Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets

Chapitre 36 : XI Ramus Owali

2750 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 02:14

CHAPITRE XI : RAMUS OWALI

 

Alex réfléchit quelques instants. Christianus s’approcha de lui.

« Qu’as-tu à me dire sur cette affaire ? demanda-t-il. Tu as l’air de savoir à qui on a affaire.

-Nous nous sommes déjà croisés il y a quelques temps, confirma Alex. Je n’ai pas le temps de tout t’expliquer.

-Ça concerne les Seigneurs de l’Oubli ?

-Que tu sois au courant de l’existence des Seigneurs de l’Oubli ne me surprend pas. Je vois que finalement, je n’aurais pas à tout t’expliquer. Nous ignorons quel lien réel existe entre ces sorciers et les Seigneurs. C’est pour le découvrir que nous sommes ici. A l’origine, je pensais découvrir une de leurs planques. Je ne comprends pas pourquoi nous sommes arrivés à cette cité mais quelque soit le but poursuivit par ce groupe de sorciers blancs, c’est ici que ça se passe. Ces gens ne sont que des victimes innocentes. Et mon boulot c’est de faire en sorte que l’ennemi n’atteigne pas son objectif et de protéger les civils.

-Si ces gens sont réellement innocents, tu peux compter sur mon concours, assura Christianus. Ma mission est d’évaluer le risque que représente les Sorciers pour l’Humanité. Et en particulier ce groupe en ce moment.

-Alors commençons, dit Alex. Inutile de les chercher à l’aveugle. Nous devons découvrir leur but.

-Ils sont peut-être venu massacrer les habitants de la Cité des Ténèbres, avança Ariana.

-Je ne pense pas, contredit Alex. Ils seraient venus plus nombreux. Un groupe aussi réduit implique qu’ils ont un objectif précis demandant de la discrétion. Nos analystes ont eu une théorie intéressante. On sait que les Seigneurs ont recherché les sorciers possédant de grandes connaissances en Magie ou en fabrication d’artefacts magiques, et également des connaissances sur papier. Si on considère que les Seigneurs et les sorciers blancs sont alliés, on peut imaginer que ces derniers agissent pour leur compte avec un objectif de cet ordre. Ce qui implique qu’il y ait ici une source de connaissances ou quelqu’un possédant des connaissances intéressants nos ennemis. Reste à savoir qui ou quoi ? »

Alex se tourna vers la foule qui ne décolérait pas. Il sortit sa baguette et la pointa en l’air. Une détonation fit taire tout le monde.

« Nous allons nous occuper de ces « visiteurs », annonça Alex. Pour votre sécurité, je vous suggère de rentrer chez vous et d’y rester jusqu’à nouvel ordre. »

Les membres du Triumvirat se consultèrent un instant. Ils semblèrent d’accord avec cette idée et donnèrent des ordres en ce sens. La population se dispersa rapidement. Alex s’adressa au Triumvirat.

« Nous allons avoir besoin de vous pour plusieurs choses, dit Alex.

-Rien ne nous prouve que vous n’êtes pas de mèche avec eux, dit le plus ancien.

-Nous ne pouvons rien vous prouver. Nous allons tout de même nous en occuper, avec ou sans votre aide.

-Que voulez-vous ?

-Votre garde déjà, placez-la sous notre commandement. Il en va de la sécurité de votre population. Ensuite, dîtes-nous, sans rien nous cacher : avez-vous une source de connaissance ici ? Une bibliothèque ou autre chose ? Quelqu’un possédant des connaissances en Magie exceptionnelles ? »

L’ancien se tourna vers ses collègues. Ces derniers réfléchirent mais tous eurent le même mouvement de négation de la tête. Alex se demandait ce que pouvait chercher l’ennemi.

« Et un objet ? questionna Ariana. Un artefact magique unique ? Vous avez ça ? »

Les membres du Triumvirat blêmirent. Ils se consultèrent encore. Et la mort dans l’âme, l’ancien se tourna vers les trois agents.

« Il existe une légende qui parle d’un objet sacré caché ici, raconta-t-il. Nous ignorons si c’est vrai ou pas. Seuls nous trois sommes au courant de cette légende.

-Quel genre d’objet est-ce ? questionna Alex.

-La légende date des premiers habitants de cette cité. Ceux qui vivaient ici bien avant le 20ème siècle. Les réfugiés ayant fui la surface durant la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Sorcière contre le mage noir Voldemort n’étaient pas les premiers à s’installer ici. Lorsqu’ils arrivèrent, ils découvrirent des vestiges des premiers occupants de cet endroit. Les traces dataient vraisemblablement du Moyen-âge, voir d’encore plus loin dans l’histoire. Ils découvrirent une sorte de crypte décorée de symboles où reposaient un objet étrange, à la fois attirant et effrayant. Selon la légende, il était nimbé d’une certaine luminescence. Un homme l’aurait touché, il est tombé mort foudroyé. Alors ils condamnèrent la crypte. Et pour empêcher le Mal d’envahir la cité qu’il construisait, ils firent bâtir un rempart spirituel au dessus. Nous n’en savons pas plus.

-Où se trouve cette crypte ?

-Nous l’ignorons. Je vous ais dit tout ce que nous savions.

-Bien, allez-vous cacher. Et emmenez Potter avec vous, ordonna Alex en désignant Justin. Je ne le veux pas dans nos pattes. »

Justin fusilla Alex du regard et suivit les membres du Triumvirat à l’intérieur. Alex se tourna vers Ariana et Christianus.

« Tu penses que cette légende est fondée ? questionna Ariana.

-Sois plus attentive à tes sensations, dit Alex. Tu n’as rien remarqué.

-Non, je ne crois pas.

-Essaye de transplaner à quelques mètres. »

Ariana ne comprenait pas mais s’exécuta. Elle resta sur place sans parvenir à effectuer le moindre déplacement par transplanage.

« Un champ anti-transplanage ! s’exclama-t-elle.

-Tu devrais sentir une espèce de gêne, c’est ça, expliqua Alex. Toute la cave où se trouve cette cité est bloquée.

-Tu ne penses pas qu’il s’agisse juste d’un brouillage magique comme à Ziling Tso ou dans le Triangle des Bermudes ?

-Trop restreint. Ce genre de brouillage, quand il est naturel, est beaucoup plus étendu. Il y a un brouillage mais il n’est pas d’origine naturelle. Il y a une source d’énergie magique intense ici. Si c’est cet objet la source, c’est sûrement lui l’objectif des sorciers blancs.

-Que faisons-nous alors ? interrogea Ariana. On cherche cet objet ?

-Il faut le trouver avant eux, acquiesça Alex. Mais également les trouver et les arrêter.

-Nous sommes trop peu nombreux pour se diviser ainsi. Il nous faudrait l’UA.

-Ils mettraient trop de temps à arriver mais ils pourront au moins les empêcher de s’enfuir. Fred, tu as suivi ?

-Erius est déjà en train de se préparer, annonça Fred. Délais cinq minutes avant départ.

-Christianus et moi allons les intercepter, continua Alex. Ariana, toi tu recherches cette crypte. Les premiers habitants doivent bien avoir laissé un indice quelque part.

-Je vais faire le maximum, confirma Ariana. »

Alex commença à s’éloigner avec Christianus.

« Alex, arrêta Ariana. »

Le français se tourna vers elle.

« Sois prudent, dit-elle. »

Il sourit de son habituel sourire cynique. Ariana s’attendait à l’entendre lâcher une de ces répliques à l’humour étrange.

« Tu me connais, je suis tellement invivable que même la Mort refusera de me prendre chez elle, fit-il. On se revoit tout à l’heure. »

Alex repartit. Christianus lança un dernier regard vers Ariana et constata qu’elle les regardait s’éloigner.

« Cette jeune femme à l’air de tenir à toi, dit Christianus.

-Tu te trompes, contredit Alex. Je ne suis rien de plus qu’un collègue et un formateur pour elle. Elle me hait plus qu’elle ne m’apprécie. Et personnellement, je préfère que ça reste comme ça.

-Pourquoi ?

-Comme si tu n’étais pas au courant. Je ne fais qu’apporter le malheur aux gens à qui je m’attache. Je ne veux pas qu’il arrive la même chose à Ariana.

-Alors d’une certaine manière, tu tiens à elle et essaye de la préserver en faisant en sorte qu’elle ne s’attache pas à toi.

-Tu commences à me les briser. Entre Ariana et moi, il n’y a rien de plus qu’une relation professionnelle et il n’y aura jamais rien de plus. Je ne peux plus espérer autre chose de toute façon. Je ne peux qu’être seul.

-L’Être Humain n’est pas fait pour être seul.

-Tu veux qu’on fasse le pari ? questionna Alex.

-Je crois que nous avons autre chose à faire pour l’heure, fit Christianus en s’arrêtant. »

Devant eux, débouchant d’une ruelle perpendiculaire, le groupe ennemi apparut. En repérant les deux hommes, les ennemis pointèrent sur eux leurs baguettes et allaient lancer une volée de maléfices quand une voix autoritaire se fit entendre.

« Ne tirez pas. Je savais qu’on se reverrait, Alex. Noah m’a dit t’avoir croisé il y a peu sur Mars.

-Cette voix… fit Alex. Je sais maintenant pourquoi je n’ai jamais cru à ta mort, Ramus. »

Un des ennemis s’avança et retira son casque. Il était noir, visiblement natif d’Afrique d’après l’ébène de son teint. Ses cheveux courts crépus étaient tranchés par une impressionnante cicatrice allant de l’arrière du crâne au front.

« Ramus ! s’exclama Christianus. Ramus Owali ! Il est censé être mort il y a des années.

-Qui est-ce ? questionna Ramus. Un nouveau de la DE ?

-Je suis du Vatican.

-Oh ! L’Inquisition, n’est-ce pas ? Ne répondez pas. La plupart des agents de l’Inquisition ignorent pour qui ils travaillent. Je ne suis pas étonné de ne pas t’avoir surpris par ma survie. Qui pourrait surprendre un Chaldo ?

-Pourquoi n’es-tu pas revenu Ramus ? interrogea Alex. Tu étais un des meilleurs.

-Un des meilleurs du DIS c’est vrai. Mais toujours derrière ton frère et toi. J’ai appris ce qu’il lui était arrivé d’ailleurs. Désolé, mais c’est la guerre qui veut ça.

-Nous ne sommes pas en guerre.

-Pas encore, fit Ramus. J’ai survécu. J’ai été sauvé et j’ai embrassé une autre cause. Celle qui donnera à notre peuple toute la grandeur et la prospérité qu’il aurait dû toujours avoir. Mais pour cela, il faudra faire quelques sacrifices, il est vrai.

-Quelques sacrifices ?

-Je suis sûr que tu peux comprendre. Il y aura bientôt une guerre entre des créatures qui n’ont jamais été vaincues et l’Humanité. Mais une partie de l’Humanité peut survivre et même prospérer. Les Sorciers. Pour cela, nous devons nous allier à ces créatures.

-Créatures ? Tu parles des Seigneurs de l’Oubli ?

-Oui, répondit Ramus. Les Seigneurs seront de nouveau les maîtres du système solaire. Les êtres humains se doivent d’être leurs serviteurs et leur nourriture. Vivre ou disparaître, voilà le choix qui s’offre à nous.

-Tu veux dire, soit on se range du côté des Seigneurs et ils nous laissent vivre en tant qu’esclave, soit on refuse et ils nous dévorent.

-Pas exactement, ils ne se nourrissent que de nos esprits, de nos souvenirs. D’où le terme disparaître. Mais grâce à nous, une partie pourra continuer à vivre normalement. Le seul prix à payer : notre allégeance.

-Je vois. Je comprends ta proposition, assura Alex. Elle est intéressante. Sacrifier une partie de la population, enfin, presque toute la population humaine pour assurer la survie de la mémoire d’une partie, c’est un calcul intéressant. Je voudrais savoir, on doit s’attendre à quel pourcentage de perte ? Quatre-vingt dix ? Quatre-vingt quinze pourcent ? Juste pour savoir si je dois aller faire mes adieux à ma famille et à mes peu nombreux amis avant. Et aussi jeter au clou tout ce en quoi je crois. C’est que j’aurais des dispositions à prendre avant de me joindre à un groupe d’illuminés souhaitant la fin de l’Humanité.

-Toujours aussi cynique à ce que je vois, cracha Ramus. Avant ça me faisait marrer. Je t’ai toujours apprécié et j’ai été même d’accord avec toi quand tu parlais d’un seul monde où Sorciers, Créatures Magiques et Moldus vivraient ensemble. Mais tu es un utopiste. Je m’en suis rendu compte en frôlant la mort pour cette cause. L’Humanité ne sera jamais unie comme tu en rêves. De toute façon, tu en auras la preuve bientôt. Car l’Humanité ne pourra jamais faire face à la menace des Seigneurs. Elle est trop divisée et perdra son identité en venant les nourrir.

-Quand compte-t-il attaquer ? demanda Alex.

-Bientôt. Quand ils seront prêts. Mais tu ne les verras pas attaquer, car je sens que tu mourras avant. »

Alex garda le silence. Il fixait Ramus d’un regard neutre et sombre. Un léger sourire se dessina au coin de sa bouche.

« Tu dois bien te douter que ce genre de menace ne me fait pas peur, dit Alex. La mort ne me fait pas peur. Elle arrivera forcément un jour et je lui ferai face.

-Les Chaldo, soupira Ramus. Je vous ais côtoyés si longtemps, ton père avant toi. Ton frère, ta sœur, toi. Tous, vous avez un point commun au-delà de cette puissance magique dont votre famille est dotée depuis quatre siècles. Vous êtes têtus et idéalistes. C’est pourquoi tant des vôtres sont morts violement par le passé et pourquoi vous disparaîtrez avec le reste de cette Humanité que vous cherchez tant à protéger.

-Si tu arrêtais de palabrer pour ne rien dire, coupa Alex. Tu ne cherches qu’à gagner du temps. Tu crois que je ne l’ai pas compris. La description que j’ai eu de l’ennemi est celle de ce Noah que tu as nommé tout à l’heure. Celui que j’ai croisé sur Mars. Où est-il ?

-Toujours aussi perspicace. Il cherche quelque chose. Et j’ai bien peur que le chemin menant à cet objet ne le force à tuer quelques uns des habitants de cette cité. Voir ta nouvelle coéquipière. Elle n’est pas là, donc je pense que tu lui as demandé de retrouver la relique cachée ici. Ils vont sûrement se croiser. Et elle ne fera certainement pas le poids face à Noah. Il est légèrement psychotique.

-Alex, rejoints-la, fit Christianus. Je m’occupe d’eux.

-Quel sacrifice de la part d’un agent du Vatican ! ironisa Ramus. Mais je ne compte pas vous laisser partir, aucun de vous deux. Vous allez mourir ici et maintenant. A l’attaque. »

Les soldats ennemis se mirent en mouvement et se placèrent en arc-de-cercle devant Alex et Christianus. L’agent du Vatican sortit une arme de poing, il vérifia la chambre d’un geste précis et mainte fois répété.

« Christianus, appela Alex en sortant sa baguette. Laisse-moi Ramus. Tu n’es pas de taille contre lui.

-Es-tu sûr de l’être toi ? questionna Christianus. Ça fait des années que tu ne l’as pas vu, il est peut-être devenu plus fort.

-Raison de plus.

-Et Potter ?

-Elle va devoir se débrouiller seule. »

Alex fit quelques pas en direction de Ramus. L’un des hommes de ce dernier voulut s’interposer mais son chef lui intima l’ordre de s’écarter.

« Je me réjouis d’avance de me battre en duel contre toi, dit Ramus. J’ai toujours voulu savoir lequel de nous deux était le plus fort en combat à mort. Mais avant, nous étions dans le même camp. Maintenant tout est différent.

-Oui, acquiesça Alex. Tu sais dans quel camp je suis, tu en connais le nom. Et moi, si je sais que tu es un ennemi, j’ignore le nom de ton camp.

-Tout ce que j’ai dit et que je dirais sera tout de suite entendu par Fred, j’en suis conscient. Mais connaître notre nom ne changera rien au destin de l’Humanité. Nous sommes la Secte du Serpent Blanc. Maintenant vous savez. Battons-nous, Alex. »

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