme le plus beau, le plus intrigant qu'Hermione a jamais vu. Arapysandù Arizaga se tient devant elle, les muscles saillants, le torse nu et recouvert de colliers de cuir, vêtu d'un pantalon de lin blanc. Il lui adresse un sourire éclatant, qui fait pétiller ses yeux d'un bleu profond, envoûtant. Sa peau noire luit de sueur et ses cheveux, tressés, sont décorés de perles colorées. Janeiro se pose sur son épaule, et Hermione, pour la première fois depuis au moins vingt ans, est déstabilisée.



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Merci d'avoir lu ce deuxième chapitre, j'espère qu'il vous a plu! 

J'ai beaucoup aimé imaginer le voyage d'Hermione jusqu'au Brésil. Comment vous voyez la suite? Sa relation avec Arapysandù Arizaga?

Dans le chapitre suivant, on rencontre la déstabilisante Kuyen Mundica Kieffer, professeure de Pratique des Rituels, mais aussi la directrice Rosario Rojas Reimer. Et puis, Hermione apprend qu'une menace pèse sur l'école...

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