Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 7 : VII Hélène Barton

3646 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/03/2012 02:13

           CHAPITRE VII : HELENE BARTON

 

           Les tests ne se limitèrent pas à des échantillons divers. Il fallut que Pierrick Corvus passe différentes épreuves physiques, magiques et intellectuelles. Il eut l’impression d’en rater quelques unes même si le professeur Faros et son fils semblaient satisfaits. Au fil des semaines, Pierrick ressentit quand même une certaines fatigue s’accumuler. Il n’avait pas ressenti ça depuis sa formation initiale à la section S. Les Faros s’intéressaient aussi bien à la puissance de son flux magique et de sa structure musculaire. Il lui faisait répéter durant des heures inlassablement des Impardonnables sur une cible permettant d’évaluer la puissance magique utilisée à chaque fois, testant ainsi son endurance magique. La résistance physique était testée par divers épreuves qui rappelèrent directement les tests d’entrées des Chasseurs ou de la section S : footing, exercices de force genre pompes, abdominaux, tractions, corde, natation, apnée statique et dynamique. Mais en plus corsé. Le pire ce fut quand Pierrick dut évoluer seul dans un environnement de combat simulé si bien conçu qu’il le crut réel. Le stress était bien présent. Il apprit après que cet épreuve avait été préparée par Maldieu et Garde eux-mêmes.

           Le professeur Faros et son fils étudiaient les résultats des tests de Pierrick Corvus. Il leur avait fallu plus de deux mois pour compiler toutes les données nécessaires. Et la conclusion de ces tests tenait en un seul mot.

« Impressionnant, souffla Julien Faros.

-Nous avons choisi le bon candidat, acquiesça Antoine Faros.

-Es-tu sûr que l’on peut encore amplifier de telles capacités ? Pour le physique, l’intelligence et le mental peut-être. Mais la capacité magique est déjà aux limites connues et avérées chez un sorcier de son âge.

-Le flux d’énergie magique va en s’amplifiant avec l’âge. Mais les vieux sorciers ne peuvent pas s’en servir à cause du contrecoup sur leur enveloppe charnel.

-Je sais déjà ça.

-Nous allons travailler avec un être à l’aube de sa vie. Nous allons renforcer son corps de sorte qu’il puisse se servir pleinement de la puissance magique dont nous allons le doter. Il aura la puissance magique d’un vieux mage avec les capacités physique d’un jeune homme.

-Sa seule limite sera sa morale.

-Non, car nous devrons aussi taire toute trace de sentimentalisme et de morale en lui. Nous ne donnerons pas naissance à un petit garçon comme les autres. Nous allons forger une arme. Et une arme n’a pas de sentiment ni de morale.

-Et nous ? Avons-nous encore de la morale pour nous lancer dans ce projet ? »

           Le professeur Faros regarda son fils. Il comprenait ses sentiments. Lui-même doutait du bien fondé de leur action parfois. Mais il lui suffisait de lire les journaux pour lui rappeler les raisons de son projet. Il avait déjà accepté le fait que dans une guerre, on fait des sacrifices et des actes immoraux. C’était ainsi pour que la Victoire et la Paix soient à porté.

« La morale ne nous apportera pas la mort de Voldemort, dit Antoine Faros. »

           Les recherches du professeur Faros, de son fils et de Mélina Sarla continuèrent durant des mois. Ils devaient adapter leurs potions et diverses autres actes magiques par rapport aux donnés récoltées durant les tests.

 

           Charles Maldieu et François Garde recherchaient une candidate pour porter l’arme. Ils passaient donc beaucoup de temps à éplucher les archives de Sorcier-Matin et des procès verbaux de la Police Magique et des Chasseurs à la recherche d’une femme ayant perdu toute sa famille. Les pages des faits divers relatant des massacres organisés par les mangemorts donnèrent assez peu de résultats probants malgré la confiance qu’avait affichée Maldieu sur ce sujet. La plupart du temps, les survivantes à ce genre d’exactions se retrouvaient quelques jours plus tard dans les mêmes pages dans la liste des suicidés, ou des internés. Au final, il fallait dresser une liste des jeunes femmes ayant disparu de la circulation. Ensuite, ils devraient les chercher sans être sûrs qu’elles soient en vie. Une meule de foin de la taille de la France.

           L’été n’était pas très chaud cette année. Les manches longues demeurèrent d’usage. Les meurtres par les mangemorts ne faisaient plus les gros titres des journaux depuis longtemps. C’était devenu d’un banal. Mais lorsque toute une famille se faisait massacrer, c’était autre chose. François Garde avait été désigné par Corvus pour s’occuper de cette affaire. Ce devait être une affaire comme il en arrivait couramment en ce temps de Ténèbres.

           En arrivant sur les lieux, François vérifia d’un coup d’œil que la Police Magique avait bien bouclé le périmètre. Il savait que le temps qu’il discute avec l’officier de police qui était venu en premier sur la scène de crime, ils seraient remplacés par des éléments de la section AI des Chasseurs. Les affaires concernant les mages noirs n’étaient traitées que par les Chasseurs. Eux seuls étaient mandatés pour les poursuivre. Même si cela faisait naître quelques jalousies entre les deux départements, les policiers s’estimant tout à fait capable de gérer ce type d’affaire.

           François Garde était habitué aux regards envieux des membres de la Police Magique. Et pourtant, il savait que les policiers faisaient un travail admirable dans leur domaine. C’étaient eux qu’appelaient en premier les citoyens en cas de problème généralement. Une vieille habitude datant du temps où les Chasseurs n’existaient pas. A l’époque, la Police Magique se nommait la Garde Magique. Les prévôts se chargeaient de tout ce qui concernait la sécurité des innocents membres de la Communauté Magique française. Mais alors que les Moldus entraient dans la Renaissance, une nouvelle menace fit son apparition. Un mage noir du nom d’Hector Tiergill fit son apparition, réunissant des fidèles comme Voldemort. La Garde Magique avait mis en déroute maints mages noirs durant les siècles précédents, mais là, ils ne pouvaient rien faire, surtout que plusieurs des leurs se révélèrent être des espions au service de Tiergill. Un membre de la Garde Magique, Philippe Brérinam, proposa au Ministre de l’époque de créer une autre unité spécialisée dans la traque des adeptes de la Magie Noire. Les membres de ce nouveau corps sécuritaire furent choisis personnellement par Philippe Brérinam qui voulait ainsi éviter tout problème d’infiltration par les mages noirs. L’unité ainsi créé poursuivie les mages noirs sans répit, et ses membres prirent le nom de Chasseurs.

           Un homme à peu près du même âge que François vint à sa rencontre. Les deux hommes ne se sourirent pas mais la poignée de main qu’ils échangèrent était vraie.

« Salut David, fit François.

-Salut François, répondit le policier. Je te fais visiter ?

-S’il te plait. Combien de victimes ? questionna le chasseur en suivant le policier.

-Toute la famille Barton à première vue, cinq corps, tous par Avada semble-t-il. J’ai pris la liberté de faire vérifier les identités des cadavres pour gagner du temps.

-Très bien. La Marque des Ténèbres n’était pas au dessus de la maison ?

-Non. Ce doit être des nouveaux qui ne connaissent pas encore tous les us et coutumes des mangemorts.

-Peut-être mais peut-être pas. Malgéus ne signe pas toujours ses crimes. Il essaye ainsi de se démarquer des autres chefs de file subalternes de Tu-sais-qui.

-Il y a juste un parchemin cloué à un mur en guise de revendication. »

Ils venaient d’entrer dans la maison. Les corps sans vie et intacts des membres de la famille Barton gisaient ça et là dans le salon. Le père donnait l’impression d’être simplement assoupis sur le canapé. Sa femme était étendue non loin sur le sol. Un jeune homme d’environ vingt ans et deux enfants, une fille de cinq ans et un garçon de dix environ, étaient tous les trois affalés dans des positions grotesques au pied d’un mur en face du canapé. François observa la disposition des cadavres. Rien de vraiment extraordinaire. Les deux enfants et le jeune homme, que François devina être leur frère aîné, avaient sûrement été exécutés l’un après l’autre sous les yeux des parents. Mais aucun parent ne serait resté sans réagir en voyant ses enfants se faire assassiner. François en déduisit qu’ils avaient sûrement été désarmés et immobilisés.

« Leurs baguettes n’ont pas été retrouvé, n’est-ce pas ? demanda François.

-Comme souvent, acquiesça David. Regarde par terre. »

François découvrit une trace de sang séché sur le tapis qui occupait le centre de la pièce entre le canapé et le mur d’exécution. Il s’accroupit pour pouvoir mieux l’examiner. La trace avait une forme de goutte d’eau. La quantité de sang laissait penser que la blessure de laquelle il avait suinté n’était pas trop grave.

« Qu’est-ce que tu en penses ? demanda David.

-Je ne sais pas, répondit François. Peut-être que quand les mangemorts sont arrivés, l’un des Barton se défendant a réussi à blesser l’un d’eux. Les gars de la IRIA vont passer la zone au peigne fin.

-Monsieur, fit un policier en s’approchant. D’après les registres, la famille Barton compte deux parents et quatre enfants dont trois mineurs. Il manque Hélène Barton, âgée de quinze ans.

-Montre, fit François en prenant le document des mains du policier. Elle aura seize ans dans une semaine.

-Tu parles d’un anniversaire, fit remarquer David. Elle a dû être enlevée par les mangemorts.

-C’est probable mais pour quelle raison ? Déjà, pourquoi se sont-ils attaqués aux Barton ? Ils ont fait quelque chose contre les mangemorts ?

-Je n’en ai aucune idée. Mon travail s’arrête là. Je vais ajouter son nom à la liste des personnes disparues. Une liste qui s’allonge sans vouloir se réduire. Quand cela s’arrêtera-t-il ? »

           François ne répondit pas. Il se contenta de faire appeler une équipe d’investigation de la section IRIA. L’équipe était dirigée par Gilles Chaldo. Malgré qu’ils soient tous embarqués dans le projet GLADIUS, les Gardiens de l’Epée ne s’étaient vu que rarement ces derniers mois. Ils ne devaient pas attirer l’attention plus que nécessaire et pour le moment, le projet était au point mort tant qu’une porteuse n’aurait pas été trouvée.

« Pas grand-chose à dire, fit Gilles Chaldo après plus de deux heures de travail. Juste quelques traces de lutte. Ils n’ont rien volé. Il faut dire qu’il n’y a rien à voler. Les Barton ne roulaient pas sur l’or.

-Et la trace de sang ? questionna François.

-Je ne pense pas que ça soit un mangemort blessé qui ait perdu ce sang. Je penserai plutôt à Hélène Barton.

-Pourquoi ?

-On a trouvé des lambeaux de peau dans le sang mais pas que ça. Il y avait aussi du sperme. Et pas mal de traces d’ailleurs sur le tapis.

-Elle aurait été violé.

-Oui, par plusieurs hommes. Avant la mort de ses parents mais après celle de ses frères et de sa sœur. Les corps des trois enfants sont plus rigides que ceux des parents. Je peux même dire qu’il s’est passé au moins deux heures entre la mort des enfants et celles des parents.

-Ce qui amène à penser que durant ces deux heures, les mangemorts n’ont pas joué aux cartes. Ces deux heures ont dû lui paraître très longues. Maintenant, reste à savoir où elle est.

-Si les mangemorts l’on enlevée, je n’ose pas imaginer quels horreurs ils vont lui faire s’ils ont commencé par la violer durant deux heures devant les cadavres de ses frères et sous les yeux de ses parents. Le mieux pour elle serait qu’elle soit morte.

-Sinon, sa vie est d’ores et déjà détruite. »

 

           Depuis combien de temps marchait-elle sans se soucier de la direction dans laquelle la guidait ses pieds ? Elle l’ignorait. Ses yeux étaient vides. Elle ne pleurait pas. Cela ne lui servait plus à rien. Pleurer ne lui ramènerait pas sa famille et ne calmerait pas la douleur brûlante qui enflammait son bas-ventre. Elle ne frissonnait même pas malgré la fraîcheur de cette nuit d’août. Et pourtant, elle n’était habillée que d’une robe légère en partie déchirée. A chaque pas, ses cuisses se découvraient, laissant apparaître des traces de sang séchés sur l’intérieur. Ses pieds nus étaient maintenant recouverts de poussières.

           Elle arriva à une ville. Elle passa devant le panneau blanc liseré de rouge indiquant Rouen sans le voir. Encouragée par toute la souffrance qu’elle avait subie aujourd’hui, elle reprit un peu conscience et se déplaça à couvert. Allant de ruelle en ruelle. Se cachant dans l’ombre. Puis, vaincu par la fatigue, elle se pelotonna près d’un tas d’ordure. Elle ne vit que du coin de l’œil les masses sombres des sans-abris couchés dans la ruelle. Elle s’endormit sans une larme. Cela ne servait plus à rien.

           Elle ne dormit pas longtemps. Quelqu’un lui secouait l’épaule pour la réveiller. Lorsqu’elle vit un homme se tenir accroupis devant elle, elle prit peur et se recula promptement contre le mur de briques sales.

« N’ayez pas peur, tenta d’apaiser l’homme d’une voix calme. Je veux vous aider c’est tout. »

L’homme était âgé d’une trentaine d’années et portait un blouson marqué d’un sigle que la jeune fille ne connaissait pas.

« Je m’appelle Simon et je suis du Secours Catholique, se présenta-t-il. Je ne veux que vous aider. Nous avons des vêtements, de la nourriture et même un endroit où vous pourrez passer la nuit. On ne vous oblige à rien. Si vous ne voulez pas venir, dîtes-le et je vous laisse. »

Elle allait dire quelque chose mais son ventre émis un long bruit sourd.

« Vous avez faim, reprit Simon. Vous devriez venir. »

La main que lui tendait Simon n’était pas armée d’une baguette et ne semblait pas vouloir se fermer en un poing pour la frapper. Elle sentit qu’elle pouvait suivre cet homme. Elle lui prit la main. Il l’aida à se relever.

« Je vais aussi vous trouver des chaussures, dit-il. Comment vous appelez-vous ?

-Hélène, souffla-t-elle. »

           Hélène Barton suivit Simon et d’autres gens portant le même blouson que lui. Elle était accompagnée de plusieurs autres SDF. Le même sigle que sur les blousons accompagné du nom « Secours Catholique » en gros était écrit sur une enseigne. Ils furent d’abords nourris d’un plat composé de pâtes et de saucisses. Simple mais remplissant le ventre affamé d’Hélène. Simon s’occupa d’elle en particulier. Après le repas, il l’emmena à l’écart des autres pour l’emmener dans une chambre à part. Il lui indiqua la douche et lui donna des vêtements propres. Ce n’était pas du dernier chic mais au moins ils n’étaient pas déchirés. Ensuite, elle put passer une nuit paisible dans un lit du dortoir commun.

           A ce moment là, Hélène ignorait que des Chasseurs la recherchaient, la croyant aux mains des mangemorts. Cette journée lui avait paru si irréelle. Elle avait pourtant si bien commencé. Etant en vacance, elle ne s’était pas levée avant dix heures. Sa mère lui avait quand même servi une tasse de café avec le sourire. Ils avaient prévu une journée en famille, son père ne travaillant pas, dimanche oblige et son grand frère étant venu à la maison. Les deux petits étaient déjà réveillés depuis un moment et jouaient dans le salon.

           Puis quelqu’un avait frappé à la porte. La mère d’Hélène était allée voir. Elle cria, alertant le père et le grand frère qui se précipitèrent baguette à la main. Le combat fut rapide, aucun des deux hommes n’étant un combattant. Les quatre de la fratrie étaient maintenus en respect contre le mur du salon. Les deux parents se trouvaient prostrés sur le canapé. L’un des agresseurs parlait d’une voix rageuse. Il parlait vite et fort. Hélène ne comprit pas ce qu’il voulait. Tout ce qu’elle comprit, c’était qu’ils allaient tous mourir. Son grand frère dit quelque chose à l’homme énervé. Quelque chose qui ne plut pas à ce dernier. Le premier éclair vert fut pour lui. En le voyant tomber les yeux révulsés, Hélène sentit des larmes couler le long de ses joues. A côté d’elle, son petit frère et sa petite sœur pleuraient en reniflant. Deux éclairs verts les firent taire. Hélène tomba à genoux, ses jambes refusant de la soutenir plus longtemps.

L’homme recommença à parler. Hélène vit son père s’agiter mais être tout de suite immobiliser par un sortilège. Ne sachant ce qu’ils comptaient faire, Hélène se laissant porter par deux des complices de l’assassin jusqu’au tapis du salon. Ils l’allongèrent sur le sol. Elle ne commença à comprendre et à se débattre que lorsque le tueur lui déchira sa robe de bas en haut, dévoilant ses sous-vêtements. Elle cria. Mais un des complices la mit sous Imperium pour qu’elle se tienne tranquille. Le tueur put reprendre sa sale besogne, commençant par arracher le soutien-gorge et la culotte sans ménagement. Hélène perçut les sifflets railleurs et faussement admiratifs de ses agresseurs sur ses charmes adolescents. Elle entendit clairement le meurtrier dire à un de ses complices de se pousser pour que ses parents puissent profiter du spectacle. Ne pouvant plus bouger par elle-même, Hélène fut obligée de garder les yeux vers le plafond. Elle sentit juste quelque chose de long et dure se frotter contre son intimité. Elle aurait voulu hurler de douleur lorsque l’assassin la pénétra sans ménagement, lui déchirant l’hymen, mais l’Imperium le lui interdisait.

Chacun leur tour, tous les agresseurs la violèrent. Certains profitèrent du fait qu’elle soit sous Imperium pour la forcer à les masturber ou à les prendre dans sa bouche. Son calvaire dura longtemps. Il lui parut durer des jours entiers. Et quand finalement cette torture s’arrêta, le tueur dit de nouveau quelque chose à l’attention de son père. Un éclair annonça la mort de sa mère. Puis un autre tua son père. Puis il s’était tourné vers elle.

« Toi, je vais te laisser en vie, avait-il dit. Comme ça, tu pourras raconter tous ce que je suis capable de faire quand on menace un membre de ma famille. »

           Puis ils étaient repartis. Elle était restée longtemps allongée sur le tapis, les jambes écartées. Elle fixait le plafond. Puis elle se leva. Elle jeta un dernier regard sur les cadavres de sa famille. Elle n’avait plus rien à faire ici. Elle partit. Sans prendre le temps de mettre ses chaussures. Elle voulait mettre le plus de distance possible entre elle et cette maison des horreurs.

 

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