Harry Potter, le Brécilien et le Prince de Sang-Mêlé

Chapitre 14 : Chapitre XIV Ene Arnod

1833 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:23

CHAPITRE XIV : ENE ARNOD[1]

 

           Le temps passait étrangement. Les journées étaient irrégulières. Des jours de quelques minutes à peine suivaient d’autres qui lui semblaient durer deux jours. La météo changeait également constamment, passant de la neige au soleil ardent, et de la tempête au clame plat.

           Ses pas le menèrent à une haute falaise dans laquelle était creusé une grotte. Il ne savait comment, mais quelque chose le poussait à y entrer. Il ne lui fallut pas longtemps pour atteindre une salle immense, baignée dans une lumière irréelle. Trônant sur un siège de pierre, un monstre immense toisait le breton du regard. Il ressemblait étrangement à un homme. Sa peau était d’un noir de ténèbres, ses mains armées de griffes tranchantes, ses yeux brillant d’un rouge sanglant. Même s’il ne l’avait jamais vu de ses propres yeux, Yannig le reconnut aussitôt : Drougael.

           Le démon se leva. Il fit quelques pas vers Yannig. Le breton ne recula pas, ne cilla pas. Si par le passé, les Diskibien pliaient l’échine devant lui, aujourd’hui les Teñval ne tremblent plus.

« Tu n’as pas peur de moi, rugit Drougael.

-Pourquoi aurais-je peur de toi, Drougael. Tu n’es plus rien. Un vestige du passé.

-Je suis le démon qui imposa sa loi sur les terres bretonnes. Crains de tous, j’ai fait trembler jusqu’au Roi Arthur et son magicien. Les Diskibien auraient dû les vaincre s’ils ne s’étaient pas détournés de moi.

-Nous avons choisi de racheter nos crimes.

-Tes ancêtres étaient une bande de faibles qui n’ont pas osé prendre le pouvoir que je leur offrais. Ils ont préféré se retourner contre leur propre clan. Les Teñval ont trahi les Diskibien.

-Ils ont préféré avoir une chance de se racheter que de continuer une vie maudite.

-Et qu’ont-ils gagné ? Vous êtes devenus les pantins de Myrdinn. Il se sert de vous pour son propre intérêt et vous fais miroiter une absolution qu’il ne vous donnera jamais.

-Si tu espères m’avoir avec ce discours, tu es sur la mauvaise voie.

-Non. Je voulais juste voir si je pouvais te ramener à moi sans avoir à m’en prendre à ceux à qui tu tiens.

-Tu fais parti de moi. Tu n’as aucun moyen de t’en prendre à quelqu’un d’autre que moi.

-C’est la où tu te trompes. Tous les êtres sont liés les uns aux autres. Et tu auras beau fermé ton cœur, tu n’échappes pas à la règle. Tu as déjà perdu des êtres chers. Comme tes parents ou ce jeune homme. »

           Cédric Diggory venait d’apparaître à côté de Drougael. Il regarda Yannig et le démon sans comprendre. Drougael le prit à une main. Cédric fit une grimace douloureuse. Mais Yannig ne broncha pas.

« Ne vas-tu pas le sauver ?

-Tu n’as aucun pouvoir sur les morts. Tu ne peux faire revenir une âme qui est passée de l’autre côté.

-Je peux faire revenir qui je veux. Même tes parents. Tu es puissant, jeune Teñval. Je peux te donner plus de puissance que je n’en ai jamais donné à aucun Diskibien. Assez de puissance pour faire revenir du monde des Morts tes parents et ce jeune homme.

-Non. C’est allé à l’encontre des lois de la nature.

-Qui vous a enseigné ces lois ? Myrdinn ? Il vous a menti. Il sait très bien qu’il est possible de revenir de l’autre côté. Lui-même l’a déjà tenté par le passé. Mais il a échoué lamentablement. C’est pourquoi il dit que c’était impossible, qu’il a décrété que c’était contraire aux lois de la nature. Mais en fait, c’est parce qu’il ne voulait pas reconnaître son échec. Il savait très bien que certains êtres dont je fais parti connaissent les passages qui lient nos mondes. Je peux te l’enseigner. Je sais que tu veux plus que tout au monde revoir tes parents et Cédric.

-Yannig, non, ne l’écoute pas, souffla Cédric.

-Cédric ! C’est bien toi ! s’exclama Yannig.

-Ne renie pas qui tu es. Continue le combat.

-Si c’est bien toi, alors il dit la vérité. Je peux te faire revenir.

-Non. Tu sais pourquoi je ne dois pas revenir. C’est contraire aux lois de la nature.

-Mais s’il dit vrai, ces lois sont fausses.

-Je n’ai plus ma place dans ce monde.

-Cho t’attend toujours.

-Non, elle ne m’attend plus. C’est toi qu’elle attend.

-J’ai besoin de toi. J’ai besoin de mes parents. Que faut-il que je fasse ? »

           Cédric allait dire quelque chose mais il disparut. Drougael s’avança vers Yannig.

« Je ne te demande qu’une chose, dit Drougael. Prouve-moi ta fidélité.

-Comment ?

-Eveille-toi. »

Drougael passa une des ses mains fourchues au dessus de la tête de Yannig. Le breton se cambra de douleur. Ses vêtements se déchirèrent. Sa mâchoire se sertit d’horribles crocs pointus. Ses yeux s’agrandirent pour devenir deux surfaces vertes sans expressions. Ses mains se transformèrent en fourches tranchantes. Il ne pouvait plus parler, il ne pouvait qu’émettre des cris stridents. Il était devenu plus un animal échappé de l’Enfer qu’un homme.

« Appelle-la, dit Drougael. Appelle celle qui a la plus grande place dans ton cœur. »

Le cri se fit déchirant. Et alors que la créature pitoyable et monstrueuse qu’était devenu Yannig se recroquevillait sur le sol, une apparition traversa la voûte de la caverne et vint se poser sur le sol.

           Cho regarda de tous les côtés. Elle ignorait où elle était. Rêvait-elle ? L’instant d’avant, elle marchait dans le parc de Poudlard pour rejoindre ses amies, et maintenant elle était dans une grotte avec deux monstres. Le plus petit se redressa d’un bond et la plaqua violement au sol. Cho était pétrifié par ses crocs tranchants et ses yeux dans lesquels elle pouvait voir sa propre terreur.

« Dévore-la, ordonna Drougael. Dévore son âme. Et je te donnerai le pouvoir. »

La respiration de la créature caressait le visage de Cho. La jeune fille attendait la mort sans bouger. Que pouvait-elle faire ? Cette créature suintait la violence par tous ses pores. Cho ferma les yeux, attendant le coup de crocs qui lui serait fatale. Une pensé traversa son esprit. L’image d’un jeune homme aux yeux sombres et à la voix froide, mais au cœur chaleureux.

« Yannig. »

Elle n’avait que soufflé son nom. La créature s’était arrêtée en plein geste. Cho ouvrit les yeux. La créature releva la tête sans cesser de la fixer. Qu’attendait-elle ?

           Et soudain, le visage de Cho s’illumina. Elle n’en était pas sûre. Mais elle le savait. Elle leva une main tremblante vers le visage de la créature et la posa sur sa joue.

« Yannig, souffla t-elle. C’est toi.

-Qu’attends-tu ? rugit le démon. Dévore-la ! Dévore son âme !

-Yannig, que t’arrive t-il ? Ce n’est pas ton genre d’obéir.

-Dévore son âme et je te donnerai le pouvoir de faire revenir ceux qui te manquent.

-C’est donc ça. Tu veux revoir tes parents et Cédric. Tu sais ce qu’il dirait. Tu ne dois pas faire ça. La mort de Cédric m’a fait du mal à moi aussi, je voulais le revoir. Et pour cela, je suis venu te voir pour que tu me parles de lui. Plus tu me parlais de lui, plus je me rendais compte que c’était toi qui avait le plus besoin d’en parler. J’ai été égoïste. Je pensais être la seule à qui manquait Cédric. Tu m’as fais comprendre que non. Et surtout, tu m’as appris qu’il fallait continuer à vivre. Cédric est mort. Mais nous sommes vivant Yannig. Tu peux peut-être le faire revenir, mais es-tu sûr de vouloir le ramener dans ce monde ? Ceux qui sont morts doivent le rester même si cela fait mal.

-C’est ridicule, fit Drougael. Dévore son âme et je te donnerai le pouvoir. »

           Yannig se releva. Il avait repris sa véritable apparence. Il sourit à Cho en lui tendant la main pour l’aider à se relever. Drougael fulmina et saisit la jeune fille de sa main fourchue.

« Si tu ne la dévores pas, moi je le ferai ! s’écria t-il.

-Tu n’es plus rien Drougael, dit Yannig. Nous nous servons de toi comme toi tu te servais de nos ancêtres. Les Diskibien t’obéissaient parce qu’ils avaient peur de toi. Myrdinn nous a montré que nous ne devions pas avoir peur. Car c’est toi qui avais peur. L’âme humaine recèle une puissance inimaginable. Tu savais que si les druides se retournaient contre toi, tu serais perdu.

-Ridicule ! »

Yannig bondit vers Drougael. Il le saisit à la gorge d’une main. De l’autre il le força à lâcher Cho qui vint se réfugier derrière le breton. Yannig serra de plus en plus fort la gorge du démon.

« Tu es notre esclave maintenant, dit-il. Ta puissance est notre. Tu n’es plus rien. »

Drougael disparut dans le néant.

           Yannig se tourna vers Cho. La jeune fille lui sauta dans les bras.

« Tu peux me dire ce qui se passe ? fit-elle.

-Je suis désolé, dit-il. Mais maintenant, tu dois repartir. Ferme les yeux et ne pense plus à rien. »

La jeune fille s’exécuta. Yannig caressa sa joue d’un geste fugace qui la fit sourire de contentement. Son image disparut, laissant Yannig seul…

 

 




[1] Epreuve de l’Ame.

 


 

 

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