Wizards War

Chapitre 3 : Chapitre III Départ en mission

3314 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:20

           CHAPITRE III : DEPART EN MISSION

 

           Alastor se rendit à Londres. Il avait bu du polynectar pour paraître inaperçu. La mesure s’imposait car le régime de Voldemort l’avait mis hors-la-loi et les mangemorts avaient des informateurs partout. Eux-mêmes étaient nombreux à parcourir les rues du Londres magique, reconnaissables par leurs robes noires marquées d’un crâne avec un serpent sortant par la bouche. Certains portaient même le masque de mort qui était d’usage pour les cérémonies et les batailles.

           Le polynectar d’Alastor contenait des cheveux prélevés sur un moldu tout ce qu’il y a de plus ordinaire et de plus anonyme. Il n’aimait pas vraiment se déguiser de cette façon, cela l’obligeait à retirer son œil magique et l’empêchait de rester vigilant tout azimut. Et puis, c’était comme porter les vêtements de quelqu’un d’autres, il n’était pas à l’aise.

           Mondingus Fletcher était un petit arnaqueur trainant dans les bas-fonds du monde de la Magie depuis toujours. Il touchait à la contrebande et au recèle. Mais jamais il ne s’était abaissé à la Magie Noire ou ne s’était fourvoyé avec les Mangemorts. Il lui était arrivé de faire des affaires avec eux, mais toujours en les faisant payer bien plus qu’aux autres ou en les arnaquant purement et simplement. Comme la fois où il leur avait vendu tout un sac d’yeux de sirènes. Du moins, c’est ce qu’avaient cru les mangemorts car il s’agissait en fait d’yeux de mérou. Par la suite, il avait entendu parler d’une explosion lors de la préparation d’une potion. Plusieurs mangemorts y avaient trouvé la mort.

           Alastor ne lui faisait pas confiance malgré tout. Mondingus était prêt à vendre père et mère pour un quelconque profit. Il s’approcha de lui le plus naturellement du monde. Mondingus lui adressa le sourire onctueux qu’il sortait pour tous les pigeons, enfin, les clients potentiels.

« Bonjour monsieur. Quoique vous cherchiez, je suis sûr que je l’ais ou que je peux le trouver, fit Mondingus.

-Comme des infos sur l’endroit où se trouve un ado en fuite, répliqua Alastor. »

Mondingus perdit son sourire d’un coup.

« Alastor Maugrey, fit-il à voix basse. Toujours aussi moche.

-J’utilise du polynectar pourtant, cracha Alastor.

-Ce n’est pas ça qui change quelque chose. Que puis-je faire pour toi ?

-D’après toi. Tu nous as encore envoyés dans une impasse.

-Comme si c’était de ma faute. Tu sais, ce gosse est sûrement capable de se déplacer. Ce n’est pas mon problème s’il n’est plus là quand tu y vas. Et puis, je n’ai jamais d’infos de première fraîcheur ou infaillible le concernant. Toujours des rumeurs de deuxième voir de troisième main. Je te rappelle qu’officiellement, Harry Potter est mort depuis dix-sept ans.

-Tu ne m’apprends rien. Dois-je en conclure que tu n’as pas d’infos ?

-Impossible de discuter avec toi, soupira Mondingus. J’ai entendu dire qu’un jeune sorcier se cacherait du côté de Darlington. J’ai noté le nom de la bourgade, ajouta-t-il en lui tendant un bout de parchemin plié.

-Tu n’as plus de précision ?

-Pas cette fois. Tu sais, ce serait plus simple si je savais comment te joindre au cas où je pêche de nouvelles infos.

-C’est ça. Je ne veux prendre aucun risque avec toi.

-Tu ne me fais pas confiance ?

-Autant qu’à un géant avec une rage de dent quand il dit qu’il ne va pas déraciner tous les arbres autour de lui. »

           De retour au vieux cloître, Alastor réunit son équipe dans une pièce aménagée pour les briefings de mission. La mission s’annonçait longue et ennuyeuse. Et bien sûr, dangereuse. Plus longue était la mission, plus le risque de tomber sur des mangemorts augmentait.

« Nous allons devoir faire le tour de toutes les planques possibles et imaginables, exposa Alastor. Cela peut prendre plusieurs jours et pour réduire le risque d’être suivi jusqu’ici par l’ennemi, nous allons rester sur place le temps de la mission. Préparez de quoi dormir et manger. Prenez de l’argent moldu, ça peut servir. »

Alastor jeta un coup d’œil circulaire à ses élèves. Ils étaient habitués à partir ainsi plusieurs jours. Mais cela ne voulait pas dire que ça leur plaisait. Il en était conscient.

« Dîtes au revoir à ceux que vous voulez, continua-t-il. Rassemblement ici à dix-sept heure, prêt à partir. »

           Les trois jeunes gens sortirent. Alastor regarda encore quelques minutes la carte de la ville qu’il avait trouvé dans une librairie moldue après avoir quitté Mondingus. Sûrement encore un coup pour rien.

           Tonks se rendit à la bibliothèque aménagée. Remus lui avait dit la veille qu’il s’y rendrait faire quelques recherches. Elle le trouva en compagnie d’Hermione, en train de commenter un texte écrit sur du papier jauni par le temps. La sentant approcher, Remus releva la tête en souriant. Il s’excusa auprès d’Hermione et vint à la rencontre de Tonks.

« Je ne pensais pas te voir avant le déjeuner, dit-il.

-On s’y verra aussi, fit Tonks. Mais pas ce soir.

-Que se passe-t-il ?

-Je repars en mission. Et pour plusieurs jours certainement. Donc je te dirais au revoir après le repas. Car après il faut que je prépare mes affaires.

-Je comprends. Fais attention à toi surtout. Je…j’ai beaucoup de travail mais, vu que je ne te reverrais plus avant un moment et qu’après manger tu n’auras plus le temps, que dirais-tu d’aller faire une promenade à la surface. Je crois qu’il fait assez beau aujourd’hui.

-Avec plaisir, accepta Tonks. »

           Remus prévint Hermione et sans aucune hésitation, il prit la main de Tonks et côte-à-côte, sortirent de la bibliothèque. Pour Hermione, cette nouvelle signifiait autre chose : Ginny allait partir aussi. Une fois de plus, des pensés contradictoires fourmillaient dans son cerveau. Elle savait que la rouquine allait lui manquer. Normal, c’était son amie. Et en même temps, elle sentait qu’elle laisserait un plus grand vide que celui causé uniquement par l’absence d’une amie. Elle ne savait même pas ce qu’elle devait faire là, maintenant. Elle avait des recherches à faire. Mais même Remus avait décidé de les faire attendre pour passer un peu de temps avec Tonks.

           Hermione se perdait dans une réflexion de plus en plus tortueuse sans parvenir à une solution. Décidément, Ginny lui embrouillait l’esprit. Mais elle ne sentait pas ça comme normal. Après tout, Ginny était une fille aussi. Elle ne pouvait pas avoir de tels sentiments pour une autre fille. Ce n’était pas… logique. Et pourtant, son cœur battait toujours plus vite près de la rousse. Elle ne pouvait s’empêcher de jeter une œillade coquine quand elle se penchait en avant ou dans toute autre position laissant imaginer des gestes défendus. Et elle devait reconnaître que dans ces cas là, son bas-ventre bouillonnait. Elle avait surtout envi d’être auprès d’elle, simplement près d’elle.

           Alors que devait-elle faire dans l’instant ? Elle ignorait depuis combien de temps elle s’était perdue dans ce labyrinthe de réflexion quand une volée de cheveux flamboyants s’agita devant elle. Elle se perdit une fois de plus dans les doux et pétillants yeux noisettes de Ginny. Elle voulait se laisser aller mais un éclair de lucidité la retint.

« J’ai appris que vous partiez en mission encore, dit Hermione simplement en tentant de conserver une voix neutre.

-Oui, répondit Ginny. C’est pour ça que je suis là, je voulais te dire au revoir. La mission risque de durer un moment.

-Tu pars quand ?

-En fin d’après-midi. Mais après manger, je vais faire mes préparatifs. Donc…

-J’ai beaucoup de travail actuellement. Mais on peut manger ensemble ce midi. Qu’est-ce que tu en dis ? »

Ginny était déçue mais n’en démontra rien. Elle espérait pouvoir passer du temps en tête à tête, seule et dans un endroit isolé avec la brune. Comme toujours, ses espoirs s’effondraient.

« D’accord, accepta-t-elle. On se voit tout à l’heure alors.

-C’est ça, conclut Hermione en lui souriant amicalement. »

           Ginny ne resta pas plus longtemps. Hermione la suivit des yeux alors qu’elle quittait la bibliothèque. Hermione soupira à s’en vider les poumons une fois la porte refermée. Elle avait une fois de plus résister à la tentation. Elle aurait dû y voir une victoire et pourtant, elle ne sentait que de l’amertume dans sa bouche. Elle avait besoin d’un bon thé.

           Hermione se rendit dans la salle mitoyenne où se trouvait toujours de quoi se restaurer pour les rats de bibliothèque. La pièce se trouvant aussi pas très loin de l’infirmerie, les résistants y officiant y venaient aussi pour se préparer un thé, un café ou grignoter quelque chose. Hermione sourit en saluant une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. Elle avait de magnifique cheveux noirs lisses qui lui tombaient jusqu’au bas du dos. Ses yeux noirs avaient une forme d’amande.

« Bonjour Cho, comment ça va aujourd’hui ? fit Hermione.

-Bien et toi ? répondit Cho avec le même sourire.

-Je bosse tout le temps.

-Ne m’en parle pas ! Seamus Finnigan est revenu de mission durant la nuit, il a perdu un bras.

-Seamus ! Comment va-t-il ?

-Il est vivant. Et il se dit prêt à se battre encore. Je ne sais pas comment ils font tous. Où trouve-t-il ce courage et cette force ?

-Je me le demande aussi, acquiesça Hermione, le visage de Ginny passant une nouvelle fois dans son esprit.

-Tu travailles encore ce matin ?

-Oui. Pourquoi cette question ?

-Ron est passé tout à l’heure pour récupérer quelques potions médicinales et des pansements. Il m’a dit qu’il repartait en mission pour quelques jours. D’ailleurs il a fait vite pour pouvoir rejoindre Luna après.

-Quel rapport avec moi ?

-Je pensais que tu voudrais passer un peu de temps avec Ginny. Elle ne sera plus là durant plusieurs jours et par les temps qui courent, on ne peut pas savoir si elle reviendra.

-Pourquoi tu dis ça ? Je ne vois pas pourquoi je passerai plus de temps avec Ginny qu’avec quelqu’un d’autre.

-Hermione, tu sais, on est plusieurs à avoir remarqué que vous aviez un penchant l’une pour l’autre.

-Plusieurs ?

-Oui. Seulement ceux qui vous connaissent bien, rassure-toi.

-Et bien vous vous trompez, martela Hermione. Il n’y a rien entre Ginny et moi si ce n’est de l’amitié. Et il n’y aura jamais rien d’autre. »

           Cho blêmit. Son regard n’était plus sur Hermione mais pointait derrière elle. Intriguée, Hermione se retourna et tomba sur le visage constellé de tâches de rousseur de Ginny. La rouquine essayait de conserver un visage neutre mais de la tristesse voilait les étoiles qu’elle avait habituellement dans les yeux. Hermione resta figée. Le temps resta immobile plusieurs secondes. Ginny cherchait quelque chose à dire mais son cerveau refusait de fonctionner. Le seul ordre qu’il parvint à donner fut pour ses jambes. Elle baragouina une excuse genre « je pensais avoir oublier quelque chose » et d’un pas pressé, elle partit. Hermione se traita mentalement d’idiote. Elle avait une envie folle de lui courir après mais une fois de plus, elle résista.

           Et quand l’heure du déjeuner arriva, Hermione reçut un mot de Ginny. Elle s’y excusait de ne pas pouvoir déjeuner avec elle. Pour la première fois, Hermione maudit son intelligence. Elle avait compris pourquoi Ginny ne voulait pas la revoir aujourd’hui.

           Elle en avait marre. Elle voulait comprendre :

« Mais putain de nom de dieu ! Qu’est-ce que je ressens pour elle ? »

 

           Quelques heures plus tard, l’équipe se rassemblait comme prévue. Ron déposa un dernier baiser sur les lèvres de Luna avant que la blonde ne le laisse. Ginny avait l’air maussade mais son frère ne lui dit rien. Il connaissait sa sœur. Alastor ne fit pas plus de remarque, il se contenta de demander s’ils étaient tous prêts.

           Un homme apporta deux boîtes en fer dont une scellée. Alastor prit la boîte scellée magiquement contenant le portoloin de retour et la mit dans sa poche. Il ouvrit l’autre boîte, elle ne contenait rien d’autre qu’une bouteille de coca vide.

« J’ai choisi un point de chute isolé, dit Alastor. Nous ne devrions pas avoir de mauvaises surprises. Malgré tout : vigilance constante !

-Comme d’habitude, fit Tonks en souriant.

-On y va, grommela Alastor. »

           Les quatre équipiers mirent chacun un doigt sur la bouteille et ils disparurent en un instant. Ils se rematérialisèrent dans un bosquet d’arbres. D’un même geste, ils tirèrent tous leurs baguettes et firent un tour d’horizon. Personne, ils étaient seuls. Alastor jeta la bouteille et sortit sa carte de sa poche.

« Il y a une ferme abandonnée à quelques kilomètres dans cette direction, indiqua-t-il. Nous allons la fouiller avant la nuit. Si elle est vide, nous nous y installerons pour cette nuit. En route. »

           La marche dura un peu plus d’une heure. Ils devaient faire attention à ne pas être repérés. Mais ils ne croisèrent pas âme qui vive. La vieille ferme était délabrée mais une partie du toit semblait encore pouvoir arrêter la pluie et la neige. Ginny et Ron en firent le tour discrètement pendant que Tonks et Alastor surveillaient l’entrée principale. Les deux Weasley revinrent en ne signalant rien d’anormal. Tonks et Alastor entrèrent alors dans la ferme.

           La ferme était vide et aucune trace d’occupation récente ne s’y trouvait. Les quatre équipiers trouvèrent deux pièces plus ou moins en bonne état et s’y installèrent. Une pour les femmes, une pour les hommes.

           Dés le lendemain matin, ils reprirent la route, allant de fermes en maisons isolées et abandonnées, visitant les entrepôts désaffectés. Ils ne rentrèrent pas dans la ville, c’était courir trop de risque pour le moment. Ils ne le feraient qu’au dernier moment.

           Les jours passèrent sans qu’ils ne trouvent rien. Plus le temps passait, plus la lassitude gagnait les esprits. Ron soupirait de plus en plus souvent que Luna lui manquait. Tonks se languissait de Remus. Ginny, quand à elle, si Hermione lui manquait, elle n’oubliait pas ses paroles échangées avec Cho et la triste douleur qui s’était emparée d’elle en les entendant.

           Un soir qu’ils campaient dans un bosquet isolé, entourés d’un champ magique de protection, Alastor vit que sa plus jeune élève ne dormait pas. Il avait remarqué qu’elle avait beaucoup de mal à s’endormir depuis qu’ils étaient partis pour cette mission.

« Tu ne dors toujours pas, dit-il à voix basse pour ne pas éveiller les autres.

-Non, répondit Ginny. Il fait un peu froid.

-Bien sûr, et le sortilège caleocorpus[1] c’est fait pour les chiens ! Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as encore eu des déboires avec Granger ?

-Je préfère ne pas en parler. S’il te plait.

-Bien. Comme tu voudras. Nous aurons bientôt fini cette mission. Demain, nous irons vérifier en ville si nous trouvons des traces de Potter. J’en doute mais je n’ai pas l’habitude de faire les choses à moitié. Essaye de dormir. »

           Ginny acquiesça et s’allongea, fermant les yeux. Alastor la regarda encore un moment. Cela faisait dix ans maintenant. Dix ans qu’il avait recueilli Ron et Ginny. Dix ans. Il se souvenait de cette nuit comme si c’était hier. La chaleur des flammes. L’odeur des corps brûlés. Les derniers mots d’Arthur Weasley. Un ami disparu de plus.

« Alastor, avait-il soufflé alors que le sens gargouillait dans sa gorge et se répandait sur l’herbe verte. Alastor, je vais mourir.

-Je sais, avait dit Alastor, ne sachant pas quoi dire d’autre.

-Molly est morte, ajouta Arthur en se tournant vers la maison en flammes. Charlie, Georges et Fred aussi. Il ne reste plus que Ron et Ginny. Veille sur eux, je t’en supplie. Veille sur eux. »

Les yeux suppliant d’Arthur ne l’émeurent pas mais il ne pouvait pas faire autrement que lui jurer de s’occuper.

« Comme s’ils étaient mes propres enfants. »

           Et depuis ce jour maudit, Alastor s’occupaient d’eux. Il n’était pas sûr qu’Arthur aurait souhaité les voir se salir les mains avec le sang de leurs ennemis. Mais c’était pour Alastor la seule façon de les protéger : leur apprendre à se défendre seul.


[1] Ce sortilège est une idée originale de Daidalos, auteur de la série « Heather Wright », un chef d’œuvre de fanfiction que je vous conseille de lire. Ce sort permet de résister au froid.

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