Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets

Chapitre 30 : V Les Quais de la Tamise

2301 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 15:25

CHAPITRE V : LES QUAIS DE LA TAMISE

 

Justin essayait tant bien que mal de garder une attitude neutre. Il jeta à peine un regard aux deux policiers inconscients. Et croisa avec arrogance le regard cynique d’Alexandre Chaldo. Il fusilla sa sœur des yeux.

« Je peux savoir ce que tu fais là ? questionna-t-il.

-Non, tu ne peux pas, répondit-elle.

-J’aimerais savoir qu’elle mensonge tu vas m’inventer cette fois-ci.

-Tu veux la vérité ? Je me rendais à la boutique de Mr Ollivander pour prendre des nouvelles de lui et de Dean.

-Admettons. Ça n’explique pas les deux policiers à terre. Ni cet homme.

-Si vous avez des questions à me poser, faîtes-le directement, dit Alex.

-J’ai l’impression que vous ignorez qui je suis pour me parler sur ce ton, harangua Justin.

-J’aurais dit le clown du coin mais vous ne me faîtes pas rire. Donc je vais juste dire l’emmerdeur du coin.

-Qui êtes-vous ?

-Là d’où je viens, on se présente en premier avant de demander l’identité de quelqu’un.

-Je suis du Ministère de la Magie, je travaille au Département de la Coopération Magique Internationale en tant que chargé de relation pour la zone Europe. Je m’appelle…

-Justin Potter. Il vous faut combien de temps pour juste donner votre nom ? Je crois que la grande majorité des gens n’en ont rien à faire de votre boulot de gratte-papier spécialisé en léchage de cul au Ministère.

-Comment osez-vous ? dit Justin excédé.

-Faîtes-moi un procès.

-Et puis-je savoir votre nom maintenant ?

-Alexandre Chaldo.

-Français. Que faîtes-vous ici ?

-Vous êtes de la police ? fit Alex.

-Vous par contre, peut-être. Etes-vous de la famille de Julius Chaldo, ancien directeur du Département des Chasseurs ?

-C’était mon grand-oncle.

-Ce qui me renvois à la question : que faîtes-vous là ?

-Du tourisme. Je vous ai dit que mon grand-oncle était chasseur. Je ne le suis pas.

-Et vous n’êtes en rien responsable de l’état de ces deux policiers ? questionna Justin.

-Ils m’ont juste l’air de faire dodo. Je vous laisse, j’ai des affaires à régler ailleurs, annonça-t-il à voix haute. On reste en contact, pensa-t-il à l’adresse d’Ariana qui acquiesça mentalement. »

 

Ariana rentra au manoir après être passé voir Joachim Ollivander. Ce dernier lui conseilla de se méfier de son frère. Son père lisait la Gazette du Sorcier en prenant son petit-déjeuner.

« Tu t’es levée tôt, dit-il.

-Je voulais aller prendre des nouvelles de Joachim et Dean Ollivander, dit Ariana. Quelles nouvelles dans la Gazette ?

-Le compte des victimes. Onze sorciers et deux gobelins tués, quarante-deux sorciers et deux gobelins blessés gravement, une cinquantaine de blessés légers. La plus jeune victime est un jeune garçon de huit ans.

-Le même âge que Sarah, fit immédiatement Ariana en venant s’asseoir près de son père. Je n’ose pas imaginer la peine des parents. Si je perdais Sarah…

-Aucun parent ne peux imaginer perdre un de ses enfants, quelque soit son âge. Je continue à m’inquiéter pour toi, ta sœur et ton frère encore aujourd’hui. Concernant cette explosion, la thèse de l’attentat terroriste est écartée semble-t-il. La Police Magique penche pour un accident.

-Je vois. »

Ariana comprit aussitôt que la DE avait dirigé les soupçons des autorités britanniques dans une autre direction pour régler cette affaire de manière secrète. C’était une procédure normale.

« J’ai croisé Justin à Diagon Alley, il n’est pas rentré ? demanda-t-elle.

-Non, répondit Charles. Il lui arrive de passer à son bureau quand il part comme ça très tôt. »

 

Justin Potter parcourut rapidement le hall du Ministère. Il se dirigea immédiatement vers le Département des Aurors. Il avait besoin de renseignements rapidement. Si un chasseur se permettait d’agir sur le sol britannique, il fallait l’arrêter. Il n’avait pas été dupe, cet Alexandre Chaldo et Ariana se connaissaient. Cela faisait déjà longtemps que les Aurors britanniques, les Chasseurs français, les Lebenwächters allemands et plusieurs autres unités anti-mages noirs européennes effectuaient des entrainements communs. Les espagnols et les portugais avaient même mis en commun leur moyen pour la formation de leurs agents. Si Alexandre Chaldo se trouvait être un chasseur, quelqu’un ici le saurait.

Justin demanda à voir Gordon Fergis, le responsable de l’instruction des Aurors. Les deux hommes se connaissaient bien car leurs fonctions respectives les obligeaient à se voir régulièrement. Gordon Fergis avait été un auror très réputé. Seulement, une blessure l’obligea à demeurer dans un bureau. Son passif forçait le respect parmi les nouvelles recrues.

« Justin, je vous croyais en vacances, dit Gordon.

-J’y suis, confirma Justin. Mais j’avais une question à vous poser. Connaissez-vous un certain Alexandre Chaldo ? Je pense qu’il s’agit d’un chasseur.

-Le nom de famille est connu dans toute l’Europe et même au-delà dans le milieu de la lutte anti-mages noirs. Par contre, ce prénom ne me dit rien. Le seul Chaldo masculin que je connaisse actuellement chez les chasseurs c’est Ludovic Chaldo, il est chef de groupe à la section AI[1]. Un homme très prometteur.

-Personne à la section Spéciale ?

-Actuellement aucun Chaldo. Mais la sœur de Ludovic Chaldo, Sonia, de la IRIA[2] va tenter d’y entrer d’après les rumeurs. Mais aucun Alexandre. Pourquoi cette question ?

-Pour rien. Excusez-moi de vous avoir déranger. »

Justin se rendit à son bureau. Ses collègues furent surpris de le voir. Il assura qu’il ne faisait que passer. Il écrivit une lettre à destination du Ministère français de la Magie pour demander des renseignements sur Alexandre Chaldo. Il posa le pli sur la pile du courrier urgent à envoyer et rentra au manoir. Il sentait qu’il se tramait quelque chose. Il devait découvrir quoi et s’en servir contre sa sœur pour la forcer à revenir.

 

Alexandre Chaldo se rendit sur les quais de la Tamise. Malgré tout les contrôles mis en place, il y avait toujours moyen de faire passer diverses marchandises en fraude. Des armes et des explosifs n’étaient pas exclus. Un billet bien placé pouvait fermer les yeux de n’importe qui ou presque. Certains services d’ordre comme la police londonienne savaient où chercher mais les preuves manquaient pour justifier une action policière. Les Services Secrets de l’ONS les surveillaient également pour s’assurer que la quantité d’armes importées et exportées demeurait faible.

Le contact que devait rencontrer Alex s’appelait Marvin Collough. Un petit revendeur d’arme à la sauvette mais qui faisait parti d’un des réseaux les plus importants du sud de l’Angleterre. Alex attendait dans le froid et l’ombre d’une ruelle. Les trafiquants ne s’installaient donc jamais près d’un pub où prendre un café ! Il le vit passer juste devant lui et le siffla. Marvin Collough lui jeta un regard suspicieux. Il regarda autour de lui et s’approcha, non sans porté sa main à l’intérieur de son manteau. Ce geste n’échappa pas à Alex et ne l’étonna pas non plus.

« Je peux vous aider ? demanda Collough.

-Peut-être bien, dit Alex. Est-ce que vous auriez des EX13 ?

-Vous n’êtes pas un amateur. Carrément le top du top de l’explosif militaire de moyenne capacité. Soit vous avez un problème à régler ou à créer, soit vous êtes un flic.

-J’aimerais juste savoir si vous en avez.

-Et moi je dis : pourquoi voulez-vous le savoir ?

-Ce que j’aimerais savoir, c’est si vous en avez vendu récemment ?

-Pourquoi ? On l’a posée dans votre jardin ?

-Je n’ai pas vraiment le temps pour ces bêtises, dit Alex. Donc vous allez me répondre rapidement.

-Sinon quoi ?

-Je pourrai être moins gentil, sourit cyniquement Alex. »

Collough sortit son arme mais il ne put la pointer sur Alex. Ce dernier était entré dans sa garde et lui asséna un coup de coude au sternum. Il le désarma d’un geste vif et le propulsa en arrière d’un coup de pied latéral à l’abdomen. Collough tomba sur le pavé sale. Lorsqu’il releva les yeux, Alex pointait sa propre arme sur sa tête.

« J’espère que vous vous souvenez de mes questions car je n’ai pas envi de les répéter, dit Alex. Alors ?

-Tu ne me tueras pas, fit Collough. Vous avez des règles vous autres les flics. »

Alex soupira de dépit. Une détonation retentit et un cri de douleur. Alex avait tiré dans le genou de Collough.

« Il te reste un genou, indiqua Alex. Après, je vise dans la boîte vide qui te sert de tête.

-Putain mais t’es qui ? Espèce de flic pourri !

-Tu as raison : les flics ont des règles à suivre. Mais je n’ai jamais dit que j’étais flic. Alors ? Tu réponds à mes questions.

-Je n’en vends pas. C’est trop gros pour moi.

-Bien. Enfin on avance. Mais tu sais sûrement qui en vend.

-Non. »

Une deuxième détonation, un deuxième cri de douleur.

« Plus que la tête, fit Alex d’un ton presque joyeux.

-OK ! grimaça Collough. Putain t’es un malade. Dans les quartiers nord, y’a une certaine Cammy Dugger qui vend ce genre de marchandise. Il parait même qu’elle vend des choses bizarres à des gens bizarres.

-Peux-tu me définir bizarre ?

-J’en sais pas plus que ça. J’te le jure. Tout ce que j’ai entendu c’est une histoire de yeux de serpent, de cornes de licornes, et même d’organes humains desséchés. J’ai pas tout compris.

-Hum, fit Alex. Très bien. Je ne peux pas te laisser comme ça. Personne ne doit savoir que je suis là.

-Tu vas me tuer ?

-Non, mais tu ne te souviendras de rien. »

Alex sortit sa baguette et la pointa sur la tête de Collough. Un éclair blanc en surgit, pénétrant le crâne du revendeur d’arme. Ses yeux se perdirent dans le vide en une expression de béatitude. Alex n’attendit pas qu’il reprenne ses esprits. Il jeta l’arme dans la Tamise et s’en alla.

« J’ai appelé une ambulance pour lui, indiqua Fred. Et j’ai commencé les recherches sur cette Cammy Dugger. Elle est suspecté de pas mal de trafics. Que ça soit d’un côté comme de l’autre des deux mondes.

-Sorcière ?

-Oui, mais d’origine moldue. Son père était un trafiquant de drogue qui s’est fait tué par un concurrent d’après le rapport de police.

-Je me fiche de son passé. Tu sais où elle est ?

-Notre base de données confirme ce qu’a dit Collough. J’ai bien cru que tu allais le tuer.

-J’allais le faire, finit Alex. »

 

Les ambulanciers appelèrent la police pour leur signaler un blessé par balle. Les badauds se pressèrent contre le cordon de sécurité pour observé la scène. Certains furent déçus de ne pas voir de cadavres. L’arme fut retrouvée rapidement au fond de la Tamise mais lavée de tout indice.

« Alors ? questionna l’inspecteur chargé de l’enquête aux ambulanciers.

-Une balle dans chaque genou, répondit un des ambulanciers. Il est en état de choc j’ai l’impression, il ne se souvient de rien et se demande même ce qu’il faisait là.

-Marvin Collough. Il fallait s’y attendre. Un imbécile pareil se faire tirer dessus avec sa propre marchandise. Ça ne me surprend même pas. Bien que là, on dirait plutôt un interrogatoire musclé. »

L’inspecteur se dirigeaé vers son coéquipier.

« Qui a appelé l’ambulance ? demanda-t-il.

-Mystère, répondit son coéquipier.

-Comment ça ? Les coordonnées et les appels sont toujours enregistrés pourtant.

-C’est vrai généralement mais là, les coordonnés sont absentes. Et l’appel c’est fait au moyen d’un message de localisation d’urgence. C’est à n’y rien comprendre. On aurait voulu laisser aucune trace, on ne s’y serait pas pris autrement.

-On va attendre l’analyse toxycologique. Pour voir si l’amnésie de Collough ne serait pas dû à un de ces produits de lavage de cerveau. »

A quelques dizaines de mêtres de là, un homme habillé sobrement avait tout écouté depuis le début. Il s’éloigna sans attirer l’attention. Comme il était venu. Il rejoignit sa voiture et s’y enferma. Un écran s’alluma sur la face interne du pare-brise. L’écran demeura noir mais une voix se fit entendre.

« Alors ? demanda-t-elle.

-Je crois que la DE est sur le coup, dit l’homme. Ce revendeur d’armes, Collough, il a été retrouvé avec une balle dans chaque genou et la mémoire effacée.

-Alors ces impies sont liés à tout ça.

-Il me reste d’autres voies à explorer. Je réussirais quand même.

-Je n’en doute pas. Que Dieu soit avec toi.

-Et avec vous, finit l’homme avant de couper la communication. »


[1] Section Action Intervention, pour plus de précisions : voir la série « Le Corbeau ».

[2] Section Investigation Recherche Interrogatoire Analyse, les « experts » des Chasseurs.

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