Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets

Chapitre 64 : X Atlantis

2606 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:28

           CHAPITRE X : ATLANTIS

 

           Fred fit son rapport au Patron. Erius Sornas avait envoyé un ATEF prendre contact en sortant de la zone où toutes communications demeuraient impossible. Erius demandait l’envoi d’un groupe de renfort et rapporta les dernières activités de l’équipe IS. Le Patron jugea judicieux de prévenir Hermoni des dernières évolutions.

« Que pouvez-vous me dire sur Lucifel ? questionna le Patron.

-Il s’est soulevé contre la décision de Jéhovah avec Shemhazai, raconta Hermoni. Il était de l’ordre des Séraphins et se trouvait être l’un des préférés de notre maitre. C’est pourquoi Jéhovah fut très déçu lorsque Lucifel décida de braver son autorité.

-Quelle était son rôle au sein de votre société ?

-Il dirigeait un bataillon de notre armée. Dans votre terminologie, ce serait l’équivalent des forces spéciales. Son frère Satan le secondait. Comme ils prirent tous deux la décision de désobéir à Jéhovah, et qu’ils étaient respectés voir adulés, le bataillon des Ailes Noires rejoignit notre cause presque en totalité. Ils subirent les coups les plus durs de la part des Dæmons, à tel point qu’il ne reste plus que Satan et Lucifel de ce bataillon. Enfin à l’origine, des anges comme Irael ou Jariel ont subi un entrainement analogue de la part de Satan.

-Je vois. Donc Lucifel sera un atout important contre les Seigneurs de l’Oubli.

-C’est un grand guerrier et un excellent tacticien. Après le projet Pandora, il a entraîné les premiers sorciers. Oui, il nous sera plus qu’utile contre les Dæmons. »

 

           Dans la jungle, les Seigneurs de l’Oubli se réunirent. Certains étaient encore marqués par le combat qu’ils venaient de livrer. L’un d’eux fit le compte des pertes. Aucune peine ne se lisait sur son visage blafard. Leur peuple ne ressentait aucune émotion. Ils avaient découvert l’existence de ce type de comportement en arrivant dans cette partie de l’univers. Rapidement, cela leur était apparu comme une faiblesse. Les Humains touchés par une vague d’émotion en oubliaient de se protéger et devenaient des proies faciles.

           Le compteur se rapprocha d’un autre resté à l’écart, le regard perdu en direction de la cité maya. Celui-ci avait le visage marqué d’une horrible brûlure noire, cicatrice d’un combat datant de plusieurs mois.

« Nous avons perdu quinze des nôtres, renseigna le compteur.

-Ce n’était pas une défaite, dit le balafré. Maintenant, ils vont bouger en urgence en pensant moins à leur sécurité. Ils vont se précipiter vers le crâne et nous l’apporter. Passe le mot aux autres : l’homme à l’épée, il est à moi.

-Il n’est pas celui qui t’a marqué. Celui là est mort.

-Je le sais. Mais il payera pour lui.

-Tu as trop vécu en observant les Humains, Yergo. La revanche n’est pas dans notre nature.

-Obéis ! cracha Yergo. C’est tout ce que je te demande. »

Le seigneur eut un rictus mauvais et s’éloigna. Yergo savait qu’il avait raison. Il avait appris la colère et la soif de vengeance. Il devait se débarrasser de ces pensés parasites. Et pour cela, il devait tuer cet humain qui ressemblait trait pour trait à celui qui lui avait infligé cette blessure.

           Seul le sang l’apaiserait.

 

           L’équipe hétéroclite avait marché des heures. Parcourir ces boyaux et salles irrégulières s’avéra laborieux. Pendant ce périple, Lucifel continuait de parler.

« J’ai une question, dit Tony. Pourquoi Jéhovah n’a pas emmené les crânes avec lui en quittant la Terre ?

-J’ignore pourquoi mais il est parti en emportant des copies, expliqua Lucifel. Certains disaient qu’il souhaitait nous laisser une chance de nous en sortir. Il est vrai que sans les crânes, nous ne pouvions plus nous défendre aussi efficacement. Hermoni n’aurait jamais pu mettre le projet Pandora en chantier sans eux aussi.

-Vous avez parlé d’une île tout à l’heure, l’île ou vivait les Anges selon vous, fit Christianus. Peut-on savoir où elle se trouve ?

-Selon vous ! répéta Lucifel. Vous doutez de notre nature ?

-Les Anges sont les messagers de dieu. Les anges rebelles ont défié dieu, pervertis par le mal et les péchés des hommes.

-Jéhovah n’était pas un dieu. Ce n’était qu’un ange. Et je pense qu’il a dirigé notre peuple trop longtemps, il aurait dû abdiquer bien avant la guerre. Il avait totalement oublié nos valeurs. Il s’est détourné des Hommes et les regardait avec mépris, oubliant que nous avions été comme eux des millénaires avant. Mais pour répondre à votre question, notre île se trouvait au centre de l’océan situé à l’est d’ici. Elle avait pour nom : Atlantis.

-Quoi ! s’exclama Ariana. Atlantis ! L’Atlantide !

-Vous connaissez ?

-C’est devenu un mythe, expliqua Tony. Aucunement lié aux légendes sur les Anges mais un mythe qui a inspiré et fait rêver des générations entières depuis des siècles. On raconte que cette île était habitée par un peuple culturellement et scientifiquement très avancé qui fut ravagé par les eaux.

-Après l’explosion dont j’ai été témoin, je peux imaginer qu’Atlantis se soit enfoncée sous les eaux.

-Comment était la vie à Atlantis ? questionna d’une voix timide Irael. »

           Lucifel se tourna vers la jeune ange. Elle appartenait à une génération qui n’avait pas connu Atlantis, comme tous ceux nés après la guerre des amours des Premiers avec des humaines. Irael lui avait déjà un peu parlé de leur vie sur Mars, au Temple. Lucifel avait bien compris que pour que leur espèce survive, elle avait dû se mêler aux Humains. Les purs anges disparaîtraient forcément un jour. Car malgré le prolongement de la vie dont bénéficiaient les Premiers, un jour la mort les rattrapera, c’était inéluctable. Par contre, il trouvait étrange que Satan ou un autre Premier ne lui en ait pas parlé.

« Avant l’arrivée des Dæmons, la vie y était douce et belle, conta Lucifel. Notre peuple prospérait, nos champs et l’océan nous fournissaient tout ce dont nous avions besoin. Nous commercions avec les Eldars et d’autres peuples. Le ciel était notre domaine. Nous pouvions voler où nous voulions. Survoler les étendues glacées des pôles ou celles verdoyantes de l’équateur. Nos cités étaient de pierres de toutes les couleurs. Les rues étaient ouvertes et lumineuses. Notre armée était forte et peu des peuples d’Eden osaient nous défier sur les champs de bataille. Les seules batailles auxquelles nous assistions étaient celles mises en scène au théâtre.

« L’arrivée des Dæmons fut notre première véritable guerre en plus de trois milles ans. Ils sont arrivés dans un immense vaisseau qui s’embrasa en entrant dans l’atmosphère. Ils n’ont même pas cherché à parlementer et ont tout de suite attaqué. En une nuit, nous avons perdu la moitié nord de notre domaine sous un déluge de feu et de haine. Mon bataillon fut parmi les premiers à intervenir. Durant toute la guerre, nous sommes demeurés en première ligne, refusant de reculer. Nous avons fait d’énormes sacrifices durant ce conflit. C’est pourquoi je n’en veux pas à ceux qui ont suivi Jéhovah quand il a décidé de quitter notre planète natale. C’est à Jéhovah que j’en veux d’avoir si lâchement baissé les bras et d’avoir laisser les peuples d’Eden seuls face aux Dæmons. Et pour nous être opposés à cette décision, nous avons été mis au ban de notre société et avons été dénommés sous le terme de « rebelles ». Je dois avouer que Satan et moi en tirions une certaine fierté. Pouvoir se libérer du joug d’une société un peu trop hiérarchisée et anti-individualiste fut une satisfaction.

-Pourtant, vous êtes un militaire, fit remarquer Tony.

-C’est exact, et j’ai juré de massacrer jusqu’au dernier dæmon présent dans ce système. Suivre Jéhovah aurait fait de moi un parjure. »

           Lucifel indiqua qu’ils étaient à mi-chemin et ils décidèrent de faire une pause.

« Jusqu’ici, tout s’est bien passé, dit Ariana.

-Je n’ai pas posé des pièges et des défenses tout le long, dit Lucifel. A partir de maintenant, je reste devant et vous suivez mes instructions à la lettre.

-Qu’avez-vous fait après avoir caché le crâne ? demanda Ariana.

-Quand j’ai eu accompli ma mission, pensant que jamais je ne reverrais les miens, je voulais combattre jusqu’à en mourir. Je n’avais plus rien qui me retenait dans ce monde, mais me suicider était hors de question. Je voulais faire payer aux Dæmons chaque ange mort. Je n’ai pas eu longtemps à chercher. Je suis tombé sur des dæmons en train d’attaquer un village humain.

-Des humains ? Ici il y a douze milles ans ! s’exclama Christianus.

-Encore une erreur des archéologues, souffla Tony. Quoique, les premières traces de peuplement du continent datent de cette époque.

-Pour le nord oui, ils n’étaient pas encore descendus si bas au sud.

-Et bien il semble que vos archéologues se soient trompés, reprit Lucifel. J’ai attaqué sans chercher à édifier une tactique, armé juste de mon trident. J’étais enragé. Je les ais massacrés jusqu’au dernier. Mais à la fin, j’étais encore en vie. Tailladé de partout mais vivant. Les humains m’ont soigné et accueilli. Ils m’ont pris pour un dieu. Au final, je me suis mis à les protéger et à les guider. Ils me donnèrent un nom : Ah Cun Can[1]. Je leur ais appris à se défendre contre les Dæmons. Mais bientôt, on n’en revit plus. Je leur appris donc d’autres choses : à bâtir, à cultiver. Durant plus de onze milles ans, j’ai guidé ce peuple.

-Les Mayas ont disparu il y a un peu plus de milles ans, dit Tony. Que s’est-il passé ? Je leur avais donné mes connaissances. Ils se savaient le peuple humain le plus évolué technologiquement sur cette planète. Ils pouvaient imposer leur volonté au reste de la planète. Je leur avais inculqué à ne pas abuser du pouvoir et ne pas envahir par soif de pouvoir. Beaucoup m’écoutaient toujours. Mais certains ne voulaient plus écouter le dieu que j’étais pour eux. J’ai été obligé d’empêcher ces derniers de se lancer dans une invasion d’Eden. »

           Lucifel s’interrompit, le regard perdu dans le vague, un voile de tristesse sur ses yeux. Personne ne lui demanda de précision, ils avaient tous compris à quelle extrémité il avait dû se résigner.

« Et les autres ? questionna Ariana, brisant le silence.

-Ils ont pris peur, répondit Lucifel. Je ne pouvais pas leur en vouloir. Ils ont quitté cette planète en paix. J’ignore où ils sont allés. Ils sont peut-être perdus à jamais dans le vide. Depuis, je suis resté ici seul. Je devais continuer à protéger le crâne. J’ai vu arriver les espagnols. J’ai observé sans être vu les humains passant dans la région. Je n’osais plus entrer en contact avec eux. Cette cité fut recouverte par la végétation et personne n’y vint. Jusqu’à la redécouverte par des scientifiques. C’est en écoutant certains que j’ai pu apprendre certaines des langues humaines actuelles. Après il y a eu les touristes. A chaque fois, je me cachais pour ne pas être vu. Mais à chaque fois, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il s’agissait peut-être d’humains travaillant pour les Dæmons.

-Ça arrivait à votre époque ? questionna Tony.

-Ils avaient réduit en esclavage une partie de la population et s’en servaient pour toutes sortes de tâches. Y-compris pour la guerre. Ils ont même essayé de nous imiter.

-De quoi parlez-vous ? Du projet Pandora ?

-Oui. Mais sachant qu’ils ne pourraient pas effectuer les manipulations directement sur le génome comme l’a fait Hermoni, ils ont choisi une autre méthode. C’est une forme de fusion. Ils ont fusionné des humains avec une créature possédant un fort potentiel magique. Je crois que ces créatures s’appellent « dragons » dans votre langue. D’une certaine manière, je les trouvais plus abouti que les créations d’Hermoni, eux, n’avaient pas besoin d’artefact pour canaliser leur flux magique. J’ignore ce que sont devenus les humains manipulés après la guerre.

-Ils ont prospéré. Et leurs descendants vivent parmi les populations sorcières depuis.

-Tu penses que ce sont les Dragoniars, dit Ariana.

-Ils vivent encore ! s’exclama Lucifel. Ils représentent un danger. Les Dæmons vont certainement les reprendre sous leur joug.

-Le temps a passé seigneur Lucifel, rappela Tony. Beaucoup de choses ont changé. Comme vous avez pu le voir, les Vampires sont de notre côté maintenant. Les Dragoniars sont des combattants chevronnés avec un code d’honneur exacerbé. Et puis, les purs dragoniars sont rares de nos jours. Ils ont tous du sang sorcier ou moldu dans les veines maintenant. J’ai des cousins dragoniars d’ailleurs. Je peux vous assurer qu’ils seront de notre côté en cas de guerre.

-Oh ça, soyez en sûr. Le retour des Dæmons ne présage rien d’autre que la guerre. J’espère que ce temps passé aura permis de nous donner les moyens de nous débarrasser définitivement de cette menace.

-Si nous pouvons nous débarrasser d’eux sans aller jusqu’à la guerre, ce serait encore mieux, conclut Tony. »

           Lucifel fixait Anthony. Cet homme lui plaisait. C’était un vrai guerrier connaissant et respectant la force et assez sage pour savoir dans quelle mesure s’en servir. Se battre à ses côtés sera un honneur.

« Remettons-nous en route, dit-il. »


[1] Dans la mythologie maya, Ah Cun Can est l’un des multiples dieux de la guerre.

Laisser un commentaire ?