Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets
Chapitre 9 : IX Infiltration en Zone Mortelle
3205 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 08/11/2016 08:44
CHAPITRE IX : INFILTRATION EN ZONE MORTELLE
Le vol en ATEF était plus agréable qu’en balai. C’est ce que pensait Ariana. L’aéronef volait bien plus vite qu’elle ne l’aurait cru. La distance séparant la Suisse du Tibet serait parcourue en à peine trois quart d’heure. Alexandre somnolait légèrement. Il avait visiblement l’habitude de ce genre de voyage. Par contre, Alastor semblait nerveux.
« Ça va ? demanda Ariana en posant une main sur son épaule.
-Je ne fais pas confiance à ce tas de ferraille, dit-il. Et la suite ne me dit rien non plus.
-Alexandre l’a fait des dizaines de fois, le risque est minimal.
-Ouais, on verra. »
Ariana n’avait fait que répéter ce que leur avait dit Alexandre. La façon dont ils allaient être mis en place lui semblait étrange mais bizarrement elle n’en avait pas peur. Par contre, ce qui se passerait par la suite l’effrayait.
Alexandre releva la tête. Ses sourcils se froncèrent. Ariana et Alastor devinait qu’il devait être en communication mentale avec le quartier général. Il appuya sur un bouton de sa montre, faisant apparaître le clavier holographique et ses lunettes. Alexandre resta immobile plusieurs secondes avant de désactiver son matériel. Il se tourna vers les deux anglais.
« Les créatures ont investi la lamaserie, annonça-t-il. Le plan reste inchangé pour le moment. On part en éclaireur. Erius, tu as reçu le rapport ? demanda-t-il.
-Oui, répondit la voix d’Erius Sornas. Je vais trouver une position d’attente pas très loin du monastère. Alex, ne tarde pas trop à nous appeler.
-OK.
-On arrive dans l’espace aérien tibétain, annonça le chef de soute. On passe en furtif. Préparez-vous. »
L’ATEF était pourvu de la meilleure technologie furtive moldue. Les radars n’avaient aucune chance de le déceler. Mais en plus, grâce à une application purement réservée à la DE de la technomagie, le pilote pouvait désillusionner son appareil. L’enchantement était beaucoup plus efficace que le camouflage optique développé par les armées moldues.
Aussitôt désillusionnés, les deux ATEF se séparèrent. Celui de l’UA descendit pour effectuer une approche en vol tactique. Au contraire, celui d’Ariana, d’Alexandre et d’Alastor prit de l’altitude.
Alors qu’ils s’équipaient, ils sentirent l’ATEF ralentir jusqu’à finalement s’arrêter en l’air.
« Nous sommes en position, annonça le chef de soute. Quand vous voulez. »
Alexandre leva le pouce. Le chef de soute se coiffa d’un casque intégral pourvu d’un tuyau d’alimentation en air. Il mit également un harnais identique à celui que portaient les trois autres. Alexandre se tourna vers les deux anglais.
« Je répète une dernière fois, dit-il. Vous me suivez et vous faîtes ce que je vous dis quand je vous le dis. Pour le largage, n’oubliez pas que la manette d’activation est ici. Le secours se trouve ici. »
Alexandre montrait un bouton rouge situé au niveau de sa clavicule gauche et une poignée situé dans son dos.
« Pas de question ? fit-il. Alors mettez vos casques. »
Les trois mirent des casques intégraux identiques à celui du chef de soute mais sans le tuyau, l’alimentation en air s’effectuait par une petite réserve logée dans le casque. Alexandre vérifia l’équipement d’Ariana et d’Alastor. Puis il se dirigea vers le chef de soute et le contrôla à son tour. Enfin, ce fut au chef de soute de le contrôler.
« C’est OK, fit le chef de soute.
-Ouvrez, ordonna Alexandre. »
Le chef de soute appuya sur une commande qui activa l’ouverture de la tranche arrière. L’air froid s’engouffra dans la soute. Heureusement, les combinaisons qu’ils portaient étaient bien isolées. Alastor eut un mouvement de recul en découvrant le vide. Ariana trouvait qu’ils étaient hauts, mais elle était habituée au fait de voler, la pratique du Quidditch avait inhibé son vertige. Alexandre s’avança jusqu’au bord de la tranche arrière. Il se retourna et invita les deux anglais à s’approcher. Ariana dut tirer un peu Alastor par la main pour le faire avancer.
« Prêts ? fit Alexandre. »
Alastor allait sûrement répondre non mais Alexandre ne lui en laissa pas le temps. Il le tira vers le vide sans lui laisser le temps de réfléchir. Ariana se jeta sans sourciller. Alexandre sourit dans son casque. Il se tourna une dernière fois vers le chef de soute, lui fit un signe amical et sauta à son tour.
Malgré l’avance qu’avaient prise les deux anglais, Alexandre les rattrapa rapidement et se stabilisa à leur hauteur. Ariana avait trouvé d’instinct la position à prendre. Mais Alastor tournait lentement sur lui-même en essayant de se stabiliser. Alexandre vint à son secours, lui expliquant la marche à suivre pour contrôler sa chute.
Les montagnes s’approchaient. Mais dans la nuit naissante, les chuteurs ne distinguaient pas la zone de posé. Alexandre leur expliqua comment activer la vision nocturne de leurs casques. La nuit se teinta d’une lumière irréelle à leurs yeux.
« Impressionnant, fit Alastor, traduisant du même coup l’impression d’Ariana. La technologie moldue a vraiment de l’avance sur nous.
-Tu n’as encore rien vu, fit Alex. Mais on verra plus tard, on arrive. Tenez-vous prêts à activer le parachute gravifique. »
Alastor et Ariana attendirent le signal d’Alexandre. Ce dernier avait pris un peu d’avance sur ces comparses pour leur montrer la façon de s’y prendre pour l’atterrissage. Le sol s’approchait rapidement.
« Maintenant ! lança Alexandre. »
Les trois chuteurs frappèrent le bouton rouge situé au niveau de la clavicule gauche. Aussitôt, une force ralentit leur chute de manière significative. Les anglais imitèrent le français quand ce dernier balança ces jambes pour se retrouver pieds vers le sol. Le parachute gravifique avait assez ralentit la chute pour qu’Alex puisse se poser en souplesse sur le sol. Aussitôt le contact pris avec le sol, il appuya une seconde fois sur le bouton, désactivant le parachute. Les deux autres arrivèrent quelques secondes après lui.
Au sol, Alastor retrouva ses réflexes d’auror, posant un genou à terre. Il sortit immédiatement sa baguette, prêt à s’en servir. Ariana jugea bon de l’imiter. Alexandre ordonna à ses compagnons de se débarrasser de leurs harnais et de leurs casques. Puis il demanda un point de situation à Fred.
« Je ne peux pas te dire grand-chose de plus, dit Fred. Le satellite ne peut pas voir à travers les murs. Tout ce que j’ai, c’est l’image thermique. Mais impossible de savoir qui est humain et qui ne l’est pas. Et c’est trop brouillé, la lamaserie accueille plus de mille moines.
-Tiens-moi au courant de la moindre chose que tu remarques, dit Alex. On y va. »
Ils descendirent vers le monastère. Arrivés à une dizaine de mètres de la porte principale, ils s’arrêtèrent derrière un rocher. Alexandre jeta un coup d’œil vers la porte défoncée. Il ne vit aucune des créatures mais il fallait se montrer prudent.
« La voie a l’air libre, dit Ariana. On peut y aller.
-Ariana, arrêta Alastor. Tu n’es pas formée pour ce genre de chose. Nous oui. Et avec l’appui de la technologie de la DE, il vaut mieux laisser Alex décidé de la marche à suivre. Donc attends. »
Ariana rongea son frein. Mais elle savait qu’Alastor avait raison. Alexandre matérialisa ses lunettes et observa la porte et l’ensemble de la façade du monastère. Il variait les grossissements, passait de l’intensification de lumière à la vision thermique. Il ne décela rien mis à part une silhouette chaude mais qui refroidissait rapidement allongée quelques mètres après l’entrée. Il n’avait nullement besoins de précision pour savoir ce que c’était.
« RAS[1], finit-il par dire. Je ne vois aucune âme qui vive. Il y a juste un cadavre à l’entrée.
-Un cadavre ! s’exclama Ariana.
-Aucune idée de l’endroit où peuvent se trouver ces créatures ? questionna Alastor.
-Elles doivent sûrement se rendre dans les appartements du Lama, le supérieur du monastère, expliqua Alex. Ou alors à la bibliothèque. Si comme nous le pensons, elles en ont après les connaissances ésotériques, elles y trouveront une mine d’or. Je ne pense pas qu’elles se doutent que nous allons venir. Attendez mon signal pour passer par la porte.
-OK. »
Alexandre se transforma en corbeau et s’envola sous le couvert de la nuit jusqu’au mur d’enceinte. Ariana n’avait rien dit, mais elle n’en avait pas cru ses oreilles. Ces deux hommes semblaient n’en avoir rien à faire du fait qu’un homme soit mort ce soir. Mort assassiné. Alastor parut deviné que quelque chose n’allait pas.
« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il.
-Il y a un mort à quelques mètres de nous, dit-elle.
-C’est ce qu’à vu Alex. Et alors ?
-Et alors ? Voilà comment vous réagissez vous deux ! Vous n’avez pas l’air de comprendre : quelqu’un a été tué ce soir. Un homme a été tué ! »
Alastor devina à quoi voulait en venir Ariana. Mais comment lui faire comprendre.
« Ariana, c’est une des raisons qui me pousse à dire que tu ne devrais pas accepter d’intégrer la DE, avoua-t-il. Ce genre de chose arrive plus fréquemment que tu ne l’imagines. Dans ce genre de métier, tu vois beaucoup d’horreur. Un corps ce n’est rien. J’ai vu des choses que tu ne peux pas imaginer dans tes cauchemars les plus horribles et que je ne te décrirais pas. Alex est pareil. Je l’ais su la première fois qu’on l’a vu. Je pense qu’il est même passé par des épreuves bien pires que moi. Mais ce que je veux que tu comprennes, c’est que d’accord, un mort c’est quelque chose de grave, mais que si on s’appesantit sur ça, il risque d’y en avoir beaucoup d’autre. On ne peut plus rien faire pour lui. Notre boulot c’est justement d’empêcher qu’il y en ait d’autres. Mais on ne pourra jamais tous les empêcher. C’est quelque chose que j’ai compris ma première année aux Aurors et que j’ai dû accepter. Et tu devras le comprendre et l’accepter si tu veux continuer dans cette voie. »
Alexandre appela via l’implant. Alastor passa devant, intimant l’ordre à Ariana de le suivre. Elle était toujours plus ou moins perdue dans ses pensés mais lui emboita le pas. Alastor s’arrêta dans l’embrasure de la porte. Alex se posa juste devant eux, reprenant sa forme humaine.
« On ne se sépare pas, dit Alex. On va aller vers les appartements du Lama. »
Ils se glissèrent d’ombre en ombre, silencieusement. Seul le murmure du vent les accompagnait. Leurs sens aux aguets de la moindre sensation trahissant la présence d’un ennemi tapi dans la nuit. Le silence était oppressant. Alors que ce calme aurait dû la rassurer, Ariana se surprit à espérer qu’il se brise. Il lui sembla voir des ombres bougées et elle dut prendre sur elle pour ne pas lancer des sortilèges à tout va. Elle dut plusieurs fois s’obliger à détacher son regard du corps d’un pauvre moine s’étant trouvé sur le chemin de ces monstres. A chaque fois, Alexandre ou Alastor avait tâté le pouls. Mais ils avaient tous compris que ces créatures ne connaissaient pas la pitié.
Les appartements du Lama se trouvèrent enfin en vu. La voie semblait libre mais Alexandre comme Alastor savaient qu’il ne fallait pas se précipiter. Alexandre ordonna à Ariana de rester cachée derrière l’angle de mur qu’ils occupaient et de surveiller les alentours. La jeune femme fut impressionnée de se rendre compte que les deux hommes avaient une façon quasi similaire de bouger et de se comporter durant une phase tactique. Alors que l’un des deux restait fixe et surveillait, le second se déplaçait en faisant le moins de bruit possible. Par bond successifs, ils atteignirent les abords de la porte. Cette dernière était ouverte. Alex jeta une œillade pour vérifier que la voie était libre.
« J’entre, prévint Alex par la pensé. Attend mon signal. »
Alastor acquiesça et se tint prêt.
Alexandre entra d’un coup, baguette en avant. Il scruta le moindre recoin de la chambre. Mais rien ne bougeait. A première vue du moins. Il appela Alastor. Ils prirent chacun un côté et ratissèrent la pièce. Quand ils furent sûrs que la zone était claire, Alex appela Ariana. Alex se pencha vers le tas de cendres qui maculait le tapis au centre de la pièce.
« Qu’est-ce que c’est ? questionna Ariana.
-Le Lama je pense, répondit Alex. Elles l’ont tué.
-Elles veulent quoi au juste ? Tuer tout le monde dans ce monastère ?
-Ce que je me demande c’est plutôt : savent-elles où se trouve la bibliothèque maintenant ?
-N’importe quel moine aurait pu leur dire, fit Alastor.
-Je ne pense pas. Quand je parle de la bibliothèque, je pense à la bibliothèque secrète qu’abrite cette lamaserie. Seuls quelques moines en connaissent l’existence. Et bien sûr, le Lama. Nous devons les arrêter.
-On peut peut-être discuter avec elles et les convaincre de cesser, proposa Ariana.
-Et pourquoi pas de fumer le calumet de la paix tant qu’on y est, contra Alex. On les élimine et c’est tout.
-Tu réagis comme ça à cause de ce qu’ils ont fait à ton frère.
-Peut-être. Fais ce que tu veux, essaye de discuter. Pendant ce temps, je vais les tuer. Je ne force personne à me suivre. »
Alexandre sortit sans attendre les deux anglais. Alastor ne tenta même pas de l’arrêter. Il attendit un peu et se tourna vers Ariana.
« Il y a des choses que tu ne peux pas encore comprendre, dit-il. Et je ne peux pas te les expliquer. Viens, on y va.
-Alors c’est comme ça ? Il n’y a que la violence pour régler les problèmes ?
-Comme je viens de te le dire, tu dois comprendre certaines choses par toi-même. Mais tu es intelligente, je sais que tu comprendras. Et d’un certain côté : ça me fait peur. »
« Erius, tu me reçois ? demanda Alex.
-Fort et clair, acquiesça Erius.
-Les créatures se dirigent vraisemblablement vers la bibliothèque secrète. Elles ont tué le Lama. Nous n’avons certainement plus beaucoup de temps. Amène-toi.
-Je me mets en route. Délai : soixante secondes.
-Reçu. »
Alors qu’il parcourait les couloirs en cherchant un indice pouvant le mener à la bibliothèque secrète, Alexandre perçut des paroles visiblement dîtes sous le coup de la peur. Mais ce qui le surprit le plus, c’était que la voix apeurée parlait en italien. Il s’approcha silencieusement de l’angle et jeta un coup d’œil. Il reconnut du premier coup la forme voûtée et drapée de noir d’un de ces monstres. Devant elle, assis contre le mur et le visage figé d’effroi se trouvait un homme d’une quarantaine d’année.
« Pourquoi êtes-vous revenus ? demanda l’italien.
-Tu sais donc qui nous sommes, siffla la créature. Je suppose que tu sais où se trouve la bibliothèque. Alors nous le saurons aussi. »
La créature tendit la main vers le visage de Dario Figoni. Il ne semblait pas y avoir d’autres ennemis dans les parages. Alex surgit d’un coup dans le couloir et d’un sortilège, parvint à trancher le poignet de la créature. Cette dernière ne démontra aucune douleur mais se recula en toisant violement Alex de ses yeux rouges. Un liquide épais et nauséabond s’écoulait du moignon. Le sang n’était pas rouge, il était vert pâle. La créature se jeta sur le français. Alex l’intercepta en pleine course d’un coup de pied circulaire au corps. Il eut l’impression de frapper un rocher. Il enchaîna malgré tout avec un retourné direct au visage. La créature fut repoussée contre un mur. Elle siffla de rage. Alex en profita pour viser sa bouche ouverte et généra une explosion. Le corps décapité de la créature s’effondra.
Alexandre s’approcha de l’italien et lui demanda qui il était. Dario Figoni, encore sous le choc de sa rencontre avec ce monstre parvint malgré tout à parler. Alex pouvait enfin donner un nom à ces créatures :
« Ce sont les Seigneurs de l’Oubli. »
[1] Rien A Signaler (ou rien à secouer au choix !).