Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets

Chapitre 5 : V Dario Figoni

2663 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/05/2012 03:58

           CHAPITRE V : DARIO FIGONI

 

           La décision d’entrer ou non dans la Division Esotérique n’était pas une décision à prendre à la légère. Alastor ne semblait pas très envieux de cette perspective mais n’avait pas donné de réponse. Joshua ne dit rien mais Ariana savait qu’il avait été impressionné par la Technomagie. Quel chercheur n’avait pas rêvé de participé aux balbutiements d’une nouvelle science ? Mais il devrait alors annoncé à sa famille qu’il ne reprendrait pas le magasin de baguettes magiques. Ce ne serait pas si grave, il avait plusieurs frères et sœurs pour prendre le relais.

Par contre, le problème d’Ariana était différent. Elle n’avait aucune idée de ce qu’impliquait le fait d’entrer dans la DE. Et surtout, elle ne savait pas si ce genre d’activité lui conviendrait. Risquer sa vie pour celle des autres étant un choix difficile. Son ancêtre l’avait fait. Mais il avait été forcé de le faire. Elle se souvenait encore de sa dernière discussion avec son père. Il lui avait sommé de se trouvé vite un métier. Ariana savait ce qu’il souhaitait qu’elle fasse. Mais ça ne l’enchantait pas personnellement.

           Autre chose entrait en ligne de compte. Elle ne savait pas vraiment se battre. Elle avait été plutôt bonne en cours de Défense contre les forces du mal. Mais aurait-elle le niveau pour faire partie de la DE ? Elle avait bien compris qu’il n’y avait pas que des combattants dans ce service mais combattre était tout de même leur métier premier.

           Les trois jeunes gens étaient rentrés à Londres pour y réfléchir. Par sécurité, Hector Guillou, leur demanda de rester à Grimmaurd Square. Les enchantements de protection de la vieille propriété de la famille Potter semblant efficace contre les créatures qui poursuivaient Joshua.

 

           Au quartier général de la DE, Alexandre Chaldo demeurait dans l’infirmerie. Cela faisait des heures qu’il observait le corps horriblement meurtri flottant dans le caisson. La porte s’ouvrit, laissant entrer Julia. Elle jeta un regard triste sur le corps. C’était vraiment un miracle qu’il soit encore en vie. Car Anthony Chaldo était toujours en vie malgré tout. Dans le coma mais en vie. Julia espérait trouver une solution pour sauver son frère, mais pour le moment elle ne trouvait rien. Elle savait qu’Alexandre ne lui en voulait pas, tout comme elle savait qu’elle ne pouvait l’empêcher de passer des heures ici. Anthony et Alexandre étaient jumeaux. Ils avaient toujours été très liés malgré quelques différences de caractères. Ils étaient entrés en même temps à la DE et avaient toujours fait équipe, veillant l’un sur l’autre. D’ailleurs, depuis qu’Anthony était dans cet état, Alexandre avait refusé de faire équipe avec qui que ce soit.

           « Tu devrais dormir, dit Julia. Fred et moi, on t’invite à la maison.

-Merci petite sœur, fit Alexandre. Je crois que tu as raison. Tu as trouvé une solution ?

-Pas encore. Mais je ne perds pas espoir.

-Je te fais confiance. Qu’est-ce que tu penses de l’idée du Patron ?

-Concernant les trois anglais ? Pour Weasley et Ollivander, ça peut se comprendre, ils ont des capacités qui peuvent nous intéresser dans le domaine de l’investigation et de la recherche. Mais pour Potter, je ne vois pas vraiment ce qu’on peut attendre d’elle.

-Le Patron a peut-être besoin d’une secrétaire.

-Toujours aussi moqueur. Viens, laissons-le dormir. »

 

           Dario Figoni s’était encore levé tôt ce matin. Mais le spectacle du levé du soleil sur les monts éternellement enneigés de l’Himalaya était si éblouissant qu’il ne pouvait s’en passer. La neige reflétant le feu du soleil paraissait s’embraser. Les montagnes en devenaient les dents de flammes d’un monstre gigantesque semblant vouloir croquer le ciel azuré. Peut-être les restes d’un dragon géant comme les décrit les légendes chinoises.

           Cela faisait maintenant quatre mois qu’il était arrivé au Tibet dans le but d’étudier les anciens textes gardé par les moines bouddhistes. Il avait été chaleureusement accueilli dans cette lamaserie où, dit-on, les secrets du monde sont consignés depuis son commencement. Il espérait y découvrir l’origine des premiers Sorciers. Beaucoup de ses semblables se complaisaient dans une soi-disant supériorité par rapport aux Moldus mais, comme toute la population sorcière, ils ignoraient les origines des Sorciers. Dario Figoni ne se sentait en rien supérieur aux Moldus. Il se demandait juste si l’existence des Sorciers avait une raison précise ou si elle n’était que ce qu’elle semblait être : un pourcentage de la population humaine dont le flux magique était plus intense que chez les autres. Certains de ses confrères s’évertuaient à trouver à partir de quel degré d’intensité, ce flux magique permettait à un être humain d’être un sorcier. Mais lui, il avait préféré s’occuper d’une autre partie du problème : depuis quand une telle intensité était apparue ? Et surtout : pourquoi ? Si bien sûr raison il y avait.

           Mais avant de passer des heures dans les salles où étaient entreposés des milliers de rouleaux écrits dans diverses langues dont certaines n’avaient plus été parlées depuis plus de dix milles ans, il s’autorisait quelques minutes à apprécier ce paysage grandiose et l’air vivifiant du matin. Une main se posa sur son épaule. Il ne sursauta pas et se tourna vers la femme brune qui lui souriait. Il l’embrassa pour lui dire bonjour. Elle posa la tête sur son épaule pour regarder le levé de soleil avec lui. Silencieusement.

« Tu as prévu quoi aujourd’hui ? demanda Dario.

-Nous allons descendre au village, répondit la femme. Nous serons de retour avant la nuit, comme d’habitude.

-Amusez-vous bien. »

La femme déposa un dernier baiser sur les lèvres de Dario et commença à s’éloigner.

« Alessandra, interpela-t-il. »

La brune se retourna.

« Je t’aime.

-Moi aussi mon chéri. »

Dario regarda son épouse disparaître derrière l’angle du mur. Il était heureux qu’elle soit là avec lui, qu’elle est acceptée de le suivre jusqu’ici. Et puis, ils n’étaient pas venus seuls. Dario imaginait sans mal leur fille, Sarah, encore endormie dans sa chambre. La petite fille avait fêté ses huit ans quelques jours auparavant. Dario savait qu’elle serait heureuse de se rendre au village pour la journée. Elle pourrait y retrouver les enfants avec lesquels elle aimait s’amuser. Période merveilleuse que le temps de l’enfance. Temps où même sans parler la même langue, on peut se comprendre et rire ensemble.

           Dario se décida à se mettre au travail. Il retrouva devant la porte de la bibliothèque le jeune moine qui avait été désigné pour l’aider. Il se prénommait Tchang et au contact de Dario, il avait appris quelques mots d’italien.

« Bonjiurno signor Figoni, prononça-t-il difficilement.

-Bonjiurno Tchang, répondit Dario. »

Les différentes salles de la bibliothèque de la lamaserie se ressemblaient tellement qu’il était facile de s’y perdre. Dario se demandait comment les moines s’y retrouvaient en l’absence de signes indicatifs. Les étagères supportant des milliers et des milliers de rouleaux montaient jusqu’à plus de dix mètres au dessus du sol. Au total, la superficie des salles devait faire dans les trois hectares. Et au bout de quatre mois de travail, il atteignait à peine la moitié de la première pièce, d’une superficie d’environ vingt mètres carré.

           Malgré tout, il sourit et se dirigea vers l’étagère où il s’était arrêté la veille. Il prit un rouleau fragile et le déroula précautionneusement sur la table de travail. Il sortit ses lunettes et se pencha sur le papier jauni par le temps.

 

           Alessandra Figoni se rendit dans la chambre où dormait encore une petite fille aux cheveux du même ton que les siens. Elle se pencha sur elle et déposa un baiser maternel sur le front. La petite fille ouvrit les yeux en souriant.

« Bonjour maman, fit-elle.

-Bonjour mon ange, répondit Alessandra. Tu dois te lever et t’habiller. Nous allons au village aujourd’hui.

-Ouais ! »

Sarah sauta immédiatement au pied de son lit. Des étoiles scintillaient dans ses yeux. Alessandra ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait le même regard que son père. Pétillant de vie.

           Une heure plus tard, Alessandra et Sarah rejoignirent les moines qui descendaient au village. La descente était longue et fatigante. Le chemin serpentait dans la rocaille grise de l’Himalaya. Pour le moment, même si un vent frais commençait à se faire ressentir, la neige n’avait pas encore commencé à tomber. Ce n’était qu’une question de semaines. Bientôt, le chemin deviendrait trop dangereux pour les non-initiés. Alors, pour Alessandra et Sarah, il faudrait attendre le printemps pour redescendre au village sans risque. Mis à part le Lama, le maître du monastère et également sorcier, tous les moines ignoraient que le couple italiens et leur fille étaient sorciers. Et ce en respect de la Loi du Secret Magique.

           Malgré cette harassante descente et la promesse d’un retour tout aussi fatigant, Sarah arrivait toujours à destination avec un sourire éclatant. Les enfants du village l’accueillaient avec des rires et des phrases qu’elle ne comprenait pas, mais qu’importe. Rapidement, les jeux s’enchaînent. Et tout en surveillant sa fille du coin de l’œil, Alessandra discutait avec les habitants et faisait quelques achats.

           La journée se passa sans encombre dans l’insouciance. Et alors que le soir tombait, la fillette éreintée et sa mère rentrèrent à la lamaserie. Alessandra embrassa son mari dont les yeux traduisaient la lassitude au terme de cette journée d’étude sur de vieux documents. Aucun ne se doutait qu’à quelques dizaines de kilomètres seulement, un drame se déroulait.

 

           Koryung n’était qu’un vieil ermite qui s’estimait sans importance. Cela faisait maintenant plus de trente ans qu’il avait décidé de se retirer du monde. Il avait voué sa vie à recherché l’illumination. Seulement, il se disait souvent qu’il était né avec plus de mille ans de retard pour pouvoir effectué une telle quête en restant en contact avec le monde. Depuis le 20ème siècle, le monde était devenu plus virtuel que réel. Et en ce début de 25ème siècle, la tendance ne semblait pas vouloir s’inverser. Alors, après avoir passé trente ans dans un monastère tibétain, il avait abandonné ses possessions terrestres et vivait maintenant seul dans la montagne. Ses journées étaient simples, il les passait à méditer ou à chercher dans la nature de quoi subsister. Parfois, il croisait des gens avec qui il daignait converser. Les touristes étaient souvent sidérés de découvrir qu’il existait encore des ascètes vivant en ermite.

           Et alors que le soleil commençait à peine à descendre du zénith, Koryung entendit un bruit aux alentours. Pour le profane, ce n’aurait été que des bruits de pas dans la lande, mais Koryung perçut autre chose. Il pouvait identifier les êtres vivant non seulement aux bruits de leurs déplacements, mais également à leur odeur et même, leurs pensés. Lorsqu’il méditait, il ressentait la vie à plusieurs dizaines de mètres à la ronde. Mais ce qui l’approchait, possédait une odeur légère mais ressemblant à celle d’un cadavre, et les pensés le frappèrent par leurs complexités et leurs violences. C’était comme si la Mort elle-même s’approchait. Koryung ouvrit les yeux. S’il espérait pouvoir se cacher ou s’enfuir loin de ce qui l’approchait, il fut vite déçu. Ses yeux s’écarquillèrent. Devant lui se tenait plusieurs individus courbés, drapés dans des capes noirs. Des yeux rouges brillaient dans l’ombre de leur cagoule.

           Koryung parvint à garder son calme. Il savait très bien que la mort viendrait de toute façon un jour à lui. Que ça soit aujourd’hui ou plus tard, quelle importance ! En fait, il était plus occupé à se demander ce qu’était ces créatures et d’où elle pouvait venir que comment il allait mourir de leurs mains. La meilleure façon d’avoir une réponse à une question, c’était encore de la poser.

« Qu’êtes-vous ?

-Tu n’es pas digne de le savoir, répondit une des créatures d’une voix sifflante. Tu es bien l’ermite Koryung.

-Oui. Que me voulez-vous ?

-Ton savoir. »

La créature n’ajouta rien de plus. Elle se jeta sur le vieil homme, le plaquant durement contre le sol rocheux. Elle mit une main sur ses yeux. Le corps de l’ermite fut pris de convulsion. Sa bouche était grande ouverte dans une expression d’hurlement figé. Lorsqu’enfin la créature retira sa main, Koryung fixait le ciel d’un regard vide. La créature se releva et se détourna de lui comme s’il n’était plus rien.

« Maintenant nous savons où aller, dit la créature à ses acolytes. »

           Aussi vite et mystérieusement qu’elles étaient venues, les créatures repartirent. Le vieux Koryung se releva l’air hagard. Il regarda autour de lui.

« Où suis-je ? dit-il. Et, qui suis-je ? »

Il marcha sans savoir dans quelle direction aller. Il croisa le chemin d’un ours cherchant de quoi se nourrir. Sans peur, mais surtout sans savoir, Koryung s’approcha du plantigrade. L’ours se dressa furieusement sur ses pattes arrières en meuglant. Mais l’ermite s’approcha encore.

« Qui es-tu ? questionna Koryung. »

Il n’eut jamais de réponse, un coup de patte de l’ours le projeta au sol. Son crâne percuta une pierre et se brisa. Il ne sentit même pas le poids de l’animal venir l’écraser.

 

Laisser un commentaire ?