Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets

Chapitre 32 : VII Jamais

2717 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 05:14

CHAPITRE VII : JAMAIS

 

En rentrant au manoir Potter, Ariana se dirigea directement vers son frère. Il n’eut pas le temps de réagir devant les yeux furibonds de sa sœur, elle le prit au col et le plaqua contre la bibliothèque.

« Pour qui tu te prends ? hurla Ariana. Pour qui ?

-Si tu me disais de quoi tu parles, tenta de tempérer Justin.

-De la lettre que tu as envoyé au Ministère suisse pour demander à ce que Sarah me soit enlevée !

-Je t’avais prévenue. »

La réplique ne se fit pas attendre. Ariana le plia d’un coup de genou à l’abdomen. Elle le releva dans la foulée.

« Je t’interdis de m’adresser la parole à partir de maintenant ! continua Ariana. Et ne t’approche plus de Sarah !

-Si tu m’en parles, c’est que tu vas devoir bientôt te séparer d’elle, dit Justin. Je peux changer ça.

-Je suis au courant car la lettre est arrivée sur le bureau de mon patron qui m’a prévenue et qui la détruite.

-Détruite ! Il n’avait pas le droit ! C’était une demande officielle ! Je vais me plaindre !

-Tu ne feras rien ! Je pense sérieusement à adopter Sarah et tu ne pourras rien y faire. Et je te conseille même de ne rien tenté. Sinon, je le saurais et je t’apprendrais à vivre. C’est compris ?

-Si tu m’avais écouté et fais ce que je te disais…

-Tu n’as aucun droit sur ma vie. Comme dises les français, on choisit ses amis mais pas sa famille. Tu es mon frère, je n’ai pas eu le choix. Mais je ne veux plus avoir affaire à toi. Plus jamais ! »

Ariana ne resta pas en présence de Justin plus longtemps et sortit. Charles et Juliet Potter, attirés par les premiers éclats de voix regardaient leur fils. Si Charles demeurait neutre, Juliet n’hésita à venir jusqu’à lui pour le gifler.

« Tu devrais avoir honte, dit-elle simplement avant de sortir. »

Charles resta silencieux à regarder son fils.

« Tu as quelque chose à me dire ? questionna Justin.

-Un ton en dessous, répliqua Charles. Je suis quand même ton père. Tu me déçois beaucoup Justin. Faire ça à ta sœur et à Sarah.

-Je veux juste que notre famille soit la plus grande de l’Angleterre magique.

-Cela n’a jamais été l’ambition de notre famille, c’est juste la tienne. Je ne te soutiendrais plus en rien à partir de maintenant.

-Ton nom me suffit.

-Parce que tu crois que j’ignore une seule de tes actions au Ministère. Je suis au courant de tout. N’oublie pas que j’ai été à l’école et que j’ai travaillé durant quarante ans avec ton chef de département. Fini pour toi les privilèges liés à ton nom. Tu ne peux plus compter que sur toi-même pour monter les échelons de l’administration.

-Je suis déjà chargé de relation internationale.

-Tu n’as gardé cette place que grâce à mon appui, même si tu ne t’en rendais pas compte. Et te connaissant, je pense que tu vas perdre cette place prochainement. Je n’aurais rien à faire. Et je te demande de quitter cette maison dans l’heure.

-Tu me vires moi qui ais tant apporté à cette famille et tu gardes Ariana qui n’a rien fait durant toute sa vie à part t’apporter des problèmes ? A l’école déjà elle a passé plus de temps en colle que Heather, moi et tous nos cousins réunis.

-C’est vrai. Mais elle ne m’a apporté que de la fierté malgré tout. Elle n’a jamais comploter pour arriver à ses fins ni ne s’est servie de sa famille pour ses ambitions. Et elle a accepté de s’occuper d’une petite orpheline. En ça, je suis fier d’elle.

-Je vois, tu as choisi.

-Je n’ai rien choisi. Tu récoltes ce que tu as semé. »

 

Ariana trouva Sarah avec Heather dans la salle de jeux. Sans explication, la jeune femme vint prendre la fillette dans ses bras. Bien qu’attendrie par cette scène, Heather ne pouvait s’empêcher de vouloir comprendre.

« Qu’est-ce qui se passe ? questionna Heather.

-Justin, répondit Ariana. Il a envoyé une lettre en Suisse pour qu’on m’enlève Sarah.

-Quel salaud ! s’exclama Heather. Désolé, fit-elle en souriant à Sarah. »

La fillette n’avait pas écouté Heather. Elle regardait Ariana d’un air inquiet.

« Je ne veux pas, dit Sarah. Je ne veux pas. Je veux rester avec toi. Je ne veux pas partir ailleurs.

-Je ne compte pas te laisser Sarah, rassura Ariana. Jamais.

-Jamais. Je veux jamais partir.

-Et la lettre de Justin ? questionna Heather.

-Mon patron l’a détruite, dit Ariana. Il sait que je ne voudrais jamais être séparée de Sarah.

-Vous avez dit toutes les deux « jamais », sourit Heather. J’ai l’impression que la famille s’agrandit. »

Ariana se plongea dans le regard de Sarah. La fillette lui sourit timidement. Elle baissa les yeux une seconde avant de relever la tête.

« Tu veux bien être ma maman ? »

Pour toute réponse, Ariana serra Sarah contre son cœur. Oui elle le voulait. Elle le voulait de tout son cœur.

Ariana resta encore un peu avec Sarah et Heather. Puis elle les laissa, disant qu’elle devait appeler quelqu’un. En sortant de la salle de jeux, elle tomba sur sa mère. Cette dernière prit sa fille dans ses bras.

« Je suis désolée pour Justin, dit Juliet. Je…

-Ce n’est pas ta faute maman, assura Ariana. Ni celle de papa. Il est comme ça c’est tout.

-Donc, tu vas adopter Sarah ?

-Oui. Je ne prends pas cette décision sur un coup de tête. J’y ai beaucoup réfléchi ces derniers temps.

-Tu n’as rien à me justifier. Je suis heureuse que cette enfant entre dans notre famille. J’ai enfin une petite-fille. Je ne peux être qu’heureuse. Ton père va être fou de joie.

-Merci maman. »

Ariana s’isola dans sa chambre et activa son TOI en visiophone. Elle appela le bureau d’Hector Guillou et tomba sur sa secrétaire.

« Identification positive, dit la secrétaire. Bonjour agent Potter.

-Bonjour, salua Ariana. Est-ce que je pourrais parler au Patron ? Aucune urgence.

-Attendez un instant, je vais voir s’il peut prendre votre appel. »

Ariana attendit quelques secondes puis ce fut le visage du Patron qui apparut sur l’écran holographique.

« Potter, comment allez-vous ? demanda-t-il.

-Très bien et vous ?

-Ça va. Je suis désolé pour vos vacances. Chaldo m’a prévenu que vous enquêtez avec lui. Vous n’y êtes pas obligée.

-Je dois le faire. Je ne peux pas vous expliquer Patron.

-Je ne vous demande pas de m’expliquer.

-Je n’appelle pas pour ça. J’ai appris pour la lettre de mon frère. Je vous remercie de l’avoir interceptée et détruite.

-Je sais que vous ne voulez pas vous séparer de Sarah.

-C’est justement de ça que je voulais vous parler. J’ai parlé à Sarah de la possibilité de l’adopter l’autre jour et en apprenant ce qu’avait fait Justin, elle m’a dit ne pas vouloir me quitter. Elle veut que je l’adopte. Et je le veux aussi.

-J’ai pensé à cette éventualité, sourit le Patron. J’ai fait préparer les papiers juste après avoir détruit la lettre. Il n’y manque plus que votre signature. Je peux vous les faire envoyer si vous souhaitez conclure cette affaire au plus vite.

-S’il vous plait Patron. Et merci pour tout.

-De rien. Renvoyez-moi les papiers au plus vite s’il vous plait. »

Ariana se sentait plus légère. Et pourtant, elle savait qu’elle venait d’accepter une responsabilité supplémentaire. Un éclair bleu illumina sa chambre une seconde. Sur son lit venait de se matérialiser trois feuillets imprimés. Elle s’en saisit, les mains tremblantes. Elle ne prit même pas le temps de les lire, elle faisait confiance au Patron. Elle n’avait qu’à ajouter la date et à signer plusieurs des pages de chaque feuillet. Elle le fit et s’assura de ne pas en avoir oublié une seule. Elle devait aussi remplir un encadré avec les coordonnées concernant la ou les personnes à qui confier l’enfant en cas de malheur. Ariana mit ses parents et fit apparaître Joshua comme parrain. Elle savait que son ami accepterait cette responsabilité avec plaisir. Pour la marraine, elle n’eut pas à réfléchir et elle inscrivit le nom de sa sœur. Heather en sauterait littéralement de joie.

Elle vérifia une dernière fois que tout était en règle. La secrétaire du Patron passerait sûrement derrière et corrigerait les éventuelles erreurs mais ce n’était pas une raison. Une fois satisfaite, elle renvoya les feuillets en Suisse d’un coup de baguette.

Ariana aurait aimé passer la journée avec Sarah. Mais elle devait partir rejoindre Alex. Elle devait continuer cette enquête. Découvrir pourquoi quelqu’un avait posé une bombe à Diagon Alley. Elle partit pour Londres.

 

Joshua continuait à travailler. Julia se trouvait à la table d’à côté. Ils avaient beaucoup avancé durant les dernières semaines. Ils en étaient rendus à effectuer les premiers tests sur une prothèse de bras. Pour le moment, tout était normal dans les retours de signaux et les simulations de sensations. Restaient à tester la motricité. Pour cela, ils allaient se servir d’un capteur cérébral. La prothèse devait répondre à la moindre pensé avec un temps de réponse aussi court voir plus court que s’il s’agissait d’un bras naturel relié au système nerveux. Julia s’était proposé pour l’expérience.

« Je pense que c’est bon maintenant, les paramètres sont tous dans la courbe prévue, dit Julia. On peut faire le test de motricité.

-Allons-y alors, acquiesça Joshua. »

Julia plaça sur ses tempes une sorte de serre-tête. Un cable reliait cet appareil au bras artificiel. Joshua vérifia une dernière fois les données sur l’écran de contrôle.

« Tout est au vert, affirma-t-il. Tu peux y aller. »

Julia essaya de penser que ce bras artificiel était une partie d’elle-même. Elle pensa à juste bouger les doigts. Durant un long moment rien ne se passa.

« J’essaye de régler le calibrage de sensibilité des circuits, dit Joshua. Continue. »

Julia essaya encore plusieurs minutes et cessa. Elle retira le capteur cérébral avec dépit.

« Qu’est-ce qui n’a pas marché ? questionna-t-elle.

-Les signaux étaient trop faibles pour être transités et agir, expliqua Joshua. Le récepteur a pris ça pour un signal parasite. Il faut diminué la résistance des matériaux de transmissions.

-On se sert déjà du meilleur supraconducteur existant. Je ne vois pas comment on pourrait faire. Surtout qu’il ne faut pas que je force les pensés, il doit réagir comme un bras normal, sans plus de concentration que pour un mouvement naturel. »

Joshua et Julia réfléchirent silencieusement chacun de leur côté en regardant le bras artificiel comme si la solutions allait en surgir.

Joshua étudiait les données recueillies lors du test. Il devait absolument trouver une solution. Sinon, il ne pourrait atteindre l’étape suivante. Il devait bien y avoir une solution. Et soudain, une idée traversa son esprit. Ça pouvait marcher. Il se leva et prit quelques nerfs artificiels non-utilisés. Il se précipita hors du laboratoire sans donner d’explication à Julia. Il la laissa seule à ses réflexions.

Le Patron entra dans le laboratoire où il trouva Julia plongée dans ses pensés en train de regarder le bras inerte.

« Vous êtes seule ? fit-il.

-Oh, Patron, je ne vous avais pas entendu entrer, dit-elle. Vous disiez ?

-Je ne voulais pas vous faire peur. Je disais : vous êtes seule ?

-Joshua est sorti précipitament tout à l’heure. Je ne sais pas pourquoi.

-Je le verrais plus tard alors. J’avais un petit quelque chose à lui dire. »

Le Patron n’eut pas le temps de faire un pas vers la porte que Joshua la passa. Avec une boîte en verre dans la main.

« Je crois que j’ai réussi ! annonça-t-il.

-Réussi quoi ? demanda Julia.

-Attend, vérifions d’abord. Remplaçons un nerf par celui-ci. »

Le Patron resta à l’écart, jugeant qu’il ne fallait pas déranger les deux scientifiques mais il continua à les observer. Ils changèrent le nerf commandant la flexion de l’index. Julia coiffa de nouveau le capteur cérébral. Elle pensa à remuer l’index. Et cette fois-ci, ce fut une réussite. Elle le refit plusieurs fois pour être sûr.

« Ça marche ! s’écria-t-elle. Ça marche ! Comment as-tu fait ?

-Je me suis juste rappelé d’une chose : notre science c’est la technomagie. Alors je me suis demandé s’il n’y avait pas un moyen magique pour améliorer la conductivité. Et effectivement, il existe une potion qui permet d’améliorer les capacités conductrices de n’importe quel matériau : la potion porte-courant. Je me suis rendu au laboratoire de potions où j’ai pu distiller ma préparation et y tremper ce nerf. Les tests que j’ai fait ensuite étaient encourageants mais il fallait voir en utilisation réelle. Mais il faudrait trouver un moyen pour que le traitement soit définitif. Je crains que le trempage ne permette qu’un effet temporaire.

-Tu es formidable ! félicita Julia. On a fait un grand pas en avant aujourd’hui grâce à toi.

-Je me joins à elle pour vous féliciter Ollivander, dit le Patron.

-Patron ! Je ne vous avais pas vu.

-J’y suis habitué, sourit-il. Et puis, je ne voulais pas vous déranger. Je suis venu vous voir.

-Pourquoi ? questionna Joshua.

-Potter a décidé d’adopter Sarah.

-Oah !

-Et elle vous a désigné comme parrain de la jeune fille. J’ai pensé qu’il valait mieux vous prévenir.

-Ariana savait que j’accepterais. Mais j’aurais cru que vous lui auriez laissée m’en parler.

-J’ai surtout pensé que vous aimeriez acheter un cadeau de Noël pour votre filleule.

-Je comprends. Vous pensez vraiment à tout.

-J’ai une filleule moi aussi, expliqua le Patron.

-Mais au risque de vous décevoir, j’avais déjà acheté un cadeau pour Sarah.

-J’aurais dû y penser il est vrai. Désolé. Et bien, je vous laisse. »

Julia se tourna vers Joshua.

« Félicitations, fit-elle. Tu es content d’être parrain j’espère ?

-Bien sûr, sourit Joshua. Cette histoire de cadeau me rappelle que Noël approche.

-On devrait peut-être s’arrêter là et reprendre le vingt-six.

-Nous ne sommes que le vingt-deux. Je pensais rentrer en Angleterre que le vingt-quatre. Et je sais que tu ne t’arrêteras pas de travailler. Donc je reste jusqu’à demain.

-Merci. Mais pour aujourd’hui, je pense que ça ira.

-Oui. Surtout que j’ai rendez-vous.

-Oh ! Avec Mei-Ling ?

-Juste une sortie ciné. Rien d’autre. Ne va pas croire des choses.

-Ce n’est pas mon genre, sourit Julia d’un air suspicieux. Mais ce matin, à la caféteria, j’étais assise à la table derrière elle. Et j’ai cru comprendre qu’elle avait acheté une belle robe pour la soirée du réveillon qu’elle passe avec un certain chercheur en technomagie et sa famille.

-Ah, rougit Joshua. C’est juste que… qu’elle était seule pour le réveillon donc je lui ai proposé de venir.

-Et pour la Saint-Sylvestre ? Qu’est-ce qui est prévu ? Dîner en tête à tête ?

-Euh… il faut que j’y aille.

-Je crois que j’ai touché juste, rit Julia. »

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