Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 4 : IV Invitations

2248 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/03/2012 05:13

           CHAPITRE IV : INVITATIONS

 

           Le lundi matin, Pierrick Corvus arriva au Ministère aux alentours de huit heure. Il répondit aux salutations des différentes personnes qu’il croisa sur le chemin le menant à la section S. En ouvrant la porte de son bureau, il découvrit sa secrétaire près du meuble où se trouvait le pot de café.

« Bonjour Julie, sourit-il.

-Bonjour Pierrick, répondit-elle.

-Votre dimanche a été calme ?

-Calme à souhait. Peut-être même un peu trop, je suis sûre que ça ne va pas durer. Voulez-vous du café ?

-Avec plaisir. Et si vous en prenez un avec moi ce sera encore mieux. »

           Julie Denier servit deux tasses de café. Elle mit un sucre dans une des tasse et aucun dans l’autre. Elle tendit la tasse sans sucre à Pierrick qui la remercia en s’en saisissant. Il l’invita à s’asseoir en face de lui. Ils discutèrent de choses et d’autres tranquillement. Ils furent bientôt rejoints par Samuel Marus.

           Et le moment de reprendre le travail arriva.

« Je dois y aller, dit Samuel. Je vais faire le tour de mes indics habituels pour voir si je peux grappier une info.

-Préviens-moi si tu as quelque chose, fit Pierrick.

-Reçu patron, finit-il en sortant.

-Je vais me mettre au travail aussi, dit Julie.

-Justement, quel est le programme pour aujourd’hui ?

-Vous n’avez pas lu votre agenda ?

-Je… j’ai oublié.

-Vous ne changerez jamais, abandonna-t-elle en souriant légèrement malgré tout. Vous devez lire les rapports d’enquête des agents et les signer dans la case « Vu ». Il faut aussi que vous lisiez les rapports d’instruction concernant les agents en formation. Ça me fait penser que François Garde n’a pas remis son rapport.

-Il est comme moi : il n’aime pas la paperasse.

-Il faut aussi que vous vérifiiez et signiez la demande de fourniture de bureau de la section. Monsieur Hiélifé va venir voir ça avec vous.

-Je ne l’aime pas. Il est toujours à dire qu’on pourrait faire des économies là ou là en diminuant ça ou ça.

-C’est ça les comptables. N’oubliez pas que c’est aussi lui qui remplit nos fiches de paye. »

           Avec un dernier sourire, Julie referma la porte. Les dossiers que devaient traiter Pierrick s’amoncelaient en une petite colline sur le côté gauche de son bureau. Avec un air résigné, il se saisit du dossier situé sur le haut de la pile. Julie avait fait un bon travail en aval, elle avait mis les dossiers les plus urgents sur le haut de la pile et surtout, elle avait entouré à l’encre effaçable les points importants et indiqué clairement les endroits où la signature et le tampon du chef de section devaient être apposés.

           Il n’avait pas commencé depuis cinq minutes que Julie frappa à la porte.

« Monsieur Maldieu vous demande dans son bureau, dit-elle. »

Pierrick s’y rendit aussitôt. Maldieu n’était pas seul. François Garde était également présent. Pierrick n’en était pas surpris, il savait que les deux hommes étaient amis de longue date. Pierrick s’assit en face de Maldieu.

« Vous vouliez me voir, dit-il.

-Que penses-tu de la situation actuelle ? questionna Maldieu.

-Je ne comprends pas le sens de votre question.

-Je parle de cette guerre contre les Mangemorts et Tu-sais-qui. Penses-tu que nous puissions la remporter un jour ?

-Je ne sais pas.

-Mais quel est ton sentiment profond ?

-Nous sommes sur une mauvaise pente. La corruption monte au sein du Ministère. Nous ne savons plus en qui avoir confiance. Et les actes terroristes des Mangemorts sont en constante augmentation. Nous avons du mal à faire face. Mon sentiment profond est qu’il faut trouver rapidement une solution définitive. Mais je n’ai pas vraiment d’idée. A part éliminer Voldemort. Pourquoi cette question ?

-Jusqu’où serais-tu prêt à aller pour éliminer Tu-sais-qui ?

-Que cherchez-vous à me faire dire ? Si vous avez quelque chose à me dire faîtes le. »

           Charles Maldieu lança un regard à François. Ce dernier acquiesça d’un mouvement de tête. Charles planta son regard dans les yeux sombres de Corvus.

« Le professeur Faros est venu me voir vendredi soir, raconta Maldieu. Il m’a parlé d’un projet visant à nous doter d’une arme pour éliminer Tu-sais-qui. Il nous faudra plusieurs années pour la fabriquer mais le jeu en vaut la chandelle.

-Je vois, fit Pierrick. Où est le mais ?

-Nous devrons user de Magie Noire pour la créer.

-Ce n’est pas ça qui va me déranger. Vous me connaissez.

-Le professeur Faros voudrait faire un double de toi et augmenter sa puissance par des moyens artificiels avant sa naissance. Et dix ans après, nous devrions pouvoir vaincre Tu-sais-qui.

-Vous voulez faire quoi ? Créer un double ? Créer un être humain pour l’utiliser comme arme ! Un enfant de surcroit ! Je suis prêt à aller très loin sur le chemin des Ténèbres pour vaincre les Mangemorts et Voldemort. Mais là, vous vous rendez compte de ce que vous me demandez !

-Oui, nous en sommes conscients. Mais pense que nous ne pouvons pas faire autrement. Parti comme c’est, un jour nous devrons obéir à Tu-sais-qui.

-Jamais je ne laisserais faire ça. Mais je ne suis pas prêt à aller aussi loin à l’encontre de la morale et des lois naturelles. Je ne vous dénoncerais pas à la Haute Cour de Justice Magique, seulement par respect pour tout ce que vous m’avez appris. Mais je ne veux plus entendre parler de ce projet. »

           Pierrick se leva et sortit sans laisser le temps à Maldieu ou à Garde de dire quoi que ce soit pour le retenir. Les deux chasseurs restèrent silencieux un moment.

« Il n’a pas tort, dit Garde. Je comprends son point de vu.

-Je sais, fit Maldieu. Mais comment nous sortir de ce cercle de violence ? Le projet GLADIUS ne nous donnerait pas forcément la victoire, mais au moins une chance d’en finir avec ce temps de Ténèbres.

-Je suis d’accord avec toi. Mais sans Corvus, ce projet ne se fera pas. Quand vas-tu le dire à Faros ?

-Je vais attendre un peu. Sait-on jamais, il se pourrait que Pierrick change d’avis.

-J’ai toujours été impressionné par ton optimisme. »

 

           Julie Denier su tout de suite que quelque chose n’allait pas. Lorsque Pierrick revint du bureau de Charles Maldieu, il ne lui lança pas un regard et s’enferma dans son bureau. Elle le laissa seul un moment, continuant son travail. Puis elle vint frapper à sa porte. Aucune réponse ne l’invita à entrer. Elle décida d’entrer quand même. Pierrick était assis sur son siège et semblait ruminer des pensés pas très plaisantes.

« Je ne vous ai pas dit d’entrer, dit-il.

-Je sais, répondit-elle sans prêter attention au ton sec qu’il avait utilisé. Mais je voulais voir comment vous alliez.

-Vous le voyez, je vais très bien.

-Je n’en suis pas si sûre. Je ne vous ais jamais entendu parler comme ça à qui que ce soit. »

Pierrick ferma les yeux quelques secondes.

« Excusez-moi, fit-il en les rouvrant. Je ne voulais pas passer mes nerfs sur vous.

-Que vous a dit Maldieu pour que vous soyez dans cet état ? questionna t-elle

-Je ne peux pas vous en parler.

-Je comprends. Et surtout je comprends que vous ayez besoin de vous détendre.

-Je me demande comment.

-J’ai peut-être une solution.

-J’aimerais bien savoir laquelle. »

Julie se mordit la lèvre. Elle prit une inspiration et se jeta à l’eau.

« Et si je vous invitais à dîner ? lança t-elle.

-Quoi ? fit Pierrick en perdant son air sérieux et sombre au profit d’une stupeur de mise.

-Je vous demande si vous accepteriez de dîner avec moi un soir.

-Je ne m’attendais pas à ça.

-Si vous ne voulez pas tant pis, conclut-elle en se dirigeant vers la porte.

-Non, j’accepte, l’arrêta t-il. Ce sera avec plaisir.

-Alors, disons demain soir.

-Parfait.

-Vous avez une préférence ?

-Je vous laisse me surprendre. »

 

           Samuel Marus ne revint au bureau que le soir. Julie lui assura que Pierrick était encore là quand il lui demande et il entra immédiatement dans le bureau.

« J’ai un tuyau important, annonça t-il.

-Assis-toi, invita Pierrick. Je t’écoute.

-Malgéus a prévu de s’attaquer au Beauxbâtrain[1]. Il veut s’en prendre aux enfants de moldus et aux sang-mêlés.

-Comme toujours. As-tu plus d’éléments ?

-Non, pas encore. Je vais continuer à fureter. On a jusqu’à vendredi pour découvrir comment il compte s’y prendre.

-Tu es sûr de ton indic.

-Non, pas totalement. C’est pourquoi je vais continuer à chercher.

-Tu veux que je t’accompagne ?

-Pour l’instant, il vaut mieux que je me débrouille seul pour éviter d’être repéré. Tu connais la chanson. Je te tiens au courant. Quand vas-tu en parler à Maldieu ?

-Je vais attendre que tu ais plus d’éléments. Comme tu l’as dit, nous avons jusqu’à vendredi. »

           Pierrick ne parla pas à son ami de sa discussion avec Maldieu et Garde. C’était la raison pour laquelle il ne voulait pas revoir tout de suite le directeur du Département des Chasseurs. Il avait encore du mal à croire que son mentor pouvait songer à arriver à une telle extrémité dans cette guerre contre Voldemort. Ce n’était ni plus ni moins que des méthodes de mage noir.

           Le lendemain, Pierrick se plongea entièrement dans le travail pour oublier le projet du professeur Faros qui continuait à s’imposer à ses pensés. Samuel n’était pas venu au Ministère ce matin. Pierrick se doutait qu’il avait dû partir directement enquêter sur la menace d’attaque de Malgéus. D’ailleurs, il ne revint que le soir.

« Ça se confirme, annonça t-il. Un autre indic m’en a parlé. Mais à part ça, je n’ai pas eu plus de précision. Je devrais en avoir plus jeudi par cet indic. Je dois encore en voir un autre ce soir à Toulouse.

-Je vais t’accompagner, dit Pierrick.

-Tu n’as pas autre chose de prévu ce soir ?

-Non, je ne crois pas.

-Pierrick, soupira Samuel sur un ton de reproche.

-Quoi ?

-Tu n’aurais pas rendez-vous par hasard ?

-Je ne m’en souviens pas. Oh ! Oui. Avec Julie. Je vais devoir annuler.

-Certainement pas. Tu ne vas pas lui gâcher sa soirée quand même.

-Elle sait très bien quel boulot je fais, elle ne m’en voudra pas.

-Certes. Mais je peux très bien me débrouiller seul. J’aurais même plus de chance de récupérer des infos. Profite de ta soirée, j’ai l’impression que tu en as besoin. Et puis, je suis sûr que tu dois être content d’aller dîner avec elle. Même si tu as oublié.

-Je l’avoue, ça me fait plaisir. Mais comment as-tu su qu’elle m’avait invité ?

-Elle est venue prendre l’apéro hier soir, Léa l’avait invitée. Et je dois dire qu’elle était assez impatiente à l’idée de dîner avec toi. Je crois que tu as une chance à saisir.

-Tout ce que je veux, c’est passer une bonne soirée.

-Je sais, je ne dis pas le contraire. Mais avoue qu’elle te plait quand même. Sinon tu ne l’aurais pas invitée à l’anniversaire de Sonia.

-J’avoue, soupira t-il. Elle ne me laisse pas indifférent. Par contre, elle a un sacré caractère.

-C’est ce qu’il te faut. Une femme capable de gommer tous tes défauts.

-Lesquels ?

-Ton sens inné de la désorganisation en premier lieu.

-Ha ha, très drôle, fit Pierrick faussement. Bon, il ne me reste plus qu’à aller me préparer. »


[1] Equivalent du Hogwart Express britannique faisant la liaison entre Beauxbâtons et la gare de Paris Austerlitz.

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