Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets

Chapitre 57 : III Rêve Etrange

3175 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 15:47

           CHAPITRE III : RÊVE ETRANGE

 

           Le passage du « mur » se fit sans aucun problème. Ariana ne ressentit rien de particulier. Tony fit un essai de communication, tout allait bien de ce côté-là. Il fallait maintenant atteindre les ruines mayas qui se trouvaient dans ce secteur : seul point caractéristique de la zone. Ces ruines étaient de découverte relativement récente par rapport aux autres sites archéologiques mayas. Elles furent explorées il y a deux siècles et rapidement oubliées, leur apport sur l’Histoire et la connaissance de ce peuple mystérieux étant limité. De plus, la difficulté d’accès décourageait les archéologues. La jungle empêchait toute approche aérienne ou par véhicule terrestre. Seule une longue marche permettait de les atteindre. Une marche qu’effectuait tout de même des groupes de touristes courageux, ou inconscient s’ils ne faisaient pas appel aux services d’un guide.

           La marche s’avéra difficile dés le départ. Il y avait bien un sentier, mais il était entrecoupé d’arbres tombés, de coupures humides et même de véritables fleuves de fourmis rouges énormes. Ils durent plusieurs fois user de magie pour passer ces obstacles imprévus. Ariana pensa un instant, alors qu’elle se rendait compte que la sueur la trempait autant que si elle s’était plongée dans l’eau des coupures humides, qu’ils auraient pu utiliser des balais pour se déplacer plus vite. Mais la raison lui revint vite, en balais, au dessus de cette jungle, ils auraient été bien trop facile à repérer. En marchant discrètement, ils conservaient l’avantage de la surprise. Il fallait qu’ils demeurent prudents.

           Le soir tomba vite. Le soleil couchant était trop faible pour illuminé le chemin des deux agents de la DE. Ils cherchèrent donc un endroit où passer la nuit. Ils s’installèrent en hauteur pour se protéger des prédateurs et passer inaperçus. Ils n’allumèrent aucune lumière qui trahirait leur position. La fraîcheur nocturne tomba rapidement et les vêtements trempés de sueur fit frémir Ariana. D’un coup de baguette, elle se sécha et se réchauffa.

« Je prend le premier tour de garde, dit Tony. Dors. »

           Ariana s’endormit rapidement, cette journée à marcher avait été éprouvante. Aussitôt qu’elle ferma les yeux, elle eut l’impression de basculer, cette impression qui d’habitude réveille en sursaut. Mais elle se laissa tomber, sentant une force irrésistible la tirer dans les ténèbres de ses rêves.

 

           Elle avait l’impression d’être couchée dans un lit bien chaud, un oreiller moelleux supportant délicieusement sa tête. Elle appréciait en un sourire le demi-sommeil dans lequel elle se trouvait. Elle se sentait si bien. Elle n’avait qu’un seul regret, celui d’être seule à apprécier ce matin dans ce lit.

           Elle entendit une porte grincer. Elle n’ouvrit même pas les yeux, se contentant de grogner doucement en suivant le bruit des pas légers de la personne qui osait troubler sa félicité. Les fenêtres laissèrent passer d’un coup les rayons du soleil à peine levé. Ariana tira la couverture au-dessus de sa tête pour s’en protéger en grognant de plus belle.

« Maman, il est l’heure de te lever, dit une voix d’enfant.

-Encore cinq minutes Sarah, gémit Ariana.

-Tu vas être en retard au travail, reprit Sarah.

-‘Veux dormir, soupira Ariana.

-Papa ! appela Sarah, faisant ouvrir les yeux d’un coup à Ariana. Maman ne veut pas se lever. Elle veut faire la grasse mat’.

-Je me demande qui est la plus mature des deux parfois, lança une voix masculine. »

Le cœur d’Ariana fit un bond dans sa poitrine. Elle surgit d’un coup de sous sa couverture en posant les yeux sur la silhouette masculine qui se trouvait dans l’entrebâillement de la porte. Ses yeux, pas encore habitués à la luminosité matinale, ne discernèrent pas le visage. Elle ne devina qu’un sourire légèrement cynique.

           La chambre s’estompa d’un coup. Tout comme cette silhouette et Sarah. Ariana haletait, cherchant des yeux autour d’elle des indices pour savoir où elle se trouvait. Elle vit des arbres, entendit des bruits d’animaux nocturnes, sentit une moiteur particulière dans l’air.

« Ariana, appela une voix près d’elle. »

Elle se tourna vers l’homme qui se trouvait à deux mètres d’elle, perché sur une autre branche. Elle crut un instant qu’il s’agissait de la silhouette de son rêve. Mais non, il était différend. Il n’avait pas le même sourire. D’ailleurs, il ne souriait pas, il semblait plutôt inquiet.

« Ariana, ça va ? demanda-t-il.

-Tony, finit-elle par dire, l’identifiant enfin. Oui je… j’ai fait un rêve un peu bizarre.

-Un cauchemar ?

-Non, juste un rêve bizarre.

-Essaye de te rendormir.

-Je ne crois pas que j’y arriverais. Et puis, c’est bientôt l’heure de mon tour de garde. Je prends le relais.

-Tu es sûre que ça va ? insista Tony.

-Oui, ça doit juste être la chaleur qui me fait un peu délirer. Tout va bien. A ton tour de dormir. »

           Tony n’ajouta rien, il ferma les yeux. Ariana se força à se focaliser sur son environnement. Mais ses pensés revinrent inexorablement vers ce rêve. Elle commençait à en oublier les détails. Un seul demeura plus ou moins clair à son esprit : cette silhouette masculine. Tout de suite, elle se douta de son identité. Et alors que cela faisait des jours qu’elle essayait de réfréner sa peine, tout le chagrin dû à la perte d’Alex lui revint. Pourquoi n’avait-elle pas compris ses propres sentiments plus tôt ? Pourquoi avait-il fallu qu’il meure ? Pourquoi ?

           Elle continua à monter la garde avec sa peine et ses questions. Son esprit était tellement occupé qu’elle ne perçut pas la présence de deux ombres tapies dans les ténèbres, les observant d’un regard rougeoyant.

 

           Julia Chaldo et Joshua Ollivander ne voyaient pas les journées passées depuis l’arrivée de Hermoni sur Terre. Le scientifique des Premiers leur avait fait d’étonnantes révélations sur les origines de l’Humanité, des Sorciers et des autres créatures magiques.

           Les Anges et les Humains se trouvaient être deux branches cousines issues d’un ancêtre commun. Les Anges sont par conséquent l’espèce la plus proche au niveau génétique de l’espèce humaine. D’ailleurs, rien n’empêche un couple mixte d’avoir des enfants. Les générations angéliques nées après la Premières Guerre Solaire opposant les Anges et les Eldars aux Daemons, furent les fruits des amours entre les Premiers et des humaines.

           Mais ce fut surtout le récit de la création des Sorciers qui intéressa les deux membres de la DE. Hermoni parla surtout d’optimisation du potentiel humain. A l’origine, ce qui différenciait l’Homme de l’Ange était la faculté des Anges à utiliser leur flux d’énergie naturelle, ce que les sorciers nommèrent Magie. Hermoni dit que cette Magie était présente dans toute chose, ce à quoi Joshua ne put qu’acquiescer, l’ayant découvert durant son voyage initiatique. Mais si les Anges possèdent un flux puissant et ont appris avec les générations à le maîtriser, les Humains, à quelques rares exceptions près, n’en possèdent qu’un faible nécessaire à la présence de la Vie en eux. Et ce fut ces exceptions auxquelles Hermoni s’intéressa.

           Il étudia le génome de ces humains et découvrit qu’ils étaient encore plus proche des Anges avec une correspondance génétique de 98,85%, là où le reste de l’Humanité n’était qu’à 98,32%. Différence infime au vu des seuls chiffres, mais aux impacts importants. Ces humains plus proches des Anges, démontraient des capacités naturelles accrues par rapport aux autres mais ils étaient extrêmement rares : moins de 0,1% de la population humaine.

           Cette population démontrait des capacités physiques accrues comme une force et une agilité supérieures. Leurs sens étaient également bien plus aiguisés. Tout cela était dû à une manifestation du flux d’énergie indompté. Malgré tout, l’intensité du flux demeurait trop faible pour leur permettre de s’en servir comme le faisait les Anges. Hermoni commença alors ses expériences. Il parvint à intensifier le flux de manière artificielle et l’inscrivit dans le génome, montant le pourcentage à 99,1% de gênes communs avec les Anges. Mais même après ça, ces hommes ne pouvaient effectuer les mêmes prodiges que le peuple ailé. Ils avaient besoin de quelque chose pour canaliser leur énergie et leur permettre de leur donner la forme qu’ils souhaitaient.

           « C’est ce que font nos baguettes, intervint Joshua Ollivander.

-Tout à fait, confirma Hermoni. D’ailleurs, je remarque avec un certain amusement que vos artefacts ressemblent beaucoup à ceux que nous avions fabriqués il y douze milles ans pour vos ancêtres.

-C’étaient des baguettes ?

-Pas en bois, en cristal. Le même cristal sur lequel mon peuple basait sa technologie. Je n’en ais malheureusement pas à vous montrer.

-Et les Dragoniars ? C’est vous aussi qui les avez créés ?

-Non. A vrai dire…Je ne sais pas d’où ils viennent.

-Ils sont certainement apparus après votre départ de la Terre.

-Oui, certainement. »

           Julia dévisagea un instant le vieil ange. Il avait beau avoir plus de douze milles ans, il ne savait pas mentir. Il y avait quelque chose concernant les Dragoniars qu’il ne voulait pas dire. Ou qu’il n’avait pas le droit de dire. Julia s’excusa et laissa Hermoni et Joshua continuer à discuter. Elle se rendit au bureau du Patron qui la reçut immédiatement.

« Que puis-je pour vous Chaldo ? demanda-t-il.

-Je voulais juste vous prévenir, dit-elle. Les Anges nous cachent des choses.

-Ce n’est pas étonnant, j’aurais même été surpris du contraire. Sur quel sujet avez-vous découvert cela ?

-Hermoni a éludé la question de Joshua concernant les origines des Dragoniars, juste après qu’il nous ait parlés de celles des Sorciers.

-Il y aurait donc un secret sur l’origine des Dragoniars, intéressant. Il est vrai que les Dragoniars sont un des peuples dont les origines sont les plus mystérieuses.

-Je suppose que vous aviez fait le même constat à propos d’Abbadona, fit Julia.

-J’ai suivi toutes les rencontres entre Abbadona et la CIMS. Abbadona est meilleur menteur que Hermoni mais il n’en reste pas moins que j’ai pu déceler qu’il souhaitait cacher certaines choses. C’est quelque chose de normal. Regardez notre monde, des états alliés se cachent mutuellement des informations. C’est le jeu de l’espionnage. Les Anges connaissent ce jeu aussi. Continuez à veiller au grain. »

           Julia sortit du bureau du Patron.

« Qu’en pensez-vous ? questionna le Patron.

-Comme vous monsieur Guillou, répondit une voix féminine. Il est normal que les Anges ne nous fassent pas complètement confiance. Mais s’ils veulent survivre à ce que va arriver, ils devront mettre leur vie entre nos mains.

-Vous parlez continuellement par énigme. Je ne sais quasiment rien de vous. Je me demande pourquoi je devrais vous faire confiance.

-Vous avez de l’instinct, je ne peux rien ajouter de plus sur ce sujet.

-Vous qui avez l’air d’en savoir autant sur l’avenir, pourquoi ne dîtes-vous pas clairement ce qui va se passer ? Pourquoi ne nous avez-vous pas prévenu de la mort d’Alexandre Chaldo ?

-Car j’ignore ce qu’il va se passer clairement. Je ne peux pas vous expliquer. Quand à Alexandre Chaldo, il devait mourir, pour Ariana Potter.

-Pourquoi ?

-Je ne sais pas. Il le devait, c’est tout. Au revoir monsieur Guillou. »

 

           Ariana et Anthony continuèrent à marcher dans la forêt. La chaleur et l’humidité rendait l’atmosphère étouffante. Ariana continuait à penser à son rêve. Anthony ne lui avait rien demandé mais elle était sûre qu’il avait remarqué quelque chose, il respectait juste le fait qu’Ariana ne souhaitait pas en parler. Ou alors, quelque chose d’autre l’obnubilait. Ariana remarqua au bout d’un moment qu’il regardait régulièrement sur les côtés de la piste et derrière eux. Avait-il décelé quelque chose d’anormal ?

« Qu’est-ce qu’il y a ? questionna mentalement Ariana.

-Je crois que nous ne sommes pas seuls, répondit Tony.

-Je ne perçois rien.

-C’est quelqu’un du métier, il sait effacer sa présence. Mais c’était sans compter sur mes capacités sensorielles cybermagiques. On va le cueillir. Attend mon signal et pars dans les fourrés sur la droite, on court jusqu’à son niveau et on le neutralise. Dans la mesure du possible, on essaye de le prendre vivant. Il se peut qu’il ait des informations intéressantes pour nous.

-Je suis prête, assura Ariana. »

           Ariana ne porta pas la main à sa baguette, il ne fallait pas alerter leur poursuivant, mais elle était prête à la sortir en un éclair. Elle attendait le signal de Tony. Ce dernier observait les alentours, cherchant la section de piste la plus propice à leur action. Et soudain, il lança un ordre mental à Ariana. Ils se jetèrent chacun d’un côté de la piste. Ariana se saisit de sa baguette durant ce bond. Elle se releva rapidement après avoir brisé sa chute d’une roulade et accourut à travers les fourrés vers l’endroit que lui désignait mentalement Tony. Elle contourna un arbre au tronc épais et baguette en avant, elle se mit à dire d’une voix autoritaire :

« On ne bouge plus ! »

Mais il n’y avait personne à part Tony. Ariana fit un tour d’horizon mais elle ne vit rien.

« Il n’y a personne, dit-elle. On s’est trompé.

-Pas du tout, contredit Tony. Il est là. »

Anthony leva la main au dessus de sa tête. Il lança un éclair de stupéfixion qui vint frapper une branche d’où avait bondi une ombre. L’intrus se réceptionna à quelques mètres d’Ariana. La jeune femme avait suivi son mouvement et pointait sa baguette sur lui, réitérant son injonction à ne pas bouger.

« Je peux ne pas bouger, dit l’intrus. Mais ça dépend.

-De quoi ? questionna Ariana qui se demandait où elle avait déjà entendu cette voix.

-Êtes-vous là pour enquêter sur les disparitions ou en êtes-vous responsables ? »

Ariana ne comprit pas sur le coup. Que voulait-il dire ? Ce fut le ricanement de Tony qui la sortit de sa courte réflexion.

« Je vois que le Vatican n’a pas évolué, dit Anthony. Il faut dire qu’ils ont toujours eu deux milles ans de retard.

-Le Vatican ! s’exclama Ariana qui se souvint d’un coup où elle avait croisé cet homme par le passé. Christianus Féndès !

-Bonjour agent Potter, fit Christianus. Anthony, je vois que tu t’es remis de tes blessures. Pourtant, tu étais donné comme mort. Avec quel démon as-tu pactisé pour rester en vie ?

-Le démon de la technologie marié à celui de la magie.

-Je vois. J’ai appris pour Alexandre. Je vous présente à tous les deux mes condoléances. J’ai prié pour son âme. C’était quelqu’un de… spécial.

-Ce mot le qualifie bien. Je suppose que tu n’es pas ici pour présenter tes condoléances. Tu es là pour les disparitions.

-Il y a quelque chose de démoniaque derrière tout ça. C’est la mission du Vatican de protéger le monde des démons. Je réitère donc ma question : êtes-vous liés à ces disparitions ?

-Nous sommes ici pour découvrir de quoi il retourne. Si tu veux faire la route avec nous jusqu’aux ruines, tu es le bienvenu.

-Je dois en référer à mes supérieurs, dit Christianus.

-Désolé, ce n’est pas possible, Fred brouille déjà tes transmissions.

-De quel droit ? Je suis en mission pour le Vatican.

-Nous sommes en mission pour la sauvegarde du monde sous l’autorité de deux instances internationales bien réelles auxquelles appartiennent environ deux-cents nations réparties dans tous le système solaire. Le Vatican n’est qu’un état parmi tant d’autre, et qui n’appartient même pas à l’ONS.

-Et dieu ?

-Dieu n’est qu’une hypothèse. L’ONS et la CIMS existent bien.

-Je ne suis pas d’accord. Mais si vous êtes là, c’est que ça a un rapport avec les Seigneurs de l’Oubli et la Secte du Serpent Blanc. Il vaut mieux que je reste avec vous. »

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