Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 5 : V Attaque aveugle

3242 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/03/2012 00:36

           CHAPITRE V : ATTAQUE AVEUGLE

 

           Pierrick souriait sans vraiment y penser. La soirée avait été très agréable. Julie l’avait emmené dans un restaurant du côté moldu. Elle s’était souvenu que lors d’une conversation le jour de l’anniversaire de Sonia, il avait confié apprécier se rendre du côté moldu. Il aimait l’ambiance des bars et manger dans les restaurants parisiens. Il avait même quelques habitudes et quelques amis qu’il retrouvait pour des soirées autour d’une bière. Le seul point noir à ce tableau était qu’il devait leur mentir. Julie avait d’ailleurs demandé à ce qu’ils aillent dans un des bars favori de Pierrick après le dîner. Les amis moldus de Pierrick furent surpris de le voir arriver accompagné pour une fois, et de surcroit par une belle femme.

           Ce matin, Pierrick était arrivé avant sa secrétaire. Lorsqu’elle arriva, elle fut surprise.

« Vous êtes tombé du lit ce matin ! s’exclama t-elle.

-J’avais envie d’inverser les rôles pour une fois et de vous faire le café, dit-il simplement en souriant.

-Ça tombe bien, j’ai apporté les croissants.

-Et bien installez-vous, invita t-il en montrant le siège en face de lui. »

 

           Samuel ne revint pas avant jeudi soir. Pierrick avait décidé de l’attendre. S’il devait monter une opération autour du Beauxbâtrain, il devrait le faire au plus vite avec le concours de la section AI et de plusieurs agents de la section S. Il avait déjà prévenu Georges Nide de se tenir prêt au coup de sifflet. Il savait que le chef de la section AI n’était pas du genre à compter ses heures. Comme il le disait lui-même, il aurait fait un autre boulot sinon.

           Quelqu’un frappa à la porte. Pierrick dit d’entrer. C’était Julie qui avait décidé de rester malgré l’heure tardive et le fait qu’il lui ait dit qu’elle pouvait partir.

« Samuel est là, indiqua t-elle en s’effaçant pour laisser entrer le chasseur.

-Tu as trouvé quelque chose ? questionna Pierrick immédiatement.

-Merci, fit Samuel à Julie qui lui servit une tasse de café. Ils vont attaquer à la gare de Champ-Fleuri.

-Dans un village sorcier ! C’est assez risqué pour eux. La Police Magique met toujours un dispositif de sécurité pour protéger les étudiants lors des départs et retours de vacances scolaires. J’aurai plutôt pensé à une attaque durant le voyage.

-Moi aussi mais justement, Malgéus veut marquer un grand coup, montré qu’il peut frapper n’importe où n’importe quand. D’une certaine manière, il veut plus le prouvé à Tu-sais-qui qu’à la population et au Ministère.

-Sera-t-il là ?

-Tout porte à le croire.

-Tu sais comment ils comptent procéder ?

-J’ai eu que très peu d’information là-dessus. Malgéus sait cloisonner. J’ai déjà eu du mal à obtenir le lieu de l’attaque.

-Bon travail. Je m’occupe du reste. Rentre te reposer, Léa doit t’attendre. Tu n’es pas rentrer depuis mardi.

-Je serais là demain.

-Inutile. Tu as fait ta partie, je vais faire l’autre. Profite de ta famille, tu es libre demain.

-Merci chef. C’est vrai qu’un week-end prolongé ne sera pas de refus. Tu passeras à la maison pour me raconter après.

-Pas de problème. »

           Samuel se leva et sortit. Julie resta. Elle avait écouté la conversation et attendait qu’il dise quelque chose. Il demeura silencieux quelques instants, sirotant son café par petite gorgée.

« Appelez Charles Maldieu et Georges Nide s’il vous plait, demanda t-il. Ainsi que les agents d’alerte intervention. Alerte code orange.

-Tout de suite, acquiesça t-elle en sortant. »

La nuit serait courte. Pierrick devait reconnaître que même en temps que chef de section, cette partie du travail ne changeait pas. Il avait même découvert un autre niveau de la préparation opérationnelle. Seul hic, sa fonction lui interdisait de venir sur le terrain. Mais il ignorait sciemment ce point. Et il savait que Charles Maldieu ne lui ferait aucune remontrance.

           Un quart d’heure plus tard, Georges Nide et Pierrick Corvus étaient réunis dans le bureau de Charles Maldieu. Pierrick présenta les quelques maigres éléments qu’il avait en sa possession.

« Je sais c’est peu, dit-il à la fin de son exposé. Mais je pense qu’il faut mettre quelque chose en place.

-Je suis tout à fait d’accord avec toi, acquiesça Maldieu. Tu te chargeras de briefer les agents de ta section qui seront sur cette opé. Georges, que préconises-tu ?

-Connaissant les lieux et sachant qu’il y aura des éléments de l’Unité d’Intervention de la Police Magique sur les lieux, je dirai deux groupes dissimulés aux points stratégiques. On les connait pour avoir déjà prévu ce genre de scénario. De plus, je laisserais un groupe en réserve immédiate ici et un en réserve différée.

-Je vais prévenir Hirain de la menace et des mesures prises, continua Maldieu. Les éléments de la Police Magique présents seront sous tes ordres en cas d’attaque, comme le prévoit la procédure. Pierrick, qui sont les agents de la section S qui sont d’alerte intervention ?

-Julien Faras, Béatrice Dugard et Anne Tinian, répondit-il.

-J’aurais cru que Samuel Marus serait là.

-Je lui ais ordonné de rester chez lui profiter de sa famille.

-Tu comptes y aller ?

-M’en empêcherez-vous ? »

Pierrick toisait Maldieu d’un regard que le vieux chasseur ne lui connaissait qu’envers les mages noirs. Le considéraient-ils comme l’un d’eux depuis qu’il lui avait parlé du projet GLADIUS ? D’une certaine manière il n’aurait pas tort.

« Non, dit Maldieu. Bien sûr que non. Si j’étais à ta place, j’irai également. Maintenant au travail. »

           L’opération fut préparée dans les moindres détails. Les Chasseurs possédaient des plans d’actions prêts pour tous les lieux secrets de la France magique. Le village de Champ-Fleuri ne dérogeait pas à la règle. Les positions des deux groupes de la section AI étaient connues de Georges qui se chargea de les indiquer à ses chefs de groupe. Pierrick reçu dans son bureau les trois agents de la section S qui étaient de permanence alerte intervention. Malgré l’heure tardive, aucun ne rouspéta. C’était leur travail après tout. Ils étudièrent le plan d’action minutieusement. Ils devaient savoir par où arriveraient les hommes de la section AI lors de l’intervention. Ils revirent les différentes procédures à mettre en œuvre. Ils les connaissaient par cœur mais il était de coutume de tout revoir à partir de la base pour ne laisser rien au hasard. Leur mission était de se mêler à la population pour repérer les mages noirs. Et si c’était possible, les arrêter avant même qu’ils n’agissent. Ce serait la meilleure solution, sachant que des enfants seraient présents.

           Au bout de plusieurs heures d’études pour essayer de prévoir toutes les possibilités, Pierrick laissa ses hommes aller prendre quelques dernières heures de repos. Il sortit de son bureau et trouva Julie avachie sur son bureau. Elle avait voulu rester jusqu’au bout mais la fatigue avait gagné son duel contre sa volonté. Il sourit à ce spectacle et se promit de l’inviter à son tour à dîner ce week-end. La voyant grelotté, il attrapa son manteau pendu à un crochet et le déposa délicatement sur ses épaules. Ses doigts effleurèrent légèrement sa joue.

           Il resta immobile à regarder son visage assoupi et serein. Mais quelque chose le tira du vide dans lequel il s’était plongé en l’observant. Une présence. Il releva la tête et tomba sur le sourire amusé de Samuel. Pierrick sortit du bureau de sa secrétaire et referma la porte sans faire de bruit.

« Que fais-tu ici ? demanda t-il à son ami. Je t’avais dit de rester chez toi.

-Tu me connais, sourit Samuel. Je ne pouvais pas rester en arrière. Je viens aussi.

-Je pourrais t’ordonner de rester en dehors. Et même te mettre aux arrêts si tu désobéis.

-Tu vas vraiment le faire ?

-Non. Bien sûr que non. Tu es incorrigible. Viens, je vais te faire le topo de l’opé.

-Tu ne veux pas te reposer ?

-Est-ce que j’ai l’habitude de dormir avant une opé ?

-Je ne crois pas. Au fait, tu ne voudrais pas lui faire un petit bisou avant de partir ? plaisanta Samuel.

-Sam.

-Ce que j’en dis moi, tu avais l’air d’être entrain d’y penser sérieusement à l’instant.

-Occupe-toi de tes affaires. »

 

           Le jour avait beau s’être levé depuis plusieurs heures, cette journée de février 1960 demeurait froide. Samuel s’était assis à un banc sur le quai de la gare de Champ-Fleuri. Il s’amusait à penser qu’il fallait attendre le printemps pour vraiment voir pourquoi ce village portait ce nom. En face de lui attendait sans bouger le train réservé aux élèves de Beauxbâtons, il était d’un blanc lumineux. Il regarda vers sa gauche, à une trentaine de mètres, assise sur un autre banc se trouvait Béatrice Dugard. En tournant la tête de l’autre côté, il repéra Julien Faras, faisant mine de lire son journal. Et Samuel savait que s’il étirait le cou en tournant la tête vers l’intérieur de la gare, il verrait Anne Tinian assise dans le hall. Mais pour éviter de paraître bizarre et de se faire repérer, il préféra monter les yeux vers la rangée d’arbres de l’autre côté de la voie. Il ne le devina même pas mais il savait qu’il était là, Pierrick sous sa forme de corbeau. Prêt à intervenir.

           Les élèves de Beauxbâtons devaient arriver d’une minute à l’autre. Samuel savait qu’ils seraient rieurs, heureux de partir pour quinze jours de vacances. Les Chasseurs n’avaient pas prévenu le directeur de Beauxbâtons afin qu’il n’interdise pas les élèves de se rendre à la gare. Sinon, les mangemorts ne se montreraient sûrement pas et les Chasseurs passeraient à côté d’un coup de filet plus qu’utile en ces temps de ténèbres. Certes, les enfants courraient un risque mais Corvus comme Maldieu et n’importe quel chasseur savait que l’on ne gagne pas une guerre sans prendre de risque. Les policiers de l’Unité d’Intervention de la Police Magique étaient postés aux différents accès de la gare.

           Des rires éclatèrent dans la rue menant à la gare. Et quelques secondes plus tard, les premiers étudiants de l’Académie envahirent le quai. La plupart ne souhaitait pas encore monter dans le train. Samuel sourit encore. Il connaissait ce sentiment : le conflit intérieur entre l’envie de partir et celle de rester. Et sans même qu’il ne le remarque, le quai était bondé. Il se leva et regarda de tous les côtés. Ses collègues avaient fait de même, observant de tous les côtés sans se trahir. Les minutes s’égrainaient lentement. Et une même question envahit les esprits des chasseurs : les mangemorts allaient-ils attaquer ?

           Pierrick Corvus scrutait de ses yeux de corbeau la foule des élèves. Il cherchait n’importe quel signe de la présence d’un mage noir. Mais à part quelques adultes, il n’y avait que des adolescents. D’où viendrait l’attaque ? La question emplissait son esprit. Et soudain, il y eut un grand flash de lumière. Une déflagration suivit immédiatement. Un fracas de verre et de métal. Aveuglé par l’éclair, Pierrick ne comprit qu’après en voyant le train éventré au niveau du troisième wagon. Il y eut un moment de vacuité, comme si le temps s’était figé d’effroi. Puis des cris de peur, de souffrance et de stupeur. Des enfants gisaient à même le sol, les corps déchiquetés par l’explosion. D’autres s’agitaient de manière désordonnée, blessés plus ou moins gravement. Pierrick vit une fille d’à peine douze tenter de se relever et retomber aussitôt, remarquant enfin qu’une de ses jambes avait été arrachée. Les hommes de la Police Magique allaient aider les blessés quand une série de claquements de fouet retentit. De partout, des hommes en noir masqués apparurent, menaçant de leurs baguettes. A leur vue, les gens redoublèrent de panique.

           Pierrick Corvus parvint à conserver son calme. Après tout, il ne servait à rien de se laisser emporter par la haine dans ce genre de situation. Cela ne menait qu’à plus de mort, voir à la sienne. C’est alors qu’il le vit : le seul mangemort qui osait se montrer à visage découvert. Il était d’une pâleur cadavérique, sa peau horriblement ridé lui donnait une apparence décrépite. En fait, seul ses yeux paraissaient encore jeunes, d’un brun clair presque pétillant. Pierrick manqua de perdre son calme quand il remarqua que le maître des mangemorts français souriait au spectacle de ses enfants morts et blessés. Une fois de plus, il dut prendre sur lui pour garder son calme.

           D’un coup d’œil, Pierrick vérifia la présence de Samuel et des autres agents de la section S. Ils étaient prêts. Il était temps d’agir. Pierrick abandonna son perchoir et plana jusqu’à la carcasse fumante du train. Arrivé sur le toit, il reprit sa forme humaine.

« Je suis Malgéus, le représentant du Seigneur des Ténèbres en France, lança Malgéus. Je viens m’occuper des Sang-de-bourbe et autres traîtres à leur sang. Quelque soit leur âge. Les Sang-Purs n’ont rien à craindre de nous. Tant qu’ils restent en dehors de tout ça. »

Pierrick se saisit de sa baguette et la pointa vers son bracelet montre, modifiant certains symboles gravés. Il venait ainsi de donner l’ordre à Georges Nide de passer à l’action et d’informer ses hommes de l’imminence de l’assaut.

           Les premiers mangemorts tombèrent sans avoir eu le temps de se rendre compte qu’ils étaient entrain d’être encerclés. Des deux côtés du quai, les chasseurs de la section AI s’approchaient, la baguette tendue et canardant de Stupéfix. Malgéus se rendait-il compte que ses hommes tombaient ? Il souriait d’autant plus d’un air carnassier. Corvus décida d’entrer en jeu. Il se laissa tomber du train et s’approcha de Malgéus dans son dos. Il colla l’extrémité de sa baguette derrière son crâne.

« On ne bouge plus, dit-il calmement.

-Quel contrôle dans votre voix, siffla Malgéus admiratif. On voit bien que certains chasseurs sont bien formés. Vous êtes sûr de ne pas vouloir vous ranger à nos côtés ?

-Droit au but, n’est-ce pas ?

-Toujours. »

Sans peur, Malgéus se retourna pour planter son regard de bois dans celui de ténèbres de Corvus.

« Je devrais me sentir honoré, continua le mangemort. Pierrick Corvus, le Corbeau en personne. J’ai appris que vous étiez devenu chef de la section S récemment. Félicitations.

-Fortran vous attend Malgéus.

-Ça, je ne crois pas. »

           Pierrick n’eut pas le temps de réagir. Avant même qu’il ne devine le mouvement de Malgéus, il fit un vol plané en arrière, allant percuté violement le train. Il parvint à conserver un minimum de conscience, juste assez pour lever les yeux vers son ennemi. Ce dernier tendait sa baguette vers lui. Autour, les mangemorts se rassemblaient petit à petit autour de leur chef.

« Ton vol s’arrête ici, Corbeau, sourit Malgéus.

-Experliarmus ! lança Samuel. »

Samuel était parvenu à se placer sous un angle lui permettant d’aligner Malgéus. Son sortilège fusa vers la baguette du mage noir mais ce dernier le renvoya d’un bouclier informulé dressé par réflexe. Ce fut Samuel qui se retrouva désarmé. Malgéus se tourna vers lui.

« Percuto, fit-il. »

Samuel se plia en deux comme frapper par un coup de poing dans le creux de l’estomac et tomba à genoux le souffle coupé. Malgéus s’approcha de lui.

« Je déteste qu’on m’interrompe, fit Malgéus. Diffindo ! »

Pierrick ne parvint même pas à hurler. Il vit la baguette s’abattre sur le cou de son ami. Puis la tête de Samuel roula sur le sol, séparé de son corps.

« Non, murmura Pierrick. »

Malgéus se tourna de nouveau vers le Corbeau. Il ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant son air déconfit et incrédule. Un maléfice lui frôlant le visage le ramena à la réalité. Les chasseurs gagnaient du terrain.

« On se retire, ordonna t-il. »

Les mangemorts s’enfuirent en transplanant.

           Les jambes de Pierrick refusaient de supporter son poids. Pourtant, il parvint tout de même jusqu’au corps de son ami. Il le remua un peu, espérant sans y croire que ce n’était qu’une blague. Mais non, Samuel Marus était mort.

 

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