Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets
CHAPITRE II : ARRIVEE AU MEXIQUE
Après le briefing, Ariana vint à la rencontre de la jeune ange qui accompagnait Hermoni. Ce dernier s’approcha du Patron pour échanger quelques mots avec lui.
« Bonjour Irael, fit Ariana. Tu es chargée de la protection du seigneur Hermoni en ce moment ?
-Vu que c’est moi qui commande l’équipe qui protège les seigneurs Abbadona et Hermoni, je peux choisir de suivre qui je veux, répondit Irael. Quand le seigneur Hermoni m’a dit qu’il venait ici, j’ai décidé de venir. Je pensais bien te voir. Tu as l’air de t’être remise de la mort de ton ami.
-J’y pense encore. Mais ça ne doit pas m’empêcher d’avancer. Il n’aurait pas aimé ça. J’ai un rôle à jouer. Et comment va Satan ?
-Il est toujours sur Mars. Il briefe les armées des états martiens indépendants pour qu’ils se préparent à contrer les Daemons s’ils en viennent à attaquer Mars. Si cette piste vous amène à savoir ce qui est arrivé au seigneur Lucifel, le seigneur Hermoni va sûrement le contacter.
-Et comment va Jariel ? Il se plait sur Terre ?
-Il trouve la planète magnifique mais a toujours quelque chose à dire sur les Humains et ce qu’ils en ont fait. D’autant plus qu’il s’agit aussi de notre planète d’origine.
-L’Humanité est loin d’être parfaite. Mais à ce que j’ai pu voir, les Anges non plus.
-Il s’en rendra compte. J’espère. Je dois y aller. A bientôt, finit Irael. »
Avant d’aller préparer son équipement pour le départ, Ariana se rendit au département scientifique. Elle demanda à Joshua de bien vouloir s’occuper de Sarah en son absence.
« Elle va venir chez moi le temps de ta mission, assura Joshua. Elle va être triste de ne pas te voir. Mais la dernière fois, elle a adoré la nourriture chinoise préparée par Mei-Lin.
-Donc je ne m’en fais pas, dit Ariana. Je sais qu’elle est en de bonnes mains avec vous deux. A bientôt.
-Sois prudente.
-Comme toujours. »
Ariana réunit l’équipement nécessaire pour la mission. Elle allait devoir faire plusieurs jours en jungle et prépara son sac en conséquence. Elle n’oublia pas sa ceinture opérationnelle ou se trouvaient un logement pour sa seconde baguette et plusieurs gadgets utiles pour les situations d’urgence. Une boite noire dans son casier attira son attention. Elle l’ouvrit. Elle contenait un pistolet Beretta 217 de couleur noire, un holster et plusieurs chargeurs.
Ariana se souvenait du jour où Alex lui avait donnée cette arme. C’était juste avant leur départ pour leur dernière mission sur Mars. Elle n’avait même pas eu l’occasion de s’en servir depuis. Elle n’avait pas tiré un coup de feu durant la mission et elle s’était entrainée avec d’autres armes au pas de tir. Deux semaines étaient passées depuis sa mort. Elle sentit ses yeux la brûler. Ce n’était pas le moment de se remettre à pleurer. Elle prit l’arme et s’en équipa.
Ariana finit sa préparation et, sac à dos, sortit des vestiaires. Elle n’avait pas fait dix mètres qu’une voix l’interpela.
« Ariana. »
Elle se retourna pour découvrir un homme plutôt grand, le crâne rasé. Elle ne l’avait pas revu depuis son départ pour Mars. D’une certaine manière, elle l’avait évité.
« Bonjour Jeremy, fit-elle. Tu as l’air d’aller bien.
-Ça va, répondit-il. Toi aussi, il semble. »
Un silence gêné s’installa quelques secondes. Ariana allait lui dire qu’elle devait partir mais Jeremy la devança.
« J’ai appris pour ton coéquipier, dit-il. Je suis désolé.
-Merci, fit-elle.
-C’est pour ça que je ne t’ai pas appelé. J’ai pensé qu’il fallait te laisser tranquille quelques temps. Tu as l’air d’aller bien maintenant. Tu pars en mission ? Appelle-moi quand tu reviens.
-Jeremy. Alex était mon mentor et mon coéquipier. Mais au moment de sa mort, j’ai compris qu’il était plus.
-Tu veux dire un ami. Je comprends.
-Non, tu ne comprends pas. Il était bien plus et je ne m’en suis rendue compte que trop tard. Je suis… j’étais…
-Je vois, coupa Jeremy. Je comprends.
-Je suis désolée, s’excusa Ariana.
-Tu n’as pas à l’être. C’est comme ça. Bonne chance pour ta mission. »
Jeremy commença à s’éloigner mais s’arrêta.
« Mais appelle-moi quand même quand tu rentres, dit-il. Ça me ferait plaisir qu’on aille déjeuner ou dîner ensemble. En ami.
-Avec plaisir, sourit Ariana. »
Ariana rejoignit Anthony devant la salle de départ des portoloins. Son chef d’équipe était en pleine discussion avec le chef de l’unité d’action de la DE, le vampire Erius Sornas. De son habituel sourire tranchant, le vampire accueillit Ariana.
« Salut Ariana, tu vas bien ?
-Tout le monde me pose la question comme si j’étais à deux doigts m’effondrer, fit Ariana. Je vais bien chef Sornas. Je vous le jure.
-Bien. Excuse-moi.
-Non, ce n’est rien. J’ais encore des moments de faiblesse où je pense à Alex. Mais là, je dois avant tout penser à la mission.
-J’étais surtout venu pour ça à l’origine, informa Erius.
-Erius a mis deux groupes à notre disposition, précisa Anthony. Ils sont en attentes sur une base aérienne mexicaine.
-Je vais d’ailleurs profiter de votre portoloin pour les rejoindre, finit Erius. »
Erius revêtit sa tenue d’intervention. Contrairement à celles prévues pour les humains, elle était totalement étanche aux rayons solaires pour lui permettre d’agir même en pleine journée. Un entrepôt entier avait été mis à la disposition des hommes de la DE. Les militaires mexicains avaient interdiction de s’en approcher. Les deux chefs de groupe vinrent accueillir Erius. Ce dernier se tourna une dernière fois vers les deux agents du département Investigation Spéciale.
« Ne tardez pas à nous appeler, dit-il. J’ai un mauvais pressentiment sur cette mission.
-Je ne suis pas du genre tête brûlée, tu me connais, fit Tony.
-Ouais. A plus tard. Je vais suivre votre mission sur le terminal.
-Agent Chaldo, voici votre portoloin, fit un agent de la DE en lui tendant une boite noire.
-Merci, dit Tony. On y va. »
Ariana s’approcha de Tony qui déposa la boite sur le sol. Il l’ouvrit, dévoilant une simple feuille de papier. Ce genre de portoloin était très utilisé par la DE car léger et facilement destructible. De plus, après usage, ils se désagrègent très rapidement et ne polluent pas. Tony s’accroupit devant la boite, imité par Ariana. Elle attendait son signal.
« A trois, dit-il. Un, deux, trois. »
Ils posèrent un doigt sur la feuille en même temps et disparurent. L’agent qui avait apporté la boite la referma et la récupéra.
Quelque chose n’allait pas. Le temps de transport en portoloin était équivalent à celui en transplanage et ne dépassait jamais dix secondes pour les voyages les plus longs. Ariana n’avait pas compté, mais elle se rendait compte que le transport durait bien trop longtemps. Elle jeta un coup d’œil à Tony. Son visage demeurait impénétrable mais elle le connaissait maintenant assez pour y déceler que lui aussi ne trouvait pas ça normal. Il y eut un horrible fracas. Ariana et Tony furent secoués fortement. La jeune anglaise eut l’impression de heurter violement quelque chose. Elle grimaça de douleur. Le transport cessa.
Ariana fut durement plaquée au sol. Le souffle coupé, elle mit plusieurs minutes avant de retrouver ses esprits. Par chance, elle n’avait apparemment rien de casser. Elle n’aurait que des ecchymoses et une solide migraine. Elle fit ce qu’elle avait appris. D’abord, faire un tour d’horizon pour se repérer. Elle était à l’orée de la jungle du Yucatan. Un mur naturel vert et noir se dressait devant elle. La jungle était, comme il est souvent dit, impénétrable. Cela rappela à Ariana la semaine d’instruction au Brésil durant son stage commando.
Ariana vérifia ensuite son matériel. Il ne lui manquait rien et rien n’avait été endommagé. Une chance. Elle activa son TOI pour savoir où elle se trouvait précisément. Elle était à dix kilomètres du poste forestier près duquel Tony et elle aurait dû se matérialiser. Elle chercha son coéquipier à l’aide de son TOI. Il n’était pas tombé loin. Elle le rejoignit en vitesse.
Anthony s’était déjà relevé quand Ariana arriva près de lui. Il observait la jungle d’un œil suspicieux.
« Ton TOI m’a transmis ton état de santé, dit Tony. Je savais que tu n’avais rien. J’ai donc commencé à chercher la raison pour laquelle nous n’avons pas atteint notre destination.
-Qu’est-ce que ça donne ? questionna Ariana.
-Le TOI recueille les données et les transmet au département scientifique. On va voir quelles seront leurs premières impressions.
-Ils sont perplexes, dit Fred. Ça ne ressemble pas aux habituelles zones de brouillage magique où les portoloins et le transplanage est inopérant. D’ailleurs, cette zone n’est pas référencée comme tel.
-Ça peut vouloir dire qu’il y a bien un crâne de cristal ici, fit remarquer Ariana, se souvenant du brouillage que générait celui de la Cité des Ténèbres.
-Mais cela n’explique pas pourquoi avant, nous pouvions y transplaner, et que maintenant, nous ne pouvons plus, dit Tony. Et puis, ce serait différent selon les « blouses blanches ».
-Ils disent qu’ils doivent analyser les données, informa Fred. Je pense qu’il y en a pour un moment.
-OK, dit Tony. Le poste forestier n’est qu’à dix bornes. On va marcher et continuer la mission. »
Ils marchèrent durant deux heures sous une chaleur étouffante et lourde. Malgré les sortilèges de rafraichissement, Ariana était en nage. Elle ne rêvait que d’une bonne douche mais savait pertinemment que celle-ci attendrait certainement la fin de la mission. Ils atteignirent finalement le poste forestier où ils furent accueillis par le responsable Augusto Cortigo.
Augusto leur offrit une boisson fraîche en les emmenant dans son bureau, heureusement climatisé, pensa Ariana.
« La jungle est interdite d’accès, dit Augusto. Vous comptiez vous y aventurer sans guide en plus ?
-Nous allons nous y aventurer, que vous le vouliez ou non, contredit Tony. Nous sommes mandatés par le FBI et la Police Fédérale mexicaine pour enquêter sur la disparition des touristes cette semaine. Ils étaient américains, vous le savez.
-Je ne pensais pas que la collaboration américano-mexicaine entre les agences fédérales portait aussi sur ce genre d’affaire.
-Il y a une personne importante parmi les disparus.
-Qui ça ? questionna Augusto.
-Je suis désolé mais je ne peux pas vous révéler cette information. J’ai des ordres.
-Et bien moi aussi, avança Augusto. J’ai ordre de ne laisser personne entrer dans le secteur qui se trouve sous ma responsabilité. »
Tony tendit la main vers Augusto. Un document holographique apparut dans sa main. Le garde-forestier l’examina attentivement.
« Je vais appeler pour vérifier, dit-il.
-Faîtes donc, acquiesça Tony. Mais faîtes vite. Nous n’avons pas de temps à perdre. »
Ariana et Anthony sortirent du bureau. Ariana s’assura que personne ne les écoutait.
« Tu crois que ça va marcher ? demanda-t-elle.
-On a l’habitude de ça, fit Tony. Son appel est dérouté vers nos services qui se chargent de confirmer notre document bidon. Simple et efficace. »
Quelques instants plus tard, Augusto Cortigo sortit de son bureau en affichant un air neutre. Il toisa les deux agents de la DE.
« Je vais vous fournir une escorte, dit-il.
-Non merci señor Cortigo, refusa Tony. Nous sommes des spécialistes de ce genre de mission. Et nous avons ordre de rester discret. Nous nous passerons de votre aide si gentiment proposé. D’ailleurs, vos hommes ont maintenant interdiction d’entrer dans la jungle. Jusqu’à ce que nous partions. Sur ce, adios. »
Ariana n’était pas vraiment rassurée de s’aventurer à deux dans la jungle. Mais il était hors de question de risquer la vie des gardes-forestiers. La jungle se dressait devant eux telle une forteresse naturelle imprenable. Des cris d’animaux divers, singes et oiseaux, se faisaient entendre au loin.
Avant d’y entrer, Anthony appela de nouveau Fred.
« Fred, où en sont les blouses blanches ? questionna-t-il.
-Pas plus loin que tout à l’heure, répondit l’analyste. Ils ne comprennent pas la nature du « mur », comme ils disent, qui se dresse devant vous. Mais vous devriez pouvoir le traverser de manière physique et les communications devraient passer en utilisant le mode wave.
-Tony, ici Erius, interrompit Erius Sornas. Si vous entrez là dedans, avec ce mur, notre délai d’intervention sera trop long. Nous ne pourrons pas passer ce mur en transplanant ou en utilisant des portoloins.
-Je sais Erius, acquiesça Tony. Mais il faut bien y aller. C’est notre mission. C’est notre boulot de prendre des risques.
-Tu dis être moins tête brûlée que ne l’était Alex, mais tu restes un Chaldo malgré tout.
-Je suis déjà mort une fois. Ça me fait encore moins peur qu’avant.
-Toi peut-être. N’oublie pas que tu n’es pas seul.
-Ça ira Erius, intervint Ariana. Tony a raison : c’est notre travail, notre mission. Allons-y Tony.
-Ouais, assez parlé, sourit Tony. On entre dans la jungle. »