Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 38 : VIII L'ONS

2713 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/02/2019 09:03

CHAPITRE VIII : L’ONS

 

Hector Guillou ne venait que rarement à New-York. Aucun responsable d’une section des services secrets de l’ONS n’avait vocation à y venir. Passer inaperçu faisait partie de leurs attributions. Malgré tout, rien ne lui interdisait de venir au siège des Nations Solaires.

— Hector Guillou, que viens-tu faire par ici ? questionna une femme asiatique habillée d’un uniforme du service de sécurité.

Serey Ho était la responsable de la sécurité de l’ONS. Sous ses airs de femme plutôt frêle se cachait une vraie dure qu’aucun de ses subordonnés ne prenait de haut. Elle était l’un des rares employés de l’ONS à connaître l’existence de la DE.

— Bonjour Serey, salua le Patron. Je suis en simple visite.

— À d’autres ! Mais je me doute que tu ne me diras rien.

— Ne t’en fais pas, je ne ferai pas de grabuge. J’attends quelques invités. Je t’ai envoyé un mail ce matin les concernant.

— Je n’ai pas eu le temps de les consulter, mais mon adjoint a dû faire le nécessaire. Ils sont en retard ?

— C’est plutôt moi qui suis en avance. Ah ! Les voilà.

Loup-Gris et Kat se présentèrent au poste de filtrage de la sécurité et récupérèrent leurs badges visiteurs les autorisant à entrer. Kat dut laisser son arme en dépôt. Ils étaient accompagnés d’un vieux sorcier vietnamien vêtu à la moldue, le chargé de liaison entre la CIMS et la DE : Tran Van-Loc.

— Monsieur Van-Loc, bienvenu à l’ONS, accueillit le Patron.

— J’étais déjà venu au moment de ma prise de fonction comme contact de la CIMS avec la DE, dit Van-Loc. Ça n’a pas trop changé. Mais passons plutôt au sujet principal de ma visite ici.

— Allons dans un endroit plus discret si vous le voulez bien.

Le Patron guida Van-Loc jusqu’à un bureau inutilisé, suivit des deux agents IS. Une fois la porte refermée, il fit un signe à Loup-Gris qui jeta un sortilège d’assourdissement pour ne pas être entendu par des oreilles indiscrètes.

— Vous prenez vos précautions à ce que je vois, dit Van-Loc.

— Avant toute chose, je voudrai vous poser quelques questions monsieur Van-Loc. Quelle est la position de la CIMS concernant l’ONS et la guerre contre les Dæmons ?

— Je pense comprendre vôtre question monsieur Guillou. Vous voulez savoir ce que fera la CIMS si l’ONS reconnait l’attaque des Dæmons comme une véritable guerre à l’échelle du système solaire. Eh bien, si l’ONS entre en état de guerre contre les Dæmons, la CIMS s’alliera à elle. Et l’alerte noire sera promulguée.

L’alerte noire, le plus haut niveau d’alerte de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers. Pour être promulgué, il faut l’unanimité des États Magiques ou assimilés y siégeant. C’est-à-dire l’ensemble du monde magique. Elle implique la levée du Secret Magique et donc la révélation au monde non-magique. C’est ce qu’espérais entendre le Patron.

— Êtes-vous habilité à faire une telle révélation à l’ONS ?

Van-Loc sortit de sa veste un rouleau de parchemin.

— Voici la résolution de la CIMS qui m’en donne le droit dès que l’ONS aura entendu raison. Ce n’est pas écrit dans ces termes bien entendu. Dois-je en conclure que vous avez les moyens de faire admettre la vérité à l’ONS ?

— Mes agents ici présents ont ce qu’il faut. J’espère juste que ça se passera sans encombre. Mais j’en doute. Une assemblée pleinière à huis clos a été convoquée par l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique, officiellement pour parler de la situation sur Mars.

— Ce ne sera qu’un demi-mensonge vu que notre révélation est liée à la guerre et donc à Mars.

— Effectivement. Elle va bientôt commencer, nous y allons ?

Le petit groupe prit la direction de l’hémicycle. Habituellement, les sessions de l’ONS étaient publiques et couvertent par les journalistes de tout le système. Mais aujourd’hui, vu la raison de cette séance pleinière, elle se déroulait à huis clos. Les effets indésirables de cette mesure furent les spéculations parfois hasardeuses de certains médias et de complotistes. Certains journalistes plus logiques que d’autres, tout en spéculant, se trouvaient presque dans le vrai en estimant que cette réunion secrète était en rapport avec la situation sur Mars, se trompant juste en disant que certaines colonies avaient déclaré leur indépendance de manière unilatérale et qu’une seconde guerre coloniale allait bientôt éclater.

Le service de sécurité vérifiait que seules les personnes autorisées entraient dans l’hémicycle. Le Patron, Van-Loc, Kat et Loup-Gris s’installèrent au fond, de sorte de ne pas être vu d’Adam Ferson. L’ensemble des ambassadeurs prirent place petit à petit. Le Patron repéra les sièges libres où habituellement siégeaient les délégations des CFI et de l’UNIM.

Les portes se refermèrent et la verrière fut occultée. La secrétaire générale de l’ONS rappela le caractère secret de cette assemblée. Ce qui sera dit ne sera révéler au public que si l’ensemble des intervenants le décidait. Elle donna ensuite la parole à l’instigateur de cette séance extraordinaire : l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique, Victor Zaviosky.

— Madame la secrétaire générale, mesdames et messieurs les ambassadeurs, commença Zaviosky. Je dois tout d’abord vous confesser la tromperie que j’ai fomenté à l’encontre de cette assemblée, mais je peux vous assurer que c’est pour la bonne cause que j’ai agit ainsi. Mon mensonge n’en ait pas vraiment un car la raison pour laquelle j’ai demandé cette réunion est tout de même liée à la situation sur Mars et aux attaques que subissent les colonies indépendantes de Saturne, Jupiter et de la Ceinture. Car contrairement à ce qui a été dit ici, ces CFI ont bien été agressées. De même, Mars est actuellement en guerre, la planète a subi un débarquement massif d’une armée impitoyable.

— Mensonge ! s’écria Adam Ferson en se levant. C’est ridicule, il n’y a aucune preuve d’une quelconque attaque. Tout ceci n’est qu’une manœuvre des CFI et de l’UNIM pour acquérir de nouveaux territoires aux dépends des nations possédant des colonies proches des leurs.

— Monsieur Ferson, vous êtes prié de ne pas interrompre monsieur Zaviosky, rappela à l’ordre la secrétaire générale. Vous aurez le droit de vous exprimer plus tard.

Ferson parut ulcéré et se rassit. L’ambassadeur américain continua.

— Monsieur Ferson nous a déjà sortis cette fable. Or, les services de renseignement américains, en association avec d’autres comme ceux des européens ou des chinois pour ne citer qu’eux, sont en possession de preuves irréfutables qu’une attaque majeure dans les zones susnommées du système est en cours par un ennemi d’un genre comme on n’en a jamais vu. Certains penseront à une plaisanterie mais pour beaucoup ici, ce ne sera pas une surprise, sachant tout cela par leurs propres services de renseignement. Et c’est pourtant vrai : le système solaire est attaqué par une armée d’origine extraterrestre.

Un murmure parcourut l’assistance. Zaviosky attendit qu’il se calme pour reprendre.

— Cette violente agression a forcé les armées de l’UNIM et des CFI a s’engagé dans une guerre à l’issue incertaine. Mais aussi les forces de souveraineté coloniales, confrontées directement à cette réalité, ce sont ralliées aux armées des états indépendants. Et comme vous le savez, la colonie de Nouvelle-Europe a même déclaré son indépendance. J’ai fait transmettre sur vos terminaux les preuves de cela. Mais je tiens à souligner un fait : tout ceci était su depuis déjà suffisamment longtemps par monsieur Adam Ferson.

Un nouveau murmure se ft entendre, cette fois-ci plus violent. Les ambassadeurs et leurs collaborateurs ayant commencé à regarder les preuves avancées par l’ambassadeur américain, ce fut surtout la désapprobation envers le comportement de Ferson qui fut ainsi témoigné.

— La question est bien sûr de savoir pour quelle raison il a agit ainsi. Eh bien, je peux vous apporter la réponse à cette question. Il se trouve qu’Adam Ferson est en liaison avec un groupuscule extrêmiste en marge du Vatican. Ce groupe nommé l’Inquisition contrôle une bonne partie de l’état pontife et en particulier les services secrets. Monsieur Ferson était-il conscient d’être devenu un pantin entre leurs mains ? C’est une autre question.

— Madame la secrétaire générale, hurla Ferson. Je demande que cette mascarade cesse. Ces soi-disant preuves d’une attaque extraterrestre ne sont que des inventions. De plus, il n’y a aucune preuve de lien entre ma personne et le Vatican. Certes, je suis catholique, mais je suis avant tout un fonctionnaire au service de sa Majesté.

— Les preuves de votre lien avec l’Inquisition, nous les avons, continua Zaviosky. L’ensemble de vos mails et des communications holophoniques entre vous et Samus Denler, chef des services secrets pontificaux et membre de l’Inquisition, ont été récupéré sur le serveur sécurisé du Vatican. Je les ai aussi transférés sur l’ensemble des terminaux.

— Qui a mené une telle opération ?

— Je pense que vous vous en doutez, monsieur Ferson. Madame la secrétaire générale, je demande, au vu de ses preuves, l’expulsion de monsieur Ferson de cette assemblée.

— Le gouvernement de sa Majesté n’acceptera jamais ! cracha Ferson.

— En fait, votre premier ministre a déjà demandé la suspension de vos fonctions, indiqua la secrétaire générale. Toutes les preuves recueillies au Vatican lui ayant été transmit.

Ferson accusa le coup et retomba sur sa chaise.

— Si vous le permettez madame la secrétaire générale, reprit Zaviosky. Cela m’amène au sujet suivant pour lequel j’ai demandé cette réunion. Certes, nous allons devoir entrer en guerre, nous allier à nos anciennes colonies, car si nous le faisons pas, la Terre sera la prochaine cible des Dæmons, c’est ainsi que se nomme l’ennemi. Cette guerre concerne toutes l’Humanité et les Peuples du Système Solaire. Et quand je parle de toutes l’Humanité, je veux bien entendu parler de nous et des Sorciers. Quand je parle de tous les Peuples, je veux bien entendu parler des êtres qui vivent caché parmis nous depuis bien trop longtemps : les Peuples du monde magique.

En entendant cela, Ferson se leva de nouveau, rouge de fureur :

— Alors voici la raison de tout ceci ! cria-t-il. Les Sorciers, cette engeance du malin, ont réussi à prendre le contrôle de notre monde. Vous êtes sous leur coupe. Dieu ne le permettra pas. Je ne le permettrai pas ! Même si je dois vous faire taire de mes mains.

Ferson se précipita vers la tribune. D’autres ambassadeurs voulurent se précipiter pour l’arrêter mais un éclair rouge le frappa et il s’écroula sur le sol. Les yeux se tournèrent vers l’origine du sortilège de stupéfixion. Loup-Gris s’était dressé et tenait sa baguette à la main. Il n’avait pas eu à la déposer à l’accueil, n’ayant pas été détecté comme arme. Il la rangea dans sa poche et se rassit.

— Madame la secrétaire générale, mesdames et messieurs les ambassadeurs, reprit Zaviosky. Permettez-moi de céder la parole à un invité de marque : monsieur Tran Van-Loc de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers.

Van-Loc se leva et descendit vers la tribune où l’ambassadeur américain lui laissa la place. Il n’eut pas un regard pour Ferson, toujours à terre.

— Madame la secrétaire générale, mesdames et messieurs les ambassadeurs, le temps nous étant compté, excusez-moi d’être direct, annonça Van-Loc. Les peuples magiques vivant sur Mars et dans les colonies flottantes se sont déjà révélées aux populations non-magiques et se sont associés à eux dans cette guerre qui nous affectent tous. Comme le dit l’adage : nécéssité fait lois. La CIMS, dont je ne suis que l’humble représentant, a d’ores et déjà pris la résolution de s’associer aux peuples non-magiques dans cette crise des plus graves. Si vous décidez l’entrée en guerre du Système Solaire, la CIMS décrètera immédiatement l’alerte noire. Cela implique la fin du secret entourant notre existance. Nous serons côte-à-côte au combat pour la survie, non pas de nos mondes, mais de notre monde. N’en doutez pas : le monde ne sera plus le même si vous prenez la décision d’agir. Des hommes et des femmes se battent et meurent en ce moment même sur une petite planète rouge et dans l’immensité sombre du vide. Des hommes et des femmes, sorciers et moldus, vampires, gobelins et d’autres. Ils se battent pour leur vie, pour nos civilisations, pour que notre existence ne tombe dans l’oubli. Car les Dæmons, les Seigneur de l’Oubli, sont venus dans ce seul but : faire disparaître tout ce qui fait notre monde. Allons-nous les laisser faire sans réagir ? Allons-nous laisser ces hommes et ces femmes mourir sans les aider ? Je ne peux m’y résoudre. Et j’espère sincèrement que vous ne vous y résoudrez pas. Certains ont agit et agiront pour une idéologie où la magie doit disparaître. Nous nous en occuperons plus tard de manière pacifique et civilisée. Pour le moment, il nous faut faire parler la violence et les armes. Car c’est notre survie, notre existence qui en dépend. Mesdames et messieurs les ambassadeurs du monde, je m’en remets à votre bienveillance.

Van-Loc cessa de parler et descendit de la tribune. L’assemblée demeura silencieuse alors qu’il commençait à remonter rejoindre Hector Guillou. L’ambassadeur américain se leva à son passage et frappa dans ses mains. D’autres l’imitèrent et bientôt se fut l’ensemble de l’hémicycle qui applaudit Van-Loc.

Les applaudissements continuèrent durant de longues minutes. La secrétaire générale était montée à la tribune à son tour et attendait que le silence retombe. Lorsque ce fut le cas, elle prit la parole.

— Quelqu’un souhaite-t-il ajouter quelque chose ? interrogea-t-elle.

Tous les ambassadeurs ayant encore en tête les paroles de Van-Loc rappelant l’urgence de la situation, aucun ne bougea.

— Avant que nous passions au vote, je tiens à rappeler les conséquences qu’aura votre décision. Le monde ne sera plus jamais le même. Il n’y aura plus de retour en arrière. Les deux mondes ne feront plus qu’un. Et nous commencerons cette nouvelle ère à la fois de la pire et de la meilleure des façons : par la guerre. La pire car des gens mourront, des familles seront brisées, la destruction et la désolation seront notre lot tant que la guerre durera. Et la meilleure, car une amitié indéfectible naitra entre nos peuples de cette épreuve. Nous serons éternellement liés par ce combat commun. Je vous laisse une heure pour contacter vos gouvernements. A l’issue, nous passerons au vote. Et si quelqu’un veut bien s’occuper de monsieur Ferson, je lui en serais reconnaissante.

 

Laisser un commentaire ?