Ariana Potter, Premier Cycle : Dans l'Ombre des Secrets
CHAPITRE XI : SE BATTRE ET MOURIR
La famille italienne suivit Alastor à travers la lamaserie en direction de la cour intérieure. L’auror suivait les indications de Forge. La voie était libre jusqu’à l’ATEF mais ils se déplacèrent prudemment. Ils arrivèrent finalement en vu de la cour intérieure. Alastor illumina l’extrémité de sa baguette pour signaler leur position aux hommes de l’UA. Ces derniers se repositionnèrent pour assurer un maximum de sécurité. Un binôme de l’Unité Action vint prendre la relève d’Alastor et d’Ariana. Les deux anglais se dirigèrent vers Erius Sornas.
« J’ai suivi la communication de tout à l’heure, dit le vampire. Vous comptez vraiment y aller seul ?
-Il n’y va pas seul, intervint Ariana. J’y vais aussi.
-Ariana, c’est trop dangereux, dit Alastor.
-Raison de plus.
-Tête de mule. »
Ariana lui lança un sourire ingénu. Le vampire s’amusa de la voir mener cet auror par le bout du nez. Mais l’heure n’était pas à l’amusement. Il fallait faire vite.
« Je ne vais laisser qu’un binôme avec les civils, dit Sornas. On y va au… »
Une explosion retentit de l’autre côté de la cour intérieure. Dans la lumière de la boule de feu qui enflait, Ariana vit les silhouettes de deux hommes qui furent projetés par le souffle et vinrent percuter violement la carlingue de l’ATEF. Si l’un d’eux s’effondra sans aucune marque extérieure, l’autre se cambra plus que possible autour d’une des ailes avant de s’affaler sur le sol. Un membre de l’UA accourut aussitôt vers les deux hommes. Les autres tentèrent de s’organiser pour faire face à la direction dangereuse. Mais ils n’en eurent pas le temps.
Ils surgirent de l’ombre, plusieurs de ces Seigneurs de l’Oubli. Avaient-ils deviné qu’aucun des hommes en noir ne leur apprendraient ce qu’ils désiraient savoir ? Peut-être, car ils n’attaquaient pas pour voler la mémoire, ils attaquaient pour tuer. L’assaut fut si rapide que même les hommes de la DE ne purent réagir immédiatement comme il le fallait. Les Seigneurs se jetèrent sur eux comme des animaux. La violence avec laquelle ils firent tomber plusieurs agents de la DE figea Ariana d’horreur. Mais elle devait bouger. Un Seigneur fonçait sur elle. Elle savait qu’elle devait lever sa baguette, réagir, mais elle n’y parvenait pas. Une forme sombre passa devant elle, lui cachant la vue. Elle ne vit qu’un fugace éclat métallique. S’ébrouant comme un animal blessé, le Seigneur recula, touché au bras. Son sang verdâtre suintait de sa blessure.
Ariana sortit de sa léthargie. Elle parvint à identifier son sauveur à ses longs cheveux blancs. Erius avait touché le Seigneur de sa rapière. Les survivants de son groupe de combat se repositionnèrent derrière lui. Les Seigneurs se tenaient devant eux.
Les italiens étaient terrorisés, ils restèrent prostrés derrière le binôme qui faisait rempart de leurs corps. Alastor s’avança pour se mettre à hauteur d’Erius. Un Seigneur, le chef, siffla un ordre à ses semblables. Il s’approcha de deux pas et toisa les humains.
« Votre peuple a perdu plusieurs des siens ce soir, dit-il de sa voix sifflante. Je suis sûr que vous ne voulez pas en sacrifier d’avantage. Donnez-nous cet homme et nous vous laisserons la vie sauve. »
Le Seigneur avait désigné Dario Figoni de sa main fourchue. Ce dernier passa un regard emplit d’espoir sur les hommes venus le sauver. Mais aucun ne se tourna vers lui, seule Ariana croisa son regard. Elle devina toute la détresse qu’il ressentait. Elle remarqua que la fillette pleurait en se tenant fermement contre sa mère paralysée d’effroi. Les doigts d’Ariana serrèrent sa baguette si fort que ses jointures blanchirent.
« NON ! hurla-t-elle en se tournant vers les Seigneurs, plantant un regard sans faiblesse dans les yeux rouges du chef. Nous ne vous le laisserons pas. Quel qu’en soit le prix. »
Un silence s’installa durant quelques secondes.
« En êtes-vous sûrs ? demanda le chef des Seigneurs. Préférez-vous vraiment la mort ?
-Je vois que vous ne comprenez pas, dit Erius Sornas. Elle a exprimé ce qui nous semble impossible : vous laissez un innocent. Nous sommes venus vous combattre. Donc allons-y.
-Tu es un fils du Peuple de la Nuit, dit le Seigneur. C’est étrange que tu sois du côté des Humains.
-Je ne vois pas pourquoi.
-Tant pis. Je suppose que l’autre de tout à l’heure était avec vous.
-Quel autre ?
-Un homme qui nous a poursuivis dans la bibliothèque. Il nous a empêchés d’atteindre notre objectif.
-Alex, sourit Erius. Ça ne m’étonne pas de lui.
-Mais ses efforts lui ont coûté la vie. »
Ariana accusa le coup. Elle ne connaissait pas Alexandre depuis longtemps, il lui semblait quelques fois antipathique, mais il n’avait sûrement pas mérité de mourir. Etait-ce ça faire partie de la Division Esotérique ? Se battre et mourir. Pour quelle raison ? Ils ignoraient tout du but poursuivi par les Seigneurs de l’Oubli. Tous ses efforts d’imagination ne lui permettaient pas de le deviner. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle ne survivrait pas sans combattre. Y arriverait-elle ?
Le chef des Seigneurs siffla rageusement. Ses acolytes bondirent vers les hommes de la DE. Des coups de feu retentirent, des sortilèges surgirent. Erius Sornas tenait sa rapière prête à frapper. Il donnait des ordres à ses hommes pour tenter de contenir les Seigneurs. Avant de pouvoir atteindre les humains, deux Seigneurs s’effondrèrent criblés de balles. Mais le choc fut rude quand ils parvinrent à eux. Les Seigneurs se montrèrent impitoyables. Alastor resta près d’Ariana, souhaitant la protéger. Mais la jeune femme avait décidé de se battre. Elle faisait parler sa puissance magique par des séries de maléfices manquant de réalisme mais arrivant parfois à gêner les ennemis.
Ariana vit plusieurs des hommes d’Erius tomber. Et elle se rendit compte qu’ils reculaient. Les yeux d’Erius exprimaient une rage sanglante. Mais même lui fut refoulé. Quatre Seigneurs avaient été éliminés. Mais il en restait encore quatre autres en comptant le chef. Ariana le chercha des yeux. Il avait disparu ! Elle perçut alors un hurlement de frayeur venant de derrière elle. Le chef des Seigneurs se trouvait à côté des Figoni, il avait éliminé à lui seul le binôme dont les cadavres fumaient sur le pavé. Le chef des Seigneurs allait se saisir de Dario Figoni mais sa femme s’interposa les larmes aux yeux. Dans un mouvement d’impatience, le Seigneur l’écarta violement d’une seule main. Alessandra Figoni fit un vol plané jusqu’à percuter un mur proche. Elle resta au sol. La fillette courut jusqu’à sa mère et se mit à la secouer en pleurant.
Le Seigneur posa sa main fourchue sur les yeux de Dario Figoni. Ariana regarda rapidement autour d’elle. Erius était aux prises avec un autre ennemi ainsi qu’Alastor. Aucun d’eux n’avait remarqué ce qui se passait. Ariana savait qu’elle n’avait pas le choix et pas le droit à l’erreur. Il fallait qu’elle élimine ce Seigneur en un coup fatal. Elle ne s’était jamais attendue à devoir en arriver là mais elle n’avait plus le temps d’hésiter. Elle leva sa baguette, rassemblant le maximum de puissance.
« Avada Kedavra ! hurla-t-elle. »
L’éclair de magie fusa vers le Seigneur, éclairant son visage blafard d’une lueur verte. Ariana comprit immédiatement qu’il ne pourrait l’éviter. Mais d’un geste réflexe, le Seigneur utilisa Dario Figoni comme bouclier. Ariana ne pouvait arrêter l’élan de sa magie. L’éclair vert frappa l’italien, retirant toute vie de son corps.
Qu’avait-elle fait ? Ariana tomba à genoux. Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle venait de tuer un homme innocent. Certes, la faute était imputable au Seigneur, mais c’était elle qui avait incanté le maléfice de la Mort. Un Impardonnable. Elle l’avait fait pour protéger un innocent, un père de famille. Mais au lieu de le sauver, elle l’avait tué. Ses yeux se portèrent sur la fillette qui se tenait toujours près de sa mère. Elle avait tout vu. Elle regardait le corps de son père, comprenant certainement qu’il ne la prendrait plus jamais dans ses bras. Elle ne secouait plus sa mère étendue. Ariana devina tristement que c’était inutile. Puis le regard de la fillette glissa vers Ariana, la poignardant par la peine qui suintait de ses yeux en larmes incessibles.
Le Seigneur laissa choir le cadavre de Dario Figoni devenu inutile pour lui. Il toisait Ariana d’un air mauvais.
« Cela fait deux fois ce soir qu’un membre de votre espèce pitoyable m’empêche d’atteindre mon but, siffla-t-il haineusement. Tu ne le voulais pas, je le vois. Tu ne voulais pas tuer cet homme. Mais ce faisant, tu as réussi à me mettre en échec. Je vais te tuer pour ça. Mais avant… »
Le Seigneur s’était tourné vers Sarah.
« J’ai encore une dernière chance de remplir ma mission, finit-il. »
Ariana suivit son regard. Elle ne pouvait pas laisser faire ça, mais elle ne savait pas comment faire. Si elle agissait, tuerait-elle aussi cette petite fille ? Le Seigneur profita de son temps de réflexion pour venir se saisir de la fillette. Il la plaça ostensiblement entre lui et Ariana. Il savait qu’elle ne tenterait rien. D’ailleurs, Ariana ne leva même pas sa baguette. Le Seigneur cacha de son horrible main les yeux de la fillette. Celle-ci fut prise de convulsions. Au bout de quelques secondes qui parurent éternelles à Ariana, le Seigneur relâcha son étreinte. Sarah se laissa tomber sur le sol, les yeux dans le vide.
Le Seigneur était satisfait. Il possédait maintenant la mémoire de cette enfant. Certes, elle n’avait pas compris le sens des parchemins qu’elle avait vu. Mais lui, les comprenait. Heureusement que le moine qu’il avait attrapé dans la bibliothèque savait que deux personnes avait vu ces parchemins : Dario Figoni et sa fille. Et maintenant, même s’ils étaient détruits, il savait. Inutile de tuer cette petite fille. Seule et abandonnée, sans souvenir de qui elle était, elle mourrait bientôt. Il délaissa Sarah pour s’avancer vers Ariana. La jeune femme ne pensait même plus à se défendre. Elle avait échoué.
Alastor n’avait pas vu la scène. Il ne vit qu’Ariana à genoux et devant elle le Seigneur de l’Oubli prêt à la frapper à mort. Il repoussa d’un sortilège le Seigneur avec qui il se battait et s’élança au secours d’Ariana. Un éclair lancé à la hâte frôla la capuche du Seigneur, découvrant sa tête déformée. Le Seigneur arrêta un deuxième éclair avec ses mains. Il bondit pour aller à la rencontre de l’auror. Ariana hurla à Alastor de s’enfuir. Mais le combat au corps à corps faisait déjà rage. Alastor tentait de frapper le Seigneur mais ce dernier était trop rapide et esquivait toutes les attaques. Un maléfice cuisant toucha quand même le Seigneur au visage, le marquant d’une tâche cramoisie. La créature recula en sifflant de rage et de douleur. Alastor voulut enchaîner mais il se figea sur place.
Quelque chose tomba juste devant Ariana. Elle reconnut cinq doigts tenant une baguette magique. Les doigts formaient une main elle-même raccrochée à un bras. Le coude était semi-plié. Mais là où aurait dû se retrouver l’épaule, il n’y avait rien si ce n’est des chairs sanglantes à vif. Ariana ne sortit de sa torpeur que quand Alastor se mit à hurler de douleur. Sa main pressait son épaule là où se trouvait son bras quelques secondes plus tôt. Du sang coulait abondamment sur le sol. Alastor chancela. Il allait certainement tomber. Mais le Seigneur l’en empêcha en le saisissant à la gorge.
« Ton espèce a beaucoup évolué, siffla le Seigneur. Mais il vous reste du chemin à parcourir. Seuls quelques uns, comme cet homme tout à l’heure sont capables de nous tenir tête efficacement. Qu’espérais-tu tout seul ? C’est la fin du chemin pour toi. »
Le Seigneur posa la paume de son autre main sur l’abdomen d’Alastor. Il n’y eut qu’une déflagration. Alastor se retrouva coupé en deux. Ses viscères se répandirent sur le pavé. Le Seigneur se délecta un instant de l’expression de souffrance qui marquait les yeux d’Alastor avant de laisser la partie haute de son corps lourdement choir.
Oubliant la présence du Seigneur de l’Oubli, Ariana se jeta sur le corps d’Alastor. Ce dernier respirait encore. Son sang devenait une flaque de plus en plus étendue. Non loin, le combat avait cessé. Les quelques hommes survivants étaient parvenues à se mettre à couvert derrière l’ATEF. Erius voulait lancer une contre-attaque quand Alastor s’était fait battre.
« Alastor, pleurait Ariana. Non ! Pas toi ! »
Difficilement, l’auror tourna son regard vers elle. Il parvint même à sourire.
« Je ne voulais pas que tu connaisses un jour cette vérité, murmura-t-il. Mais dans ce monde, il y a des gens qui se battent et qui meurent. Tu as toujours vécu en l’ignorant sciemment. J’aurais aimé que ça continue. Mais maintenant tu sais. Et jamais tu ne pourras l’oublier. »
Alastor toussa, du sang jaillit de sa bouche.
« Tais-toi Alastor, ordonna la jeune femme. Tu dois garder tes forces.
-Il est trop tard pour moi maintenant, continua-t-il. Mais souviens-toi toujours : reste toi-même et tu y arriveras, quelque soit la voie que tu choisis.
-Je ne veux pas que tu meurs. Je ne veux pas que ça finisse comme ça.
-Ce n’est pas la fin. Ce n’est que le commencement. »
Le corps d’Alastor se relâcha sous les doigts d’Ariana. Ses yeux ouverts se vidèrent de toutes émotions. Même la souffrance le quitta.
Ariana ne pouvait y croire. La veille encore, Alastor lui parlait, il riait, il l’embrassait. Et maintenant, jamais plus. Pourquoi fallait-il que ça se passe ainsi ? Elle n’avait pas demandé à entrer dans ce monde. Alors pourquoi ? Pourquoi devrait-elle y vivre ? Etait-ce pour y mourir ?
« Voilà votre destin, siffla le Seigneur comme s’il avait lu dans ses pensés. Si vous nous résistez, vous mourrez dans la souffrance. Résignez-vous à nous servir. »
Oui, il avait raison. Ariana savait qu’il était vain de résister.
Un éclair rouge déchira la nuit, surprenant le Seigneur qui parvint quand même à bondir pour l’esquiver. Il s’était ainsi éloigné d’Ariana. Ses acolytes le rejoignirent, formant une bulle de protection autour de lui. Tous regardèrent vers la source de l’éclair. Une silhouette sombre se détachait dans l’ombre d’un mur. La silhouette s’avança dans la lumière lunaire. Tous, alliés comme ennemis furent surpris, il était censé être mort. Et pourtant, il était là devant eux : Alexandre Chaldo.
« Comment as-tu fait pour sortir de la bibliothèque ? questionna le Seigneur.
-Il y a encore beaucoup de choses que vous ignorez sur nous, dit Alex. »
L’agent de la DE s’avança. Il passa à côté d’Ariana et du corps d’Alastor sans leur lancer un regard. Ses yeux froids demeurèrent fixés sur les Seigneurs de l’Oubli. Il ne s’arrêta qu’une fois entre Ariana et l’ennemi.
« Tu es différent, siffla le chef des Seigneurs. Différent des autres sorciers. Un jour, nous saurons pourquoi. Ce soir, nous vous laissons. Nous avons eu ce que nous voulions. »
Les Seigneurs se mirent à bondir, s’éloignant à une vitesse phénoménale. Alexandre se contenta de les regarder s’en aller. Erius ordonna à ses hommes de s’occuper des blessés. Le vampire s’approcha d’Alex. Il voulait savoir pourquoi il les avait laissés s’enfuir, ce n’était pas dans ses habitudes. Mais il l’avait à peine atteint que le jeune homme manqua de tomber à genoux. Erius le rattrapa de justesse. Il vit alors l’horrible brûlure qui marquait son torse et qu’il était parvenu à caché aux Seigneurs. Erius reconnut la signature caractéristique d’un Feudémon. Les questions attendraient, pour le moment, il avait besoin de soin. Il n’était pas en danger de mort mais il n’aurait pas pu se battre plus longtemps. C’était pourquoi il avait joué un gros coup de bluff. Cet humain ne cesserait jamais de le surprendre.
Erius emmena Alexandre jusqu’à l’intérieur de l’ATEF. Il lui appliqua les premiers soins. L’agent refusait de s’allonger et resta assis. Les hommes d’Erius avaient fait de même avec les blessés et ils avaient aussi fait monter la fillette à bord. Malheureusement, il y avait plus de morts que de blessés. A présent, ils s’occupaient des morts. Erius profita de ce laps de temps pour parler à Alex.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda le vampire.
-On a échoué, voila ce qu’il s’est passé, répondit sobrement Alexandre. Mais on en a appris un peu plus sur eux. On peut maintenant leur donner un nom. »
Le regard d’Alex passa sur les corps qui s’alignaient devant lui.
« Mais le prix à payer est trop élevé, finit-il. »
Ariana était monté en même temps que le corps d’Alastor. Elle vit Alex en discussion avec Erius. A sa vue, son esprit fut aveuglé de colère. Elle vint jusqu’au français et le gifla violement plusieurs fois. Elle ne cessa que quand Erius l’écarta en la ceinturant.
« Tu aurais dû mourir toi aussi ! hurla-t-elle. Si tu n’étais pas parti en en faisant qu’à ta tête ! Il serait encore en vie maintenant !
-Peut-être, dit calmement Alex. Je ne sais pas. Et aucun de nous ne peux le savoir.
-Tu veux dire quoi ? C’était son destin peut-être ?
-Non, le destin n’existe pas, ce n’est que l’excuse des faibles pour expliquer leurs erreurs. Je ne mettrais pas mes erreurs sur le compte d’une quelconque voie tracée à l’avance. Je ne sais pas comment il est mort. J’ignore si l’un de nous est en faute. Tout ce que je sais, c’est qu’il a été tué par un de ces Seigneurs de l’Oubli. Comme tous ces braves. Il n’y a qu’envers ces monstres que je demanderais vengeance. Et ce n’est pas parce qu’ils ne sont plus à porter de mes coups que je transfèrerais la haine sur quelqu’un d’autre. »
Ariana ne voulait pas comprendre ce que disait Alexandre. Elle ne savait qu’une chose, s’il n’était pas parti, Alastor serait encore en vie. Enfin, peut-être.
Une fois les cadavres des Seigneurs de l’Oubli chargé, l’ATEF décolla. Ariana ne pouvait détacher les yeux du sac dans lequel se trouvait le corps d’Alastor. Elle n’avait même pas eu le temps de savoir ce qu’elle ressentait pour lui exactement. Une petite voix la fit sortir de sa torpeur.
« Où suis-je ? »
Sarah regardait autour d’elle. Les hommes de l’UA occupés à prodiguer les premiers soins aux blessés ne pouvaient s’occuper d’elle. Ariana se leva et vint jusqu’à elle.
« Tu es en sécurité, dit-elle. Tu parles bien l’anglais à ce que je voie.
-L’anglais ? fit la fillette. Qu’est-ce que c’est ? Vous êtes qui ? Et qui suis-je ?
-Tu ne te souviens de rien ?
-Les Seigneurs de l’Oubli, intervint Alex. Ils retirent tous les souvenirs rien qu’en posant leurs mains sur les yeux de leurs victimes. Elle ne sait plus qui elle est. Au moins, elle a aussi oublié… »
Alex s’arrêta en pleine phrase mais Ariana avait compris ce qu’il voulait dire. Sarah ne se souvenait plus de ses parents et de leur mort.
Des larmes mouillèrent les yeux de la jeune femme. Elle s’assit à côté de la fillette et la serra contre elle.