Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 34 : IV Retour sur Terre

3050 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/05/2017 18:02

      CHAPITRE IV : RETOUR SUR TERRE

 

           Les blessures d’Andrej n’étaient pas très graves, il put sortir de l’hôpital de campagne assez vite. Son comportement envers les femmes de l’équipe Chaldo avait changé. Il était même devenu agréable. Ariana commença même à l’apprécier mais elle ne se rapprocha pas plus de lui, ayant surprit des gestes assez tendres entre lui et Kat.

           Puis vint le moment de partir. Rowena Carter avait enfin réussi à organiser un voyage de retour pour l’équipe Chaldo. Le vol spatial dura plusieurs jours mais ils finirent par atteindre la Terre où ils posèrent sur un aéroport non loin de Rome. Ariana pensait qu’ils allaient ensuite transplaner vers Genève mais un ordre du Patron leur demandait de les rejoindre au bureau de l’antenne italienne. Tony dut effectuer un transplanage d’escorte car ni Ariana ni Nayu ne s’y était déjà rendue.

           Le seul visage connu d’Ariana fut celui du Patron. Deux autres hommes étaient présents. Le premier avait à peu près l’âge du Patron, il avait le teint cuivré et arborait de longs cheveux noirs. Le second avait la trentaine, le type germanique. Tony, Kat, Nayu et Zoé semblait assez bien connaître le premier mais pas le second. Le Patron se chargea de faire les présentations avant toute chose.

« Mademoiselle Potter, je pense que vous êtes la seule à ne pas connaître Louis Loup-Gris. Il est chef d’équipe IS. Actuellement, son équipe est déployée en surveillance, j’y reviendrai plus tard. Et voici Mika Heinsler, présenta le Patron en désignant le second. Vous ne l’avez jamais rencontré mais certains d’entre vous devaient se douter de son existence. L’agent Heinsler est notre taupe au sein des services secrets pontificaux. »

Tony et Kat qui étaient depuis un certain temps dans le métier acquiescèrent. Ils n’avaient jamais cherché à savoir qui était la taupe de l’ONS au Vatican, sachant pertinemment que le savoir le mettrait en danger. Le fait que le Patron leur révèle ce genre d’information démontrait la gravité de la situation. Tony se demandait ce qui pouvait bien s’être produit pendant leur mission sur Mars pour y impliquer à la fois l’agent infiltré au SSP et Louis Loup-Gris, un des chefs IS les plus réputés et les plus appréciés par le Patron.

           Le Patron présenta l’équipe Chaldo-Pardopoulos à Heinsler puis les invita à s’asseoir. Il exposa alors la situation aux nouveaux venus. Ariana fut choquée d’apprendre que Christianus était prisonnier du Vatican. Elle pensa immédiatement à Irael et posa la question au Patron.

« Nous ne l’avons pas prévenu, dit-il. Inutile de la troubler, elle a pour mission d’assurer la sécurité des seigneurs Hermoni et Abbadona. Surtout en l’absence de Lucifel et Satan.

-Où sont-ils ? questionna Tony

-Lucifel est à Valinorya, il y exerce la fonction d’ambassadeur intérimaire des Atlantes auprès des Eldars. Quand à Satan, il fait de même auprès de la Nation Vampire. Tous deux ont refusé toute protection.

-Pas étonnant, ils étaient officiers dans le Bataillon des Ailes Noires, les forces spéciales atlantes, avant que leur peuple ne fuit en les laissant là, ajouta Tony. Ils n’ont pas vraiment besoin d’être protégés. Mais Patron, je ne comprends pas pourquoi nous sommes là ? Certes, l’emprisonnement de Christianus est un coup dur mais il a toujours été sacrifiable. »

Ariana était choquée d’entendre ça. Comment peut-on laisser un allié dans une telle situation ? Tony sembla deviner ses pensées à son regard.

« Nous avons d’autres missions à mener pour sauvegarder bien plus de vies, dit Tony.

-Moi aussi je ne comprends pas ton choix Hector, dit Loup-Gris.

-Il y a une chose que je ne vous ai jamais dite, à aucun d’entre vous, avoua le Patron. Depuis que nous avons détecté les premières traces des Dæmons, j’ai été contacté par une femme qui semble en savoir beaucoup. Pour une raison mystérieuse, je sentais que je devais suivre ce qu’elle me disait. C’est elle qui m’a conseillé de vous engager mademoiselle Potter. Elle aussi qui m’a suggéré de vous faire revenir après la capture de Féndès.

-Qui est-elle ? demanda Loup-Gris.

-Je l’ignore. À vrai dire, je n’ai pas jugé utile de chercher à le savoir.

-Cela ne te ressemble pas. Tu es pourtant depuis longtemps dans le métier, tu sais que l’ignorance peut être dangereuse à ton niveau.

-Je ne saurai l’expliquer. Mais comme je l’ai appris durant toutes ces années à l’ONS, certaines explications sont difficiles à comprendre, ou même à avoir.

-Et qu’a-t-elle dit d’autre en rapport avec Christianus ? demanda Ariana.

-Qu’il fallait absolument le sauver. »

           Pour Ariana, cela lui suffisait. L’ignorance par rapport à cette femme ne la dérangeait pas. Ce qu’il lui importait c’était de sauver Christianus. Mais visiblement, elle était la seule autour de la table à qui cela suffisait.

« Nous ne pouvons pas risquer plusieurs agents pour un seul, dit Loup-Gris. De plus pour un agent dont nous ne sommes pas sûrs de l’intégrité.

-Je sais, mais j’y vois une autre raison, avoua le Patron. Féndès nous avait dit que Denler préparait quelque chose. Pour le moment, le traitement des données volées n’ont pas permis de savoir quoi, et je pense qu’elles ne nous éclaireront pas là-dessus. Ces données permettront vraisemblablement de faire le lien entre le Vatican et l’ONS, un lien s’appelant sûrement Adam Ferson. Mais pour le reste, je suppose qu’il s’agit d’une affaire de l’Inquisition. Or, elle n’a pas pour habitude de mettre ses dossiers sur le serveur des SSP[1]. Quoiqu’elle prépare, nous devons le découvrir. Les actions de l’Inquisition peuvent favoriser celles du Serpent Blanc et donc des Dæmons dans la conquête du Système.

-Vous supposez que le Serpent Blanc manipule l’Inquisition dans l’ombre ? lança Kat.

-Pas nécessairement. L’Inquisition cherche depuis longtemps un moyen de rendre au Vatican sa puissance d’autrefois, en faire une autorité supranationale. Comme elle l’était en Europe au moyen-âge. Leur autre objectif est de détruire le Monde de la Magie. Cette invasion des Dæmons peut leur permettre d’atteindre les deux en même temps.

-Ce serait arrogant de la part de l’Inquisition de croire qu’elle peut profiter de cette invasion pour mettre en place cette autorité, et croire qu’elle pourra vaincre les Dæmons par la suite sans une alliance entre les deux mondes, objecta Loup-Gris.

-Oui, c’est vrai, acquiesça Tony. C’est pourquoi je pense que l’Inquisition nie la réalité de cette invasion. Elle doit penser avec ses préjugés habituels que les Sorciers et autres forces occultes ont monté cette histoire de toute pièce pour prendre le contrôle du Monde moldu.

-Libérer Christianus nous permettra d’en savoir plus, s’impatienta Ariana.

-Calme-toi Ariana. Je pense que le Patron veut que nous nous en occupions. Sinon, il nous aurait laissés sur Mars. Reste à savoir comment faire.

-Je vous laisse le soin de cette opération Chaldo, désigna Tony. Louis va être réassigné, j’ai une autre tâche à lui confier.

-Je crois savoir quoi, fit Loup-Gris. J’aurais besoin de renfort. Juste Kat si c’est possible.

-Et le reste de mon équipe ? interrogea celle-ci.

-Elles restent avec Chaldo, répondit l’amérindien. Elles lui seront plus utiles qu’à nous. »

           Kat suivit Loup-Gris et le Patron. L’équipe Chaldo resta avec Mika Heinsler. Ce dernier les briefa sur la situation de Christianus, leur avouant qu’il ne pouvait l’approcher.

« Mon niveau d’accréditation ne me le permet pas, et ça ne va pas s’arranger, dit Heinsler.

-Pourquoi ? questionna Tony.

-J’ai pu entendre une bribe de conversation holophonique de Denler, il se prépare à le déplacer.

-Je vois, ce serait logique.

-Je ne comprends pas, avoua Ariana.

-Christianus est un traitre aux yeux de l’Inquisition et ça, même s’il ignorait travailler pour eux, expliqua Tony. Un traitre envers dieu. Et pour ce péché, il n’y a qu’un seul châtiment.

-Ils vont le tuer, comprit enfin Ariana. »

Elle se rendit compte qu’elle n’était pas surprise d’en venir aussi naturellement à cette conclusion. Avait-elle déjà suffisamment frôlé la mort pour qu’elle ait cessé de la choquer ?

« Oui, continua Heinsler. Et ils ne peuvent pas le faire dans les locaux des SSP, ni même sur le territoire du Vatican.

-Cela nous donne une chance, dit Tony. Le moment du transfert sera le meilleur moment pour le libérer. Le Vatican ne pourra mettre qu’une sécurité discrète et donc allégée, pour ne pas se faire remarquer. Un volume que nous serons à même de gérer. Pour le moment, notre présence doit demeurer totalement invisible. Nous sommes malheureusement un peu trop connus des SSP. Heinsler, vous serez nos yeux et nos oreilles. Ne prenez pas de risques inconsidérés.

-Je devine quel type de renseignement il vous faut, ça risque d’être très difficile, voir impossible. Denler n’est pas un débutant.

-Il va falloir jouer une partie contre l’un des meilleurs joueurs du monde, j’en suis bien conscient.

-Tony, tu dis que nous sommes connus des SSP, ce n’est pas forcément vrai pour tout le monde, intervint Zoé. Il y a peu de chance que je sois connue d’eux. Je suis restée dans l’ombre depuis que je suis à la DE.

-C’est possible, mais nous ne pouvons pas prendre de risque. Fred était aussi un analyste mais il était connu des SSP.

-Surtout car il était le coéquipier attitré de ton frère depuis des années. Et Alex a plusieurs fois eu affaire au SSP. Notre équipe n’a jamais eu affaire à eux.

-Je vais y réfléchir. Pour le moment, on ne bouge pas, conclut Tony. On observe. »

 

           Irael marchait dans un magnifique paysage. Elle se trouvait dans une plaine verdoyante légèrement vallonnée. Une légère brise soufflait, faisant onduler ses cheveux et apportant avec elle le chant des vagues d’un océan proche. Le ciel était d’un bleu parfait. Le soleil se répandait en lumière et chaleur, caressant doucement son visage. Aucun son artificiel ne venait polluer cette ambiance originelle.

           Irael ne se demandait pas où elle se trouvait. Elle ne pensait à rien. Elle se laissait porter par l’atmosphère de quiétude. Était-ce Atlantide ? Qu’importe. Elle n’aurait pu le dire, la terre de ses ancêtres ayant disparu lors de la première guerre contre les Dæmons. Elle ne se demandait pas si elle avait déjà vu quelque part ce paysage. Comment son rêve l’avait-il menée ici ? Tout ça n’avait aucune importance. Elle était bien, elle était en paix.

« Irael. »

La voix semblait venir de partout. Mais sans une once d’hésitation, elle se retourna et tomba sur les yeux de Christianus. Elle sourit. Ce rêve était vraiment parfait.

           Mais son sourire s’effaça quand son regard passa sur le corps de Christianus. Celui-ci était dans un état déplorable. Ses vêtements étaient déchirés, du sang coulait de diverses blessures, son visage était horriblement tuméfié. Mais ce qui la marqua le plus, c’étaient ses yeux : ils étaient vides, comme si toute vie lui avait été arrachée violemment.

           Irael voulut parler mais aucun son ne passa ses lèvres, son souffle était comme bloqué dans sa gorge. La bouche saignante de Christianus s’ouvrit légèrement, visiblement au prix d’un effort douloureux.

« Vis… »

           Irael se réveilla en sursaut. Elle haletait comme si elle venait de courir un sprint. Elle se leva et s’habilla rapidement. Elle allait sortir de sa chambre, apprêtée pour le combat, quand elle se dit qu’elle était idiote : ce n’était qu’un rêve. Elle se déshabilla et retourna dans son lit. Elle avait beau se dire que ce n’était qu’un rêve, elle ne parvint pas à se rendormir, les images de Christianus tournaient dans sa tête sans vouloir disparaître.

Finalement, le matin arriva…

 

Quand Irael se rendit dans les appartements d’Abbadona, son frère Jariel s’y trouvait déjà. Les seigneurs Abbadona et Hermoni devisaient à l’autre bout de la pièce. Irael ne remarqua pas qu’ils cessèrent quand elle entra dans la pièce. Jariel la reçut froidement.

« Tu as une tête à faire peur, dit-il.

-J’ai mal dormi, avoua-t-elle. Rappelle-moi le programme.

-Le seigneur Hermoni doit voir des professeurs, des directeurs de plusieurs écoles de sorcellerie. Le seigneur Abbadona a une entrevue avec…

-Irael, appela Abbadona. »

La jeune ange s’approcha des deux seigneurs en s’inclinant respectueusement.

« J’aimerai que tu restes avec moi aujourd’hui, dit Abbadona. Ton frère va se charger de la protection d’Hermoni.

-A vos ordres seigneur, acquiesça Irael.

-Nous partons immédiatement, dit Hermoni en se levant. Je devrais être de retour dans la soirée, Abbadona. »

           Hermoni sortit suivi de Jariel. Abbadona invita Irael à s’asseoir à la place que venait de quitter Hermoni.

« Veux-tu un café ? demanda-t-il. Ou un thé ?

-Euh… Seigneur… hésita Irael.

-Accorde-moi ce plaisir, sourit paternellement Abbadona.

-Je crois que je vais prendre un café, céda Irael. J’en ai bien besoin. »

Abbadona lui servit une tasse fumante qu’il lui tendit. Lui-même se servit une tasse de thé.

« J’ai une préférence pour le thé personnellement, avoua Abbadona. C’est moins amère, moins âcre sur la langue.

-Ariana en fait du délicieux, dit Irael. Parfois elle rajoute du lait, parfois du citron. Je préfère avec du citron personnellement.

-Peut-être aurais-je la chance prochainement d’y gouter ?

-Je l’espère. Mais Ariana est sur Mars. Elle se bat contre les Dæmons.

-Elle reviendra, elle est forte. »

           Abbadona but quelques gorgées de thé. Irael remercia intérieurement les humains d’avoir inventé cette boisson, surtout après le rêve qu’elle avait fait cette nuit.

« As-tu bien dormi ? questionna Abbadona.

-Pas vraiment, avoua Irael après un temps d’hésitation.

-Veux-tu en parler ? »

Irael ne voulait pas paraître faible. Mais quelque chose lui dit qu’il était inutile de le cacher à Abbadona.

« J’ai fait un rêve, raconta-t-elle. J’y ai vu Christianus.

-C’est l’agent des services secrets du Vatican, n’est-ce pas ? Celui que tu as rencontré au Mexique ?

-Oui. Il m’ait apparue blessé, souffrant.

-Il t’a parlée ?

-Juste un mot : vis.

-Qu’est-ce que tu penses de ce rêve ?

-Je ne sais pas. Peut-être est-ce juste parce que ça fait longtemps que je n’ai pas eu de contact avec lui. Je m’inquiète juste un peu trop je pense. Mais ce rêve, il paraissait si réel. »

           Abbadona garda le silence, buvant une nouvelle gorgée de thé. Il savait que le rêve d’Irael n’était pas ordinaire. Tout comme il en connaissait le moindre détail pour l’avoir vu lui aussi. Irael possédait ce pouvoir, celui d’avoir des rêves messagers. Elle tenait cela de sa filiation angélique. Après tout, elle était sa descendante directe. Mais ça, il ne pouvait lui avouer. Les Premiers avaient tous fait ce choix de ne jamais dire aux Néphilims[2] de qui ils étaient les héritiers.

« C’est étrange que tu n’aies pas de nouvelles.

-Ce n’est pas facile pour lui, dit Irael. Il joue les agents double pour la DE. Si je n’ai pas message, c’est sûrement pour une bonne raison.

-Je vois. Nous pourrions aller rendre visite à monsieur Guillou. Cela te rassurerait, n’est-ce pas ?

-Oui seigneur, mais vous avez rendez-vous.

-C’est vrai, soupira Abbadona. Avec le président de la CIMS[3]. C’est un grand sorcier mais je dois avouer qu’il est souvent ennuyeux de parler avec lui. Et puis, j’ai le temps. Hector Guillou m’a toujours assuré que sa porte serait toujours ouverte sous n’importe quel prétexte. »


[1] Services Secrets Pontificaux.

[2] Enfants issus de l’union d’un ange et d’un humain.

[3] Confédération Internationale des Mages et Sorciers.


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