Mangemort contre sa volonté.
Pendant ce temps, Narcissa Malefoy s'était dirigée vers sa place, qui se trouvait près de celle de son mari, Lucius Malefoy. Cet homme ressemblait énormément à son fils ; la même chevelure blonde platine, et les mêmes yeux bleus argentés. A côté de lui, justement, Malefoy... La peur était visible dans le regard qu'il m'adressait.
- Avancez vous. me dit le Mage Noir.
Malgré ma peur, je m'avançais vers lui mais m'arrêtai net lorsque les voix des personnes à table se mirent à s'exclamer. Presque tous furent choqués par l'absence de mes chaussures, mais celui qui devait être le plus offenser avait un sourire amusé.
- Prenez une chaise Mademoiselle. m'ordonna-t-il.
Lorsque Voldemort prononça ces mots, la table se tût d'un seul coup. Quant à moi, je fis ce qu'il m'avait demandé sans broncher et surtout sans dire un mot. La seule place qui restait fut celle qui se trouvait à l'extrémité de la place du « Seigneur », qui m'observait fixement. Je gardais donc mon regard sur lui avec mon courage habituel.
- Mes chers amis... commença-t-il, avec toujours le même sourire amusé, et en accentuant l'expression de « amis » pour bien exprimer le fait que ce n'était pas le cas. Nous avons à faire à l'exemple type de l'élève Gryffondor. Le courage de regarder la peur et la mort dans les yeux. Vous avez peur n'est-ce pas Mademoiselle Londubat ?
- Comme vous, j'ai peur de la mort.
Tous les Mangemorts se retenaient de s'esclaffer. Quant à Voldemort, ses bourrelets suborbitaux s'étaient froncés, mais il resta calme.
- Mais contrairement à moi, vous ne cherchez pas à survivre. répondit-il à mes paroles.
- Je suis mon destin. Si je dois mourir devant vous, ce sera le cas.
- Intéressant...
- Laissez moi la tuer Maître ! s'écria Bellatrix en se relevant de son siège. C'est une Londubat ! C'est mon rayon !
- La ferme Bellatrix ! répliqua Voldemort.
Elle baissa la tête et s'enfonça dans son siège, dégoutée d'avoir été enguirlandée par sa représentation de ce qu'était un Dieu vivant, qui replongea son regard dans le mien un instant, avant de regarder dans le vide.
- Queudver ! Sers nous le dîner !
Un homme de petite taille sortit de l'ombre.
- Bien Maître... dit-il en levant sa baguette.
A l'instant, une farandole d'assiettes remplies de nourritures accompagnées de couverts, de verres et de cruches arrivèrent en file indienne par la voie des airs. Lorsque mon assiette, mes couverts et mon verre arrivèrent, ma faim, que j'avais laissée de côté depuis un mois, s'était considérablement accru. Le steak de bœuf accompagné de ses haricots verts n'était rien d'autre qu'un plat de roi pour moi. Je priais que le moment où je puisse manger arrive vite.
- Faites honneur au plat Mademoiselle Londubat. me pria Voldemort avec une fausse gentillesse – je présumais... -.
J'hésitai un moment, mais finis par planter ma fourchette dans un haricot vert pour ensuite le plonger dans ma bouche. J'en fermai les yeux de plaisir gastronomique. Ce que je fis pas très longtemps, pour garder un œil sur mes camarades de table. Je remarquai que Malefoy me lançait de nombreux regards que je pus m'empêcher de rendre. Avais-je quelque chose entre les dents ? Pensai-je en me trifouillant discrètement mes dents de devant.
J'avais eu le temps de finir la moitié de mon assiette lorsque Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom prit la parole :
- Une sang pure comme toi mériterais bien mieux que d'être traité ainsi. commença-t-il en me tutoyant. Qu'en penses-tu ?
J'avais levé la tête vers lui, la fourchette dans la bouche. Je pris le temps de marcher correctement avant de poser mon couvert.
- Où voulez vous en venir ? lui demandai-je.
J'avais la voix tremblante devant lui. Malgré mon assurance, je n'arrivais pas à faire disparaître ma peur de la puissance du Mage Noir.
- Rejoins nous. Deviens Mangemort. Nous avons besoin de personne aussi courageuse dans nos rangs.
Je recrachais toute la gorgée d'eau que je venais de prendre. Je ne m'attendais absolument pas à ça ! Je me levai d'un seul coup de ma chaise, sous les légères exclamation de notre auditoire.
- Jamais ! Plutôt mourir ! m'écriai-je.
C'était le moment. Je venais de signer mon arrêt de mort. J'aurais sûrement voulu voir mon frère une dernière fois... J'aurais voulu aider Harry Potter encore pendant un moment...
- Et si c'était Neville Londubat qui mourait ?
J'avais fermé les yeux en attendant le sort de la Mort, mais suite à cette question venant de l'homme-serpent, je les rouvris en grand.
- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! demandai-je en frappant du poing sur la table.
- Rien pour l'instant. commença-t-il calmement. Mais, n'accepte pas, et tu verras bien.
Il avait un sourire malsain. C'était donc ça son petit jeu. Le dîner, cette robe... pour devenir Mangemort... C'était à la fois étrange, mais aussi logique après réflexion, sinon... à quoi bon m'avoir gardé en vie... ?
- Et je m'en ferai une joie Londubat ! s'écria Lestrange accompagnée d'un rire strident.
Je voulus sortir ma baguette pour me venger d'elle et de ses paroles, mais en tatillonnant sur ma robe, je me rappelai qu'elle avait été cassée à mon arrivée au Manoir... Je me sentis donc me couvrir d'une peur des plus aiguës. Encore une fois pas pour moi... mais pour Neville. Je savais qu'il y avait des Mangemorts à Poudlard, mais de là à aller assassiner des élèves... Bon sang...
- Veux-tu voir ton jumeau mourir ? me demanda Voldemort, qui à mon avis s'impatientait.
- Bien sur que non ! Si je suis ici c'est bien pour ne pas le savoir mort alors ne me posez pas cette question idiote !
Je n'avais pas grand chose à perdre à parler ainsi au « Seigneur des Ténèbres ». De toutes façons, ma vie était gâchée, autant que je permette à mon cher frère de vivre aussi bien qu'il le voudrait, qu'il fasse tout ce dont il avait envi, qu'il reste dans la voie la plus juste...
Je m'étais tout bonnement assise pour réfléchir. J'avais encore de la nourriture dans l'assiette, mais j'étais incapable de reprendre la moindre bouchée. Rien que l'idée de reprendre une fourchette me filait des nausées.
Mon esprit, ou plutôt mon raisonnement, était tiraillé entre mon égoïsme et l'amour que j'avais envers mon frère. Mais très vite, mon égoïsme s'était dissipé. De toute façon, si je n'acceptais pas, Neville allait mourir, et moi de même... Personne n'y gagnait...
- J'accepte... Je serai Mangemort...
J'avais la tête baissée, essayant de retenir mes larmes de désespoir, pendant que Voldemort esclaffait sa victoire face à ma voie de membre de l'Armée de Dumbledore.
- Parfait ! Drago !
Je levai les yeux vers le Serpentard, observant, par la même occasion, les sursauts de ses deux parents lorsque le Mage Noir avait prononcé son prénom.
- Emmènes Neerly dans sa chambre qu'elle dorme. Demain, sera un grand jour pour elle.
Malefoy se leva. Je devinais que je devais faire de même et le suivre. Mes pieds froids touchèrent une nouvelle fois le sol encore plus glacial, tout comme mon coeur...
En sortant de la grande salle, je pouvais entendre le rire maléfique du plus puissant Mage Noir de tous les temps... Je marchais donc aux côtés Drago Malefoy, silencieuse, sachant que demain, j'allais changer ma vie... Sûrement à tout jamais...