Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 8 : VIII Serylgia Nëmarialey

2884 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 19:48

           CHAPITRE VIII : SERYLGIA NËMARIALEY

 

           Les Eldars s’entrainaient de manière très active. Ils maniaient le sabre, la lance et l’arc avec dextérité. Leur façon de combattre était visuellement très aérienne. Les Eldars bondissaient et tournoyaient dans le but de frapper sous n’importe quel angle et pourfendre l’adversaire. Ariana apprécia la technicité dont ils faisaient preuve. Par contre, Joshua ne se sentait pas à sa place.

« Impressionnant, mais je préfèrerais voir la bibliothèque de la cité ou en apprendre plus sur la magie eldar, dit-il.

-C’est prévu monsieur Ollivander, assura Tirya. L’Eldryan m’a chargé de vous y mener. Je propose que nous laissions vos amis ici pour nous rendre à la bibliothèque.

-Je vous suis avec plaisir. A plus tard Ariana.

-Amuse-toi bien, sourit son amie. »

           Ariana en profita pour rejoindre Irael qui se tenait à côté de Tony et Lucifel. Farlandis expliquait comment se déroulait la formation et l’entrainement des guerriers Eldars. Ariana les observa avec attention. Ils étaient forts, c’était indéniable. Mais, quelque chose manquait. Comme pour faire écho à ses pensés, Anthony se pencha à son oreille.

« Qu’est-ce que tu en penses ? demanda-t-il.

-Quelque chose manque, fit-elle. Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

-C’est déjà bien que tu le remarques, assura Tony.

-C’est quoi alors ? questionna Ariana, pas surprise que Tony ait mieux compris qu’elle.

-Je préfère que tu le comprennes par toi-même. Farlandis, appela Tony. Nous voyons que le niveau de vos guerriers est exceptionnel. Mais pourrions-nous avoir la possibilité de nous en rendre compte plus précisément ?

-Vous voulez dire, par un combat ? interrogea Farlandis.

-Oui, un combat singulier.

-C’est une bonne idée. Laissez-moi appeler un de nos plus valeureux combattants. Pour l’arme…

-Je vous laisse le choix. »

           Farlandis s’éloigna. Lucifel s’approcha.

« Je sais ce que tu veux démontrer, dit l’ange. Je ne sais pas si c’est une bonne idée.

-Il le faut, fit Tony. S’ils ne comprennent pas leurs faiblesses, ça s’avérera fatal en cas de bataille. Ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre.

-L’eldar contre qui tu vas te battre ne sera pas un tendre.

-Je pense bien. Mais ce n’est pas moi qui combattrai. A toi de jouer Ariana.

-Moi ! s’exclama Ariana. Mais, je suis sûrement la plus faible d’entre nous.

-Ça, je ne pense pas Ariana, contredit Irael. Je me souviens de la force que tu as démontrée contre les golems[1].

-Tu vas y arriver, continua Tony. Et puis, ce n’est pas un combat à mort donc pas de risque. Toutefois…

-Combats toujours comme si ta vie en dépendait, finit Ariana, se souvenant des leçons d’Alex.

-Bonne chance, conclut Tony alors que Farlandis revenait. »

           Farlandis était suivi par un eldar au front ruisselant de sueur, un sabre était glissé dans son fourreau à sa hanche. Il ne portait pas d’armure, juste un harnais d’entrainement. Ariana soupira et s’avança vers son adversaire. Farlandis interrogea Anthony du regard et ce dernier acquiesça. Farlandis présenta le guerrier : Elyandis.

« Ce n’est pas un combat à mort, annonça Farlandis. Le combat s’arrêtera au hors-combat ou à l’abandon. L’arme d’Elyandis sera le sabre. Quelle sera la votre mademoiselle Potter ?

-Mes baguettes magiques, répondit-elle en sortant ses deux artefacts. A moins que vous teniez à ce que je m’en sers que d’une ?

-Cela ne me dérange pas commandant, acquiesça Elyandis en s’adressant à Farlandis.

-Bien, alors, que le combat commence. »

           Farlandis se recula, rejoignant Lucifel, Anthony et Irael. Ariana ferma les yeux un instant. Elle se rappela ses nombreuses joutes d’entrainement avec Alex. Elle n’avait jamais réussi à le toucher malgré tout ses efforts. Chaque fois qu’elle croyait rattraper son niveau, il s’éloignait de nouveau. Mais elle se souvenait aussi de ses combats passés contre les ennemis, contre Noah et d’autres.

           Elle rouvrit les yeux pour découvrir Elyandis se jetant sur elle, le sabre au clair au dessus de sa tête. Elle esquiva en roulant sur le sol, se redressant derrière lui. Ariana rangea une de ses baguettes pour le moment. Elle lança un stupéfix qui se dispersa en rencontrant la lame du sabre eldar. Elyandis s’élança de nouveau avec rapidité. Ariana leva sa baguette pour intercepté la lame effilée, la protégeant par un bouclier informulé. Elle recula sous la frappe mais resta à distance de combat.

« Luminis Gladius, incanta-t-elle. »

Sa baguette se prolongea en une fine lame lumineuse. Elyandis ne se laissa pas impressionner, il attaqua sans hésiter. La lame de métal et celle de lumière s’entrechoquèrent à plusieurs reprises. Elyandis était fort dans le maniement de l’arme blanche, ce qui n’avait jamais été le point fort d’Ariana. Elle préférait le combat à distance. C’était pour ça qu’elle se sentait si bien avec un pistolet à la main. Mais ça n’aurait pas été équitable de choisir une arme à feu pour ce duel.

           Elyandis parvint à rabattre la lame de lumière vers le sol en appuyant à l’aide de son sabre. Ariana réagit immédiatement en roulant sur le dos de son adversaire et une fois de l’autre côté de lui, elle le releva d’un coup de pied au menton. Elle profita de ce choc pour se remettre à distance et dissipa sa lame lumineuse.

« Abandonnez-vous ? demanda Elyandis.

-Non, je change juste de tactique, répondit Ariana. Continuons. »

Elyandis attaqua de nouveau. Ariana avait bien compris qu’il était du genre offensif. Il n’attaquait pas tête baissée malgré tout. Il le faisait intelligemment. Mais il manquait quelque chose.

           Ariana tendit sa baguette vers le sol et lança un éclair sous les pieds d’Elyandis. Ce dernier vit immédiatement que l’éclair ne le toucherait pas et, croyant que sous la pression la sorcière avait raté sa cible, il continua sans ralentir. Il tomba face contre terre sans comprendre. Elyandis regarda ses pieds et vit qu’ils s’étaient enfoncés dans le sol d’une dizaine de centimètres. Ariana avait rendu le sol extrêmement meuble. Un nouvel éclair fit sauter le sabre de sa main.

« J’ai compris, dit Ariana. Douze millénaires d’isolement sans contact extérieur ou très peu vous ont fait stagner. Mais surtout, douze millénaires de paix ont fait que votre peuple, si fort soit-il à la base, ne sait plus ce qu’est se battre. Il vous manque quelque chose d’essentiel et de vital en combat : le réalisme, l’expérience du combat à mort, la nécessité et l’envie de survivre à une confrontation. Vous ignorez tout ça, car vous ne l’avez jamais connu. Il vous manque la notion de combattre. »

           Un silence s’installa pour accueillir les paroles de la jeune sorcière. Anthony sourit.

« Tu l’as bien formée Alex, pensa-t-il. Tu peux en être fier, quelque soit l’endroit où tu te trouves maintenant. Mais il lui manque elle aussi quelque chose. Elle a déjà dû s’en rendre compte. Tu as quand même été dur avec elle. Un peu trop peut-être mais il est encore trop tôt pour juger de ça. Ce sera pour bientôt. »

A côté de lui, Lucifel appréciait. Contrairement aux apparences, la victoire d’Ariana n’avait pas été facile. Elle avait pris l’avantage en se servant de son expérience et en réfléchissant. En force pure, Elyandis la battait de beaucoup. Mais Ariana avait déjà connu l’âpreté de combats réels où perdre signifiait mourir.

           Ariana libéra Elyandis. Ce dernier se leva, l’air furibond. Il ramassa son sabre. Anthony pensa un instant qu’il allait se ruer de nouveau sur Ariana.

« Ce combat n’est pas terminé, lança-t-il. Ce n’est pas ainsi que l’on se bat.

-En réel, vous seriez mort, dit Ariana avec calme. Donc, le combat est fini.

-C’est ce qu’on va voir ! s’écria l’eldar en s’élançant.

-Elyandis ! cria Farlandis pour l’arrêter. »

Mais le guerrier n’écoutait pas, il se jeta rapidement sur la sorcière, le sabre au dessus de sa tête. Ariana leva sa baguette mais elle sentait qu’il était trop tard, Elyandis allait la couper en deux.

           Une ombre la masqua en s’interposant. Un choc métallique résonna. Anthony s’était placé en bouclier, utilisant l’épée des Chaldo pour bloquer le sabre. Il plongea son regard froid dans ceux bouillant de rage de l’eldar. L’eldar dégagea sa lame et tenta une nouvelle attaque sur le sorcier avec une coupe à l’horizontale. Tony le para et contre-attaqua dans la foulée en arrêtant la pointe de son épée juste sur la gorge du guerrier.

« Cela suffit Elyandis, ordonna Farlandis. Gardez votre rage pour l’ennemi. »

Le guerrier se recula avec précaution et rengaina son sabre. Il lança un dernier regard à Anthony et tourna les talons. Le sorcier rangea son épée.

« Il est doué, dit-il. Mais un peu trop nerveux.

-Vous venez d’humilier un de nos meilleurs guerrier, dit Farlandis. Je ne peux que m’incliner.

-Vous avez des forces non-négligeables, assura Lucifel. Ariana a eu de la chance, Elyandis l’a sous-estimée. Quand à Anthony, il est le plus fort humain que je connaisse.

-Seigneur Lucifel, agent Chaldo, je vais rapporter ce que je viens de voir au Haut Conseil. Mais je souhaiterais que vous nous enseigniez ce qu’il nous manque.

-Nous ne sommes malheureusement pas ici pour ça, repoussa Anthony. Mais je peux faire venir des instructeurs, des gens compétents dont c’est le métier. Si bien sûr, le Haut Conseil donne son accord.

-Je vais de ce pas leur faire part de votre proposition. Nous avons visiblement besoin de revoir notre façon de combattre. Nous étions les maîtres en la matière, nous sommes redevenus des enfants ayant tout à apprendre. »

           Anthony lança un regard à Lucifel, celui-ci haussa les épaules comme pour dire :

« Je vous l’avais dit. »

L’agent de la DE se tourna ensuite vers sa coéquipière et lui sourit pour lui faire comprendre qu’elle avait fait ce qu’il fallait.

 

           Joshua avait suivi Tirya jusqu’à la bibliothèque de Valinorya. C’était un magnifique bâtiment, comme un temple verdoyant. Le hall était spacieux et lumineux. Joshua s’attendait à découvrir d’immenses rayonnages d’étagères sur lesquelles se trouvaient entreposés des volumes par milliers. Il fut surpris de découvrir qu’il n’en était rien. Au lieu de rayonnage, il n’y avait rien. Enfin, rien n’était pas forcément le mot. Au centre de la grande pièce où Tirya l’avait guidé, se trouvait une sphère cristalline. Elle tournait doucement sur elle-même sans sens précis. Joshua l’observa comme fasciné, elle lui semblait être une sphère parfaite.

« Voici le Serylgia Nëmarialey, présenta Tirya. Dans votre langue, la traduction la plus exacte serait : mémoire de cristal. Toutes les connaissances Eldars en tout domaine y sont stockées.

-Comme les treize Crânes atlantes, dit Joshua. Mais là, les connaissances ne sont pas parcellisées et n’ont pas besoin d’un Maître-Crâne pour pouvoir y accéder. La sécurité y est bien moindre.

-Notre peuple n’a jamais ressenti le besoin de mettre en place une sécurité comme celle des Atlantes. Les enchantements qui protègent notre île sont totalement suffisants.

-J’espère que vous dîtes vrai. Si les Dæmons s’emparaient du Serylgia Nëmarialey, les conséquences seraient sûrement terribles. Comment fonctionne-t-il ?

-Je vais vous montrer. L’Eldryan a demandé à ce que l’accès au Serylgia Nëmarialey vous soit total.

-Pour quelle raison ?

-L’Eldryan ne me l’a pas dit. Je me contente d’appliquer ses ordres. »

           Joshua plongea son regard dans le cristal d’une pureté sans pareil d’où émanait une luminescence irréelle. Il y voyait une ressemblance avec les Crânes atlantes. Les deux peuples devaient avoir partagé cette forme de magie. Il ignorait quelles connaissances il pourrait tirer de cette sphère. Et quels progrès cela lui permettraient de mettre en œuvre. Mais il n’allait sûrement pas laisser passer cette occasion unique qui allait au-delà de ce qu’il avait espéré en venant sur cette île.

« J’écoute vos instructions Tirya, dit Joshua. »

           Tirya lui expliqua longuement et patiemment comment mettre son esprit en harmonie avec la sphère de cristal. Joshua dû s’y reprendre à plusieurs fois. La sphère était prévue pour un esprit éthéré tel que l’esprit Eldar d’après ce que disait Tirya. Un humain pouvait s’y connecté mais pas sans difficulté. Après plusieurs heures d’essai, Joshua réussit finalement à se connecter.

           Joshua n’avait plus conscience de son corps. Jamais il ne s’était senti aussi libre. Son esprit flottait dans un fluide plus doux que de l’eau ou même de l’air. Une lumière chaleureuse le nimbait sans agresser ses yeux. C’était une sensation unique et étrange.

           Extérieurement, Joshua avait fermé les yeux, il semblait parfaitement calme et détendu. Cela faisait des heures qu’il était connecté à la sphère. Ariana avait passé toute la journée au camp d’entrainement, assistant Anthony qui expliqua aux officiers Eldars comme les Humains faisaient la guerre maintenant, enseignement fruit de plusieurs millénaires de conflits divers, du côté magique ou non. S’inquiétant de ne pas revoir son ami, elle avait demandé à Farlandis qui l’avait faite amener auprès de lui. Ariana y avait retrouvé Tirya qui veillait sur Joshua en se tenant près de lui.

« Il a l’air si paisible, dit Ariana.

-Je craignais que sa connection au Serylgia Nëmarialey se passe mal, avoua Tirya. Mais à part quelques difficultés normales au départ, tout se passe bien. Il est en parfaite harmonie avec le cristal.

-Que voit-il ? Que ressent-il ?

-Je ne sais pas. Cela change d’une personne à une autre. Les informations qu’il étudie sont immédiatement intégrées à son cerveau. L’esprit se protège du désordre généré par ce flux en maintenant la conscience dans un état second. Comme l’esprit diffère d’une personne à l’autre, chaque conscience se protège différemment.

-Et si sa conscience ne se protégeait pas ?

-Il risquerait la folie. Mais ne vous en faîtes pas, ce mécanisme fait parti du protocole du Serylgia Nëmarialey.

-Combien de temps peut-il rester connecté ?

-Certains Eldars y restent plusieurs jours d’affilés. Mais nos corps sont plus résistants à la fatigue que les vôtres. Je pense qu’il va rester toute la nuit. Puis, sentant la fatigue de son corps, le Serylgia Nëmarialey va relâcher son esprit et l’obliger à réintégrer son corps. Je vous ramènerais votre ami demain matin. Soyez rassurée agent Potter.

-Vous allez rester avec lui ?

-C’est la tâche que m’a confié l’Eldryan. Je m’en acquitterais. Allez-vous reposer. Il ne risque rien ici. »


 [1] Voir « Ariana Potter et le Secret de l’Atlantide ».

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