Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 19 : XIX Au-delà du Crépuscule

3281 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/04/2012 23:47

           CHAPITRE XIX : AU-DELA DU CREPUSCULE

 

           Derrière Malgéus se trouvait Julien Faros. Il était maintenu prisonnier par des cordes. A côté de lui, se tenait Mélina Sarla. Libre. Ainsi, c’était une traîtresse. Mais ce qui attira les regards des quatre Gardiens de l’Epée fut la présence de Gladius juste à côté de Malgéus. Il semblait dormir debout.

« Je trouve que vous avez fait de l’excellent travail professeur, fit Malgéus. Je parle de cette arme. Sa puissance est énorme pour un si jeune corps. D’ici quelques années, il pourrait se frotter au Seigneur des Ténèbres.

-C’est le but, acquiesça Faros. Mais avant, il vous éliminera, Malgéus.

-Je ne pense pas. Vous ne savez rien de ma puissance actuelle. Elle est bien plus terrible que votre création.

-Combat-le et tu verras, défia Garde.

-François Garde, continua Malgéus. Vous m’avez étonné. Un chasseur connu pour sa grande droiture associé à un projet aussi maléfique !

-La fin justifie les moyens.

-Quelle excuse pitoyable !

-Nous ne sommes pas là pour discuter, coupa Corvus. »

           Pierrick Corvus s’élança d’un coup vers Malgéus. Un mangemort se porta à sa rencontre pour l’arrêter. Pivotant comme une tornade, le talon du Corbeau vint lui briser la nuque sèchement. Cette interruption ne ralentit Pierrick qu’une seconde. Il bondit vers le maître des mangemorts français, baguette haute au-dessus de sa tête.

« Diffindo ! scanda-t-il en l’abattant sur Malgéus. »

Ce dernier se contenta de lever sa baguette pour bloquer celle du Corbeau en plein mouvement. Il dévia l’attaque vers le sol et percuta la pommette de Corvus d’un coup de genou, l’envoyant roulé sur le parquet.

« Un sortilège de découpe, dit Malgéus. Ah oui ! Je me souviens. C’est comme ça que j’ai tué votre ami. Est-ce la raison pour laquelle vous vous êtes lancé dans ce projet ? »

Le Corbeau ne répondit pas. Il se releva sans lâcher Malgéus des yeux.

« Bats-toi, dit le Corbeau simplement. »

Malgéus ne répondit que par un sourire malsain.

 

           Maldieu et Garde choisirent se moment pour attaquer. Les éclairs fusèrent de tous les côtés. Deux mangemorts tombèrent dés le premier assaut mais ensuite, ils commencèrent à répliquer, obligeant les deux chasseurs et le professeur Faros à reculer. Ils allèrent se protéger derrière la porte d’entrée desservant l’escalier.

« Il faut qu’on sauve Julien, dit Faros.

-On va essayer mais c’est pas gagné, lança Garde en jetant maléfice sur maléfice.

-il faut attendre que Malgéus s’éloigne de lui, fit remarquer Garde. Faisons confiance à Pierrick pour l’occuper.

-Pourquoi Gladius ne combat pas ? fit Faros.

-Il doit encore être sous l’effet de la potion de sommeil que nous lui donnons tous les soirs pour être sûrs qu’il dort sans pouvoir s’échapper, expliqua Maldieu. Et Malgéus a dû profiter de cet état pour le mettre sous Imperium. Si nous le réveillons, Malgéus mourra.

-Qui a un réveille-matin ? plaisanta Garde. »

 

           Corvus lança un sortilège de stupéfixion qui ne rencontra que la baguette de Malgéus. Le Corbeau transplana directement pour se retrouver juste au dessus du mage noir. Il tenta de le frapper d’un coup de talon au visage mais son ennemi parvint à esquiver l’attaque et contre-attaqua d’un coup de pied en faisant une vrille à l’horizontal. Corvus retomba lourdement sur le sol en se massant douloureusement les côtes là où Malgéus avait frappé. Il ne se démonta pas pour autant et se releva en lançant une série de maléfice divers. Malgéus parvint à tous les parer malgré la vitesse d’exécution du chasseur. Se faisant, Pierrick se rapprocha assez près de son adversaire pour venir le frapper d’un coup de pied latéral au corps.

 

           Les assauts répétés de Pierrick avaient éloignés Malgéus de Julien, Mélina et Gladius. Garde couvrit Maldieu de ses tirs alors que le directeur des Chasseurs se jeta dans la pièce pour se retrouver face à Mélina Sarla. Il la toisa d’un regard d’où avait disparu toute malice.

« Tu nous as trahi, dit-il.

-Je suis une mage noire, tout comme vous, fit-elle. N’avez-vous pas joué avec les forces des Ténèbres pour créer Gladius ?

-Je combats les mages noirs. Et malheureusement pour toi, tu en sais trop. Je n’ai donc pas le choix. »

La peur se lut dans les yeux de Mélina Sarla. Elle ne voulait pas mourir mais elle savait qu’elle ne faisait pas le poids face à un chasseur réputé comme Charles Maldieu. Certaines de ses actions passées étaient de véritables exploits guerriers dont certains c’étaient même teintés de légende. Elle recula d’un pas. Maldieu le va sa baguette.

« Avada Kedavra ! lança-t-il. »

Le maléfice de mort ne rencontra que le mur. Mélina Sarla s’était transformée en souris, s’enfuit en courant entre les jambes du directeur du Département des Chasseurs et disparu dans l’ombre de l’escalier.

           Maldieu grogna de dépit. Il libéra Julien des cordes. Et le stoppa avant qu’il ne puisse aller se mettre à l’abri.

« Réveille Gladius, ordonna Maldieu. »

 

           Pierrick Corvus et Malgéus continuaient d’échanger coups et sortilèges à une vitesse surhumaine. Aucun des deux ne semblait avoir l’avantage. Et pourtant, un seul des deux se mit à rire ouvertement de la situation.

« Tu l’as remarqué Corbeau, lança Malgéus. Tu as vu que tu n’étais pas de taille contre moi. Tu es puissant certes, mais tu ne l’es pas assez pour moi.

-Je ne suis pas encore vaincu, fit Corvus, glacial. »

Mais la vérité était tout autre. Ces quelques minutes de combat l’avaient vidé de ses forces. Alors que Malgéus était encore en mesure de se battre. Si un sorcier de la puissance de Malgéus demeurait un subalterne de Voldemort, alors cela signifiait que le Seigneur des Ténèbres recélait une force implacable. Corvus commençait même à douter du bienfondé du projet Gladius dans ces conditions.

           Derrière Malgéus, Pierrick vit Julien Faros faire boire une potion à Gladius. Il comprit qu’il s’agissait de la potion de réveil. Corvus sourit intérieurement, ils avaient encore un espoir de vaincre Malgéus. Mais ce ne serait qu’en dernier recours. Le chef des mangemorts français demeurait sa proie. Il ne désirait qu’une chose depuis la mort de Sam : le tuer de ses propres mains. Gladius s’éveilla. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se libérer de l’emprise de Malgéus. Ce dernier, surpris, se retourna pour tomber sur le regard dénué de sentiment de l’arme forgé pour détruire Voldemort.

           Gladius ne sortit pas sa baguette, confisquée par Malgéus, mais il allait se jeter malgré tout sur Malgéus quand la voix de Corvus retentit :

« Attend Gladius. Celui-là est à moi. Occupes-toi des autres. Aucun ne doit survivre. »

Gladius acquiesça d’un signe de tête. Malgéus se retourna de nouveau vers son adversaire.

« Ne vois-tu pas que c’est peine perdue ? fit Malgéus. Seule la Mort t’attend au bout de ce combat.

-La Mort n’est rien, dit Corvus. Si je dois mourir, je t’emporterais avec moi.

-Comment peux-tu être si confiant ?

-Je vois au-delà du Crépuscule. »

           Ces seuls mots firent comprendre à Malgéus que ce chasseur méritait sa réputation. Il ne lâcherait pas prise avant de l’avoir tué. Ou de mourir. Les deux ennemis se tenaient face à face, les bras le long du corps. Le temps de l’observation était passé. Chaque assaut pouvait être le dernier de cette joute à mort. Et soudain, les éclairs fusèrent de part et d’autre dans un embrasement formidable. Les deux combattants étaient au corps à corps. Les maléfices les frôlaient ainsi que les coups qui s’enchaînaient en se confondant avec les rayons. L’image des combattants en devint floue.

 

           Gladius n’était pas en reste. Obéissant à l’ordre de Corvus, il s’était lancé sur les mangemorts. Bien que désarmé, il en tua deux quasiment dans la même seconde. Les mages noirs ne parvenaient pas à atteindre ce feu follet qui bondissait de tous les côtés. Garde et Maldieu profitèrent que leur attention était obnubilé par Gladius pour surgir et en éliminer deux à l’aide de l’Impardonnable de la Mort. Mais ce faisant, dans le chaos du combat, un mage noir parvint à se frayer un chemin jusqu’à la porte. Maldieu tenta de s’interposer mais il fut bousculer par un puissant coup d’épaule et propulser au sol. Il maudit son manque de vitalité en voyant l’ennemi parvenir à s’échapper après avoir repousser violement le professeur Faros contre le mur.

           Gladius continuait de faire le ménage, brisant la nuque d’un mangemort d’un coup de pied sauté après avoir glissé entre ses jambes. Il fit un tour d’horizon, un seul mage noir subsistait, paralysé d’effroi. Gladius sentait sa peur s’insinuer dans ses narines. Il s’approcha de lui à pas lent. L’ennemi recula, tenant désespérément sa baguette devant lui. Son dos rencontra le mur. Ses jambes refusèrent de le maintenir plus longtemps. Même assis, Gladius ne le dépassait que d’une demi-tête. Mais ces quelques centimètres semblaient immenses pour lui. Le regard froid de Gladius lui gela l’âme. Il savait qu’il allait mourir. Les doigts de Gladius lui crevèrent les yeux d’un geste vif et précis. Il hurla de douleur. L’arme profita de la bouche ouverte pour y mettre son pouce de la même main. Son autre main vint prendre appuie sur la nuque et dans un mouvement de tenaille, il bascula la tête en arrière jusqu’à percevoir le craquement sinistre indiquant que les cervicales étaient sorties de leur logement normal.

           Julien n’en croyait pas ses yeux. Il était lui aussi figé de peur. Il avait écouté les récits des différentes opérations de Gladius. Mais le voir tuer de ses propres yeux et de cette façon ! Ils avaient fabriqué un monstre. Un démon.

           Un borborygme se fit entendre. Le visage de Gladius changea sans même qu’il se retourne. Julien fut surpris d’y voir de la peur et de la tristesse. Il regarda autour de lui pour voir d’où venait ce bruit. Pierrick Corvus venait de s’effondrer à genoux. Il était plié en avant et du sang coulait abondamment sur le sol, provenant apparemment de sa poitrine et de sa bouche. Devant lui, Malgéus se tenait debout, l’air essoufflé mais victorieux.

           La scène demeura comme figé un moment. Seul Gladius bougea, se retournant et marchant lentement jusqu’à Corvus. Il s’arrêta à sa hauteur et regardait le sang s’échapper de la blessure. Son visage démontrait qu’il ne savait pas comment réagir en cet instant. Malgéus observa l’arme un moment mais demeura silencieux. Corvus dut sentir sa présence car il tourna la tête vers lui.

« Pourquoi fais-tu cette tête Gladius ? demanda-t-il. Une arme doit rester froide.

-Vous allez mourir ? fit Gladius.

-Peut-être. Mais si je dois mourir, alors j’aurais la satisfaction de mourir en combattant. C’est mon rôle, c’est ce que je suis.

-Et mon rôle à moi ? Quel est-il ? Que suis-je vraiment ? Pourquoi suis-je né ?

-Tu es né pour combattre les Ténèbres. Tu es une épée pourfendeuse de toutes les forces qui veulent nuire à notre monde. Tu es une arme forgée dans les Ténèbres pour combattre les Ténèbres.

-C’est donc mon destin. »

Corvus se releva difficilement, crachant du sang.

« Non, ne crois pas ça, reprit-il. Le destin n’existe pas. Ce n’est que l’excuse des faibles pour expliquer leurs erreurs. Tu es maître de ta vie. Je le vois clairement maintenant. J’espère que tu nous pardonneras un jour. Tu as été créé dans le but de combattre. Tu en as le pouvoir. Mais j’espère que tu vivras une autre vie, un jour. Et souviens-toi de voir toujours au-delà du crépuscule. »

Pierrick fit un pas vers Malgéus, écartant Gladius de sa main. Il tourna un visage souriant vers l’enfant.

« Adieu, Gladius. »

           Corvus bondit une dernière fois vers Malgéus. Ce dernier ne fit quasiment aucun geste, se contentant de lever sa baguette pour lancer un Avada Kedavra. Le maléfice retira toute vie du corps de Pierrick Corvus. Il s’effondra dans son sang.

Malgéus regarda le cadavre un moment. Il sourit.

« C’était un grand guerrier, dit-il. Mais il s’est fourvoyé en ce lançant dans ce projet. Lui, un combattant se disant du bon côté de la barrière à flirter avec la Magie Noire.

-La Magie n’est ni noire ni blanche, murmura Gladius. Tout dépend de la façon de s’en servir.

-Je suis d’accord avec toi sur ce point Gladius. Tu vas donc me suivre et me servir.

-Tout dépend de la façon de s’en servir, répéta Gladius alors que des larmes commençait à couler timidement sur ses joues. Mais s’il ne me dit pas comment et quand le faire, je ne saurais pas.

-Je te dirais quand et comment le faire. Je le remplacerais.

-Je ne sais plus.

-Tu commences à m’agacer à te répéter.

-Je ne sais plus quoi faire ! s’écria Gladius. »

           Un courant d’air puissant se mit à souffler et à tournoyer autour de Gladius. Malgéus lança un sortilège de Stupéfixion mais l’éclair rouge fut repoussé comme une feuille par le vent. Garde eut le réflex de se jeter dans le couloir et obligea Faros à rester caché. Maldieu s’élança vers Julien pour le sortir de sa catatonie. La puissance dégagée par Gladius augmentait à chaque seconde. Malgéus essayait de résister tant bien que mal. Gladius se mit à hurler, son corps s’éleva de quelques décimètres du sol. Les cadavres des mangemorts disparurent en lambeaux. Celui de Pierrick connu le même sort. Une rafale d’énergie se dégagea d’un coup, projetant Julien Faros et Maldieu contre le mur. La colonne de Julien se brisa nette sous le coup. Les larmes de Gladius ne tombaient plus au sol, elles remontaient vers le plafond, portées par l’énergie.

           Malgéus n’en croyait pas ses yeux. Comment un si jeune sorcier pouvait avoir tant d’énergie ? Jusqu’où était donc allé Faros ? Il devait l’arrêter ou un jour, il serait détruit par cette arme. Mais alors qu’il allait lever de nouveau sa baguette, il tomba sur le regard noir et triste de Gladius. Il sentait toute la haine du garçon.

« Alors il est capable de sentiment, pensa Malgéus. »

Irradié par l’énergie magique de Gladius, Malgéus sentit son corps changer. Ses cheveux blanchirent d’un coup, sa peau se rida et ses yeux perdirent toute couleur. Malgéus savait que s’il restait là, il allait passer de vie à trépas très vite. Il devait fuir. Il concentra toute la force qu’il lui restait et transplana.

           Sous cette vengeance non assouvie, Gladius sentit sa haine et sa tristesse devenir insupportable. Maldieu ignorait ce qu’il devait faire exactement. Une seule chose était sûre, s’il ne l’arrêtait pas tout de suite, les conséquences seraient désastreuses. Jusqu’où irait sa soif de destruction incontrôlable ? Sous le choc contre le mur, le bras droit de Maldieu s’était brisé. Il prit sa baguette dans sa main gauche et la tendit vers Gladius. Mais avant même qu’il ne puisse incanter, sa baguette partit en copeaux et son bras en charpies. Il n’eut le réflexe de le ramener contre lui que quand son coude allait être emporté.

           Le professeur Faros avait assisté à toute la scène depuis le couloir. Il avait vu son fils mourir, Malgéus s’enfuir et Maldieu perdre son bras en tentant vainement de faire quelque chose. Tous avaient pris des risques et en avaient payé le prix sauf lui. Il devait faire quelque chose à son tour. Il se dégagea de Garde et s’approcha de Gladius. Il réunit toute sa puissance, lui qui était reconnut comme l’un des plus grands sorciers actuels. Son éclair de Stupéfixion jaillit de l’extrémité de sa baguette. L’éclair était sans cesse repoussé par le souffle magique de Gladius. Mais Faros ne lâcha pas prise. L’éclair avançait centimètre par centimètre, comme dans un film au ralenti. Et finalement, il toucha Gladius. Le garçon s’effondra sans connaissance. Faros tomba à genoux en essayant de reprendre son souffle.

           Garde se précipita auprès de Maldieu pour lui apporter les premiers soins. Il lança un coup d’œil à Gladius, gisant inanimé sur le sol. Il ne put s’empêcher d’être déçu : ils avaient fait tant de sacrifices pour se rendre compte maintenant que cette arme était incontrôlable.

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