Mangemort contre sa volonté.
Deux jours. Cela faisait deux jours que je ne dormais pas ou bien très peu. Dans une heure, le jour se lèvait, et je devais offrir le Polynectar à Lord Voldemort. J'étais seule, et je puais la sueur et les ingrédients de potion. Quant à Drago, il était parti dormir depuis trois heures déjà. Grâce à lui, il me restait presque plus rien à faire. Mais une heure... C'était encore bien court...
Mes cheveux foncé attachés d'une façon grotesque, mon visage montrait très bien mon total manque de sommeil. Je portais de vieux vêtements à Drago que j'avais tâché de nombreuses fois de substances à cause de ratés.
Une potion bien compliquée le Polynectar. On voyait bien à quel point Hermione était bien plus douée que moi. Mais bon, elle avait quand même eu plus de temps que ça pour la faire la potion la dernière fois... J'essuyais une goutte de sueur de mon front avec le revers de ma main droite. Il fallait que je finisse... Pour Neville ! Mon cher frère... tu me manquais tellement... J'avais tellement envi de me serrer contre toi comme toutes les fois où j'avais peur...
Je ne savais même pas si ma potion allait marcher... Heureusement, Lord Voldemort n'était pas un idiot... Il avait prévu de me demander ça. C'était pour cela qu'il avait demandé de faire cuire les Chrysopes à l'avance, soit pendant 21 jours. Mais il fallait bien une semaine pour bien la préparer et je n'avais eu que deux jours... Elle avait une couleur plutôt normal, mais il restait plus qu'à introduire les Touffes de Polygonum. Si je réussissais, elle prendrait une couleur et un aspect boueux.
Je pris une grande inspiration, puis, à l'aide de la baguette de Drago, je fis flotter les touffes dans les airs vers la marmite. Délicatement, je plongeais l'ingrédient dans la solution en fermant les yeux. Je priais pour que ça marche. Je stressais tellement que les larmes coulaient toutes seules, sûrement à cause du manque de sommeil. Toujours en pleurant, j'ouvris doucement mon oeil droit, persuadée que j'avais tout loupé...
- Au Nom de Merlin ! m'écriai-je en pleurant de joie devant une potion boueuse et nullement appétissante ce que je pensais pas faire un jour dans ma vie.
Je m'écroulais sur le sol, pleurant encore et encore.
- Je... Je... te... l'avais pro-promis... Neville... commençais-je en bégayant à cause de mes larmes. Je ferais tout... tout pour te... te protéger...
En séchant mes larmes, je me levai pour attraper plusieurs fioles, que je remplis de Polynectar. C'était enfin fini... Pour l'instant, Neville était en sécurité. J'avais su le sauver.
Quand mes trois fioles furent remplies, je jetais un coup d'œil à l'horloge. J'avais exactement 20 minutes pour me préparer à Le voir. Encore une fois, j'avais la boule au ventre...
Sans rien ranger, je sortis, enfin, de la cuisine, avec mes trois fioles dans les mains. Je me dirigeais alors vers ma chambre, d'un rythme accéléré sans courir par peur de faire tomber les fioles sur le sol froid.
Lorsque j'arrivais dans ma chambre, j'eus un sursaut en voyant Drago assis sur mon lit.
- Arrêtes de me faire autant peur ! J'ai failli faire tomber les fioles !
- Je savais que t'y arriverais.
- Pourquoi ? Parce que tu m'as aidé ?
- Ouais exactement. Non... Sans déconner. Tu as toujours été très douée en potion.
- Merci. On va dire que je voulais être Auror à l'origine... enfin avant de devenir Mangemort. dis-je en posant les fioles sur mon bureau.
Je lançais un regard à ma Marque. Elle me brûlait plus depuis bien longtemps, mais seulement un regard me donnait un pincement au cœur.
- Tu t'es véritablement sacrifié pour ton frère.
- C'était ça ou on mourrait tous les deux. lui dis-je.
- Tu aurais préféré mourir tel que je te connais.
- Peut-être. Même... sûrement... Mais il ne s'agissait pas seulement de ma vie, Drago. Neville est mon frère jumeau.
- Pense-tu qu'il aurait fait pareil pour toi ?
- Neville est plus courageux que moi !
- Tu l'as toujours dit.
- Et je le dirais toujours !
- Moi ce que je pense c'est qu'il est tranquillement à Poudlard, protégé par ton sacrifice, et toi tu es là, à te tuer à la tâche pour sa vie.
- Qu'est-ce que tu essaye de me dire ?
- Je veux que tu t'en aille. Fuis. Fuis avant d'en perdre la vie pour de bon...
- Je ne peux pas. Maintenant, laisse moi aller me laver.
Je me dirigeai alors vers la salle de bain, mais Drago m'attrapa le bras avant que je puisse entrer.
- Alors laisse moi te protéger à la place de ton frère.
- Quoi ?
- Tu as bien compris.
- Qu'est-ce qui te prend ?
- Tu es devenue ma seule amie Neer', et ma vie est de toute façon sur le point de s'éteindre. Je suis inutile pour le Seigneur des Ténèbres. J'ai été incapable de tuer Dumbledore moi-même.
Je lui pris la main.
- Laisse moi gérer ma vie Drago.
J'entrais dans la salle de bain, suite à mes dures paroles. Je ne voulais pas qu'il me protège. C'était beaucoup trop dangereux, et les Malefoy n'étaient pas assez aimés par Voldemort pour jouer les héros.
Quand je rentrais une nouvelle fois dans ma chambre, Drago n'était plus là, mais un joli ensemble de vêtement était disposé sur mon lit. Il avait pris la peine de les préparer pour une raison qui m'échappait... C'était un tailleur noir aux reflets verts, avec un large short vert foncé, et accompagnés de petit escarpins noirs. Cela ce voyait bien qu'il avait été élevé par Narcissa Malefoy. J'en eus un sourire.
J'enfilai les vêtements, ornai mes yeux de noir, coiffai mes longs cheveux bruns foncés, et attrapai une fiole de Polynectar avant de me diriger vers la Salle à Manger du Manoir. Dans les couloirs, malgré ma boule au ventre, j'étais plutôt contente de moi. J'avais réussi à préparer du Polynectar en un temps record pour mon âge, et ainsi, j'allais pouvoir avoir une nouvelle baguette. Une baguette rien qu'à moi, comme celle qu'on m'avait cassé il y avait quelques mois.
Mon rythme de pas était rapide, je voulais vite me débarrasser de ça pour vite aller voir Drago. Je pensais vraiment l'avoir déçu après l'avoir envoyé balader ainsi... Je m'étais vraiment attaché à lui, malgré ses sauts d'humeur et ses tons froids et irrespectueux. C'était, au fond, quelqu'un de vraiment doux, une facette de sa personnalité qu'il voulait absolument caché pour ne pas se faire marcher dessus...
Enfin arrivée devant la grande double porte que je connaissais très bien à force de rester devant à l'observer avant d'entrer, et comme à mon habitude ce fut ce que je fis. Je restais un moment devant, hésitante à l'idée me retrouver devant lui une nouvelle fois.
Toujours à mon habitude, je pris une grande inspiration avant d'entrer.
- Bonjour M...
Je me coupai en voyant que la salle à manger était totalement vide. Il était vrai qu'il était vraiment très tôt, mais je pensais vraiment qu'il serait à l'heure...
Laissant la porte ouverte derrière moi, je m'avançais, posant ma fiole sur la gigantesque table. Je regardais une nouvelle fois en arrière : personne. Je me sentais vraiment petite dans cette immense salle... En marchant, je faisais résonner les bruits que faisaient mes talons dans ce silence qui me pesait. Arrivée devant la place en bout de table du Seigneur des Ténèbres, j'eus la vision d'être à sa place ; crainte, respectée, puissante... C'était tentant quand même...
Je secouais la tête suite à mes pensées. J'étais entrain de devenir comme eux... J'en avais de plus en plus peur... Comment Drago faisait-il pour ne pas avoir cette même soif de pouvoir ? Après un moment de réflexion, j'en déduis que lui aussi avait été à ma place. Toutes ses années à Poudlard, il avait été respecté par les Serpentards. Il était le Prince, comme Voldemort était le Seigneur de ses Mangemorts. Mais contrairement au Seigneur des Ténèbres, c'était pour draguer les filles... ce qu'il savait bien faire le bougre !
Je lançai à nouveau un regard vers la porte, où il n'y avait pas un chat. Mes pensées dépassèrent alors mon cerveau. Je m'étais installée sur le siège de Lord Voldemort. Les mains liés sur la table comme il faisait tout le temps, je regardais autour de moi, imaginant tous mes sous-fifres à chacune des places. J'avais un sourire en coin qui m'aurait fait peur si je n'étais pas totalement dans mes songes.
- Intéressant...
Je fus sortie de mes pensées par une voix cassante et glaciale : Lord Voldemort. Dans la panique, je voulus me lever.
- Non, reste dont là où tu es. dit-il calmement.
Je restai donc à sa place, serrant les bras de la chaise de mes fines mains. Quant à lui, il se dirigea vers la fiole de Polynectar qu'il attrapa et admira.
- Elle a l'air de très bonne qualité. Severus avait donc dit vrai.
Il me regarda dans les yeux, plongeant son regard de serpent dans le mien. D'ailleurs en parlant de serpent, je pouvais voir, avec effrois, le serpent géant du Maître, Nagini, onduler sur le sol vers lui.
- Oui. C'était bien pour te tester Neerly que je t'ai demandé de faire cette potion. Sinon, j'aurais demandé à Severus de la faire.
- Me tester ?
- Je veux que tu deviennes mon espionne à Poudlard.