Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets

CHAPITRE VI : CAMMY DUGGER

Ariana savait qu’Alex ne l’appellerait pas. Il ne voulait pas encore comprendre qu’elle et lui faisait équipe. Elle avait beau se dire que pour le moment elle devait profiter de ses vacances en famille avec Sarah, elle ne pouvait pas se retirer les images de désolation de Diagon Alley. Le Ministre de la Magie avait fait part de sa profonde tristesse et un hommage serait rendu aux victimes de cet « accident » la nuit de Noël. Mais pour Ariana, rendre hommage aux victimes passaient par la découverte de ce qu’il s’était vraiment passé et arrêter les coupables.

Ariana confia Sarah à Heather en disant avoir plein d’anciens camarades d’Hogwart à voir depuis le temps qu’elle était en Suisse. Dés qu’elle fut hors du domaine Potter, elle appela mentalement Fred.

« Ariana, tu devrais profiter de tes vacances, dit-il.

-Justement, je fais ce que je veux durant mes vacances, répliqua-t-elle. Dis-moi où se trouve Alex.

-Il est dans les quartiers nord de Londres. Il recherche une certaine Cammy Dugger, une revendeuse d’armes et de diverses autres choses.

-Ce nom me dit quelque chose.

-Pas étonnant, elle était quatre ans au dessus de toi à Hogwart.

-Je me souviens d’elle maintenant. Elle a été renvoyée durant sa dernière année pour avoir monter un réseau vendant de la poudre de rêve.

-Je vois que déjà à l’époque, elle trempait dans le trafic illégal. Elle fait ça des deux côtés maintenant.

-Et Alex pense qu’elle a quelque chose à voir avec la bombe posée à Diagon Alley ?

-Il a interrogé un revendeur d’armes connu de nos services et celui-ci lui a donné le nom de Dugger. Elle apparait dans nos dossiers mais le nom de Collough arrivait en haut de liste. Il était du genre à vendre assez facilement ses collègues.

-Etait ? Tu veux dire qu’Alex l’a…

-Non, il lui a juste effacé la mémoire pour qu’il l’oublie. Mais je crains qu’il y soit allé un peu fort et qu’il ne puisse plus nous servir de source avant un moment.

-Il ne l’a pas torturé quand même ? questionna Ariana.

-Qu’est-ce qui te fais croire qu’il soit du genre à aller jusque là ? fit Fred.

-Fred, tu connais Alex depuis plus longtemps que moi. Et c’est lui qui m’a appris tout ce que je sais sur ce métier. Je connais sa façon de faire. Lors d’une de ses premières leçons, il m’a dit tout naturellement qu’il ne fallait jamais hésiter.

-Il n’a pas utilisé le Doloris, assura Fred après un temps de silence.

-Ce n’est pas la seule torture existante. Même pour un sorcier.

-Il lui a juste tiré une balle dans chaque genou.

-Je vois. Envois-moi sa position.

-Que veux-tu faire ?

-Essayer de faire en sorte qu’il n’ait pas besoin d’avoir recours à la torture pour faire parler Dugger. »

Cammy Dugger courait. Elle ne comprenait pas pourquoi elle n’arrivait plus à transplaner. Mais une chose était sûre : elle avait peur. Elle s’était méfiée de cet homme qui l’avait abordée comme un simple client dés le départ. Plutôt pas mal mais sa façon de se déplacer était celle d’un professionnel du combat. Sa première pensée fut qu’il devait être un policier de la Brigade de Police Magique. Elle pensa même, au bout de quelques échanges de paroles, qu’il était trop bien pour n’être qu’un simple policier et devait appartenir à l’Unité d’Investigation Spéciale des Aurors. Mais pourquoi ses activités, illicites certes, auraient attirés l’attention des Aurors ? Leur spécialité demeurait la lutte contre la Magie Noire et ses utilisateurs. Avait-elle vendu des produits à des mages noirs ? Elle devait se rendre à l’évidence que c’était possible. Elle n’était pas très regardante sur sa clientèle.

Mais quand elle eut trop de soupçons sur l’identité de cet homme en noir, elle voulut prendre la fuite. Mais elle ne parvenait plus à transplaner. Elle en était réduite à courir. Heureusement pour elle, courir était un de ses points forts. Elle courait depuis toute petite. Même les quelques avantages que lui offraient sa condition de sorcière n’avait jamais retiré le plaisir qu’elle avait à courir. Ce policier ou auror, peu importe, sûrement pas habitué à ça ne pourrait la suivre.

Elle courait dans une ruelle déserte, passant les quelques carrefours sans ralentir. Heureusement, les voitures ne pouvaient s’aventurer ici, c’était trop étroit. Elle approchait d’un nouveau carrefour. Mais elle n’alla pas plus loin et se plia de douleur. Elle ne vit que fugacement le visage neutre de l’homme en noir. Ce dernier était arrivé ici avant elle, elle ignorait comment et l’avait attendue. Et quand elle était passée, il l’intercepta d’un coup de pied à l’estomac. Brutal mais efficace. Mais qui était-il ?

« Tu peux te vanter de m’avoir fait courir, dit-il en la tirant dans un coin discret. Maintenant, comme tu as l’air d’avoir deviné que je ne suis pas là pour t’acheter de la marchandise, tu vas répondre gentiment à mes questions. Et après, tu pourras partir.

-Je ne suis pas une balance, dit-elle avec hargne.

-Et bien tu vas en devenir une. De gré ou de force. Tu ne peux pas transplaner. Avant même de venir jusqu’à toi, j’ai lancé un sort anti-transplanage sur toi.

-Je n’ai rien remarqué, même pas ta baguette.

-Je me débrouille pas trop mal en informulation. Et puis, ma baguette était simplement dans ma poche.

-Quoi qu’il en soit, je ne répondrais pas. Tu ne vas tout de même pas utiliser l’Imperium sur moi, c’est interdit. Et je sais que l’usage de la Légilimancie ou du véritaserum est réglementé pour les interrogatoires.

-Tu as raison. Du moins, ce serait vrai si j’étais un auror ou un policier. Mais je ne suis ni l’un ni l’autre.

-Quoi ? fit-elle avec effroi.

-Ça peut être plus ou moins agréable. A toi de décider. Mais sache que je ne recule devant rien.

-C’est sûr, lança une voix derrière lui. »

Alex jeta une œillade comme pour s’assurer qu’il ne s’était pas trompé en reconnaissant cette voix. Il soupira de lassitude.

« Qu’est-ce que tu viens faire ici ? demanda-t-il. Tu ne veux pas profiter de tes vacances ?

-Si, répondit Ariana. Mais il y a une enquête en cours et on fait équipe, que tu le veuilles ou non. Cammy Dugger, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu.

-Tu la connais ?

-De vu seulement. Elle était au dessus de moi à Hogwart.

-Potter ! s’exclama Dugger. Je me souviens de toi avec tes couettes de fille sage. Un vrai déguisement.

-C’est sûr, vu que je n’ai jamais été sage. Mais comparée à toi, je suis un ange. Bon, tu commençais à l’interroger, n’est-ce pas ?

-Ah oui ! C’est vrai ! s’exclama Alex. Donc, je disais que tu allais parler, quelque soit le moyen que je devrais utiliser. Même si ça ne plait pas à certaine. C’est moi qui commande, finit-il en lançant un dernier regard noir à Ariana. »

Ariana comprit le message mais elle ne comptait pas se laisser impressionner. Dugger devait parler, mais pas à n’importe quel prix.

« As-tu vendu une bombe militaire de type EX13 récemment ? demanda Alex.

-Une EX13, fit Dugger. C’est assez rare. Dur de s’en procurer, dur à refourguer. C’est une bombe de spécialiste.

-Je ne te demande pas son mode d’emploi ou les mille et une façons de la vendre. Je te demande si tu en as vendu. »

Alex avait sorti sa baguette. Ce simple geste inquiéta plus Ariana que Dugger. Ariana ne savait que trop bien de quoi Alex était capable avec une baguette.

« Alors, continua-t-il. J’attends.

-Tu comptes me faire quoi avec ta baguette ? lança Dugger.

-Tu as besoin d’une démonstration à ce que je vois. »

Ariana resta figée sur place. Elle s’attendait à ce qu’il lui fasse mal mais pas de cette façon. Elle avait plutôt pensé au Doloris. Mais pas à ça. Alex avait rendu l’extrémité de sa baguette incandescente et l’avait appuyé sur la joue de Dugger. Elle tenta de résister quelques instants mais elle avait fini par céder et se mit à hurler de douleur alors que sa chair fumait. La baguette d’Alex traça un trait sur sa joue. Quand il cessa, Ariana osa regarder. La brûlure était nette et encore fumante. La douleur persisterait durant des heures. Mais c’était surtout le morale de Dugger qui devait être atteint. Elle garderait une cicatrice durant longtemps, voir tout sa vie.

Ariana se réveilla de ce cauchemar. Elle tira Alex par le bras pour l’obliger à se relever et à lui faire face et le gifla violement.

« T’es complètement malade ! hurla-t-elle. Tu te rends compte de ce que tu fais ! Tu l’as défigurée !

-Et alors ? fit Alex avec un tel calme qu’Ariana voulut lui donner une seconde gifle mais la main d’Alex l’arrêta, la fixant de ses yeux noirs et graves. Onze sorciers et deux gobelins.

-Quoi ?

-Je te rappelle juste le nombre de victimes de cet attentat. Et parmi elles, un garçon de huit ans. Qu’est-ce que tu aurais fait si ça avait été Sarah ?

-Je…

-Ce genre d’acte est parmi les pires qui soient. S’attaquer à des innocents qui n’ont rien demandé à personne, qui n’ont pas choisi de se battre. Des innocents qui avaient tous une famille qui ne comprennent pas pourquoi ils sont morts. Pour quel combat. Pour quelle idéologie. Dans quel but. Si tu peux oublier tout ça et continuer à vivre comme si de rien n’était, j’en suis heureux pour toi. Mais moi, je veux retrouver ceux qui ont fait ça, les faire payer et m’assurer qu’ils ne recommenceront plus. Je me fiche des moyens utilisés.

-Elle… elle n’a pas fait exploser cette bombe.

-Mais elle l’a sûrement vendue. C’est tout comme. Et même si ce n’est pas elle, combien d’armes ayant tuées des innocents, combien de drogues ayant empoisonnées des ignorants a-t-elle vendues ? »

Ariana regardait Alex avec tristesse. Elle devait se rendre à l’évidence que ce qu’il disait était censé. Même si elle n’était pas d’accord avec ses méthodes, le crime commit par ceux qui avaient posé cette bombe demeurait bien plus horrible.

« Ne t’interpose plus, finit-il en la lâchant. »

Alex reprit sa place devant Dugger, la toisant de toute sa hauteur. Dugger n’avait pas bougé. Et pourtant, aucun lien ne la retenait. Mais la seule présence d’Alex suffisait à l’écraser contre le mur où elle était adossée. Ariana devait reconnaître qu’il avait pris l’ascendant sur elle très rapidement. D’une certaine manière, même son intervention lui avait servi. Elle avait démontré qu’il était prêt à tout. Une pensé s’insinua dans l’esprit d’Ariana : y avait-il pensé quand elle était arrivée ?

« As-tu vendu une bombe EX13 ? questionna-t-il.

-Oui, lâcha-t-elle d’une voix vaincue. Il y a trois jours.

-A qui ?

-Je ne sais pas comment il s’appelle. Je ne lui ais pas demandé. Il m’a payé, c’est tout.

-Comment t’a-t-il payé ?

-En or sorcier.

-Pourquoi voulait-il une bombe moldue ?

-Je ne sais pas.

-Où se trouve-t-il ?

-Je ne sais pas.

-Je vais avoir besoin de son signalement précis. Pense à lui, que je n’ai pas à chercher jusqu’au tréfonds de ton esprit. »

Alex pointa sa baguette sur le front de Dugger. La vue de l’artefact la fit frémir d’effroi. Craignant ce qu’il pourrait lui faire, elle le laissa pénétrer son esprit sans aucune résistance. Une fois qu’il trouva l’information qu’il désirait, Alex se désintéressa d’elle et se tourna vers Ariana.

« Fred va avoir du boulot, dit-il simplement avec un sourire comme si tout ce qu’il avait fait durant les minutes précédentes était naturel. Je lui envois une copie mentale de l’image de l’acheteur. Pour le moment, stand by. On ne peut rien faire d’autre qu’attendre. Tu devrais rentrer chez toi. Je te promets qu’on t’appellera dés que nous aurons les éléments qu’il nous faut pour continuer.

-Et elle ? questionna Ariana.

-Je vais lui effacer la mémoire pour qu’elle ne se souvienne pas de nous. »

Alex pointa une dernière fois sa baguette sur Dugger, générant un éclair blanc. Les yeux de Dugger se perdirent dans le vide. Ariana y reconnut les signes d’un sortilège d’amnésie.

« Et son visage ? continua-t-elle.

-Je ne suis pas médicomage, répondit froidement Alex. Et j’en n’ai rien à faire.

-J’ai reçu ton image mentale Alex, dit Fred. La recherche est en cours mais ça risque de prendre du temps. Au fait, une autre lettre de Justin Potter a été interceptée.

-De mon frère ? Une autre ? Comment ça une autre ?

-Il a envoyé une lettre au Ministère suisse pour que Sarah te soi enlevée, expliqua Alex. Elle n’a pas passé nos filtres. Je ne voulais pas t’en parler pour ne pas envenimer les choses. Mais vu que Fred a dit que c’était une nouvelle…

-Désolé, je n’y ais pas pensé, s’excusa Fred.

-Quel espèce d’enfoiré ! s’écria Ariana. Je vais finir par l’étriper.

-Et bien ! Et après tu dis de moi, sourit Alex. Et cette nouvelle lettre Fred ?

-Elle était adressée au Ministère français cette fois-ci, indiqua Fred.

-Laisse-moi deviné : c’est mon nom qui a activé le filtre.

-Tout à fait. Une demande de renseignement pour savoir qui tu es et pourquoi tu te trouves à Londres.

-Je vois. Laissons-le se rendre ridicule. En espérant qu’il n’essaye pas d’aller plus loin.

-Il a demandé à ce que Sarah me soit enlevée, murmura Ariana. Il ne recule devant aucune bassesse. Je vais lui en toucher deux mots en rentrant à la maison.

-Tu es sûre que c’est une bonne idée. Tu…

-Ça ne te regarde pas Alex ! cracha-t-elle. Là, c’est une affaire entre mon frère et moi.

-Comme tu le sens, conclut Alex. »

Alex s’éloigna et transplana. Ariana resta seule à contempler Cammy Dugger encore hébétée sur le sol. Cette vision lui fit oublier un peu sa colère contre Justin et lui rappela ce qui venait de se produire ici, dans cette ruelle.

« Il ne recule devant rien, pensa Ariana.

-Je ne veux pas me faire l’avocat du diable, mais il a raison sur bien des points, dit Fred.

-Je sais. D’une certaine manière j’approuve le fait qu’il soit capable de tout pour résoudre une affaire. Mais je réprouve ce genre de méthode.

-Malheureusement, on ne fait pas toujours ce qu’on veut. Et quoi qu’on en dise, la fin justifie toujours les moyens.

-Je comprends. C’est ça le pire. »