L'Ankou

Chapitre 8 : VIII L'entrainement

3256 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:22

           CHAPITRE VIII : L’ENTRAINEMENT

 

           Quand Gaël parvint à s’obliger à quitter la douceur d’Akiko, il se rendit aux cuisines. Le soleil orangé tombait sur l’horizon. Sur le chemin, il annonça à l’équipage que la jeune fille allait bien. La nouvelle fut accueillie par des soupirs de soulagement et des sourires. Natalia souriait également en voyant entré son ami. En fait, elle souriait surtout de le voir arrivé avec un air si heureux.

« Tiens ! s’exclama-t-elle. Tu as quitté ta cabine.

-Ne serais-ce pas de l’ironie dans ta voix ? fit Gaël avec un sourire en coin.

-C’est juste que j’ai l’impression que quelque chose a changé.

-Je ne vois pas de quoi tu parles.

-Mais bien sûr. Je ne suis pas très forte en Légilimancie mais je te connais par cœur. Alors ça y est, vous vous êtes décidés à vous lancer. »

Gaël savait qu’il était inutile de chercher à le cacher à Natalia. Elle le connaissait que trop bien.

« Oui, on s’est lancé, avoua-t-il.

-Parfait ! Alors raconte.

-Plus tard si tu veux bien. Je suis venu voir si tu pouvais faire quelque chose à manger pour Akiko.

-Avec plaisir.

-Et après, je vais faire une petite réunion sur la passerelle. Après le coucher du soleil.

-Très bien. »

           Natalia apporta le repas à Akiko. Quand elle entra dans la cabine, elle fut accueilli par la voix de la japonaise :

« Gaël ! s’exclama Akiko. »

Akiko rougit en voyant qu’elle s’était trompée. Natalia se contenta de lui adresser un sourire attendri.

« Désolé, ce n’est que moi, fit la russe.

-C’est plutôt à moi de m’excuser, dit Akiko.

-C’est normal que tu veuilles qu’il revienne rapidement auprès de toi. Il a prévu une petite réunion sur la passerelle, sûrement pour nous exposer son plan. Je te l’enverrais juste après. Promis.

-Il m’a dit pour Morgane. Je devrais être remise d’ici là.

-Tant mieux. Sans toi, ce sera sûrement plus dur de la sauver. Je t’ai fais un bon petit plat. Mange, tu seras plus vite sur pied.

-Merci, fit Akiko en commençant à manger.

-Je suis heureuse que toi et Gaël ayez enfin commencé votre histoire.

-Je n’en reviens toujours pas de l’avoir embrassé. J’ai l’impression de vivre un rêve. »

           Natalia laissa Akiko manger. Elle rejoignit Victor, Justin, Igor et Gaël sur la passerelle.

« Alors comment va notre petite sœur ? demanda Igor en souriant.

-Petite sœur ! s’exclama Natalia.

-Laisse, conseilla Justin. C’est la dernière trouvaille d’Igor. Tu lui as apporté son repas ?

-A l’instant, acquiesça la russe. Elle a l’air fatigué mais elle avait des étoiles dans les yeux, dit-elle en souriant à Gaël.

-Ah ! fit Igor. Ça y est ! Enfin !

-Pas trop tôt, souffla Victor.

-Messieurs, soyez un peu sérieux voyons, tempéra Justin. L’important dans cette histoire c’est : qui a gagné le pari ?

-Quel pari ? questionna Gaël suspicieux.

-Et bien disons, qu’on a parié sur quand, toi et Akiko, vous alliez enfin vous mettre ensemble, raconta Igor. La seule règle était de ne rien faire pour vous y amener, il fallait que tout se fasse naturellement.

-Vous n’aviez rien de mieux à faire !

-Pas vraiment.

-Et qui a participé à ça ?

-Oh ! fit le médicomage. Pas grand monde en fait. Juste…

-Tout l’équipage ! Sauf vous deux, bien sûr, finit Igor en riant.

-Natalia ! s’exclama Gaël. Toi aussi ?

-Euh… Oui, avoua Natalia.

-D’ailleurs je crois que tu es l’une des plus proche, fit Victor. Vérifions. »

           Victor Blanco sortit un document de sa poche. Il l’examina attentivement durant quelques instants.

« Et oui ! s’écria-t-il. C’est bien toi qui a gagné Natalia. Je te donnerais ton gain tout à l’heure. Pour l’heure, continua-t-il en se tournant vers le pont. Eh les gars ! Je vous annonce que c’est Natalia qui a gagné le pari ! Désolé pour les perdants ! »

Certains hommes murmurèrent de dépit. Mais d’autres, comprenant ce cela signifiait, lançaient des félicitations à Gaël. Ce dernier sourit légèrement en faisant un signe de la main.

« Soyons sérieux maintenant les gars, calma Gaël. Nous avons un sujet bien plus sérieux à aborder. Nous avons rendez-vous au Bermudes avec Tatiana dans six jours. Autant vous dire qu’elle a choisi le terrain de la rencontre donc, il faut s’attendre à tomber dans un piège. J’ai commencé à réfléchir à un plan. Quand il sera plus développé, je vous en ferais part et nous règlerons les détails. La seule chose que je sais, c’est que John sera essentiel à ce plan.

-Tu es sûr ? demanda Justin. Il…

-Il a envi de sauver sa sœur, coupa le capitaine. Mais pour cela, il doit devenir fort. Je vais donc commencer à l’entraîner.

-Le pauvre, sourit Igor. Ne faîtes pas trop de bruit la journée, je dors moi.

-En parlant de dormir, fit Victor. Ça va faire deux jours que je n’ai pas dormis convenablement.

-Tu peux y aller, libéra Gaël. Nous avons fini pour ce soir. Je vais aller parler à John.

-Et moi, je vais examiner Akiko, décréta Justin.

-Fais vite, elle avait très envi de se retrouver seule avec Gaël, fit Natalia.

-Je comprends, je fais vite.

-Dis donc, ça ne vous dérange pas que je sois là, finit Gaël en riant. »

 

           John était occupé à passer la serpillère sur le gaillard avant. Il avait vu que les chefs de l’Ankou s’étaient réunis. Il devinait la raison de cette réunion. Après tout, il y pensait à chaque seconde. Quelque part sur cette mer, sa petite sœur se trouvait entre les griffes de la meurtrière de ses parents. Cette fois-ci encore, il comptait demander à participer au plan que ne manquerait pas de mettre en œuvre le capitaine Morbrez.

           Lorsque Victor annonça la victoire de Natalia à un pari, il ne comprit pas. Mais à côté de lui, Helmut souriait. Il se tourna vers le gabier pour lui demander des explications. Le germain lui raconta alors l’objet de ce pari. Ainsi, tout l’équipage avait deviné depuis longtemps l’attirance mutuelle qu’éprouvait Gaël et Akiko l’un pour l’autre. Et la fin de ce pari signifiait donc qu’ils s’étaient enfin décidés. John ne put s’empêcher d’être content pour Akiko qu’il appréciait particulièrement, et étrangement, il l’était aussi pour le capitaine.

           En jetant une œillade vers les chefs par la suite, il devina que le sujet de leur discussion avait totalement changé. Ils étaient maintenant sérieux et graves. Le véritable sujet de cette réunion était alors abordé. John remarqua Natalia lui lancer un regard. Ensuite, ils se séparèrent, reprenant leurs activités normales. Victor descendit dans sa cabine. Sûrement pour dormir. Justin se rendit dans la cabine du capitaine. John devina qu’il voulait examiner la japonaise. Natalia retourna dans l’entrepont. Le capitaine et Igor échangèrent encore quelques paroles. Puis, Gaël descendit de la passerelle et se dirigea directement vers lui.

           Le capitaine demanda à John de le suivre un peu à l’écart.

« Nous allons tout faire pour sauver ta sœur, assura le capitaine.

-Je sais, dit John. Je vous fais confiance.

-Tiens ! Tu ne nous vois plus comme des sales pirates ?

-Vous êtes des pirates. Mais j’ai compris que vous étiez différents de ceux dont on m’a parlé à Sainte-Emmanuelle. Malgré toutes les méchancetés que j’ai pu dire, vous êtes tous restés auprès de nous pour nous protéger.

-C’est normal, vous êtes les enfants de Soizic et William.

-Je pense que vous auriez fait ça pour n’importe quels enfants orphelins qui auraient croisé votre route.

-Oui tu as raison, acquiesça le capitaine. C’est ce qui s’est passé pour Natalia et Tatiana d’ailleurs. Mon père les a recueillies alors qu’elles dérivaient seules sur un bateau.

-Comment ça se fait qu’elles étaient seules ?

-Leur bateau avait été attaqué par des pirates sanguinaires qui ont assassiné tout le monde en le pillant. Elles étaient cachées dans la cabine du capitaine, sous la couchette, et ne sont ressorties que quand elles furent sûres qu’ils avaient quitté le bord. Nous sommes tombés sur elles quelques jours plus tard.

-Je vois. Grand-père a bien fait.

-Tu ne réfutes plus le fait que tes parents étaient pirates ? sourit Gaël.

-Non, je dois me rendre à l’évidence. Et puis, ils faisaient parti de cet équipage. C’étaient des pirates honorables. Pour ce qui est du sauvetage de Morgane, je veux en être.

-Je sais. Je suis entrain de réfléchir à un plan. Pour l’instant, ce que je suis sûr c’est que tu auras un rôle à y jouer.

-Dîtes-moi ce que je dois faire.

-Calme-toi, rit Gaël devant l’empressement du jeune homme. Je t’expliquerais tout plus tard. Avant ça, tu dois déjà apprendre certaines choses et en comprendre d’autres.

-Je suis prêt, assura John.

-Bien. Alors nous commencerons demain. Helmut, je veux que John passe une bonne nuit de sommeil, il aura besoin de toutes ses forces demain, ordonna le capitaine.

-D’accord, acquiesça le gabier.

-Qu’est-ce qu’on va faire ? questionna John légèrement inquiet.

-S’entrainer. »

 

           John se demandait ce que lui réservait l’entrainement de Gaël. Il se souvenait des cours de sorcellerie de sa mère. Ils étaient durs, surtout ceux de magie de combat. Rétrospectivement, cela faisait une preuve de plus de la vie mouvementée qu’elle devait avoir vécu. Plusieurs pirates de l’Ankou lui lancèrent des encouragements. Gaël était-il si terrible que ça ?

           John se leva tôt pour pouvoir manger quelque chose avant de commencer. Il pensait que Natalia ne serait pas encore levée mais il la trouva déjà derrière ses fourneaux. Elle l’accueillit d’un sourire mais attendit qu’il referme la porte pour lui dire bonjour.

« Tu es déjà levé ? fit-elle.

-Toi aussi à ce que je vois, dit-il.

-Je me lève toujours tôt pour que les gars qui ont fait la nuit puissent manger un morceau avant d’aller dormir. Et préparé le petit-déjeuner de ceux qui les relèvent. Et toi, tu veux manger un morceau avant ton entraînement avec Gaël ?

-Oui, il vaut mieux d’après ce que m’ont laissé entendre les autres.

-Tu seras le premier que Gaël va entrainer. Ils ont surtout eu envi de te faire peur je pense. Quoique, s’ils se basent sur les entrainements qu’il faisait avec ta mère par le passé…

-Elle était dure ?

-Oh oui ! Justin ne saurait te dire combien de fois il a dû le soigner à cause de Soizic. Elle était très forte. Après la mort de ton grand-père, quand elle a dû prendre les commandes de l’Ankou, elle a commencé à entrainer durement Gaël. Je pense qu’elle voulait le rendre plus fort pour qu’il puisse lui succéder. Soizic était un grand capitaine mais elle aspirait à autre chose avec William. Elle savait que Gaël deviendrait un grand capitaine lui aussi. Mais elle ne pouvait pas le laisser tant que lui n’avait pas conscience de ses capacités.

-Qui est le meilleur capitaine entre ma mère et lui ? »

           Natalia prit le temps de la réflexion en servant des tartines de pain encore chaudes avec de la marmelade au jeune homme. C’était une question qu’elle ne s’était jamais posé avant.

« Soizic était une grande combattante, finit-elle par dire. Et elle a réussi à se faire respecter d’un équipage presque uniquement composé d’hommes. Elle savait rester humaine. Sur les qualités de capitaine, je pense que Soizic et Gaël se valent. Après tout, ils ont été élevés de la même façon. Pour ce qui est du combat, Gaël n’a jamais vaincu Soizic. Mais leur dernier combat remonte à au moins quinze ans. Tu n’étais qu’un bébé à l’époque. Depuis, il s’est amélioré. Soizic aurait beaucoup de mal à le battre aujourd’hui. »

John accepta la réponse. Il comprenait la difficulté de répondre à une telle question. Il se leva de table une fois fini. Il se rendit sur le pont pour profiter de la fraîcheur du matin.

 

           L’air était frais. Cela réveilla totalement John. Il savait qu’une fois que le soleil s’élèverait un tant soit peu au dessus de l’horizon, la chaleur se ferait insoutenable. Il se tenait nonchalamment appuyé contre le bastingage quand un éclair de magie le frappa, l’obligeant à rouler sur le pont sous les rires des membres d’équipage présents. Gaël se tenait à quelques mètres de lui, sa baguette à la main.

« Première leçon, déclama le capitaine. Sois toujours sur tes gardes. On ne sait jamais quand un ennemi surgira. Les pirates se servent toujours de l’effet de surprise. Le but étant de ne pas laisser de plumes dans une attaque. »

John comprenait le principe. C’était logique. Surtout que les pirates s’attaquaient souvent à des proies bien mieux armées qu’eux. La ruse et la surprise demeuraient alors les meilleures armes.

           John se releva mais d’un sortilège de croche-patte, Gaël le renvoya au sol aussi sec.

« Deuxième leçon : quand tu as l’avantage sur l’ennemi, ne lui laisse aucune chance. On ne sait jamais ce qu’il pourrait faire. Troisième leçon : si un ennemi à l’avantage sur toi, fais vite pour retourner la situation. »

John sortit sa baguette et lança un Experlliarmus vers le capitaine. Ce dernier para le sortilège avec sa baguette. John en profita pour se relever, parant la contre-attaque avec un bouclier.

« Stupefix ! cria-t-il. »

Une fois de plus, le capitaine para le maléfice avec une extraordinaire facilité et sa contre-attaque informulée immobilisa les jambes de John, le renvoyant au sol une fois de plus.

« Quatrième leçon : si tu ne veux pas que ton adversaire te contre, ne lui dit pas ce que tu vas faire. Tu vas t’entraîner aux sortilèges informulés. Dans un duel de magie, ça donne un avantage certain. Pour informuler, ne fais que penser à la formule. Ça peut paraître simple dit comme ça, mais c’est bien plus compliqué qu’en formulant. Mais si tu y parviens, à moins de tomber sur un bon légilimen, tu devrais parvenir à cacher ce que tu veux faire.

-Peut-on faire n’importe quel sortilège de manière informulé ? questionna John.

-En théorie oui. Enfin c’est ce que j’ai entendu dire. Après, je ne suis pas professeur à Beauxbâtons. D’après ce que je sais, plus un sortilège demande de la puissance et de la maîtrise, moins il est facile de l’informuler. Ta mère t’a sûrement déjà parlé des trois Impardonnables.

-Oui. Le Doloris, l’Imperium et l’Avada Kedavra.

-Ces trois sortilèges sont extrêmement difficiles à informuler. Je n’ai jamais rencontré de sorcier capable d’une telle chose. Mais parait-il qu’il y en a.

-Vous avez déjà utilisé ces maléfices ?

-Oui. Si nous étions en Europe, cela nous vaudrait une condamnation à vie, voir à mort. Mais nous sommes loin de l’Europe. Exerce-toi aux informulés. Commence déjà par te libérer du bloque-jambe sans rien dire. »

           Gaël rangea sa baguette et laissa John seul au milieu du pont. Ce dernier regarda autour de lui, cherchant une quelconque aide mais les membres d’équipage étaient tous retournés à leurs occupations. Il posa ses yeux sur ses jambes raidit par le maléfice. John se concentra, baguette à la main. Il pensa fortement à la formule de dissipation de magie.

« Finite Incatatem, Finite Incantatem, se répétait-il dans sa tête. »

Il tendit sa baguette vers ses jambes mais rien ne se produisit. Ses membres demeurèrent bloqués. John ne se démonta pas et réessaya inlassablement.

 

           Depuis la passerelle, Gaël et Victor l’observaient. Victor, moldu, ne pratiquait pas la magie. Mais depuis le temps qu’il côtoyait des sorciers, il avait appris certaines choses.

« Tu vas le laisser toute la journée, n’est-ce pas ? fit le second.

-S’il lui faut la journée, dit Gaël. Il est vital qu’il maîtrise l’informulation.

-Je suis d’accord. Mais tu l’autoriseras à manger quand même ce midi ?

-Bien sûr. Je ne suis pas un monstre.

-C’est comme ça que ton père vous a appris l’informulation à toi et Soizic si je me souviens bien.

-Exact. Quand la méthode a démontré son efficacité, pourquoi en changer ?

-Et la suite se sera quoi ? Je ne pense pas que nous ayons autant de temps que vous deux à l’époque pour s’entrainer. Il nous reste moins de six jours.

-J’en suis conscient. Je vais devoir aller à l’essentiel avec lui. Mais tout dépend de son apprentissage de l’informulation. Et d’un autre point important. »

Victor devinait de quoi son ami parlait. Gaël allait révéler une partie du secret de l’Ankou à John.

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