Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 44 : III Intrusion

2269 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/04/2019 00:12

CHAPITRE III : INTRUSION


En rentrant au quartier général, Ariana repensa à sa discussion avec Justin. Elle avait beau retourné la situation dans tous les sens, il avait raison : elle n’avait pas assumé sa nature de sorcière malgré la fin du Secret Magique. Il était vrai que son souhait de voir les deux mondes ne faire plus qu’un n’était pas si vieux. Avant son entrée à la DE, avant sa rencontre avec Alex, elle n’y avait jamais songé. Elle sourit tristement en pensant à l’influence que cet homme avait eu sur elle en si peu de temps. Et s’il était encore à ses côtés, que ce serait-il passé entre eux ?

Elle repoussa ses réflexions. Après tout, il ne servait à rien de se demander ce qui aurait pu se passer. Il fallait penser à ce qui allait se passer. Elle prit une décision.

Le soir-même, lorsque vint le moment d’aller chercher Sarah à l’école, Ariana apparut devant l’établissement en transplanant. Son arrivée surprit les autres parents d’élève qui la regardait avec des yeux ronds. Ariana se contenta de leur sourire en disant bonsoir. Elle s’approcha d’une jeune femme, mère d’une amie de Sarah, avec laquelle elle s’était liée d’amitié. Elle était bouche bée mais Ariana fit comme si de rien n’était.

— Tu vas bien Béatrice ? demanda-t-elle simplement.

— Euh… Oui… Et toi ? balbutia Béatrice. Euh… Tu es…

— Une sorcière, compléta Ariana. Oui. Désolé de n’avoir rien dit jusque-là.

— Ce n’est rien. J’imagine que ce n’est pas facile de se dévoiler après avoir vécu tant de temps dans le secret.

— Je suis heureuse que ce temps soit fini. Maintenant je ne me cacherai plus.

— Et Sarah ? C’est aussi une sorcière ?

— Oui, mais elle n’a pas encore appris la magie. Elle ira à Hogwarts, l’école britannique des Sorciers, quand elle aura onze ans. En attendant, elle va continuer à venir ici. Ah ! Voilà nos filles.

Sarah vint embrasser sa mère. Elle vit que les autres parents la pointaient du doigt et lui fit remarquer.

— Ce n’est rien ma chérie, dit Ariana. Je suis arrivée en transplanant.

— Mais ils vont savoir que nous sommes sorcières, dit Sarah.

— Ce n’est pas grave. Nous n’avons plus à nous cacher. Maintenant, tu peux en parler à tes amis. Allez, on rentre.

Ariana prit la main de Sarah. Celle-ci ferma les yeux fortement. Et elles transplanèrent.

Le lendemain, Ariana emmena sa fille à l’école de la même façon. Les mêmes regards la dévisagèrent, elle fit comme si de rien n’était. Elle se demandait surtout si Béatrice continuerait à lui parler comme avant de connaître sa véritable nature. Elle fut soulagée en la voyant lui faire signe en souriant. Ariana n’hésita pas et la rejoignit. Aussitôt, leurs deux fillettes se racontèrent leur soirée.

— Ma maman m’a dit que tu es une sorcière, dit la fille de Béatrice. Mais moi je le savais déjà.

Sarah fit signe à son amie de se taire mais il était trop tard.

— Sarah, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? questionna Ariana.

La fillette baissa la tête, n’osant pas regarder sa mère.

— Tu lui as dit que tu es une sorcière avant d’en avoir le droit ?

— Oui maman, dit doucement Sarah.

Ariana s’agenouilla pour se mettre à la hauteur de sa fille. Elle lui releva la tête pour voir ses yeux. Sarah fut surprise de la voir sourire.

— Tu sais qu’il ne fallait pas le faire, n’est-ce pas ? C’était interdit.

— Oui.

— Maintenant tu peux, mais n’oublie pas, un secret c’est important.

— Oui maman.

Ariana embrassa sa fille et les deux gamines entrèrent dans l’école. Elle discuta encore quelques instants avec Béatrice puis transplana pour se rendre au quartier générale de la DE.

Comme toujours, Tony était déjà là. Ariana se servit une tasse de café et s’assit à son bureau en entamant la discussion avec son collègue et ami par les politesses matinales. Elle raconta qu’elle était allée chercher sa fille à l’école en transplanant et l’avait emmené ce matin de la même façon.

— Sarah avait déjà avoué à une de ses amies qu’elle est une sorcière.

— Depuis que le Secret Magique a été levé ? questionna Tony.

— Non, avant ça.

— Ce sont des enfants. Son amie a peut-être cru que c’était un jeu. Ou alors elle aurait fini par le croire en grandissant. Tu n’es pas en colère contre elle ?

— Non, je lui ai fait une remontrance sur l’importance des secrets mais je ne lui en veux pas. Et ça fait quelques temps déjà que je voulais voir ce code du Secret Magique disparaître.

— Alex a toujours su transmettre ses idées, même sans que les gens s’en rendent compte.

— Il m’avait dit que c’était une volonté partagée dans votre famille et dans la DE.

— C’est en partie vrai. Mais comme dans toute famille, on n’a pas tous les mêmes idées. Tu te souviens de William ? Il fait partie de ceux qui ne sont pas très heureux de la fin du Secret.

— On devrait le présenter à mon frère, dit cyniquement Ariana.

— Ouais, rit Tony. Pour la DE, à force de bosser ensemble, on finit par ne plus vouloir de ce genre de barrière.

— Oui, c’est vrai. Rien de neuf à part ça ?

— Rien de spécial. Des manifestations anti-sorcier, une devant les locaux de l’ONS d’ailleurs.

— Des religieux ?

— Oui, catholiques traditionnalistes. Bah, ils finiront bien par se calmer.

 

Le quartier général de la DE était caché dans les montagnes autour de Genève. Malgré tout, pour un randonneur, il n’était pas difficile d’accès. La zone était clôturée et interdite d’accès, mais des passages pouvaient leur permettre de passer. C’est pourquoi des panneaux indiquaient le caractère interdit de cet espace.

Des drones surveillaient en permanence le périmètre. En cas d’intrusion, une équipe de sécurité interceptait les égarés en quelques instants. Souvent, avant même qu’ils ne voient la moindre infrastructure. La plupart du temps, il s’agissait de randonneurs désireux de voir si le complexe secret dont parlaient certains sites internet de complotistes existait vraiment.

Ramus Owali n’avait rien d’un randonneur égaré. Ni aucun des membres de la secte du Serpent Blanc qui l’accompagnaient. Son apparence modifiée par quelques sortilèges, le drone ne l’identifia pas comme un ennemi.

L’équipe de sécurité les aborda sans se méfier outre mesure. Ramus sourit, ils n’avaient en rien changé leurs procédures.

— Excusez-moi messieurs, les interpela le chef d’équipe. Vous êtes dans une zone interdite. Je vais vous demander de rebrousser chemin.

— Une zone interdite ! s’exclama Ramus. On n’a rien vu qui l’indique.

— Et pourtant, il y a des indications partout autour du périmètre. Nous allons vous accompagner hors de la zone.

— Bien, on vous suit.

Posté dans un arbre, désillusionné, un homme du Serpent Blanc pointa sa baguette sur le drone qui observait la scène à distance en vol stationnaire.

— Fulmina, lança-t-il.

Un éclair de foudre jaillit de sa baguette et frappa le drone qui s’écrasa au sol dans un fracas métallique. Le bruit alerta l’équipe de sécurité. Aussitôt trois rayons verts vinrent les frapper. Et ce fut trois cadavres qui s’effondrèrent.

Marus s’approcha du corps du chef d’équipe. De la terre, il fit surgir un bâton noueux et épais. Il psalmodia des paroles dans une langue étrange en frappant trois fois le sol. Le corps tressaillit et se releva, tel un pantin manipulé par un marionnettiste.

— Ici Echo 4, dit-il. Nous avons entendu un bruit, comme quelque chose qui est tombée.

— Echo 4, le drone qui vous observait a lâché. C’est sûrement lui que vous avez entendu, répondit une voix. Et vos randonneurs ?

— Ils sont hors de la zone. On rentre.

Ramus Owali et les sorciers l’accompagnant se désillusionnèrent. Ramus anima les deux autres cadavres et ils marchèrent en direction des locaux de la DE.

Le poste de garde était situé dans un bâtiment rectangulaire d’un étage. Une centaine de mètres derrière lui, creusée dans la montagne, se trouvait l’une des entrées de la Division.

Ils pénétrèrent dans le poste de garde sans difficulté, à la suite de l’équipe zombifiée. Un garde s’occupait des caméras et autres capteurs fixes. Un autre, lunettes holographiques sur les yeux, gérait les drones. Une porte donnait sur la pièce de repos où se trouvait, Marus le savait, une autre équipe d’intervention.

Le garde détourna les yeux de ses écrans en souriant.

— Encore des mecs qui disaient ne pas avoir vu les panneaux ? demanda-t-il.

Le chef d’équipe contrôlé par Ramus ne répondit pas, se contentant d’avancer vers lui, le visage dénué d’expression. Le garde ne comprit pas. Et il fut trop tard pour lui quand le zombie lui sauta à la gorge, lui arrachant le larynx et les cordes vocales d’un coup de dents. Le contrôleur des drones entendit le bruit du corps s’effondrant. Il désactiva ses lunettes. Il vit à peine le corps de son camarade se vidant de son sang sur le sol qu’un autre mort-vivant lui plaqua une main sur la bouche et lui brisa la nuque d’un geste sec.

Les zombies se rapprochèrent de la porte donnant sur la salle de repos. La porte vola en éclat sous le maléfice d’un Serpent Blanc. Les zombies se précipitèrent dans la pièce et déchiquetèrent l’autre équipe de sécurité sans leur laisser le temps de prendre leurs armes. Une fois tous morts, Ramus les plaça sous son contrôle.

Ramus ordonna à un de ses pantins de désactiver les systèmes de sécurité et de surveillance.

— Nous avons moins de deux minutes avant qu’ils ne considèrent cette coupure comme anormale, dit-il. On fonce.

Les sorciers du Serpent Blanc et les morts-vivants se précipitèrent hors du poste de garde et se dirigèrent vers la porte donnant sur le complexe logé au cœur de la montagne. Ramus n’avait pas choisi cet accès par hasard, il savait qu’il n’était rien d’autre qu’une entrée de service servant aussi de sortie de secours. Malgré tout, et malgré la désactivation des systèmes de sécurité, la porte était blindée. En théorie, il n’y avait que rarement du personnel de la DE dans les environs. Mais il y avait toujours une part d’incertitude.

Ramus fit signe à un de ses hommes. Ce dernier agita sa baguette et une aura l’enveloppa. D’un nouveau moulinet, il pointa sa baguette vers la porte puis se cambra comme s’il tenait un poisson au bout d’une ligne de pêche invisible. Il tira en serrant les dents sous l’effort. La porte grinça en se tordant et finalement elle fut arrachée de ses gonds et vint s’écraser après un vol plané derrière le groupe.

Ramus sourit alors que son équipe et ses zombies entraient dans le complexe.

— Bienvenue à la DE.

Ce n’était qu’un couloir de service, Ramus savait qu’il y avait peu de chance qu’ils y croisent du monde. C’est pourquoi il fut surpris de tomber sur une équipe de l’UA[1] arrivant en face de lui au détour d’un couloir. Mais loin de rester figé, il lança l’assaut et deux des trois hommes de la DE furent vaincus en quelques secondes. Le dernier, avait réussi à se mettre à couvert.

— Qui êtes-vous ? lança Jeremy MacCoy.

— Á quoi te servirait de connaître notre identité, dit Ramus calmement. Tu vas mourir dans quelques instants.

— Ne me tue pas si vite, je suis loin d’être facile à tuer.

— C’était aussi mon cas. Enfin c’est ce que je croyais, jusqu’au jour de ma mort.

— Quoi ?

Un zombie s’était approché silencieusement, il se jeta sur Jeremy mais ce dernier tira par réflexe et transforma son crâne en un trou béant. Il resta figé une seconde en reconnaissant l’uniforme du service de sécurité de l’ONS.

— Manque de prudence, dit Marus dans son dos.

Le draugr avait usé d’un sortilège de son peuple pour surgir du sol juste derrière lui. Il généra une stalagmite de béton en frappant le sol de son bâton. Jeremy se retrouva empalé et mourut sans pouvoir se défendre.

Les trois membres de l’UA vinrent grossir les rangs des zombies sous le contrôle de Marus.

Et aussitôt l’alarme résonna dans le complexe.


[1] Unité d’Action.

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