Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 16 : XVI Premier Sang

2805 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/04/2012 11:24

           CHAPITRE XVI : PREMIER SANG

 

           Gladius était maintenant âgé de quatre ans. Il se montrait beaucoup plus éveillé que les enfants du même âge. Il savait déjà lire et écrire grâce à l’enseignement de Françoise Cidal. Gilles Chaldo lui apprenait les méthodes d’analyse sur le terrain. Gladius devait devenir une arme complète capable de traquer n’importe quel ennemi. Les deux agents de la section IRIA tentaient aussi de lui apprendre à sourire. Mais comme s’il comprenait qu’il n’avait comme but que la guerre et la mort en ce monde, son visage demeurait fermé et froid.

           Gilles Chaldo lui faisait faire aussi de la gymnastique. La force physique de Gladius surpassait celle d’un adolescent. Lors d’une de ses séances de sport, Pierrick Corvus et Julien Faros vinrent leur rendre visite, apparaissant en transplanant. Gilles se porta à leur rencontre pour les saluer. Un claquement de fouet retentit, Gladius venait de disparaître en transplanant.

« Où est-il ? lança Gilles en tournant frénétiquement la tête, imité par Julien Faros. Tu as vu ? Il a transplané ! C’est impossible ! Il n’a pas de baguette !

-Rien n’est impossible dans ce monde, dit calmement Pierrick. 

-La Magie a tout de même ses limites, reprit Gilles.

-Nous avons repoussé ces limites, dit Julien. C’était le but de ce projet. Pour l’instant, le problème est de le retrouver. Où a-t-il bien pu aller ?

-Il n’est pas loin, dit l’homme en noir.

-Mais où ? questionna Gilles.

-Là. »

Pierrick ne se retourna même pas, il se contenta de lever sa baguette derrière lui et de lancer un éclair vers le plafond. Le maléfice toucha Gladius qui s’était accroché à une poutre du plafond. Il tomba lourdement sur le sol recouvert de tapis de gymnastique.

           Gilles se porta tout de suite auprès du garçon. Il l’examina rapidement, constatant qu’il n’avait rien. Il lança un regard noir à Pierrick mais ce dernier ne le regardait pas. Le Corbeau s’était tourné vers Julien Faros.

« Je dois parler à tout le monde, dit-il. »

 

           Les Gardiens de l’Epée furent tous réunis. Gladius avait été installé dans un siège. Devant lui se trouvait Pierrick Corvus qui lui tournait le dos. Gladius voyait en face de lui le visage inquiet de Françoise Cidal. A ses côtés se tenait Gilles Chaldo. Charles Maldieu et François Garde venait d’arriver.

« Que se passe-t-il Pierrick ? demanda Maldieu.

-Gladius a démontré qu’il était capable de maîtriser la magie, raconta Pierrick. Il a transplané devant nous. Heureusement qu’il ne connait que ces lieux, sinon qui sait où il serait à l’heure actuelle.

-Je vois, dit Maldieu. Donc le temps est venu. »

Garde semblait acquiescer en silence et le regard de Chaldo laissait penser qu’il devinait de quoi ils parlaient.

« Temps pour quoi ? demanda Cidal.

-Nous allons pouvoir commencé à lui apprendre le combat et bientôt, il pourra se battre, précisa Maldieu.

-Attendez, ce n’est qu’un petit garçon ! s’exclama Françoise Cidal. Il a encore tant de choses à vivre avant de connaître la noirceur de ce monde.

-Vous savez pourtant bien qu’il n’a été créé que dans un seul but.

-Non, je ne veux pas !

-Il doit apprendre à se battre ! s’emporta Maldieu. »

Charles Maldieu était connu pour son calme. Mais les multiples prises de positions de Françoise Cidal pour qu’on permette à Gladius de vivre une vie normale alors que sa naissance en elle-même ne l’était pas commençait à lui taper sur les nerfs.

« Il est encore trop jeune ! martela Cidal.

-Il est temps de commencer les choses sérieuses, dit Maldieu. C’est le but de ce projet.

-Mais il n’a que quatre ans ! s’écria Françoise Chaldo. C’est trop tôt, il ne peut pas se servir de la magie.

-Vous savez bien qu’il a déjà démontrer son aptitude à la pratiquer, rappela Pierrick. »

-Nous ne pouvons pas ! reprit Françoise. Ce n’est pas moral !

-La morale ! s’exclama l’homme qui avait parlé en premier. Nous l’avons jeté aux chiens lorsque nous avons débuté ce projet. Ne nous parlez pas de morale.

-Il a malheureusement raison, dit Garde. Nous sommes allés trop loin je pense. Mais maintenant, nous ne pouvons plus reculer.

-Mais… souffla Françoise. Dis quelque chose Gilles.

-Ils ont malheureusement raison Françoise, dit le père de Pierrick. C’est dans le seul but de le combattre que nous avons lancé ce projet. Même si je pense que nous nous sommes trompés de voie.

-Nous ne pouvons douter, dit Antoine Faros en entrant suivi de son fils et de Mélina Sarla. Lorsque nous avons décidé de lancer ce projet. Je vous ai dit que le doute n’était pas permis. Nous ne pouvons revenir en arrière. Je ne vous rappellerai pas les derniers forfaits de Voldemort et de ses sbires. Donc nous devons commencer son entraînement sérieusement. C’est la seule raison justifiant l’existence de Gladius.

-Je m’en charge professeur Faros, assura l’homme en noir. »

           Les Gardiens de l’Epée fournirent une baguette à Gladius. Pierrick Corvus commença son entraînement aux arts du combat magique. Il lui apprit les sortilèges de base du combat comme l’Experlliarmus, le Stupéfix, le Protego et bien d’autres. Gladius parvenait à les maîtriser avec une facilité déconcertante. De même que pour les techniques des arts martiaux lui permettant de compléter son éventail technique et de se défendre au corps-a-corps. En quelques mois, Gladius pouvait déjà donner du fil à retordre à Corvus en duel. Le plus impressionnant était que le garçonnet ne formulait jamais les sortilèges. Rapidement, Corvus en vint à lui apprendre les impardonnables. Il ne les formula pas non plus, repoussant encore les limites connues de la maitrise de la Magie.

           L’entraînement de Gladius dura plus d’un an. Et malgré les réticences de Françoise Cidal, les Gardiens de l’Epée décidèrent qu’il était temps de tester ses capacités dans la réalité.

 

           Gladius et Corvus apparurent dans une lande enneigée. Le vent glacial fouettait leur visage. Sans un mot, Corvus fit signe au garçon de le suivre. La neige crissait sous leurs pieds. Au bout de quelques centaines de mètres de marche, Corvus passa devant Gladius et ralentit le rythme. Il abaissa son centre de gravité pour se déplacer de façon plus discrète. Et finalement, il s’arrêta derrière un buisson, posant un genou à terre. De l’autre côté de la futaie, il n’y avait qu’une maison solitaire. Corvus repéra un homme armé d’une baguette faisant les cent pas dans la neige. Personne d’autre. Les renseignements étaient donc exact jusqu’à maintenant. La seule inconnue était le nombre exact de mangemorts présents. Ils devaient être une dizaine environ. Cette mission serait peut-être trop dure pour Gladius comme premier fait d’arme. Mais il fallait savoir rapidement s’il pourrait un jour s’attaquer à Voldemort.

           Pierrick fit signe à Gladius d’approcher. Il laissa le garçon observer la maison quelques minutes.

« C’est cette maison l’objectif, désigna Corvus. Il doit y avoir une dizaine de mangemorts dedans. Ta mission est de les attaquer et de tous les éliminer. Aucun ne doit s’échapper. Tu as compris ?

-Oui, acquiesça Gladius.

-Vas-y. »

Corvus regarda Gladius, baguette à la main, s’élancer vers la maison. Il se déplaçait comme il le fallait, vérifiant si la voie était libre avant chaque bond d’un arbuste à un autre. Et bientôt, il se retrouva caché à moins d’un mètre de là où passait la sentinelle. Lorsque celle-ci tourna le dos à Gladius, le garçon surgit comme un diable de sa boîte. Il enserra le cou de l’ennemi de ses bras, frappant de son pied dans le creux poplité du genou pour le forcer à tomber à genoux dans une position inconfortable. D’un geste sec, Gladius brisa la nuque du garde. Il laissa le corps choir au sol et fit un tour d’horizon pour vérifier que personne ne se trouvait aux alentours. D’un coup de baguette, il envoya le corps dans la futaie.

           Continuant à se déplacer en ambiance tactique, Gladius atteignit le mur de la maison. Corvus le vit se diriger vers la porte d’entrée mais de là où il observait la scène, il ne pouvait pas voir s’il y avait une autre sentinelle à cet endroit. Il se déplaça en prenant garde de rester à l’abri des vus. Il y avait effectivement un autre garde. Il vit Gladius surgir de l’angle du mur pour lancer un petit couteau qui vint se ficher dans la carotide du mangemort. Le garde s’allongea dans la neige maculée de son sang. Corvus vit Gladius rebrousser chemin pour jeter un œil par une fenêtre d’où il pouvait voir dans le vestibule. Une fois assuré qu’il pouvait y entrer sans être repéré, Gladius déverrouilla le loquet d’un coup de baguette et enjamba la fenêtre. Quelques instants plus tard, Corvus perçut une explosion à l’intérieur de la maison. Gladius venait d’entrer en action.

           La porte vola en éclat.

« Qu’est-ce qui se passe ? hurla un mangemort. »

Gladius, armé de sa baguette et d’un couteau, avait visuel sur deux mages noirs. Un Avada Kedavra en élimina un tandis que l’autre recevait le couteau dans l’œil. Un mangemort surgit dans le champ de vision de Gladius. Un Repulso l’envoya percuter violement le mur derrière lui, lui réduisant la colonne vertébrale en miette.

           Gladius attendit quelques instants de voir si un nouvel ennemi voulait s’offrir comme cible. Mais aucune des présences qu’il ressentait au-delà de cette porte ne souhaitait se montrer. Gladius arrivait à connaître leurs positions approximatives. Un à gauche, deux à droite. Il changea sa baguette de main et sortit un nouveau couteau. Il plongea d’un coup dans la pièce. Deux éclairs verts le frôlèrent. Il brisa sa chute d’une roulade et malgré cette position, le couteau atteignit sa cible à gauche à la gorge et un maléfice de Mort toucha l’une des deux cibles à droite. Une fois sur ses pieds, Gladius bondit pour prendre appui sur le mur et se lancer sur le dernier mage noir, évitant un nouveau maléfice. Il sortit un nouveau couteau, lui enserra le cou d’un ciseau de jambes et trancha d’un seul coup les deux carotides de l’ennemi.

           Gladius n’eut que quelques secondes de répit, une porte s’ouvrit à la volée. Avant même de voir le mage noir, la vision de Gladius fut ébloui par un Avada Kedavra qui lui rasa le crâne. Sans se laisser aller à la panique, le garçon lança à son tour un sortilège de Mort. Le mangemort s’effondra sans vie. Juste derrière lui, un second mage noir surgit. Gladius bondit et vint le percuter d’un coup de pied sauté latéral à la gorge. Il recula sous la frappe mais ne put empêcher le jeune garçon de lui trancher l’aine à l’aide du couteau encore ruisselant de sang.

           Gladius regarda sa dernière victime se vider de son sang. Il ne remarqua pas le nouvel assaillant qui vint par sa droite, au bout du couloir.

« Diffindo ! lança le mangemort. »

Gladius tenta d’esquiver mais il était trop tard. Le rayon trancha les chairs de son épaule. Gladius sentit la douleur lui brûler l’épaule. Son sang coulait en un liquide ocre, chaud et visqueux le long de son bras. Alors son sang aussi était rouge ! Malgré la douleur, il resta concentré et essaya de lever sa baguette mais son bras refusait de lui répondre comme d’habitude. Il fallait qu’il réagisse. Il allait se vider de son sang. Il changea sa baguette de main mais déjà, sa vue se brouillait. Sa tête devenait lourde. Il allait bientôt perdre connaissance car malgré toute sa force, son petit corps ne contenait pas autant de sang que celui d’un adulte. La silhouette du mangemort devint floue. Gladius devina à peine qu’il s’avançait vers lui et qu’il pointait sa baguette sur lui.

« Ce n’est qu’un gamin ! dit le mangemort sans y croire. Comment un gamin a-t-il pu faire ça ?

-Avada Kedavra ! »

           Le mangemort n’avait pas senti Corvus arriver dans son dos. Il s’effondra sans un bruit. Corvus se porta auprès de Gladius. Le garçon s’était évanoui. Il approcha sa baguette de l’entaille et la referma. Malgré cette dernière erreur, le test était concluant. Ce garçon venait de tuer dix terroristes magiques. Corvus entrevit ce qui pourrait être la fin de la guerre.

 

           Gladius avait été allongé sur son lit. Julien Faros et Mélina Sarla le soignaient.

« Son premier combat n’a pas été le succès escompté, dit le professeur Antoine Faros.

 -Je vous avais dit que ce n’était qu’un enfant, lança Françoise Cidal.

-Il est loin d’être un enfant, reprit Faros.

-Ce n’est pas un échec, fit Corvus. Il a réussi à tuer dix mangemorts. Le dernier l’a surpris. N’importe quel chasseur aurait sûrement été tué dans ce genre d’opération.

-Il n’est pas un chasseur ! s’emporta Françoise.

-Non, c’est vrai, acquiesça le professeur Faros. Il est bien plus que ça. Il est l’arme qui nous donnera la victoire. Notre Epée. A partir de maintenant, il combattra. Autant pour éliminer la menace des mangemorts que pour s’améliorer. Et lorsqu’il sera prêt à combattre Voldemort, alors nous pourrons mettre fin à cette guerre.

-Pourquoi ne pas l’entraîner jusqu’au moment où il sera prêt pour cette confrontation ? questionna Gilles Chaldo.

-Parce que, malheureusement, même s’il tue Voldemort, d’autres prendront sa place. Comme Malgéus. Si nous pouvons l’éliminer lui aussi, autant le faire. »

 

           Et dans les mois qui suivirent, Gladius devint la terreur sans nom et sans visage des mages noirs. Corvus l’accompagnait toujours dans ses missions. Il assurait ses arrières et lui enseignait tout ce qu’il savait. La rumeur de l’existence d’un justicier éliminant les mages noirs sans répit et sans pitié se répandit. Mais si le nouveau Ministre français de la Magie, Erwan Riliam, affichait une satisfaction en voyant que certains n’hésitaient pas à se battre pour faire avancé les choses, d’autres regrettaient que cette nouvelle situation et demandaient à ce mystérieux « justicier » de se rendre à la police. Finalement, l’existence de Gladius apportait aussi des problèmes. Mais pour Antoine Faros, tout cela s’arrêtera quand le Seigneur des Ténèbres disparaîtra.

 

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