Mangemort contre sa volonté.

Ça faisait une semaine que je n'étais pas sortie de ma nouvelle chambre. Je ne voulais voir personne... Je ne voulais plus vraiment être de ce monde.

Allongée sur un lit à deux place de soie verte, ma tête dans le vide hors du pied du lit, j'étais habillée d'un large T-shirt à Malefoy et d'un de ses shorts de sport. On pouvait entre-voir mon ventre allongée comme ça, ainsi que mes fines jambes blanches. J'admirais la chambre, sans vraiment le faire. Les murs étaient couverts d'un papier peint vert foncé aux motifs vert clair divers et offraient une fenêtre avec une vue sur tout le jardin de la propriété. Elle était meublée très simplement ; elle devait être une chambre d'amis. Mais moi je n'étais pas une amie... J'étais à présent une Partisante...

Mon bras était encore douloureux malgré les jours et les heures. J'avais encore du mal à dormir. Malefoy m'avait avoué que ca allait encore me faire mal pendant quelques jours, mais que la douleur allait s'estomper.

Malefoy... C'était le seul que je voyais. J'avais demandé de me laisser seule pendant quelque jours, ce que Voldemort accepta. Malgré tout, Malefoy était venu me voir de nombreuse fois, que ce soit pour m'amener les plateaux repas, ou bien même pour juste s'assoir et rester à mes côtés. Jamais on avait été comme ça tous les deux. Mais la situation faisait que je me sentais mieux avec lui qu'avec le reste des personnes présente dans le Manoir Malefoy. Sa chambre étant juste en face de la mienne, il venait souvent me voir lorsqu'il se sentait seul. Plus le temps passait, plus il venait. D'ailleurs, j'attendais sa venue. Il était tard, mais il n'était toujours venu m'offrir un plateau repas... Bizarrement, je m'inquiétais, mais je ne voulais sortir de cette chambre. Pas tout de suite... Il était trop tôt pour moi de faire mes nouveaux devoirs de Mangemort...

Soudain, la porte se mit à grincer. Je me redressais d'un seul coup sur mon lit. Mon regard se plongea alors dans les océans argentés de Malefoy, qui m'adressait un petit sourire, tout en portant un large plateau. Je ne disais pas un mot, comme à mon habitude depuis quelques temps. Depuis que j'avais reçus la Marque des ténèbres avec douleur, j'étais presque muette.

- Ce soir c'était tarte aux citrouilles en dessert. Tu verras, elle est très bonne. C'est ma mère qui l'a faite. m'avoua-t-il en posant le plateau à côté de moi sur le lit.

Quant à moi, je continuais à l'observer de mes deux yeux bruns grands ouverts.

- Je sais ce que tu te demandes. ajouta-t-il face à mon regard. Le Seigneur des Ténèbres m'a retenu...

Je restais le regard figé sur son visage plutôt angélique à vrai dire.

- Il veut que demain tu sortes de ta chambre.

J'en baissai les yeux suite à cette révélation. Quant à lui, il poussa légèrement le plateau pour s'assoir près de moi.

- Il faut que tu sortes Neerly... Ce serait dangereux pour ton frère si tu n'obéis pas au Seigneur. C'était déjà beaucoup qu'il t'accorde un délai aussi long... et même un délai tout court...

Je ne répondis pas. Je restais immobile, m'imaginant que demain n'arriverait jamais...

- Bon... commença-t-il en se relevant. Je vais te laisser manger. dit-il se sentant mal à l'aise face à mon comportement.

Il avait à peine fait demi-tour, que je lui avais attrapé sa chemise. Il se retourna donc une nouvelle fois vers moi avec un visage interrogatif.

- Qu'est-ce que tu me veux ? me demanda-t-il avec un léger ton désagréable typiquement Malefoy.

- Restes. prononçais-je enfin.

Ma voix était faible, et triste. Assise sur mes genoux et sur le lit, j'avais l'air d'une petite fille malade... Le visage de Malefoy avait perdu sa dureté naturelle en me voyant ainsi, aussi pâle et maigre. Il attrapa donc la chaise qu'il y avait dans un coin de la chambre pour la posée devant moi et ainsi s'assoir. Penché vers moi, ses mains sur ses genoux, il me fixai.

- Mange. m'ordonna-t-il.

Je restais un moment à le regarder, mais finis par me plier à sa volonté. Je m'installai plus confortablement sur le bord dur lit, posant le plateau sur mes genoux, attaquant ensuite le plat de résistance, soit un assortiment de légumes verts accompagné d'un morceau de saumon grillé.

Silencieusement, sans vraiment me rendre compte de la nécessité de mes gestes, je mangeais sous les yeux du Serpentard.

- V...Le Seigneur des Ténèbres... A-t-il parlé de Poudlard ? lui demandai-je pour la première fois de la soirée, mais pas pour la première fois de la semaine...

- Non. C'est Rogue qui s'occupe de ça.

- Hm...

Je pris une nouvelle fourchette de saumon.

- Je sais que tu veux des nouvelles de Londubat. dit-il clairement.

Je gardais ma fourchette dans la bouche, même après avoir mâché et avaler le morceau de saumon. Je fixai le vide, la tête légèrement baisser sur le côté. J'étais incapable de dire quoi que ce soit ; je me concentrais. Si je disais le moindre mot... j'allais craqué...

Malgré tous mes efforts, les larmes commencèrent à couler sur mes joues blafardes. Mon visage et mon corps commençaient à trembler sous mes larmes de plus en plus forte, coulant une par une jusqu'à mon menton pour toutes s'écraser sur le plateau repas toujours sur mes genoux. Mes sourcils plissés, mes lèvres crispées, j'avais un visage grimaçant. Lâchant ma fourchette, d'un seul coup, j'approchais mes mains de mon visage, n'osant le toucher, mais pour juste le cacher.

Soudain, je sentis le plateau se soulever au dessus de mes genoux, ce qui me fit pas changer de position. Ce qui me fit ouvrir les yeux, ce sont les mains de Malefoy se posant sur mes cuisses. Il était à croupi devant moi, toujours en me fixant.

- Ne pleure pas comme ça...

A ses paroles, j'avais laissé échappé un léger petit cris de pleure, avant de me laisser glisser du lit, atterrissant dans ses bras. Malefoy en tomba en arrière, se retrouvant sur ses fesses, avec moi assise sur mes genoux entre ses jambes, et mon visage sur son épaule devenant de plus en plus humide par mes larmes qui ne cessaient pas de couler. Je serrais, de mes mains, sa chemise blanche au niveau de son torse.

Seuls les bruits que je faisais en pleurant se faisait entendre dans la chambre. J'avais donné ma vie à Voldemort, mais je n'avais aucune certitude, aucune preuve... que mon frère, Neville, était en vie ou en bonne santé... J'allais être contre l'Élu, celui que je respectais le plus au monde... et j'allais peut-être finir par devoir tuer quelqu'un sous la demande du Seigneur des Ténèbres.

Je serrais Malefoy du plus fort que je pouvais malgré mes tremblements. Il ne disait pas un mot, et moi non plus. J'en étais incapable d'ailleurs...

Plus le temps passait, plus je me calmais. Mes hoquets étaient de plus en plus espacés, et mes crises de larmes de moins en moins forte. Jusqu'au moment, où je restais calme, toujours contre lui, me serrant contre lui, à présent, avec douceur. Calmée, je respirais son odeur avec attention, et sentais la douce peau de son cou contre la peau de ma joue. Je sentais même son cœur battre de manière régulière, tout comme son souffle effleurant mon oreille. Détendue, je jouais avec une mèche de ses cheveux blonds platines. Étrangement, il ne disait rien. Pas un seul mot face à mes gestes doux, que je ne comprenais pas moi même, mais qui me rendait plutôt apaisée.

- J'ai peur Drago... lui dis-je sincèrement.

- Moi aussi. J'ai toujours eu peur... toujours. m'avoua-t-il.

- Me laisse pas seule ici hein... ?

- Si tu ne me laisse plus jamais seul...

- Je te le promet...

Je me détachais de lui, le regardant dans ses yeux bleus.

- Reste ici cette nuit. lui demandai-je comme un ordre supplié.

Il avait de grands yeux ronds.

- Non, je ne coucherais pas avec toi...

J'avais tourné la tête, lui n'osait dire quoi que ce soit, jusqu'au moment où je lui envoyais un regard en coin avec un sourire amusé.

- T'es folle ! Jamais je l'aurais pensé ! Bwah... Une Gryffondor ! dit-il avec un faux air de dégout.

- Tu as couché avec plus d'une Gryffondor je te signal à Poudlard.

- Mais pas avec une Londubat !

- Je suis la seule fille Londubat qui était à Poudlard.

- Justement !

Je poussai une exclamation en me mettant à le frapper gentiment en rigolant, ce qui partit en bataille de cousins. Nous nous esclaffions sans gêne et avec tant de rire. Je n'avais pas autant ris depuis bien longtemps. Je me sentais enfin vivante. Si on m'avait dit que je rirais autant avec Malefoy autrefois, je ne l'aurais pas cru une seconde, je l'aurais même enguirlandé pour l'avoir pensé. Mais c'était le cas, j'avais l'impression d'être avec un véritable ami...

Suite à ça, nous avions discuté de tout et de rien, nous rappelant de nos exploits à Poudlard. Il me racontait ses conquêtes, je lui racontais mes déceptions amoureuses. Il me parlait de ses parents, je lui parlais de Neville. Il me parlait de sa vie au Manoir, je lui parlais de ma vie chez ma Grand Mère.

Après avoir veillé aussi tard, je finis par m'endormir contre lui, qui continuait à regarder le plafond lorsque je le quittais pour le monde des rêves. A quoi pensait-il... ?