Le Corbeau. Livre 0 : Projet GLADIUS

Chapitre 20 : XX La Fin d'un Espoir

1945 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/04/2012 00:26

           CHAPITRE XX : LA FIN D’UN ESPOIR

 

           Lorsque le mangemort ayant réussi à s’échapper du Département Secret avait surgi dans le hall, les Chaldo savaient qu’ils n’avaient plus le choix. Gilles le tua d’un Avada Kedavra. Il ne fallait aucun témoin pouvant rapporter l’existence de Gladius. Françoise se rendit au Département des Chasseurs pour activer l’alerte rouge. En quelques minutes, le hall et les principales ailes du Ministère furent mise sous le contrôle des Chasseurs. Mais personne ne savait où se trouvait le directeur Charles Maldieu. Ce dernier réapparu dans l’aile Nord, le bras bandé, soutenu par François Garde. La porte du Département Secret avait été refermée.

Garde laissa un infirmier de la section AI prendre en charge Maldieu. Georges Nide et Gilles Chaldo approchèrent pour écouter son récit. Il raconta que des mages noirs s’étaient introduits dans l’aile Nord. Maldieu, Corvus et lui-même les ont surpris et ont engagé le combat. Malgéus était présent et au terme d’un combat titanesque, ce fut le mage noir qui l’emporta, tuant le Corbeau et détruisant son corps. Chaldo expliqua qu’il venait d’arriver au Ministère avec sa femme quand il remarqua les cadavres des agents d’accueil. Et alors qu’ils allaient activer l’alerte, un mangemort est arrivé en courant.

           L’explication fut reprise dans les journaux, moins les détails habituellement cachés. Charles Maldieu alla à Gardevie se faire soigné. La blessure étant magique, il ne lui fut pas possible de retrouver un bras entier.

           Françoise Chaldo décida d’aller annoncé la pénible nouvelle à Julie. La jeune femme fut effondrée. Elle pleura dans les bras de son amie mais elle refusa de venir passer quelques jours chez elle. Elle préféra rester seule. Seule. Pas totalement, une petite vie, tout ce qui restait de Pierrick selon elle, grandissait sereinement dans ses entrailles.

 

           Deux jours plus tard, les Gardiens de l’Epée se réunirent de nouveau. Gladius avait été maintenu endormi. Tous étaient conscients que se serait leur dernière réunion. Le projet GLADIUS devait s’interrompre. Il leur avait donné un espoir mais c’était finalement révélé aussi dangereux pour l’ennemi que pour eux. L’exemple du massacre de la famille Liro ou du dégagement de puissance ayant tué Julien Faros et détruit l’avant-bras de Maldieu le prouvaient.

           Mais une question subsistait : que faire de Gladius ?

« Nous devrions le détruire, dit Garde froidement. Après tout, il n’a aucune existence légale et surtout, il ne devrait pas exister.

-Nous ne pouvons pas ! s’écria Françoise Chaldo. Il… c’est un être vivant. Il respire, bouge et maintenant, on sait qu’il ressent.

-Et comment continuer à le laisser vivre ? On le garde éternellement en sommeil ? Au risque qu’il se réveille et détruise tout sur son passage ? De toute façon, quitte à le maintenir endormi, autant le tuer.

-Il a le droit à une vie normale. Nous en avons assez fait. Il a le droit à sa chance.

-Vous croyez vraiment qu’il peut mener une vie normale après ces années de combat et de mort !

-Il le peut, dit Faros doucement. J’ai perdu mon fils. Je ne veux pas qu’un autre enfant meurt à cause des erreurs que nous avons commises. Car oui, nous avons commis des erreurs. Nous aurions dû vous écouter Françoise, quand vous disiez qu’il ne fallait pas emprunter cette voie. Aujourd’hui, nous en payons tous le prix. Mais ce garçon, il ne doit pas payer pour nos erreurs. Qu’en pensez-vous, Gilles, Charles ?

-Je suis d’accord avec Françoise, annonça Gilles.

-Je me plierai à la majorité, dit Charles. »

François Garde hocha la tête.

« Je suis le seul partisan pour qu’il meurt, dit-il. Soit, je me plierai au résultat de ce vote. Mais dans l’absolu, comment allons-nous faire ?

-Je vais voiler sa mémoire, dit Faros. Il n’aura plus aucun souvenir de sa vie jusqu’à maintenant. Cela devrait en plus brider ses pouvoirs, son subconscient l’y obligera. Et je vais remettre la Trace en lui. Après, il suffira de le laisser à un orphelinat.

-Non, contredit Françoise. Gilles et moi… Nous ne pouvons pas avoir d’enfant. Donc… »

Françoise se tourna vers son mari en espérant y trouver un appui. Il lui sourit en acquiesçant.

« Très bien, fit Maldieu. Je vais m’arranger pour la paperasse.

-Charles, interpela Gilles. Pour des raisons personnelles, ma femme et moi nous vous présentons nos démissions. Je crois que nous n’avons plus nos places dans ce département. Cela fait déjà un moment que nous y pensions. »

           Charles Maldieu accusa le coup mais n’en montra rien. Il aurait aimé gardé Gilles Chaldo comme chef de la section IRIA. Mais il comprenait leur choix. Mais avec maintenant une famille à nourrir, il ne pouvait pas décemment les laisser comme ça.

« Très bien, mais avant de l’accepter, laissez-moi vous trouver un autre emploi, dit-il. Je vous dois bien ça. »

François Garde se contenta de garder le silence. Il se leva et se dirigea vers la sortie.

« Où vas-tu ? questionna Maldieu.

-Je vais moi aussi écrire ma lettre de démission, annonça Garde. Avec ce projet, j’ai l’impression d’avoir trahi le serment des Chasseurs. Je restais temps qu’il le fallait pour sa bonne marche. Maintenant qu’on y met fin, je ne souhaite plus rester.

-Je comprends mon ami.

-Mais avant, j’ai une dernière chose à faire. »

 

           Mélina Sarla ne savait plus où aller. Les mangemorts de Malgéus la recherchaient. Elle avait fui au tout début du combat. Malgéus voulait lui faire payer sa lâcheté. Et elle devinait que les Gardiens de l’Epée ne la laisseraient pas vivre. Du moins s’ils la trouvaient. Elle devait encore mettre quelques affaires en ordre et ensuite, elle quitterait le pays sans regarder derrière elle. Et ces affaires devaient lui fournir l’argent nécessaire à se construire une nouvelle vie loin de la France.

           Elle entra dans une boutique d’un quartier malfamé de Toulon. L’apothicaire qui tenait cette officine lui devait pas mal d’or. Lorsqu’il la reconnut, il ne put s’empêcher de faire une grimace.

« Mélina, que puis-je faire pour toi aujourd’hui ? demanda-t-il.

-Je viens récupérer l’argent que tu me dois, annonça-t-elle sans préambule.

-Maintenant !

-Oui, et la totalité.

-Mais je…

-Dois-je te rappeler que c’est grâce à moi que tu as pu maintenir ouverte cette échoppe miteuse ?

-Je reviens dans cinq minutes, grogna l’apothicaire. »

           Le vendeur disparut dans l’arrière-boutique. Mélina Sarla trompa son ennui en regardant les étiquettes des bocaux et autres contenants. La cloche de la porte sonna. Mélina tourna distraitement la tête vers l’entrée. Son visage se figea d’effroi quand elle reconnut François Garde.

« Bonjour Mélina, dit-il froidement. »

Elle réagit immédiatement en se saisissant d’un bocal et en le lançant vers le chasseur. Ce dernier l’esquiva facilement mais Mélina en profita pour courir vers la porte et se précipiter dehors. Garde lui emboita le pas.

           Mélina courut durant un long moment. Elle s’arrêta à bout de souffle dans une ruelle isolée. Elle regarda de tous les côtés. Mais rien, aucune trace de son poursuivant. Elle essaya de retrouver un rythme cardiaque normal.

« Tant pis pour l’argent, se dit-elle. »

Elle devait s’enfuir immédiatement. Et alors qu’elle allait transplaner, elle entendit des pas derrière elle. Elle n’eut pas le temps de se retourner pour faire face, un éclair vert la frappa, la tuant sans fioriture.

 

           Le lendemain, François Garde débarrassa son bureau. Suzanne Janis le regardait faire sans comprendre. Elle avait été abasourdie quand il lui avait annoncée sa démission. Après avoir perdu son ami Kylian Névris, elle perdait son mentor.

« Vous ne voulez vraiment pas revenir sur votre décision ? tenta-t-elle une dernière fois.

-Non, j’ai fait mon temps, décréta-t-il. Place aux jeunes.

-Nous avons encore besoin de votre expérience. Vous êtes un guide pour nous.

-L’expérience n’est qu’une lanterne qui n’éclaire que le chemin parcouru. C’est un philosophe chinois s’appelant Kong-Fu Tsu qui l’a dit il y a longtemps. Je t’ai appris tout ce que je devais t’apprendre. Le reste, c’est à toi de le découvrir. Eclaire ton propre chemin. Je suis sûr que tu seras une grande chasseuse. Quand à moi, je vais me trouver une petite occupation avant de prendre définitivement ma retraite. J’ai toujours rêvé d’enseigner l’Histoire et je crois savoir que le professeur actuel à Beauxbâtons n’est plus très loin de la retraite. »

           Suzanne avait baissé les yeux en l’écoutant. Elle se sentait comme orpheline maintenant. François la prit dans ses bras.

« Continue comme tu sais le faire et tout se passera bien, dit-il avant de prendre ses affaires et de partir. »

 

           Il fallut quelques jours pour que les papiers de celui qui fut Gladius soient en ordre. Françoise et Gilles Chaldo avaient décidé de le prénommer Pierrick, en souvenir de leur ami. Maldieu avait fait jouer ses relations au Ministère pour obtenir à Gilles la place de représentant de la France Magique auprès du Ministère chinois de la Magie.

           En les voyant partir avec le petit garçon, Maldieu se dit que cette histoire était finie, pour le moment. Il se doutait qu’un jour, elle referait surface. Et alors, ils paieraient, assumant leur responsabilité. Et il expliquerait que ce projet leur avait donné un espoir un temps, et le leur avait retiré à la fin.

           Mais si c’était à refaire, Charles Maldieu savait qu’il le referait. Ne serait-ce que pour le maigre espoir que cette guerre prenne fin. Après tout, la fin justifie les moyens.

Laisser un commentaire ?