La face cachée du récit
La nuit avait été courte pour la vélane, elle n’avait réussi à trouver le sommeil qu’au petit matin. La soirée de la veille avait été plutôt forte en émotion, d’une part des Mangemorts étaient venu rôder autour de la vieille bâtisse en ruine et d’autre part, Severus Rogue lui avait fait d’étrange révélation. C’était d’ailleurs ce deuxième point qui avait empêché le professeur de sortilège de trouver le sommeil, ces confidences l’avaient laissé complètement sans voix, d’habitude si apte aux réparties cinglante, Circia s’était sentit déstabilisée et stupide. Elle n’avait pas su quoi dire lorsque l’homme s’était de nouveau murer dans le silence avant de regagner sa chambre. De plus cette horrible marque avait hanté le peu de sommeil qui s’était offert à elle peu après l’aube, elle l’avait imaginé bouger, ramper, se tordre et même s’arracher douloureusement de la peau de son propriétaire.
La boule au ventre anxieuse à l’idée d’affronter le silence menaçant de son partenaire, Circia sortit de sa chambre et avança en chemise de nuit dans le salon désert. La jeune femme ne fût pas étonnée de constater l’absence habituelle du maître des potions mais son attention fût attirer par quelque chose qui n’était certainement pas là la veille. Une magnifique boîte, emballée d’un tissu aux couleurs de Poudlard trônait devant la cheminée. Se pourrait-il qu’avec tous ces évènements elle en avait oublié Noël ? Circia s’avança prudemment et s’agenouilla finalement sur le tapis à côté de la boîte dont les motifs prenaient vie de temps à autre. Une lettre était délicatement posée sur ce qui ressemblait à un cadeau.
Circia jeta un œil autour d’elle espérant apercevoir son collègue mais celui-ci n’était toujours pas là. Poussée par la curiosité et par la certitude qu’un homme comme Severus Rogue n’aurait que faire d’un cadeau de Noël, elle ouvrit l’enveloppe et reconnut la fine écriture.
« Ne sachant pas ce que vous préféré, j’ai jugé bon de vous laisser l’embarra du choix »
« Joyeux Noël, A. Dumbledore »
Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, voilà des années qu’elle n’avait pas reçu de cadeau le matin de Noël et elle en avait presque oublié la saveur. La joie qu’elle ressentait à cet instant lui fit oublier momentanément les derniers jours. Excitée, Circia s’empressa de déchirer le papier cadeau et d’ouvrir la boîte. Elle laissa échapper un rire amusé lorsqu’elle découvrit plus d’une centaine de friandise, Dragées Surprises de Bertie Crochue, Ballongommes du Bullard, Patacitrouilles, Fondants du Chaudron, Baguettes magiques à la réglisse, ainsi qu’une dizaine de bouteille de bierraubeurre, effectivement le directeur n’avait pas su choisir ! La jeune femme attrapa une dragée surprise et la mit dans sa bouche sans se méfier, immédiatement sa langue se mit à la bruler et sa gorge sembla se mettre à enfler : Piment naga jolokia, le plus fort au monde. Mauvaise blague ou malchance, Circia n’eut pas le temps de se poser la question et se précipita dans la chambre de Rogue espérant y trouver une potion qui pourrait la soulager. Rapidement elle s’agenouilla et ouvrit le petit coffre qui contenait tout un tas d’antidote et d’autre mélange. La jeune femme trouva finalement quelque chose qui pourrait la soulager et en avala quelque goutes qui calmèrent immédiatement l’inflammation qui lui dévorait la bouche. Elle se redressa doucement et se jura de ne plus jamais se laisser tenter par les dragées surprise. Alors qu’elle allait sortir de la chambre un mouvement attira son attention, elle tourna légèrement la tête et aperçut la pensive, son propre visage sembla une nouvelle fois glisser à la surface avant de disparaitre. Intriguée Circia s’approcha jetant un coup d’œil furtif en direction des rideaux qui servaient de porte afin de s’assurer que Rogue ne risquait pas d’apparaitre et de se méprendre sur ses intentions. Elle ne voulait pas fouiner mais quelque chose la poussait à s’avancer vers la coupole. Une fois au-dessus, légèrement penchée en avant, Circia eu une fois encore l’impression d’être en face d’un miroir avant que l’image ne s’efface. La jeune femme cligna des yeux pendant quelque seconde, mais en un rien de temps elle se sentit aspirée, et sembla faire une chute d’une centaine de mètre.
Le souffle coupée elle se retrouva rapidement dans un bureau qu’elle connaissait parfaitement, ce qui l’entourait paraissait réel mais lorsque sa main effleura un des meubles, elle passa à travers, comme s’il venait de se dématérialisé. Soudain un bruit la fit sursauter, la porte du bureau de Dumbledore venait de se refermé et Rogue se tenait désormais debout devant l’entrée, la fureur se lisait dans ses yeux. L’homme ne la regarda même pas et se dirigea directement vers le directeur, que la jeune femme ne remarqua qu’à cet instant.
Qu’est-ce qui vous amène de si bonne heure Severus ? Demanda la voix chantante du vieil homme.
Le maitre des potions resta tout d’abord silencieux et s’approche de la fenêtre, il sembla observer le paysage puis se retourna finalement vers le sorcier à la longue barbe blanche.
Pourquoi avez-vous engagé Circia Merteuil ? Lâcha-t-il d’un ton qui se voulait surtout empli de reproche.
Circia releva les yeux vers son collègue outrée de le voir remettre l’autorité du directeur en cause, surtout par rapport à elle. Elle porta alors son regard sur le professeur Dumbledore, ayant hâte d’entendre sa réponse.
Le vieil homme se redressa sur son fauteuil et un sourire se dessina sur son visage.
Le professeur Merteuil avait d’excellentes références, qui plus est je pense qu’elle pourrait nous être très utile pour la lutte contre Voldemort. Répondit-il d’une voix calme.
Rogue secoua la tête, il ne semblait pas du tout convaincu.
Etes-vous aveugle à ce point où est-ce l’âge qui vous fait perdre la raison ? C’est une Vélane, elle n’hésite pas à charmer toutes les personnes qu’elle rencontre, y compris vous à ce que je vois. Vous savez comme moi que ces créatures peuvent se rallier au seigneur des ténèbres à tout moment s’il leur promet plus que vous ne serez capable de leur offrir ! Hier soir je l’ai surprise en train de fouiner dans les couloirs, je ne pense pas que cela soit une coïncidence ! Cracha-t-il en s’avançant d’un pas menaçant vers le bureau.
Dumbledore ne sembla pas impressionné et un sourire encore plus large étira ses lèvres.
Circia a des origines Vélane, elle ne s’en est pas cachée ! Mais je ne crois pas que l’attirance que vous ressentez pour elle soit dû à ses pouvoirs hybrides…Dit-il une lueur amusé dans le regard.
Circia sursaute une nouvelle fois, non pas de peur mais de surprise, Rogue attiré par elle ? Dumbledore était-il devenu fou. Immédiatement elle posa ses yeux sur son collègue guettant sa réaction.
L’attirance ? Articula-t-il presque aussi décontenancé que la jeune femme. Cette fois je ne peux plus le nier, toutes vos sucreries ont commencé à attaquer votre cerveau ! Ajouta le maitre des potions avant de se retourner prêt à quitter la pièce.
Cette fois Dumbledore perdit son sourire et les traits de son visage s’affaissèrent. Il se leva doucement comme si ses articulations le faisaient souffrir.
Lily ne vous en voudrait pas…souffla-t-il avant de contourner son bureau.
A ce nom, le professeur de potion s’arrêta net et Circia remarqua que ses poings se serrèrent si fort, que ses mains devinrent pratiquement blanches.
Je ne vous permets pas ! Hurla l’homme tout en renversant une sorte de balance en acier qui s’envola en direction de la vélane. Cette dernière se protégea de son bras mais l’objet la traversa simplement avant de rebondir sur le sol derrière elle.
Vous savez que j’ai raison Severus, elle n’aurait pas aimé vous savoir aussi seul…
Rogue sortit sa baguette et la pointa sur son interlocuteur avec une agressivité impossible à dissimuler.
Taisez-vous, ne me parler pas d’elle ! Lâcha-t-il de plus en plus menaçant.
Circia quant à elle, n’en revenait pas d’assister à une telle conversation, Dumbledore venait clairement d’insinuer que Rogue pouvait être attirée par elle, de plus si elle avait bien compris, ce dernier avait également aimé une femme certainement décédée aujourd’hui. Jamais la vélane n’aurait pu imaginer que son collègue puisse être capable de ressentir de l’amour.
Alors parlons du professeur Merteuil si vous voulez ! Je ne suis pas aussi gâteux que vous venez de l’insinuer, jamais je ne vous ai vu regarder une femme de cette façon et le comportement que vous adoptez face à elle me laisse penser que vous vous en voulez de désirer une autre femme. Vous avez l’impression de trahir Lily quoi que vous puissiez dire !
La jeune femme n’avez jamais vu le directeur parler aussi clairement, que voulait-il, qu’attendait-il de Rogue et par extension d’elle-même ? Pourquoi poussait-il le maitre des potions dans ces derniers retranchements ?
Je pense que vous en avez assez vu ! Siffla la voix de Rogue.
Cependant, ce n’était pas l’homme qu’elle fixait depuis plusieurs minutes qui avait parlé, la voix venait de derrière elle. Instantanément elle se sentit tiré en arrière et la chambre de la toile de tente se matérialisa de nouveau autour d’elle.
La jeune femme mit quelque seconde avant de retrouver ses esprits et lorsqu’elle se retourna elle constata qu’un Rogue bien réel se tenait debout, derrière elle, menaçant à tout instant de lui sauter à la gorge. Les traits de son visage étaient durs, son regard était aussi noir qu’une nuit sans lune et sa lèvre inférieure tremblait de rage. Circia tenta de reculer mais elle se heurta à la pensive. Elle était piégée, elle venait de voir quelque chose que son collègue aurait sans aucun doute préféré emmener dans la tombe plutôt que de le voir dévoilé mais le mal était fait.
Partez ! Souffla-t-il tout d’abord à demi-mot. Partez ! Cette fois il l’avait hurlé, hurlé de rage.
Circia se sentit prise de panique et elle se mit à courir en direction de la sortie. Tellement honteuse et terrifiée par ce qu’elle venait de voir et ce qu’il venait de se passer, la jeune femme en oublia qu’elle était seulement habillée de sa chemise de nuit et qu’elle n’avait pas sa baguette sur elle. Une fois sortie dehors, le professeur de sortilège sentit la neige lui bruler les pieds mais elle continua de courir dépassant rapidement le cercle de protection. La curiosité avait été trop forte, elle n’avait rien prévue, elle ne voulait pas plonger aussi loin dans l’intimité de son collègue. Cette fois elle en avait vu beaucoup trop et Rogue était dans une colère noire, cette fois il n’allait surement pas lui pardonner son comportement. La jeune femme ne pourrait surement plus jamais le regarder en face. Les images volées défilaient devant ses yeux à chaque foulé qu’elle faisait. Ce qui la chamboulait le plus était la possibilité que Rogue puisse s’intéresser à elle. Circia n’avait jamais rien vu, jamais elle n’aurait pu l’imaginer, elle avait toujours eu l’impression qu’il la haïssait, enfin plus rien n’avait d’importance puisqu’à ce moment même cela devait être devenu vrai. Il devait la détester plus que tout au monde !
Soudain quelque chose la fit trébucher et la jeune femme s’étala de tout son long dans l’épaisse couche de neige qui recouvrait le sol. Haletante elle ne se redressa pas immédiatement, comme si sentir le froid qui lui brulait la peau était une punition acceptable pour ce qu’elle venait de faire. Ce ne fût qu’après quelque seconde que Circia se rendit compte de sa vulnérabilité, elle était à moitié nue dans la neige, perdue dans une forêt dense et le plus inquiétant sans baguette magique.
Elle ne pouvait pas retourner à la tente, surtout qu’elle n’arriverait peut être pas à retrouver son chemin à cause du cercle de protection. Un bruit sourd se fit entendre derrière un énorme tronc à une dizaine de mètre d’elle. La jeune femme sentit son cœur se serrer, elle était à la merci de tout et n’importe quoi, bêtes sauvages, Mangemorts… elle espéra que Rogue serrait partit à sa recherche mais ce ne fût pas lui qu’elle vit sortir de la cachette mais deux hommes aux habits déchirés et au visage extrêmement sale.
Circia se redressa rapidement et se remit à courir encore plus vite malgré une douleur aigue qu’elle ressentait désormais à la cheville qu’elle devait s’être foulée en tombant. Pendant sa course elle tourna la tête pour voir à qu’elle distance se trouvaient les deux individus et elle aperçut qu’ils tenaient une baguette magique. Au même moment un éclair rouge vint s’exploser contre un arbre non loin d’elle. La vélane poussa un cri et accéléra sa course. Vu leur apparences ils ne devaient pas appartenir au cercle des Mangemorts mais devait surement être des rafleurs à leur solde.
D’autres sortilèges sifflèrent à ses oreilles et soudain une douleur insupportable la traversa, arrêtant net sa course. La jeune femme s’écrasa douloureusement sur le sol et sentit toutes ses forces l’abandonner. Sa vision devenait floue et bientôt des cris éloignés se firent entendre. Durant quelques minutes elle essaya de ramper, s’attendant à être rattrapée à tout moment par les deux individus, certainement ravi lorsqu’ils allaient découvrir son statut de professeur à Poudlard.
Des pas précipités raisonnèrent à ses oreilles, elle ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Elle aurait voulu crier à l’aide mais elle n’en était pas capable. L’ombre de quelqu’un arriva à sa hauteur, elle sentit la fin arriver, les battements de son cœur s’accélérèrent et atteignirent une vitesse folle en quelque seconde. Une main lui agrippa le bras plus délicatement qu’elle ne s’y attendait.
Malgré sa vision trouble, Circia distingua le visage pâle comme la neige encadré de longs cheveux noirs qu’elle espérait voir depuis qu’elle s’était enfuit. Un soulagement immense s’empara d’elle.
Ca va aller…souffla la voix rauque qu’elle eut pour la première fois plaisir à entendre.
La jeune femme se sentit enveloppée d’une cape et soulevée dans les airs, la chaleur du corps de son collègue l’enveloppant tendrement.
Je suis désolée…souffla-t-elle avant de perdre connaissance.