Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets

Chapitre 10 : X Les Flammes de la Haine

3008 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 09:52

           CHAPITRE X : LES FLAMMES DE LA HAINE

 

           Ariana et Alastor retrouvèrent Alexandre. Le français était toujours en discussion avec Dario Figoni. L’italien était soulagé de voir que l’homme en noir n’était pas venu seul.

« Je dois partir, dit-il. Le Lama me l’a dit, il faut que je prévienne le monde de cette menace.

-Ne vous en faîtes pas, rassura Alex. Nous allons nous en occuper. La priorité est la bibliothèque, ces Seigneurs de l’Oubli la cherchent. S’ils peuvent vraiment s’octroyer la mémoire de n’importe qui en posant la main sur leur visage comme s’est écrit dans ces rouleaux, nous pouvons penser qu’ils savent sûrement déjà où elle est. Dîtes-moi où elle se trouve.

-Que comptez-vous faire ?

-Papa. »

Sarah avait réussi à se libérer de sa mère. Elle vint jusqu’à son père, restant derrière lui. L’homme en noir avec qui il parlait lui faisait peur.

« Je dois quitter cette lamaserie avec ma famille, fit Dario.

-La priorité demeure la bibliothèque, martela Alex. Alors dîtes-moi où elle se trouve.

-Alex, interrompit Ariana. Nous devrions les faire quitter cet endroit.

-Nous n’avons pas le temps pour ça. Les Seigneurs de l’Oubli en veulent au savoir magique, nous ne savons pas pourquoi mais je comprends qu’il faut les en empêcher. Quel qu’en soit le prix. »

Ariana était ulcéré. Ce n’était pas les paroles d’Alex qui la choquait, mais son regard qui demeurait froid. Elle avait compris que combattre ces Seigneurs de l’Oubli était quelque chose d’important pour lui, mais comment pouvait-il faire passer ça avant la sécurité d’une famille innocente ? Etait-ce ça devenir un agent de la DE ?

« Alex, l’UA arrive, ils peuvent les évacuer, dit Alastor. Pendant ce temps, nous allons défendre cette bibliothèque. »

Alexandre toisa Alastor du même regard froid qu’il portait sur Ariana. Ces deux anglais commençaient à le fatiguer ! Mais il devait bien se rendre compte que ces derniers temps, mis à part sa sœur et son ami Fred, il ne supportait pas grand monde. Qu’Ariana ne comprenne pas l’importance d’arrêter ces monstres au plus vite, il le concevait, mais voilà qu’Alastor s’y mettait aussi. Il ne faut jamais que deux membres d’un couple fasse équipe. Pourquoi ne comprenaient-ils pas ? Mais ils n’avaient pas complètement tort, cet italien semblait en savoir pas mal sur les Seigneurs de l’Oubli.

« Erius, où tu en es ? interrogea mentalement Alex.

-Dix secondes avant largage sur la cour intérieure, informa Erius.

-Changement de plan, tu te poses et tu mets en place une zone de sécurité. On a trouvé quelqu’un qui semble avoir des infos sur l’ennemi. Les deux anglais vont te l’amener avec sa famille. Tu les évacues.

-OK. Et toi qu’est-ce que tu vas faire ?

-Sûrement des grillades. »

           Alex se tourna vers les deux anglais. Son visage était si froid qu’Ariana crut un instant qu’il était quelqu’un de totalement différent que l’homme à l’humour légèrement cynique qu’elle avait rencontré la veille.

« Tu as suivi Alastor ? questionna le français.

-Oui, acquiesça l’auror. Tu ne vas quand même pas y aller tout seul ?

-Mieux vaut être seul que mal accompagné. Occupez-vous d’eux. Erius va poser son ATEF dans la cour intérieure dans quelques secondes. Plus l’ATEF restera au sol, plus le risque sera grand. Figoni, où se trouve la bibliothèque ? C’est la dernière fois que je vous le demande avant de vous arracher l’information. »

Dario Figoni blêmit. Comment un homme pouvait être si glacial ?

« Elle… elle est en sous-sol, le passage se trouve derrière le grand Bouddha. »

           Alexandre n’attendit pas une seconde de plus. Il se mit à courir immédiatement en direction du temple. Alastor prit aussitôt les choses en main.

« Ne prenez que le nécessaire, ordonna-t-il aux italiens. Il va falloir se déplacer vite et en silence. »

 

           A trois cents mètres de là, invisible et silencieux, seulement trahi par la poussière soulevée par ses propulseurs, l’ATEF transportant Erius et son groupe se posait dans la cour. La tranche arrière s’ouvrit immédiatement. Le groupe jaillit et prit position autour de l’appareil pour mettre en place une bulle de sécurité. Les déplacements étaient précis, ils avaient été répétés inlassablement à l’entrainement. Chacun connaissait sa place et son rôle à la perfection. Erius lui-même participa à la bulle en se plaçant juste derrière la tranche arrière, posant un genou à terre. Il rendit compte à Alastor qu’ils étaient en place et prêts à les accueillir. Alastor confirma qu’ils faisaient au plus vite.

           « Ça y est, dit Alastor. Tout est prêt pour l’évacuation. Vous êtes prêts ?

-Je ne trouve plus mes notes, fit Dario Figoni.

-Pas le temps pour ça.

-Mais il y a des mois de travail dedans. J’ai dû les laisser dans la bibliothèque. Il faut que j’aille les chercher.

-C’est trop dangereux. Je vais dire à Alex de s’en occuper. »

 

           Alexandre Chaldo venait d’atteindre le temple de la lamaserie. Baguette à la main, il s’approcha silencieusement de la lourde porte. Celle-ci était ouverte. Il repoussa l’idée qu’un moine distrait ait oublié de la fermer. Les Seigneurs de l’Oubli était sûrement là.

« Alex, appela Alastor par liaison mentale.

-Je t’écoute, fit Alex.

-Le professeur dit qu’il a oublié ses notes dans la bibliothèque, tu peux les récupérer.

-Il ne veut pas que je lui sèche son linge aussi ?

-Il y a peut-être des infos sur l’ennemi dans ses notes.

-Je vais voir ce que je peux faire. Mais ce prof devrait plutôt préparer sa mémoire.

-Dés que la famille Figoni est à l’abri, je te rejoins, annonça l’auror.

-Négatif, contredit Alex. Je veux m’en occuper seul.

-Alex, même toi tu vas y laisser ta peau.

-C’est un ordre.

-Chaldo, fit la voix de Hector Guillou. Weasley a raison, attendez que… »

Alexandre coupa la communication et tout lien entre lui et la les éléments de la DE. C’était son combat. Personne ne devait intervenir. Personne d’autre ne devait risquer sa vie.

           Il se glissa dans le temple en silence.

 

           « Alex, Alex ! appela Alastor.

-Inutile Weasley, calma Guillou. Il a coupé le faisceau de communication. Nous ne pouvons plus le repérer. Tout ce que nous avons, c’est sa dernière position connue.

-Je n’ai rien compris à votre histoire de faisceau mais ce que le comprends c’est qu’il ne veut plus nous écouter. Forge, vous pouvez me guider jusqu’à sa dernière position ?

-Aucun problème, répondit l’analyste. Quand vous voulez ?

-On dépose les italiens et on y va. Ariana, appela l’auror. Tu restes derrière et tu t’assures que personne ne nous suit. Si tu vois le moindre mouvement, tu me préviens.

-D’accord, acquiesça-t-elle. »

 

           Alexandre trouva facilement le passage secret indiqué par Dario Figoni. L’escalier descendait en spirale et donnait sur une porte magnifiquement ouvragé. Celle-ci aussi était ouverte. Alexandre se glissa dans l’entrebâillement. L’odeur des parchemins et de la poussière emplit ses narines. Les premières salles étaient plongées dans le noir, mais cela ne le gêna pas, il activa la fonction vision de nuit de ses lunettes. La troisième pièce était faiblement éclairée par quelques lampes à huile. Alexandre avait l’impression d’avoir remonté le temps en entrant dans cette bibliothèque.

           Alexandre cessa de respirer, les Seigneurs étaient là. Ils se tenaient en cercle autour d’un des leurs. Ce dernier tenait en son pouvoir un jeune moine dont le corps était pris de convulsions, la main du Seigneur posé sur ses yeux. Lorsqu’il le libéra de son emprise, le moine se laissa tomber sur le sol, les yeux inexpressifs. Le Seigneur se mit à siffler. Ce devait être leur manière naturelle de communiquer. Alexandre ne comprenait pas ce qu’ils se disaient, mais il avait compris que le Seigneur avait aspiré la mémoire du moine. Y avait-il trouvé ce qu’il désirait ? Alexandre ne pouvait pas en prendre le risque. Il se glissa sur le côté d’un coup, un rayon blanc surgit de l’extrémité de sa baguette, fusant à la vitesse d’une balle vers le Seigneur placé au centre. Mais à une vitesse surhumaine, un autre Seigneur se plaça sur la trajectoire du rayon et se le prit en pleine tête. Le rayon fit l’effet d’une balle de pistolet, le Seigneur s’effondra.

           Alexandre savait qu’il venait de perdre l’initiative. Il espérait éliminer directement celui qui possédait la connaissance et s’occuper ensuite des autres. Cette tactique était valable contre des humains possédant un instinct de survie les poussant à se préserver. Mais ces créatures ne réagissaient pas de la même façon. Elle préservait le plus important du groupe sans penser à leur survie propre.

           Le Seigneur qui semblait être le chef se tourna vers son acolyte tombé. Il l’observa durant quelques secondes. Alex devina que c’était plus par curiosité que par affliction. Le Seigneur releva ses yeux rougeoyant vers l’agent de la DE.

« Es-tu celui qui s’est déjà dressé contre les nôtres ? siffla-t-il.

-Génial, je suis célèbre, ironisa Alexandre.

-Pourquoi nous combattre ? Vous ne pouvez nous vaincre.

-Pourquoi volez-vous les mémoires des artisans et scientifiques magiques ?

-Votre espèce a trop évolué, autrefois, vous n’auriez pas compris si vite. Mais cela ne changera rien, vous serez bientôt de nouveau à nous.

-De nouveau ? »

Un sifflement marqua la fin de la discussion. Les Seigneurs se jetèrent sur Alexandre. Ce dernier ne se laissa pas surprendre, il n’avait pas baissé sa garde.

           Alexandre intercepta le plus rapide d’un coup de pied sauté circulaire à la tête, le poussant dans un rayonnage. Le suivant fut accueillit par un coup de talon de l’autre jambe dans le même saut. Dés qu’il reposa les pieds au sol, Alexandre abattit sa baguette de haut en bas sur le dernier frappé. Le Seigneur fut entaillé profondément au torse. Son sang coulait en grumeaux au travers de sa toge noire, mais il ne recula pas. Il frappa Alexandre d’une de ses mains fourchues. Il accusa le coup en reculant sous la frappe, une entaille ouverte sur sa joue. Ces Seigneurs étaient vraiment résistants, il se souvenait avoir dû mettre pas mal de puissance magique dans le sortilège Incendio avec lequel il avait tué celui à Diagon Alley. Il aurait dû anticiper le fait que ce simple sortilège de découpe ne pourrait lui permettre d’éliminer ces monstres venus d’on ne sait où. Il lui fallait utiliser des maléfices plus dangereux. L’idée ne le dérangeait pas plus que ça, après tout, tout dépend de l’utilisation.

           Le Seigneur revint à l’assaut. Alex attendit le dernier moment pour avancer sur lui tout en se décalant sur le côté. Il se servit de sa baguette comme d’un sabre, un rayon rouge en surgissant. Le rayon traversa le corps du Seigneur, touchant des étagères par la même occasion. Les étagères s’effondrèrent, coupées nettes. Le Seigneur tomba en deux morceaux parfaitement séparés, répandant une bouillie infecte et verdâtre sur le sol. Alex, sûr de son coup, ne jeta même pas un regard au cadavre, il faisait face aux autres ennemis.

« Autrefois, vous n’aviez pas créé ce genre de capacité, dit le chef des Seigneurs.

-C’était il y a combien de temps ? demanda Alex. Le Sectumsempra a quatre siècles d’existence.

-Ne cherche pas dans la mémoire de ton peuple, nous n’y sommes pas. Il te faudrait chercher dans la mémoire des « autres ».

-Quels « autres » ?

-Je vois, ils ont choisi de faire comme nous. Ils ne sont plus que légende.

-Je ne comprends rien, mais je sais que vous cherchez quelque chose ici. Si je me bats contre vous, il est probable que je sois vaincu et donc que vous arriviez à vos fins. Je ne peux laisser faire ça. Je ne vois alors qu’une seule solution. »

           Alexandre passa sa main gauche dans son dos. Il sortit une seconde baguette. Son regard noir et calme toisait les Seigneurs en signifiant « fini de jouer ». Le Seigneur sentit l’énergie magique affluer du corps du sorcier vers ses artéfacts. Et pour la première fois depuis des siècles, il faillit ressentir de l’appréhension. Ce sorcier était différent de ses semblables. Mais ce n’était pas ça qui le préoccupait. Comment des êtres qui savaient à peine faire bouger des objets par la pensé il y a des millénaires pouvait être capable de ça maintenant ? Est-ce qu’« Ils » l’avaient prévu ? Non, aucune intelligence ne pouvait se projeter aussi loin dans le temps. Etait-ce un formidable hasard ?

           Le Seigneur comprit qu’il valait mieux ne pas rester là. Il était si près du but qui lui avait été donné. Tant pis, il connaissait un autre moyen de l’atteindre. Mais ce sorcier lui bloquait la sortie. Il se mit à siffler rageusement. Aussitôt, ses subordonnées s’élancèrent en même temps vers l’agent de la DE. Le visage d’Alex ne démontra aucune émotion. Son esprit coulait comme l’eau, une eau enflammée. Le sorcier fit tournoyer ses baguettes. Des flammes en surgirent. Le Seigneur comprit immédiatement que ce feu n’était pas ordinaire. Les volutes ardentes prirent la forme de bêtes aux mâchoires serties de dents rougeoyantes, de pattes dotées de griffes tranchantes. Les démons de feu s’attaquèrent aux Seigneurs, certains furent dévorés sans espoir de survivre. Mais le Feudémon ne s’attaqua pas uniquement aux ennemis, les étagères et les parchemins qu’elles portaient en furent aussi les proies.

Le feu bestial se répandait autour des Seigneurs survivants. Le chef des ennemis siffla une nouvelle fois. Alex devina qu’il donnait l’ordre de quitter la bibliothèque. Le sorcier pouvait relâcher son pouvoir, le Feudémon vivrait sans son aide maintenant, grandissant en dévorant tout jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à détruire dans ces pièces. La chaleur était devenue suffocante. Les Seigneurs s’étaient rassemblés autour de leur chef. Ce dernier toisait le sorcier d’un regard haineux. Ils bondirent tous en même temps. Alex fit ce qu’il put mais un seul des monstres tomba sous ses coups au passage, repoussé contre une étagère dévoré par le feu démoniaque qui se jeta sur lui comme une bête sauvage sur un morceau de viande fraîche.

               Les Seigneurs quittèrent la bibliothèque. Seul le chef s’arrêta et se retourna vers l’agent de la DE. Son regard exprimait de la haine. Alex soutint son regard. Au moins ils avaient ça en commun : une haine réciproque. Le Seigneur leva une de ses mains fourchues. Une boule d’éclairs jaunes apparues dans sa paume. Il la laissa tomber presque nonchalamment à ses pieds et tourna les talons pour s’enfuir. Alex eut le réflexe de se jeter à l’abri avant que la boule n’atteigne le sol. Cette dernière généra une explosion qui souffla la porte et une partie des flammes. Lorsqu’il se releva, un coup d’œil autour de lui indiqua à Alex que le Feudémon continuait son œuvre avec toujours autant de virulence. L’ambiance devenait trop dangereuse, même pour lui. Mais ce qu’il redoutait était arrivé : l’escalier s’était effondré, lui bloquant toute issue.

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