Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets
CHAPITRE V : LES ARCHIVES
Dés qu’elle fut satisfaite des résultats, Julia se rendit dans le bureau du Patron. Elle ne voulait pas perdre une seconde pour pouvoir mettre le projet en route le plus tôt possible. Joshua l’accompagna.
« Je vous écoute, assura le Patron.
-Vous vous souvenez qu’aucune greffe ou reconstruction organique n’avait fonctionné sur Tony ? fit Julia.
-Oui bien sûr.
-Et bien, nous avons effectué des tests pour essayer une tout autre voie. Si on ne peut pas reconstruire son corps de manière organique, on va le faire d’une manière inorganique.
-Vous voulez dire, le mécaniser ? questionna Guillou.
-Le terme exact serait plutôt le cybernétiser. Nous allons faire fusionner des systèmes bioélectroniques avec les organes qui fonctionnent encore chez lui.
-Comme pour remplacer certaines parties du corps par des prothèses autonomes chez les blessés avant la généralisation de la culture organique. Je vois. Mais ça ne se fait plus depuis près de deux siècles. Vous pensez pouvoir y arriver ?
-Nous n’allons pas uniquement nous baser sur une technologie médicale vieille de deux siècles. Nous allons utiliser les dernières découvertes en robotique et les améliorer. Et puis, nous disposons de la technomagie. Nous allons certainement ouvrir une nouvelle ère dans cette jeune science.
-Votre motivation et votre énergie m’impressionne vraiment mademoiselle Chaldo. Vous avez carte blanche pour mener à bien votre projet. Je vous fais confiance. Mais dîtes-moi, comment vous est venue cette idée ?
-Je me suis souvenue d’une histoire racontant la quête d’un homme de métal souhaitant avoir un cœur. Maintenant c’est à un cœur à qui on va offrir un corps de métal. »
Un corps de métal. Julia s’était servie de cette image mais ce n’était pas vraiment le cas. Elle n’allait pas faire de son frère un androïde ou un robot à l’image des films des 20ème et 21ème siècles. Certes, du métal serait présent dans ses prothèses, mais pas en bloc. La technologie avait suffisamment évolué. La technologie des fibres métalliques à densité modifiable avait permis de faire de vrais miracles en matière de reconstruction corporelle à une époque. Certains médecins étaient même parvenus à créer des prothèses dont les capacités surpassaient celles du membre original. Cela avait amené à une utilisation peu scrupuleuse pour fabriquer des super-soldats, ou des super-terroristes. Heureusement, cette technologie devint obsolète avec la généralisation de la culture organique permettant à partir de quelques cellules d’un patient de « créer » la partie manquante ou défectueuse de son corps en vu d’une greffe. Ce clonage thérapeutique était, encore au 24ème siècle, dénoncé par certaines instances religieuses comme le Vatican. Mais personne ne les écoutait car la grande majorité des gens s’était bien rendu-compte des bienfaits de cette technique.
Julia et Joshua se mirent immédiatement au travail. Ils ne devaient pas se contenter de reprendre une technologie vieille de deux siècles, ils devaient l’améliorer par les connaissances actuelles et la technomagie.
« On manque de documentation, dit Julia. Tout n’est pas sur notre réseau interne. Pour éviter de surcharger les serveurs, certaines données furent stockées sur des supports physiques il y a plus d’un siècle. Je vais aller aux archives les chercher.
-Laisse, j’y vais, assura Joshua. Il vaut mieux que tu avances avec ce qu’on a pour le moment sans perdre de temps. Et puis, je n’ai pas encore pris le temps de me rendre aux archives depuis que j’ai intégré la DE. Comme ça je ferais d’une pierre deux coups.
-Prends le temps de visiter, on a plusieurs semaines de travail qui nous attendent de toute façon alors une ou deux heures de plus ne changeront pas grand-chose. »
La zone d’archivage se trouvait dans des niveaux les plus bas des locaux de la DE, juste au dessus du niveau technique où se trouvaient les générateurs de secours, la centrale de régulation d’air conditionné et la chaudière. Mais comme tout le reste des locaux, l’infrastructure était ultramoderne. Sauf exception, seuls les archivistes avaient le droit de pénétrer dans la zone de stockage. Toutes demandes devaient être faites au bureau d’accueil des archives. Les archives étaient elles-mêmes divisées en plusieurs secteurs en fonction du support sur lequel les données recherchées étaient inscrites. Le secteur le plus étendu se trouvait être celui des grimoires et des livres anciens. Ce secteur se doublait en plus d’être le plus restrictif pour protéger les vieux volumes d’ennemis aussi insaisissable que l’humidité ou les insectes.
Joshua se présenta à l’archiviste de l’accueil et indiqua sa demande.
« Ah, c’est vous le nouveau, celui qui est arrivé avec la descendante d’Harry Potter, dit l’archiviste, une femme d’une cinquantaine d’années.
-Oui, c’est cela, confirma Joshua. C’est la première fois que je viens à ce niveau, je n’ai pas eu le temps jusqu’à maintenant.
-Pas la peine de vous justifier. Voulez-vous visiter ?
-Si c’est possible, avec plaisir.
-Mei-Lin, viens s’il te plait, appela l’archiviste. »
Quelques minutes plus tard, une jeune femme d’à peine vingt ans arriva. Elle avait le visage fin et les yeux noirs en amande. Ses cheveux noirs étaient réunis en une longue natte qui était délicatement posée sur son épaule. Elle portait des lunettes fines.
« Mei-Lin, voici Joshua Ollivander du département scientifique, indiqua l’archiviste d’accueil. Il a besoin de données. Comme c’est la première fois qu’il vient nous rendre visite, tu pourrais lui faire faire le tour du propriétaire s’il te plait.
-Bien sûr, assura Mei-Lin en souriant timidement à Joshua. Si vous voulez bien me suivre.
-Avec plaisir, fit Joshua. »
Joshua suivit Mei-Lin à travers la porte donnant sur le sas de sécurité. Après les vérifications de sécurité ayant pour but de détecter la présence de tout système permettant de voler des données, ils pénétrèrent dans le premier secteur des archives, celui des disques de données. Des rayonnages sur au moins un hectare et une dizaine de mètres de haut s’alignaient devant Joshua.
« Voici le secteur des disques de données, expliqua Mei-Lin. Ici, nous stockons des milliards de milliards de téraoctets de mémoire sur tous les sujets. C’est d’ailleurs ici que sont stockées les données que vous recherchez. Pour les récupérer, tout est automatisé. On rentre le sujet dans l‘ordinateur et il fait la recherche. On peut ensuite affiner en fonction des possibilités et de la précision voulu pour la recherche. Ce n’est pas bien compliqué.
-Pourquoi ne peut-on pas accéder à la liste des sujets archivés sur le réseau de la division ? questionna Joshua.
-Pour des raisons de sécurité, les ordinateurs des archives fonctionnent tous en isolation totale. Ils ne sont pas reliés au réseau ni-même entre eux. Comme ça, personne de malintentionné ne peut connaître la somme exacte des connaissances stockées ici. Généralement, un archiviste ne travaille que dans des deux secteurs. Je suis seulement habilitée pour le secteur bibliothèque. Si votre recherche concerne un sujet stocké dans le secteur numérique, je ne pourrais pas vous aider, il faudra demander à Alfredo.
-Je pense que c’est le cas. Ma recherche concerne la biotechnologie médicale et les greffons inorganiques.
-Je vois. Mais avant, peut-être voulez-vous voir le secteur bibliothèque ? Généralement, c’est ce que préfère les sorciers.
-Avec plaisir. Vous êtes moldue ?
-Oui.
-J’aurais pensé qu’une moldue travaillerait plutôt dans le secteur numérique.
-J’aime beaucoup le contact du papier, je trouve ça plus chaleureux que la froideur numérique.
-Je vous comprends, assura Joshua. Je trouve les ordinateurs pratiques mais un peu trop distants et impersonnels. »
Un second sas séparait le secteur numérique du secteur bibliothèque. Cette fois-ci, les contrôles étaient tout autre : ils permettaient de détecter et d’éliminer tout germes et insectes pouvant se trouver cacher sur les vêtements ou la peau des archivistes. Joshua fut tout bonnement impressionné par le spectacle qui s’offrait à lui. Le secteur bibliothèque s’étendait sur pas loin de cinq hectares et les étagères culminaient à au moins cinquante mètres de haut. S’en était vertigineux. Comme dans le secteur numérique, un ordinateur permettait de trouver rapidement un ouvrage ou un sujet recherché. L’ordinateur indiquait l’emplacement du livre dans les rayonnages.
« Il y a ici tous les sujets possibles et imaginables, fit Mei-Lin. Quasiment toute la connaissance magique terrestre ainsi que la partie n’ayant jamais été numérisée des connaissances moldues.
-Des connaissances moldues non-numérisées ?
-Ce sont surtout de très vieux ouvrages. On les numérise petit à petit. Quand un livre moldu est numérisé, nous donnons le livre à un musée ou une bibliothèque. Pour les ouvrages sorciers, nous ne pouvons pas les numériser, les pages sont souvent chargées de magie et cela perturbe nos appareils. Certains d’entre nous cherchent une solution, finit-elle d’un air neutre.
-Ça n’a pas l’air de vous plaire.
-J’aime les livres. Si on les numérise, on va sûrement s’en débarrasser. Sauf pour certains grimoires recélant des pouvoirs trop dangereux pour être mis à la disposition de n’importe qui. Comme le Grimoire de Malchauzen par exemple. »
Joshua sourit en voyant cette jeune femme d’apparence timide prendre position pour la protection de ces précieux livres. Même s’il était impressionné par les possibilités que lui offrait l’informatique, il était comme elle, il ne voulait pas que les livres soient mis au rebus. Joshua fut véritablement impressionné par la multitude d’ouvrages sorciers présents dans cette bibliothèque. Il trouva même un livre sur l’art de la fabrication des baguettes écrit par un de ses ancêtres au 18ème siècle. Un exemplaire était conservé par sa famille mais à part celui-ci, ce livre était devenu introuvable. Une vraie perle pour les collectionneurs. Rapidement, Joshua et Mei-Lin en vinrent à partager des avis sur divers livres. Ils discutèrent un long moment sans voir le temps passé, riant en se rendant compte qu’ils avaient eu la même impression sur certaines de leur lecture. Mais Joshua se rappela pourquoi il était venu.
« Je dois y aller, s’excusa-t-il. Je suis venu pour récupérer des données importantes pour un projet.
-Je comprends, fit Mei-Lin un peu déçue malgré tout. J’ai moi aussi du travail qui m’attend. Je vais vous amener à Alfredo et vous raccompagner à la sortie des archives. »
Alfredo Suarez était un brésilien qui s’occupait du secteur numérique des archives. Il dénicha rapidement les données qu’étaient venues chercher Joshua et les dupliqua sur un disque amovible. Joshua suivit Mei-Lin jusqu’au bureau d’accueil où il la remercia pour la visite et lui dit au revoir.
« La visite a duré un moment, fit remarqué l’archiviste de l’accueil lorsque la porte de l’ascenseur se referma sur Joshua.
-Nous avons beaucoup discuté, dit Mei-Lin. Il adore les livres aussi. On n’a pas vu le temps passé.
-Je vois. C’est vrai qu’il a l’air gentil ce garçon.
-Qu’est-ce que tu vas chercher par là ? Il ne s’est rien passé.
-Je sais. Mais on ne sait jamais.
-J’ai du travail.
-Ouh la ! Ça ressemble à une fuite ! s’exclama l’archiviste d’accueil en souriant. »
Joshua retourna au laboratoire. Julia l’y attendait toujours.
« Et bien ! Tu en as mis un temps, fit-elle. Quatre heures pour visiter les archives ! Ça doit être un record. Tu t’es perdu dans les rayonnages ou quoi ?
-Non, répondit Joshua. Désolé, j’ai discuté très longtemps avec une des archivistes. Une passionnée de livres, comme moi. Je n’ai pas vu l’heure tournée.
-Une passionnée de livres ? Mei-Lin Zhao je suppose.
-Oui, c’est elle. Elle est très gentille.
-Et plutôt jolie en plus, hein ?
-C’est vrai. Mais qu’est-ce que tu sous-entends ?
-C’est pour les livres ou la bibliothécaire que tu es resté là-bas si longtemps ?
-Voyons, pour qui me prends-tu ? Je sais rester sérieux.
-Je sais, rit Julia. Mais bon, tu es célibataire et je crois savoir qu’elle aussi. Alors il n’y a aucun mal à ça.
-Julia, fit Joshua sur un ton de reproche.
-Ce que j’en dis moi. Tu as les données ? Alors mettons-nous au travail. »