Professeure Granger - Les esprits de Castelobruxo

Chapitre 6 : Harry Potter

4155 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/12/2025 09:35

Une Fuegana. Sa magie naturelle, c'est le feu. Elle aurait dû s'en douter, étant une Gryffondor. Hermione, depuis son rituel initiatique, se sent différente. Plus légère. Même si, visiblement, elle n'y serait pas arrivée toute seule. Après la séance, Kuyen lui a expliqué avoir dû lui lancer quelques charmes et sorts pour l'aider à se détendre et à s'ouvrir. Hermione s'est effectivement rappelé cette espèce de caresse sur sa nuque, ou avoir subitement senti le sol ramollir sous elle. Elle avait été déçue de l'apprendre. Une déception qu'elle arrivait cependant à surmonter en se disant qu'au moins, maintenant, elle allait pouvoir avancer avec Aymara, dès le mois de janvier. Étant donné que maintenant, elle savait quel type de magie lui convenait le mieux.

Parallèlement, Kuyen l'avait aidée à décortiquer ses visions. Le jaguar, symbolisant la transformation de l'esprit, l'avait poussée à ouvrir les yeux, à accepter sa colère bouillonnante et à s'en servir, finalement, pour laisser couler la magie en elle. Quand Hermione avait mentionné le colibri, Kuyen avait eu une petite expression surprise : le petit oiseau était un guide de l'âme, accompagnant les chamans dans leurs Voyages spirituels. Il se montrait aux chamans qui étaient prêts à visiter d'autres mondes. Mais son apparition, lors du rituel d'Hermione, avait été trop brève...


El Tunche n'a plus fait de victime, fort heureusement. Le mois de décembre s'est écoulé lentement, pour Hermione, qui arrive maintenant à maîtriser quelques sorts de feu, grâce aux enseignements de la professeure de Charmes et Enchantements, Candela Cunha Da Costa. Hermione a l'impression de vivre une nouvelle vie. Sa soif d'apprendre est revenue, comme intacte. La magie chamanique est passionnante, elle le sait pour avoir lu toute la théorie dans les livres, mais c'est autre chose de pouvoir enfin la pratiquer.


Le rituel a débloqué quelque chose en elle, même si elle a encore beaucoup de chemin à parcourir. Jouer avec les quatre éléments est la première étape. Hermione peut faire apparaître des flammes si facilement, désormais, et les utiliser dans toute une série de situations. Mais elle avait dû travailler dur avant de pouvoir faire la même chose avec l'eau, l'air, la terre. Aymara, qui est une Aquanos, avait guidé Hermione jusqu'à ce qu'elle puisse faire apparaître de l'eau dans le creux de ses paumes. C'est Ara qui l'avait aidée à créer un petit tourbillon entre ses doigts et, grâce à Pachacùtec, elle avait réussi à faire éclore une orchidée. La directrice Rosario Reimer était la plus exigeante. En tant que chamane du feu, elle avait d'abord applaudi d'excitation quand Kuyen lui avait annoncé qu'Hermione était une Fuegana, comme elle. Elle avait ensuite pris son rôle d'instructrice à cœur. Hermione suait, littéralement, lors de ses cours privés dans le bureau de la directrice, qui n'hésitait pas à lui crier dessus lorsqu'elle échouait. Cependant, la nouvelle flamme qui l'animait ne lui laissait aucun répit : elle était plus déterminée que jamais. À force d'acharnement, de méditation forcée, de leçons poussées, Hermione avait réussi à maîtriser trois sorts chamaniques du feu. Les trois plus simples, dans leur forme la plus basique, mais tout de même ! Elle était fière. Elle pouvait utiliser Ashesh Ora, le sort de Flamme expansive qui, dans son utilisation la plus élémentaire, faisait gonfler le feu, et dans son utilisation chamanique, pouvait réveiller la force vitale. L'autre sort était Vesur Enn, le charme de l'Étincelle du renouveau, qui permettait de panser des blessures physiques ou, si lancé avec plus de finesse, des blessures de l'âme. Dernièrement, Hermione avait réussi à réaliser un Feu du bannissement parfait : le sort Zarkar Abyss permet de repousser les entités et énergies négatives, lorsqu'elles ne sont pas trop puissantes. Elle s'était entraînée, tous les soirs, jusqu'à pouvoir le lancer sans réfléchir, allant puiser dans la lave incandescente qui animait désormais son corps.


Fin décembre, Rosario Reimer dit à Hermione qu'elle pouvait considérer avoir appris les bases de la magie chamanique, même si la botanique n'avait pas fait partie de son programme : elle ne serait pas utile, contre El Tunche. « Tout ce qu'il fallait, c'était que vous compreniez le processus, que vous réussissiez à entrevoir les possibilités qui s'offrent au chaman quand il s'ouvre aux Mondes. Je pense que vous y êtes », avait-elle dit à son élève. « Mais ce n'est qu'une étincelle. C'est tout ce qu'il faut pour allumer un brasier. Par conséquent, vous devez continuer vos efforts. Parallèlement, je dois avouer être impressionnée. Vous êtes une grande sorcière, Señora Granger. Et vous deviendrez une grande chamane. »

Le vingt-trois décembre, l'école est vide. Seuls quelques élèves sont restés pour y passer les vacances de Noël. Hermione quitte Castelobruxo, un sac sur le dos, pour se rendre à Tava-Bruxo, le village sorcier le plus proche de l'école. Elle brûle d'excitation à l'idée de revoir ses enfants. Quand elle arrive sur l'esplanade, une question la titille : comment va-t-elle retourner sur la plage du Rio Negro, sans totem ? Elle scrute les alentours, à la recherche d'une tête connue qui pourrait l'éclairer sur la marche à suivre. Elle remarque Ara, assis sur un banc en compagnie de Manci Moreno Marill. Elle s'approche. Les deux tirent à tour de rôle sur une longue cigarette, qui semble avoir été roulée avec de longues feuilles séchées. Une fumée orange colore l'espace autour d'eux quand ils la soufflent en riant.

« Hermione ! », dit Ara en la voyant s'approcher.

« Vous partez pour le village ? », enchaîne Manci, après avoir tiré une bouffée, le sourire large.

« Oui ! Mais je ne sais pas comment faire... »

Les deux la regardent avec des yeux ronds, se demandant certainement si elle est devenue idiote, tout d'un coup. Hermione sent le malaise, et rit généreusement.

« Je veux dire, je n'ai pas de totem pour m'aider à passer de l'autre côté. »

Quand ils comprennent, ils pouffent de rire, recrachant la fumée qu'ils avaient en bouche.

« Ça a l'air sympa, votre truc », ajoute Hermione, amusée. « C'est quoi ?

- Du tabac... amélioré par notre cher Tomàs », souffle Manci pendant qu'Ara ricane. « Vous voulez essayer ? »

L'ancienne Hermione aurait dit non. Mais elle tend la main pour prendre la cigarette entre ses doigts et en aspirer une bouffée. Elle tousse, crache, et la rend directement à Manci, tentant de reprendre son souffle. Et puis elle se met à rire, se sentant beaucoup plus légère.

« Ça ne règle pas mon problème de totem », ajoute-t-elle en se raclant la gorge.

Les yeux bleus d'Ara, brillants et rieurs, se posent sur elle.

« Je pense que tu devrais faire attention à ce qui se passe autour de toi, ces prochains jours. Si ça se trouve, ton animal-totem a déjà essayé de t'approcher.

- Ah ?

- Maintenant que vous vous êtes liée avec les plans chamaniques, vous devriez avoir un totem », ajoute Manci.

Hermione est sceptique, et se sent un peu coupable de ne pas y avoir pensé, d'avoir potentiellement rejeté son animal-totem ces derniers jours. Elle tente de se souvenir de quelque chose. Manci tire une dernière fois sur la cigarette avant de la réduire en cendres entre ses doigts.

« Il prend du temps à se manifester, parfois. Ne vous inquiétez pas. Je vous conseille cependant de vous approcher du sentier. Quand un totem sent qu'on a besoin de lui, il apparaît généralement. »


Hermione la remercie d'un signe de tête et s'avance jusqu'au haut palmier au tronc peint de rouge, qui marque le début du sentier camouflé. Rien ne se passe. Elle se retourne vers Ara et Manci, qui regardent la scène avec intérêt. Hermione hausse les épaules. Et quand elle s'apprête à repartir vers ses collègues, elle sent quelque chose s'agiter dans ses cheveux. C'est son totem, elle le sait. Elle le sent. Quelle sensation étrange. Un colibri magnifique, au plumage orange, tournoie autour de sa tête, avant de se poser sur la main que lui tend Hermione. Il a une longue queue noire et luisante. Son bec aussi est noir et ses yeux, pétillants, ressemblent à deux minuscules perles d'ébène. Le contact avec le colibri fait beaucoup de bien à Hermione, qui est soudain animée par une énergie revigorante, magique, superbe. Elle pense : « Comment tu t'appelles ? » et le colibri lui répond « Leoma ».

Leoma. Quelle rencontre incroyable. L'émotion d'Hermione lui pique les yeux. Elle sourit, et Leoma lui picore doucement les doigts.

« Oh ben ça alors, ce n'est pas commun ! »

Manci et Ara l'ont rejointe.

« C'est un flamboyant », ajoute la professeure de capnomancie, très intéressée par Leoma.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? », demande Hermione.

« Rien de particulier, c'est l'espèce : un colibri flamboyant », ajoute Ara. « Ce qui est remarquable, par contre, c'est qu'il s'agit d'un colibri. Généralement, puisqu'ils sont des guides spirituels, ils sont rarement des animaux-totems.

- Je ne comprends pas...

- Les colibris ont la mission de connecter l'âme des chamans avec les plans supérieurs. Ils sont les guides de tout le monde », explique Manci. « Qu'un colibri soit entièrement lié à vous est assez exceptionnel, je dois dire. »

La professeure réfléchit.

« Si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à venir me trouver un soir, pour une séance de capnomancie. » Hermione accepte la proposition, avant de regarder Leoma écarter la jungle pour elle.


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Le Portoloin avait emmené Ron, Rose, Hugo, Ginny, Harry, James, Albus et Lily à l'entrée de Tava-Bruxo. Les retrouvailles avaient été intenses, Hermione a beaucoup pleuré, en serrant ses enfants et ses neveux dans ses bras. Ils avaient fait la connaissance de Leoma, fascinés, posant mille questions à Hermione sur le chemin jusqu'à l'auberge dans laquelle ils séjournent : La Vaga-Lume. Le vingt-quatre décembre, ils avaient arpenté les rues du village sorcier, les yeux écarquillés. De nombreuses boutiques bordaient la rue principale de Tava-Bruxo, décorée de lampions colorés et de feux de Bengale magiques. Partout, ils entendaient le rythme des tambours, des hochets, et les chants magnifiques des jeunes chamans qui déambulaient en petits groupes. Hermione était heureuse d'avoir retrouvé Ron. Par moments, pourtant, elle avait l'impression de poser les yeux sur un inconnu, qui regardait Leoma avec appréhension. Elle avait décidé d'ignorer cette sensation étrange, et de profiter de ces jours de fête avec ses proches. À midi, ils s'étaient arrêtés dans une grande taverne, à l'autre bout du village, afin d'échapper un peu à la chaleur étouffante de ce mois de décembre. L'après-midi avait été consacrée au shopping pour les filles, et Albus, qui avaient hâte de rentrer dans les boutiques mystérieuses, excentriques, et colorées de Tava-Bruxo. Ron, Harry, Hugo et James, avaient décidé de rester à la Taverne pour profiter d'un peu de fraîcheur.


Ils s'étaient tous retrouvés, au soir, afin de se préparer pour le réveillon de Noël. Hermione avait réussi à réserver une salle privative de la Vaga-Lume pour qu'ils puissent se sentir un peu comme à la maison.

« Tu es magnifique, maman ! », lui souffle Rose alors qu'elle aide Hermione à remonter la fermeture éclair de sa robe. Elle avait opté pour quelque chose de sobre : une longue robe rouge échancrée, au tissu léger et aux fines bretelles.

« Merci, ma chérie. Toi aussi tu es magnifique. » Rose porte une courte jupe d'un bleu clair, et un chemisier blanc, ample, qu'elle a rentré dans la jupe. Elle a remonté sa tignasse en un chignon bouffant. Des anneaux argentés pendent de ses oreilles.

« Est-ce que tu comptes aller retrouver Juan après ?

- Maman ! »

Hermione rit. Rose s'empourpre. Sa mère avait bien remarqué qu'elle tournait autour du barman de la Vaga-Luma. Qu'ils riaient ensemble.

« Eh, amuse-toi ma chérie. » Elle lui embrasse la joue avant de sortir de la chambre, suivie par Leoma qui, il faut le dire, avait l'air d'apprécier la compagnie de Rose.

Ginny les rejoint dans le couloir, tenant la main de Lily qui, quand elle aperçoit Rose, lâche sa mère et accélère le pas en gloussant. Les deux jeunes filles partent devant.

« Je ne sais pas ce que le Brésil te fait, mais tu es absolument resplendissante », dit Ginny à Hermione, en lui agrippant le bras.

« Si tu savais... »

Son amie lui lance un regard impressionné et interrogateur. Hermione ne lui laisse pas le temps de répliquer.

« Comment va Ron ?

- Comme d'hab. » Ginny fronce les sourcils, pensive. « Maintenant que j'y pense, il n'a vraiment pas montré quoi que ce soit ces derniers mois. Ou alors Harry sait quelque chose de plus que moi, mais ça m'étonnerait. »

Hermione ne répond pas. Elle ne sait pas pourquoi, mais cette réponse l'attriste. Elle a arrêté d'avoir des attentes envers son mari depuis longtemps. Mais ce temps était sans doute révolu.


Quand elles entrent dans la pièce où ils prendront leur repas, Hermione est ébahie. La décoration des lieux est superbe : des lucioles volent en clignotant, des bougies rouges et vertes sont suspendues au-dessus de la grande table, des étoiles faites de givre tournoient en libérant des flocons de neige, qui tombent en virevoltant sur la table. Un feu magique ronronne dans la cheminée dorée. Ses flammes ne dégagent aucune chaleur. De gros fauteuils en velours rouge sont disposés en cercle. Dans un coin, un haut sapin, décoré de boules qui changent de couleur, de friandises et de guirlandes vivantes, est entouré de nombreux cadeaux.

« Señora Reimer m'a dit d'essayer de reproduire un Noël d'hiver du mieux que possible », lâche Martim, le patron du Vaga-Luma, dans un anglais parfait. « Est-ce que cela vous convient, Señora Granger ?

- C'est parfait Martim, merci beaucoup ! »

Il leur adresse un large sourire, avant de s'éclipser. Ginny s'avance vers Harry, assis dans un des fauteuils, un verre à la main. Et le regard amoureux qu'il lance à sa femme fait beaucoup de mal à Hermione. Ron, à côté d'Harry, n'a même pas levé les yeux vers elle. Leoma, posée sur son épaule, lâche une courte mélodie, à l'oreille d'Hermione. Douce et rassurante.

Hermione s'assied à son tour, à côté de son fils.

« Je dois dire que je m'attendais à tout, sauf à ça », commence Harry. « C'est sympa, le Brésil !

- Tu dis ça parce qu'on rentre la semaine prochaine », lâche Albus, appuyé contre le mur, grignotant un beignet de poisson.

« Pas du tout ! Hermione, raconte-nous en détails, comment c'est Castelobruxo ? Et ce colibri alors, il va revenir à Londres avec toi ?

- Leoma », corrige Hermione en souriant. « Oui, je suppose. » Leoma chante et approuve. Ron lâche un petit rire moqueur, mais Hermione décide de l'ignorer. Le comportement de son mari commence à l'énerver.

D'habitude, elle se serait vexée et se serait posée mille questions sur la signification de ce rictus. Elle sait que Ron est probablement perdu, depuis son départ. En temps normal, elle aurait utilisé son bon sens pour atténuer son agacement envers le comportement distant de son mari. Sauf qu'elle avait récemment appris à se nourrir de ces émotions-là, à les transformer en énergie magique.

« Eh », dit-elle à ses neveux. « Vous voulez voir un truc cool ? » Ils acquiescent, curieux. James, Lily et Rose s'asseyent au sol, fixant Hermione avec attention.

Elle se concentre. Elle est tellement énervée contre Ron que la flamme qu'elle fait naître entre ses doigts monte instantanément de plusieurs dizaines de centimètres. Tout le monde sursaute. Les garçons lâchent des « woaw » d'admiration, Lily est fascinée.

« Comment tu fais ça ?! », demande Ginny.

« Je me suis beaucoup entraînée », dit simplement Hermione. Elle n'avait pas envie de parler du rituel, et encore moins d'évoquer Kuyen.


Le lendemain, après avoir ouvert leurs cadeaux, le petit groupe s'en va pour une balade en bateau sur le Rio Negro. Ils passent ensuite l'après-midi à Tava-Bruxo : les jeunes s'en vont, en compagnie de Juan le barman, rejoindre d'autres sorciers sur la plage, tandis qu'Hermione, Ron, Ginny et Harry décident de s'installer à la terrasse d'un petit restaurant, où ils commandent des smoothies. Ron est taiseux. Mais quand Hermione pose sa main sur son genou, sous la table, il se détend et saisit les doigts de sa femme en les pressant doucement. C'est déjà ça, se dit Hermione, rassurée. Ces derniers jours n'ont pas été simples, entre eux. Ron essaye de camoufler quelque chose, faisant gonfler les non-dits, ceux-là même qui épuisent Hermione, elle qui a besoin de tout comprendre. Elle sait qu'il y a toujours beaucoup d'amour entre eux. Elle sait que Ron lui manque, chaque soir. Ce matin, elle avait eu envie de le lui dire, de lui parler de Kuyen, de lui expliquer ce qu'elle ressent, mais elle s'était ravisée devant le regard fuyant de son mari, dès le réveil. En prenant du recul, elle a compris que c'est parce qu'elle a peur de ses réactions, de se retrouver encore devant un mur froid qui lui renvoie ce message : tes émotions ne comptent pas.


Elle sait que c'est faux. Elle sait que Ron fait de son mieux. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de ressentir ce rejet profond lorsqu'elle se heurte à ce mur. Un rejet qui lui fait mal, de plus en plus chaque jour, devenant aujourd'hui une blessure qu'elle ne peut plus ignorer.

Que pouvait-il bien se passer dans la tête de Ron, à cet instant précis ? Il lui en veut probablement d'être partie, mais il ne lui avouera jamais. Depuis la mort de son père, il fait tout pour arrondir les angles, éviter les conflits. Quand elle y repense, c'est à partir de là que tout est parti en vrille. La mort de Fred a traumatisé tout le monde, comme celle de Lupin et celle de Tonks. Mais le contexte était celui de la guerre : on s'attendait à des pertes, aussi douloureuses soient elles. Ce qui avait brisé Ron et Molly, c'était bel et bien la mort d'Arthur Weasley, il y a deux ans. Le père Weasley avait fait un arrêt cardiaque, quelques jours après une dispute virulente avec Georges et Ron, au sujet de la boutique de farces et attrapes. Rongé par la culpabilité, Ron n'avait jamais relaté avec précision ce qui s'était dit, ce jour-là, entre eux. Georges élude les questions avec des blagues ou des banalités. Même Molly Weasley n'avait rien su en tirer de plus. Hermione avait tout essayé pour aider Ron dans son deuil, pour lui faire comprendre qu'il devait parler de tout ce qu'il avait sur le cœur, mais rien n'y a fait. Et depuis ce jour, Ron n'est plus le même. L'inquiétude d'Hermione s'est transformée, au fil du temps, en détresse, puis en épuisement. Aujourd'hui, c'est de la colère qu'elle ressent. Envers elle-même, d'abord, de ne pas avoir réussi à aider Ron dans cette épreuve qui, pour une raison qu'elle comprend parfaitement, l'avait traumatisé encore plus que la guerre contre Voldemort. Elle est aussi en colère contre lui, qui n'a pas l'air de vouloir faire les efforts nécessaires pour sortir de ça, pour évoluer en tant que personne, et pour sauver son couple. Elle n'avait pas réussi à gérer tout ça, elle ne sait toujours pas comment agir face à ce mur qui continue de s'élever. Comment est-elle censée trouver des solutions si elle n'a pas tous les éléments ? Et finalement, est-ce à elle de trouver ces solutions-là ? Elle commence à comprendre que non. Ce qui veut dire que leur futur est compromis. Si la situation n'évolue pas, il n'y aura rien à faire, à part accepter l'évidence. Elle sent des larmes d'impuissance lui piquer le nez, et se force alors à replonger dans la conversation, sous l'œil attentif de Ron. Malgré tout, elle sait qu'il voit ce qui se passe. C'est peut-être pour ça qu'il est désagréable. Peut-être qu'il s'en veut, lui-aussi, de ne pas y arriver...


Ils discutent de tout et de rien. Hermione est questionnée, encore, sur les derniers mois. Elle raconte ses journées, parle d'Ara, des secrets de la pyramide et même du Pato Marino, ce qui a l'air de susciter un peu d'intérêt chez Ron, qui se redresse légèrement sur sa chaise.

Hermione est en train de raconter une de ses douloureuses leçons avec Rosario Reimer quand elle aperçoit des feux follets tournoyer dans la rue, agités. Un toucan ariel vole avec eux. Elle s'arrête au milieu de son récit, fronçant les sourcils. Ara, Manci, Aymara et Pachacùtec se matérialisent dans un coin, derrière une boutique de sucreries. Ils ont l'air affolés, se parlent en agitant les bras, visiblement tendus.

« J'arrive », dit Hermione. « Il se passe un truc, je vais voir. Je reviens. »

Harry et Ginny hochent la tête, Ron regarde les professeurs du coin de l'œil.

« Qu'est ce qui se passe ? », demande Hermione aux quatre autres, une fois qu'elle est assez proche d'eux. Ara lui répond.

« Hermione ! On a enfin trouvé qui a invoqué El Tunche.

- Comment ça ? Quoi ? Qui ?!

- Il semblerait que cela soit un des idiots de la...

- Pacha ! », le coupe Aymara. « Ils ne sont pas tous idiots.

- Il faut être idiot pour penser qu'on peut invoquer un esprit comme El Tunche sans conséquences.

- Certes, mais soit moins dans le jugement, s'il te plait. Tu te rappelles nos discussions ? »

Pachacùtec lève les yeux au ciel. Hermione les regarde, dans l'attente d'une réponse compréhensible.

« Apparemment », commence Manci, « c'est un chaman d'une tribu magique qui aurait lancé l'invocation.

- Et nous y allons maintenant », complète Ara. « Pour leur poser des questions. Mais on ne sait pas vraiment comment on sera accueillis...

- Je viens avec vous ! »

Les quatre s'échangent des regards.

« Oh, allez ! J'ai pas fait tout ce travail pour rien. Et puis, je ne suis pas inutile non plus hein, j'ai une baguette magique et je sais m'en servir. »

Ara sourit.

« Laissez-moi juste deux minutes, je vais prévenir mes proches. »

Elle tourne les talons pour rejoindre Ron, Harry et Ginny qui l'observaient de loin.

« Je suis désolée, je vais devoir vous laisser pour l'après-midi, j'ai euh... besoin de régler un truc avec mes collègues. » Elle n'est pas très convaincante, elle s'en rend bien compte. Ginny baisse ses lunettes de soleil d'un geste de la main pour lui lancer un regard qui veut dire : Tu te fous de ma gueule ? Hermione veut rajouter quelque chose, mais Harry intervient.

« C'est en rapport avec ce dont tu m'as parlé ? »

C'est vrai, elle lui avait parlé d'El Tunche dans une de ses lettres. Le visage de Ginny s'éclaire. Évidemment, Harry lui a tout dit...

« Oui », souffle Hermione, qui sait soudainement qu'elle allait devoir s'expliquer longuement avec Ron ce soir. Il commence déjà à rougir d'indignation.

« Ok », dit Harry. « Je viens aussi.

- Quoi ? », s'insurge Ron. « Quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ?

- Allez-y », dit Ginny en se levant.

« Mais...

- Oh, Ron, tais-toi. Je t'expliquerai. Ils doivent y aller, là. »

Hermione regarde son mari rabroué se laisser tomber sur sa chaise, l'air dépassé. Mais il est aussi blessé. Elle culpabilise, tout d'un coup. Et ressent... de la pitié ? L'urgence de la situation lui fait reprendre ses esprits, elle décide de mettre tout ça dans un coin de sa tête pour l'analyser plus tard. Il allait de toute manière lui en reparler.

« Je suis désolée, Ron », ajoute-t-elle tout de même. « Je te dois des explications. On en parle à mon retour.

- C'est ça. » Il croise les bras sur son torse, Ginny lui assène une tape derrière la nuque.

« Mais, ça va pas ?

- T'es un crétin. »

Hermione est soulagée de s'éloigner de son mari. Leoma tournoie au-dessus de sa tête, rejoignant Janeiro dans sa danse.


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Et voilà pour le Chapitre 6 ! 

N'oubliez pas de me dire ce que vous en pensez, et d'aller voter pour la fin: est-ce que Ron et Hermione restent ensemble à la fin de l'histoire? https://forms.gle/ie7Mb2FQ9rkHopfm7



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