Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 47 : VI Christianus et Irael

1862 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/06/2019 22:12

CHAPITRE VI : CHRISTIANUS ET IRAEL


Mahmoud et Christianus passèrent des heures à éplucher les informations et les rapports provenant des capteurs de la DE et des autres services secrets de par le monde sur l’Inquisition et ses affiliés. Il apparut vite que le chef des SSP, Samus Denler, essayait de tenir les rênes de l’Inquisition. Mais il se heurtait à une petite guerre de succession entre les cardinaux souhaitant prendre la suite du cardinal Nova. Lui-même ne pouvait en prendre la tête, il se devait d’être au service de l’Inquisition, une arme entre ses mains, pas sa tête.

L’occasion était parfaite pour démanteler ce groupuscule. La réaction du Pape après la révélation de l’existence du Monde Magique démontrait que l’Inquisition conservait une influence sur le siège de Saint-Pierre, mais cette réaction était trop tiède pour vraiment générer le soulèvement catholique que devait espérer l’Inquisition.

Un signe important de cette débandade était les alliances de fortune qu’avait nouée l’Inquisition. Il ne serait jamais abaissé à s’allier avec des groupes terroristes avant cet évènement. Les deux hommes eurent la même réflexion : c’était un indice d’une éventuelle radicalisation de l’Inquisition. Jusque-là, seule la DE subissait des attaques assez peu violentes de leur part. Allait-elle passer à des cibles plus étendues ? C’était ce que devait déterminer Christianus et Mahmoud.

— Il commence à se faire tard, dit Mahmoud en s’étirant. Si nous reprenions demain.

— Je vais rester et continuer les recherches, indiqua Christianus. Je loge ici donc j’ai le temps.

— Pas de famille ?

— Non.

— Je vois. Eh bien moi, si je ne rentre pas, mon mari va être contrarié. Et je pense que tu ne vas pas rester très longtemps.

— Comment ça ?

D’un geste du menton, Mahmoud l’enjoigna à se retourner. Christianus ne put s’empêcher de sourire en voyant Irael qui attendait patiemment derrière lui.

— Bonne soirée et à demain, conclut Mahmoud.

— Oui, à demain, salua Christianus. Tu attends depuis longtemps ? demanda-t-il à Irael.

— Non, je viens à peine d’arriver. J’ai appris que monsieur Guillou t’avait donné une mission, c’est bien.

— Oui, j’espère la mener à bien.

— Tu as faim ?

— Un peu, je me demande ce qu’il y a à la cafeteria ce soir.

— Je me demandais si tu ne voudrais pas plutôt aller dîner en ville… avec moi, balbutia timidement la jeune ange.

Christianus sourit. Ce serait leur premier rendez-vous.

— Je veux bien, mais je n’ai pas encore l’autorisation de quitter le QG.

— J’ai vu monsieur Guillou et il m’a dit que tu pouvais. J’aimerais mieux connaître ce monde, ses us et coutumes. Je n’ai pas vraiment eu le temps entre la protection des seigneurs Abbadona et Hermoni, et maintenant mon rôle à la DE. Ariana m’a emmené en ville mais je sais que j’ai encore beaucoup de choses à voir.

— Alors allons-y, accepta Christianus.

Le jeune couple quitta le quartier général et rejoignit le centre-ville de Genève. Ils allèrent dans un restaurant discret, caché dans une petite rue. L’ambiance y était chaleureuse.

Alors qu’on leur servait l’apéritif, Christianus entama la conversation :

— D’où connais-tu ce restaurant ?

— C’est Ariana, elle m’a emmené ici avec Sarah il y a quelques mois, quand je suis arrivé sur Terre, répondit-elle.

— Sarah, c’est sa fille, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Qui s’occupe d’elle avec Ariana partit ?

— Joshua et Mei-Lin. Joshua est son parrain, il travaille au département scientifique. Et Mei-Lin est aux archives.

— Je les ai déjà croisés dans les couloirs je crois. Sarah doit être triste de voir sa mère partir comme ça.

— Oui, mais elle sait qu’il le faut, même si elle ne comprend pas tout et qu’elle préfèrerait qu’Ariana reste à la maison.

— Une mère, c’est important.

Christianus se tut, les yeux dans le vide. Il repensait à sa mère, disparue lorsqu’il était encore enfant.

— Tu avais quel âge ? demanda Irael, tirant son compagnon de sa rêverie.

— Quoi ? De quoi tu parles ? questonna-t-il.

— De ta mère, précisa-t-elle. Quand tu l’as perdue, tu avais quel âge ?

— Neuf ans. Elle a été tuée par mon père.

Irael ouvrit grand les yeux. Elle ne savait pas quoi dire. Sa main glissa jusqu’à celle de Christianus et l’entoura d’un geste tendre. Les doigts de Christianus répondirent à l’affection de l’ange en s’entremêlant aux siens.

— Et toi ? Parle-moi de tes parents, dit-il.

— Ils sont tous les deux sur Mars. J’espère qu’ils vont bien. Je n’ai pas beaucoup de nouvelles des miens depuis le début de l’offensive des Dæmons.

— J’espère aussi qu’ils vont bien.

— Mon père est un combattant, je suis sûre qu’il est au front.

— Tu tiens de lui alors.

— Au grand désespoir de ma mère. Elle aurait aimé que je sois moins fougueuse. Après mon frère Jariel, elle voulait quelqu’un de calme. Mais j’étais plus énergique que mon frère. Mon père m’entraina tôt. Et je pus intégrer les entraînements du seigneur Satan en même temps que Jariel.

— Ton frère protège les ambassadeurs atlantes venus sur Terre, n’est-ce pas ?

— Oui.

— J’aimerais le rencontrer un jour.

— Il n’apprécie pas beaucoup les Humains.

— Ah ?

— Je ne comprends pas pourquoi à vrai dire. Je lui ai déjà parlé de toi, il n’était pas content. Mais il sait que je ne lui laisserai pas avoir le choix.

— Ce ne sont peut-être pas les Humains qu’il n’aime pas. C’est peut-être juste le changement. Le monde de vie de votre peuple va radicalement changer maintenant. Je sais que ça peut être dur à accepter.

— Ta vie a changé à toi aussi. Et tu as l’air de l’avoir accepté.

— C’est différent, j’ai choisi ce changement. Et sur bien des points, il est des plus agréables, dit Christianus en adressant un tendre sourire à Irael, provoquant un léger rosissement de la jeune femme. Je ne regrette pas cette mutation. Je regrette juste d’avoir été si aveugle durant si longtemps.

— Ne t’en veux pas, souffla doucement Irael en se penchant pour l’embrasser.

La soirée fut détendue et agréable pour les deux amoureux. Lorsqu’ils quittèrent le restaurant, Christianus ne entra pas à la DE. Irael l’emmena chez Ariana où il passa la nuit dans la volupté de ses bras.

 

Sarah soupira une fois de plus en jouant avec ses petits pois. Elle n’aimait pas ses soirées là, quand Joshua venait la chercher à l’école. Elle savait que ça voulait dire que sa mère était de nouveau partie. Elle faisait la soupe à la grimace.

— Allez fini ton assiette et après, tu iras prendre un bain, dit Mei-Lin.

— J’en veux pas, marmonna la gamine.

— Tu veux du dessert ? Il y a des boules coco, celles que tu aimes.

— Non ! hurla Sarah en se renfrognant.

Alerté par le cri de la fillette, Joshua entra dans la salle à manger. Mei-Lin lui lança un regard désolé. D’un hochement de tête, il lui signifia qu’il avait compris. Il s’assit près de sa filleule.

— Tu sais, moi aussi je n’aimais pas les petits pois quand j’étais petit, dit-il. Et plus tard, je me suis mis à aimer ça. Bien cuisiné, c’est très bon. Et Mei-Lin les fait très bien.

Sarah ne leva pas les yeux. Elle demeura immobile, les sourcils froncés.

— Je sais, ce ne sont pas les petits pois le problème. Tu es en colère parce que ta maman est de nouveau partie. Elle va revenir.

— Je m’en fiche. Qu’elle parte, je suis bien toute seule.

— Ce n’est pas vrai. Tu ne t’en fiches pas. Tu aimes ta maman et tu veux qu’elle reste avec toi. Et je suis sûr qu’elle aussi. Dès qu’elle le pourra, elle restera avec toi. Et puis, tu n’es pas seule. Nous sommes là, Mei-Lin et moi. Et il y a aussi tes grands-parents, Heather et Julia.

— Mais c’est ma maman que je veux, sanglota Sarah.

Joshua l’entoura de ses bras et la berça doucement.

— Je sais ma puce, dit-il. J’aimerai aussi qu’elle soit là. Mais elle devait partir. Tu sais pourquoi ?

— Pour sauver le monde.

— Non, pour te protéger toi.

— Moi ?

— Oui, elle part pour que les méchants Dæmons ne s’en prennent plus jamais à toi. Ni à aucun autre enfant. Elle part pour nous protéger tous. Pour ta mamie et ton papy, pour ta tante Heather, pour Mei-Lin et moi. Mais surtout pour toi, car tu es la personne la plus chère à son cœur.

— Tu promets qu’elle va revenir ?

— Oui, elle va revenir. Et elle te prendra dans ses bras.

Sarah resta encore quelques instants à pleurer doucement dans les bras de Joshua. Puis, quand ses larmes s’asséchèrent, elle se releva.

— Pardon Mei-Lin, dit-elle d’une petite voix.

— Ce n’est pas grave ma chérie, dit-elle. Tiens, je t’ai amenée des boules coco. Et il y en a d’autres si tu en veux encore.

— Merci.

Une fois qu’elle eut fini, Mei-Lin lui fit prendre un bain et la mit au lit. Joshua vint pour la border en lui contant une histoire.

— Allez, maintenant bonne nuit ma puce, fit Joshua en déposant un baiser sur sa joue.

Joshua sortit en éteignant la lumière. Mei-Lin l’attendait dans le couloir. Elle le regardait d’un sourire attendri. Elle s’approcha et l’enlaça.

— Je sais maintenant que tu feras un excellent père, dit-elle.

Joshua ne put s’empêcher de rougir. Il avait déjà pensé à fonder une famille avec Mei-Lin mais il ne lui en avait pas encore fait part, de peur de l’effrayer.

— Tu penses vraiment ? dit-il.

— Oui. Et je n’ai pas envie d’attendre trop longtemps.

— Tu es sûre ?

— Je t’aime Joshua. Je n’ai pas besoin d’autres raisons. Viens.

— Tu veux dire, faire un bébé ce soir !

— Je ne peux pas te promettre que je serais enceinte ce soir, mais autant commencer tout de suite vu qu’on a l’air de vouloir la même chose tous les deux. À moins que je ne me sois trompée.

— Non, tu as raison. Avoir un enfant avec toi est ce que je veux le plus au monde. Parce que moi aussi je t’aime.

Mei-Lin n’eut pas besoin de plus pour embrasser tendrement son compagnon. Enlacés, ils se rendirent à leur chambre où ils se laissèrent aller à l’amour.

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