Pieds ou chaussures ?

«  Ginny ! Attention ! » hurla Harry.

Ce fut trop tard, le cognard qu’avait renvoyé Jimmy Peakes percuta violement le balai de la jeune fille. Elle ne tomba pas de haut mais tous les joueurs présents à l’entrainement des Gryffondors ce jour là, purent entendre le craquement de la cheville de Ginny. Elle poussa un bref cri puis jura entre ses dents serrées, elle avait blanchie sous la douleur, mais, courageusement, elle ne dit rien. Harry était déjà à ses côtés, il avait littéralement sauté de son balai pour venir en aide à son amie.

« Laisse-moi faire »

Il lui prit délicatement la jambe, puis commença à délacer l’énorme chaussure d’entrainement. Une grosse botte montante jusqu’au genou, composée d’un lacet qui entourait le mollet, avec un bout coqué et un talon renforcé. Lorsqu’il eut fini il enleva la chaussette aux couleurs de Griffondor, ce qu’il vit lui fit oublier tout le reste.

Le pied de Ginny était des plus parfaits. Un membre fin à la teinte porcelaine, Harry le tenait entre ses deux mains halés, il observait le moindre détail. Les doigts de pieds petits et potelés, les ongles coupés courts et vernis d’un rose clair brillant. La courbe de sa voute plantaire, son talon ferme et doux. Les veines bleutées qu’il devinait plus qu’il ne voyait. Il n’entendait plus les cris de ses camarades, il ne pouvait que contempler ce fragment d’elle, hypnotisé, oubliant totalement sa cheville douloureuse. Si Harry ne pouvait préciser ni le moment, ni la date, ni l’heure à laquelle il était tombé amoureux de Ginny, il sut qu’à cet instant, il l’était.

« Oh Ginny, je suis vraiment désolé, s’exclama Jimmy essoufflé.

-Ce n’est pas grave » répondit la rousse.

La magie de ce qui venait de se produire se brisa, et non sans regrets Harry reposa le pied de la jeune fille, lorsqu’il leva les yeux sur elle, il constata qu’elle avait les joues légèrement colorées, elle aussi avait partagé ce moment irréel.