Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 30 : XIV Heures Sombres

3361 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/10/2017 13:03

       CHAPITRE XIV : HEURES SOMBRES

 

           Tony et Ariana continuaient de reconnaître le quartier à la recherche de l’ennemi qui générait le champ anti-transplanage. Peut-être sortiraient-ils de la zone couverte par le sort avant de le trouver. Soudain, les deux agents s’arrêtèrent, une information venait de leur être transmise, un signal automatique : les signes vitaux de Fred s’étaient arrêtés. Ariana se tourna vers Tony. Ce dernier demeurait impassible, comme à son habitude.

« Ça ne se peut pas, dit-elle. Il doit y avoir un problème avec son TOI, il a dû s’arrêter.

-Non, le TOI de Fred fonctionne correctement, dit Tony d’une voix monocorde. Le message ne serait pas le même si c’était un mauvais fonctionnement ou s’il s’était juste déconnecté ou arrêté. Le système marche parfaitement et le signal nous est envoyé correctement. Fred est mort.

-Non ! Je ne veux pas y croire ! Fred ici Ariana, répond. Fred répond ! Tu me reçois ? Le champ anti-transplanage ou autre chose doit brouiller les communications.

-Kat ici Tony, tu me reçois ? lança-t-il.

-Cinq sur cinq Tony, répondit immédiatement la voix de Kat. Quelle est votre situation ?

-Nous avons éliminé dix serpents qui nous attendaient. Le champ anti-transplanage n’est pas levé donc nous cherchons les autres qui se trouvent dans la zone. Et de ton côté ?

-Le QG est attaqué en force par le Serpent Blanc. Pour le moment, nous parvenons à les maintenir hors du périmètre. Une petite équipe est parvenue à entrer et à forcer l’entrée du bocal. Nous les avons éliminés. Le bocal n’est plus opérationnel. Fred, kilo india alpha. »

           Ariana accusa le coup. Kilo india alpha, KIA, kill in action, le code militaire pour tuer au combat. Combien d’ami devait-elle perdre pour mettre fin à ce destin funeste ? Elle avait envie de jeter ses armes par terre et de tout abandonner. Mais ce serait trop simple et irresponsable, elle le savait. Elle se reprit plus vite qu’elle ne l’aurait jamais imaginé. Était-elle endurcie au point que la mort d’un ami ne la touchait plus que quelques instants ? Non, elle savait que ce n’était pas ça. C’était juste qu’elle avait des choses importantes à faire, pour en finir avec les Dæmons, le Serpents Blanc et cette spirale infernale de mort, de pleurs et de destruction. Et comme le disait Alex : ce n’est pas en se lamentant que les choses s’arrangent.

           « Kat ici Ariana, et Zoé, elle va bien ? questionna-t-elle se rappelant que la jeune analyste était certainement avec Fred lors de l’assaut du Serpent Blanc.

-Oui, elle est saine et sauve, répondit Kat.

-Bien, reprit Tony. Je te laisse gérer au QG. Nous avons des ennemis à débusquer de notre côté. On se revoit bientôt. Terminé. »

Tony regarda un instant sa partenaire. Cette dernière lui adressa un léger sourire crispé pour lui faire comprendre qu’elle tiendrait le coup. Tony hocha la tête en réponse et ils reprirent leur progression.

           Ariana et Tony savaient pertinemment que les serpents les observaient. Ils ne pouvaient malheureusement compter sur aucune couverture satellite pour les assister et se jetaient probablement dans un piège. Et soudain, une explosion brisa le silence, Tony fut soufflé en arrière et vint percuter violemment un mur. Il s’effondra au sol et ne se releva pas. Ariana dressa in extremis un bouclier qui dévia plusieurs éclairs de stupéfixion venant des toits. Elle se mit à couvert derrière un mur.

           Ariana jeta un regard à Tony, ce dernier ne bougeait pas. Elle ne pouvait pas aller le secourir pour le moment, si elle sortait, elle s’offrait en cible à l’ennemi. Elle risqua tout de même une œillade et vit s’approcher plusieurs adversaires en formation de combat. Elle se remit rapidement à couvert quand un des serpents en appui sur le toit lança un nouveau maléfice qui frappa le mur.

           Ariana regarda autour d’elle. Elle se trouvait dans une ruelle perpendiculaire à la rue principale qu’elle empruntait avec Tony avant l’embuscade. Une unique porte à sa droite permettait d’entrer dans le bâtiment. Ariana entra dans le bâtiment en prenant soin de fermer la porte derrière elle. Elle se retrouva dans la cuisine d’un restaurant. La porte coulissante donnant sur la salle se trouvait à quelques mètres. Elle se faufila dans la salle d’où, grâce aux baies vitrées, elle pouvait surveiller la rue. Quelques secondes plus tard, elle vit passer les serpents toujours en formation, les sens aux aguets. Elle attendit que les trois passent pour s’approcher encore de la vitrine. Discrètement, elle posa la pointe de sa baguette sur le verre et le découpa pour y faire un trou d’une dizaine de centimètres de diamètre.

           Les trois serpents au sol s’approchaient de Tony avec précaution. L’un d’eux regarda dans la ruelle où s’était protégée Ariana.

« Où est l’autre ? demanda-t-il. »

L’un des deux sur le toit fit signe qu’il n’en savait rien. Les serpents redoublèrent d’attention. Ils ignoraient où se trouvait Ariana. L’un des serpents s’engagea dans la ruelle pour l’inspecter pendant que les deux autres s’approchaient encore de Tony.

« Je crois qu’il est mort, fit un.

-Vérifie, ordonna l’autre. »

Un des serpents leva sa baguette et au moment d’abattre un sort mortel sur Tony, ce dernier bondit en venant au contact. Son épée décapita proprement le premier serpent et il vint transpercer le cœur du second avant qu’il n’ait le temps de réagir.

« Cofringo ! incanta Ariana en visant le toit par sa meurtrière. »

Une explosion déchiqueta le muret du toit et fit basculer un des deux ennemis dans le vide. L’autre se releva, visiblement sonné par la déflagration, ne remarquant même pas qu’il avait perdu un bras. Ariana l’acheva d’un sortilège de mort.

           Le dernier serpent se précipita vers la rue. Lorsqu’il y déboucha, un coup d’épée de Tony trancha net une de ses jambes. L’ennemi s’étala au sol en gémissant de douleur, son sang se répandant dans le caniveau. Tony le désarma et posa la pointe de son épée sur sa gorge.

« Ariana, pas de mal ? demanda-t-il quand la jeune femme le rejoignit.

-Non, RAS, répondit-elle. Qu’est-ce qu’on fait de lui ?

-Ça dépend de lui. Je peux le laisser se vider de son sang ou alors le soigner, s’il répond à nos questions.

-Je ne dirai rien à des traitres à leur sang, éructa le serpent.

-C’est toi qui décides. J’ai une autre méthode pour ça. Pas sûr que ça marche, mais vu que tu n’as pas l’air de vouloir parler de ton propre gré, je n’ai pas le choix. Bien sûr, après, je te laisse mourir.

-Que vas-tu faire ? questionna Ariana.

-Lui fouiller l’esprit à l’aide de la Légilimancie. Bah, après ça, il ne souffrira plus, il risque d’y perdre son cerveau.

-Attendez ! s’écria l’ennemi lorsque Tony pointa sa baguette sur lui. Je… on peut peut-être s’arranger.

-Fais vite, il ne te reste plus beaucoup de temps avant que tu ne te vides entièrement.

-Qu’est-ce que vous voulez savoir ?

-Qui a dressé le champ anti-transplanage et où se trouve-t-il ? interrogea Tony.

-C’est notre chef, c’est Dano Biédi. Il se trouve caché dans le bâtiment appelé « mairie d’arrondissement ».

-Bon, allons-y. On va laisser celui-là ici, peut-être sait-il d’autres choses tactiquement intéressantes. »

           Tony arrêta l’hémorragie et stupéfixa le serpent. Puis ils se dirigèrent vers le bâtiment désigné. Quand ils arrivèrent à vue, ils s’arrêtèrent pour observer.

« Bon, rien à signaler à l’extérieur, dit Tony. On va passer par l’entrée principale et fouiller discrètement pièce par pièce.

-Pourquoi il nous a donnés le nom de son chef ? demanda Ariana.

-Il espérait nous impressionner sûrement. Dano Biédi est un chef de file d’une mouvance qui souhaite la création d’un état sorcier sur Mars. C’est un sorcier redouté. Les masques tombent, il est en fait du Serpent Blanc.

-Espérons qu’il nous donnera des renseignements intéressants. »

           Baguettes et armes à la main, Ariana et Tony pénétrèrent la mairie locale. Le hall était dépourvu de fioritures, c’était un lieu totalement fonctionnel pour des actions purement administratives. Le genre d’endroit où l’on vient uniquement par obligation.

           Ariana et Tony commencèrent par les pièces donnant immédiatement sur le hall. Mais quand ils furent arrivés à la seconde, un éclair rouge passa à quelques centimètres de la tête d’Ariana. Ils se tournèrent immédiatement vers l’escalier menant à l’unique étage du bâtiment en se mettant à couvert derrière le bureau d’accueil. Sur le demi-palier, un sorcier en robe noir se tenait en brandissant sa baguette sur les deux agents de la DE. Son visage pâle était empreint d’une fureur qu’il tentait tant bien que mal de cacher. Ses yeux brillait d’un éclat violet que Tony reconnut aussitôt : il était sous potion de puissance. Cela expliquait comment un seul sorcier avait pu dresser un champ anti-transplanage aussi étendu. Et cela compliquait la tâche des deux agents.

« Dano Biédi, rendez-vous, vous n’avez aucune chance, lança Tony.

-Ce genre de phrase ne marche prémâchée ne marche pas sur moi agent Chaldo, dit Biédi. Oui, je sais qui vous êtes. Comme j’ai reconnu Ariana Potter, la descendante du traitre à la cause des sorciers Harry Potter.

-C’est agent Potter, corrigea Ariana. Et mon ancêtre était un héro.

-S’il n’avait pas vaincu le grand Seigneur des Ténèbres, nous, sorciers, serions les maîtres du monde, justifia Biédi. Et les moldus seraient à leur place, en esclavage. Mais bientôt, grâce aux Dæmons, se sera chose faite. Vous pouvez encore vous repentir et vous joindre à nous. Sinon, vous subirez le même sort que les moldus, sang-de-bourbe, et autres traitres. »

           Tony soupira bruyamment d’un air de profond ennui. Biédi prit aussitôt la mouche :

« Ce que je dis vous ennui ? Ce n’est pourtant que la vérité.

-C’est juste qu’au bout de la deux centième fois que j’entends ce genre de laïus sans aucun fondement. Et je n’ai pas envie de perdre mon temps à débattre de ce sujet avec quelqu’un comme vous. Je vous le répète : rendez-vous.

-Vous ne comprenez pas : il est trop tard pour vous. Les Dæmons vont bientôt débarquer sur cette planète. La guerre brûlera Mars. Puis ce sera le tour de la Terre. Nous serons les maîtres.

-Les esclaves des Dæmons plutôt, contredit Ariana.

-Je sais que vous me voulez vivant, avoua Biédi. Vous espérez que je vous donne des informations. Je voulais essayer de vous faire entendre raison mais je vois que vous êtes trop bêtes pour comprendre le bien fondé de notre cause. Et je sais que j’ai peu de chance dans un combat contre deux agents IS de la DE, dont le fameux Corbeau. Même avec la surdose de potion de puissance que j’ai prise. Quoiqu’il arrive, je ne vous livrerai aucune information. »

Biédi leva sa baguette au-dessus de sa tête et l’abattit vers le sol.

« Cofringo Maxima ! »

Une explosion féroce embrasa l’air, faisant trembler les murs et voler les fenêtres en éclat.

           Puis le silence se fit…

 

           Le combat faisait toujours rage à Ascraeus, au quartier général de l’antenne martienne de la DE. Nayu et Kat avaient escorté Zoé jusqu’au bunker de contrôle secondaire, une sorte de « bocal de secours » où s’étaient réfugiés d’autres analystes. Zoé se mit immédiatement au travail en passant devant un terminal pour apporter son appui aux combattants. Le bunker fut verrouillé et la porte secrète dissimulée.

           Kat et Nayu coururent jusqu’à l’entrée principale. Les sorciers du Serpent Blanc reculaient. Les hommes de la DE avaient repris le portail et rétablit leur périmètre de sécurité. Le combat se déroulait dans la rue. Kat repéra Vincenzo qui se faisait soigné à l’arrière du combat derrière un mur.

« Situation ? demanda-t-elle sans autre préambule.

-Comme tu peux le voir, on les a faits reculer, répondit Vincenzo. On a plusieurs tués mais on fera les comptes plus tard. Le périmètre est sécurisé. Reste plus qu’à finir le boulot.

-Tu peux bouger ?

-Et bien… commença Vincenzo en se tournant vers l’infirmier qui le soignait.

-Pas tout de suite, répondit celui-ci simplement sans interrompre son travail.

-Bon, je te remplace jusqu’à ce que tu reviennes, annonça Kat.

-Défonce-les, conclut Vincenzo. »

           Kat et Nayu allaient se rendre sur la ligne de front quand le silence s’imposa. Plus un éclair ni un coup de feu ne déchiraient l’air. Suspicieuse, Kat pencha la tête pour voir la zone de combat. Un soldat de la DE revenait à ce moment-là.

« Ils sont partis, annonça-t-il. Ils ont transplané d’un coup.

-Peut-être ont-ils compris qu’ils avaient perdu, dit Vincenzo.

-Peut-être, acquiesça Kat. Mais mon intuition me dit que ce n’est pas ça du tout. Que tout le monde reste sur le qui-vive. »

           Les minutes s’égrenèrent, interminables. Les soldats en profitèrent pour vérifier leurs équipements et armements, comme on leur avait appris, un qui surveille, l’autre qui fait ses opérations de contrôle personnel, puis on inverse. De même, ils soufflèrent un peu et burent quelques gorgées d’eau. Une équipe s’occupa du recomplètement en munitions. L’infirmier finit les soins de Vincenzo. Un premier décompte des morts et des blessés fut fait.

           Au bout d’un moment, Kat annonça qu’elle se rendait au bunker pour avoir un point de situation général de Huygens et des combats en orbite. Et c’est à ce moment-là qu’un éclair traversa le ciel. C’était une boule de feu suivit d’une trainée ardente, comme une météorite. Les hommes de la DE la regardèrent tomber sans réagir, comme hypnotisés par ce spectacle.

           La météorite allait vraisemblablement tomber non loin. Vincenzo fut le premier à s’en rendre compte.

« Tout le monde à couvert ! hurla-t-il. Préparez-vous à l’impact ! »

L’entrainement militaire des soldats reprit le dessus, tous se mirent à l’abri derrière les murs, allongés au sol, mains sur la tête attendant le choc. Les secondes parurent plus longues que les minutes précédentes. Le bruit de l’impact fut effroyable, mais Kat releva la tête et échangea un regard intrigué avec Vincenzo : la chute de la météorite aurait dû produire un fracas plus terrible ainsi que des projections de débris, de chaleur et une onde de choc. Ils relevèrent la tête et regardèrent en direction du site d’impact. Ils estimèrent la distance à moins de cinq kilomètres. Ils auraient dû être pulvérisés.

« Regardez le ciel ! s’écria un soldat. »

D’autres météorites tombaient dans toutes les directions, à des distances variables.

« On aurait dû détecter depuis des mois une telle pluie de météorites, dit Vincenzo.

-Ce ne sont pas des météorites, dit Kat. Ce sont les vaisseaux des Dæmons. Ils ont passé les lignes de défense orbitales. La guerre est maintenant au sol. Les légions démoniaques ont débarqué. »

 

           Ariana s’extirpa des gravas de la mairie. Tony se trouvait à quelques pas, regardant le ciel. Heureusement, le Corbeau avait réagi en un quart de seconde. Au moment où Biédi abaissait son bras, lançant son sortilège explosif, il avait saisi Ariana par la main et avait mêlé son flux magique au sien pour produire un bouclier qui les avait protégés.

           Ariana le rejoignit. Son regard suivit le sien. Elle vit les météorites, boules de feu suivit d’un panache de fumée, foncer vers le sol. Elle comprit immédiatement, les légions démoniaques débarquaient.

           Elle pensa à sa fille et ses amis restés sur Terre. Survivrait-elle pour les revoir ? Oui, elle ferait tout pour cela. Elle traverserait l’enfer de cette guerre pour les retrouver. Étrangement, aucune peur ne l’étreignait. Elle ne ressentait qu’une chose : la certitude d’être à sa place.

 

 

FIN

 

           Je connais maintenant l’horreur de la guerre. Je souhaiterais que tout s’arrête maintenant mais les Seigneurs de l’Oubli continuent d’avancer. Arriverons-nous à les vaincre un jour ? Je l’ignore. Mais je préfèrerais mourir en combattant que devenir leur bétail.

           Un appel du Patron, nous devons rentrer sur Terre. Que se passe-t-il ? Ce doit être important. Je n’aime pas l’idée d’abandonner mes amis avec le risque de ne plus les revoir. Mais je n’ai pas le choix. Et certaines personnes me manquent.

           Prochainement :

 

ARIANA POTTER

Et

Le Jeu des Secrets

 

Certaines choses ne peuvent s’oublier…

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