Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 18 : XVIII Code Rouge

2716 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:01

           CHAPITRE XVIII : CODE ROUGE

 

           Mélina Sarla n’aimait pas ce quartier. Les pavés étaient noircis par la crasse et l’odeur qui s’en dégageait lui donnait la nausée. Mais le plus insupportable n’était pas les pavés crasseux mais les gens d’où provenait cette crasse. Un ramassis de détritus humains pourrissant dans leur propre jus. La lie de la noble race des Sorciers. Mais bientôt, les Sorciers sortiraient de l’ombre où la peur des Moldus les a poussés à se terrer. Mais pour cela, un nettoyage de la société sorcière était nécessaire. En profondeur.

           Mais pour le moment, ce genre de quartier crasseux, aussi vomitif soit-il, demeurait bien utile pour préparer des actions que les Lois sorcières actuelles jugeaient répréhensibles. Mélina Sarla entra dans un bar. A la première bouffée d’air, elle crut étouffer. L’atmosphère charriait un panache de fumée et d’odeurs diverses, toutes plus nauséabondes les unes que les autres. Cachant son dégoût du mieux qu’elle put, elle se dirigea vers le comptoir. Elle attira l’attention du barman et lui montra une pièce d’argent. Le barman sortit de derrière son comptoir en lui faisant signe de le suivre. Il la mena à une porte portant l’écriteau « Privé ». Il ouvrit la porte et s’effaça pour la laisser passer. Il referma la porte derrière elle.

           Mélina prit une grande respiration. Au moins ici, l’air était respirable. Elle repéra un homme encapuchonné de noir assis à une table. Son visage afficha la surprise en le reconnaissant. Elle s’approcha et s’inclina respectueusement. D’un geste de la main, l’encapuchonné l’invita à s’asseoir en face de lui.

« Maître, je ne pensais pas vous voir en personne ici, dit-elle.

-Tu n’es pas au courant ? fit Malgéus. Jurian a été tué. Nous ignorons par qui.

-Ce n’est pas Gladius, je vous ai toujours prévenu de ses mouvements.

-Je sais. Mais ce n’est pas pour ça que je suis venu. Est-ce Gladius qui a tué Liro et sa famille ?

-Je ne sais pas. Si c’est lui, la plupart des Gardiens de l’Epée ne sont pas au courant. Cela a dut être décidé en comité restreint pour une raison que j’ignore.

-Je vois. Connaissant Maldieu, c’est possible. Il est du genre à ne reculer devant aucun sacrifice. Ce meurtre a été sûrement planifié juste dans le but de nommer Chaldo au poste de chef de la section IRIA.

-Connaissant Chaldo, il ne devait pas être au courant. Ce n’est pas le genre d’accepter de faire de tel sacrifice.

-N’en sois pas si sûre. Les hommes réagissent de façon étrange quand ils peuvent prendre du pouvoir. Quoiqu’il en soit, même Maldieu ne serait jamais allé jusqu’à tué la femme et la fille de Liro. J’en déduis que Gladius est prêt. Nous allons en faire notre arme.

-Excusez-moi Maître, mais je ne vois pas comment.

-Je vais t’expliquer ton rôle. Mais pour sa bonne marche, j’espère que tu continues de coucher avec le fils Faros.

-Oui Maître, comme vous me l’avez ordonné.

-Parfait. »

 

           La soirée promettait d’être agréable. Malgré les quelques dissensions qui les opposaient parfois au sein des Gardiens de l’Epée, Pierrick Corvus appréciait la compagnie du couple Chaldo. Avec Julie, ils dînaient souvent tous les quatre. Et ce soir, le dîner se déroulait chez Pierrick et Julie.

           L’ambiance était agréable et chaleureuse. Avant de passer au dessert, les deux femmes s’absentèrent en se rendant à la salle de bain, laissant les deux hommes seuls.

« Alors, quand vas-tu la demander en mariage ? questionna Gilles.

-Je ne sais pas, avoua Pierrick.

-Il serait temps d’y penser. Ça fait un moment que vous êtes ensemble maintenant.

-J’y pense parfois. Mais je n’ai pas pris ma décision.

-Je vois.

-Et vous ?

-Comment ça nous ?

-Vous comptez avoir un bébé ?

-On aimerait bien. »

Pierrick remarqua tout de suite le changement d’expression de son ami.

« Tu veux en parler ? questionna-t-il.

-Françoise ne peut pas avoir d’enfant. Le médicomage est formel.

-Je suis désolé. Il vous reste la solution de l’adoption.

-On y pense, surtout qu’en ce temps de guerre, les orphelins ne manquent pas. Mais je ne sais pas s’il ne vaut mieux pas attendre la fin de la guerre. Je préfèrerai élever mes enfants en paix. »

           Dans la salle de bain, les deux femmes discutaient de choses et d’autres. Jusqu’au moment où Julie sentit quelque chose remonter le long de son œsophage. Elle se pencha au dessus de la cuvette pour y vomir son déjeuner. Françoise se pencha pour l’aider, lui tendant une serviette en papier.

« Merci, fit Julie. J’ai dû attraper froid, ça m’arrive régulièrement ces derniers temps.

-Pas la peine de me mentir Julie, répliqua Françoise en souriant. Est-ce que tu en as parlé à Pierrick ?

-Non, finit par dire Julie en souriant. Pas encore.

-Pourquoi ?

-Parfois, il semble totalement ailleurs. Je m’y suis plus ou moins habitué parce qu’il est comme ça depuis la mort de Sam.

-Justement, cette nouvelle pourrait te ramener le Pierrick dont tu es tombée amoureuse. Il pourrait même te demander en mariage ! »

Des étoiles éclatèrent dans les yeux de Julie. Cela faisait bientôt huit ans qu’ils étaient ensembles. Pierrick n’avait jamais encore évoqué le mariage, mais Julie y pensait souvent. Elle avait même pensé devoir prendre les devants et faire la demande elle-même.

 

           La nuit, le Ministère de la Magie était vide. Enfin quasiment. Certains services comme la Police Magique, les Chasseurs et les Oubliators assuraient une permanence en cas de problème. Dans le hall d’accueil, deux fonctionnaires assuraient la liaison avec les différents services. Même en ces temps de guerre, l’accès au Ministère demeurait libre car il représentait un refuge pour les Sorciers en cas d’attaque des Mangemorts, tout comme l’hôpital Gardevie.

           La flamme verte d’une cheminée s’illumina dans le hall. Mélina Sarla s’avança vers le bureau d’accueil. Elle présenta une carte du Ministère l’autorisant à entrer à toute heure.

« J’attend des invités, dit-elle. Ils sont autorisés à passer.

-Nous verront ça quand ils arriveront, dit le fonctionnaire inflexible. »

Plusieurs cheminées s’illuminèrent en même temps. Il devait y avoir une dizaine de silhouettes s’approchant en procession dans le hall. Le fonctionnaire eut à peine le temps de reconnaître le visage ridé de Malgéus avant d’être foudroyé par un Avada Kedavra. Son collègue connut un sort identique.

           Malgéus s’approcha de Mélina et lui ordonna de les guider. L’entrée du Département Secret était, comme son nom l’indique, secrète. Un des accès donnait directement dans le bureau du Ministre et lui était réservé. La seconde, celle utilisée par les chercheurs du département, se trouvait malgré tout également dans les bureaux de l’aile Nord, là où se situaient les bureaux du cabinet du Ministre. Ce qui avait forcé les Gardiens de l’Epée à avoir recourt à divers stratagème pour pouvoir s’y rendre depuis qu’Erwan Riliam était devenu le nouveau Ministre de la Magie et surveillait tout ce qui se passait.

           Le passage était caché derrière une armure médiévale ayant appartenu à un ancien héro sorcier. Mélina Sarla prit la tête. Les autres restèrent en arrière lorsqu’elle passa une autre porte dérobée menant aux pièces utilisées secrètement par les Gardiens de l’Epée. Il y avait toujours quelqu’un pour rester avec Gladius. Simple précaution au cas où quelqu’un se perdrait dans les couloirs du Département Secret et se retrouverait face à Gladius. Précaution doublement importante depuis l’assassinat de Frédéric Liro, même si personne n’était au courant.

           Et ce soir, c’était Julien Faros qui était resté. Lorsqu’il vit s’approcher Mélina, il sourit à la fois de joie mais aussi de surprise.

« Qu’est-ce que tu viens faire ici ? demanda-t-il en se levant et en reposant le livre qu’il lisait.

-Je me suis dit qu’on pourrait se faire une petite soirée, rien que tous les deux, fit-elle en venant l’embrasser.

-C’est vrai que c’est ennuyeux de rester ici tout seul toute la nuit, acquiesça-t-il en répondant à son baiser. »

Tout aux douces caresses qu’il prodiguait à Mélina, il ne remarqua pas qu’elle lui dérobait sa baguette.

           Mélina se recula d’un coup en dressant sa propre baguette vers le visage de Julien. Ce dernier ne comprit pas mais il pâlit en voyant Malgéus entrer suivi d’une dizaine de mangemorts. Malgéus se désintéressa du jeune chercheur du Département Secret. Il s’approcha de l’épaisse vitre qui donnait sur la chambre de Gladius. L’arme dormait à poings fermés. Vu ainsi, on aurait dit un enfant tout ce qu’il y a de plus normal. Mais Malgéus ressentait la puissance magique que recélait cette création. Il s’approcha de la lourde porte d’acier.

« Maître, arrêta Mélina. La porte est protégée par un mot de passe.

-Et quel est-il ? questionna Malgéus visiblement impatient.

-Je ne sais pas, il change constamment et seuls quelques uns comme le professeur Antoine Faros, Maldieu ou Corvus le connaisse.

-Donc, nous devons briser cet enchantement. »

           Malgéus se tourna de nouveau vers la porte, baguette à la main. Il fit quelques vagues mouvements dans l’air. Mais tout d’un coup il se figea. Antoine Faros était vraiment quelqu’un de malin et de prudent. Pourquoi protéger quelque chose une fois quand on peut la faire deux fois ? Un autre enchantement était caché derrière celui d’Impassibilité. Malgéus l’identifia : un sort d’Alarme. Même s’il brisait l’enchantement, ce second sort préviendrait tout de suite les autres Gardiens de l’Epée. Le Département Secret était protégé par un champ anti-transplanage mais il ne leur faudrait quand même que quelques minutes pour arriver jusqu’ici. Malgéus évalua les risques. Il perdrait sûrement quelques hommes dans le combat mais cela lui importait peu. Tant qu’il repartait avec cette arme, rien d’autre n’avait d’importance. Et peut-être même que quelques uns des Gardiens de l’Epée mourraient dans la bataille.

           La baguette de Malgéus s’abattit sur la porte…

 

           La soirée se termina comme elle avait commencé, agréablement. Le couple Chaldo rentra chez lui, laissant Julie et Pierrick seuls. D’un coup de baguette, Julie mit la vaisselle à se faire. Elle rejoignit Pierrick sur le canapé et se lova contre lui. Malgré l’apparente froideur dont il se parait quelque fois, il savait se montrer doux la plupart du temps.

« Je dois te parler de quelque chose, se lança Julie.

-Je t’écoute, fit Pierrick.

-Voilà je… »

Julie fut interrompue par une volute argentée qui surgit à travers le mur. Elle ressemblait à un Patronus mais ne prit aucune forme distincte. Aucun mot ne fut prononcé et elle disparut aussi mystérieusement qu’elle était apparue.

           Pierrick se leva aussitôt. Il se tourna vers Julie. Son visage était fermé.

« Je dois aller au Ministère tout de suite, annonça-t-il avant de transplaner. »

Julie resta immobile. Mauvais timing. Elle qui s’était décidée à lui annoncé une grande nouvelle. Tant pis, ce sera pour plus tard. Machinalement elle passa une main sur son ventre. Dans quelques mois, elle serait toute ronde.

 

           Pierrick apparut dans le hall du Ministère. Devant lui, se trouvait le couple Chaldo, baguettes à la main. Charles Maldieu et François Garde apparurent dans les secondes qui suivirent. Le professeur Faros fut le dernier à arriver. Ils attendirent quelques instants mais Mélina Sarla ne parut pas décidé à faire son apparition.

« Elle est peut-être déjà là, émit François.

-Pas le temps d’attendre, dit Maldieu. Nous devons nous rendre au Département Secret.

-Je crois que nous allons devoir faire plus que ça, dit Pierrick. Il va falloir activer le code rouge. »

Depuis le début de la Guerre contre Voldemort, la Confédération Internationale des Mages et Sorciers a instauré un système d’alerte reprit par la plupart des Ministères de la Magie à travers le monde. Ce système était divisé en quatre niveaux représentés par des couleurs. Le jaune correspondait à une attaque dans le monde Moldu. L’orange, dans un lieu secret du Monde de la Magie. Le rouge, au Ministère. Le dernier code, le noir, ne pouvait être activé que par la Confédération car il obligerait le Monde de la Magie à se dévoiler aux Moldus.

           Les Gardiens de l’Epée suivirent le regard de Pierrick et devinèrent les deux agents d’accueil morts, avachis sur leur comptoir. Il y avait donc bien une intrusion et il leur serait impossible de la cacher.

« Je vois, dit Maldieu. Gilles, Françoise, restez ici et gagnez du temps. Ne déclenchez le code rouge qu’au dernier moment et quand il le sera, faîtes en sorte que personne n’aille vers le Département Secret. Inventez une histoire. Corvus et moi reviendrons dés que l’affaire sera réglée. »

           Laissant le couple dans le hall, les autres Gardiens de l’Epée se rendirent rapidement dans l’aile Nord. Ils ouvrirent la porte dérobée menant au Département Secret et descendirent l’escalier. Le silence était impénétrable. Ils arrivèrent à l’antichambre du département.

           Soudain, des hommes surgirent de tous les côtés, les mettant en joue de leurs baguettes. Les trois chasseurs se mirent en cercle pour pouvoir surveiller dans toutes les directions.

« Je vois que votre sort d’Alarme marche parfaitement, Antoine Faros, lança Malgéus en s’avançant. »

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