Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 39 : IX Le cardinal Nova

2525 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/02/2019 16:37

CHAPITRE IX : LE CARDINAL NOVA

Ariana, Christianus et Nayu commençaient à avoir mal aux genoux à rester ainsi sans bouger sur le sol froid de cette cave. Cela faisait bien une heure qu’ils attendaient. Tony avait gardé le silence radio. Ariana savait bien qu’il ne les abandonnerait pas.

Elles entendirent des voix au-dessus de leurs têtes. Quelqu’un venait d’arriver à la villa Maggiora. Ce devait être l’individu que Denler leur avait annoncé. Les voix leur parvenaient trop déformées pour qu’ils puissent comprendre ce qu’ils se disaient.

La porte donnant sur la cave s’ouvrit. Samus Denler descendit les quelques marches, suivit par un sexagénaire en tenue ecclésiastique. Ce dernier tenta de conserver un regard neutre quand il posa les yeux sur les trois prisonniers mais une pointe de dégoût apparut. Ariana soutint son regard sans ciller. Elle se doutait qu’il devait faire partie de l’Inquisition.

— Savez-vous qui je suis ? demanda-t-il sans autre introduction.

— Vous êtes le cardinal Carlos Nova, répondit Christianus.

— Nous soupçonnons depuis longtemps que vous êtes membre du Circus, les chefs de l’Inquisition, ajouta Nayu.

— Monsieur Denler m’avait prévenu que la DE connaissait l’existence de l’Inquisition. Mais de là que vous connaissiez l’existence du Circus. J’en suis le Grand Maître.

— Que voulez-vous ? interrogea Ariana.

— Silence ! ordonna Denler. C’est le cardinal qui pose les questions.

— Ce n’est rien monsieur Denler, tempéra le cardinal Nova. Après tout, bientôt elle sera morte. À qui ais-je l’honneur ?

— Il s’agit de l’agent Ariana Potter monseigneur, présenta Denler. Et voici l’agent Nayu Hiroji.

— Ariana Potter, j’ai entendu parler de vous. Vous n’êtes pas à la DE depuis longtemps. Et pourtant, vous avez déjà fait tant de choses contre notre cause sacrée.

— Je n’ai rien fait contre vous, contredit Ariana. Je n’ai agi que pour tenter d’empêcher une guerre et protéger les mondes.

— Vous vous bercez d’illusions. Ou alors, on vous trompe. Le but de la DE est le contrôle des populations innocentes par l’engeance maléfique que sont les Sorciers. Mais je suppose que ce genre de détails est caché aux agents de terrains et à vos collègues non-sorciers.

— Comment pouvez-vous croire en ça ?

— Nous combattons la sorcellerie et les forces maléfiques depuis des siècles. Nous savons tout de votre but.

— Et vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi nous n’avions jamais atteint le but dont vous nous accusez ?

— Car nous étions toujours là pour veiller à vous faire échouer.

— Vous ignorez tout des Sorciers à ce que je vois. Si nous avions voulus prendre le contrôle du monde moldu, ça aurait été fait depuis longtemps et vous n’y auriez rien pu faire. Notre société n’a jamais voulu vous dominer. Certains de nos criminels l’ont voulu, mais nous les avons arrêtés.

— Vous pensez me faire avaler ça ? Tout ce que je vois c’est qu’aucun de vos projets de domination n’a fonctionné. Et maintenant, vous en avez mis un nouveau en marche en parlant une guerre contre des démons.

— La guerre est réelle ! Elle est là !

— Oui, car vous l’avez provoquée. Vous avez invoqué ces démons et vous allez vous faire passer pour nos sauveurs. Tout ça pour prendre le contrôle du monde.

— À quoi ça sert ? souffla Christianus.

— Plait-il ? Vous avez quelque chose à dire Féndès ? demanda Nova. Vous qui avez trahi dieu.

— À quoi ça sert Ariana ? Il n’entendra pas raison. Il croit en ses propres mensonges, des mensonges plus vieux que l’organisation qu’il dirige. Ariana a raison : vous ignorez tout des Sorciers, de leur monde. Dieu a pourtant dis d’aimer son prochain. Est-ce moi qui trahis dieu ? Je ne le crois pas. Votre organisation trahit son message, sa volonté, depuis sa naissance.

— Seul dieu doit avoir le pouvoir de commander aux éléments, de se déplacer instantanément, de…

— Dieu est omniscient et omnipotent, il est tout puissant. Croyez-vous qu’il aurait permis l’apparition des Sorciers et Créatures magiques si c’était pour que nous les combattions.

— C’est une épreuve de sa part. Ils sont une engeance de Lucifer, pas de dieu. Cela suffit, il est temps pour vous d’être jugé par dieu lui-même. Monsieur Denler.

Le cardinal Nova se tourna vers le chef des SSP. Ce dernier venait d’activer son ordinateur de poche, une information venait visiblement de lui parvenir. Il blêmit et leva vers le cardinal un regard paniqué. Nova s’en inquiéta : quel évènement pouvait mettre dans un tel état un homme de la trempe de Samus Denler ?

— Monseigneur, vous devriez voir ça, dit-il.

Denler fit projeter un hologramme montrant un journaliste.

— Madame Oliveira, secrétaire générale de l’ONS, a convoqué une conférence de presse, annonça le journaliste. Rappelons qu’il y a une heure environ, l’ONS s’est rassemblée en séance plénière à huis clos. Les spéculations autour du sujet de cette réunion ont été nombreuses. Certains n’ont pas hésité à avancer que l’ONS allait intervenir militairement pour arrêter les hostilités sur Mars et dans les régions de Jupiter, la Ceinture et Saturne avant que ne commence une seconde guerre coloniale. D’autres disent que la colonie de Nouvelle-Europe a déclaré unilatéralement son indépendance et que l’Europe a demandé l’aide de l’ONS dans cette affaire. Cette dernière théorie est appuyée par le fait que les communications entre la Terre et Nouvelle-Europe sont interrompus depuis quelques semaines. Mais le fait que ce soit l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique qui ait demandé cette séance vient la contredire. Nous devrions en savoir plus dans quelques instants.

L’image holographique montra maintenant la secrétaire générale de l’ONS qui s’avançait devant les journalistes. Elle était accompagnée d’un homme que le cardinal Nova ne connaissait pas. Ariana le reconnut immédiatement : le représentant de la CIMS auprès de la DE, Tran Van-Loc. Cette vision lui redonna espoir. Elle pensa un instant à Alex, serait-il possible que ce qu’il a toujours souhaité se réalise enfin ?

— Aujourd’hui, je m’adresse aux citoyens de tous le Système Solaire, commença-t-elle. Je m’adresse à vous tous dans un moment solennel et grave. Une crise grave nous touche actuellement. Une guerre d’une rare violence fait rage en ce moment sur Mars et dans les régions de Jupiter, Saturne et de la Ceinture. Cette guerre n’est en rien comparable à celle dont notre Histoire est marquée. Ce n’est pas une nouvelle guerre coloniale au sens où vous l’entendez. Certains riront peut-être, mais ce n’est que la vérité : nous sommes attaqués par une civilisation extraterrestre. Ces êtres appelés « Dæmons » ne veulent qu’une chose : faire de nous leur nourriture et leurs esclaves. Ils se nourrissent de notre esprit, nous transformant en des êtres amorphes. Actuellement la formidable résistance des armées de l’UNIM, des CFI et des forces de souveraineté coloniales qui se sont ralliées à eux permet que le conflit ne s’étendent pas jusqu’à notre planète originelle. Mais si nous n’agissons pas, il y parviendra. L’ensemble des gouvernements vient de décréter l’état de guerre général.

La secrétaire générale laissa passer quelques secondes pour que l’information qu’elle venait de délivrer soit bien assimilée.

— Cette grave nouvelle s’accompagne d’une autre, continua-t-elle. Nous ne sommes pas seuls dans cette épreuve. Des populations vivant parmi nous depuis toujours ont décidé de se joindre à nous contre les Dæmons et de révéler leur existence au monde. Ces populations, ce sont celles du monde magique. Certains vont croire que nous leur faisons une farce. Je laisse donc la parole à monsieur Tran Van-Loc qui représente la Confédération Internationale des Mages et Sorciers.

— Je n’irai pas par quatre chemins : je suis un sorcier. J’appartiens à une communauté vivant parmi vous depuis toujours. Certains d’entre vous connaissent déjà notre existence : les gouvernements, les gens ayant de la famille sorcière,… Nous nous cachions, autant pour notre sécurité que pour la vôtre. Mais maintenant, nous devons nous révéler, mettre fin à un secret vieux de plusieurs siècles. Car l’ennemi qui nous menace tous ne sera vaincu qu’à la condition que nous nous allions tous, Sorciers et non-Sorciers. Je lance un message à l’ensemble de la population magique : vous n’avez plus à vous cacher, révélez-vous à vos amis, à vos voisins. La Confédération Internationale des Mages et Sorciers a décrété l’alerte noire. Pour nous, c’est notre entrée en guerre. Nous serons côte-à-côte dans ce conflit. Nous souffrirons ensemble pour repousser cet ennemi.

De même que la secrétaire générale, Van-Loc s’interrompit. Il sortit sa baguette magique de sa poche.

— Je sens que je dois vous prouver que je suis bien ce que je prétends être. Spero Patronum !

Un tigre de lumière surgit de la baguette de Van-Loc et vint docilement lui tourner autour avant de disparaître.

L’image revint sur le journaliste. Ce dernier avait les yeux grands ouverts. Il balbutia quelques paroles incompréhensibles, visiblement, il ne savait pas quoi dire.

Denler fit disparaître l’hologramme. Il se tourna de nouveau vers le cardinal Nova. Ce dernier était pâle. Il se signa plusieurs fois. Quand il se tourna vers les prisonniers, il vit Ariana sourire.

— Qu’avez-vous fait ? souffla le cardinal.

— Nous ? Rien directement. Mais d’autres ont agi pour cela.

— Denler, il faut que Ferson fasse quelque chose. Appelez-le au plus vite.

— Monseigneur, c’est trop tard, dit Denler.

— Que dîtes-vous ?

— Adam Ferson ne vous servira à rien, continua Ariana. Il a été mis sur la touche. Et ça grâce aux renseignements que nous avons pu récupérer dans votre serveur.

— C’était ça l’objet de l’opération quand on vous a arrêté Féndès, dit Denler.

— J’ai fait ce que je devais faire, dit Christianus. Le monde va devenir meilleur, une fois cette guerre terminée.

Le cardinal était maintenant rouge de colère. Il arracha son arme à un des agents du Vatican présents et la pointa sur la tête de Christianus.

— Vous avez commis votre dernier crime envers notre seigneur ! vociféra-t-il.

— Monseigneur ! s’écria Denler.

Une détonation se fit entendre. Elle venait d’au-dessus, du rez-de-chaussée de la villa. D’autres retentirent. Des cris se firent entendre.

— Nous sommes attaqués ! fit Denler. Monseigneur, restez ici. Nous allons nous en occuper.

Denler récupéra l’arme que tenait le cardinal et la rendit à son agent en lui faisant signe de monter au niveau supérieur. Les deux agents qui étaient dans la cave montèrent jusqu’à la porte mais cette dernière vola en éclats, les projetant en arrière.

Denler sortit son arme et se mit à tirer vers la porte de la cave. Un éclair rouge le désarma. Derrière lui, Nova récupéra l’arme d’un des agents qui avait volé jusqu’à lui. Il ne la pointa pas vers la porte mais de nouveau vers Christianus.

— Tout ça c’est votre faute ! déclara-t-il.

Nova allait appuyer sur la queue de détente quand une silhouette ailée surgit dans la cave, le bouscula pour le plaquer au sol. D’un coup de lance, le cardinal fut désarmé. Il fut ensuite maintenu en respect, la pointe de la lance d’Irael posée sur sa gorge.

Tony descendit tranquillement l’escalier, scrutant le moindre recoin à la recherche d’un éventuel ennemi. Les deux agents pontificaux étaient hors de combat. Samus Denler se tenait debout et le fusillait du regard.

— Samus Denler, je ne pensais pas qu’on serait face à face un jour, dit-il.

— Il y a beaucoup de choses que je ne pensais jamais voir qui sont arrivées aujourd’hui, répliqua Denler.

— N’est-ce pas ? se moqua Tony sans cacher sa joie.

— Ainsi commence le règne des Sorciers.

— Vous verrez bien assez tôt que vous avez tort. Accio pistolets.

Les pistolets des agents volèrent jusqu’à Tony qui les rangea dans ses poches. Sachant qu’il ne pourrait rien tenter, Irael retira la pointe de sa lance de la gorge du cardinal et vint détacher Christianus pendant que Tony faisait de même d’un coup de baguette pour Ariana et Nayu.

— Tu es venue me chercher, dit Christianus.

— Je n’allais pas te laisser mourir sans rien faire, sourit Irael.

— Désolé de vous interrompre, mais il vaut mieux ne pas rester ici, dit Tony. Nayu, Ariana, j’ai récupéré ça en passant en haut, ajouta-t-il en leur tendant leurs baguettes et shiki.

Ils se rassemblèrent en cercle et Tony fit transplaner tout le monde. Denler s’approcha d’abord de ses agents restés à terre. L’un d’eux était mort, l’autre avait besoin de soin urgent. Il appela son quartier général pour que des secours soient envoyés au plus vite. Il monta au rez-de-chaussée pour voir l’étendue des dégâts subit par ses hommes.

Alors qu’il allait de corps en corps, comptant les morts et évaluant les blessures, le cardinal Nova était remonté à son tour. Il paraissait perdu.

— Que pouvons-nous faire ? demanda-t-il faiblement. Que pouvons-nous faire Denler ?

— Monseigneur, pour le moment, il faut s’occuper des blessés, répondit Denler. J’ai déjà appelé les secours. Pouvez-vous faire un garrot à cet homme avant qu’il ne perde tout son sang ?

— Nous avons perdu le monde, se lamenta le cardinal. Nous qui devions le guider dans la lumière de dieu. Maintenant, tout est perdu.

— Monseigneur, s’il vous plait, faîtes ce que je vous ai dit.

— Nous sommes tous condamnés.

Le cardinal se dirigea vers le blessé désigné par Denler. Celui-ci crut qu’il allait l’aider comme demandé mais le cardinal se contenta de ramasser l’arme tombée à côté de l’agent.

— Nous ne méritons que l’enfer.

Il posa l’arme sur sa tempe et pressa la détente. La détonation surprit Denler qui s’occupait d’un autre blessé. Il regarda quelques secondes le cadavre du cardinal Nova avant de se détourner de lui et de continuer à s’occuper des blessés.


 

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