Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 2 : II Antoine Faros

2758 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/02/2012 04:23

           CHAPITRE II : ANTOINE FAROS

 

           De retour au Ministère de la Magie, Pierrick alla faire son rapport à Maldieu. Ce dernier écouta attentivement son ancien élève.

« Bon travail, félicita t-il. Je vais envoyer une lettre à Beauxbâtons pour que le fils ainé des Dumarchal puisse avoir une autorisation spéciale pour venir voir sa famille. Quand aux mangemorts, la section IRIA va se charger de les faire parler. »

La section Investigation Recherche Interrogatoire Analyse était une sorte d’élément de police scientifique des Chasseurs. Leurs cartes comportaient un dragon rouge.

« Espérons qu’il en ressorte quelque chose, dit Pierrick. Mais j’en doute. Malgéus a l’habitude de tout cloisonner. Ils n’auront sûrement aucune information cruciale en leur possession.

-C’est probable, acquiesça Maldieu. Dommage que Zifon ait réussi à s’enfuir. Pas qu’ile en saurait plus, mais je me sentirais mieux quand ce sadique ne sera plus en liberté.

-Avec les bleus de la AI on aurait sûrement pu le coincer, mais nous n’avions pas le temps de les faire venir. Il fallait faire vite et improviser. Sinon, les Dumarchal seraient peut-être morts.

-Tu n’as pas besoin de te justifier autant devant moi. Je sais que tu as dû évaluer toutes les possibilités et que tu as choisi la meilleure option. Je me garderais bien de juger, je n’étais pas là. Et je ne pense pas que Marus ira dire que tu n’as pas pris la bonne décision.

-Puis-je y aller ?

-Bien sûr. Ta secrétaire doit être entrain de devenir folle à force que tu la laisse seule avec toute la paperasse.

-C’est sûr, sourit-il. »

           En sortant du bureau de Maldieu, Pierrick croisa François Garde. Ils échangèrent quelques mots avant de se séparer. Garde referma la porte du bureau de Maldieu derrière lui.

« Il a encore réussi un bon coup, dit Garde.

-Oui, fit Maldieu. Si seulement…

-Si seulement quoi ?

-Ce genre de résultat n’arrive pas assez souvent. Les mangemorts sont toujours en avance sur nous. Nous ne faisons que les suivre sans parvenir à les rattraper.

-Je comprends ton sentiment. Mais nous ne pouvons pas y faire grand-chose malheureusement. Nous donnons déjà plus que le maximum de nos capacités opérationnelles. Mais tu as raison, il y a un problème. Les mangemorts ont l’air d’être un peu trop souvent au courant de nos mouvements à l’avance.

-Je sais ce que tu penses : un espion, voir plusieurs. Ce n’est pas étonnant, d’après ce que je sais, le professeur Dumbledore a préféré se tenir éloigné du Ministère britannique pour lutter contre Tu-sais-qui. Sa raison principale est qu’il n’a plus confiance en l’administration. Il la sait gangrénée par la corruption et les fidèles du Seigneur des Ténèbres. Notre Ministère ne doit pas être différent. Le vieil adage martial se vérifie : « Quand on sort de chez soi, un millier d’ennemis nous guettent. ». On pourrait même ajouter « même chez soi » maintenant.

-Je suppose que quand tu parles du Ministère, tu y intègres les Chasseurs.

-Forcément. Je n’exclue pas que l’on ait des traitres dans nos rangs. En faite, le contraire m’étonnerait. Je ne fais confiance qu’à quelques uns.

-Qui ?

-Toi en premier. Pierrick, Georges.

-Et Marus ?

-Je ne sais pas. Je sais que c’est un ami de Pierrick mais je ne le connais pas vraiment.

-Personne d’autres à la section S et à la section AI ?

-En qui avoir confiance à 100%. Non.

-Et à la IRIA ? Tu n’as pas confiance en Frédéric Liro ?

-Il me fait une drôle d’impression. Je ne saurais l’expliquer.

-Tu devrais confier les commandes de la section IRIA à quelqu’un d’autres alors. Tu dois avoir des noms en tête, des gens en qui tu as plus confiance.

-Il y a bien Luc Fabre, il est bon et j’ai déjà travaillé avec lui du temps où j’étais chef de la section S. J’ai aussi confiance en Françoise Cidal. Elle est brillante mais elle se laisse trop guider par ses sentiments pour prendre la direction d’une section. Le mieux serait Gilles Chaldo. C’est un homme de terrain. Il aurait même sa place à la section S mais il sait lui-même qu’il est plus qu’utile pour l’analyse et l’investigation. Il n’hésite pas non-plus à aller enquêter s’il le faut. Et puis il est organisé. Actuellement, c’est lui le numéro un sur ma liste pour succéder à Frédéric Liro.

-Le problème étant que tu ne peux pas virer Liro sans une raison valable.

-Tout à fait. »

 

           Pierrick Corvus retourna dans les locaux de la section S. Samuel Marus vint à lui pour savoir ce qu’avait dit Maldieu de leur action.

« Tu as quand même été un peu suicidaire sur ce coup, reprocha Samuel. Entrer seul par la cheminée.

-Comme-ci tu ne savais pas ce que je comptais faire, répliqua Pierrick. C’était la tactique la plus viable pour sauver les Dumarchal.

-Pour eux oui. Par contre tu aurais pu très bien être tué. Et j’aurais dû écrire un discours pour tes funérailles. Très peu pour moi ce genre d’exercice !

-Fainéant. Tu devrais rentrer. Léa doit t’attendre.

-Tu fais bien de me parler d’elle. Elle m’a dit de te rappeler que Sonia fête ses dix ans ce week-end.

-Comme-ci j’allais oublier l’anniversaire de ma filleule. Dis-lui que je serais là. Promis.

-Parfait. Et moi, vaux mieux pas que j’oublie que j’ai promis à Jonas de l’emmener acheter un cadeau pour sa sœur. A demain. »

           Pierrick Corvus s’assit derrière son bureau. D’un geste de baguette, il attira à lui la tasse et le pot de café posé sur un autre meuble de l’autre côté de la pièce. Il n’y mit pas de sucre et se contenta de souffler sur le liquide fumant avant d’en avaler une gorgée. La porte s’ouvrit. Pierrick ne se tourna même pas vers l’entrée. Il ferma les yeux dans une attitude aussi lasse que résignée.

« Vous voilà enfin ! réprimanda une voix féminine.

-Mademoiselle Denier, dit Pierrick. Comment s’est passé votre journée ?

-J’ai dû encore signer des documents et des rapports importants en votre nom, imitant votre signature. Vous savez ce que je risque à faire ça ?

-Jamais je ne dirai que vous avez signé à ma place. C’est moi qui ais apposé ma signature sur ces documents. Personne ne viendra chercher plus loin. Surtout que votre imitation est remarquable.

-J’ai eu de l’entraînement dernièrement, vu que vous disparaissez des journées entières en me laissant votre travail en plus du mien.

-Je me ferai pardonner je vous le promets.

-Vous pourriez au moins me regarder quand je vous parle ! »

           Pierrick se décida à ouvrir les yeux et se tourner vers la femme qui le toisait avec colère. Elle était belle malgré son air contrit. Ses longs cheveux noirs étaient réunis en une tresse posée sur son épaule. Elle avait de beaux yeux noisette. Parfois, on jurerait qu’ils prenaient la forme d’amande. A ses moments là, Pierrick se demandait si elle n’avait pas du sang asiatique.

« Et je me demande comment vous comptez vous faire pardonner ? continua t-elle.

-Je ne sais pas, dit-il. Peut-être en vous offrant des fleurs.

-Je suis allergique au pollen.

-Oh ! Du chocolat peut-être.

-Je déteste ça.

-Un bijou ?

-Vous êtes mon patron ! On n’est pas assez proche.

-Exact. Alors voyons. Je sais ! Si je vous invitais à dîner un soir.

-Je… Je ne peux pas.

-Pourquoi ?

-Parce que je suis trop fatigué pour sortir. La faute à une double journée de travail. Et maintenant, à demain. En espérant que vous viendrez faire le travail pour lequel vous êtes payé ! »

           Julie Denier sortit. Pierrick sourit en portant une nouvelle fois sa tasse à ses lèvres. Elle avait un sacré caractère mais il ne pouvait lui en vouloir d’être en colère contre lui. Surtout qu’elle était d’une rare efficacité. Elle avait raison. Du moins en partie. Maintenant, son travail était de s’occuper de la paperasse et de désigner les membres de la section S pour telle ou telle mission. Mais d’une certaine manière, il n’était pas d’accord avec ça. Pour lui, le travail d’un chasseur est sur le terrain, à rechercher et combattre les mages noirs.

           Pierrick sourit à l’idée qu’il n’avait pas peur de se confronter aux mangemorts mais qu’il ne savait pas quoi faire envers une simple secrétaire. Il devait se faire pardonner. Et une idée germa dans sa tête.

 

           Charles Maldieu avait encore du travail. Mais surtout, il ne cessait de penser à une chose. Depuis plusieurs mois, cette impression l’envahissait : cette guerre contre Voldemort était-elle perdue d’avance ? Les mangemorts ne cessaient d’avancer. Les Chasseurs ne parvenaient qu’à les ralentir. Mais comment se battre efficacement contre un ennemi dont on ignore le nombre et le visage ? A part quelques uns bien connus comme Malgéus et Zifon, la plupart se masquaient le visage. Les interrogatoires avaient mis en lumière que les mangemorts ne se connaissaient pas tous. Malgéus était malin, il savait que pour se protéger des Chasseurs, il fallait d’abord que ses propres subordonnés ne sachent pas grand-chose à commencer par l’identité des membres de l’organisation.

           Il existait une solution. Elle était simple à formuler mais son application était un défi impossible : pour vaincre les Mangemorts, il fallait attaquer le mal à la racine ou plutôt à la tête. La seule solution serait de tuer Voldemort. Ainsi, même si quelqu’un prenait sa place dans la foulée, une période de désorganisation s’installerait, les unités anti-mages noirs de par le monde pourraient en profiter pour agir efficacement. Mais comment atteindre le mage noir le plus puissant de mémoire d’homme ?

           Quelqu’un frappa à la porte. La secrétaire de Maldieu était rentrée chez elle depuis longtemps déjà. Mais l’agent d’accueil de nuit filtrait les entrées aux locaux du département. Qui que ce soit, il devait être important. Maldieu invita la personne à entrer. Un homme de soixante ans entra, des lunettes rondes sur son nez. Maldieu le reconnut aussitôt. Il s’agissait du professeur Antoine Faros, enseignant l’arithmancie à Beauxbâtons et participant à des recherches avec le Département de Magie Expérimentale. Maldieu savait qu’il était considéré comme un des mages les plus érudits et puissants au monde. Certains voyaient en lui l’égal du professeur Dumbledore.

           « Professeur Faros, fit Maldieu. Je ne m’attendais pas à votre visite.

-Je voulais vous parler de choses importantes Mr Maldieu, dit le professeur.

-Je vous en prie, asseyez-vous. Je vous écoute.

-Je suis allé à Hogwart il y a peu. Je m’y suis entretenu avec le professeur Dumbledore. Je voulais essayer de voir si nous ne pouvions pas changer de tactique en ce qui concerne Voldemort. »

Maldieu frissonna. Très peu de gens osaient dire Son nom. Le professeur Faros démontrait ainsi qu’il n’avait pas peur de Lui.

« Et qu’est-il ressortit de cet entretien ? questionna Maldieu.

-Pas grand-chose malheureusement. Dumbledore veut conserver sa ligne de conduite sans rien modifier. Personnellement, je le trouve trop timoré. Contre autant de violence, je préfère que l’on applique le vieil adage : « le feu par le feu ». Je lui ais parlé d’un projet mais il l’a rejeté en bloc. Je comprends ses raisons, ce que je veux faire me mettrais au ban de la société si ça s’ébruitait. Et il n’a pas l’air de vouloir que la fin justifie les moyens.

-Que comptez-vous faire ? Si vous êtes venu, c’est pour m’en parler, n’est-ce pas ?

-Voldemort est extrêmement puissant. Il connait des maléfices que nous ne pouvons qu’imaginer. Il s’est tellement enfoncé dans les Ténèbres que nous ne pouvons même plus le qualifier d’humain. Pour le vaincre, il nous faut quelque chose de plus puissant que lui. Une arme capable de le détruire.

-Je suis d’accord avec vous jusque là. Mais comment se doter d’une telle arme ? Si cela est possible.

-J’ai cherché durant des mois. Il m’en faudra encore d’autres avant de mettre mon projet à exécution. Mais je suis rendu à un point où je vais devoir réunir des gens de confiance qui lieront leur futur au mien. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire.

-Quelle est cette arme ?

-Il nous faut la créer. Mais pour cela, il faudra utiliser ce que nous appelons la Magie Noire.

-Je comprends pourquoi vous dîtes « le feu par le feu ». Vous comptez créer un maléfice permettant de vaincre Vous-savez-qui ?

-Non, je compte créer une arme humaine. Je crois savoir que vous avez parmi vos hommes quelqu’un qui possède un très fort flux d’énergie magique.

-Vous parlez de Pierrick Corvus ?

-Oui. Je l’avais déjà croisé dans les couloirs de Beauxbâtons. Il n’a jamais été dans ma classe mais cela ne m’a pas empêché de sentir à quel point il était puissant et prometteur. Il doit participer au projet. Je veux faire un double de lui. Un double dont nous augmenterons la puissance par des moyens magiques. Un double qui sera si puissant que Voldemort ne pourra rien contre lui. »

           Maldieu repensa à ce que venait de lui dire le professeur Faros. Ce qu’il proposait était simplement effarant et effrayant. Il était vraiment prêt à aller à l’encontre de toutes morales pour vaincre Voldemort. Maldieu comprenait pourquoi le professeur Dumbledore avait rejeté ce projet. Son sens de l’honneur et de la morale lui disait de faire de même. Mais une autre voix s’éleva en lui. Une voix qui lui rappelait tout le malheur que répandait Voldemort sur la planète. En faite, ce que proposait Faros était un mal pour un bien.

« Combien d’autres gens avez-vous besoin ? demanda t-il. A part Corvus.

-Pas beaucoup, le secret ne doit pas s’ébruiter, sourit Faros. Mais assez pour le mener à bien. Je pense que vous n’avez réellement confiance qu’en quelques uns des Chasseurs. Cela devrait aller. Quand à moi, j’ai le concours de mon fils Julien qui travaille au Département Secret et de son assistante, Mélina Sarla. Pour ce qui est de Pierrick Corvus, je vous laisse le convaincre. Mais sans lui, ce projet ne pourra être mené à bien.

-Je vais voir ce que je peux faire. Et comment ce nomme ce projet ?

-Le projet GLADIUS. »

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