L'Ankou

           CHAPITRE VI : BRYAN QUINNON

           Bryan Quinnon avait été obligé de battre en retraite. Il pensait pourtant avoir l’avantage. Ils étaient venus en nombre mais cela n’avait pas suffit. Même quand la japonaise partit, ils ne purent rien contre Igor, Victor et Natalia. Ils savaient pour avoir combattu à leur côté que ces trois là faisaient parti des meilleurs combattants de l’Ankou. Même Natalia, elle n’était pas une simple cuisinière. Malgré tout ses efforts, Quinnon n’avait même pas réussi à s’approcher des enfants MacHingson. Et lorsque d’autres pirates de l’Ankou arrivèrent, les prenant à revers, Quinnon comprit que la partie était perdue. Il transplana pour sauver sa peau. Plusieurs de ses hommes le rejoignirent dans la même seconde. D’un rapide coup d’œil circulaire il estima les pertes de la soirée. Il manquait cinq hommes. Ça aurait pu être pire. Mais le pire restait à venir, il fallait annoncer cette échec à Tatiana.

           « Endoloris ! hurla Tatiana. »

Quinnon se tordait de douleur sur le pont de l’Ankou. Tatiana avait le visage déformé par la fureur. Elle ne supportait pas l’échec. Quinnon se releva difficilement et haletant.

« Tu me déçois encore une fois Bryan, dit Tatiana. A cause de toi, mon plan va être retardé. Il me faut le sang des Morbrez. Et Gaël ne se laissera pas saigner tranquillement. Il me faut les gamins de Soizic.

-Ils sont bien protégés, ça ne sera pas facile, souffla Quinnon.

-Je sais merci, cracha-t-elle. Si j’avais pensé que ça aurait été si difficile d’obtenir le sang des Morbrez, j’aurais tout fait pour porté le gosse de Gaël. J’aurais eu une source de sang à disposition. Et alors, l’Ankou serait déjà à moi. »

Quinnon regarda Tatiana avec des yeux grands ouverts. Il la savait capable de tout, mais là c’était la pire des choses qu’elle n’ait jamais dit. N’avait-elle vraiment aucune limite à son ambition ?

« Tatiana, je voudrais savoir : pourquoi veux-tu tellement t’emparer de l’Ankou ? osa-t-il demander. Tu as déjà le Cauchemar et nous avons raflé une fortune. Alors pourquoi ? »

Tatiana jeta sur Quinnon un regard de profond dégoût. Elle lança un nouveau sortilège de torture sur son second.

« Comment oses-tu ? s’écria-t-elle. C’est moi qui commande ! Ne l’oublie pas ! »

           Tatiana cessa de torturer Quinnon et se tourna nonchalamment vers l’île de la Tortue.

« Gaël et son équipage viendront pour essayer de reprendre l’Ankou, dit-elle. Nous n’avons qu’à attendre.

-Tu sais très bien que les hommes de l’Ankou sont forts, rappela Quinnon en se relevant. Je ne sais pas si nous serons capables de gagner.

-Je me fiche de rendre l’Ankou à Gaël pour un temps, l’important est le sang des Morbrez. »

Quinnon connaissait ce regard par cœur. Tatiana avait un plan. Et ses plans étaient toujours terrifiants et sanglants.

           Il y aura un carnage…

           John tournait en rond comme un lion en cage. Après le combat dans le bar, lui et Morgane avaient suivi les hommes de l’Ankou dans la forêt. Igor était parti durant une heure pour rassembler les derniers membres de l’équipage disséminés sur l’île. Justin Lefranc les avait rejoints également. Il s’était tout de suite mis à soigner les blessés avec l’assistance de Natalia qui en profitait pour lui expliquer ce qui s’était passé. Après, le médicomage, les deux seconds et la cuisinière s’étaient assis au pied d’un arbre et attendaient en silence. Cela mettait le jeune homme hors de lui. Akiko n’avait pas réapparu depuis le combat.

           John n’en pouvait plus, il se dirigea d’un pas décidé vers Igor et les autres.

« Pourquoi restons-nous ici ? s’écria John.

-Baisse d’un ton John, il ne faudrait pas que les hommes de Tatiana nous trouvent, dit Victor.

-Ça fait des heures qu’Akiko a disparu.

-Ne t’en fais pas pour elle, sourit Natalia. Elle sait se défendre.

-Je sais mais…

-John, s’il te plait, supplia Morgane. Elle va revenir ne t’en fais pas.

-Elle est allée au bateau, n’est-ce pas ? Et vous savez bien que c’est la cible de cette Tatiana. Si elle est encore en vie, elle est sûrement prisonnière.

-Je ne pense pas, fit Igor. Akiko a plus d’un tour dans son sac. Elle a déjà dû rejoindre Gaël.

-Alors que font-ils ? Pourquoi ne nous rejoignent-ils pas ?

-Comment veux-tu qu’on le sache ? lança Victor.

-J’aurais bien une idée moi, sourit malicieusement Igor.

-Igor, souffla Natalia.

-Quoi ? Tu devrais être contente, tu as peut-être gagné ton pari.

-De quel pari tu parles ? »

           Gaël et Akiko venaient d’arriver. Les hommes de l’Ankou se réunirent autour de leur capitaine. Quand il dit que leur bateau était entre les mains de Tatiana, plusieurs demandèrent comment ils allaient le reprendre. John était vraiment impressionné par ces pirates, ils ne pensaient pas à abandonner leur bateau et à s’enfuir, ils voulaient se battre pour le récupérer. Ce n’était pourtant qu’un bateau. Gaël jeta un œil sur ses neveux pour s’assurer qu’ils allaient bien. Natalia s’était rapprochée d’Akiko. Voyant ce que faisait la cuisinière, John remarqua alors que la japonaise portait la veste de Gaël. Il en ressentit une pointe de jalousie. Natalia invoqua une nouvelle veste de kimono pour la jeune japonaise.

           Gaël ordonna à Akiko de rester auprès de John et Morgane. Il réunit autour de lui Victor, Igor, Natalia et Justin pour un conseil de guerre.

« Tatiana veut le sang des Morbrez, comme nous le pensions, dit Gaël. Elle a l’Ankou et sait très bien que nous allons tout faire pour le récupérer. Heureusement, elle ignore pas mal de chose sur l’Ankou.

-Tu as un plan pour reprendre l’Ankou ? demanda Justin.

-Le reprendre ne sera pas un problème, jusqu’au prochain capitaine, il n’obéit qu’à moi. Ce que je veux, c’est Tatiana. Je veux sa tête. »

Les autres le regardèrent sombrement. Natalia se contenta de détourner le regard quand Gaël se tourna vers elle.

« Tu es sûr ? questionna Justin. Elle est…

-Notre ennemie, coupa Natalia en relevant les yeux. Quoi qui se soit passé autrefois, qui qu’elle est pue être, Tatiana est maintenant notre ennemie. Elle a tué nos amis, les membres de notre famille.

-Corrige-moi si je me trompe Victor, c’est pas ça que les Chrétiens appelle la Loi du Talion ? demanda Igor.

-Tout à fait, acquiesça Victor. Et je pense que c’est justifié.

-Ouais, continua Igor. Tu me connais Gaël, j’ai envi de boire son sang jusqu’à la dernière goutte. Mais c’est à un Morbrez de la tuer. Je t’aiderais à atteindre ce but.

-Justin, fit Gaël. Je sais que tu n’aimes pas ça.

-Ce n’est pas pour ça que l’Ankou vogue depuis des siècles. Ce n’est pas le but de son équipage.

-Vous quatre êtes les seuls n’étant pas des Morbrez à connaître son secret. Une partie du moins. Je suis totalement d’accord avec toi Justin. Mais je crains que le But de l’Ankou ne soit pas atteint de notre vivant. J’ai dit que Tatiana ignorait beaucoup de choses sur l’Ankou, mais la vérité c’est que nous aussi. Un jour nous retournerons à l’Entréyou. Pour le moment, nous devons reprendre l’Ankou et éliminer Tatiana. Il ne faut pas que nous prenions le risque qu’elle compromette le But Ultime de l’Ankou. »

Justin réfléchit un moment. Puis d’un hochement de tête, il acquiesça.

           « Nous agirons avant l’aube, expliqua Gaël. Je ne veux pas qu’Igor finisse en tas de cendres.

-Je te remercie de ta sollicitude, sourit le vampire. Nous avons quand même encore du temps devant nous.

-Oui, inutile de se précipiter. Reposons un petit peu. Tatiana sait que nous allons tenter quelque chose mais ignore quand nous allons le faire. Plus le temps va passer, plus ses hommes seront fatigués et nerveux. Que tout le monde dorme. Quelques hommes seulement monteront la garde. Réveil à deux heures du matin. Ça nous laissera un peu plus de trois heures pour agir. Je vais réfléchir au plan d’action.

-Je m’occupe de la garde, dit Igor. »

           John était content de voir Akiko en pleine santé. Morgane parlait avec la japonaise du combat qui avait eu lieu au bar.

« Je n’aime pas me battre, dit Morgane. Mais s’il le faut, j’aimerais apprendre.

-Je peux t’enseigner si tu veux, assura la japonaise en souriant. »

John remarqua quelque chose d’étrange. Akiko gardait habituellement une expression neutre. Mais là elle souriait, comme une jeune fille. D’ailleurs, elle semblait un peu distraite et lançait des œillades vers la réunion de ceux que John appelait les « chefs de l’Ankou ». Il avait déjà remarqué que même Natalia était respectée et obéie autant que les autres. Mais ce qui le troublait à cet instant, plus que ces coups d’œil, c’était l’étrange lueur qui s’en dégageait. En fait, cela lui rappela quelque chose ou plutôt quelqu’un. Un visage s’imposa à sa mémoire, une jeune fille qui devait être inquiète de ne plus le revoir. Elle avait l’habitude de la regarder ainsi. John comprit alors ce que signifiait ce regard. Il en ressentit une pointe de jalousie mais préféra ne pas aborder le sujet.

           Les chefs se séparèrent à l’issu de leur conseil. Igor organisait la garde. Natalia regarda vers eux et vint vers eux.

« Je vais rester avec eux, dit-elle à Akiko. Va protéger le capitaine. »

La japonaise acquiesça en souriant avant de s’éloigner.

« Elle est amoureuse de Morbrez, fit John.

-Ça te dérange ? demanda Natalia.

-Non. C’est vrai que je la trouve belle et gentille malgré son comportement un peu froid et distant. Et peut-être que j’aurais aimé qu’il se passe quelque chose entre nous plus tard. Mais de toute façon, j’ai déjà quelqu’un qui m’attend à Sainte-Emmanuelle.

-Tu parles d’Oriane, sourit Morgane. Tu crois que tu la reverras ?

-J’espère bien. Mais plus important pour le moment : qu’est-ce qui se passe et qu’est-ce qu’on fait ?

-Tatiana est à bord de l’Ankou avec ses hommes, expliqua Natalia. On va l’en déloger. Heureusement, elle ne peut pas l’utiliser. Seuls ceux qui ont le sang des Morbrez peuvent le faire. Et actuellement, ils sont tous les trois ici.

-Je veux venir, annonça John.

-Quoi ? fit Natalia.

-Je veux aider à la déloger de l’Ankou.

-Tu as toujours dit que tu n’étais pas des nôtres, et maintenant, tu veux nous aider.

-Cette Tatiana a tué nos parents, n’est-ce pas ? Je veux lui faire payer. Et puis, je ne pense pas qu’elle accepte de nous déposer à Sainte-Emmanuelle. »

           A deux heure du matin, comme prévu, l’équipage de l’Ankou se dirigea vers le port. Ce dernier était étrangement désert. Les hommes de Tatiana devaient avoir fait le vide pour ne pas être gêné. Tant mieux, ainsi il y aurait moins de risque de blesser des innocents. Quelques hommes restèrent en arrière avec Natalia et Morgane, juste à quelques dizaines de mètres du village. Gaël avait accepté que John participe à l’action.

           Quelques silhouettes se déplaçaient lentement sur le pont de l’Ankou. Ils en comptèrent cinq. Igor, aidé de sa vue de vampire, identifia Bryan Quinnon parmi eux.

« Les autres doivent être dans l’entrepont, dit Igor.

-Je lance l’assaut avec Akiko et quelques hommes par la proue, indiqua Gaël. Toi, tu vas faire le tour et passer par bâbord. Tu t’infiltres par les sabords et tu nettoies l’entrepont en les repoussant vers le pont principal. Victor, à toi la poupe. Justin, par la passerelle tribord.

-Je vais devoir me mouiller dans cette histoire à ce que je vois, sourit Igor.

-Je te laisse dix minutes avant qu’on lance l’assaut. »

           Igor et quelques hommes s’éloignèrent. Ils trouvèrent un endroit où ils purent se mettre à l’eau sans être vu de l’Ankou. L’attente parut longue à John, il n’était pas habitué à ça. Il passa son regard sur les pirates qui l’accompagnait. Ils étaient tous très calme. Même Justin démontrait qu’il n’était pas que le simple médicomage du bord. Gaël lança le signal. John sortit sa baguette et suivit Helmut. Tout se passa très vite, Justin Lefranc fit apparaître deux boules de lumières avec sa baguette et les lança sur le pont. Les boules éclatèrent en générant des flashs aveuglants. Les pirates se lancèrent à l’assaut. Akiko ouvrit sans effort le poitrail d’un ennemi. Justin se contenta de lancer des Stupéfix. John fit de même mais il rata sa cible. Le pirate du Cauchemar braqua John de sa baguette. John ne savait plus quoi faire, il était paralysé. L’ennemi sourit jusqu’au moment ou Helmut lui trancha le poignet. Le gabier enchaîna avec un coup de pied à l’estomac. Il saisit l’ennemi par les cheveux et l’obligea à se tenir tranquille en plaçant son sabre sur sa gorge.

« Ça va John ? questionna le gabier.

-Ouais, répondit John qui sentait ses jambes trembler. »

           A quelques mètres de John, Akiko tenait en respect Bryan Quinnon. Gaël s’avança vers lui. Igor et ses hommes débouchèrent de l’entrepont.

« Il n’y avait personne en bas, annonça le vampire. Tatiana n’a laissé que ceux-là.

-Quel est le plan de Tatiana ? demanda Gaël à Bryan Quinnon.

-Tu sais très bien ce que je risque à te répondre Gaël, dit Quinnon.

-Tu risques la mort à ne rien dire, répliqua le capitaine en tendant sa baguette vers Quinnon..

           Natalia restait aux aguets. Elle avait suivi de loin l’assaut de l’Ankou. Elle fut surprise de la rapidité avec laquelle la bataille avait pris fin. Ce n’était pas le genre de Tatiana de se rendre aussi facilement. A moins que… Un doute s’insinua dans l’esprit de la slave. Elle se mit à lancer des regards dans toutes les directions. Et soudain, un des deux hommes restés avec elle et Morgane s’effondra, poignardé dans le dos. Natalia allait lever sa baguette mais un coup au crâne la força à chuter ventre à terre, sa baguette roulant à quelques mètres. Elle releva la tête difficilement au bout de quelques secondes. Elle sentait le sang poisseux ruisseler sur sa nuque. Le second pirate gisait à côté du premier, la gorge tranchée. Morgane était saisie et bâillonnée par un ennemi. Et devant l’adolescente, tournant le dos à Natalia, se tenait une femme aux longs cheveux dorés. Natalia reconnut aussitôt cette silhouette. Malgré les années, elle ne pouvait l’oublier.

« Tatiana, souffla-t-elle.

-Bonsoir Natalia, fit Tatiana en se tournant vers elle. Comment vas-tu ?

-Laisse-la tranquille.

-Ce n’est pas très poli. La réponse à ma question c’est : bien et toi ma chère sœur ?

-Je veux que tu meures. »

Tatiana s’accroupit et saisit Natalia par les cheveux, lui arrachant un cri de douleur.

« Tu ne devrais pas parler ainsi à ta grande sœur, dit Tatiana. Je pourrais prendre le droit de te punir pour ça.

-Vas-y, ne te gêne pas, défia Natalia. Mais je te conseille de me tuer, car si tu me laisses en vie, je te jure que moi je te tuerais. »

           Tatiana était verte de rage. Elle écrasa le visage de Natalia contre le sol en la lâchant.

« Pourquoi ne m’as-tu jamais comprise ? lança Tatiana. Tu devrais être à mes côtés. Tu es ma sœur !

-Non, plus depuis que tu as tué le capitaine.

-Ce vieux fou refusait de me donner ce que je voulais. Je n’avais pas le choix. Mais maintenant, cela n’a plus d’importance. J’ai le sang des Morbrez.

-Gaël ne te laissera jamais l’Ankou.

-S’il veut revoir sa nièce en un seul morceau, il n’aura pas le choix. Tu vas lui transmettre ce message : dans sept jours aux Bermudes, on échangera l’Ankou contre cette fillette. Maintenant, au revoir ma chère sœur. Si tu veux te joindre à moi, tu le pourras toujours.

-Va crever. »

Tatiana allait frapper sa sœur d’un coup de pied. Mais elle se ravisa et se tourna vers ses hommes. Plusieurs claquement de fouet retentirent quand ils transplanèrent.

           Les hommes de Tatiana étaient retournés directement au Cauchemar. Mais elle, elle réapparut au sommet du massif de la Tortue. De là, elle voyait clairement le port et l’Ankou. Elle leva sa baguette en l’air et lança des étincelles rouges avant de transplaner de nouveau.

           « Gaël ! appela Justin. Regarde. »

Le médicomage de bord montrait le sommet du massif de la Tortue. Une gerbe d’étincelles rouges semblait en jaillir. Aussitôt, il entendit un râle de douleur derrière lui. Il vit Akiko tomber à genoux, son sang coulant sur le plancher du pont. Bryan Quinnon se jeta vers John, baguette à la main. Mais il ne l’atteignit pas, Igor s’interposa. Voyant qu’il ne pourrait atteindre le jeune homme, Quinnon n’hésita pas et transplana.

           John remercia rapidement Igor, mais le vampire ne l’écoutait pas. Il s’était porté immédiatement vers la japonaise. Akiko haletait dans les bras de Gaël. Le capitaine était parvenu à la rattraper avant qu’elle ne tombe. Justin Lefranc vint immédiatement l’examiner.

« Ce n’est pas grand-chose, juste une entaille assez profonde certes mais aucun organe n’a été touché, rassura-t-il. Je vais arranger ça en quelques secondes. »

Le médicomage approcha sa baguette de la blessure mais alors qu’il allait incanter, le main d’Igor lui saisit le poignet.

« Igor ! fit-il sans comprendre. »

Le vampire montrait ses doigts recouverts du sang d’Akiko.

« Bryan lui a laissée sa spécialité, dit le vampire.

-J’aurais dû y penser, fit Justin. Il faut que j’arrête l’hémorragie. Toi, va me chercher des bandages propres dans ma cabine. »

Le pirate désigné s’y précipita. John ne comprenait rien. Pourquoi Justin ne refermait pas tout simplement la blessure ? A l’aide des bandages, Justin comprima la blessure, endiguant l’écoulement du sang.

« Ça devrait suffire en attendant, dit-il. Il faut l’allonger quelque part.

-Ma cabine, dit Gaël en soulevant la jeune fille. »

           Gaël déposa Akiko sur son lit avec d’infinies précautions. Il la recouvra d’une couverture, la bordant avec soin. La japonaise avait les yeux dans le vague mais elle semblait deviné qui se tenait près d’elle car elle sourit faiblement. La main de Gaël lui caressa tendrement les cheveux. John s’approcha d’Igor qui était resté sur le pas de la porte.

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda le jeune homme.

-Bryan Quinnon est surnommé « l’empoisonneur », expliqua le vampire. La lame avec laquelle il a éventré Akiko était enduite de son poison préféré, une saloperie qu’il a créée lui-même. Ça empêche tout soin magique. Justin va devoir fabriquer un contrepoison. Mais pour cela, il doit d’abord vérifié si Bryan n’a pas modifié son poison. Je n’ai rien remarqué quand j’ai goûté le sang d’Akiko mais sait-on jamais, Bryan sait très bien que je suis capable de reconnaître son poison. »

Igor et John regardèrent encore quelques instants Akiko et Gaël. Le capitaine continuait à passer sa main sur le front et les cheveux de la jeune fille. Igor fit signe à John de les laisser seuls.