Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 41 : XI Un seul monde

2974 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/03/2019 22:24

CHAPITRE XI : UN SEUL MONDE

L’holophone d’Hector Guillou n’avait jamais autant sonné. Certains l’appelaient pour le féliciter d’avoir permis la fin du Secret Magique. D’autres au contraire disaient que c’était la fin de leur monde, sorciers ou moldus. Il passa également un temps qu’il jugea infini en holoconférence avec des responsables de divers services secrets ayant d’innombrables questions.

Le Patron se surprit à regretter le temps où il était agent de terrain et n’avait rien d’autres à s’occuper que sa mission. Il aurait pu quitter son bureau pour une raison ou pour une autre. Mais il attendait un appel de la mystérieuse femme qui le conseillait sur la marche à suivre. Mais pour le moment, elle demeurait silencieuse. Allait-elle disparaître aussi mystérieusement qu’elle était apparue ? En attendant, il gardait ses agents prêts à partir.

Mais bientôt, l’action prendrait de nouveau l’ascendant sur la réflexion.

 

Ariana se réveilla dans une des nombreuses chambres d’ami du manoir Chaldo. Elle n’avait pas voulu réveiller Sarah et Tony lui avait proposé de rester. Elle avait juste appelé Irael pour lui expliquer la raison de son absence.

— Ne t’inquiète pas, une nuit de plus ou de moins, on se voit demain, avait rassuré la jeune ange. Et comme ça, je vais veiller sur Christianus.

Cette idée avait eu l’air de particulièrement plaire à Irael qui avait rosi légèrement en disant ça.

Sarah était blottie contre elle. Sentant sûrement sa mère tressaillir, elle se réveilla à son tour. Sa première réaction fut un sourire. Puis ce fut la panique :

— Je vais être en retard à l’école !

— Ce n’est pas grave, aujourd’hui, on reste toutes les deux, dit Ariana.

Sarah afficha un grand sourire, elle était heureuse, même si elle ajouta :

— Sauf si tu dois aller sauver le monde.

— J’espère qu’aujourd’hui, le monde pourra se passer de moi.

Ariana et Sarah firent leur toilette matinale et s’habillèrent. Leurs vêtements avaient été nettoyés durant la nuit, sûrement par un elfe de maison. Lorsqu’elles sortirent de la chambre, un elfe s’inclina devant elle en leur demandant de le suivre pour se rendre au petit-déjeuner.

Elles furent guidées jusqu’à une grande pièce où trônait une grande table entourée de chaises capitonnées. A une extrémité de la table, Tony prenait son petit-déjeuner en compagnie de ses parents. Ariana et sa fille s’approchèrent en disant bonjour et s’installèrent.

— Bien dormies ? questionna Sébastien Chaldo.

— Oui, dit Ariana. Merci de votre hospitalité.

— Rien de plus normal. Vous êtes ici chez vous.

L’elfe servit un café à Ariana et un chocolat à Sarah. Et alors que la jeune femme étalait de la marmelade sur ses toasts, elle demanda à Tony si elle avait des nouvelles du Patron.

— Pas encore, répondit-il. Donc nous sommes toujours en repos. Que vas-tu faire ?

— Aider Irael à emménager chez moi, indiqua Ariana. Puis aller voir ma famille, voir comment ils prennent la fin du Secret Magique.

— N’oublie pas de me dire pour ton frère, sourit Tony.

— Quand j’y pense, je lui avais promis de lui rendre sa mémoire dans ce genre de cas.

— Ne le fais pas. L’existence du monde magique est révélée, pas celle de la DE.

— Tu as raison, acquiesça-t-elle. Vous savez comment ça se passe dans le monde depuis la révélation.

— Assez peu d’incidents, informa Sébastien. Quelques groupuscules extrémistes religieux ont essayé de s’en prendre aux sorciers à divers endroits mais ils se sont défendus. Il n’y a pas eu de blessés graves ou de morts. Le Vatican reste silencieux pour le moment.

— L’ONS a choisi de ne pas divulguer les liens entre Ferson et l’Inquisition, compléta Tony.

— La grande majorité de la population moldue accepte bien la chose il semble. Mais il est encore trop tôt pour voir réellement l’impact sur la vie de tous les jours. Et chez les Sorciers, il y a toujours les mêmes conservateurs qui exigent la réinstauration immédiate du Secret. On ne pourra jamais contenter tout le monde.

Ariana était entièrement d’accord avec Sébastien. Il y aura toujours des gens qui ne seront pas satisfait, qui estimeront que c’était mieux avant. Elle se doutait que son frère Justin serait de ceux-là. Tant pis, ils devront vivre dans ce monde malgré tout. Car c’était ainsi, il n’y avait plus qu’un seul monde dorénavant.

Ariana voulait demander comment cela se passait concernant la guerre, mais la présence de Sarah la convainquit de ne pas poser la question et aucun des Chaldo n’en parla.

Après le petit-déjeuner, Ariana, Tony et Sarah se rendirent à la DE. Tony voulait voir ce qui se préparait. Il ajouta qu’il l’appellerait s’il y a quelque chose et qu’elle peut aller voir sa famille. Ariana et Sarah allèrent directement à l’infirmerie où Christianus était toujours en convalescence, mais au moins, il pouvait s’asseoir et manger normalement.

— Le médecin m’a dit que je devais me lever de nouveau et marcher, dit Christianus.

— On comptait aller se balader après son petit-déjeuner, ajouta Irael.

— Ah, donc on remet l’emménagement à plus tard, fit Ariana.

— Mes affaires sont déjà prêtes. On peut faire l’aller et retour. Étant donné que j’ai déjà dormi chez toi, je connais déjà les lieux. Ce sera rapide.

— Oui, comme ça on est débarrassé et je vais pouvoir aller voir ma famille.

Elles récupérèrent les affaires d’Irael et transplanèrent à l’appartement d’Ariana et Sarah. D’un coup de baguette, Ariana rangea les affaires de sa nouvel colocataire. Elle l’enregistra dans l’ordinateur de gestion de l’appartement pour qu’elle puisse entrer sans problème. Elles retournèrent ensuite à la DE, Ariana voulant emprunter un portoloin sans passe par les éternelles files d’attente au Ministère Helvétique de la Magie.

Le portoloin les déposa pas loin de la grille du domaine Potter. Un dernier transplanage et elles se retrouvèrent devant la porte. Ariana actionna la poignée et les fit entrées. L’elfe de maison Zudy vint les accueillir.

— Mademoiselle Ariana, mademoiselle Sarah, bienvenues, dit-elle en s’inclinant.

— Bonjour Zudy, salua Ariana. Mes parents sont là ?

— Ils sont au salon avec monsieur Justin.

— Il n’a pas perdu de temps, pensa Ariana. Peux-tu emmener Sarah jouer à l’étage, s’il te plait ?

— Je voulais voir papy et mamie, se plaignit Sarah.

— Tout à l’heure, promit-elle. Je dois leur parler de choses sérieuses, tu vas trouver ça ennuyeux.

Sarah fit la moue mais consentit à suivre l’elfe qui lui promettait qu’elles allaient bien s’amuser. Ariana prit le chemin de salon. Elle entendait la voix de Justin avant même d’ouvrir la porte. Apparemment il n’appréciait pas la situation. Ariana entra, faisant cesser les discussions par son apparition. Juliet, sa mère lui sourit de même que son père Charles. Justin garda une expression froide où l’on pouvait deviner une pointe d’agacement, il n’aimait pas être interrompu.

— Bonjour tout le monde, dit Ariana d’un ton enjoué.

— Comment peux-tu être aussi souriante alors que l’heure est grave ? refroidit Justin.

— Oui, c’est vrai, il y a la guerre sur Mars et ailleurs, dit-elle.

— Je ne parle pas de ça, je parle du Secret Magique.

— Quel Secret ? Il n’existe plus.

— C’est là le problème, il faut demander au plus vite son rétablissement, faire un enchantement massif pour effacer notre existence de la mémoire des moldus. Et pour cela, nous aurons besoin de tout le poids de notre famille. Tiens, signe ce parchemin. Cela montrera que les Potter sont unis face à cette absurdité.

Ariana jeta un regard sur le parchemin que son frère lui avait désigné. C’était une lettre au Ministre britannique de la Magie. Outre la signature de Justin, il n’y en avait que cinq autres, des gens qu’Ariana ne connaissaient que de nom ou pas du tout. Elle fut contente de voir que ses parents n’avaient pas signé. Elle devina que Justin était en train d’essayer de les convaincre.

— Je ne compte pas signer ce torchon, dit-elle.

— Oh que si tu vas le signer, fulmina Justin. Car tu ne veux pas d’un monde où les moldus connaissent notre existence.

— Pour me faire signer, il faudrait que tu me mettes sous imperium, je te conseille de ne pas te rater car la réplique ne se fera pas attendre. Et personnellement, je trouvais malheureux que le monde soit coupé en deux. Là, il va devenir tel qu’il aurait dû être.

— Tu as pris de la drogue ou quoi ? Le Secret a été mis en place pour une raison…

— … Obsolète, finit Ariana à sa place. Nous ne sommes plus au 17ème siècle[1]. Les Moldus ont changé, ils ne sont plus aussi superstitieux qu’avant. Il y a quelques religieux qui vont faire dire que nous sommes des monstres, mais ce ne sera qu’une minorité, ils ne décideront rien. En fait, c’est comme toi et la petite bande qui a signé ton brûlot, vous ne déciderez de rien pour nous.

— Si c’est comme ça, le Ministère se passera de moi. Je préfère démissionner que de travailler avec des Moldus qui veulent nous détruire.

— Je pense que le Ministère se passera très bien de toi. Et les moldus que je côtoie n’ont jamais voulu nous détruire.

— Toi ! Tu fréquentes des moldus !

— Et alors ? Je me demande si on a été élevé dans la même famille, je ne me souviens pas que papa et maman nous aient appris à nous méfier des Moldus. C’était même plutôt le contraire.

— Ils sont dans l’erreur. Mais ils appartiennent au passé, c’est nous l’avenir. Alors, je te le demande à nouveau : signe.

— Non.

— Signe, sinon…

— Sinon quoi ? demanda Ariana en changeant de ton et en s’approchant de lui. Vas-y, finis ta phrase. Je te déconseille fortement de me menacer.

Le frère et la sœur restèrent immobiles à se fusiller du regard durant de longues secondes. Charles se décida à parler.

— Nous faisons peut-être parti du passé comme tu dis Justin, n’empêche que j’ai l’impression de mieux voir l’avenir que toi. Tu ne vois que le malheur dans ce changement. Je préfère y voir la chance que cela nous donne, celle de construire un monde meilleur. Nous prendrons le meilleur des deux anciens mondes pour en créer un nouveau. Certes, certains des mauvais côtés ne pourront être évités. Mais ça ne tiendra qu’à nous de faire en sorte que ces mauvais côtés ne prennent pas le pas sur les bons. J’ai l’impression que ta sœur le voit aussi comme ça. Elle l’a très bien dit : les traditionnalistes comme toi seront en minorité. Vous vous mettrez au ban de la société. Et nous sommes en guerre. Ce monde n’a pas besoin de divisions aussi minimes soient-elles. Il a besoin d’unité. Je sens que la guerre qui sévit déjà sur Mars et autour est terrible. Notre survie vaut plus que tes principes désuets.

— Ces principes désuets ont protégé notre communauté durant des siècles, cracha Justin.

— Vois ce que ça a fait, répliqua calmement Ariana en regardant le parc par la fenêtre. Nous nous sommes enfermés sur nous-mêmes. Nous ne connaissons même pas le monde que nous voyons par la fenêtre car nous ne le regardons pas. Nous ne connaissons que l’intérieur de notre maison. Un de mes amis serait mort si la technologie moldue ne l’avait pas sauvé. Si j’avais écouté ce genre de leçon, je n’aurais pas connu bien des amis qui me sont chers. Et je me battrais contre les Dæmons pour protéger ce monde. Car maintenant, il n’y a plus qu’un seul monde.

— Qui nous dit que cette guerre, que cet ennemi, n’est pas une invention des Moldus pour nous faire sortir de notre secret ? Après tout, Mars n’est pas habité par des sorciers.

— Tu te trompes. Il y a des Sorciers dans toutes les colonies flottantes, et sur Mars.

— Qu’est-ce que tu en sais ? De ton bureau de secrétaire, qu’est-ce que tu peux voir ?

Ariana soupira. Elle pensa une seconde à sortir sa baguette et à dissiper le voile de sa mémoire provoquée par le sortilège d’amnésie. Mais elle n’en avait pas le droit. Trop de choses et de gens en dépendaient.

— Visiblement, je vois plus de choses que toi et ton esprit étriqué. Je pense qu’on s’est tout dit.

Justin ramassa son parchemin avec colère. Il fusilla du regard ses parents et sa sœur et sortit sans rien dire. Charles s’approcha de sa fille et lui sourit timidement.

— Il ne sait rien, dit-il.

— Il a toujours eu du mal à voir du bien dans les changements. Il a peur.

— Et toi ?

— La peur, on ne doit pas la laisser nous contrôler, on doit s’en servir pour avancer. Beaucoup de choses me font peur. Mais pas l’unification des mondes.

— J’ai décidé très tôt de ne pas lui faire part de ce que voulais notre aïeul Harry Potter. Il voulait que ce jour arrive. Cela lui a pris une dizaine d’années après la guerre contre Voldemort. Et ça après une rencontre qui a tout changé pour lui.

— Pierrick Chaldo.

— Alors tu savais. Je m’en doutais. Quand repars-tu sur Mars ?

Ariana tourna un regard épouvanté vers son père. Comment pouvait-il savoir ?

— Ariana, jamais je ne t’imaginerais faire un travail de secrétaire, sourit Charles. Tu es d’une autre trempe.

— Je…

— Tu n’es pas obligée de dire quoi que ce soit, intervint Juliet. Nous avons deviné que tu n’as pas le droit d’en parler.

— Merci, souffla Ariana.

— Contrairement à ce que pense Justin, c’est toi qui suis vraiment les traces d’Harry.

 

Ariana et Sarah restèrent pour déjeuner. Avant de passer à table, Ariana regarda les nouvelles du monde sur son TOI. Les principales armées terriennes étaient en état d’alerte. Les premiers renforts en direction de Mars devraient partir d’ici moins de trois jours selon les estimations. Des Sorciers de partout s’étaient portés volontaires pour se joindre aux corps expéditionnaires. La Nation Vampire demandait l’assistance des armées moldues pour emmener leur armées jusqu’aux zones de combat. Les Eldars avaient fait de même. Sur toute la planète, des rencontres extraordinaires entre gouvernements moldus et magiques s’organisaient.

Bien sûr, des manifestations éclatèrent dans certaines villes pour appeler au combat contre la sorcellerie. C’était la même chose du côté magique pour réinstaurer le Secret Magique. Mais ces manifestations ne connurent aucun réel succès.

Les discours de la session extraordinaire de l’ONS avaient été rendus publics. Du moins partiellement pour ne pas ébruiter l’affaire Ferson. Ariana écouta attentivement le discours de monsieur Van-Loc. Un passage en particulier résonna dans sa tête durant un moment :

— Nous serons côte-à-côte au combat pour la survie, non pas de nos mondes, mais de notre monde. N’en doutez pas : le monde ne sera plus le même si vous prenez la décision d’agir. Des hommes et des femmes se battent et meurent en ce moment même sur une petite planète rouge et dans l’immensité sombre du vide. Des hommes et des femmes, sorciers et moldus, vampires, gobelins et d’autres. Ils se battent pour leur vie, pour nos civilisations, pour que notre existence ne tombe pas dans l’oubli.

Elle ferait tout pour ça, pour que l’Humanité ne tombe pas dans l’oubli. Pour Sarah, pour sa famille, pour ses amis, pour Alex.

Pour le monde.

 

FIN

 

Enfin l’espoir renaît. Faible mais réel. La Terre va entrer en guerre contre les Seigneurs de l’Oubli. Déjà, de partout, les hommes se mettent en marche vers la Violence et la Mort. Il le faut. Pour protéger notre monde, il le faut. Car maintenant, il n’y a plus qu’un seul monde. Tu aurais voulu voir ce jour.

Je pense à toi mais je ne peux m’appesantir sur ce qui aurait pu arriver si tu étais encore parmi nous. Je dois repartir au combat. La flotte dæmoniaque approche.

Mais qu’est-ce que c’est ? Quel est ce vaisseau noir arborant la tête de mort et les sabres croisés ?

Et par quel miracle ?

À suivre :

 

ARIANA POTTER

Et

Le Vaisseau Noir

 

Ne jamais oublier

 


[1] Le Code du Secret Magique a été adopté par la CIMS en 1689.

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