Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 8 : VIII De l'autre côté de la ligne

4245 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/03/2012 02:15

           CHAPITRE VIII : DE L’AUTRE CÔTE DE LA LIGNE

 

           Ce genre d’enquête ne dépassait généralement pas le bureau du chef de la section S en matière de rapport oral direct. Ensuite, seul le rapport écrit atteignait le bureau directorial des Chasseurs sans forcément être lu au vu de la quantité de travail du directeur. Mais depuis le lancement du projet GLADIUS, Maldieu et Garde se montraient attentif à certaines affaires. Et l’affaire Barton entrait parfaitement dans leurs critères.

« Nous ne pouvons pas savoir ce qui est arrivé à Hélène Barton, dit Garde. Mais si elle est en vie,…

-Elle est la meilleure candidate pour être la porteuse de Gladius pour le moment, compléta Maldieu. Ta priorité est de la retrouver.

-Si elle est aux mains de cette bande de mangemorts, la seule solution pour la faire totalement disparaître sera de la faire passer pour morte. Ce ne sera pas difficile mais cela implique d’éliminer tous ceux qui seront là quand on la trouvera. On ne peut donc pas impliquer la section AI. Il n’y aura que Corvus et moi.

-Prenez également Chaldo. Il a toujours eu d’assez bon résultats aux entraînements combat de la section IRIA.

-On fait peut-être tout ça pour rien. Il y a plus de chance qu’on la retrouve aux alentours de la maison, morte derrière un buisson.

-Je te l’accorde. Mais nous devrons suivre chaque piste jusqu’à trouver la porteuse de Gladius. »

           Garde resta silencieux quelques secondes avant de reprendre :

« Parfois, je me dis qu’il vaudrait mieux que jamais nous ne trouvons une porteuse. Ainsi, rien ne se fera.

-Je comprends ton sentiment mon ami, assura Charles. Mais ce n’est pas en pensant ainsi que ce monde connaîtra de nouveau la paix.

-Le pire c’est que je sais que tu as raison. »

 

           Hélène Barton revint plusieurs fois au refuge du Secours Catholique. Elle parlait toujours peu et seulement pour répondre aux questions du personnel du refuge comme « voulez-vous du pain ? Un verre d’eau ? ». Elle revit plusieurs fois Simon qui se montrait toujours gentil avec elle, lui permettant de prendre une douche à l’écart dans la salle de bain de la chambre du volontaire de garde. Elle ne parvenait pas à sourire.

           Et un jour qu’elle sortait de la douche, Simon lui parla d’argent :

« Tu n’as pas d’argent, n’est-ce pas ? »

Elle ne répondit pas. Si elle avait de l’argent, elle ne saurait même pas quoi en faire. Elle se contentait de survivre en surnageant au dessus de son envie de mourir. Et puis, elle ne connaissait rien à l’argent moldu.

« J’ai moi aussi quelques problèmes d’argent en ce moment, continua-t-il. Donc je me suis dit que l’on pourrait s’entraider mutuellement pour arranger nos problèmes. Je connais des gens qui pourraient être intéressé de faire connaissance avec une jeune femme comme toi. »

Hélène n’était pas une idiote. Elle comprit tout de suite l’allusion : il parlait de la prostituer. Une petite voix lui souffla de refuser, d’insulter Simon et de partir en claquant la porte. Mais cette voix était si faible et lointaine qu’elle n’en perçu même pas le murmure. Après tout, elle était déjà morte. Et ce corps ne lui appartenait plus depuis que ces hommes l’avaient possédée de la plus vile façon. Autant qu’elle vienne en aide à quelqu’un qui en avait besoin.

           Juste en attendant la mort…

 

           Le ratissage des alentours de la maison des Barton ne donna aucun résultat. Hélène Barton avait sûrement été enlevée. Peut-être était-elle morte maintenant mais rien n’était sûr. La seule solution qui s’offrait aux Chasseurs était de retrouver les mangemorts qui avaient commis ce massacre. Pour cela, il leur fallait des informations. Et le meilleur endroit pour ce genre de récolte était l’Impasse Mordred. A l’instar de Knockturn Alley[1] à Londres, cette rue secrète du monde magique français était le repère de tout ce que la France comptait comme marginaux plus ou moins proche des ténèbres. Elle portait le nom d’impasse mais ce nom était plus allégorique qu’autre chose au vu de sa longueur. Quiconque entrait dans cette rue sans la connaître, n’avait que peu de chance d’en ressortir sans séquelles. Mais les Chasseurs, spécialisés dans ce genre de milieu, s’y déplaçaient avec plus d’aisance que certains habitués.

           Les informateurs des Chasseurs étaient tous différents mais plusieurs catégories générales se dévoilaient. Les plus rares étaient les informateurs « volontaires », ceux qui les aidaient pour rien et juste par honnêteté. La plupart du temps, ce genre d’informateurs mourait vite. Il y avait aussi ceux qui agissaient par rancœur ou vengeance. C’était ceux dont les renseignements devaient être pris avec le plus de prudence car ils dénonçaient, généralement dans leur propre intérêt, parfois des innocents. La grande majorité des indics se divisaient en deux catégories : ceux qui se faisaient payé en or, et ceux qui avaient des dettes envers des Chasseurs.

           Un vieil homme décrépi et édenté tenait une sorte d’échoppe ambulante. L’odeur qui s’élevait des chaudrons et des poêles aurait fais fuir un troupeau de sanglier. Malgré tout, François Garde s’approcha et commanda un casse-croûte. Gilles Chaldo eut du mal à retenir une grimace dégouté en voyant le vieil homme mettre de la viande crasseuse dans le pain rassis.

« Qu’est-ce que tu as à me dire sur le massacre des Barton ? questionna Garde.

-Le massacre a été commis par une petite bande de trous du cul sans intelligence, bafouilla le vieillard clairement malgré tout. Ils auraient dû laisser la Marque de Tu-sais-qui pour faire illusion plus efficacement mais ils ne voulaient pas risquer de se faire poursuivre par Malgéus.

-Ce ne sont donc pas des mangemorts.

-Pas du tout. Et s’ils en deviennent, ils ne serviront que pour les basses besognes.

-Qui sont-ils ?

-Je ne sais pas. Si tu veux en savoir plus sur eux, va voir Drieux.

-Sais-tu quelque chose sur Hélène Barton ?

-Ils l’ont violée devant les corps de ses frères et juste sous les yeux de ses parents. Ils ont tué les parents mais elle, ils l’ont laissée en vie. Ils s’en vantent un peu trop.

-D’où le terme de trous du cul sans intelligence. Ils ne l’ont pas enlevée ?

-Je ne sais pas. Mais elle a disparu de la circulation. A mon avis, si elle n’est pas entre leurs mains, elle a dû aller se suicider quelque part. Si tu veux la retrouver, commence par le fond de la Seine. Ton sandwich, fit le vieux en tendant le morceau de pain d’où dépassait une feuille de salade jaunie à Garde.

-Tu crois vraiment que j’ai des envies de suicides, fit Garde en s’éloignant de l’échoppe sans prendre le morceau de pain.

-De la viande de sombral toute fraîche de la semaine dernière.

-Je n’en doute pas et ça me révulse d’autant plus. Salut. »

Gilles Chaldo expliqua quelque chose à ses deux collègues. En entendant ça, Garde sourit en disant que ce serait encore plus facile.

           Hervé Drieux, apothicaire de son état, vendait des ingrédients qui n’étaient pas près de se retrouver sur les tables des élèves de Beauxbâtons. La Police Magique le soupçonnait de divers trafiques de produits interdits d’importation ou dont la vente faisait l’objet d’une réglementation stricte. Les Chasseurs le surveillaient pour la même raison mais en ciblant plus particulièrement une partie de son commerce souterrain : c’était lui qui fournissait les mangemorts de Malgéus en ingrédients pour potion.

           Son magasin était dans le ton de la rue : devanture sombre et sale, la vitrine était tellement opaque à cause de la poussière qu’il fallait vraiment coller son nez contre pour voir à travers. Les trois chasseurs entrèrent, faisant tinter la clochette de la porte. Le premier à voir les chasseurs fut l’unique client présent qui préféra sortir sans rien dire quand il reconnut François Garde et Pierrick Corvus. Une voix se fit entendre venant de l’arrière-boutique :

« J’ai trouvé de la cervelle de centaure, il vous en faut deux cents grammes, n’est-ce pas ? »

Un homme d’une cinquantaine d’année, bien portant, les cheveux grisonnant par endroit et le regard vif apparut derrière le comptoir. Il chercha des yeux son client mais s’arrêta immédiatement sur François Garde. Il posa un bocal de terre cuite sur le comptoir sans lâcher le vieux chasseur des yeux. Il passa rapidement son regard sur les deux autres, s’arrêtant un peu plus sur Corvus avant de refixer Garde.

« Que me vaut votre visite Garde ? demanda Drieux.

-Nous ne venons pas pour parler de cervelle de centaure, assura Garde. Même si ce genre de produit est totalement interdit depuis cinq siècles. Nos collègues de la Police Magique seraient contents qu’on leur en parle.

-Si vous ne le faîtes pas, c’est que vous voulez quelque chose de moi.

-La bande qui a massacré la famille Barton.

-J’ai entendu parler de ça. Mais je ne sais rien là-dessus à part ce que j’en ai entendu dans la rue.

-Vous ne savez donc pas qui a commis ce massacre ?

-Non. Si quelqu’un vous a dit le contraire, il vous a menti où lui-même a été mené en bateau.

-Je ne crois pas, avança Gilles Chaldo. Je pense même que vous y êtes mêlé plus ou moins directement.

-Et qu’est-ce qui vous fait dire ça ? cracha Drieux.

-Jean-Jacques Barton travaillait pour la Guilde des Apothicaires, dans le bureau de surveillance générale, expliqua Chaldo. En tant que tel, il avait pour mission de vérifier les comptes et de contrôler qu’il n’y avait pas d’irrégularité ou de violation de la réglementation. J’ai pris contact avec la Guilde avant de venir, vous étiez sur la liste des commerçants qu’il avait contrôlés la semaine dernière. Il n’avait pas encore rendu son rapport mais je suppose qu’il ne serait pas très élogieux pour vous. Vous avez réussi à passer outre tous les contrôles jusqu’à maintenant, mais avec Barton, ce fut différent. Que c’est-il passé ? Il ne s’est pas laissé acheter ou intimider par vos menaces ?

-On croirait que vous m’accusez d’avoir commandité ces meurtres.

-C’est tout à fait le cas, défia Gilles.

-Attention monsieur, vos collègues ne se montrent jamais aussi condescendant avec moi pour la bonne et simple raison que je ne suis pas quelqu’un qu’on menace, informa Drieux en fusillant du regard Chaldo. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Même Garde ne commet pas cette erreur.

-Repulso ! »

           Corvus venait de lever sa baguette, repoussant violement Drieux contre le mur du fond et disparut en s’affaissant derrière le comptoir. Une étagère se détacha et lui plusieurs livres lui tombèrent dessus. Garde ordonna à Chaldo de fermer la porte et de tirer les rideaux. Corvus contourna le comptoir. Drieux leva sa baguette vers lui.

« Stupéfix ! lança-t-il. »

Corvus esquiva l’éclair rouge d’un vif réflexe et désarma l’apothicaire d’un Experliarmus informulé. Il se saisit de la baguette au vol sans problème.

« Bande d’enfoirés, insulta Drieux. Je vous jure que vous allez le regretter. Vous n’avez pas l’air de vous rendre compte à qui vous vous en prenez.

-Qui sont les hommes qui s’en sont pris aux Barton ? demanda Corvus d’une voix calme.

-Les mêmes qui s’en prendront à ta famille ! Vous n’avez pas le droit de faire ça. C’est illégal. Je vais vous faire virer des Chasseurs. Et après, vous le regretterez d’autant plus.

-Garde, insonorise, ordonna Corvus. »

           Une fois le sortilège lancé par Garde, Corvus s’approcha plus près de Drieux.

« Je ne vous poserai la question qu’une seule fois Drieux, dit Corvus calmement. Qui avez-vous envoyé pour tuer les Barton ?

-Je ne parle pas au futur cadavre, cracha Drieux.

-Endoloris. »

Drieux se tortilla sur le sol en hurlant à s’en déchirer les oreilles. Gilles Chaldo essaya de ne pas entendre ses hurlements en examinant les bocaux disposés sur les étagères.

« Toujours rien à dire, fit Corvus toujours aussi calmement en cessant sa torture.

-Pourquoi ? souffla Drieux. Pourquoi allez-vous si loin pour une simple famille ? Je vous connais Pierrick Corvus. Vous êtes droit.

-Les choses changent. Répondez ou je recommence. »

Drieux parvint à lever les yeux vers Corvus. Il fut surpris de le voir si calme alors qu’il fallait ressentir de la haine pour lancer cet Impardonnable. Mais aucune haine ne stagnait au fond des yeux de Corvus. Aucune envie de souffrance.

« C’est mon neveu et ses amis, avoua Drieux. Je leur ai donné de l’argent pour s’occuper de Barton et sa famille. Pour faire comprendre à la Guilde que l’on ne s’attaque pas à moi sans en subir les conséquences. S’il était resté tranquille sans me menacer de porter l’affaire en Justice, ils seraient tous en vie aujourd’hui.

-Comment s’appelle votre neveu ? Et où pouvons-nous le trouver ?

-Cyrille Drieux, il doit être chez lui. Il a hérité de la maison de sa mère, ma sœur. C’est à Pré-sur-Mer. »

           Pierrick Corvus se releva. Hervé Drieux soupira intérieurement. Mais son souffle se coupa quand le Corbeau tendit de nouveau sa baguette vers lui.

« Avada Kedavra, psalmodia-t-il. »

L’éclair vert retira toute vie du corps d’Hervé Drieux. Corvus se chargea de réduire le corps à un simple os.

« Allons-nous-en. »

Les trois chasseurs sortirent comme si de rien n’était. En passant près d’un tas de poubelles où un chien cherchait sa pitance, Corvus sortit de sa poche l’os et le lui lança. Le chien commença à le rogner avidement.

           Gilles Chaldo se sentait mal. Pour lui, ce n’était pas ainsi qu’agissaient les Chasseurs. N’étaient-ils pas supposer suivre un code de conduite ? Des règles ? Devinant ses pensés, François Garde se porta à côté de lui.

« Nous n’agissons pas en tant que chasseurs sur cette affaire, dit-il. Mais en tant que Gardiens de l’Epée. Hélène Barton pourrait être la porteuse de Gladius.

-Je comprends. Mais je ne veux pas tuer ainsi. Pour moi, c’est un meurtre et rien d’autre.

-La fin justifie les moyens. »

 

           Le village sorcier de Pré-sur-Mer se trouvait au bord de la Méditerranée. Les trois chasseurs ne s’y rendirent qu’une fois la nuit tombée, pour profiter de l’obscurité. Leur priorité était de retrouver Hélène Barton. Autre chose devait être fait pour le projet GLADIUS : Cyrille Drieux et ses amis devaient mourir ce soir, pour que personne ne puisse un jour témoigner qu’Hélène Barton était vivante.

           La maison était en périphérie du village. Elle était de taille moyenne. En passant au Ministère, Gilles Chaldo avait fait une recherche discrète et rapide sur Cyrille Drieux. C’était un jeune homme de vingt ans n’ayant aucun antécédent judiciaire mais connu pour son comportement violent à Beauxbâtons. Il avait même agressé un professeur durant sa sixième année ce qui lui valut d’être renvoyé et de ne jamais passé son diplôme. Sa mère était morte de maladie sept ans plus tôt. Elle n’avait donc pas assisté à la descente aux Enfers de son fils. Mais qui sait si elle ne l’aurait pas soutenu ? Les Chasseurs la connaissaient comme sympathisante des mangemorts.

           Se glissant d’ombre en ombre, les trois chasseurs parvinrent à atteindre le mur de la maison. Les fenêtres étaient fermées mais elles étaient suffisamment fines pour qu’ils puissent écouter ce qui se disait à l’intérieur. Ils perçurent des rires et une discussion animée. Les jeunes gens se racontaient une fois de plus leurs méfaits chez les Barton.

« Elle avait de l’avenir comme pute cette salope, lança une voix. Elle suçait comme une reine.

-A mon avis, ce n’était pas la première fois qu’elle le faisait, surenchérit un autre. Elle m’a rappelé quelqu’un.

-Véronique Gerbu, fit un troisième. Une vraie salope de chez salope. Elle, elle aimait vraiment ça. Tout ce qu’elle voulait, c’était se faire tirer dans tous les endroits imaginables de Beauxbâtons. A ce qu’il parait, même certains profs et le dirlo l’ont sautée.

-Mais c’est une directrice qu’on avait, fit remarquer un quatrième homme.

-Je sais, reprit le troisième. Quand je te dis une vraie salope. Et tu n’étais pas là parce que tu étais en retenu, mais on se l’ait faite tous ensemble un soir. Elle en a eu partout. »

Les rires éclatèrent encore.

           Les chasseurs se glissèrent jusqu’à la porte d’entrée. Ils voulaient y aller en douceur pour s’assurer qu’Hélène Barton ne risquait pas de se faire tuer. Corvus frappa à la porte alors que les deux autres restaient cachés de part et d’autre. Un jeune homme ouvrit la porte.

« Ouais, c’est pourquoi ? demanda-t-il.

-Pour une visite de courtoisie, dit Corvus. »

La baguette de Corvus jaillit dans sa main et l’extrémité se retrouva collée sur la gorge du jeune homme. Ce dernier voulut crier mais il ne pouvait pas.

« Sortilège de silence, expliqua Corvus. Très facile à envoyer. Pas besoin de le formuler. Fallait plus travailler à l’école. On garde les mains en vu. »

Corvus fouilla dans la poche du jeune homme et trouva sa baguette. Il la lança à Chaldo et poussa le jeune homme à l’intérieur. Une fois les chasseurs dans l’entrée, Garde referma la porte.

« Hey Cyrille c’est qui ? lança une voix s’approchant. »

Un deuxième homme déboucha dans l’entrée. Il fut surpris de voir les trois chasseurs dont un qui braquait son ami. Il allait sortir sa baguette mais un éclair vert le frappa, le tuant sur le coup.

           François Garde fonça avec Gilles Chaldo vers le salon où se trouvaient les autres. Les maléfices s’échangèrent immédiatement. Corvus stupéfixa Cyrille Drieux et les rejoignit. Mais Garde, fidèle à sa réputation de vraie combattant, les avait déjà tous mis hors d’état de nuire. Les trois restant étaient désarmés et toisaient les chasseurs d’un air mauvais. Corvus retourna chercher Cyrille Drieux, le réveilla et l’amena avec ses potes. Il l’obligea à s’asseoir dans un fauteuil.

           Pierrick Corvus fit mine d’examiner le cadavre du jeune homme tué par Garde.

« Espèce de pourriture ! s’écria Cyrille Drieux. Vous l’avez tué ! Salaud !

-Et alors, dit calmement Pierrick en se tournant vers lui. Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse qu’il soit mort ? Répond. Pourquoi voudrais-tu que je culpabilise sur sa mort ?

-Il… il ne vous avait rien fait.

-C’est vrai. Mais il était avec vous quand vous avez tué la famille Barton et violé Hélène Barton.

-Quoi… Nous… nous n’avons rien à voir dans cette histoire.

-On vous a entendu depuis l’extérieur. Et surtout, ton cher oncle Hervé t’a balancé. Il aura fallu un Doloris quand même.

-Espèce de salopard ! Si t’as fait le moindre mal à mon oncle je te jure que je vais te tuer !

-Ton oncle est déjà mort, annonça Pierrick comme s’il parlait du temps qu’il fait. Et maintenant, c’est le tour de tes petits camarades.

-Mais putain qui êtes-vous ?

-Ceux qui vont tous vous tuer si vous ne répondez pas à mes questions. Où est Hélène Barton ?

-Qui ça ?

-La fille que vous avez violée, précisa le Corbeau.

-On a violé personne, se défendit Cyrille Drieux.

-Avada Kedavra. »

L’éclair vert s’abattit sur un des camarades de Drieux. Ce dernier avait les yeux exorbités par ce spectacle.

           Pierrick Corvus pointa sa baguette sur un deuxième complice. Il fixait Drieux d’un regard noir.

« Où est-elle ? demanda-t-il d’un calme dérangeant.

-Je ne sais pas, répondit Drieux.

-Avada Kedavra. »

A nouveau, un camarade de Drieux mourut.

« Mais qui était ce type qui semait la mort avec une telle décontraction ? »

C’est ce que se demandait Cyrille Drieux alors qu’il voyait la baguette se pointé sur son dernier ami vivant. Celui-ci était paralysé par la peur. Il tremblait comme une feuille et une mare jaunâtre et malodorante s’étendit sous ses fesses.

« Dernière chance, dit Pierrick sans se séparer de son ton calme. Après, tu joues avec ta vie.

-Je ne sais pas où elle est, hurla presque Cyrille tellement il avait peur. On l’a laissée en vie sur le tapis. On ne l’a pas tuée ni emmenée avec nous. Je vous jure. Nous ne savons pas ce qu’il lui est arrivé. »

Corvus vit dans ses yeux qu’il ne mentait pas. Il avait trop peur pour ça.

« Bien, fit-il. Avada Kedavra. »

Le dernier complice s’effondra dans sa pisse.

« Vous avez dit que vous nous laisseriez en vie ! cria Cyrille Drieux.

-Je ne me souviens pas avoir fait une telle promesse, dit simplement Pierrick en tournant sa baguette vers lui. Avada Kedavra. »

L’éclair vert se refléta dans le regard apeuré de Drieux avant de lui ôter toute vie.

           En partant, les Gardiens de l’Epée mirent le feu à la maison. Ainsi, ils effaçaient les traces de leur passage et de leur forfait.

« Nous devons retrouver Hélène Barton, dit Pierrick.

-Elle peut être n’importe où, fit Gilles Chaldo.

-Je m’en occupe personnellement, assura Garde.

-Je vous fais confiance François, conclut Pierrick. »

            Gilles Chaldo n’arriva pas à s’endormir ce soir là. Il se maudissait d’avoir accepté de s’être lancé dans ce projet. A quelle extrémité cela allait le mener ? Il était d’ores et déjà passé de l’autre côté de la ligne séparant le Bien du Mal.


[1] Allée des Embrumes.

Laisser un commentaire ?