Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre
CHAPITRE X : NIKOS PARDOPOULOS
L’ATEF volait de plus en plus haut. La limite martienne de ce type d’appareil était de treize milles mètres. C’était amplement suffisant pour ce que souhaitait faire Tony. L’aéronef volait en mode furtif depuis son départ d’Ascraeus. Ariana et Tony avaient eux-mêmes revêtus des combinaisons furtives.
« Attention, nous pénétrons l’espace aérien de l’Empire de Chine, prévint le pilote par le haut-parleur. »
Tony hocha la tête pour indiquer à Ariana de finir de se préparer. La jeune femme enfila un casque muni d’un système de respiration. Tony s’en passa, son corps cybermagique avait moins besoin d’oxygène qu’un corps humain et sa peau résistait facilement aux températures extrêmes. Il se contenta de prendre une paire de lunettes pour protéger ses yeux.
Le chef de soute vérifia l’équipement des deux agents. Tony se chargea de le contrôler ensuite. Une fois sûr, il dépressurisa la soute. Malgré sa combinaison, Ariana sentit le froid et ses oreilles se bouchèrent, elle déglutit pour rééquilibrer la pression à ses tympans. La lumière rouge s’alluma. Le chef de soute ouvrit la rampe arrière de l’ATEF. Il n’y eu pas de bruit, le vent était trop faible à cette altitude. Et lorsque le vert s’alluma, Tony marcha vers le bout de la rampe et se jeta dans le vide. Ariana attendit dix secondes et le suivit sans hésiter.
C’était son premier saut sur Mars. Ariana perçut immédiatement la différence avec la Terre. Elle atteignit bien plus lentement la vitesse maximale de chute à cause d’une gravité moindre. Elle atteignit tout de même les deux cent kilomètres par heure avant d’être dans les couches plus denses de l’atmosphère. L’altimètre sonore intégré au casque bipa une première fois, elle venait de passer sous les deux milles mètres d’altitude. Une deuxième sonnerie lui indiqua les mille cinq cent mètres. Elle activa son ralentisseur gravifique qui freina sa chute progressivement, jusqu’à ce qu’elle pose les pieds dans la poussière rouge sans problème.
Le saut s’était bien passé. Les deux agents spéciaux avaient atterri à quelques mètres l’un de l’autre. À trois kilomètres, les lumières de la banlieue de Néo-Beijing miroitaient et plus loin encore, d’immenses tours lumineuses se dressaient, marquant le centre-ville.
« Il nous faut faire vite, rappela Tony. Nous ignorons si nous avons été repérés durant le saut. On garde les combinaisons furtives et les parachutes gravifiques. En route. Sois sur tes gardes. »
Ariana se contenta d’acquiescer d’un hochement de tête. Ils se mirent en marche.
« Fred, appela Tony. Tu es ops ?
-Affirmatif, répondit l’analyste. Le satellite est aligné. Je ne vous vois pas, signe que vos combinaisons fonctionnent correctement. »
Fred faisait référence au fait que les combinaisons s’adaptaient au terrain et à la luminosité pour renvoyer une fréquence visuelle limitant leurs signatures. Le contact visuel direct s’en trouvait limité, il fallait vraiment avoir le nez dessus pour les voir, et la caméra d’un satellite ou d’un système de vidéosurveillance n’y verrait que du feu. De même, ces combinaison rendaient inutiles les autres modes de détection comme la vision thermique. Les deux sorciers auraient pu utiliser un sortilège de désillusion ou une combinaison d’invisibilité, mais sur Mars, l’utilisation de ce genre de magie était hasardeuse. Mieux valait compter sur une furtivité moindre mais efficace sans problème.
« Pour le moment, RAS dans le secteur, continua Fred. Les chinois ne vous ont pas… attendez. Merde, je viens d’intercepter des communications. Les chinois ont repéré quelque chose de suspect mais de non-identifié dans votre secteur. Ils envoient une patrouille en reconnaissance.
-Tu l’as en visuel ? questionna Tony.
-Affirmatif, elle vient sur vous. Deux véhicules type 804[1] venant de l’ouest. Délai avant contact : deux minutes.
-Reçu, on se planque. Surveille-les et tiens-nous au courant de leurs mouvements. »
Les deux agents se cachèrent derrière un rocher non-loin et cessèrent de bouger. Tony se brancha sur le circuit vidéo du satellite pour voir de lui-même la position de l’ennemi. Avec un sifflement discret, les deux véhicules blindés passèrent à quelques mètres sans les voir. Le faisceau de lumière du phare balaya les rochers, découpant la silhouette de leur cachette.
« Ils s’éloignent, dit Fred. Ils se dirigent vers votre zone d’atterrissage.
-Ils vont fouiller le secteur, il faut que nous quittions la zone, fit Tony. Ariana, on se déplace en discrétion. Si tu repères la moindre personne, tu t’arrêtes et tu rends compte.
-OK, acquiesça Ariana. »
Ariana et Tony se déplacèrent prudemment de rocher en rocher, d’ombre en ombre. Fred donnait régulièrement des informations sur la position de la patrouille chinoise. Ces derniers, après avoir fouillé la zone d’atterrissage de l’équipe, se mirent à ratisser en direction de la ville. Ils fouillaient derrière chaque rocher et se faisant, se déplaçaient moins vite que les deux agents qui étaient éclairés dans leur progression par le satellite de Fred.
Finalement, ils atteignirent les premières habitations de Néo-Beijing. Ils ne croisèrent pas d’habitants. Comme les renseignements le disaient, la ville était sous le joug d’un couvre-feu. Ils ne croisèrent que des patrouilles de policiers et de militaires qu’ils évitèrent.
Arrivés dans une ruelle sombre et sale, Tony s’approcha d’une porte. Il retira son casque et laissa le scanner rétinien dissimulé dans le mur faire son office. La porte s’ouvrit pour les laisser entrer et se referma aussitôt. A l’intérieur, les deux agents désactivèrent leurs combinaisons. Un chinois entra dans le vestibule et salua les deux agents d’une légère inclination du buste. Il devait avoir la trentaine et était svelte, visiblement, il était sportif.
« Salut Tony, cela faisait longtemps, dit le chinois.
-Lei, effectivement, répondit aimablement Tony.
-Je vais vous montrer où vous pouvez vous changer. Ensuite, je vous exposerai les dernières évolutions. »
Qin Lei était quelqu’un qui ne se laissait pas aller avec des détails superflus, il allait directement à l’essentiel. Une fois les deux agents de nouveau en « civil », il leur offrit un thé et des gâteaux en leur parlant de la situation en ville :
« Il n’y a pas de réelle tension, la vie continue. Plus de présence militaire mais les gens n’en sont pas gênés. La plupart se sentent même rassurés.
-Et les rumeurs chez les militaires ? questionna Tony.
-Ils se préparent à une attaque des états indépendants. Car ce sont les ordres venant de la Terre. Mais aucun ne croit en une attaque venant de là. Pas après l’afflux de réfugiés en provenance de la Ceinture et de la Communauté Flottante de Jupiter. »
C’est vrai que ces évacuations vers Mars avaient fait grand bruit sur la planète rouge. Certaines voix dans les colonies dépendantes s’étaient élevées pour souligner ce fait : pourquoi déplacer des populations entières sur des millions de kilomètres s’il n’y a aucune menace ? Les pouvoirs publics ne donnèrent aucune réponse satisfaisante à cette question. De sorte que les militaires, réfléchissant d’un point de vue tactique, estimaient vraisemblablement que la menace ne venait pas de Mars, mais d’ailleurs.
« De plus, le retournement de situation en Nouvelle-Europe en a fait réfléchir plus d’un, continua Lei.
-La seule colonie où les militaires et les politiques ont été d’accord, lança Tony.
-Oui, et selon la rumeur, le général Lao serait en désaccord franc avec les politiques.
-Le coup d’état ne serait pas la solution. Et concernant la menace intérieure ?
-D’après les données que j’ai, il y a plusieurs sites possibles d’attaques pouvant mettre le feu aux poudres. Même si, avec les chefs militaires ne croyant pas à l’éventualité d’une nouvelle guerre coloniale, ça a peu de chance d’aboutir.
-Il faut considérer que le Serpent Blanc en est conscient également. Ils sont loin d’être bêtes. Le plus probable, c’est qu’ils cherchent à réduire les capacités militaires tout en voulant désigner l’UNIM comme coupable, histoire de troubler les esprits des généraux.
-C’est aussi ce que j’ai pensé, acquiesça le chinois. Voilà les cibles potentielles que j’ai repérées. »
Un plan holographique de la ville apparut sur la table. Plusieurs points rouges étaient disséminés sur la carte.
« Là, nous avons une base de missiles exosphériques, la principale de la colonie, décrivit Lei. Ici, l’état-major des armées impériales sur Mars avec le bunker de commandement dessous. Il y a aussi le palais du gouverneur.
-Nous n’avons pas le temps de tous les vérifier, dit Tony. Lequel est le plus probable selon toi ?
-L’état-major, le général Lao a convoqué une réunion extraordinaire pour cette nuit. J’ignore de quoi ils vont parler mais les politiciens ne sont pas au courant, cette réunion est secrète et réunira les principaux officiers supérieurs de la colonie.
-Une occasion en or pour le Serpent Blanc, s’il est au courant. Tu le sais depuis quand ?
-Aujourd’hui seulement.
-C’est peu probable que le Serpent Blanc le sache, intervint Ariana.
-Ils nous ont habitués à être surprenant, contredit Tony. Il faut choisir : nous irons à l’état-major. Mais avec le couvre-feu…
-Je n’ai pas choisi cette planque au hasard, renseigna Lei. Il y a un accès aux égouts. Suivez-moi. »
Ascraeus était la seule véritable mégalopole de la planète. Elle était la plus étendue, la plus peuplée, et également, celle ayant le plus hétéroclite des melting-pots. Chaque état des États-Unis d’Europe y était représenté par un quartier populaire. A cela s’ajoutait des nations hors Europe de tous les continents. Malheureusement, comme dans toutes villes aussi importantes, les problèmes de criminalité y étaient monnaie courante. Et, en sa qualité de capitale coloniale, les européens y avaient centralisé les organes des pouvoirs civils et militaires. Les cibles ne manquaient pas pour le Serpent Blanc, même si la déclaration d’indépendance de Nouvelle-Europe avait diminué l’intérêt d’y mener une action terroriste dans le but d’obliger les armées coloniales à attaquer l’UNIM. Mais un attentat déstabiliserait l’armée néo-européenne.
C’est en étant parfaitement conscientes de ça que Nayu et Kat s’arrêtèrent dans le centre-ville, au pied du palais gouvernemental. Des militaires se trouvaient tout autour des bâtiments importants en armes et tenues de combat. Des chars filtraient les allées et venues sur divers axes. Les deux agents de la DE n’avaient eu aucun mal à passer le check point grâce à de fausses identités d’agents néo-européens. La seule difficulté avait été de ne pas se faire agresser par les quelques rares manifestants pro-coloniaux réclamant l’abrogation de l’indépendance fraichement déclarée.
Les deux femmes descendirent de voiture et furent accueillies par un officier de police en tenue d’intervention. Il faisait parti du GIP, le groupe d’intervention de la police, une unité spéciale dont les missions allaient de la prise d’otage à l’attaque terroriste. L’officier était le commandant Joaquin Paza, il avait le teint halé hispanique.
« Agent Pardopoulos, je suis le commandant Paza, dit-il en lui serrant la main.
-Enchanté commandant, voici ma coéquipière l’agent Hiroji, fit Kat.
-J’ai été prévenu de votre arrivé, dit Paza après avoir serré la main de Nayu. Mais je dois avouer que je n’en ai pas compris la raison. Il y a déjà des agents du SRE ici, enfin, je l’appelle comme ça en attendant une nouvelle appellation.
-Nous appartenons à une autre unité du SRE.
-Ce sont vos collègues qui vont être contents d’avoir du renfort.
-Nos collègues ?
-Oui, il y a deux agents dans le parlement colonial. Et deux autres dans le bâtiment là-bas, c’est là où se sont installés les équipes diplomatiques de l’UNIM. »
Kat et Nayu se regardèrent. La chef d’équipe appela mentalement Zoé :
« Zoé, je croyais qu’on avait fait le vide concernant les agents du SRE sur zone.
-Je suis en train de vérifier, officiellement c’est le cas, dit Zoé. Oh oh.
-Quoi oh oh ?
-J’ai identifié les agents présents dans le parlement, l’un d’eux est Nikos Pardopoulos.
-Tu te fous de moi ?
-J’aimerais bien. Et il y a pire.
-Vas-y envoie, que j’aille me suicider en paix.
-Il arrive vers vous avec son coéquipier, prévint Zoé. Je vais voir pour les deux autres. »
Kat se sentait d’un coup lasse. Elle entendait les pas marteler le sol derrière elle. Elle se retourna pour faire face à l’homme qui approchait. C’était un bel homme d’une quarantaine d’années, visiblement sportif. Il était accompagné d’un autre, plus jeune, d’origine noire africaine. Il fut visiblement surpris de voir Kat.
« Kat ! s’exclama-t-il. Je croyais que c’était deux agents du SRE qui devaient venir. Et cela fait dix ans que tu as quitté le service.
-Que voulez-vous dire ? demanda Paza. Ce serait une terroriste ? »
Paza porta machinalement la main à son arme à sa ceinture.
« Je ne crois pas non plus, ce n’est pas son genre, repris Nikos Pardopoulos. Déjà que ce n’était pas son genre de quitter le SRE.
-Tu n’aurais pas dû être là Nikos, dit Kat.
-J’ai eu un doute sur l’origine des ordres me disant de quitter la zone. Je vois que j’ai eu raison de me méfier. Tu vas me montrer ton accréditation. Et ton amie aussi.
-Je n’ai rien à te montrer, je dépends d’une autorité supérieure à la tienne.
-Tu travailles pour qui ? L’UNIM ?
-Je n’ai pas le temps de t’expliquer, finit par dire Kat. J’ai du travail.
-Tu ne bougeras pas, ordonna Nikos en sortant son arme. Pas tant que je n’aurais pas eu d’éclaircissement. Tu es au courant que nous sommes proches d’une guerre ? Donc, tant que je n’aurais pas compris, tu ne bougeras pas.
-Déjà, tu ne comprenais rien quand nous étions mariés. Ce n’est pas maintenant que ça va changer.
-Et bien moi aussi je veux comprendre ! s’écria Paza en braquant son arme sur Kat et Nayu. Vous allez me donner vos armes et vos identités et je vais tirer ça au clair. Et vous ne bougerez pas tant que ce ne sera pas fait. »
Kat soupira intérieurement. Pourquoi chaque rencontre avec son ex-mari devait lui valoir des complications ? Elle allait demander à Zoé de rentrer en contact avec quelqu’un apte de clarifier la situation quand celle-ci la contacta :
« Désolé de vous déranger mais on a un souci, les deux agents à l’ambassade provisoire de l’UNIM ne sont pas du SRE.
-Qui sont-ils ?
-Identités inconnues, ce sont des imposteurs. »
Kat et Nayu devaient tout de suite s’y rendre. Mais elles avaient une arme pointée sur eux et les deux agents du SRE les tenaient à l’œil.
« Il y a deux soi-disant agents du SRE à l’ambassade provisoire, avoua Kat. Il faut tout de suite y aller pour les arrêter. Ce sont peut-être des ennemis.
-Pour l’instant, les deux seuls soi-disant agents que je vois sont devant moi, contredit Nikos. Je n’ai aucune info sur deux autres agents là-bas.
-Il y en a, je pensais que vous le saviez, informa Paza. Ils sont arrivé il y a un quart d’heure.
-Tes complices ? demanda Nikos.
-Tu parles sérieusement là ? s’emporta Kat. Tu crois vraiment que je serais devenue une terroriste ? Bon, on n’a pas le temps. Nayu, on y va.
-Bien, acquiesça la japonaise.
-Ne bouge pas Kat, répéta Nikos. Et puis, ta collègue a un accent qui n’est pas très européen. Japonaise, n’est-ce pas ?
-Nayu. »
La japonaise bondit jusqu’à Paza et le désarma en un instant. Les deux agents du SRE levèrent leurs armes mais la shugenja lança un shiki qui dressa une barrière en interposition. De son côté, Kat dégaina son arme mais ne la pointa pas sur son ex-mari.
« Je n’ai pas le temps de t’expliquer, dit-elle avant de partir en direction de l’ambassade provisoire. »
Nikos resta interdit. Peu de temps après la déclaration d’indépendance, l’existence du monde de la Magie fut dévoilée au public. Mais c’était la première fois qu’il y était confronté.
Paza appelait déjà du renfort alors que la barrière se dissipait. Les deux agents allaient se lancer à la poursuite de Kat et Nayu quand l’holophone portable de Nikos sonna. Il aurait bien ignoré l’appel si ce n’était pas le directeur qui l’appelait.
« Monsieur, j’ai deux individus suspects, deux femmes qui se dirigent vers l’ambassade de l’UNIM, dit-il sans détour.
-Je suis au courant pour ces deux femmes, informa le directeur. Vous allez leur porter assistance.
-Mais monsieur, il s’agit d’un ancien agent du SRE. Elle n’est plus active.
-C’est un ordre agent Pardopoulos. Vous êtes sous le commandement d’Ekaterina Pardopoulos. »
Nikos n’en croyait pas ses oreilles. Il balbutia une réponse et coupa la communication. Il ordonna à Paza de ne pas arrêter les deux femmes sans lui donner plus d’explication. Il faut dire que lui-même ne comprenait rien. Comme il n’avait pas compris la brutale démission de son ex-femme dix ans plus tôt.
Kat et Nayu passèrent la porte de l’ambassade de l’UNIM à l’aide de leurs fausses identités. Kat demanda aux gardes où se trouvaient les deux agents du SRE présents.
« Ils se dirigeaient vers le bureau de l’ambassadeur, ils voulaient vérifier la sécurité avant la venue du représentant du parlement. »
Kat et Nayu se précipitèrent vers le bureau. Alors qu’elles y arrivaient, deux hommes en sortaient. Leurs regards se croisèrent et ils se reconnurent comme ennemi comme une évidence. Les deux hommes levèrent leurs baguettes. Des éclairs fusèrent dans le couloir. Nayu et Kat se jetèrent à couvert dans des salles attenantes au couloir. Des gravas volaient de là où frappaient les éclairs.
« Rendez-vous, ordonna Kat lors d’une accalmie. Vous avez perdu.
-Tu vas voir sale moldue si on a perdu, lança un des hommes.
-Je déteste quand ils disent ça, soupira Kat. »
La grecque surgit l’arme au poing et canarda en avançant, forçant les deux sorciers à se mettre à l’abri. Nayu sortit aussi de son couvert et lança un shiki qui se posa sur la porte du cabinet de l’ambassadeur. Des éclairs mauves en surgirent d’un coup, générant des hurlements douloureux de la part des deux sorciers qui s’effondrèrent.
Kat et Nayu désarmèrent et ligotèrent les deux sorciers. Elles les fouillaient quand Nikos et son collègue arrivèrent.
« Qui sont-ils ? demanda Nikos.
-J’aurais peut-être le temps de t’expliquer après, lança Kat. Pour le moment, il faudrait que tu fasses en sorte que ces deux types ne s’échappent pas.
-Je viens d’être mis sous ton commandement, bien que je ne comprenne rien de ce qui se passe. J’aimerais savoir pour qui tu travailles.
-Pas le temps. C’est deux types ont dû faire quelque chose dans le bureau de l’ambassadeur. L’ambassadeur s’y trouve ? demanda-t-elle à un garde qui venait d’arriver.
-Non madame, répondit-il. Il est dans ses appartements.
-Alors c’est qu’ils ont prévu une action à retardement.
-Je peux avoir une équipe de démineur dans les minutes qui viennent, dit Nikos.
-Ça m’étonnerait qu’ils aient utilisé une simple bombe, contredit Kat. Nayu, à toi de jouer. »
La japonaise s’approcha de la porte. Elle utilisa un shiki pour vérifier que le piège ne s’y trouvait pas. Quand elle fut sûre, elle l’ouvrit mais n’entra pas. Elle jeta un autre shiki dans la pièce, visuellement, ce dernier ne réagit pas. Malgré tout, Nayu demanda à tout le monde de ne pas s’approcher du bureau et encore moins d’y entrer. La shugenja y entra sans un regard en arrière. Elle ferma les yeux. Elle produisit deux shikis en les tenants à bout de bras.
« Ne me dis pas que tu es une sorcière et que tu ne me l’as jamais dit, dit Nikos en s’approchant de Kat.
-Non, ce n’est pas du tout ça, répondit Kat. On parlera plus tard. Je pense que Nayu n’en aura pas pour longtemps. »
Des shikis de Nayu, des éclairs bleus s’échappaient, pénétrant les murs et le mobilier. Les éclairs se concentrèrent sur le bureau, une forme étrange y apparu, comme surgissant du meuble, une forme animale difforme, une sorte de fauve avec des cornes. D’un coup, Nayu rouvrit les yeux et lança ses deux shikis sur le bureau. Un cercle magique avec des symboles asiatiques y apparut. La forme se tordit horriblement en poussant un hurlement de douleur à glacer le sang. Et dans une lumière bleue, elle disparut en se réassimilant au bureau. Le meuble retrouva sa forme originelle.
Nayu ressortit du bureau. Elle hocha la tête pour sa chef d’équipe.
« Bien, c’est bon, la voie est libre, dit Kat.
-Maintenant tu vas pouvoir m’expliquer, dit Nikos.
-Si seulement j’en avais le droit, fit Kat en s’éloignant avec Nayu.
-Tu vas me laisser comme ça, sans rien savoir. Je dois savoir !
-C’était déjà ton problème quand nous étions mariés, tu voulais toujours tout savoir. Ça a mené à notre divorce. Au revoir Nikos. »
« Et bien, tu as été chienne avec lui ! fit remarqué Zoé.
-Si tu savais comment il était quand nous étions mariés, tu me dirais qu’il l’a bien mérité, dit Kat. Dis-moi plutôt où en sont Ariana et Tony. »
[1] Véhicule de reconnaissance léger chinois armé de mitrailleuses et transportant chacun treize hommes.