Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets
CHAPITRE XIX : ECHECS
Ariana organisait l’appui. Elle donnait les ordres de tirs aux hommes de l’UA placés en défense ferme. Derrière elle, près de l’ATEF, Christianus assurait la garde du Crâne et d’Irael son arme au poing. Ariana observait aussi toujours les différents combats de Lucifel, Anthony et Erius avec intérêt. Chacun d’eux l’impressionnait. Elle se savait encore loin de ce niveau.
Elle entendit un cri venant de l’autre côté. Un homme annonçait un contact. Ariana se précipita, contournant l’ATEF. Les tirs avaient cessé pendant son déplacement. Elle découvrit avec horreur trois dæmons juchés sur les corps des hommes de l’UA. Son sang ne fit qu’un tour, elle décocha un Avada Kedavra qui ne rencontra malheureusement que du vide car le dæmon ciblé l’évita. Un ennemi en profita pour entrer dans sa garde et la percuta d’un puissant uppercut. Il enchaîna en tendant sa main griffue vers elle. Ariana fut soulevée du sol et passa au dessus de l’aéronef pour atterrir brutalement de l’autre côté, face à un Christianus surpris. Un dæmon monta sur le toit de l’ATEF, les deux autres passant chacun par un côté pour le contourner en éliminant au passage les hommes de l’UA avec une facilité déconcertante.
Christianus aligna ses organes de visé sur un des monstres. Ariana eut à peine le temps de lui crier de faire attention que celui venant par le toit lui tomba dessus, brisant le bras de l’agent du Vatican qui hurla de douleur. Le dæmon saisit Christianus à la gorge. Ariana leva sa baguette mais un autre ennemi lui arracha des mains avant de la broyer. La jeune femme voulut donc lever son pistolet mais le résultat fut le même.
Ariana fut plaqué au sol sans ménagement. Elle put quand même lever les yeux vers celui qui tenait Christianus en son pouvoir, elle reconnut Yergo.
« Vous êtes plus forts qu’avant, dit-il. Mais vous n’êtes toujours que des insectes comparés à nous. Sans les Atlantes, votre civilisation aurait déjà disparu. Vous seriez à votre place, nous servant de nourriture et d’esclave.
-Nous ne disparaîtrons pas sans combattre, cracha Ariana.
-Alors, il y aura la guerre. Une guerre que vous ne pourrez gagner et qui ravagera votre monde. Et à la fin, il nous appartiendra.
-Nous ne sommes pas seuls.
-Tout vos alliés seront détruits.
-Alors commence par moi ! lança Erius en se jetant sur Yergo. »
La rapière d’Erius vint entailler la partie marquée du visage de Yergo. Ce dernier grogna de douleur, il lâcha Christianus, le laissant choir sur le sol. Erius allait enchaîner avec un second coup mais Yergo fut plus rapide, il entra dans la garde du vampire et le sécha d’un coup de coude au creux de l’estomac. Un éclair jaillit des griffes du dæmon et traversa l’abdomen d’Erius, du sang et de la chair se répandit. En silence, Erius s’effondra.
« Les vampires, cracha Yergo. Vous êtes vraiment des opportunistes. Je sais que vous reviendrez de notre côté. Mais je n’ai plus le temps de palabrer. »
Yergo se tourna vers l’ATEF et y entra. Irael, toujours couchée sur la civière, et le médicomage le regardèrent avec effroi. Irael savait qu’elle n’avait aucune chance contre un tel adversaire dans son état actuel. Yergo leur accorda à peine un regard. Il se pencha sur le Crâne et s’en saisit. Sans perdre plus de temps, il ressortit de l’aéronef. Il se jucha sur un muret, leva le Crâne au dessus de sa tête et poussa un cri guttural. Les combats cessèrent une seconde. Et avant que Lucifel et Anthony puissent réagir, les dæmons rejoignirent Yergo.
Yergo eut un sourire vainqueur serti de crocs. Les dæmons s’entourèrent d’une volute noire et s’envolèrent sous les yeux impuissants des agents de la DE et de Lucifel.
Le pouvoir en place empêchant les déplacements magiques et les communications se dissipa aussitôt que les dæmons furent parti. Ariana se précipita sur Erius.
« Erius, fit-elle.
-Ça ira Ariana, grogna le vampire. Ce n’est pas une blessure mortelle pour moi. Je vais juste mettre quelques jours à m’en remettre. Occupe-toi de Christianus. »
Christianus essayait de se redresser. Ariana vint l’aider. Elle examina son bras et appela le médicomage. Ce dernier dit que ce n’était rien de grave et d’un coup de baguette, il ressoudât les os et pansa les plaies. Christianus jeta un regard dans l’ATEF pour constater qu’Irael allait bien. Ils échangèrent un sourire.
« Alors nous avons perdu, dit l’agent du Vatican en se tournant de nouveau vers Ariana.
-Cette fois encore, soupira Ariana en baissant les yeux. Quoi qu’on fasse, ils gagnent. Peut-être que Yergo a raison, nous serons vaincu en cas de guerre.
-Cela ne change rien, nous ferons face, dit Lucifel.
-Oui, vous avez raison, acquiesça Ariana. Nous ferons face. Mais vaincrons-nous ?
-Je l’ignore agent Potter. Je l’ignore. »
Anthony organisa le pont sanitaire avec la base militaire réquisitionnée par la DE. Les blessés furent évacués rapidement. Irael était parmi eux. Les ATEF revinrent après s’occuper des morts. Erius avait refusé d’être évacué, il voulait rester jusqu’au bout près de ses hommes tombés au combat. Il allait écrire à leurs familles, sachant pertinemment qu’il ne pourrait jamais dire la vérité sur la mort de ses hommes courageux. Une injustice mais qui servait à la préservation de leur monde. Peut-être un jour, il pourrait dire la vérité.
Le dernier ATEF allait partir. A son bord se trouvait déjà Ariana, Erius et Christianus. Lucifel embrassait du regard la cité où il avait passé douze millénaires. C’était chez lui. Cette cité en ruine, c’était son foyer. Mais il devait partir. Il se retourna et se dirigea vers l’aéronef. Anthony l’attendait au pied de la rampe d’embarquement. Une fois tout le monde à l’intérieur, la rampe se ferma et l’ATEF décolla.
Le débriefing de la mission au Mexique dura un long moment. Ariana n’arrêtait pas de se demander quand elle pourrait s’en aller, retrouver sa fille qui lui manquait. Fallait-il aussi longtemps pour dire l’essentiel : la mission était un échec.
« Seigneur Lucifel, dit le Patron. Votre peuple a été heureux d’apprendre que vous étiez toujours en vie. Votre frère est actuellement en route pour la Terre.
-Merci, fit Lucifel. Et Irael ? Comment va-t-elle ?
-Hermoni s’occupe d’elle. Il est devenu évident que nos équipes médicales vont devoir se former aux soins sur les Anges. Hermoni a déjà prévu de s’en occuper. Que pensez-vous qu’il se passera ensuite ?
-La guerre devient inévitable. Les Dæmons la souhaitent. J’ai appris que le monde était divisé en deux, le monde magique et le monde non-magique. Cela ne doit pas durer.
-C’est plus compliqué que ça. L’Humanité non magique n’est pas encore prête pour connaître l’existence du monde magique. »
Lucifel n’ajouta rien. Il ignorait encore trop de choses sur le monde tel qu’il était au 25ème siècle. Pour le moment, seul lui importait de retrouver les siens et de préparer la guerre.
Le Patron se tourna ensuite vers Christianus.
« Agent Féndès, l’agent Chaldo et l’agent Potter ont demandé à ce que vous soyez relâché sans qu’aucun sort d’amnésie ne vous soit appliqué. Je vais prendre en compte cette demande. Que comptez-vous faire ?
-Je vais faire mon rapport à Denler, répondit Christianus. Le Vatican doit savoir pour cette menace. De plus, ils doivent comprendre que les Sorciers ne sont pas notre ennemi.
-Denler risque de vous mettre sur la touche.
-J’en suis conscient. Mais je ne peux rester sans rien faire.
-Je comprends. Nous allons vous fournir un moyen de nous contacter au cas où. Je ne saurais que trop vous conseiller de ne pas en parler.
-Cela va de soi. Avant de partir, je souhaiterais rendre visite à Irael si c’est possible.
-Je n’y vois aucun inconvénient. Agent Potter, pouvez-vous le guider. Et vous pourrez rentrer chez vous après. Je pense que vous vous languissez de votre fille.
-Merci Patron, fit Ariana. »
Lucifel leur emboita le pas. Le Patron resta seul avec Anthony Chaldo.
« Cette mission fut lourde psychologiquement, dit Anthony. Mais Ariana a tenu bon, elle est plus forte qu’on ne pourrait le croire au premier abord. Et puis, elle a enfin réussi à passer au-delà de la mort d’Alex.
-Très bien, c’est déjà ça. Quelle est votre évaluation de la situation après cette mission ?
-Je pense comme Lucifel. Ce sera bientôt la guerre. Et tant que le monde est divisé, nous ne pourrons gagner.
-Je vois. Vous pouvez y aller. Je crois que votre sœur souhaite vous voir pour réparer votre corps.
-J’ai l’impression d’être une voiture, sourit Anthony. »
« Vous le saviez, n’est-ce pas ? fit le Patron.
-Que nous allons droit vers une guerre ? répondit une voix féminine par le visiophone. J’espérais que vous parviendriez à l’empêcher. Mais oui, cela semblait évident.
-Que pouvons-nous faire ?
-Nous préparer au choc. En espérant que l’Humanité voit au-delà de son passé et de ses préjugés. Quoi qu’il arrive, tout dépendra de nos actions.
-De quoi parlez-vous exactement ?
-De notre salut, de notre existence, de notre civilisation. L’avenir du Système Solaire ne dépend que de nos actions. »
Yergo se rendit au quartier général de la secte du Serpent Blanc. Ses ordres étaient d’utiliser ces sorciers pour atteindre les buts fixés. Malgré tout, il ne supportait pas la proximité de ces créatures et aurait volontiers dévoré leurs âmes. Mais il avait besoin d’eux. Pour le moment.
Yergo, le Crâne entre les mains, suivit Ramus Owali jusqu’à la pièce où était entreposé les autres Crânes récupérés par la secte au cours des trois derniers siècles. La lourde porte d’acier était gardée. Tous s’inclinèrent avec respect, et sûrement aussi de la crainte, au passage de Yergo. Le spectacle qui s’offrit aux yeux écarlates du dæmon le ravit. Et pourtant il n’était pas entièrement satisfait. Il y avait treize piédestaux dans la pièce, mais quand il posa le Crâne récupéré au Mexique, trois demeuraient vides. La DE en possédait un, et les Atlantes conservait le Maître-Crâne en leur possession. Le dernier Crâne se trouvant encore dans la nature ne serait pas facile à récupérer. Après, la guerre pourrait enfin commencer. Et cette fois-ci, ce système leur appartiendrait.
Samus Denler avait écouté avec attention le rapport de Christianus Féndès. Il ressentit une pointe de déception en se rendant compte que celui qu’il considérait comme un de ses meilleurs agents ne voyait plus les Sorciers comme des ennemis ou un blasphème. Au contraire, il ressentait de l’amitié pour certains d’entre eux. Et en évoquant l’ange Irael, une lueur apparaissait dans les yeux de l’agent.
Denler donna congé à Christianus. Il appela dans la foulée le cardinal Nova.
« Monseigneur, l’agent Féndès est revenu, annonça-t-il. Je viens de le débriefer. Je pense que nous avons un problème. L’agent Féndès est compromis.
-C’est déjà ce que nous redoutions après l’affaire de Londres, dit le cardinal Nova. Nous allons devoir nous passer de ses services.
-Je vais le mettre sur la touche. Il ne nuira pas à nos projets.
-Et pour la réunion de l’Inquisition.
-C’est en cours monseigneur. Nous serons tous réunis demain. »
Satan fut, aussitôt atterri, amené au quartier général de la DE. Il retrouva Lucifel en discussion avec Hermoni et Abbadona dans les couloirs. Les deux frères se regardèrent un moment sans rien se dire et tombèrent dans les bras l’un de l’autre.
« Heureux de te revoir mon frère, fit Satan.
-Moi de même Satan, répondit Lucifel. J’aurais tout de même préféré que ça soit dans d’autres circonstances. J’en parlais avec Hermoni et Abbadona. Nous allons droit vers une nouvelle guerre.
-Shemhazai le pense aussi. Il prend contact avec les différents gouvernements indépendant de Mars pour organiser une coalition militaire de défense de la planète. Mais la séparation des Normaux et des Sorciers n’arrange rien.
-Nous ne pouvons interférer là-dedans, dit Abbadona. Le problème est ancien et cette séparation est solidement ancrée dans le mode de vie des humains. Nous allons devoir faire avec pour le moment. Mais l’Humanité nous a déjà surpris par le passé et le temps a passé. Ayons confiance. »
Ariana passa deux jours complets avec Sarah. La fillette apprécia grandement de passer du temps avec sa mère. Elle lui avait manquée. Ariana faisait tout pour rester souriante avec Sarah. Quand elle pensait à cette guerre qui menaçait d’éclater prochainement, elle avait peur pour sa fille. Les Seigneurs de l’Oubli lui avaient paru invincibles. Malgré qu’ils avaient jeté toutes leur force dans la bataille, ces Dæmons étaient parvenus à s’emparer du Crâne. Yergo disait-il la vérité ? L’Humanité était-elle condamné à l’oubli ?
Elle s’efforçait de penser à quelque chose de plus agréable. Et souvent, ce fut le visage d’Alex, sa voix, sa chaleur, qui lui rendait le sourire. Elle avait toujours de la peine de l’avoir perdu. Mais autre chose était là en plus. Elle ignorait quoi, mais cette ignorance ne lui faisait pas peur.
Au contraire…
FIN
Les Seigneurs de l’Oubli sont-ils invincibles ? Je commence à le croire. Le monde brûlera dans les flammes infernales de leur ambition. Leur puissance incommensurable nous balayera bientôt. Que dirais-tu si tu étais là ? Ne jamais abandonner même quand la fin est proche et inévitable. Alors nous nous battrons jusqu’à la mort s’il le faut. Car, de toute façon, elle sera notre seul échappatoire.
Ainsi, la guerre embrasera le système solaire. Les Humains, Sorciers et Moldus, arriveront-ils à se battre ensemble ? Tu l’aurais voulu. Tout en sachant que ce serait difficile. Tu aurais tout fait pour. Mais tu n’es plus là. C’est donc à moi de le faire, de reprendre le flambeau. Bientôt tout sera révéler, dans la Lumière de la Guerre…
Prochainement :
SECOND CYCLE
Dans la Lumière de la Guerre
ARIANA POTTER
Et
Le Serment des Eldars
Ais-je oublié ?